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Chloé Weasley " La vie n'est jamais qu'une succession de choix : les vôtres ... et ceux des autres, hélas ! " [FINIE && VALIDEE]

 ::  :: Le Baptême :: Hallelujia !
Lun 29 Jan - 11:11
Chloé Weasley
ft. Riley Rasmussen

Âge : 22 ans
Statut sanguin : Sang sorcier pur mais exorcisé dès la naissance
Situation conjugale : Officiellement célibataire... Officieusement en couple avec Benjamin Flamel... Enfin... Quand on ne se dispute pas...
Métier/études : Exorciste à la retraite mais toujours aussi dangereuse. Propriétaire du Queen
Entité abritée : C'est une excellente question ma foi mais pas sûr que Neil et moi ayons seulement la réponse !
Pouvoir(s) : en recherche
Arme(s) : Bien que je sache manier à peu près tout ce qui existe sur cette fichue planète je préfère, et de très loin, les armes blanches bien plus légères et discrètes. Je ne sors jamais sans mon rouge à lèvres et mon kriss !
Aptitude(s) spéciale(s) : Bien que je ne n'en porte plus le titre aujourd'hui je suis toujours capable d'exorciser un sorcier de toute sa magie.
Signes distinctifs : Sur mon dos un tatouage : un scorpion avec une fleur
Caractère

Malicieuse ~ Bornée ~ Rêveuse ~ Sentimentale mais ne vous y fiez pas je suis bien plus dure que je ne le parais ~ Franche mais uniquement envers ceux qui me sont chers ~ Loyale ? A Benjamin, Neil, Nathaniel, Naala et Jérôme en dehors d'eux... jamais ! ~ Intelligente mais ma spontanéité ayant tendance à me jouer de vilains tours je dirais que je peux parfois être d'une stupidité confondante ~ Je voue1 la plus farouche des haines aux résistants mais pas aux sorciers dans leur ensemble ~ Hypocrite car cela est toujours utile dans la vie ~ Menteuse autant par plaisir que par intérêt ~ Manipulatrice, moi ? Et pourquoi je ne le serais pas ? Tout le monde l'est aujourd'hui ! Et comment survivre sans l'être d'ailleurs ? ! ~ Maternelle je ne rêve que d'avoir un enfant avec l'homme que j'aime

La Guerre & Moi

La guerre ? Parce qu'il est possible de vivre sans mettre celle-ci au centre de nos vies ? Nous sommes tous nés dans un monde en guerre et, dès notre plus jeune âge, nous avons tous été élevés pour, le moment venu, nous y jeter nous aussi. Sorcier ou Moldu nous sommes nés pour combattre ! Et ceux qui s'y refuseront périront aussi sûrement que 2 et 2 font 4 ! LE choix est une illusion mortelle. La paix une utopie que nous n'atteindrons jamais. Il n'y a qu'une seule issue à ce combat centenaire : la victoire. Totale et absolue pour l'un des camps. Et j'entends bien que cela revienne à mon camps !


Un peu de vous

PUF : Je pense que les admins le connaissent par coeur !
Prénom : A+B=Z
Âge : Majeure, vaccinée et même maman ça suffit ?
Un peu plus de vous : Des paniers de bisous à mon Chouchounet et à mon Nounourson adorés Chloé Weasley " La vie n'est jamais qu'une succession de choix : les vôtres ... et ceux des autres, hélas !  " [FINIE && VALIDEE] 3763080467

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Chloé Weasley
Propriétaire du Queen
Propriétaire du Queen
Chloé Weasley
Emploi : Propriétaire du Queen
Date d'inscription : 29/01/2018
Messages : 11

Chloé Weasley " La vie n'est jamais qu'une succession de choix : les vôtres ... et ceux des autres, hélas !  " [FINIE && VALIDEE] Empty
Lun 29 Jan - 11:18
Ma Vie

CHAPITRE I


La nouvelle était tombée tôt ce matin. A cette heure où le soleil s'étirait encore bien paresseusement dans le ciel blanc d'une nuit d'hiver parisienne. La sirène avait été la première à retentir dans ce mess où tous déjeunaient encore paisiblement. Alors, comme un seul homme et sans plus être que des soldats prêts au combat, les miliciens avaient bondi de leurs chaises se précipitant dans ces couloirs où, bientôt, ne résonnèrent plus que le bruit de leurs semelles ferrées venant marteler le sol et celui, plus guerrier encore, de ces pistolets et autres fusils qu'ils s'empressaient d'armer. Puis il était apparu. Nathaniel. Si nul ne semblait s'en être étonné Jérôme, lui, avait compris que quelle qu'elle puisse être, cette mission là serait différente. Parce que son ami ne se déplaçait que rarement ces derniers temps. Et, jamais, pour une simple attaque comme l'exorciste le prétendit pourtant ce matin là. Il avait parlé, de sa voix si calme qu'elle en paraissait impassible. L'Île de la Cité venait d'être attaquée. Pas un bruit ni même la moindre réaction chez ces soldats rompus à ce genre de nouvelles. Pas une seule sauf chez cette jeune femme, presque encore une enfant, qui se tenait aux côtés de Jérôme et vers qui le milicien laissa, à la dérobée, glisser son regard. Elle était devenue blême et, au fond du vert de ses prunelles, ce fut la plus blanche des peurs qu'il y vit s'allumer brusquement. Pourtant, et comme toujours, Chloé ne laissa rien transparaître. Rien du tout. Droite comme un « i » dans ses boots de combat, les poings serrés le long de son corps si fin, elle écouta avec le peu de patience qu'il lui restait encore, Nathaniel leur exposer la mission. Porter secours à leurs camarades demeurés sur l'île, évidemment. Protéger l'armurerie et les laboratoires, assurément. Et... Le regard de Nathaniel qui vint chercher pour mieux s'y accrocher à celui de la rousse. Et un silence qui ne devait finalement pas être rompu. Oh l'homme avait bien semblé hésiter, se mordillant la lèvre inférieure comme pour mieux se donner le courage de prononcer ces mots qu'en fin de comptes il préféré ravaler, se contentant de les renvoyer à leurs affectations. Ils savaient ce qu'ils avaient à faire. Alors que, comme tous les autres ou presque, Chloé s'élançait à son tour, Nathaniel la retint d'une main ferme à son bras. Et de ces quelques mots qui résonnèrent étrangement à l'oreille de celle qui les reçut

Toi, tu restes là. Désolée mais cette fois ce sera sans toi.

Les yeux de l'intéressée qui s'étaient plissés avant que de se darder de ses plus luisantes foudres. L'un de ses fins sourcils qui s'arqua comme pour mieux poser cette question que ses lèvres, tremblantes, se refusaient, elles, à énoncer. Interrogation muette à laquelle son meilleur ami répondit d'une voix où perçait une inhabituelle inquiétude.

Il va bien...
Ah oui ? Et qu'est-ce que t'en sais toi d'abord ?
Parce que c'est lui qui nous a avertis de l'attaque !
Et tu l'as eu depuis ? Comment tu peux savoir si c'est encore le cas ! Ils sont attaqués Nathaniel ! Tu sais encore ce que cela signifie ou tes aventures politiques t'ont fait oublier la réalité du terrain ?
N'oublies pas à qui tu parles !
Et de qui parlons-nous là ? De mon supérieur  qui entend visiblement m'empêcher de faire ce pour quoi il me paye pourtant ? Ou de mon meilleur ami qui, lui, sait mieux que personne pourquoi je dois justement y aller !

Elle marquait un point et, lui, ne le savait que trop bien. Evidemment qu'il était son supérieur... Et, bien sûr, il entendait l'empêcher d'aller se jeter la tête la première dans cette attaque qui promettait d'être plus dure et plus sanguinaire que les autres. Même l'ami qu'elle évoquait si pernicieusement ne voulait pas la voir y aller ! Mais, Chloé avait parfois le don d'appuyer sur les vérités les plus dérangeantes, l'ami en lui savait aussi que jamais il ne pourrait la retenir. Que, oui, sa place était là-bas... Mais... Un dernier as que l'exorciste abattait, presque en désespoir de cause.

Il ne me pardonnera jamais s'il vous arrivait quelque chose...
Et, moi, je ne te pardonnerais jamais s'il lui arrivait quelque chose !

Un partout et balle au centre ? Apparemment. Le temps leur était, à tous, compté et ni lui ni elle ne pouvait plus se permettre d'en perdre la moindre seconde. Chacune de ces paroles qu'ils échangeaient sur un ton sec mais que la peur continuait de faire trembler, les empêchait de rejoindre ceux qui, eux, risquaient leurs vies. La Résistance n'était plus, et depuis longtemps, une faction embryonnaire dont les Grands Maîtres pouvaient si aisément se gausser ! Aujourd'hui c'était une véritable armée dont les ramifications s'étendaient bien au-delà de ce que le pouvoir avait imaginé. Bien au-delà, surtout, de ce que le pouvoir pouvait endiguer ! Et l'opération d'aujourd'hui en était la plus glaçante et éloquente des preuves... S'attaquer au cœur même des forces armées du pouvoir parisien ? C'était du jamais vu ! Et si jamais, par malheur, ces satanés sorciers parvenaient à leurs fins alors Chloé et Nathaniel savaient que le pouvoir aurait bien du mal à s'en remettre... Ils ne pouvaient pas laisser cela arriver.

Tu as besoin de tous les hommes disponibles ! Et, tu le sais, je suis de loin l'une des meilleures ! Après tout n'est-ce pas toi qui m'a formée ?

Encore une fois l'impertinente faisait mouche. Et, cette-fois, l'homme face à elle ne put qu'en sourire. Lui qui l'avait effectivement formée, au point même de faire d'elle une exorciste à part entière, il connaissait sa valeur. Elle était encore très jeune, pas toujours vraiment sortie de l'enfance et de ses caprices colériques mais, nul ne pouvait le nier, sur un champs de batailles Chloé était la meilleure. C'est pour cela que, contre ce que lui dictait son cœur et même sa raison, il la libéra de son étreinte et, lui dégageant le passage, la laissa partir. Elle aurait pu le remercier. Elle ne le fit évidemment pas. Elle ne le faisait jamais. Et, lui, ne s'en offusqua pas. C'était aussi pour cela, pour sa sempiternelle irrévérence et sa si parfaite insolence qu'il l'aimait. Et il l'aimait vraiment cette fille. Comme une amie. La meilleure qu'il ait réellement jamais eue. Comme une petite sœur qu'il aurait souvent voulue avoir. Comme celle que, jamais, il ne supporterait de perdre. Aussi quand Jérôme, demeuré volontairement en arrière, passa à sa hauteur ce fut lui que Nathaniel retint encore une poignée de secondes. Les deux hommes ne s'entendaient guère, s'opposaient même tout le temps mais ils partageaient l'amitié de la rouquine. Et l'exorciste savait que, quels que puissent être leurs contentieux, il pouvait au moins sur ce point là lui faire confiance.

Je suppose que tu sais ?
Crois-tu être le seul à qui elle se confie ?

Cela voulait tout dire...

Alors arranges-toi pour qu'elle revienne en vie !
Comme si j'avais besoin que tu me le dises !

Déjà le milicien se libérait, se précipitant pour rejoindre celle qui se retrouvait au centre de tant d'attentions. Mais, une ultime fois, Nathaniel le retint. Jetant sans même plus le regarder

S'il lui arrive quoique ce soit c'est à toi que je viendrais exiger des comptes !

Le mis en garde avait serré les dents pour ne pas répondre, cracher ces mots qui lui brûlaient pourtant le bout de la langue. Facile de se défausser ainsi ! Mais Nathaniel n'était qu'un lâche après tout, non ? C'était du moins ce que pensait sincèrement celui qui, gardant pour lui tout le mal qu'il pensait de l'exorciste, se précipita pour rejoindre sa meilleure amie. Chloé avait besoin de lui. Pour, comme depuis leur enfance, veiller sur elle. Parce qu'elle n'en faisait jamais qu'à sa tête ! Parce qu'elle n'écoutait jamais que ce cœur qu'elle niait pourtant toujours seulement avoir ! Parce que, surtout et aujourd'hui, elle avait peur. Pour cet enfant qu'elle venait tout juste de découvrir porter en son ventre. Pour le père de ce bébé à naître plus encore... Mais pourquoi, par tous les saints, avait-il fallu qu'elle choisisse cet homme là ?!

Parce que c'était écrit...



CHAPITRE II



Chloé à l'âge de neuf  ans,
La Couveuse,
Palais Royal


Lâches la ! Mais lâches la !

Hurlait presque à s'en époumoner ce jeune homme à la tignasse brune toujours tellement en pétard tandis qu'il tentait, pour ne pas dire peinait, à séparer les deux furies qui se roulaient à même le sol terreux du parc. Autour d'elles les autres enfants oscillaient entre l'effroi et l'amusement le plus malsain. Certains d'entre eux n'hésitant pas à applaudir quand ils ne lançaient pas tout bonnement des paris sur l'une ou l'autre des combattantes et qu'ils encourageaient alors de leurs propres hurlements. Jérôme, lui, était très loin de rire. Parce que l'une de ces deux gamines était sa meilleure amie. Sa sœur de lait même. Cette enfant auprès de qui, lui l'orphelin, avait pour ainsi dire grandi. Et qui ne cessait de l'attendrir de son caractère aussi facétieux que volcanique.Enfin du moins quand, comme aujourd'hui, elle ne suscitait pas en lui le plus vif des agacements ! Dans quelle galère était-elle encore allée se fourrer ! Déjà, il imaginait les réprimandes et les sermons qui ne manqueraient pas de leur tomber dessus quand le coup d'éclat de Chloé serait revenu aux oreilles de ses parents ! Une dispute... encore une ! La dernière fois, déjà et pour la énième fois, la directrice de la Couveuse les avait avertis : encore une seule petite incartade et leur fille serait immanquablement renvoyée ! Chloé s'en était moquée, gaussée tellement ouvertement même qu'elle avait passé les vacances suivantes enfermées dans sa chambre. Privée de sorties, d'argent de poche et de tout ce qui aurait pu de près, et même de très loin, lui procurer le moindre plaisir. Lui, évidemment, s'était étrangement cassé la jambe et avait donc du renoncer à ses vacances à la montagne. Celles pour lesquelles il s'était pourtant si longtemps langui mais auxquelles il avait bien vite renoncé. Pour demeurer auprès de celle qui comptait tant pour lui. Avant d'être placé chez les Weasley il n'avait pas de famille, pas même de nom et encore moins d'avenir. Grâce à eux il avait acquis rien de moins qu'une vie. Et, pour cela, il leur en serait éternellement reconnaissant. A elle plus encore. Elle qui l'avait tout de suite accepté et aimé. Comme ce frère que, aujourd'hui encore, il s'efforçait d'être.

Mais tu vas la lâcher oui ?! Chloé ! Lâches la !

Une tête hirsute et un visage de porcelaine où brillaient deux perles de jade qui se redressa soudainement et uniquement pour grogner entre deux rangées de quenottes aussi immaculées que serrées

Pas avant que cette truiene t'ait présenté ses plus plates excuses !
Tu peux courir !
Et moi je te dis que tu vas excuser ! Et vite, sinon c'est toi qui est pas prête de courir à nouveau ! Foi de Weasley !

Puis, sans même plus s'intéresser à son frère de cœur, la furie aux cheveux couleur de feu s'en était retournée à son premier combat, délaissant les poings et les pieds pour mieux tester la solidité de sa dentition qu'elle enfonça si profondément dans les chairs du mollet de son adversaire que celle-ci, hurlant à en percer plus d'un tympan, en saigna. Et, toute à sa douleur, la petite brune avait lâché son ennemie de bac à sable se recroquevillant sur elle-même pour crier encore plus fort. Elle pleurait, appelait sa mère, son père en venant même à prier Dieu pour que Chloé soit punie. L'intéressée elle, demeura un instant assise sur ses fesses, le regard empli d'étoiles et un sourire satisfait peint sur ses lèvres. Elle aurait pu s'en tenir là, sur cette victoire qui faisait d'elle la terreur en titre de la Couveuse mais la modération n'étant pas l'une de ces qualités premières elle se relevait, déjà prête à retourner à la charge. Et c'est sans doutes ce qu'elle aurait fait si, sautant sur elle pour mieux la ceinturer de ses bras, Jérôme ne l'en avait empêchée.

Lâches moi ! Je vais lui faire cracher ses dents à cette grosse dinde ! Lâches moi !
Ah ça non ! Pas question ! T'en as déjà assez fait comme ça tu crois pas ?
Elle te doit des excuses cette idiote ! Elle avait pas le droit de t'insulter ! Elle avait pas le droit de te traiter de sale orphelin !
Mais si elle le pouvait ! C'est ce que je suis Chloé ! Je suis un orphelin !

Elle avait, un instant un seul, cessé de se débattre pour mieux lui jeter le plus interdit des regards. Bien sûr que non ce n'était pas ce qu'il était ! Et elle s'empressa de le lui hurler au visage

Non tu l'es plus ! Tu es un Weasley ! Tu es mon frère ! Et je vais défoncer le crâne de piaf de cette abrutie pour avoir osé l'oublier !

Lui avait baissé la tête, laissant ses longs cheveux noirs tomber devant ses yeux et presque masquer ce sourire naissant sur ses lèvres. Certes, la colère de son amie n'était pas excusable mais, même s'il ne lui dirait pas, il lui était reconnaissant de s'être ainsi dressé pour le défendre lui. Bon, son orgueil de petit mâle en avait pris un coup mais, quelque part, c'était agréable de voir que quelqu'un tenait suffisamment à vous pour prendre les plus inconsidérés des risques. Un bruit de pas, précipités, dans leurs dos et le regard du petit garçon qui passait par dessus son épaule. La directrice, la face rouge et les poings serrés, approchait en courant. Un homme sur ses talons. Lui, étonnamment, semblait bien serein. Presque amusé par ce spectacle pourtant bien affligeant que les chères têtes blondes du pouvoir donnaient en ce moment ! Déjà la femme arrivaient à leur hauteur et, devant elle, le cercles des spectateurs crieurs s'écartait. Au sol, la perdante continuait de sangloter, sa main tremblante posée sur cette plaie rouge où l'on voyait clairement les marques de dents. Prenant le temps d'examiner la blessure et de confier la petite à deux des enseignants venus eux aussi à la rescousse la femme se leva ensuite et, de son plus sombre regard, tança celle qui n'en trembla pas même. La tête droite et le regard trop fier défiant celui de sa directrice Chloé n'attendit même pas qu'on l'interpelle. Et ouvrit, comme à son habitude, les hostilités.

Je ne m'excuserai pas ! Elle l'a cherché !
Ca suffit Chloé ! Vous allez vous excusez immédiatement ou...
Ou quoi ? Vous allez me virer ? Mais allez-y ! Virez-moi ! Depuis le temps que vous en crevez d'envie ! Vieille bique !

La directrice fulminait et Jérôme l'aurait parié, s'il n'y avait pas eu cet étrange jeune homme à ses côtés, la femme aurait sûrement cédé à l'une de ces pulsions sadiques dont elle était coutumière. Elle aurait giflé Chloé, l'aurait agrippée par ses longs cheveux et l'aurait traînée jusque dans ce bureau qui était sien et dans lequel elle l'aurait sermonnée pendant des heures avant que de, sans doutes, la renvoyer. C'est ainsi que cela aurait du se passer. Aurait simplement... Car, comme sortant de son rôle d'observateur, l'inconnu se pencha vers la femme et lui murmura ces quelques mots que nul ne put entendre mais qui firent écarquiller les yeux de celle qui en sembla plus que stupéfaite. Alors que l'homme s'écartait de nouveau la femme, elle, tentait de retrouver sa contenance et fixait étrangement Chloé du regard. Une bouche qu'elle ouvrit plusieurs fois sans que pourtant aucun son n'en sorte. Un doigt qu'elle leva alors comme pour mieux préparer son annonce et, de nouveau, son hésitation flagrante. Un regard qu'elle passa par dessus son épaule et laissa voler vers celui qui acquiesçait d'un geste de tête et qui, sans se préoccuper une seule seconde du règlement de l'école, s'allumait une cigarette. Il tirait tranquillement dessus quand, pour une nouvelle fois son plus grand amusement, l'insolente osa l'interpeller.

Hé ! On fume pas ici ! On fume pas devant des enfants !
Chloé !

Mais l'homme, loin de s'en offusquer, en sourit plus encore et, repoussant la femme, s'approcha plus encore de celle qui le défiait de son regard de jade, les poings serrés et posés sur ses hanches droites et son petit nez retroussé.

Tes parents ne t'ont jamais appris les bonnes manières ?
Si mais qui a dit que je les écoutais ?
Apparemment tu ne dois pas les écouter souvent si j'en crois ce que m'en disent mes yeux...
Et ils te disent quoi tes yeux « Monsieur j'aime la politesse mais j'ai pas celle de me présenter » ?

Encore une fois il avait ri avant que plonger plus encore dans le regard de celle à qui, finalement, il tendait sa main

Je m'appelle Nathaniel. Et toi ?
Chloé... Chloé Weasley.

Un instant le regard du dernier arrivé se voilà. Comme c'était souvent le cas quand le patronyme de l'enfant était prononcé. Oui, elle était une Weasley. De cette famille qui, pendant des siècles et jusqu'à l'apparition du Nouvel Ordre, avait compté tant de sorciers. Nombreux étaient ceux qui, lors de la Grande Purge, avaient d'ailleurs préféré périr sur le bûcher plutôt que d'embrasser la cause du pouvoir émergent. Mais, apparemment certains s'y étaient néanmoins pliés... Comme si elle avait pu lire dans ses pensées, l'enfant avait ajouté, sifflant entre ses dents et dans un signe de menton hautain

Et, non, je ne suis pas une sorcière ! J'ai été exorcisée dès ma naissance ! Et si tu t'avises de me traiter de menteuse ou d'insulter mon nom je...
Tu quoi ? Tu vas me mordre peut-être ?
Et pourquoi pas ? Quoiqu'il paraît que pour faire mal aux garçons faut taper là où ça vous fait le plus mal alors j'hésite...

Il avait cessé de rire mais, dans les yeux de l'Exorciste, une étincelle nouvelle s'était mise à flamboyer. Cette gamine aurait pu l'horripiler. Elle qui s'adressait à lui comme peu de gens l'osaient encore. Elle qui le menaçait, aussi ridicule que cela puisse être, de … De quoi d'ailleurs ? Le mordre ? Le frapper ? Amusant ! Et, intéressant. Vraiment. Se reculant de trois pas, il avait jeté au sol sa cigarette à peine consumée et puis, ouvrant grand les bras, il l'avait à son tour défiée

Vas-y ! Viens ! Frappes moi si seulement tu le peux !

Pour la première fois de sa vie Chloé se sentit vraiment décontenancée et, les bras aussi ballant que ses yeux s'étaient arrondis de surprise, elle avait haussé les deux sourcils et demandé d'une voix où la colère et l'étonnement se le disputaient

Qu... quoi ?
Tu m'as bien promis des représailles si jamais je venais à blesser ton petit orgueil si mal placé, non ?
Oui mais...
Oui, mais quoi ? Aurais-tu besoin d'un encouragement ? Et si je te disais que tu n'es qu'une pourriture de Weasley ? La rejetonne d'une lignée maudite qui aligne les traîtres ? Une saloperie de sorcière ?
T'as gagné ! Là je suis vraiment en pétard !
Alors prouves le ! Attaques moi !

C'était insensé... C'était de la folie ! Et Jérôme, flairant le piège, sortit pour une fois de sa réserve habituelle et, retenant celle déjà prête à se lancer, s'adressa à l'exorciste chevronné

Ca vous amuse de ridiculiser une enfant ?
Te mêles pas de ça !
Mais réfléchis deux secondes ! T'as aucune chance ! T'as pas vu l'écusson sur son uniforme ? C'est un exorciste  Chloé ! Un E-X-O-R-C-I-S-T-E !

La petite s'était immobilisée et, suivant la direction que lui indiquait le doigt de son frère de lait, avait posé son regard sur l'écusson en question. Une hésitation, comme toujours trop courte, et la voilà qui repoussait brusquement le garçon et se précipitait tête baissée vers celui qui n'attendait que cela. Ses pieds parfaitement ancrés au sol il laissa venir à lui celle qui, dénuée de toute expérience et de tout enseignement, fonçait droit vers son premier et sûrement bien cuisant échec. Un poing serré qu'elle lança mais qui ne frappa que le vide et son corps qui s'échouait lourdement dans le sol quand, d'un pas un seul, Nathaniel l'évita. Le pied de l'homme qui heurtait sciemment la poussière pour mieux la faire voler devant les yeux et dans les narines de celle qui, toujours au sol, en toussa bruyamment. Sans prendre la peine de l'aider ou même de s'assurer qu'elle allait bien, l'exorciste s'approcha d'elle et, l'agrippant par le col de son uniforme la releva jusqu'à ce que leurs deux visages ne se fassent face

Trop lente ! Trop lourde ! Et complètement irréfléchie !

Puis, la rejetant toujours sans le moindre ménagement dans cette poussière que la petite mordait et avalait de nouveau il lui cria sèchement

Recommences ! Et appliques toi cette fois !

Elle, ne s'était pas faite priée et, se relevant d'un bond préparait déjà sa première attaque. Son regard qui, délaissant volontairement l'attroupement autour d'eux, tenta de se focaliser sur celui qui, impassible, se dressait à quelques enjambées seulement d'elle. Il avait raison. Se jeter sur lui l'homme entraîné au combat ne l'avancerait à rien. Il était formé, aguerri et mesurait facilement trois têtes de plus qu'elle ! Sans compter que, sous l'uniforme, il était aisé de deviner une musculature nerveuse et sûrement soigneusement entretenue. Elle n'avait aucune chance ! Et elle le savait... Mais, curieusement, elle refusa d'abandonner pour autant. Cela ne lui ressemblait pas ! Alors, sans jamais quitter des yeux celui qui s'était lui-même désigné comme son adversaire, elle avança à pas légers. Tournoyant autour de lui comme pour mieux tenter de repérer la moindre petite faille qui eut pu lui permettre d'espérer. Si seulement il en existait une ! Ce dont Chloé doutait fortement. Inspirant profondément, elle s'élança de nouveau et, alors qu'elle arrivait à hauteur de l'homme, lui jeta à la figure cette poignée de poussière qu'elle avait soigneusement gardée dissimulée dans le creux de sa paume refermée. Bien pensé mais cependant encore trop prévisible pour celui qui n'eut qu'à se pencher légèrement sur le côté pour l'éviter. Profitant de sa position il avait attrapé la jambe de la petite et, une fois de plus, l'avais mise au tapis. Un gémissement étouffé qu'elle poussa quand sa tête heurta violemment le sol et cet autre qu'elle émit quand, avant même qu'elle n'ait pu réagir, Nathaniel était sur elle, pesant de tout son poids et menaçant d'écraser ses côtes au prochain de ses mouvements.

Ne laisses jamais ton ennemi anticiper tes mouvements ! Sinon...

Comme pour mieux illustrer ses propos, l'homme avait porté l'une de ses mains à la gorge de celle qui le regardait, la colère au fond des prunelles mais sans pour autant en trembler. Sa poigne qui se faisait plus ferme alors que, sous ses doigts, il sentait presque l'air commencer à manquer à celle qui, si elle agrippait de ses doigts d'enfants la main qui l'étouffait, n'en paniquait toujours pas. Souriant doucement, l'exorciste relâcha sa pression et, si rapidement que Chloé eut même du mal à le voir bouger, il s'était reculé. Pour une fois de plus, la provoquer.

Tu abandonnes ?
Non !

Avait hurlé d'une voix éraillée celle qui peinait à se relever, titubant et se massant une gorge rougie et endolorie.

Alors qu'est-ce que tu attends ? Attaques moi !
Je... Je reprends mon souffle bordel !
Non ! Tu meurs !

Avait murmuré sourdement celui qui, sans lui laisser le temps de récupérer, se précipitait sur elle et, d'une manchette, la projetait de nouveau au sol. Cette fois la petite hurla quand elle sentit le genou de son adversaire venir s'enfoncer dans son dos. Loin de s'en émouvoir, Nathaniel appuya plus fortement encore et, agrippant une fois de plus sa chevelure rousse, il se pencha vers celle à l'oreille de qui il murmura

Combattre n'est pas un jeu ! Et l'adversaire ne te laissera jamais le moindre répit ! Il profitera de chacune de tes faiblesses et, si tu ne sais pas réagir, alors il te tuera !

Puis, comme s'il s'était lassé, il commença à relâcher son étreinte. Et, retournant la petite insolente il lui jeta plus sèchement que jamais

Tu n'es pas un soldat ! Tu n'es qu'une sale gosse arrogante et idiote qui se prend pour ce qu'elle n'est pas ! Peut-être ta directrice a-t-elle finalement raison de vouloir te renvoyer ? Tu n'as rien à offrir au Nouvel Ordre ! Rien !

Puis, sans plus la regarder il s'était relevé, avait épousseté son uniforme quelque peu malmené et achevait de remettre en place ses longues mèches blondes quand un cliquetis bien connu le fit se figer.

Ah oui ? Je n'ai rien à offrir ? Et toi alors ? C'est quoi un exorciste qui laisse une enfant lui prendre son arme ?

L'homme ainsi interpellé s'était retourné sans même trembler et avait face à celle que tous regardaient, sidérés et la peur peinte sur chacun de leurs visages. Les mains de Chloé tremblaient alors qu'elles braquaient cette arme si lourde. Et au fond de ses yeux, pour la première fois depuis leur rencontre, l'homme put y lire ce qui ressemblait fort à de la peur. Lui, n'en éprouvait pas la moindre petite once. Au contraire. S'inclinant en une pantomime de révérence il salua ce que la petite devait considérer comme un exploit mais que, lui, avait prévu, anticipé et, cela l'intéressée ne l'apprendrait que bien des années plus tard, voulu. Jamais il ne se serait ainsi laissé déposséder sans l'avoir sciemment voulu. Il lui en avait offert l'opportunité et, elle, l'avait saisie. Sans plus réfléchir mais en écoutant seulement cet instinct que l'exorciste se faisait un malin plaisir de tester.

Tu comptes vraiment tirer ?
Evidemment !
Tu penses en avoir le courage ? C'est une chose de le dire et une autre que de le faire tu sais... Tirer, blesser un être humain … Prendre une vie... Beaucoup de gens en rêvent et rares sont ceux à réellement oser le faire ! Alors je te repose la question : veux-tu réellement me tirer dessus ?
Je t'ai déjà dit que oui ! T'es sourd ?
Non, je peine juste à te croire la petite teigne... Mais puisque tu es si sûre de toi... Vas-y ! Et, un conseil, oublies les conneries des films et ne vise pas le cœur on l'atteint rarement. Vises la tête ça au moins t'as plus de chance de l'atteindre et c'est toujours fatal !
Comme il te plaira !

Mais alors que, remontée par les provocations incessantes de l'homme, elle commençait à appuyer sur la gâchette Nathaniel avait toussé et fait un geste de la main qu'elle ne comprit pas. Du moins jusqu'à ce qu'il n'ait la charité de lui expliquer

En enlevant le cran de sûreté c'est mieux.
Merci !

Avait-elle répondu en grognant avant que de s'exécuter. Puis, reprenant sa position, elle braqua de nouveau l'exorciste... et tira. La détonation qui claqua dans l'air avant que ne s'élève pour mieux la couvrir cette chorale de hurlements effrayés que poussèrent les autres élèves de la Couveuse. Nathaniel, lui, ne bougea pas d'un pouce. Pas d'un pouce non ! Sûrement parce que, comme il s'y était attendu, la petite ne le toucha pas. Et pour cause. Encore ignorante de tout ce qui concernait les armes à feu la piquante demoiselle n'avait pas tenu compte de plusieurs facteurs. Ce bruit qui, la faisant sursauter, aida à dévier le canon de son arme. Pas plus qu'elle ne s'attendait à cette force de recul qui la frappa violemment et qui, la faisant reculer sur ses jambes déjà chancelantes, la fit littéralement tomber à la renverse. Oui, elle avait osé tirer. Mais sa balle, pas même à blanc, avait fini sa course dans cette branche perdue dans les hauteurs et que l'exorciste gratifia d'un sourire satisfait. Faisant signe à la directrice d'évacuer la scène et ces piailleurs de mômes, il était venu poser un genou à terre aux côtés de celle qui, l'arme toujours fermement serrée entre ses paumes, regardait le ciel de son œil empli de terreur.

Je l'ai fait... Je l'ai fait...
Toutes mes félicitations petite terreur ! Tu viens de tirer ta première cartouche ! Et de toucher en pleine sève ta première branche ! Tu veux que je la fasse tronçonner pour que tu la mettes sous cloche ? Ca te fera un beau souvenir, non ?

Chloé retrouvait peu à peu ses esprits et se redressait, elle le regardait. Plus furieuse que jamais !

J'aurais pu vous tuer !
N'était-ce pas ce que tu voulais ?
Mais non ! Enfin si... Enfin non ! J'étais en colère contre vous ! Et puis c'est de votre faute ! Vous m'avez provoquée !
Et, toi, tu as foncé droit devant ! Sans même réfléchir ! Tu réalises que tu viens de tirer sur un exorciste ? Tu sais quelle sanction cela pourrait te valoir ?

Elle avait soupiré, croisé ses bras sur sa poitrine pas même naissante et grimacé en répondant dans un souffle

Un séjour à la Ruche, ça va merci, je suis pas la plus obéissante qui soit mais je connais les lois !
Ravi de l'apprendre ! Ca te sera utile pour la suite !

Puis, sans même s'attarder sur l'air complètement dubitatif de la petite il lui avait doucement repris son arme et l'avait rangée. Puis, se relevant il s'était détourné d'elle et avait commencé à remonter l'allée qui le mènerait au bâtiment principal. Un coup d'oeil à sa montre au cadran brisé pendant cette altercation et un sifflement qui lui échappait avant quelques jurons. Il était en retard... Tant pis ! Neil attendrait bien un peu ! Et puis, comme il était en train de se le dire quand elle l'enfant l'interpella, cela en valait la peine.

Hé ! Ca veut dire quoi votre phrase !
Que puisque tu connais déjà tes lois il ne me restera plus qu'à t'apprendre à les respecter et à les appliquer petite sotte !
Quoi ? Et, au fait, je ne suis pas une sotte !

Il s'était retourné, hilare et le sourire jusqu'aux oreilles, avant que de lui rétorquer

Oh que si ! Tu es encore une petite sotte qui a tout à apprendre mais, crois moi, je vais y remédier !
Vous êtes pas livré avec un décodeur ? Non parce que là, moi, je comprends que dalle !
Rentres chez toi et annonces à tes parents que tu viens juste d'être virée de la Couveuse !

Comme elle le regardait, tout à la fois déçue et furieuse, il avait ajouté dans un clin d'oeil.

Et dis leur de préparer tes valises parce que, dès ta sanction accomplie, tu intègres l'Académie ! Toutes mes félicitations Cadet Chloé Weasley !
Hein ? Quoi ? L'Académie ? Mais j'ai même pas encore l'âge !
Rien à foutre de ton âge le moineau ! Tu me plais et je te veux pour élève ! A moins que tu ne préfères passer ton tour ? T'espères peut-être te trouver un meilleur Mentor ?
Nan... Ca me va !

«  Très bien même.... »

Parfait ! Et, de toi à moi, tu fais bien d'accepter parce que vu ton caractère de cochon je doute que qui que ce soit aurait jamais accepté de te prendre pour apprentie !
Alors pourquoi tu le fais ?
On se tutoie maintenant ?
Ca te dérange ?
Non, ça m'arrangerait même plutôt pas mal. J'adore l'idée de te voir m'insulter au singulier !
Malin... Très malin ! Abruti !
Tu vois ? Je savais que cela me plairait ! Maintenant, pardonnes-moi mais j'ai un rendez-vous important.
Avec ta copine ?
On ne t'a jamais dit que la curiosité était un très vilain défaut ? Et, ne sois pas déjà jalouse, c'est mon meilleur ami que je vais voir.
Lequel ? Neil Corrigan ou l'autre bonhomme chelou, le Benjamin je sais plus quoi ?

Là, l'exorciste s'arrêta et la regarda, sincèrement étonné.

Tu avances des noms au hasard ?
Non, je sais juste lire. Et tes potes et toi vous êtes souvent dans les pages des magazines à potins. C'est tout.
Pourquoi alors m'avoir demandé de me présenter si tu connaissais déjà mon nom ?
J'ai jamais dit que je ne savais pas qui tu étais j'ai dit que t'étais mal poli parce que tu ne t'étais pas présenté ! C'est pas pareil !

Lui avait souri. Elle lui plaisait décidément beaucoup cette gosse. Haussant les épaules et se détournant une fois de plus il avait répliqué d'une voix où perçait clairement l'ironie.

Je te propose un marché : tu me fais réviser mes bonnes manières et, moi, je t'apprends à devenir un soldat digne de ce nom. Et si tu te montres aussi douée que je le pense alors  je te prédis qu'un jour tu seras exorciste toi aussi.
D'accord. Mais, deux questions encore...

Il avait passé son regard par dessus son épaule et invité de ses mots la petite à aller au bout de sa requête

Vas-y ! Profites-en je suis de bonne humeur !
Pourquoi moi ? Qu'ai-je de si différent à tes yeux que j'en devienne intéressante ?
Disons que ton audace me plaît.
C'est tout ?
C'est déjà pas si mal, non ? Et ta seconde question ?
Pourquoi je suis supposée me taper une sanction ?
Cela sera ta première leçon : on ne tire pas sur son instructeur !
Mais c'est toi qui me l'a demandé !
Un vrai soldat n'aurait pas obéi... et un soldat que j'aurais formé aurait obéi mais, lui, ne m'aurait pas aussi lamentablement manqué !
La prochaine fois je te louperai pas !

Avait-elle hurlé juste alors qu'il montait les premières marches du perron. Son rire avait résonné une dernière fois dans l'air avant qu'il ne lui lance d'une voix goguenarde

J'espère bien ! Sinon c'est que j'aurais vraiment été un bien piètre instructeur ! On se revoit bientôt le moineau !

Elle n'y avait pas cru. Elle se trompait. Ce jour là Chloé avait été renvoyée de la Couveuse. Et condamnée à passer cinq mois à effectuer des travaux d'intérêts généraux dans un centre pour enfant sorcier fraîchement raflés. Eprouvant, déstabilisant mais ce qu'elle vit et apprit là-bas ne tarderait pas à lui servir. Quand, au bout du sixième mois, elle fut enfin libérée de ses obligations... et envoyée à l'Académie. Nathaniel l'y attendait. Il avait tenu parole. Il la tiendrait toujours avec elle. Elle que, toute leurs vies, il continuerait d'appeler « son moineau ». Elle qui, comme il l'avait pensé, se montrerait si bien à la hauteur de ses espérances qu'il en ferait une exorciste. L'une des plus douées de sa génération. L'une des plus fragiles aussi, hélas... Elle qui, enfin, deviendrait sa meilleure amie. Pour le meilleur, parfois. Pour le pire, souvent.




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Chloé Weasley
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Chloé Weasley
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Chloé Weasley " La vie n'est jamais qu'une succession de choix : les vôtres ... et ceux des autres, hélas !  " [FINIE && VALIDEE] Empty
Lun 29 Jan - 11:21
Ma Vie

CHAPITRE III



Le 11 septembre 2101,
Île de la Cité,

On se déploie ! Jana, vous nous ouvrez la voie ! Thomas ? A vous l'armurerie ! Pas question qu'un seul de ces saloperies de sorcier y pénètre ! Gabi je te laisse le plaisir des laboratoires !
Et pour la Ruche ?

L'exorciste qui ne répondait pas, se contentant d'abaisser la visière de son casque devant ses yeux où dureté et inquiétude ne se le disputaient que trop. Jérôme et elle se chargeaient de la Ruche ! Elle ne  laisserait cela à personne d'autre ! Non, à personne d'autre...

On dirait que, cette-fois, nos petits amis à baguettes se sont surpassés, non ?

Le regard de la jeune femme avait suivi celui de son ami pour mieux survoler une situation pour le moins épineuse. Des attaques de ce genre, ce n'était certes pas la première fois que les deux amis s'y retrouvaient confrontés. Mais, ce jour là, il semblait flotter dans l'air quelque chose de différent. Si peu que presque rien. Tellement peu que même Chloé ne parvenait pas à se l'expliquer. Un léger parfum, aigre et entêtant, qui viciait l'air. A moins que ce ne soit ce frisson, si léger que presque imperceptible, qu'elle sentait remonter à son échine ? Peu importait. Tout ce que l'exorciste savait, alors qu'elle pénétrait son fusil fermement ancré entre ses paumes moites dans le bâtiment principal, c'est que rien ne se déroulerait probablement comme elle l'aurait souhaité. Autour de ses hommes et elle les combats faisaient rage. Les cieux surplombant l'île ne ressemblaient plus qu'à une singulière toile où, à coups d'éclairs verdâtres et de sillages chargés de poudre laissés par les balles, esquissait peu à peu ce que Chloé se surprit à imaginer comme le visage de la Faucheuse elle-même.  Visage aux traits aussi mouvants qu'irréels dont elle admira un instant la laideur glaçante avant que de s'en détourner promptement quand la détonation, la première, se fit entendre. Un bruit assourdissant qui claqua dans l'air, suspendant un instant un seul, les gestes de tous les combattants. Vraiment tous les combattants... Chloé les avait vues, regardées fixement, ces baguettes qui, tous comme les armes des miliciens, s'étaient figées, comme subitement indécises. Tout comme elle les avait remarqués, ces regards soudainement perdus que leurs ennemis avaient eus et qui ne reflétaient plus qu'incompréhension. Les Résistants n'étaient pas responsables... Ils n'avaient pas fait exploser cette bombe ! Alors ce fut la peur, irraisonnée mais étouffante, qui envahit celle qui allongea encore plus sa foulée, précipitant son pas alors qu'elle se précipitait vers le couloir menant à l'artillerie.

Qu'est-ce qu'il se passe ? Qu'est-ce qu'il te prend ?

Lui demanda d'une voix sourde celui qui semblait lui aussi avoir perçu l'étrangeté de la situation. Alors qu'ils remontaient les couloirs comme étrangement désertés, c'est à peine s'ils avaient eu à faire hurler leurs armes. Ce bâtiment, le cœur névralgique de leurs forces armées et par extension du pouvoir, était ce trophée que les sorciers rêvaient de faire leur. Pour mieux le détruire, le réduire en cendres. Et, ainsi, ébranler le Nouvel ordre... de manière telle qu'il mettrait des semaines, des mois même, à s'en relever. Si toutefois il y arrivait. Alors, non, les choses n'étaient pas normales. L'attaque que les sorciers avaient lancée s'annonçait sous les meilleures des auspices. Ils étaient parvenus à passer les premières lignes de défense de l'armée ! D'une manière ou d'une autre ils avaient réussi à accomplir ce que nul n'était sensé pouvoir faire. Tromper la vigilance des gardes ? L'humain était un être tellement faillible que cela était parfaitement envisageable. Certains miliciens pouvant, même, être corrompus après tout, non ? Faire tomber les systèmes de surveillance, caméras et autres barrières électriques ou électroniques ? Une cervelle bien faite et un ordinateur suffisamment puissant pouvaient, ensemble, y parvenir. Là encore, la faille était aisée à trouver. Et s'y engouffrer ne requerrait en fait qu'un peu de jugeote et d'agilité. Tellement facile que cela n'en paraissait que plus pathétique encore à ceux qui, justement, ne comprenaient pas les raisons qui pouvaient pousser les sorciers à reculer maintenant. Parce qu'ils reculaient ! La peut au fond des yeux, Jérôme et elle les croisaient, lançant leurs sortilèges non plus contre ces miliciens eux aussi en déroute mais contre cet ennemi, cet autre, que personne n'avait encore seulement vu. Cet autre que nul n'attendait ou même n'imaginait. Celui que Chloé tremblait presque de rencontrer. Des échanges de coups de feu mais qui, cette fois, ne visaient rien d'autre que cet épais nuage de brumes sombres. Ces filaments venteux qui, s'immisçant par ces lézardes rampantes sur les murs, et venaient danser autour de ces hommes et de ces femmes  qui, s'ils n'en comprenaient pas la nature, en devinaient parfaitement la dangerosité. Un cri qui surpassa tous les murmures, déchirant un air passant maintenant du glacé au brûlant sans plus prévenir. Un cri qui, lorsqu'il se mua en hurlement, fit se figer tous les acteurs involontaires de cette macabre pièce.

Qu'est-ce que...

Une phrase qu'elle ne finit pas même d'énoncer. A quoi bon ? Les mots, tous les mots, ne semblaient plus de la moindre utilité ni de la moindre pertinence maintenant. Ce furent d'abord les yeux de l'exorciste qui s'écarquillèrent alors que, se retournant comme tous les autres, elle vit. Les raisons qui venaient de pousser son homme à émettre le plus atroce et déchirant des hurlements. Son dernier aussi et sûrement.

Thomas ! Thomas ! Thomas !

Avait-elle hurlé alors alors que, jetant ses armes au sol, elle se précipitait déjà vers l'endroit où l'un de ses meilleurs éléments... L'un de ses amis... subissait les plus incroyables des assauts. Et elle le croisa, ce regard injecté de sang et hanté par la terreur que le milicien lui jeta alors que les tentacules venteuses s'enroulaient autour de tout son corps, se nouaient autour de cette gorge qu'elles briseraient bientôt. Il fallait l'aider ! Ils devaient le sauver ! Elle pensait courir mais ne faisait jamais que piétiner, que se traîner sur ce sol qui commençait à trembler sur ses pieds plus lourds que des chapes de plomb. Sa main qui se dressait, se tendait avec la force du désespoir vers celle qui en fit de même. Mais Thomas était si loin ! Bien trop loin. Presque déjà sur l'autre rive en fait... Jérôme, lui, l'avait compris. Et, jetant lui aussi ses armes au sol, il avait couru après celle qu'il ne rattrapa que pour mieux la ceinturer de toutes ses forces.

Non ! Tu ne peux plus rien pour lui ! Non Chloé !
Je dois essayer ! On doit l'aider ! Jérôme ! On doit lui porter secours !

Elle se débattait, se démenait comme un beau démon mais, lui, ne céderait pas. Pas cette-fois ! Ils ne jouaient plus, là... Il n'était plus question de l'une de leurs légendaires prises de tête où le seul enjeu serait de savoir lequel de leurs deux egos l'emporterait... Là, il s'agissait de leurs vies ! Et, peut-être et s'ils avaient une chance insolente, de celles de ceux qu'ils pouvaient peut-être encore aider. Sauver ? Jérôme l'espérait même si, s'il se montrait honnête, il n'y croyait plus guère. Et il y croyait encore moins en la regardant, elle. Elle qu'il avait toujours connue si forte et imperturbable mais qui, là et maintenant, s'effondrait littéralement. Son visage, plus pâle encore que d'ordinaire, était ravagé par les larmes. Son regard, souvent si moqueur, ne luisait plus que de la plus parfaite des frayeurs. Cette femme qui se tenait lovée entre ses bras n'était plus celle qu'il connaissait, admirait et, oui, adorait. Cette femme, si fragile et au bord du précipice, il ne la connaissait pas ! Et, pour être honnête, il n'éprouvait pour elle que le plus grand des mépris. Parce qu'elle était faible ! Parce qu'elle laissait ses émotions la submerger au point de la noyer ! Parce que, si elle s'entêtait à agir aussi sottement, alors ils mourraient ! L'un et l'autre ! Eux... et ce bébé que Chloé portait et sur lequel, sûrement inconsciemment, elle venait de porter la plus tendre et aimante des mains. Elle était enceinte... Elle allait donner la vie... Devenir une maman... Elle ne pouvait pas mourir ! Pas ici, pas ainsi et sûrement pas maintenant ! Jérôme ne le permettrait pas !

Ressaisis-toi ! Maintenant Chloé !

Mais elle ne l'entendait pas, ses yeux toujours comme hypnotisés par le corps... le cadavre... de Thomas. Un parmi tant d'autres, hélas... Et, si la situation n'avait pas été aussi désespérée alors sans doutes le milicien aurait-il pu la trouver des plus cyniquement ironique ! Baguettes et fusils... Sorciers et miliciens unis dans la paix éternelle. Si jamais demain venait à se lever et si certains réussissaient à y assister alors sans doutes la guerre reprendrait-elle ses droits. Les événements d'aujourd'hui laisseraient des séquelles profondes dans les corps et les âmes mais, Jérôme le savait, nul survivant n'oserait jamais en reparler. Comme si, tel un mauvais esprit, un simple souvenir suffirait à l'invoquer une nouvelle fois. Oui, l'homme en était certain : la tragédie d'aujourd'hui serait volontairement effacée des lèvres et des consciences. Le pouvoir étoufferait l'affaire, usant de ce qui serait la plus grande tragédie depuis un siècle pour alimenter la guerre et réveiller une foi parfois si branlante. Et c'est là que, instinctivement, il comprit. Il refusait encore de l'admettre quand bien même sa raison, elle, ne cessait de le lui hurler. Ca recommençait ! Ca recommençait ! Et, apparemment, il n'était pas le seul à le penser...

On doit sortir ! Maintenant !
Neil?

Avait murmuré celle qui semblait, enfin, sortir de sa stupeur et s'apaiser un peu. Comme si l'apparition de l'autre cinglé pouvait apaiser qui que ce soit !

Bah voyons... Il ne manquait plus que lui tiens...
Un commentaire à faire  »soldat » ?
Si j'en avais le temps, oui, j'en aurais plus d'un ! Mais on n'en a pas ! Et, juste pour info : j'ai un prénom bordel !

La tension entre les deux hommes semblait des plus palpables et, en d'autres circonstances, il y avait fort à parier qu'ils n'auraient pas hésité à se sauter à la gorge. Mais, comme l'un et l'autre le savaient, le temps leur était compté. Et, aussi rageant cela soit-il pour Jérôme de l'admettre, ils devaient se tirer ! Tant qu'ils en avaient encore le temps... Les sourcils du soldat qui se froncèrent alors qu'il voyait le bellâtre courir vers eux et, d'autorité, prendre dans ses bras celle qui ne pouvait plus guère tenir sur ses jambes. Le regard azuré de l'exorciste qu'il laissa errer rapidement sur le corps meurtri et résolument décidé à vivre. Des plaies, nombreuses mais apparemment pas des plus graves, qui apparaissaient au travers des lambeaux de l'uniforme. Un pouls, qu'il prit rapidement à sa jugulaire, et qui s'affolait. Tant mieux ! C'est quand il ralentissait qu'il fallait s'inquiéter ! Et puis ce moment où Neil laissa son regard glisser jusqu'à ce ventre, encore si plat et que Chloé semblait tant – et si vainement- vouloir protéger de ses mains ensanglantées et tremblantes. Et si le romain d'adoption était perclus de défauts il n'en était pas moins incroyablement intelligent. Et redoutablement perspicace.

Est-ce que... ?

L'intéressée n'avait rien répondu, le rose à ses joues et son regard fuyant confessant très bien ce que ses lèvres, elles, se refusaient à avouer. Le corps de Neil ne bougea pas. Pas d'un iota. Mais son regard, lui, s'assombrit. Et, quand bien même ne dut-il pas s'en rendre compte, sa voix trembla quand il murmura, soudainement bien moins pressé de s'en aller

Combien ?
Combien quoi ? Un enfant, je n'en porte qu'un.

Appréciant fort peu le ton badin et presque trop détaché de la jeune femme il avait précisé, haussant et durcissant le ton.

A combien en es-tu ?

Elle avait soutenu le regard de son supérieur et, sans ciller une seule seconde, avait répondu

Quatorze semaines.
Comment ça «  quatorze semaines » ?! Je pensais que tu n'en étais qu'à ta septième?

S'était alors récrié celui qui, venant rejoindre ses deux compagnons d'infortune, dardait de ses prunelles luisantes de foudres celle à qui il répétait, exigeant pour une fois la pure et hideuse vérité

Comment ça «  quatorze semaines » ?
J'ai menti...
Sans déconner ?! Mais qu'est-ce qui t'a pris putain ? T'es inconsciente ou quoi ?
Je …
Tu ? Tu ? Tu quoi Chloé ? Tu espérais être envoyée en mission et te faire assez blesser pour le perdre sans avoir à avorter ? C'est ça que tu voulais ? Qu'une destinée de merde qui n'existe même pas prenne la décision que, toi, tu n'as jamais été fichue de prendre ?!
De quel droit tu oses me parler ainsi ? De quel droit Jérôme ?! C'est pas toi qui a insisté, encore et encore et au point parfois d'en devenir suppliant, que je me fasse avorter ? Alors qu'est-ce que ça pourrait bien te faire si je le perdais mon bébé hein ? Qu'est-ce que tu en aurais à foutre ?!

Lui, s'était tu. La gorge trop nouée et la colère pulsant bien trop à ses tempes pour seulement prononcer ces mots que, s'ils venaient à franchir la barrière de ses lèvres, il regretterait aussi vite que de la plus amère des manières. Qu'elle lui mente ? Il s'en contrefichait pas mal ! Ce n'était pas la première fois et sûrement pas la dernière... Mais qu'elle lui mente sur ce sujet là... Là, c'était de la pure trahison ! De celle que Jérôme ignorait s'il pourrait seulement lui pardonner un jour ! Il en doutait même franchement...

J'ai tous les droits de te demander cela ! Tous les droits Chloé ! Et tu le sais !
Pourquoi ? Parce que c'est toi le père du bébé Jérôme ?

Les regards des deux amis en froid qui convergeaient en même temps vers ce troisième larron, cet impitoyable compagnon, qui n'avait jamais gardé le silence jusque là que pour mieux observer et, visiblement, tenter de comprendre. Ou, plus précisément, de savoir... Savoir ce qu'il redemandait à celui qui dut faire de gigantesques efforts sur lui-même pour ne pas le trucider sur place.

Est-ce que, oui ou non, tu es le père de cet enfant ?!
Non, rassures-toi ce n'est pas moi ! Mais ça m'étonnerait que cela t'arrange, n'est-ce pas Neil ?
Alors qui ? Qui est le père de ton enfant Chloé ?!
Neil, je...

Avait bafouillé celle qui, une fois de plus, détournait le regard.  Suscitant la surprise chez les deux hommes qui semblaient comme suspendus à ses lèvres. Dans leurs esprits la même question qui tournoyait à leur en faire mal : Neil était-il bien le père de cet enfant à naître ?



CHAPITRE IV



Chloé à dix-neuf ans,
Les Halles,


Tu n'es pas obligée de me suivre... Je comprendrais si tu préférais renoncer...

Avait-il soupiré sans même la regarder à la petite blonde qui se tenait à ses côtés et tirait nerveusement sur une cigarette. Son regard d'un bleu délavé ancré à la silhouette si massive de ce centre commercial qu'ils s'apprêtaient à investir. Sans la moindre autorisation officielle... A l'encontre de tout ordre officiel plutôt ! Ce qu'ils allaient faire allait à l'encontre de tous leurs engagements, de toute raison plus encore. Pourtant, quand il lui reposa, pour la énième fois la question, elle avait levé les yeux au plafond de l'habitacle et soupiré bruyamment. Puis ses doigts agiles s'étaient emparés de ces armes qu'elle vérifiait avec minutie et ses lèvres s'étaient enfin descellées pour mieux laisser s'écouler

Je te l'ai déjà dit, non ? J'en suis ! Mais si tu as des doutes alors dis-le moi ! Maintenant ! Je n'ai pas envie que, une fois de plus, tu me lâches au pire des moments !

Les paroles étaient laconiques et prononcées d'un ton suffisamment dur pour que l'exorciste n'en suspende aussi bien ses mouvements que ses pensées. Gabrielle et lui... Ensemble dans cette voiture et sur le point de s'en prendre aux leurs ? Jamais il n'aurait cru cela possible... Et pourtant... Et alors qu'il la regardait plus fixement encore le jeune homme ne put s'empêcher de se mordre la lèvre inférieure. Cette animosité... Cette défiance qu'elle n'avait de cesse de lui cracher au visage... Tout cela l'exorciste savait le mériter. Entre eux deux cela faisait maintenant bien des années que tout lien avait été si brutalement rompu, déchiqueté. Et, comme elle le souligna alors si bien de ses mots acerbes, elle, n'avait pas oublié.

Je ne pense pas que je pourrais jamais te pardonner Nath...
Pour ce que cela peut valoir et importer maintenant … Je ne me pardonnerais probablement jamais non plus.

Et il le pensait... Enfants, elle et lui s'entendaient bien. Vraiment très bien même. Plus que cela : ils étaient des amis. Des vrais. Pas de ceux qui tissent leur lien sur des ambitions mégalomanes ou des intérêts pervers. Non... Gabrielle, elle avait été comme une sœur pour lui. Et puis il y avait eu ce que Nathaniel ne s'était que trop longtemps évertué à ne considérer que comme un simple « incident » là où, elle, avait vécu l'un des pires traumatismes qui soient. Elle avait eu besoin de lui et il s'était détourné, avait fermé les yeux sur l'odieux. Il l'avait abandonnée... Et, non, il ne se l'était jamais pardonné. Et si, ces aveux qui devaient sûrement tenir d'excuses, la milicienne les avait attendus elle ne pardonnerait pas aussi facilement pour autant.

Ecoutes... C'est pas de nous dont il s'agit là... Et quelque puisse être notre contentieux cela n'a pas à entrer en ligne de compte. Ni aujourd'hui ni jamais. Je te le répète : je suis un soldat et je suis là pour obéir... même à toi.
Content de l'apprendre …  Mais, à mon tour de répéter : pourquoi ?
Parce que, oui, j'apprécie Chloé et que je ne veux pas qu'ils lui fassent ce qu'ils  ont déjà fait à tant d'autres. Ce qu'ils m'ont fait à moi aussi... A moins que tu ne vois pas de quoi je parle bien sûr...
Crois-tu que j'aurais pu oublier ça ?!
Non, je ne crois rien moi ! Je sais  juste que tu n'as rien fait ! Ni pour les en empêcher ni, ensuite, pour le leur faire payer ! A lui plus encore qu'aux autres !
Gabi...

La si parfaite contenance de la jeune femme s'effritait et, si dans ses yeux des étincelles de colère s'allumaient dans sa voix c'étaient les échos d'une rancœur ancienne qui tremblaient.

Non ! Je ne veux pas t'entendre ! Pas question ! C'est trop tard de toute manière... Le mal est fait.

Puis elle avait inspiré profondément comme pour mieux retrouver son calme.Aujourd'hui cela ne comptait pas. Aujourd'hui elle n'était venue que pour une seule raison. Chloé.

Tu es certain que c'est là qu'ils la détiennent ?
Je te l'ai déjà dit comme je les ai dit aux autres je...
Alors répètes ! Je ne risquerais pas ma carrière et même ma vie pour des infos que tu aurais obtenues je ne sais même pas comment !

Lui, aussi nerveux et tendue que son inattendue complice, avait du se mordre la langue jusqu'au sang pour ne pas laisser se déverser tous ces reproches et ces mots fleuris qu'il ne pensait pas le moins du monde et aurait regrettés dès qu'ils auraient été prononcés... Encore une fois son ancienne amie avait raison. Ils allaient au devant des pires ennuis et, si quoique ce soit se passait mal, alors ils pourraient tout perdre. Le pouvoir, le père de la jolie blonde en premier, ne tolérerait jamais de voir ses meilleurs éléments ainsi bafouer son autorité. Et les mesures qui seraient prises ne manqueraient pas d'être exemplaires... Les plus malchanceux d'entre eux, ceux dont le nom, le talent ou la fortune ne suffiraient pas à les protéger encourraient sûrement même la mort. Et les autres, pas vraiment plus chanceux à vrai dire, verraient leurs carrières réduites à néant ou presque. Alors, oui, mieux valait pour chacun d'entre eux que Nathaniel soit sûr de lui. Et il l'était ! Une cigarette qu'il s'alluma d'une main pendant que l'autre tapotait nerveusement le cuir de son SUV. Et ces mots qu'il répéta d'une voix qu'il eut sans doutes voulu morne mais qui ne laissait que trop transparaître sa colère noire.

L'un de nos espions dans les rangs de la Résistance m'a prévenu.
Et tu fais confiance à cet infiltré ?
Oui. Ca te va comme ça ?
En fait, non, ça ne me suffit pas !
Alors pourquoi t'es encore là si t'as pas confiance en ma source bordel ?
Parce que, aussi surprenant que cela puisse être même à moi, j'ai confiance en toi ! Crétin !
En moi ?
Oui, en toi ! Je sais que tu n'abandonneras pas Chloé comme tu m'as abandonnée, moi...

La vérité est toujours bien douloureuse pour celui qui, comme l'exorciste, se la mange en pleine face. Mais, conscient qu'il n'avait pas volé cette remise en place teintée d'amertume autant que de rancoeur, il s'était une fois de plus abstenu de répliquer. Se concentrant sur ce sms crypté qu'il venait de recevoir et qu'il transmit à sa partenaire.

Le reste des hommes est en place. Ils n'attendent plus que mon signal pour donner l'assaut.

Le silence était retombé, pesant, sur ceux qui, d'un même mouvement, regardait leur cible. Ils étaient en pleine période de fêtes et rien qu'à l'extérieur de ce centre toujours si fréquenté la foule se pressait. Des badauds innocents qui, bientôt,  verraient leurs existences chavirer. Là, ils bavardaient gaiement, riaient même parfois aux éclats. Dans leurs yeux ces étincelles d'insouciance  qui bientôt s'éteindraient. Sur leurs lèvres, ces sourires qui se faneraient. Ils vivaient, si simplement. Bientôt, et par l'unique faute de Nathaniel et de son commando improvisé, certains seraient sûrement blessés. D'autres, probablement, mourraient. Le bruit d'un chargeur que l'on armait.

Si nous agissons vite et bien alors les pertes seront limitées.
Mais pas nulles...
Elles ne le sont jamais Nathy... Et, jusque-là, cela ne te posait pas le moindre problème... Te serais-tu découvert une conscience ?

N'avait pu s'empêcher d'ajouter, cinglante et cynique, celle que l'exorciste regarda avec, au fond du jade de ses prunelles, l'ombre d'une tristesse que la jeune femme ne lui avait jamais vue. Et avant même qu'il ne lui réponde, elle avait obtenu la réponse à sa question : oui, celui qui fut jadis son ami avait changé. Le plus surprenant étant sûrement qu'il avait changé en bien... Ca, Gabrielle ne s'y serait jamais attendue. Alors, reposant doucement ses pistolets sur ses cuisses elle avait laissé sa main venir saisir celle de celui qu'elle sentit frissonner sous la caresse.

Elle... Elle voulait démissionner... Elle avait rédigé sa lettre et me l'avait remise... Et je l'ai déchirée... Je l'ai déchirée !

Là, la jolie blonde haussa un sourcil. Démissionner ? Cela ne ressemblait guère à leur amie. Depuis l'enfance Chloé avait toujours été l'une des plus déterminées d'entre tous. De celle qui n'avait jamais ménagé ses efforts pour parvenir à se hisser au plus haut de sa promotion. Au point d'en sacrifier une vie personnelle qui, aux dernières nouvelles, était encore plus plate que l'encéphalogramme d'un mort ! Un temps, elle et Jérôme avaient fini par sauter le pas et avaient eu une aventure. Ce qui n'avait étonné personne tant la tension entre eux était aussi évidente que grande. Mais, et là Gabrielle n'avait pas compris, leur couple avait bien vite explosé en plein vol. Parce que Jérôme, sincèrement épris, voulait faire de sa compagne une honnête femme. L'une de ces femmes qui se serait réjouie de l'épouser, de lui faire des enfants... De celles, surtout, qui savaient faire passer leur moitié avant leurs ambitions. Chloé, elle, ne l'avait pas pu. S'y était violemment refusée. Et son amant, lui, n'avait pas insisté. Sans doutes la connaissait-il bien trop pour cela ? Certainement... Alors, si la protégée de Nathaniel n'avait pas renoncé à sa carrière pour Jérôme pourquoi l'aurait-elle fait aujourd'hui ? A moins que la question ne soit : pour qui ?

Elle continue à voir Neil ?
Tu connais Neil, non ? Avec lui les femmes passent et parfois repassent mais, au final, nulle ne demeure en dehors d'Eden.
Pas faux... Sans compter que, d'après ce qu'il s'est murmuré, tu as cru malin d'y mettre ton grain de sel ? Neil a du apprécier tiens...
Rien à foutre ! Il y a assez de femmes à culbuter pour qu'il évite de s'en prendre à celles qui me sont proches, non ?  C'est pas non plus comme s'il y en avait des tonnes  !

Là, les deux amis qui se retrouvaient un peu, rirent. De bon cœur et avec une légèreté qui leur manquerait bientôt. S'allumant une ultime cigarette ils s'apprêtaient à revoir encore une fois leur plan d'attaque quand Gabrielle grimaça avant que de se décider à confesser

Tu crois « vraiment » que c'est parce qu'elle est exorciste qu'ils s'en sont pris à elle ?
Ce sont des saloperies de résistants ! Mettre la main sur l'un des nôtres et leur sport préféré tu devrais le savoir depuis le temps ! Ils exultent déjà quand ils raflent un milicien mais alors une exorciste … Ca doit être le pied pour eux !

Puis, soufflant sa colère frustrée, il avait retrouvé son calme et murmuré

Ils doivent penser qu'elle pourra leur cracher des informations intéressantes...
Possible en effet... Mais...
Quoi ? Tu as une autre idée ? Si oui alors vas-y ! Craches la putain plutôt que de jouer aux jeu des énigmes à la con ! On n'en a pas vraiment le temps là !
Oh ça va hein ! Tu n'es pas le seul ici à avoir peur pour elle et pour, je me permets de te le rappeler, les autres de nos hommes qui ont été enlevés ! Alors ta colère tu te la ravales et fissa sinon moi je me casse !

Le ton était monté de part et d'autre. Ne faisant jamais que révéler la fébrilité de ceux qui semblaient maintenant hésiter. Avaient-ils raison de faire cela ? Leurs supérieurs menaient déjà leur propre enquête sur cet enlèvement. Ils avaient même promis qu'ils feraient tout pour délivrer ceux qui étaient tombés dans un traquenard lors de leur dernière mission. Ils l'avaient promis... Mais ni Gabrielle, ni l'homme à ses côtés ne les avaient crus. Peut-être parce que, lorsqu'ils étaient venus leur soumettre les informations qu'ils avaient eux-mêmes découverts, ces Hauts Dignitaires avaient refusé de les écouter ? Ces êtres qui n'avaient jamais mis un pied sur le terrain et se pensaient néanmoins les meilleurs des stratèges... Ces paons bouffis d'orgueil n'avaient même pas daigné regarder les indices qui leur avaient été soumis ! Et quand Nathaniel avait insisté... Quand Gabrielle elle-même avait tenté de faire jouer son patronyme... Là c'était carrément son père qui l'avait renvoyée dans les cordes ! Lui murmurant de sa voix si doucereuse ces si beaux discours où la raison et les secrets d'Etat venaient danser joyeusement. Une histoire abracadabrante selon laquelle tout cela aurait été voulu, planifié... Ah oui ? Pour démasquer les espions que la Résistance avaient réussi à infiltrer dans les rangs de l'Ordre. En un sens, l'histoire aurait pu se tenir. Du moins jusqu'à ce que la blonde ne surprenne une conversation entre son traître de père et un homme que la jeune femme n'avait pas pu voir ni identifier la voix mais qui, à n'en pas douter, était un sorcier... Un ennemi ! Cela n'avait aucun sens ! Aucun ! Son père n'était pas un traître... N'est-ce pas ?

Je veux que tu me fasses une promesse Nathy... S'il-te-plaît...
Vas-y...
Si jamais, comme je le crains, mon père venait à se trouver là aujourd'hui... Je veux que tu l'épargnes.

Les yeux du jeune homme qui se dardaient de ses plus luisantes foudres alors que ses lèvres se mettaient à trembler de fureur tandis qu'il s'efforçait de dire le plus calmement du monde

Si jamais ton père se trouve vraiment ici alors c'est qu'il n'est qu'un traître au pouvoir qu'il prétend incarner ! Si jamais ton père se trouve là alors c'est qu'il ne mérite absolument pas que tu supplies pour lui !
Peut-être mais c'est quand même mon père ! Alors je veux ta promesse que quoique tu puisses voir ou trouver là-bas tu lui laisseras la vie sauve !
Gabi...
En échange je te promets de vous aider, tes cinglés d'amis et toi, à vous emparer du pouvoir. Si tu m'accordes cette faveur alors je vous aiderai...

Lui, l'avait regardée d'un air dubitatif. Celle qu'il avait connue et aimée n'avait jamais su mentir. Et aussi fort Gabrielle s'était-elle endurcie jamais elle n'aurait osé mentir et encore moins en de telles circonstances. Alors une seule question se posait

Pourquoi ?
On a tous nos petits secrets, non ? Toi, tu prends le risque de foutre toute ta carrière en l'air pour Chloé ? Moi, je préfère encore voir mon père déshonoré et déchu que mort. Est-ce si dur que cela à comprendre ?
Non, ça ne l'est pas...
Est-ce que j'ai ta parole ?
Tu l'as. Mais cela n'engage jamais que moi, tu en es consciente au moins ?
Je le sais mais, pour aujourd'hui, ça me suffit.

Puis, comme s'il n'y avait plus rien d'autre à ajouter chacun s'en était retourné à ses pensées silencieuses. Et lorsque le téléphone de Nathaniel sonna une fois encore, leur annonçant que le moment était venu, les deux amis étaient prêts. Ce regard entendu qu'ils échangèrent avant que, dans un même mouvement, ils ne sortent du véhicule et, d'un pas similaire, ne se dirigent vers le bâtiment devant eux. Autour d'eux la vie bruissait de partout et, eux, faisaient de leur mieux pour y demeurer parfaitement sourd. Ne surtout pas entendre ces éclats de vie si joyeux qui, très bientôt, périraient par leur unique faute. Ne surtout pas voir ces sourires et ces regards emplis de joie et d'espoir qui ne manqueraient pas de se voiler de stupeur puis de terreur quand l'attaque serait enfin lancée. Un regard bleuté que le jeune homme laissa discrètement glisser sur l'écran de sa montre et ce décompte en son esprit tandis que sa main, nerveuse mais ferme, s'emparait de cette arme de poing dissimulée sous le drap de son pardessus. Trois... Deux... Un...

BOUM!

L'explosion venait à peine de retentir bruyamment dans l'air que, déjà, la vie sembla se figer de peur. Moment comme irréel où la marée humaine présente s'immobilisa d'un coup. Les corps, comme de vulgaires marionnettes désarticulées avaient pris les plus ridicules des poses. Seuls les yeux de ces innocents bougeaient encore, balayant avec fébrilité ce lieu qui, il y avait encore une minute était un temple de la détente mais qui, par la grâce maudite d'une détonation, venait de devenir le plus gigantesque et mortel des pièges. Le parfum sulfureux et suffoquant du danger commençait à flotter dans les airs et ses relents les plus piquants explosèrent en même temps que, alors que la seconde bombe explosait à son tour, les alarmes paresseuses du centre commercial retentissaient elles aussi. Chant d'alerte qui, comme par une impulsion sadique, ramena tout ce petit monde à la réalité. Alors ce fut la panique qui s'empara de ces hommes, de ces femmes et même de ces enfants qui ne pensèrent plus guère qu'à une chose : sauver leurs peaux ! Sortir de ce dédale de fer et de verre aux furieuses allures de morgue en devenir. Les cris accompagnaient les gémissements et les pleurs de ces pauvres erres sacrifiés sur l'autel de la détermination de ceux qui, plus impassibles que jamais et armes aux poings, attendaient légèrement en retrait de toute cette morbide agitation.

Combien de temps avant la prochaine salve ?
Trois minutes. C'est tout ce que nous avons pour rejoindre les étages inférieurs.
Magnifique... Rassures-moi : t'es sur de ton artificier ? Parce que je n'ai pas particulièrement envie de me faire exploser parce qu'il aura pas été foutu de calculer correctement la charge !
Là-dessus pas de soucis : j'ai réglé moi-même ces petites merveilles.
Et depuis quand tu t'y connais en explosifs toi ?
Crois-moi, tu n'as pas envie de savoir !

Avait-il répliqué dans un sourire tendu avant que d'agripper fermement sa main dans la sienne et de l'entraîner à sa suite. Là, perdus au milieu de la foule en pleine débandade, c'est à peine si quelques uns remarquèrent leur progression à contre-courant et, surtout, ces armes qu'ils tenaient fermement ancrées à leurs paumes et prêtes à cracher leurs plus mortelles balles. Ni lui ni elle n'avaient envie d'être contraints d'en faire usage mais, ils le savaient, ils le devraient. Pour protéger leurs vies. Pour sauver celles de ceux qu'ils étaient venus sauver. La guerre, ils y étaient rompus. Bien plus qu'ils ne l'auraient jamais pensé ou souhaité. Mais ils l'étaient. Et l'un et l'autre en avaient retenu la seule leçon qui importait réellement : sur le champs de batailles c'était eux ou les autres. Et à la moindre hésitation c'étaient les autres qui l'emporterait. Aussi n'eurent-ils pas la moindre seconde d'hésitation quand ils les virent surgir des entrailles du bâtiment. Pas ces gardes aussi désemparés que les badauds et qui couraient en tous sens pour mieux, eux aussi, tenter de rejoindre une issue. Mais ces hommes aux mines aussi fermées que les leurs et qui, baguettes et pistolets à la main, venaient à leur rencontre. Aux visages maculés de suie et de poussière de certains il était évident que les bombes posées avaient eu l'effet escompté : faire sortir les rats de leur trou ! Et maintenant que tous les joueurs ou presque étaient présents le jeu, mortel, pouvait réellement commencer.

Gabi ! À trois heures !

Sans même prendre le temps de respirer, poussée par les plus guerriers des réflexes, la milicienne s'était tournée dans la direction indiquée et, prenant juste le temps d'assurer la stabilité de son bras elle avait tiré. Sans même ciller ou trembler devant tous ces innocents qui se trouvaient entre sa cible et elle. Un hurlement, plus strident encore que les autres, qui déchira l'air brûlant quand, dans un bruit sourd, le corps du sorcier tomba lourdement au sol. Pas même le temps d'admirer son œuvre car d'autres soldats à baguette rappliquaient, sans nuls doutes alertés par le bruit de cet échange. Le premier qui ne tarda évidemment pas d'être suivis par de très nombreux autres. Conscients que leur planque venait d'être découverte et serait bientôt prise, les sorciers étaient montés à l'assaut eux aussi et, de balles et de leurs éclairs, ils arrosaient ces ennemis difficilement repérables au milieu de cette totale débandade. La visibilité était quasi nulle de part et d'autres et, pourtant, chacun des camps faisait de son mieux pour avancer. Les résistants tentaient de défendre aussi longtemps que possible cette position qu'ils savaient pourtant pertinemment sur le point de tomber. Mais ils continuaient, se fichant des blessures qui leur étaient infligées. Se contrefichant même de ces frères et de ces sœurs d'armes qui tombaient sous leurs yeux impuissants, morts. Tout comme, de leur côté, Nathaniel et Gabrielle ne laissèrent jamais transparaître la moindre ombre d'émotion quand, d'un éclair ou d'une balle, l'un de leurs complices tombait lui aussi. Demain, chacun ferait ses comptes et, tous, pleureraient leurs morts. Mais, là et maintenant, ils n'étaient que les machines à tuer que la guerre, leur éducation et leurs choix avaient fait d'eux.

La voie est dégagée ! On y va !
Passes la première ! Je te couvre !

Avait crié celui qui, joignant le geste à la parole, tirait de ses deux armes pour mieux protéger la progression de sa partenaire. Quand elle fut à l'abri les rôles s'inversèrent et c'est de son feu nourri qu'elle protégea de son mieux l'avancée de celui qu'elle découvrit grimaçant et boitant quand, enfin, il parvint à sa hauteur. La main ensanglantée du jeune homme qui compressait de son mieux une plaie visiblement bien profonde à son flanc gauche.

C'est rien ! On continue !
Pas question de faire un pas de plus avant que quelqu'un ne t'ai examiné !
On n'a pas le temps bon sang !

Avait-il grommelé en tentant, si faiblement, de repousser la main de la blonde. Mais celle-ci, les yeux dardés d'éclairs, n'entendait pas se laisser intimider. D'autorité, et sans le moindre ménagement, elle avait balayé la jambe déjà blessée de l'exorciste et, sans même rougir ou ciller, l'avait regardé s'affaler sur le sol cimenté de l'escalier. Alors qu'il grognait pour ne pas hurler elle avait rangé ses armes et, posant genou à terre, s'était affairée. Ce tissu qui couvrait et collait à la peau déchiquetée et ce sang qu'elle tentait de repousser pour mieux vérifier l'ampleur des dégâts. Un garrot de fortune qu'elle fabriqua à partir d'un lambeau de son propre uniforme et qu'elle utilisa pour le haut de la cuisse du jeune homme. Puis cette éprouvette qu'elle dégaina de sa poche sous l'oeil presque amusé de son patient. Un haussement d'épaules qu'elle eut alors que, arrachant de ses dents le bouchon de liège elle murmurait

Du whisky... J'espère que tu sauras l'apprécier celui-là aussi...
Tu crois que c'est vraiment le moment de faire de l'humour ?
Non, ça ne l'est pas et c'est justement pour cela qu'il faut en faire. Maintenant, t'es mignon : tu la boucles et tu fermes les dents ça va faire un mal de chien !

Elle n'avait pas menti. La brûlure de l'alcool, aussi douloureuse fut-elle, n'était cependant rien en comparaison de celle de la lame chauffée rapidement à blanc que Gabrielle enfonça, d'un coup, dans les chairs de l'exorciste. La balle qui l'avait touché était demeurée dans le muscle et si on ne l'en ôtait pas rapidement alors son ami risquait l'infection. Alors la milicienne, sans trembler ni ciller, opéra. Sans se préoccuper de ces gémissements étouffés que son malheureux patient émit alors qu'elle fouillait et martyrisait ses chairs. Elle l'avait prévenu, non ? Et puis ce n'était pas comme si c'était la première fois que l'un et l'autre devaient affronter ce genre de situations ! Le temps leur était compté mais ne pas prendre celui nécessaire pour retirer cette balle eut été pire encore. Jamais Nathaniel n'aurait pu marcher sans cela ! Et, seule, Gabrielle savait qu'elle n'arriverait à rien. Ils avaient réussi à rejoindre les escaliers et, derrière eux, leurs compagnons s'occupaient de maintenir à distance leurs homologues sorciers. Mais ce court répit ne durerait pas et les deux complices devaient, aussi rapidement que possible, reprendre leur route. D'ailleurs, lui se relevait déjà, cherchant bruyamment son souffle tandis que Gabrielle le soutenait de son mieux.

Ca va aller ?
Non, mais je doute d'avoir le choix, si ?

Comme si elle avait voulu lui répondre, une autre détonation se fit entendre. Le sol qui tremblait sous leurs pieds alors que, au-dessus de leurs têtes, le plafond de ciment commençait à se fendiller. Quand ils quitteraient ce lieu, si seulement ils y parvenaient, ils auraient au moins réussi à faire s'effondrer un bon cinquième des structures en place. Voilà qui ne devrait pas manquer de susciter la fureur de plus d'une personne ! Leurs supérieurs en tête de liste … Alors, puisqu'ils étaient d'ors et déjà allés trop loin pour pouvoir seulement reculer... Nathaniel avait inspiré un grand coup et, ancrant à sa paume gauche cette arme que sa complice lui tendait il avait esquissé un sourire et murmuré

Je suis prêt !
Toi et moi seuls contre la meute de sorciers qui ne doit pas manquer de nous attendre en bas ?
Au moins tu ne pourras pas me reprocher de donner dans la facilité !

Puis ils avaient souri, inconsciemment soulagés et heureux de se retrouver enfin. Même en de si désespérées circonstances. Elle avait raison, comme toujours... Peu importaient bien les obstacles qu'ils étaient jusque là parvenus à éviter ou à contourner il leur en restait autant, si ce n'était même plus, à déjouer s'ils voulaient mener à bien leur mission. Et, aussi grand soit leur mépris des sorciers, ils n'ignoraient pas que ceux-ci montreraient la même ferveur qu'eux à combattre. Et que, à l'évidence, il y avait de grandes chances pour que ces résistants de malheur soient en supériorité numérique flagrante voir écrasante. Alors, oui, leurs chances de réussite étaient minces mais, abandonneraient-ils pour autant ? Certainement pas !

On y va cette-fois !

Et les deux amis s'apprêtaient à s'élancer dans les profondeurs du bâtiment quand une autre déflagration, une à laquelle ils ne s'attendaient pas le moins du monde, se fit entendre. Un souffle, si puissant, qu'ils en furent projetés l'un et l'autre au sol. Un nuage de poussière et de gravats qui les nimbait quand, toussant à en cracher leurs poumons, ils papillonnèrent des yeux pour mieux voir se dessiner devant eux des silhouettes. Un instant ils crurent que leur sort était scellé et leur dernière heure venue. Un instant ils crurent avoir à faire à des sorciers. Mais lorsque la voix s'éleva, Nathaniel comprit son erreur.

Besoin de renforts, peut-être ?
Benjamin ? Mais qu'est-ce que tu fous là ?
Tu crois vraiment que c'est le moment de poser une question aussi stupide ?!

Puis alors que la plus sincère des stupéfactions n'en finissait pas de se peindre sur le visage de l'exorciste des cris et des cavalcades retentirent à quelques mètres seulement en contrebas de leur position. Le regard du nouvel arrivant qui se plissait et la givre la plus colérique qui venait nimber son regard si clair quand, ses armes aux poings, il murmura quelques ordres à ces hommes en civil venus l'accompagner. Gabrielle qui, peut-être moins surprise que son compagnon, qui aidait celui-ci à se relever tandis qu'elle jetait le plus entendu des regards à celui à qui elle se décidait à lancer

Tu es retard ! J'ai failli attendre !
Désolé mais … il y avait quelques embouteillages sur la route ?

Avait si légèrement plaisanté celui qui adressait à la jolie blonde un clin d'oeil complice qui ne fit qu'un peu plus se renforcer la frustration de celui qui, sur ses jambes et le regard sombre, exigeait

Quelqu'un m'explique oui ou merde ?

Puis comme aucun des deux ne semblait décidé à obtempérer il avait répété, articulant avec une rage tout juste contenue chacune de ces syllabes qui franchissaient maintenant la barrière de ses lèvres

Pourquoi tu l'as prévenu ?!

Gabrielle allait répondre quand, d'une main qui se levait, Benjamin l'en empêcha. Ce fut lui qui, franchissant à grands pas la distance qui le séparait encore de son meilleur ami saisit ce dernier par le col de son t-shirt et murmurait de son habituelle voix glaciale

Elle m'a prévenue parce que, toi, tu n'as pas jugé bon de le faire ! Parce qu'elle savait qu'avec si peu d'hommes vous n'aviez pour ainsi dire aucune chance ! Et, vue ta blessure, je dirais qu'elle avait raison, pas toi ?
Tu ne devrais pas être là ! Tu n'as aucune idée de ce qui se passe ici ! Aucune !
Abruti... Je sais tout ce que j'ai à savoir ! Alors maintenant on va finir ce que vous avez commencé ou on continue à perdre un temps précieux en explications aussi débiles que stériles ?
Pourquoi tout risquer ? Qu'est-ce que tu peux bien en avoir à foutre ?

Le directeur de la Ruche s'était arrêté et, relâchant son furibond ami il avait repris ses armes, et, jetant un dernier regard à l'exorciste avait, finalement, consenti à lui répondre

J'en ai à foutre que c'est la femme que j'aime qui est là, en bas !

Nathaniel avait exigé une explication ? Elle venait de lui être donnée... Mais qu'en faire maintenant ? Chloé et Benjamin … Chloé et Benjamin ? Chloé et Benjamin ! Celle qu'il aimait comme une sœur et pour laquelle il aurait tout tenté, tout risqué... Celui qu'il avait toujours considéré comme un frère et qui venait, une fois de plus, de lui prouver être toujours là pour lui... Ces deux êtres que tout semblait opposer s'étaient donc trouvés... Au point de succomber à la plus insensée et déraisonnable des idylles ? Aussi ridicule que cela puisse paraître à l'exorciste cela n'en était pas moins vrai. Et si, ce jour là, le jeune homme était presque parvenu à se convaincre qu'une telle folie ne pouvait pas durer la suite de l'histoire devrait lui prouver le contraire.





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Chloé Weasley
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Lun 29 Jan - 11:27
Ma Vie

CHAPITRE V




Chloé le 9 septembre 2101,
Le Marriott des Champs Elysées,

Bienvenue au Marriott Mademoiselle !

Lui avait dit dans un grand sourire celle qui, engoncée dans son uniforme flambant neuf, la saluait et l'invitait à pénétrer dans ce haut lieu de l'hôtellerie de luxe. A peine Chloé avait-elle tourné les talons et obtempéré que la jeune employée s'empressait de diligenter une cohorte de grooms pour mieux s'occuper des bagages de cette habituée. Et dans ce somptueux et gigantesque lobby que l'exorciste traversait, la scène se répéta de manière étrange. Des hommes et des femmes en habits impeccables qui, dès qu'ils l'apercevaient, lui présentaient leurs respects et hommages. Toutes ces choses qui agaçaient autant que dérangeaient celle qui ne parvenait toujours pas à s'y faire. Tout ce luxe dispendieux et ostentatoire... Toutes ces obséquiosités enrobées de miel et d'hypocrisie... Ces sourires aux allures aussi naturelles et chaleureuses qu'ils étaient en réalité forcés... Et cet homme, ce concierge qu'elle avait appris à appeler par son prénom quand, lui, ne cessait de lui donnait du « Madame »... Elle avait reçu des appels et des plis. Marc les lui remit en l'assurant que ses bagages l'attendaient d'ors et déjà dans ses appartements. Comme toujours, ses fleurs fraîches préférées ainsi qu'un magnum de son champagne préféré, le Veuve Cliquot Millésimé Rosé, avaient été déposés à son intention et toute l'équipe espérait que ces petites marques d'attention sauraient lui apporter satisfaction. Chloé répondit qu'elle n'en doutait pas puis, saisissant d'un geste las la carte magnétique qu'on lui rendait plus qu'on ne la lui tendait, elle avait rejoint les ascenseurs.

Je suis heureux de vous revoir Madame. Resterez-vous longtemps ?
Je n'en sais encore rien Julien. Mais, moi aussi, je suis contente de vous revoir.

Avait-elle, presque machinalement répondu alors qu'elle le regardait appuyer sur le bouton de l'étage où elle résiderait au moins les deux prochains jours. Même là, on ne lui laissait pas prendre la moindre initiative, accomplir le moindre geste. Et, dans le fond, peut-être était-ce cela qui la frustrait le plus. Ici, en ces murs où reposaient encore tant de secrets, Chloé se sentait comme réduite à l'état d'une poupée trop apprêtée, godiche et ridiculement précieuse à qui l'on n'autoriserait plus que le plaisir sous ses formes les plus diverses et variées. Ici, c'était un temple d'oisiveté et de plaisirs indécents que seuls les plus grandes fortunes pouvaient s'offrir. Et peu leur importait bien, à ces nantis bouffis d'orgueil que, là à quelques dizaines de mètres seulement du seuil de leur refuge, des hommes tendent la main à la recherche de ces quelques pièces qui leur permettraient peut-être, ce soir, de dormir au chaud et de rassasier leurs estomacs si désespérément vides... De toutes manières les clients du Marriott les voyaient-ils seulement ces miséreux qui demandaient seulement qu'on leur rende leur dignité humaine ? Elle était persuadée que, non. La fortune aveuglait, rendait aigri et égoïste quiconque avait la chance de jamais la trouver. La misère... La guerre qui ne faisait, ces derniers jours, que gagner en puissance sanglante... Les riches et les puissants en parlaient, des heures, pendant leurs causeries narcissiques de salon mais, au fond, ils n'en connaissaient rien. Et, pour être honnête, la jeune femme était persuadée qu'ils s'en contrefichaient même éperdument !  Ce qui, elle, la rendait ivre d'une colère qu'elle peinait de plus en plus à dissimuler et à taire.

Je vous souhaite une excellente soirée Madame.
Vous de même Julien.

S'était-elle entendu, comme dans un rêve, répondre. Ce portefeuille qu'elle sortit machinalement de son sac de luxe avant qu'elle n'y prenne ce si gros billet qu'il fit luire les prunelles de celui à qui elle le tendit, encore un peu plus lasse. Ce couloir à l'épaisse moquette qu'elle martelait silencieusement de ses si hauts talons et puis cette double porte devant laquelle elle s'arrêta un instant. Derrière, Chloé savait ce qui l'attendait. Un salon, une salle à manger, rien de moins que trois chambres, deux salles de bains et un dressing si gigantesque qu'elle aurait pu s'y perdre à défaut de jamais pouvoir le remplir ! Un champagne qu'une employée zélée aura pris soin de glisser dans un seau en argent. Deux coupes délicates, sûrement en cristal, qui reposeraient sur un plateau en argent finement ciselé. A côté la jeune femme imaginait déjà ce vase translucide ou s'épanouiraient ces fleurs que le concierge lui avait commandé. Des lys, elle en adorait le parfum. Des Et des orchidées aussi car elles étaient ses préférées à lui.

Lui qu'elle devinait déjà l'espérer sans pour autant prendre le temps de l'attendre. Il serait là, débarrassé pour quelques heures de ses oripeaux de membre du Nouvel Ordre et, plus encore, de son costume d'homme marié et père de famille. Que porterait-il donc aujourd'hui ? Le regard de la rousse qui vola un moment par-delà la paroi de verre de la vitre derrière elle. Le temps était celui d'un début d'automne parisien et, si le soleil daignait encore baigner de ses plus timides feux l'avenue les nuages semblaient bien gris. Il allait pleuvoir. Alors elle l'avait imaginé, pénétrant dans ces appartements qu'il adorait et où, sans attendre, il avait du laisser tomber au sol son trench Burberry. Sans doutes s'était-il arrêté un moment, hésitant entre l'appel d'un verre de whisky sur un lit de glace et celui, tout aussi tentant, d'une bonne douche. Non, d'un bain, il adorait se prélasser dans cette eau chaude qui semblait seule capable de l'aider à chasser les si nombreuses tensions qui nouaient toujours son corps fin et musclé. Puis, laissant glisser son regard sur le cadran embué de sa Rollex, il aurait souri et se serait alors rendu dans leur dressing. Celui où il la pressait toujours d'apporter ses affaires à elle tant cela l'énervait de ne jamais y voir que les siennes. Elle l'imaginait, d'une moue boudeuse et agacée, repousser ses uniformes pour mieux porter son choix sur l'une des si nombreuses tenues civiles qu'il laissait toujours là après leurs séjours toujours trop courts. Il faisait un peu froid dehors alors elle le voyait opter pour un confortable pull en laine vierge. Bleu à n'en pas douter c'était là sa couleur préférée. Un jean pour concéder aux tendances décontractées de sa maîtresse et des souliers du meilleur bottier italien. Du sur mesure, bien sûr...

Une femme de ménage qui passait et, arrêtant une seconde de pousser son chariot, la saluait et s'inquiétait de savoir si tout allait bien. Oui, Chloé allait bien. Ou du moins est-ce ce qu'elle dit à la femme tout en lui murmurant, l'air absent, ses consignes. Son compagnon et elle seraient là pendant deux jours et ils souhaitaient ne pas être dérangés. Ils lui seraient donc gré de ne pas venir. Ils s'arrangeraient. Et pour le linge ? Chloé promit de déposer le sac et le portant devant la porte chaque soir avant l'heure du dîner. L'employée empocha ce billet que l'exorciste lui tendit et, la saluant de nouveau, s'en retourna à son morne quotidien fait de blanches affaires. Laissant retourner à ses songeries solitaires celle qui dégainait mollement la carte magnétique de sa poche. Elle l'entendait et ne put qu'en sourire, amusée. Et, un instant encore, elle laissa ses paupières s'abaisser et imaginer ce que ses yeux ne pouvaient encore voir. Le bruit de cette carafe que l'on ouvrait pour mieux en humer le contenu. Ce verre qui se remplissait paresseusement du liquide ambré. Une gorgée, la première et la meilleure, qu'elle le savait déguster avant que les pas de son amant ne se dirige une nouvelle fois vers cet endroit où elle savait d'ors et déjà le trouver. Il y était toujours. Et, jamais, il ne daignait en partir pour mieux venir l'accueillir quand, pourtant, il ne pouvait manquer de l'entendre arriver. Comme maintenant, en somme.

C'est moi !
Tu es en retard, non ?
Légèrement en effet...

Avait-elle soupiré en levant les yeux au plafond et tandis qu'elle laissait du bout de ses doigts impeccablement manucurés ce soir, tomber sa carte dans le vide poche en cristal rouge de Baccarat de l'entrée. Oui, elle était en retard. De deux minutes et quinze secondes pour être très précise comme, lui, l'était toujours trop bien. Et si cette précision avait, aux débuts de leur relation, littéralement exaspéré la jeune femme celle-ci avait, au final, par trouver cela des plus charmants. Parce que, comme tout chez l'homme qu'elle venait lentement débusquer dans son antre, les apparences étaient trompeuses. Et cette exigence qu'il infligeait moins aux autres qu'à lui-même n'était pas de la suffisance mais de la fragilité. Et, en ce cas précis, la peur qu'elle ne vienne pas. Comme, sans doutes, elle avait du le lui hurler la dernière fois. Celle où, comme si souvent, ils se quittaient fâchés. Irrémédiablement, ils se le juraient toujours. Mais, dans les faits, elle n'arrivait jamais à rejoindre le lobby que, déjà, il lui envoyait un texto d'excuses. Parfois c'était lui qui fuyait en claquant violemment la porte derrière lui. Et, elle, lui laissait le plus contrit et sincère des messages d'excuses. Elle l'aimait. Pour ce qu'il était et non ce qu'il était si fier d'incarner ou de posséder. Elle l'aimait. Plus qu'elle ne l'aurait du ou voulu. Elle l'aimait... et bien que cela l'en rende folle, elle acceptait encore et toujours de le partager avec cette autre que, pourtant, il n'aimait pas.

Ta journée s'est bien passée ?

S'était-il contenté de lâcher alors qu'elle le rejoignait dans son antre et s'était arrêtée sur le pas de la porte.

Bien merci. Et la tienne ?

Civilités ordinaires d'un couple qui ne l'était pourtant en rien. Il n'avait toujours pas daigné lever les yeux vers celle que, pourtant, il s'était déjà impatienter de retrouver. Il ne le lui confesserait sûrement pas. Il ne le faisait jamais. Mais le désordre absolu qui régnait sur son établi aussi improvisé que précieux le hurlait bien assez pour lui. Autour de lui ces papiers et ces notes sur lesquels, au milieu des formules, diagrammes et annotations diverses, le trait s'était fait plus nerveux. Des traits secs et tranchants qui n'avaient pas leur place et qui n'étaient qu'autant de témoins de l'impatience de l'homme sur les boucles duquel Chloé laissa doucement glisser son regard. Un pull à col V.  Bleu. Et un jean. Italien, sûrement... Enfin, ses yeux d'un bleu si pur qui consentaient à venir s'ancrer aux siens. Et ce fou-rire amusé, et quelque part vaincu autant que vainqueur, que réprima la jeune femme lorsqu'elle le vit froncer son nez et afficher malgré lui la plus boudeuse des moues. Il n'aimait pas attendre. Il détestait attendre ! Il ne supportait surtout pas de l'attendre, elle...

Ma journée fut, comme toujours, aussi parfaite que morne je t'en remercie.

Un silence qu'il maintint à l'évidence à dessein avant que, se calant plus confortablement encore dans son fauteuil il repoussa papiers et éprouvettes et, se penchant en avant de manière à ce que ses coudes ne reposent sur ses genoux et que ses mains ne viennent prendre en coupe son propre visage il ne murmure d'un ton sec

Du moins le fut-elle jusqu'à ce que j'apprenne de la bouche même de Nathaniel que tu partais en mission à Rome la semaine prochaine ?

Ils y étaient... Chloé avait espéré qu'il lui accorde au moins le temps de tendres et sensuelles retrouvailles avant que d'en venir à ce qu'elle le savait avoir découvert. Mais, apparemment, lui ne l'entendait pas ainsi. Et derrière ces premiers mots la jeune femme pressentaient déjà tous les autres. Ravalant un soupir et un grognement, elle était demeurée aussi impassible que lui tandis que, comme si de rien n'était, elle s'allumait une cigarette et tirait lentement dessus.

Neil a besoin de renforts. Il a planifié une attaque et comme Devon est à Londres pour le mois entier il a besoin d'une autre exorciste pour le seconder.
Et, évidemment, il faut que cela tombe sur toi ?
Il faut croire qu'il a suffisamment confiance en moi pour cela.
Et c'est, bien évidemment, la seule raison qui l'a fait te choisir toi, n'est-ce pas ?
Depuis quand as-tu peur de la concurrence ?
Depuis quand Neil représente-t-il seulement un concurrent ?
Apparemment depuis que tu as décidé que, ce soir, tu te montrerais odieux ? A moins que tu ne te sois tant ennuyé aujourd'hui que tu ais envie de gâcher notre moment en abordant les sujets qui fâchent ?

Là, elle avait touché au cœur celui qui dut serrer les poings et la mâchoire à les en faire craquer pour ne pas entrer dans l'une de ces colères noires dont il avait si bien le secret. Pour ne pas se lever d'un bond et venir rejoindre celle qui, de son regard plus encore que de ses mots, le mettait une fois encore au défi. Elle qu'il avait connue aussi forte en apparences qu'elle était fragile en réalité. Elle qu'il avait détestée pour sa faiblesse et sa tendresse... Cette fille était, depuis et sûrement à son contact, devenue l'un des très rares êtres à pouvoir, et encore plus à savoir, lui tenir tête. Et peu importait bien combien étaient épuisants leurs échanges, Benjamin savait ne plus jamais pouvoir s'en passer. Ne plus jamais vouloir s'en passer. Aussi fut-ce avec la colère possessive luisant au fond de ses prunelles mais la satisfaction étirant ses lèvres dans un vrai sourire qu'il répliqua, se levant lentement pour mieux venir s'adosser à son bureau et la regarder droit dans les yeux

Ne t'es-tu jamais dit que c'était ta faute si nous en venons toujours si bien à nous déchirer ? Que si tu ne m'avais pas trompé, et à plus d'une reprise, avec cet idiot narcissique de Neil, ne n'aurais pas de raisons de me plaindre autant ?
Mais qui trompe qui ici ?
Toi ! Toi, Chloé ! Tu me trompes avec Neil !
On ne peut pas tromper quelqu'un avec qui l'on n'est pas !

Le ton montait. Comme ces flammes dans les yeux des deux amants qui, sans s'en rendre compte peut-être, s'étaient rapprochés au point que leurs souffles ne se mêlent maintenant.Une provocation, encore une, qu'elle eut lorsque d'un geste aussi calculé que lent, elle écrasa sa cigarette à peine consumée sur l'une des feuilles de ces travaux. Lui qui en siffla sourdement avant que d'attraper violemment la nuque de celle qui n'en gémit pas même. Mais qui se raidit quand elle l'entendit, le sentit prononcer tout contre ses lèvres roses

Tu es à moi Chloé. A moi et rien qu'à moi, tu entends ?
Je ne serais à toi que lorsque, toi, tu seras à moi ! Et rien qu'à moi...
Je le suis déjà pauvre et sombre idiote !
Tu ne le seras que lorsque tu cesseras de m'accorder les miettes de ta vie ! Je ne suis pas de celles qui consentent très longtemps à n'être que la seconde !
Mais bien sûr... Et que veux-tu donc que je fasse pour te prouver à quel point tu as tort et ne racontes que des conneries ?
Simple : divorces !

Elle aurait cru qu'il la repousserait, hurlerait et s'emporterait comme à chacune des fois où ce sujet venait à être abordé. Mais, non, il n'en avait rien été. Au contraire, le regard de son amant ne s'était que plus encore illuminé alors que ses mains délaissaient la nuque de la jeune femme pour mieux venir s'ancrer à sa taille. Mains douces et caressantes qui n'en finissaient pas de troubler celle qui ne put que se maudire lorsqu'elle devina ce rose en train de monter à ses joues. Du moins jusqu'à ce que le rouge n'y succède quand elle entendit son compagnon murmurer de la plus doucereuse des manières

Ne t'ai-je pas déjà promis que je le ferais ? Que je quitterais définitivement ma femme et renoncerais même à la garde de mon fils si c'est ce que tu voulais ?
Je ne t'empêcherai jamais d'être père... Jamais !

S'emporta celle qui, pour la première fois depuis le début de leur confrontation, abaissait les yeux et se détournait de celui qui en haussa un sourcil. Chloé se dérobait. A ces caresses qu'il n'avait que trop attendu de lui prodiguer. A ce regard et à ces mots, si cruellement sincères, qu'il n'avait jamais que pour elle. A lui, tout simplement... Et cela ne lui ressemblait pas plus que cela ne le rassurait, lui. Et il la regarda. Comme sans doutes jamais il ne l'avait jusque là regardée. Petite poupée guerrière qui pouvait le mettre en échec la nuit comme, le jour, elle mettait à terre les résistants sorciers. Cette enfant devenue enfin réellement femme et qui, Benjamin le savait sans jamais trop avoir l'indécente cruauté d'en jouer, l'aimait. Comme il n'aurait jamais cru cela possible. Comme il ne l'aurait d'ailleurs pas plus souhaité. Parce que, pour lui pour qui les vies s'enchaînaient si bien, être aimé et aimer en retour, c'était accepter d'un jour souffrir. Quand la vieillesse venait ternir et cueillir l'autre. Quand la mort, inévitablement, venait faucher cette autre devenue bien trop chère. Et c'est que finirait par devenir Chloé si, comme elle ne cessait de l'en implorer, il consentait à officialiser leur relation. A faire d'elle cette véritable compagne qu'il n'avait jamais voulu se trouver. Celle à laquelle, même, il désirait tant faire un enfant. Leur enfant ! Un fils, ou une fille, qu'ils auraient désiré et aimé avant même qu'il ne vienne au monde. Pas comme ce fils que sa maîtresse évoquait maintenant. Et en des termes bien plus doux et tendres que ceux dont, lui, n'usait que trop.

Je n'ai jamais voulu le devenir. Pas avec Emma ni aucune autre de ces femmes qui ont pu, à un moment donné, partager ma couche.
Mais tu l'es ! Et pas avec moi...

La tristesse dans ce regard qui n'aimait jamais autant que lorsqu'il brûlait du feu de toutes ces passions qui se bousculaient si bien en Chloé. Et la lassitude, avec une pointe d'amertume, qui vint habiter le bleu de ses yeux à lui. Cette main, nerveuse, qu'il passa nerveusement dans ses boucles tirant entre le brun et l'auburn.

Qu'est-ce que tu attends de moi à la fin ?
Que tu fasses un choix et que, pour une fois, tu t'y tiennes !

Lui qui détournait brusquement le regard vers elle, empli de ces reproches qu'il préférerait taire plutôt que de les énoncer et d'ainsi prendre le risque de la perdre. Parce que, si cette-fois elle partait alors, Benjamin le savait, elle ne lui reviendrait jamais plus. Et lui sut. Qu'ils y étaient finalement arrivés. A cet instant où la douceur rassurante de leurs entrevues secrètes ne suffirait plus. Son regard quitta la silhouette de son amante pour mieux venir effleurer du bout des cils ce décorum qui les abritaient depuis des années déjà. Ces appartements qu'il avait si souvent loué qu'il avait fini par les acheter. Cette fortune qu'il avait dépensée sans même hésiter une seule seconde pour celle qui le valait si bien... Mais qui demandait désormais bien plus. Et, oui, il la comprenait. Lui aussi s'était déjà maintes fois imaginé arriver avec elle à son bras dans l'une de ces innombrables réceptions où il était convié. Lui aussi s'était vu rentrer d'une journée harassante de travail dans une maison qui serait leur et où il la trouverait. Oh il la connaissait assez bien maintenant pour savoir que, jamais, Chloé ne se contenterait d'être l'une de ces pourtant respectables épouses qui demeurent au logis à s'occuper du foyer et des enfants. Et c'est pour cela qu'elle lui plaisait. Parce qu'en Chloé brûlait cette vie que tant de gens se contentaient d'endurer et de subir là où, elle, voulait éperdument la construire. Chloé voulait tout et, apparemment, elle le voulait lui. Sans savoir pourtant encore ce que cela impliquerait... Ce secret qui était celui de l'homme et que, jusque là, il n'avait jamais confié à personne. Sauf Nathaniel. Peut-être était-il temps que les choses changent... Qu'il s'ouvre à celle qu'il souffrait déjà de pouvoir blesser ou perdre.

Qu'y a-t-il en Neil et toi exactement ?
Tu le sais : nous sommes amis.

Un ricanement pas même discret que l'homme eut et qui ne démontrait que trop tout le mal qu'il pouvait penser de cette relation autant que de l'homme en question.

Amis hein ? Neil ne sait même pas ce que l'amitié signifie et implique ! Nathaniel ne te l'a-t-il jamais dit ? Croire en cet homme est aussi idiot que dangereux ! Neil n'est que traîtrise et bêtise ! Et si tu penses sincèrement que lui et toi avez un quelconque avenir commun possible c'est que tu es parfaitement conne !

Elle avait sifflé entre ses lèvres presque aussi serrées et pincées que celles de son amant alors que, le regardant avec une once de dédain elle croisait les bras sur sa poitrine et répliquait, aussi cinglante que lui

Amusant... Sais-tu que c'est aussi très précisément ce que les gens pensent de toi ? Voir même de nous ?

Là, elle l'avait touché. En plein cœur ou en plein dans son ego démesuré ? Sans doutes peut-être un peu des deux. Les poings du directeur de la Ruche s'étaient refermées et serrés à en faire craquer ses articulations et ce ut plus fort encore qu'il lui lança, ulcéré qu'on puisse ainsi le comparer à Neil

Alors, permets moi de te le dire, tu as décidément bien mauvais goût en matière d'amants si tu couches aussi bien avec l'un que l'autre !
Je ne couche pas avec Neil !
Oh ! Par pitié ! Epargnes moi au moins ces mensonges ridicules ! Toi, tu ne couches plus avec ce bellâtre de pacotille ? Et depuis quand?
Depuis que c'est avec toi, et rien que toi, que je couche !
Pas d'accord ! Je ne te baise pas plus que nous ne couchons ensemble !
Ah oui ? Et alors on fait quoi tous les deux hein ?
L'amour ! Nous faisons l'amour Chloé !

Et il s'était tu. Sûrement encore plus surpris qu'elle par ces mots qu'il venait si bien de laisser lui échapper. Ces mots, surtout, qu'il pensait si bien sans, jusque là, jamais les lui avoir dit.

Parce que tu m'aimes ?

Oui, ils y étaient. Et, lui, tremblait de se savoir acculé. Dos à ce mur que, toutes ses vies passées et présentes, il s'était si bien félicité d'avoir toujours su éviter. L'impression, pas aussi désagréable qu'il l'aurait craint, de perdre le contrôle. L'envie, mais pas encore l'audace ultime, de répondre à cette chasseresse qui, elle, n'entendait pas renoncer si près du but.

Est-ce que tu m'aimes?
Tu le sais bien !
Non ! Je ne le sais pas !
Oui ! Ca te va, là ?!
Dis le !

Encore le silence, toujours lui. Celui que, toutes ces années, Benjamin avait si bien su maintenir sur ces sentiments qu'il ne pouvait ni ne voulait plus nier maintenant. Le silence sur ces mots qui lui brûlaient autant les lèvres qu'ils ne lui dévoraient le cœu
Dis le moi... S'il-te-plaît... Benjamin... Dis les moi ces putains de mots !

Elle l'avait rejoint et, ses yeux de biches ancrés aux siens, elle s'était enfin tue. Enfant perdue, femme bien trop fatale qui s'en remettait si volontairement à lui. Chloé lui rendait le pouvoir, lui laissait la liberté et la responsabilité écrasante de décider de ce qu'il serait désormais d'eux. Trois petits mots et leurs vies basculeraient pour mieux ne faire qu'une. Le silence et il en serait définitivement fini d'eux. La bouche de l'homme s'était ouverte mais les mots, douloureusement silencieux, étaient demeurés en suspends. Comme étouffés par tout ce passif qui était celui de Benjamin et qu'il se devrait de confier si jamais il osait franchir ce pas qu'il rêvait tant de faire... Mais qu'il ne fit pas. Ses lèvres qui se refermèrent et sa tête qui s'abaissa. Il ne pouvait pas. Puisqu'il aimait sincèrement cette femme alors le plus beau des cadeaux qu'il pouvait encore lui faire était de la rejeter. Chloé... Elle était ce soleil étincelant qui, immanquablement il en était intimement persuadé, finirait par s'éteindre à l'ombre de ses si lourds secrets. Alors il avait relevé son regard, vaincu et empli de cette tristesse qui se faisait si bien le reflet de celle qu'il se maudit de voir envahir les prunelles et le visage de celle dont il voulut prendre la main mais qui la lui ôta.

Je comprends...
Chloé... Attends... Je...

Ces larmes qu'elle eut la fierté et la force d'encore retenir alors que, posant son index sur ces lèvres qu'elle effleura d'un ultime baiser, elle murmura doucement

Prends soin de toi Benjamin.

Puis, sans plus un mot ni même un regard, elle s'était détournée puis éloignée. Cette carte magnétique qu'elle abandonna sur l'établi improvisé de son désormais ancien amant. Et ce mot qu'elle lança alors qu'elle arrivait sur le seuil de cette pièce où elle ne reviendrait plus jamais.

Merci.

De quoi ? De l'avoir aimée sans jamais avoir le courage de lui dire ? De l'avoir si mal aimée qu'elle en avait sûrement pleuré une fois qu'elle s'était retrouvé de son regard parfois si dur ? Merci d'avoir ruiné ce qui, pour eux deux, était sûrement la meilleure des chances de trouver ce que si peu de gens avaient l'occasion de vivre un jour ? Non, Benjamin ne comprit pas. Et si, en effet, Chloé s'écroula une fois la rue retrouvée, lui ne vécut guère mieux la chose. Vraiment pas mieux... Mais il avait fait son choix et, il le pensait sincèrement ce soir là, il l'assumerait. Même les hommes les plus déterminés comme lui devraient apprendre à ne jurer de rien. Et, ça, Benjamin allait bientôt l'apprendre à ses dépends. Nos actes ont toujours des conséquences. Les siens auront les plus désastreuses de toutes.




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Chloé Weasley
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Chloé Weasley " La vie n'est jamais qu'une succession de choix : les vôtres ... et ceux des autres, hélas !  " [FINIE && VALIDEE] Empty
Lun 29 Jan - 11:29
Ma Vie

CHAPITRE VI




Le 13 septembre 2101,
Cimetière du Père Lachaise,

Les événements récents n'avaient pas fait qu'ébranler les forces en place. La Résistance, tout comme la Milice officielle, n'en finissait pas de compter ses pertes de par le monde. Dans chaque pays, ce que les Grands Maîtres s'évertuaient encore à désigner comme un « malencontreux incident » avait eu des répercussions. Des bâtiments et édifices avaient été touchés, parfois même complètement détruits. Et, si ceux-ci pourraient être aisément reconstruits, les corps retrouvés sous les gravats, eux, ne se relèveraient plus jamais. Les morts... On ne les comptait plus même. Ceux qui, les chanceux, étaient encore reconnaissables avaient été rendus à leurs familles respectives. La Résistance avait sûrement organisé les moins officielles des funérailles et des cérémonies. De celles où le courage, la bravoure de ces héros défunts avaient du être louées. Ces hommes et ces femmes ne seraient pas morts en rien, les leaders avaient du le jurer encore et encore devant des parterres de plébéiens esseulés et effondrés. Oui, ils étaient morts ! Mais ils avaient perdu leur vie durant le plus essentiel des combats. Celui qui, inutile maintenant de le cacher, avait vu les Entités revenir. Et si certains, nombreux, éprouvaient la plus légitime des peurs face à cela, les leaders de tous bords prétendaient le contraire. Si les Entités étaient revenu c'était, pour les Résistants, pour les aider à emporter la victoire finale. Quand, pour le Nouvel Ordre, ce n'était que le signe que leur tâche touchait bientôt à sa fin. Oui, ces choses magiques étaient terrifiantes et mortellement dangereuses ! Mais elles n'étaient sûrement revenues que pour protéger ceux qui étaient sur le point de perdre. Et, comme un siècle plus tôt, les premiers exorcistes avaient su les battre il en serait de même aujourd'hui. Le Nouvel Ordre le claironnait haut et fort : il vaincrait les Entités et emporterait définitivement cette guerre qui n'avait jamais que trop duré.

Et le pire c'est qu'ils y croient à leurs conneries...

Avait murmuré, d'une voix méprisante et morne, celui qui se tournait légèrement vers l'homme à ses côtés. Celui qui tançait de son regard encore plus azuré désormais, la foule venue ce jour enterrer ses morts et, ils ne pouvaient y échapper, se faire gaver des discours aussi sirupeux qu'hypocrites de leurs dirigeants. Du moins pour le moment... Car, les deux complices le savaient, le temps du changement était, là aussi, venu. Un haussement dédaigneux d'épaules que l'exorciste eut comme pour mieux signifier son indifférence profonde à ces hommes et ces femmes qui ne s'étaient que trop endormis sur leurs lauriers et qui, bientôt, payeraient bien cher leur indolence.

Tant que, eux, y croient...

Avait-il ricané dans un soupir celui qui désignait maintenant et du bout de sa cigarette à moitié consumée, cette foule venue se recueillir et boire son espoir si mince à toutes ces paroles que l'ambitieux qualifiait si bien de foutaises. Ces hommes, femmes et enfants qui souffraient dans leurs chairs et n'étaient, pour la plupart et en réalité, venus non pas pour pleurer sur leurs morts mais sur leurs si insignifiantes petites personnes. Ils voulaient qu'on les rassure. Ils attendaient qu'on les protège. Ils exigeaient que, enfin, leur soif avide de vengeance soit assouvie ! Et ceux que Neil regarda escorter un corbillard ou un autre n'avaient pas même l'air triste des gens en deuil mais la face fermée des gens réclamant le sang ! Le sang avait été versé et, la version officielle l'attestait à grands renforts de preuves inventées, les sorciers étaient encore et toujours les seuls responsables de ces charniers sur le point de dégueuler leurs morts anonymes. C'était parce qu'ils perdaient que les sorciers avaient, d'une manière ou d'une autre, permis aux Entités de revenir ! C'était donc leur faute si, aujourd'hui, les Moldus pleuraient et enrageaient.

Comment va Eden ?

L'oeil, presque soupçonneux, de Neil qui vint chercher celui qu'il appelait toujours son ami.

C'est toi ou ta si « charmante » épouse qui le demande ?

Secouant la tête comme agacé qu'on puisse seulement lui poser la question, l'intéressé s'alluma à son tour une cigarette et répondit dans un nuage de nicotine.

A ton avis idiot ? Si ma si « charmante » épouse comme tu la nommes avait quoique ce soit à déclarer tu peux être certain qu'elle serait déjà là en nous le hurlant au visage, non ?
Pas faux, je me dois bien de l'admettre.
D'ailleurs, parce que tu abordes le sujet et avant d'en revenir à Eden... Pourquoi t'entêtes-tu à accorder autant de confiance à Astrid ? Pourquoi, alors que tu es loin d'approuver toutes ces initiatives, lui accordes-tu encore tant de marge de manœuvre ? Astrid n'est pas stable ! Elle finira par nous causer des ennuis... Et tu le sais sûrement encore mieux que moi !

Neil avait marqué une pause, comme pour mieux se donner le temps de la réflexion. Et il fallait bien dire qu'il ne pouvait totalement donner tort à celui vers qui il acheva de se tourner.

Nous avons besoin du génie de ta femme et, tant que cela sera le cas, alors je continuerai de la laisser n'en faire qu'à sa tête.
Et après ? Une fois qu'elle sera effectivement parvenue à nous donner l'avantage que nous recherchons depuis des années... Que feras-tu de ce tyran en porte-jarretelles et à l'ambition si dévorante qu'elle pourrait bien nous désigner comme des cibles, nous aussi ?
Je vais me montrer franc avec toi...

Avait-il murmuré d'un ton si sec et péremptoire qu'il en surprit celui qui haussait un sourcil et gardait le silence, suspendu aux lèvres de son ami de toujours.

Quels que soient les contentieux qui puissent maintenant vous opposer elle et toi je t'interdis de toucher à ne serait-ce qu'à un seul de tes cheveux !
Parce que, maintenant, j'ai des ordres à recevoir de toi ? Me prendrais-tu pour l'un de tes jouets Neil ?

Avait répondu, sur la défensive, celui qui sentait chacun de ses muscles se bander presque aussi subitement que douloureusement. Et qui ne put s'empêcher de livrer ce qui, depuis deux jours, lui restait en travers de la gorge aussi bien que cela pesait sur sa conscience et son cœur.

Il me semble que tu oublies un peu vite dans quelle merde tu m'as mis en décidant de faire disparaître Chloé !
Et en quoi je te prie ? En décidant de l'éloigner de ce connard qui ne la mérite pas et ne la méritera jamais ? Dis moi, Nath'... Est-ce de devoir ainsi mentir à ton si bon pote qui te dérangerait ? Amusant... Je ne t'imaginais pas avoir autant de scrupules...

Leurs regards qui convergeaient en même temps vers ce convoi, plus richement orné que les autres, et aux côtés duquel un homme, seul, marchait. La mine grave et, au fond de ses yeux si clairs, des larmes qu'il ne verserait sûrement pas. Pourtant, les deux complices le savaient, Benjamin souffrait. Quand Nathaniel, émissaire de bien mauvaise et trompeuse augure, était venu lui apprendre la nouvelle de la mort de Chloé, l'homme avait paru encaisser le choc. Du moins... du moins jusqu'à ce qu'il semble enfin réaliser et ne se perde dans des abysses de douleur. Ce bureau qu'il avait ravagé et dans lequel aucun meuble ou bibelot n'avait survécu. Ces prisonniers qui, eux aussi, avaient eu à subir les foudres assassines de celui qui souffrait et refusait cette réalité qu'on lui avait si bien servie. Nathaniel ferma les yeux alors qu'il voyait son meilleur ami, et non un simple pote comme Neil aimait tant à le qualifier, se perdre dans son chagrin. Et la culpabilité s'empara une nouvelle fois de lui. Un peu parce qu'il avait menti à l'une des rares personnes à lui être totalement et si parfaitement loyales. Beaucoup parce qu'il savait ce que séparer ces deux amants signifiait pour celui qui, maintenant, se retrouvait pour ainsi dire seul. Sa femme et son fils ? L'exorciste était certain que son ami ne les voyait même plus. Pire, refusait de les voir eux qui, désormais et à jamais, incarneraient sa faute et, il le prétendait, sa lâcheté. Parce que c'était, toujours selon lui, pour eux qu'il n'avait pas su avouer à Chloé ses sentiments quand il en avait eu l'occasion et le temps. Et que, maintenant, il était trop tard.

Comment le prend-il ?
A ton avis ? Très mal ! Il l'aimait vraiment figures-toi... Et, que cela te plaise ou non, Chloé aussi l'aimait. L'aime encore sans doutes d'ailleurs...
Cela lui passera... Et, s'il le faut, je me chargerais de le lui faire définitivement oublier.

Nathaniel qui s'était redressé d'un coup, ne comprenant que trop où voulait en venir son maudit ami.

A mon tour de te mettre en garde Neil : ne touches pas à Chloé ! Sinon ce n'est pas à Benjamin que tu auras à faire mais à moi !

Etait-il sérieux ? Evidemment que Nathaniel l'était ! Et son ami n'eut pas l'inconscience d'en douter une seule seconde. Cependant ce même ami semblait, un peu vite, perdre de vue une chose pourtant essentielle. Et que l'italien d'adoption se fit un devoir, plus qu'un plaisir, de lui remémorer.

Chloé et moi sommes si « intimement » liés désormais que jamais je ne pourrais la toucher. Même si, par moments, je t'avouerai que ce n'est pas l'envie qui me manque... Cette gosse est … infernale !  

Là, Nathaniel n'avait pu qu'éclater de rire. Oh oui ! Son amie pouvait l'être, infernale ! Surtout lorsque, comme maintenant sûrement, on lui cachait autant de choses qu'on l'en empêchait d'en faire !

Où est-elle maintenant ? Chez toi ?
Pourquoi le serait-elle ? Chloé est ici, à Paris. Au dernier endroit où ton si cher pote aura l'idée d'aller la chercher...
Au cas où tu l'aurais oublié je rentre d'une très longue, et très pénible, mission et je n'ai pas encore pu fermer l'oeil donc si nous pouvions éviter les devinettes ou autres énigmes à la con je t'en serais reconnaissant !

L'autre n'avait rien répondu, se contentant d'embrasser de son perçant regard, cette foule dont il se fichait presque autant quelle l'insupportait. Tant de jérémiades ! Tant de larmes hypocrites et égocentriques ! Ces êtres n'étaient que des cloportes qui, trop idiots pour réfléchir et bien trop lâches pour se lever et se défendre, méritaient amplement leur malheur ! Dans la vie on n'obtient jamais rien sans rien et il faut savoir dépasser les limites pour parvenir à ses fins ! La conscience, les sentiments... Tant de choses auxquelles Neil était lui aussi soumis mais qu'il avait toujours pris soin de museler, d'enterrer si profondément qu'elles ne l'atteignaient pour ainsi dire quasiment plus. Quasiment seulement... et hélas. Un voile sombre et comme lézardé de foudres naissantes et ce geste, nerveux et impatient, qu'il eut pour s'emparer de son smartphone et envoyer un texto. Ses doigts qui tapotaient nerveusement l'écran de verre alors qu'il attendait cette réponse qui finit par arriver. Et ce sourire qu'il ne put dissimuler et qui attira son jumeau aux lèvres de celui qui demandait, pas aussi innocemment que cela

Eden va bien ?
Vu qu'elle vient de me conseiller, très poliment, d'aller me faire mettre j'imagine qu'elle est en pleine forme même !

Le romain avait soupiré et levé les yeux au ciel suscitant l'hilarité de celui qui lui assénant une virile tape dans le dos avant que de passer son bras autour de son épaule lui jeta

Je t'offre un verre, ça te tente ?
Toujours ! Mais je choisis l'endroit si cela ne te dérange pas.
Tu comptes me ruiner peut-être ?
Non, juste te faire comprendre certaines choses.

Il était rare que Neil fasse preuve d'autant de mystère envers lui aussi Nathaniel avait-il suspendu ses gestes alors qu'ils parvenaient devant se Mercedez aussi rutilante que neuve. Tous les deux oeuvraient ensemble depuis si longtemps que ni l'un ni l'autre ne devaient réellement se souvenir de quand, comment ni même pourquoi leur alliance s'était forgée un beau jour. Peut-être à cause de leurs solitudes, rancoeurs et envies de revanche respectives... Peut-être à cause de toutes ces plaies, tellement à vif, qu'ils avaient l'un et l'autre héritées de leurs parents. Qui les tenaient eux-mêmes de leurs parents. Chaîne maudite entre toutes et qui avaient fait d'eux des pions qu'ils s'étaient, si légitimement, refusés à devenir. Alors ils se l'étaient jurés : ils s'affranchiraient de tout cette merde et de tous ces jougs qu'ils n'avaient ni cherchés ni voulus ! Ils seraient les seuls à, jamais, décider de ce que seraient leurs vies. Et, dès lors, le sort en avait été jeté et leurs destins, scellés. Mais Nathaniel ne pouvait s'empêcher de le penser, quelque chose avait depuis largement dérapé. Et ce contrôle qu'ils avaient tant voulu faire leur, et qui en un sens l'était, avait pourtant bel et bien fini par leur échapper. Même à Neil … Surtout à Neil ! Celui qui, depuis le 11 septembre dernier et le retour des Entités, n'était plus tout à fait le même. Un homme meilleur ? Non. Un homme pire encore ? Pas vraiment non plus. Un homme vaincu qui avait fini par ployer devant ces forces qu'ils avaient, l'un et l'autre, si naïvement cru pouvoir dominer mais que Nathaniel voyait aujourd'hui prendre peu à peu le pas sur son ami.

Où va-t-on alors ?
Le Marriott.
Ne me dis pas...
Je ne te dirais donc rien... Conduis, c'est tout.

Avait répondu d'un ton presque las celui qui s'était enfoncé dans son siège et collé son front presque brûlant à la vitre froide soudainement si plaisante. Il les sentait... S'agiter en lui et s'impatienter au fur et à mesure qu'il se rapprochait de l'endroit où sa prétendue « âme soeur » l'attendait. Et il se souvenait. De ce que les Entités leur avait murmuré, à Chloé et lui, cette nuit où tout avait changé. Où, sans qu'ils l'aient voulu, tous les deux s'étaient retrouvés liés de la plus inextricable et irrémédiable des manières. Neil s'était insurgé, rebellé contre cet état de fait qui ne le liait que trop à cette fille pour laquelle il éprouvait pourtant les plus ambivalents des sentiments. Chloé ? Elle l'agaçait avec ses insupportables minauderies et sautes d'humeur ! Chloé ? Elle n'était jamais qu'une gosse qui se perdait bien trop volontairement dans des abysses de sentiments idiots et ingérables ! Chloé ? Elle était aussi cette fille pour laquelle, sans qu'il n'arrive jamais vraiment à se l'expliquer, il avait toujours eu une certaine et si réelle tendresse. Et à chaque fois que Nathaniel était venu lui demander c'était sans même poser la moindre question qu'il avait complu à ses demandes concernant la jolie rousse. A sa façon, et dans la plus absolue des discrétions, lui aussi avait aidé à la progression de celle à laquelle, aujourd'hui, il se retrouvé comme marié. Non, pire encore ! Un mariage se diluait, se dissolvait... pas leur lien ! Sans compter que, bien qu'ils furent un temps amants, entre eux les choses n'avaient, et heureusement, jamais atteint le stade dégoulinant du sentiment romantique ou et amoureux ! Dans la tête et le cœur de l'exorciste il n'y aurait jamais qu'Eden ! Et il la convaincrait, la ferait plier et, au final, sienne et rien que sienne ! Quant à Chloé et son amourette idiote … Un soupir qu'il s'autorisa à exhaler alors que Nathaniel et lui descendaient et traversaient maintenant le lobby du palace pour mieux se diriger vers les ascenseurs.

Toi qui la connais si bien... Penses-tu que ce soit vraiment sérieux entre Benjamin et elle ?
Elle porte toujours son enfant, non ?
Cela ne veut rien dire et toi et moi sommes très bien placés pour le savoir il me semble...
Neil... Une aventure d'un soir ? Ce n'est jamais sérieux. Quelques choucheries répétées ? Là non plus ce n'est pas sérieux. Mais là on parle d'une liaison de plusieurs années et pour laquelle Ben lui même était prêt à tout quitter ! Si les choses avaient été différentes … ce jour là... alors, tu le sais, il aurait fini par demander le divorce, quitter femme et enfant et peut-être même bien renoncé à sa carrière pour Chloé. Alors dois-je vraiment te dire à quel point les choses sont en effet sérieuses entre ces deux-là ?

Pas la peine, non, les arguments de son ami étaient aussi éloquents que probants. Et même celui qui s'apprêtait à pénétrer dans ces appartements où il tenait la rousse recluse depuis leur connexion le savait. La carte qu'il fit mine d'insérer avant que de suspendre son geste.

Alors nous devons trouver une solution.
J'ai presque peur de te demander laquelle pour le coup...
Aucune raison à cela. Au contraire. Je pense que cela devrait te plaire.
La question serait plutôt de savoir si cela va lui plaire, à elle !
Je n'aime pas ce Flamel et, tu le sais, je suis et demeurerais à jamais persuadé qu'il n'est pas bon pour ta petite protégée.
« Notre » petite protégée désormais, ne l'oublies pas trop vite.
Ne t'inquiètes pas, je ne suis pas prêt d'omettre cela... Mais, pour en revenir à nos affaires... Peu importe ce que je pense ou ressens pour ce type... Nous avons besoin de lui.

Puis comme Neil voyait ce mouvement de recul, si léger que presque imperceptible, qu'eut son ami il soupira une ébauche de rire et murmura en haussant les épaules

Attends... Tu pensais vraiment que ton pote pourrait cacher son secret aussi longtemps ?
Honnêtement ? Non, mais une partie de moi l'espérait sincèrement. Benjamin est mon ami, ne l'oublies pas cela non plus.
Et c'est justement au nom de cette amitié que j'ai jusque là tu ce que je savais.
Ou ne serait-ce pas aussi parce que, d'une manière ou d'une autre, tu espérais en tirer un quelconque avantage ? Allez Neil ! Nous nous connaissons depuis bien trop longtemps pour être dupes de ces mensonges et de ces ruses dont nous usons toujours envers les autres, non ?
Pas faux mon ami... Pas faux...

Avait répondu en souriant celui qui poursuivait calmement et avec une franchise si rare qu'étonnante et précieuse.

J'espérais peut-être que tu me ferais l'amitié de m'en parler toi-même ?
Foutaises ! Je ne trahis jamais mes amis et, là aussi, tu es bien placé pour le savoir il me semble...
Alors disons qu'il me reste encore quelques illusions et utopies ? Plus sérieusement... Tu sais ce que la nature si spéciale de ton ami signifierait pour nous. Nous avons besoin de lui ! De son aide...

Nathaniel fronça un moment les sourcils, commençant à deviner où son ami voulait en réalité en venir.

Je rêve où tu entends faire de Chloé une putain de monnaie d'échange ?! Je te l'ai dit Neil : je ne laisserais personne, pas même toi, te servir d'elle ! Pas elle !
J'ai entendu ! Et j'ai compris ! Maintenant à ton tour de piger Nath'... Je ne veux que trouver un moyen de rendre les intérêts de Chloé et les nôtres compatibles. Elle n'en souffrirait en rien... bien au contraire ! Et, moi, j'obtiendrais pour ton épouse ce qu'il lui manque encore si cruellement pour continuer de poursuivre ses travaux.
Sachant que l'on parle de Benjamin j'imagine que tu parles de la pierre philosophale ?
Sais-tu s'il la détient vraiment ou s'il ne fait que bénéficier de ses effets ?
Pas la moindre foutue idée...
Tu en es sûr et certain ?
Hé ! Douterais-tu de moi là ? T'ai-je jamais menti ?
Franchement, tu veux vraiment que je te fasse une liste exhaustive ? Epargnons-nous  cela, tu veux bien ? En plus, je l'admets, tu ne m'as jamais rien caché de suffisamment important pour que je t'en tienne rigueur.
Hormis Nala j'imagine ?
Ne parlons pas des sujets qui ont, un temps, fâché tu veux ? Au fait, comment se porte-t-elle ?
Depuis qu'elle vit loin d'Astrid, de toi et de vos plans tordus ? Comme un charme ! Merci de demander.

Il y avait une pointe d'amertume et de ressentiment dans la voix de celui que Neil regarda pourtant sans trembler le moins du monde. Un sourire énigmatique qu'il eut alors qu'il consentait avant que de poursuivre encore

Je conçois que nous vous devions, à elle comme à toi, quelques excuses.
Quelques seulement ?
D'accord... Je le confesse : nous avons foutrement merdé sur ce coup là ! Mais il me semble m'être rattrapé depuis, non ?
Vrai. Et tant que ma cinglée d'épouse continuera à ignorer tout ce qui concerne Nala, je continuerais à t'en être gré.
Alors tu continueras à l'être longtemps ! Mais, revenons à Benjamin... Penses-tu qu'il acceptera ?
Accepter quoi ? Tu ne m'as encore rien dit !
Tu as raison... Voilà mon offre. Celle que toi et moi allons présenter à Chloé et qu'ensuite, si elle y consent, tu iras seul proposer à ton pote.
Deux choses cependant... De un : cesses de tourner autour du pot et vas droit au but ! Et, de deux, fais moi plaisir et cesses de parler avec autant de dédain de lui ! C'est mon ami alors tu le fourres dans le crâne et tu y penses avant que de parler de Benjamin compris ?! Et, tant que j'y suis... Pourquoi j'irais seul?
Parce qu'il refuserait d'entendre quoique ce soit venant de moi, évidemment. Il m'en veut sûrement encore pour avoir sauté sa petite chérie, non ?
Un point pour toi. La suite maintenant ?
Pour le dédain je ne peux rien te promettre si ce n'est d'essayer. Mais, je te l'assure, je doute que ton ami ne saute pas de joie quand tu lui présenteras mon offre.
A savoir ?
Tu ne devines pas ? Chloé et leur enfant contre son aide. Ni plus ni moins.
Un peu court comme explications.
Je confirme ! Vraiment trop court comme explications !

Avait répété celle qu'ils n'avaient pas même entendue arriver et qui se tenait devant eux. Celle dont les yeux brillaient d'un feu équivalent à celui qui se reflétait maintenant dans les prunelles de Neil. Cet homme à qui, maintenant, elle exigeait

Je veux savoir.
Chloé... Et si nous rentrions dans nos appartements pour...
« Nos » ?

Elle était en colère, vraiment. Et Neil n'avait pas même besoin de lever les yeux vers elle pour sentir cette ire, froide et sombre, irradier violemment chez la jeune femme.Il avait alors souri. De cette manière sibylline et presque dédaigneuse qui n'appartenait jamais qu'à lui.  Ses prunelles qui se noyaient dans l'océan de ténèbres qui les envahissaient alors que, si lentement, il consentait enfin à relever la tête. Pour mieux ancrer son regard désormais mer d'encre à son si parfait homologue.

Tu as vraiment envie que l'on règle cela ici ?
Ici ou ailleurs qu'est-ce que cela changerait ? Et, je l'admets, cela me tente décidément beaucoup oui !

Leurs colères respectives qui ne croissaient que pour mieux venir se confronter, s'opposer violemment. Sous les yeux de celui qui réalisait, non sans une certaine terreur éclairée, ce que ces deux-là représentaient désormais. Les deux faces d'une même et maudite médaille, ça c'était aussi évident que, à vrai dire, complètement secondaire. Non, ce qui sauta aux yeux de Nathaniel ce fut la puissance magique, si forte, qu'il sentait émaner de leurs deux corps. Et l'impression, ô combien désagréable, de se retrouver plongé au cœur d'un noyau nucléaire pour le moins instable ! Celui où le moindre petit mot pouvait conduire à la plus cataclysmique des explosions. Celle à laquelle, l'exorciste le savait, il ne survivrait pas. Celui où, plus sûrement encore, personne ne survivrait à des kilomètres à la ronde... Cette magie ! Oh bien sûr l'homme savait d'où elle leur venait. Elle ressemblait tant à celle qu'il sentait encore, chaque jour et si bien, émaner de Nala. Mais chez elle qui, par leur faute, avait été éloignée de sa véritable nature, jamais elle n'avait atteint ces sommets qu'il voyait aujourd'hui se manifester chez ceux qu'il sépara en s'immisçant entre leurs deux corps comme en fusion.

Et si vous cessiez, pour une fois, de jouer aux sales gosses pour vous comporter en adultes ? Au cas où vous l'auriez oublié nous appartenons au même camps !
J'en ai pas franchement l'impression, moi !
Peut-être parce que, comme toujours, tu oublies de réfléchir ?
Ou peut-être, et plutôt, parce que tu entends réfléchir pour moi quand bien même je n'en ai nul besoin ni encore moins envie ?
Envie, je n'en doute pas mais besoin, tu m'excuseras ma douce, mais c'est une nécessité absolue dans ton cas !
Non mais je rêve... Vous n'allez pas remettre cela !

Avait grommelé celui qui, soupirant de tout son soul son profond agacement, usait maintenant de ses deux paumes pour mieux maintenir à distance raisonnable ceux qui ne semblaient ne plus avoir qu'une seule envie : se sauter à la gorge ! Et qui, comme toujours, usaient de leurs mots les plus acérés pour donner ces coups que leur ami commun les empêchaient de porter de manière plus physique et concrète. Neil, peu habitué à ce qu'on discute ses décisions, fulminait et tendait vers sa moitié non désirée le plus accusateur des doigts

Oui, tu es une sombre idiote Chloé ! Incapable de réfléchir à ce qui importe vraiment ! Toujours tellement égoïste que tu ne vois jamais que tes si insignifiants et minables intérêts ! Jamais tu ne vois plus loin que le bout de ton nez !
Moi ? Egoïste ? Ah mais pardon, mais là je hurlerais volontiers de rire si je n'avais pas encore plus envie de t'arracher la langue ! Sale crotale ! C'est pas toi, Monsieur Vanité et Orgueil personnifiés qui va me donner des leçons sur l'altruisme quand même !
Si, justement ! Parce que quoique je fasse je le fais pour un but qui me dépasse largement ! Mais ça, évidemment, ça passe au-dessus de ton crâne de piaf j'imagine !
Mais bien sûr... C'est bien connu que tout ce qui te tient à cœur c'est le bien d'autrui hein ! Elle est au courant ta petite princesse ? Non parce que je serais curieuse de savoir ce qu'elle en dirait Eden de ton côté si altruiste !
Ne parles pas d'elle ! Jamais !
Sinon quoi ? Tu vas me faire la peau peut-être ? Mais vas-y ! Ne te gênes surtout pas ! Mais laisses-moi te rappeler une toute petite chose mon grand : comme tu me le répètes si bien ces derniers jours toi et moi sommes inextricablement liés. A la vie... à la mort mon pote ! C'est bête, non ?
Connasse !  
Et fière de l'être si cela peut te faire chier ducon !

Nathaniel avait soupiré. Encore et plus profondément encore. Puis regardé l'un et l'autre de ses amis  et, sans même réfléchir aux conséquences éventuelles de son geste il les avait brutalement poussés, lui puis elle, dans le vestibule de ces appartements dont il claquait la porte derrière lui. Sous l'effet de la surprise ni Chloé ni Neil n'avaient pu réagir à temps pour empêcher Nathaniel de mettre un terme à leur dispute. Et ce fut comme deux idiots qu'ils se retrouvaient maintenant au sol leurs regards dépourvus de toute pupille fixé sur celui qui en haussa un sourcil en maugréant

Et si vous pensez pouvoir m'impressionner avec vos trucs de possédés vous vous fourrez le doigt dans l'oeil et jusqu'au coude !

Son doigt qui se dressait à son tour, désignant-en premier son ami d'enfance. Celui à qui il jeta, d'une voix sans doutes plus sèche et dure que d'ordinaire.

Je te l'ai dit : je ne te laisserais pas toucher à Chloé ! Sous aucun prétexte et d'aucune manière ! Et juste au cas où : je ne plaisantais pas !

Son doigt qui se braquait maintenant sur celle qui en cessa immédiatement de pouffer de rire.

Toi aussi tu la mets en veilleuse ! Neil n'a pas raison sur tout mais là il l'a ! Tu agis comme une gosse pourrie gâtée qui fait le plus idiot des caprices ! Le monde ne tourne pas autour de ton nombril le moineau !

Véritablement hors de lui il avait, sous les yeux de nouveau humains mais écarquillés de ses amis, envoyé valser tout ce que le vestibule comportait de meubles. La desserte, si élégante mais fragile, qui vint se briser sur le sol et les bibelots qui y reposaient jusque là sagement qui se répandirent misérablement. Et Nathaniel qui, s'adossant au mur et prenant le temps de s'allumer l'une de ses sempiternelles cigarettes qui murmurait, la voix plus apaisée ou presque

Vous êtes deux têtes de cons ! Après tout ce qui s'est passé... Tout ce qui vous est arrivé vous ne trouvez rien de mieux que de chercher à vous étriper ! Putain les Résistants peuvent dormir tranquilles !
Hé !
Oh !

S'étaient écris de concert et visiblement piqués à vif dans leur, il est vrai, si grand orgueil, ceux qui affichaient leurs plus boudeuses mines. De quoi alimenter encore plus la frustration et la rancoeur de celui qui poursuivait, la colère faisant trembler ses lèvres autant que sa voix

Quoi ? Des commentaires à faire ?
Si tu me le permets en effet...
En fait, tu sais quoi ? Je ne te permets pas ! Et, Chloé, toi non plus !

Comme les deux intéressés se muselaient devant la colère si ardente et inhabituelle de leur ami, le parisien en profita et, jetant au sol ce mégot qu'il enfonça dans l'épaisse moquette du bout de sa chaussure. Puis, relevant le col de son caban il s'était détourné et, brandissant la carte magnétique qu'il entendait bien emmener avec lui

Comme vous semblez bien décidés à ne rien écouter je me casse. Et vous... Vous avez le choix : soit vous trouvez un moyen pour une fois intelligent de surmonter vos différents et de vous entendre soit vous vous étripez là, j'avoue, j'en ai plus rien à carrer !

Puis, alors qu'il atteignait le seuil de l'appartement, il avait murmuré

Je reviens ce soir.

Puis, sans plus un mot ni même un regard pour ceux qui n'avaient pas leur pareil pour le faire sortir de ses gonds il s'en était allé. Laissant derrière lui ceux qui demeurèrent un long moment consternés et pour le moins abasourdis. Jusqu'à ce que Chloé, sans pour autant encore chercher à se relever, ne siffle, au fond amusée par tout cela

Hé bien... Et dire que je me plaignais du mutisme parfois forcené de Nath'...
Tu m'étonnes... J'en viens à me dire que je préfère autant quand il la ferme que quand il l'ouvre pour aussi bien nous mettre ko...

La jeune femme qui joignait son rire léger à celui de Neil et qui, dans ce qui ressemblait fort à l'ébauche d'un sourire, acceptait cette main tendue que l'exorciste lui tendait maintenant. Le regard qu'il laissa glisser, subrepticement, sur ce centre maintenant légèrement rebondi et elle qui lui adressait un clin d'oeil entendu

L'enfant va bien. Mais tu ne peux pas l'ignorer n'est-ce pas ?

Dit-elle en faisant référence à cette si drôle, et parfois bien dérangeante, connexion qui s'était établie entre eux depuis... Depuis l'autre soir sur l'Île de la Cité. C'était comme si, désormais et comme celles que la jeune femme s'entêtaient à nommer «  Les Voix » le leur avaient révélé, lui et elle ne faisaient réellement plus qu'un. Que chacune de leurs pensées, chacun de leurs désirs... ou chacun de leurs crimes... Que tout ce qu'ils éprouvaient ou enduraient... L'autre le ressentait aussi, le savait tout aussi bien. Sorte d'écho au pire des tremblements de terre et auquel Chloé ne parvenait toujours pas à se faire.

Je te rassure : cela ne me plaît pas plus qu'à toi... Tout cela...

Avait murmuré, sincère, celui qui la laissait s'asseoir dans l'un des canapés du living room principal pour mieux aller leur servir deux verres bien tassés. A un moment l'idée qu'elle fut enceinte suspendit ses gestes mais, en lui, les Entités avaient ri : l'enfant ne craignait rien. Pas tant qu'elles veilleraient sur lui.

J'ai un doute … Vodka ou bourbon sec ?
Et que dirais-tu d'un gin fizz ?
Vraiment ?
Oui, vraiment.

Avait répondu dans un soupir et un haussement d'épaules celle qui acceptait le verre qui lui était maintenant tendu et, se lovant dans le canapé, regardait Neil la rejoindre.

Donc... Cette anecdote alcoolisée tendrait à prouver que, contrairement à ce qu'elles affirment, nous ne sommes pas aussi liés que cela ? Je veux dire... Qu'il nous est encore possible de nous cacher des choses l'un à l'autre ?
Rêves pas non plus ! Autant j'adorerais pouvoir te donner raison je dirais juste que nos choix les plus spontanés et contraires à nos habitudes leur échappe et donc, échappe aussi à l'autre.

Puis, comme pour donner plus de poids ou de sens à ses mots, elle avait ajouté après avoir dégusté une première gorgée de gin non sans en grimacer légèrement devant l'amertume et l'acidité.

Trop de fizz et pas assez de gin si je puis me permettre... Et, d'ordinaire, je prends en effet un bourbon bien tassé et sec évidemment. Tu avais vu juste. Mais j'ai voulu tester...
Les limites de notre lien...
Tout à fait.

Et, visiblement, le résultat de cette expérience pas aussi anodine qu'elle le semblait, laissa les deux complices pour le moins perplexes. Ils auraient pu se réjouir de cet était de fait que leurs squatteuses semblaient avoir si délibérément omis de préciser. Au moins l'un et l'autre savaient maintenant qu'ils pouvaient, s'ils le souhaitaient, surprendre leur moitié non choisie. Mais... en réalité, à quoi bon agir ainsi ? Car, ils le savaient en l'avaient déjà suffisamment testé pour ne pas en douter, ils étaient bien liés. Et les actes de l'un entraîneraient des conséquences même pour l'autre. Un soupir que poussa celui qui ne vidait son verre que pour mieux s'en retourner le remplir. Neil était pensif, profondément absorbé par ses propres pensées et par celles qui agitaient au même moment la cervelle de celle vers qui il se tournait, serein et prêt à discuter. Vraiment. Sans mensonges ni plus aucun faux-semblants... Mais de cette manière constructive que Nathaniel attendait si bien d'eux.

Je suppose que tu as bien plus conscience de la situation que tu ne consens à l'admettre, n'est-ce pas ?
Tout autant que, toi, tu as parfaitement conscience que je ne te laisserais jamais m'enfermer entre ces murs ? La prison est belle mais elle n'en demeure pas moins une putain de prison Neil ! Et ce n'est pas en me retenant recluse que tu nous protégeras !
Soit ! Mon idée était sans doutes aussi excessive qu'idiote mais... De ton côté, admets que ton envie de reprendre une vie «  normale » n'est pas plus maligne ! Crois-tu vraiment que je peux te laisser rejoindre une mission quelle qu'elle soit ? Si jamais tu étais blessée, ou pire encore, je subirais le même sort !

Il marquait un point. Et même si Chloé savait désormais pertinemment que sa vie aussi ne tenait qu'à un fil vue les probabilités que Neil avaient de finir par se faire descendre... Elle ne pouvait que lui donner raison. Enceinte ou non... Mère ou pas... Sa nouvelle condition l'empêcherait toujours de prendre part à un combat quel qu'il soit.

Nous en avons déjà parlé mais... Et l'exorcisme ? Nathaniel pourrait m'exorciser ou du moins essayer, non ? Si cela fonctionnait alors toi et moi serions libres de reprendre nos vies là où nous avons été forcés de les abandonner ! Dis-moi que tu n'en rêves pas toi aussi ?
Hé ! Dis tout de suite que je suis la pire des âmes sœurs possibles !
Non, franchement je ne pourrais pas le dire. Mais avoues que vue la facilité déconcertante et un brin masochiste avec laquelle tu te fais des ennemis de presque tout le monde... Cela ne joue pas en faveur de mon espérance de vie !
Exact, je le reconnais aisément. Mais, n'oublies pas une chose : je ne craignais déjà que peu de monde avant ce soir là mais, depuis...
Quoi ? Tu aurais l'impudence dangereuse de t'imaginer intouchable parce que ces saloperies se sont invitées en nous ?
Il faut vraiment que tu fasses un effort et réfléchisses un peu plus et mieux ma toute belle ! La plus grande des erreurs serait en effet de me croire invincible. Et j'ai beau parfois laisser penser le contraire c'est là une erreur que je ne commettrai jamais. Je suis conscient de la fragilité et de la précarité de ma position mais je sais très exactement ce que je fais, moi !

Elle s'était relevée, allée se poster près de cette fenêtre depuis laquelle elle observa le monde de dehors. Celui auquel elle avait l'impression de ne plus appartenir ou presque...  Et ces mots que Neil venaient de prononcer et qui tournoyaient en son esprit. Oh oui ! Elle le savait : l'homme avait toujours su ce qu'il faisait... Et même cette infâme possession qui les avait tous deux foudroyés n'était en réalité qu'une étape de son plan machiavélique.

Vu que nous sommes supposés faire équipe toi et moi pourrais-tu, je te prie, cesser de voir en moi le Mal absolu ? Merci bien.
D'accord si, de ton côté, tu cesses de lire dans mes pensées. C'est... foutrement agaçant !
Ce n'est pas comme si j'en avais envie ! Franchement avoir le visage de Flamel qui tourbillonne dans mon esprit je m'en passerais fort bien !
Et moi j'aimerais autant ne pas voir d'aussi lubriques pensées pour Eden assaillir mes pensées... Sérieux Neil... C'est quand même ta sœur !
Sur le papier uniquement ! Et, puisqu'il faut apparemment que je te mette les points sur les « i »... Je suis persuadée qu'Eden est ma véritable âme sœur.
C'est Rookwood qui risque de ne pas être d'accord...

Les vases de la pièce qui explosaient les uns après les autres sous la fureur intangible et magique de celui qui se retint de ne pas laisser son ira déferler sur tout le quartier. Et qui dut produire de gigantesques efforts sur lui-même pour se contenter de persifler ces quelques mots

Même « Elles » ne l'entendaient pas ainsi !
Oui... Enfin... Elles ne pensaient pas non plus que ton cinglé de père enlèveraient leur gosse et la ferait sienne !
Ce qui prouve bien qu'elles ne sont pas aussi toutes puissantes qu'elles s'évertuent à nous le susurrer !
Elles ne l'étaient pas mais, maintenant qu'elles se sont réincarnées qu'est-ce qu'on en sait ? Même à nous elles ne disent que ce qu'elles désirent ! Et je te parie qu'elles mentent aussi bien que toi !
Je vais prendre cela comme un compliment j'imagine...
Tu peux c'en est effectivement un.

Les mots se faisaient aussi piquants que légers mais, dans leurs intonations, la peur et la frustration de ne pas savoir vibrait encore bien fort.

Et pour l'exorcisme on va éviter d'en parler autant que de l'envisager. Tu as vraiment envie qu'elles nous fassent payer notre vanité impudente ? Pour ma part je passe mon tour. La dernière fois m'a amplement suffit !

Elle ne répondit pas mais son teint qui blêmissait d'un coup était bien assez éloquent. Elle aussi se souvenait de cette, si longue et houleuse, discussion que Neil et elle avaient eue le soir même de leur possession. Et de cette hypothèse qui les séduisait tant l'un et l'autre... Jusqu'à ce qu'elles ne s'opposent si violemment à cette idée. Leurs corps qui avaient été comme terrassés par une foudroyante douleur au point d'en chuter lourdement au sol. Alors, non, elle ne voulait plus jamais éprouver cela... Jamais ! Ce qui amenait une autre question à leurs deux esprits et à ses lèvres à elle

Du coup... On fait comment ?
Hors de question que tu renonces à ton amourette stupide avec le père de ton enfant ?
Parce que, toi, tu comptes renoncer à ta Princesse ? J'en doute alors, épargnons-nous une autre prise de bec stérile et question suivante je te prie...
A quel point as-tu confiance en cet homme ?
Tout dépends j'imagine... Je serais tentée de te sortir le refrain selon lequel j'ai la plus aveugle des confiances en celui qui m'a mise enceinte mais... Si je me montre honnête... et plus encore lucide... Si nous en sommes là toi et moi c'est aussi un peu de sa faute ! Si, lors de notre dernière rencontre il m'avait dit ce que je voulais entendre alors je le lui aurais dit pour le bébé et...
Et quoi ? Franchement Chloé... Tu crois que s'il te les avait dits ces putains de mots débiles tu n'aurais pas fait des pieds et des mains pour aller le sauver ce jour-là ?
Oh ça va... Je sais que c'était ridicule et encore plus inutile vu qu'il s'en est tiré comme un charme de cette putain d'horreur, lui au moins ! Mais, pour en revenir à nos boules de laines... Je dis juste que, oui, cela aurait pu tout changer. Crois le ou non j'en ai rien à foutre mon chou !
On pourrait éviter les digressions hostiles ou moqueuses et nous concentrer sur l'essentiel s'il-te-plaît ?

Un roulement d'yeux qu'eut la jeune femme et qui fit sourire celui qui reprenait d'une voix douce et, oui, bienveillante.

Ecoutes... Tu peux bien coucher, vivre et aimer qui tu veux cela me serait complètement égal si cela n'avait pas autant de conséquences sur ma propre vie.
Développes  ?
Oublions le fait que de nous voir aussi peu enclins à assumer notre lien risque d'éveiller la susceptibilité visiblement bien grandes de nos nouvelles...   « amies »... Oublions aussi pour l'instant le fait que ton roméo à la con est toujours marié à ce que j'en sais...
Ouais... Faisons donc ça tiens ! Oublions que pendant que je croupis ici lui doit sûrement s'empresser de m'oublier dans les bras de sa bourgeoise aussi conne que laide …

Avait dit celle que Neil regarda, un instant comme dubitatif, se rouler en boule sur ce canapé où, après encore quelques secondes d'hésitation il vint la retrouver. Ce geste tendre qu'il eut et qu'elle lui autorisa et leurs deux corps qui s'unissaient dans, paradoxalement, la plus chaste mais forte des étreintes. Un baiser qu'il déposa à son front avant que de continuer. Tout bas et d'une voix décidément bien douce désormais quand il s'adressait à elle.

Ecoutes... Si jamais je voulais vous aider Benjamin et toi je veux être certain que cela ne contreviendrait pas à mes plans. Je doute que tu comprennes mais...
Bah... Si tu m'avais dit cela il y a encore une semaine évidemment que je ne t'aurais pas compris mais aujourd'hui...

Elle avait relevé son visage de lutin vers lui et, lui adressant le plus tendre des sourires, avait murmuré tout en baisant doucement sa joue

Je te comprends Neil. J'aurais jamais cru dire cela mais... Je te comprends vraiment et... je te soutiens.

Là, il fut tellement étonné qu'il en recula légèrement. Juste assez pour soulever d'un doigt le menton de celle qu'il regardait fixement. Et au fond des prunelles de qui il put lire la plus étonnante des sincérités. Puis vint le moment où les mots n'eurent plus même cours entre eux. Plus besoin. Quand ils ne luttaient pas, renonçaient enfin à batailler alors ils éprouvaient ce sentiment aussi étrange qu'apaisant de symbiose. Ses pensées qui volaient de l'un à l'autre sans que jamais leurs lèvres ne s'animent. Ce sentiment, si étrange, qu'ils se comprenaient parfaitement. Ils ne faisaient plus qu'un... Véritablement plus qu'un ! Et les objectifs de l'un... devenaient immanquablement ceux de l'autre.

Je ne peux plus travailler pour le pouvoir et, vu ce qui se prépare, je t'avouerais que j'en suis heureuse. Et puis... j'imagine que tu sais qu'il y a bien des manières pour moi de te soutenir et de t'aider sans pour autant occuper mon poste actuel.
Une idée à soumettre ? Une envie à formuler ?
Hum... Quel est l'endroit où les gens se sentent tellement à leur aise qu'ils se montrent parfois aussi imprudents que loquaces ?
Leur lit ? Tu comptes verser dans la prostitution ma belle ?
Ah... Ah... Ah... Très drôle ! Non : les bars et les clubs !
Pitié... Ne me dis pas que tu veux faire comme ce connard de Rookwood !
Et pourquoi pas ? Après tout si le Nouvel Ordre est aussi mal en point à Rome c'est en grande partie parce que le mec de ta frangine...
Ce n'est pas son mec !

S'était récrié celui qui se redressait d'un coup et,  de nouveau furieux, arpentait de long en large la pièce. Sous les yeux de celle qui, loin de l'en empêcher, se contentait de murmurer doucement

Je te présente mes excuses... Et maintenant que je te connais vraiment, je comprends ta façon d'agir. Avec Eden je veux dire...
Non ? Sans déconner ? Enfin une personne qui comprend ce que j'éprouve pour Eden ? Alors là tu me la coupes !
Dommage tu pourrais finir par en avoir besoin avec ta princesse un jour prochain, non ? Neil... Pourquoi tu continues à faire le con quand, je répète, je te comprends et je promets de t'aider !

Il avait laissé son regard voler jusqu'à celle dont il s'était tant méfié qu'il ne réalisait maintenant qu'elle pourrait bien se révéler être la plus inattendue, certes, mais précieuse des alliées. Après tout... Puisqu'il semblait à chaque seconde plus évident qu'elle et lui étaient plus liés que ne le seraient n'importe quels amants... Puisque, elle le lui disait elle-même, Chloé serait dorénavant et quoiqu'il arrive toujours à ses côtés. Mieux même... de son côté à lui ! Comme si les pensées du jeune homme retentissaient immédiatement dans l'esprit de la future mère celle-ci avait soupiré un rire taquin mais pas moqueur avant que de venir se pendre au cou de celui auquel elle murmurait en le regardant droit dans leurs yeux aussi étranges que semblables.


Ton côté... Le mien... Il n'y a plus guère de différence désormais.
Dis le moi encore... Je lis tes pensées mais je veux entendre tes mots... Dis le moi Chloé...

Avait répondu celui qui, souriant de toutes ses dents avait effleuré la joue de sa volontaire complice avant que de laisser ses mains venir enserrer sa taille si fine. Et les paupières du jeune homme qui s'abaissèrent quand il l'entendit lui susurrer au creux de l'oreille

Quoique tu désires je t'aiderai à l'obtenir... Quel que soit le but réel que tu poursuives je t'aiderai à l'atteindre...
Quoique tu désires je t'aiderai à l'obtenir... Quel que soient tes buts alors je t'aiderai à les atteindre...

Et la main de l'exorciste qui venait doucement se poser sur ce ventre à peine rebondi et où, pourtant, il sentait d'ors et déjà la vie bouillonner.

Et, je te l'ai déjà promis : je prendrai toujours soin de l'enfant et toi.

Puis comme il sentait danser en son esprit la peur muette et pas vraiment assumée de Chloé il avait soupiré en secouant un instant la tête avant que de baiser légèrement ses lèvres alors qu'il lui faisait cette promesse dont, une heure plus tôt encore, il se serait cru bien incapable.

Je te le promets Chloé... Lui aussi je protégerai... Je t'en fais le serment.
Cela ne sera pas aussi simple que tu ne sembles le penser... Benjamin n'est pas l'un de ces hommes timorés ou finis à la pisse que tu peux manipuler à loisir je te signale... Et, je l'ai appris à mes dépends, il n'est pas homme à compter sur qui que ce soit pour le protéger...
Alors je trouverai un autre moyen...

Avait dit celui qui s'éloignait maintenant et s'en retournait se caler dans ce canapé où il sirota tranquillement son énième verre.

Et si... Si nous lui disions simplement la vérité ?
Pardon ?! Tu veux lui confier, à lui que tu hais tant, ce que tu refuses même de confier à Astrid ?!
Pourquoi pas ? Après tout j'ai besoin de lui et, lui même s'il ne le sait pas encore, il ne tardera pas à avoir besoin d'un appui solide et d'une protection encore plus grande.
Pourquoi j'aime pas du tout tes derniers mots ?
Parce que tu sais ce qu'ils cachent ?
Fais chier ! Vraiment ! Fais chier !

S'était énervée celle qui sentait sa patience et sa bonne humeur s'effilocher à chaque seconde qui passait. La colère, sombre et puissante, qui irradiait désormais de celle autour de laquelle les bibelots commençaient à léviter sans même qu'elle n'en ait plus peur ni même ne s'en soucie. Il faut dire qu'après plusieurs jours, et de si longues heures, enfermée dans ces appartements Chloé avait commencé à appréhender et non plus à craindre ses nouveaux   «  pouvoirs » . Et notamment cette sorte de télépathie qui l'unissait si bien à celui qu'elle regardait d'un air boudeur et frustré.

Tu ignorais son secret ?
A ton avis ? Tu crois vraiment que je ferais cette tronche si j'avais su !

criait presque celle qui allait derechef se servir un autre verre. Bourbon. Un triple et sec. Celui qu'elle avait déjà à moitié vidé quand, levant son récipient de cristal elle avait bougonné

Putain ! J'arrive pas à y croire ! Cela fait combien de temps déjà que lui et moi nous sommes amants ? Quelques jours ? Quelques semaines ou mois ? Non, non et encore non ! Rien que des putains d'années ! Et, lui... Lui ! Il m'a caché cela pendant tout ce temps ! L'enfoiré !

Neil avait ouvert la bouche pour parler mais, d'un index tendu et tremblant de colère, elle l'en avait dissuadé.

Ah non ! Pitié ! Fais moi plaisir et ne commences pas, surtout pas toi, à prendre sa défense ! Certainement pas toi !
Ca passerait mieux si cela venait de Nathaniel ?
Ca dépend... Il sait lui aussi ?
A ton avis ? C'est son meilleur ami, non ?
Et alors ? Je suis bien celle qui porte son enfant et, moi, je l'ignorais alors !
Nathaniel sait... Il a toujours su. Et, si cela peut te réconforter, il ne m'avait rien dit à moi non plus...
Il sait ? Il sait ?! Il sait ! Je vais lui exploser la gueule à lui aussi tiens ! Je vais tous leur défoncer leurs sales petites gueules de connards menteurs et hypocrites ! Je vais les pendre par leurs tripes et viscères ! Je... Je... Putain je les hais ces enfoirés ! Je les hais !

Avait-elle cette fois hurlé tandis que de sa fureur naissait le plus violent et localisé des vents ardents. Neil qui, pour une fois pas amusé du tout, observait la scène d'un œil serein. Chloé se rendait-elle seulement compte de la puissance qui était désormais sienne ? Leur, plus précisément d'ailleurs. Car au plus la magie si récente de la demoiselle se manifestait au plus celle de son âme sœur croissait. Parfait reflet l'une de l'autre. Et le sentiment déçu et colérique de la rousse prenait chez l'homme des aspects bien plus doux. Enivrants même... Délice de sensations aussi fortes que délicieuses dont il se délecta dans un soupir alangui. Les meubles qui commençaient à trembler et menaçaient d'exploser et Neil qui d'un simple geste de la main étouffait la tempête enragée. Un fou-rire qu'il réprima de justesse tandis qu'il ne pouvait que se moquer de ce qu'il était sur le point de faire et qui ne lui ressemblait que si peu ! Lui ? Aller apaiser les craintes et sécher les larmes invisibles de qui que ce soit ? Lui ? Jouer les Cupidons, même maléfiques, pour quelqu'un ? Qui sait... Peut-être demain se découvrirait-il être en réalité un ange de bonté et de pureté ? Aussi peu probable que de voir sorciers et moldus finirent par fumer le calumet de la paix autour d'un thé fumant !

Il t'aime. Vraiment. Benjamin t'aime Chloé.

Avait fait claquer dans l'air celui qui, s'emparant d'autorité de la taille de son âme sœur l'avait ramenée à lui et lui ouvrait le livre de ses récents souvenirs. Ceux où, pendant ce simulacre de funérailles, il avait vu l'amant de sa complice s'effondrer. Il lui montra son air grave et affecté. Il lui fit voir ces larmes que Benjamin avait lutté pour ne pas verser mais qui, au final et quand il avait été seul, avaient fini par mouiller ses joues si pâles. Et, elle, s'était calmée. Encore plus vite qu'elle ne s'était emportée. Se nourrissant de ces images et de ces vérités qu'elle n'aurait pas même crues possibles.

Qu'est-ce que tu crois ma douce ? Même les hommes en apparences les plus forts et insensibles possèdent leur talon d'Achille...

Confessait-il avec une douce franchise qui ébranla celle qui levait maintenant les yeux vers lui.

Nos ténèbres ne naissent jamais que de nos passions. Comprends-tu maintenant ?

Oh que oui, la jeune femme comprenait. Pas forcément la dérangeante lucidité des mots que Neil venait de prononcer mais plus ce que cela avait, toute sa vie, impliqué. Ce qu'il était devenu... Ce monstre qu'il ne niait même jamais être... C'était sciemment et volontairement qu'il l'était devenu.  Les ténèbres... Elles étaient venues à lui... Pas parce qu'elles avaient senti une quelconque noirceur dans son âme jadis aussi pure et innocente que n'importe laquelle... Mais parce qu'il leur avait délibérément ouvert et tendu les bras.

Nous possédons tous deux facettes. La lumineuse et qui fait des gens des êtres en apparences si bons. Et l'autre...
Celle que tu as forgée... Parce que...
Parce que la nier eut été aussi idiot que dommage.
Nul ne peut exister sans les deux... Quels que soient les mensonges que l'on tente de se raconter pour se rassurer et se persuader que l'on est quelqu'un de foncièrement bien... Le Bien et le Mal n'existent et ne se définissent que parce que l'autre est...
Et il en est de même pour nous...

Il avait souri. Et elle en avait fait de même. Ces deux là ne s'étaient jamais compris, tout juste supportés. Ils se pensaient à des années lumière l'un de l'autre. Et pourtant... Aujourd'hui... Ils se complétaient au-delà même de ce que les mots pourraient jamais décrire. Se comprenaient mieux que ne pourraient jamais ceux vers qui, pourtant, toutes leurs plus douces pensées ne cessaient de voler. Neil aimait Eden. Chloé, elle, aimait Benjamin. Mais, tous les deux... c'était différent. Et tellement plus fort !

Je ne te poserai cette question qu'une fois alors réfléchis bien avant que de me répondre... Es-tu sûre de le vouloir ?
Quoi ?
Tout. Tout ce que tu lis en moi et que même les Entités ne peuvent soupçonner.

Elle avait- voulu répondre mais, comme pour mieux lui donner le temps de la réflexion et l'occasion de peser les mots qu'elle prononcerait bientôt et détermineraient bien des choses, Neil avait posé un doigt sur la soie de ses lèvres. Ce même index qu'elle avait, si doucement et presque avec tendresse, repoussé pour mieux énoncer à haute voix

Oui, je le veux.

Maintenant les choses étaient claires. Du moins pour eux. Eux qui venaient de sceller cette alliance... Non. Cette union que nul ne pourrait jamais détruire ni même ébranler. Celle que nul ne soupçonnerait jamais vraiment d'ailleurs ! Neil et Chloé avaient accepté leur nouvelle nature. Et cela ne présageait que le meilleur. Pour eux ! Pour les autres...





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Chloé Weasley
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Chloé Weasley
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Lun 29 Jan - 15:25
Puisque tu me l'as demandé, je te valide évidemment !

C'est un réel plaisir de se voir développer dans cette histoire des sous-entendus et des références, un peu à la manière des spin-off, tout en promettant des développements particulièrement intéressant !
Comme toujours, les entités apportent leur bonne dose de bordel et je dois dire que ça m'avait manqué d'en lire à leur sujet ! (ça m'a même rendu nostalgique au point d'aller zyeuter d'anciens sujets, de retomber sur des RP d'Uriel et de Samael et d'en rire un peu !)

En bref, ta fiche m'a beaucoup donné envie que le forum s'ouvre bientôt et d'y voir une petite dizaine de gens s'inscrire et se faire torturer par les entités ! ^^
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Fergus Moffat
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Fergus Moffat
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Lun 29 Jan - 15:37

Merci infiniment ô grand Nounourson suprême ! Chloé Weasley " La vie n'est jamais qu'une succession de choix : les vôtres ... et ceux des autres, hélas !  " [FINIE && VALIDEE] 3763080467
Et je rends hommage à ton courage pour avoir été au bout de cette fiche  Chloé Weasley " La vie n'est jamais qu'une succession de choix : les vôtres ... et ceux des autres, hélas !  " [FINIE && VALIDEE] 1834094237

Et ma joueuse dit qu'elle aussi les saloperies d'Entité lui manquaient ! Et qu'elle est impatiente de les voir venir nous foutre encore un peu plus le bordel uhu !  Chloé Weasley " La vie n'est jamais qu'une succession de choix : les vôtres ... et ceux des autres, hélas !  " [FINIE && VALIDEE] 1443399959 Ange Chloé Weasley " La vie n'est jamais qu'une succession de choix : les vôtres ... et ceux des autres, hélas !  " [FINIE && VALIDEE] 2688704670
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Chloé Weasley
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Mer 31 Jan - 10:05


Suite à un bug très localisé puisque juste chez nous on vient de me confirmer que certains posts avaient été effacés... Dont l'un des chapitres de cette fiche et comme Chloé ne retrouve plus ses anciens écrits il est définitivement perdu Chloé Weasley " La vie n'est jamais qu'une succession de choix : les vôtres ... et ceux des autres, hélas !  " [FINIE && VALIDEE] 2114118177 :grr2: Chloé Weasley " La vie n'est jamais qu'une succession de choix : les vôtres ... et ceux des autres, hélas !  " [FINIE && VALIDEE] 126297626
Enfin bon tant pis...Mais du coup tout l'échange entre Neil et les Entités est perdu de chez perdu et, oui, j'en suis verte ! Chloé Weasley " La vie n'est jamais qu'une succession de choix : les vôtres ... et ceux des autres, hélas !  " [FINIE && VALIDEE] 2114118177

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Erèbe
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Mer 31 Jan - 11:09
Oh non ! C'était à mon humble avis l'un des meilleurs moments ! Pas moyen que forumactif répare cette erreur toute pourris ?
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Fergus Moffat
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Mer 31 Jan - 12:36
Je te rejoins c'était même le texte fait dans ce sens très précis... Et d'après FA non aucun moyen. Enfin j'en vois un mais ça m'exaspère d'avance... Je pourrais faire un backup et remettre tout le forum à une date antérieure à l'effacement de ce psote SAUF QUE si je ne me plante pas... Ca effacera tout ce qui a été fait depuis. Donc mes codages, mes maj sur les bottins et ... toute mon architecture que je viens enfin de finir... Les codages je peux les UL dans mon cloud en attendant de les reposer c'est pas le plus grave. Mais l'ossature j'y ai passé des putains d'heure quoi....
Je me renseigne voir si un backup me permettrait effectivement de tout récupérer et si je perdrais effectivement tout du travail fait depuis et je reviens te dire mais, de toi à moi, je l'ai vraiment vraiment vraiment super mauvaise là ! Surtout que ce chapitre là j'y avais juste passé 3J xD Chloé Weasley " La vie n'est jamais qu'une succession de choix : les vôtres ... et ceux des autres, hélas !  " [FINIE && VALIDEE] 2114118177
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Mer 31 Jan - 12:49
Bon pour l'instant je n'ai accès qu'à un backup du 02 janvier ce qui me permettrait effectivement de récupérer et encore je n'en suis même pas certaine car je doute d'avoir posté toute la fiche de Chloé à cette date ! Du coup je vais attendre la prochaine date de disponible. Il devrait y en avoir une bientôt disponible et qui devrait à peu près correspondre à celle que je veux. Mais du coup tout ce que nous écrirons ici sera perdu... Ahahaha Chloé Weasley " La vie n'est jamais qu'une succession de choix : les vôtres ... et ceux des autres, hélas !  " [FINIE && VALIDEE] 2201226610
Du coup je veux ce poste mais est-ce bien raisonnable ? Je veux dire je peux préserver l'architecture et le css etc... Mais pas le contenu. Donc les membres inscrits comme Chloé et Marion sauteront ( pas trop grave) mais je sens que je vais devoir tout sauver surtout niveau codage.
A ton avis ? Ca vaut la peine ou pas ? Sinon je peux aussi le réécrire mais honnêtement je doute de parvenir au même résultat... J'aimais beaucoup ce poste... ( et comme par hasard c'est le seul que je n'ai pas sauvegardé xD Je suis une abrutie Chloé Weasley " La vie n'est jamais qu'une succession de choix : les vôtres ... et ceux des autres, hélas !  " [FINIE && VALIDEE] 2114118177 )
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Mer 31 Jan - 14:12
Selon moi, c'est prendre un gros risque, miser all-in sur une paire de deux. Si encore on était sûr de retrouver le post, je ne dis pas ! Mais ça pourrait prendre plus de temps encore de tout refaire niveau codage/structure du forum, non ?

C'est vraiment rageant, mais je pense qu'il doit être possible de mettre dans un coin de ta tête ce que tu as écrit, et de le récrire dans quelques semaines/mois, avec un regard neuf ; et ce sera peut-être encore mieux, encore plus peaufiné, encore plus percutant, tu le récriras avec une facilité renouvelée !

Courage pour aujourd'hui et je serais probablement connecté vers 21h ce soir =)
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Fergus Moffat
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Mer 31 Jan - 16:10


Tu as raison et appréciant bien trop non seulement le poker mais aussi et surtout mes codages en place pour risquer de tout perdre je vais évidemment suivre tes conseils avisés et je réécrirais le chapitre dès que je le sentirai et le pourrai. Merci pour ton avis && à ce soir donc ! Chloé Weasley " La vie n'est jamais qu'une succession de choix : les vôtres ... et ceux des autres, hélas !  " [FINIE && VALIDEE] 1759416326 Chloé Weasley " La vie n'est jamais qu'une succession de choix : les vôtres ... et ceux des autres, hélas !  " [FINIE && VALIDEE] 3763080467 Chloé Weasley " La vie n'est jamais qu'une succession de choix : les vôtres ... et ceux des autres, hélas !  " [FINIE && VALIDEE] 1008365438

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