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Devon " Je ne sais pas ce que ces cinglés ont voulu faire de moi mais ils risquent de s'en mordre les doigts ! "

 ::  :: Le Baptême :: Hallelujia !
Mar 6 Fév - 6:30
Devon
ft. Sara Sampaio

Âge : 20 ans
Statut sanguin : Inconnu
Situation conjugale : Célibataire mais pas vraiment libre pour autant
Métier/études : Exorciste je dirige un Escadron de la Mort
Entité abritée : Bien que cela soit une excellente question je vous laisserais trouver la réponse par vous même
Pouvoir(s) : un peu de ci, un peu de ça
Arme(s) : Moldues, sorcières je touche à tout
Aptitude(s) spéciale(s) : Je suis avec Nathaniel la seule à savoir exorciser un Elu
Signes distinctifs : mon dos est entièrement tatoué
Caractère

Implacable ~ Distante bien que je sache très bien me tenir en société ~ Hypocrite ~ Secrète ~ Hermétique à quasiment toutes les émotions humaines ~ Bornée ~ Glaciale ~ Maline ~ Stratège ~ Enjôleuse quand je le veux bien et que cela sert mes intérêts ~ Opportuniste ~ En proie à tant de cauchemars que j'en suis devenue insomniaque ~ Peut être bien pas aussi amorale que je ne le devrais ~ Docile mais juste pour que l'on me foute la paix sinon je défie quiconque de réellement parvenir à me faire plier l'échine ~ Arrogante et ma langue est des plus piquantes à ce qu'il s'en dit ~ Reconnaissante mais envers si peu de gens que les doigts d'une seule de mes mains seraient bien trop nombreux ~ Combative ~ Téméraire ~ Sans le moindre scrupules ~ Passionnée par les arts en général et la danse en particulier ~ Susceptible au possible ~ Parfois hautaine, souvent mesquine ~ Rancunière

La Guerre & Moi

Il n'y a, sur Terre, que deux catégories d'êtres : ceux qui servent la guerre d'une manière ou d'une autre et ceux qui finissent par en crever. J'appartiens à la première des catégories. Pour ne pas finir dans la seconde... Je n'ai pas réellement choisi de combattre. Mais ce choix que tant de gens firent pour moi à la naissance je le leur ai repris, me le suis approprié quand j'ai décidé de devenir la seule maîtresse de ma chienne d'existence. Et, oui, pour cela j'ai du apprendre à lutter pour mieux survivre. Servir pour mieux être libre. La guerre est immonde et ce que nous faisons en son nom l'est plus encore. Mais dans ce gigantesque flou artistique qui pourrait seulement oser juger ? Nous ne valons pas mieux les uns que les autres. Et, quelque part, je pense qu'aucun camps n'a raison. Nous ne sommes que des animaux luttant pour notre survie. Finalement c'est peut-être ça le pire des visages de la guerre : gommer en nous toute humanité et fait resurgir de nos entrailles notre côté le plus bestial. En son nom nous devenons, si facilement, des monstres. Nous tuons et torturons en nous cachant derrière de bien pieuses excuses mais il n'en demeure pas moins que nous commettons, tous, les pires des crimes. Et certains prétendent  agir au nom de l'amour ? Quel amour pourrait se féliciter d'être célébré de cette manière si macabre ? La guerre fait des hommes des êtres de marbre dénués de toute morale, de toute émotion... Alors ce que j'en pense ? Rien. Je fais avec et c'est déjà bien assez, non ? De toute manière elle et moi sommes nées pour l'incarner plus encore que la servir. Et, moi, je l'assume !  


Un peu de vous

PUF : La folle de la Cb, la timbrée sadique des intrigues... et la Chouchounette à son Chouchounet
Prénom : Ca commence par un T
Âge : Assez de patatas fritas pour être majeure
Un peu plus de vous : J'ai envie de churros Devon  " Je ne sais pas ce que ces cinglés ont voulu faire de moi mais ils risquent de s'en mordre les doigts ! " 1920678010

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Devon
Exorciste
Exorciste
Devon
Emploi : Exorciste malgré moi ?
Date d'inscription : 06/02/2018
Messages : 6

Devon  " Je ne sais pas ce que ces cinglés ont voulu faire de moi mais ils risquent de s'en mordre les doigts ! " Empty
Mar 6 Fév - 6:32
Ma Vie

CHAPITRE I


Chut... Chut...Ne pleures pas...

Avait-il commencé à murmurer, serrant tout contre lui sans même la regarder, cette petite enfant si bien emmaillotée qu'elle aurait du être proche de l'asphyxie mais qui, très loin de là, n'en finissait pas de pleurer. Le regard de l'homme qui se faisait plus dur, comme patiné de peur, alors qu'il entendait des pas claquer, se rapprocher. Les pulsations de son cœur qui semblaient s'emballer alors qu'il se collait un peu plus contre le mur, son paquet serré plus étroitement contre lui et l'une de ses mains appliquées sur la si minuscule bouche du bébé. Des voix maintenant. Elles parlaient de lui... et juraient qu'il paierait sa trahison. L'envie de quitter sa cachette pour mieux leur faire ravaler et leurs propos et leurs langues bien trop serpentines à ces idiots ! Et la frustration de ne pas pouvoir le faire... L'enfant qui s'agitait, refusait d'être muselée et le dardait de ses plus étranges regards. Un soupir... suivi d'un autre, presque soulagé celui-là et alors que les miliciens s'éloignaient, poursuivaient leur ronde nocturne.

Calme toi... Je t'en supplie ! Calme toi bon sang...

Répétait-il, sur un ton entre lassitude et désespoir, alors qu'un déclic derrière lui le fit se figer. Cette main qui ne libérait les lèvres du bébé que pour mieux venir glisser jusqu'à cette arme que, si vite, il avait ancré à sa paume, cran de sûreté déjà ôté et un doigt qui ne tremblait pas le moins du monde posé sur la gâchette. Les deux canons qui se faisaient face, aussi déterminés l'un que l'autre. A l'image de ces regards que les deux amis d'hier échangeaient.

Rends la moi James. Rends moi cette enfant et je te promets de te laisser partir.
Tu sais que je ne le ferais pas.

Un cliquetis qui ne le fit pas même ciller et le doigt de son ami qui appuyait, un peu plus, sur cette gâchette qu'il entendait visiblement presser s'il n'obtenait pas gain de cause.

Sois  réaliste ! Si tu t'entêtes alors jamais tu ne sortiras d'ici en vie... Ils ne te laisseront pas faire.
Eux ? Ou toi ?

Un silence de plomb qui retombait entre ceux dont les bras ne faiblissaient pas plus que leur détermination. Et, entre eux, cette enfant qui s'était apaisée. Ce bébé qui observait déjà le monde, et plus encore les deux hommes, avec une lueur qui, elle,  n'était certainement pas celle d'un nouveau né. Ses petits yeux qui se plissaient alors qu'ils venaient se poser sur la main de David. Celle qui la menaçait de son revolver. Le haut dignitaire qui se perdit un instant dans le regard si singulier de cet enfant et qui ne put réprimer le frisson glacé qui remontait à son échine. L'homme hésitait, se mettait à cogiter, ouvrant une brèche à celui qui n'hésita pas à s'y engouffrer.

David... Tu sais que ce que nous avons fait est mal !
Nous n'avons fait que ce que nous devions faire... rien de plus.
Que crois-tu qu'il se passerait si jamais l'Ordre venait à comprendre ce qu'elles sont ? Que crois-tu qu'il adviendrait si jamais ils découvraient ce que nous avons accompli ?
Je...

De nouveau une hésitation et la main qui trembla avant que de, enfin, s'abaisser et relâcher la gâchette de cette arme qu'il ne rangea pas pour autant. James qui s'approchait, ancrant son regard azuré à celui de l'homme avec qui il partageait le plus écrasant des secrets. Sa main qui écartait les  linges qui couvraient la petite et qui venait caresser son visage de porcelaine.

Si je te la rends alors ils la détruiront... Ou pire : ils s'en serviront ! et ces mots que David pressentaient et qui vinrent glacer son sang quand ils résonnèrent dans le calme ambiant Et penses-tu vraiment qu'ils ne feront pas le rapprochement avec celle dont tu as fait ta fille ?

Jamais je ne les laisserais me prendre Eden !
Jamais ils ne te la laisseront si jamais ils venaient à comprendre ce qu'elle est. Et tu le sais mieux que personne !
Elle est ma fille ! Personne ne me la reprendra !

Un éclair de surprise sincère qui traversait le regard bleuté de celui dont les lèvres se plissèrent en une moue presque moqueuse tandis que ses épaules se haussaient un instant. Puis un rire désabusé qu'il soupira alors qu'il regardait son ami, son complice de toujours. Une malice née de la plus pathétique des résignations qui faisait vibrer sa voix alors qu'il jetait dans un murmure

Et tu oses me faire des reproches ? C'est l'hôpital qui se fout de la charité !
Eden est humaine, elle !
Parce que tu crois qu'il suffit de lui donner un prénom, des parents, un frère et un foyer pour que cela change ce qu'elle est vraiment ?
Elle est humaine... Différente mais humaine !

Un éclat de rire, cynique, qui échappait à celui qui se redressait, serrant toujours contre lui l'enfant à présent endormie. Le silence qu'il maintint à dessein. Oui, l'enfant que David prenait si bien pour la sienne était humaine... James ne pouvait que le savoir lui qui en était, si l'on pouvait dire, le père ! Mais dans cette enveloppe de chairs encore bien tendres et si chaudes, si un cœur palpitait comme celui de n'importe quel autre être humain, se logeaient bien d'autres choses. De ces choses que le monde pensait disparues mais qui ne faisaient jamais que dormir... Ces choses qui trépignaient de voir leur heure venir... Et que David et lui n'avaient jamais fait que faciliter en laissant leurs génies tordus et mégalomanes trop bien s'exprimer. Etaient-ils ceux qui avaient, si inconsciemment, mené le monde au bord du gouffre ? Ou n'avaient-ils jamais été que les pions stupides de celles qui ne pourraient jamais être maîtrisées, asservies ? Honnêtement il n'en savait rien. Mais la seconde hypothèse lui semblait, en bon mathématicien, la plus probable !

Laisse la moi. Je te promets que j'en prendrais bien soin et veillerais sur elle tout comme je veillerais sur ma fille.
Quoi ?! Mais tu as perdu la tête ? Tu veux les élever ensemble ?
Ici elles seront en sécurité, non ? Tant que je serais là alors personne n'osera jamais rien tenter contre elles. Elles grandiront en filles de l'Ordre, ne seront jamais soupçonnées de quoique ce soit... Elles auront une chance !

En un sens, le scribouillard avait raison. De par sa position et sa fortune, il était le plus à même de garantir à ces deux bébés le plus sûr des avenirs. Mais cela ne durerait pas et l'un et l'autre le savaient ! Nul ne peut renier ce qu'il est éternellement... Et quand elles grandiraient ces petites filles leur échapperaient. D'une manière ou d'une autre, quoiqu'ils puissent entreprendre pour les écarter de leur destinée, James savait qu'ils étaient condamnés à échouer.

Quelle hypocrite candeur ! Je ne sais même pas ce qui me déçoit le plus. Que tu sois vraiment convaincu par tes si pieux mensonges ? Ou que tu me mentes à moi qui sait, mieux que personne, ce que tu espères vraiment de cette enfant que tu ne m'as convaincu de t'abandonner  que pour mieux en faire l'arme de ta putain de vengeance !  
Je ne te permets pas !

Avait répliqué celui dont le ton montait et dont les doigts tremblaient désormais sur son arme. David refusait de reconnaître ces vérités et ces reproches que son ami, après des semaines de silence, daignaient enfin lui cracher à la figure. David qui braquait de nouveau le canon de son pistolet en direction de celui qu'il dardait désormais de son regard habité par les flammes de la colère.

Il me semble que tu ne t'es pas non plus tellement fait prier ! Tu voulais que je te débarrasse d'elle ! Tu voulais qu'elle disparaisse à jamais de ta vue et de ta vie !
Parce que je sais ce qu'elle deviendra un jour et que, contrairement à toi, je n'ai pas la bêtise de penser que je pourrais changer le cours d'un destin déjà gravé dans le marbre !
C'était ta fille James bon sang ! Tes chairs ! Ton sang !
Non... C'est leur enfant à elles... Et nous le savons tous les deux. Et, quoique tu fasses ou te racontes pour t'en persuader, elle ne sera jamais tienne non plus !  
Mienne ? Non. Mais à mon fils en revanche...

Les mâchoires du fuyard qui se contractaient à lui en faire mal tandis qu'il venait chercher dans les prunelles de son interlocuteur la confirmation de ses craintes. Il l'avait donc fait... la leçon ne lui avait pas suffi ? Il avait fallu qu'il s'entête et poursuive son insensée idée ! David sacrifiait ces deux êtres qu'il osait nommer ses enfants à sa , vaine et stérile, vengeance... Et on disait à James que c'était lui le monstre ? Quelle sinistre farce ! Parlementer, épiloguer... Il savait n'en avoir ni le temps ni même plus la moindre envie. Rien n'aurait pu raisonner l'homme qui lui faisait face et qui finirait par comprendre son erreur. Sans doutes même par en payer le prix... peut-être même bien de sa vie. Mais n'incombe-t-il pas à chacun d'assumer les conséquences de ses actes ? James, en tous cas, entendait bien endosser ses responsabilités. Et puisque, sur ce point David avait raison, il avait honteusement manqué le coche avec Eden alors il se rattraperait avec celle qui dormait tout contre lui. Celle qui, elle, n'avait pas grand chose d'humains si ce n'étaient les plus artificielles des apparences. Déjà il se reculait, de nouveau l'arme au poing lui aussi.

Nous allons partir et, toi, tu vas nous laisser faire.

Encore ce cliquetis menaçant qui, pourtant, ne fit ni ciller ni même se figer celui qui continuait de reculer.

Ne fais pas ça James. Tu sais que, dans ta condition, tu ne peux rien pour cette chose que tu as tort de voir comme un enfant. Ils finiront par te retrouver... ils finiront par vous retrouver tous les deux ! Tu es condamné à l'échec ! Et, elle...

La tête de James qui se secouait alors qu'il rangeait son arme pour mieux tenir contre lui celle qui ignorait tout de ce qui l'attendait et pour laquelle les deux amis se déchiraient, achevaient de devenir ces ennemis qu'ils avaient choisi de devenir. Parce que l'un refusait de poursuivre ce qu'il avait compris être une folie … Et que l'autre s'y cramponnait avec démence et fureur. Alors David avait dénoncé celui que, pendant tant d'années, il avait pourtant aimé comme un frère. Lui mettant sur le dos un crime qui n'était pas le sien... mais qui s'en souciait seulement ? L'Ordre n'a que faire de la justice ou de la vérité c'est bien connu. Et, cette nuit là, dans ce quartier général presque paisible, c'était la fin d'une amitié que les deux hommes scellaient de leurs obstinations. James savait que son ancien ami ne le tuerait pas. Non pas qu'il n'en ait pas eu la plus irrépressible des envies mais parce qu'il savait que James lui serait bien plus utile vivant et recherché ! Encore une fois l'homme endosserait le rôle du bouc émissaire. Quant à cette chose que David dardait de son plus parfait mépris... Puisque nul ne connaissait son existence et que James semblait tant y tenir... Qu'il la prenne ! Qu'ils partent ensemble et aillent donc au Diable !

Fous le camps ! Et, un dernier conseil : ne revenez jamais.
Aurais-tu peur de ce que nous pourrions révéler à ta fille?

De nouveau le cliquetis de ce pauvre cran de sûreté qui devait en avoir marre d'être ainsi abaissé et relevé. Et James qui reculait, s'enfonçait dans les ténèbres de ce couloir qui donnait sur l'extérieur... et la toute relative liberté.

Ne t'avises jamais de tenter de revenir vers elle James. Ou, cette-fois, je ne me montrerais pas aussi volontairement aveugle... une pause pendant laquelle les deux hommes se tancèrent du regard puis ces mots, les derniers, qui tombèrent, drus et menaçants Reviens et je te tuerais !

Parce que tu penses en être seulement capable peut-être ?

Le regard de James qui s'illumina de ses plus ardentes foudres et cet avertissement aux échos de prophétie qu'il lança avant que de disparaître

Et n'appelles pas trop de tes vœux une mort qui viendra bien assez vite nous chercher l'un et l'autre. Nous lui avons offert nos enfants ? Un jour viendra où elle nous les rendra. Et ce jour là, toi et moi, nous paierons pour tous nos si nombreux péchés.

Puis James avait fui, sans plus se retourner une seule seconde vers cet homme sans doutes encore plus fou qu'il ne l'était déjà lui-même. David avait fait ses choix, scellé seul son destin sûrement funeste. L'enfant qui remuait entre ses bras et James qui prenait le temps de la regarder. Elle qui, en effet, était une aberration que même les Entités ne cautionneraient jamais. Elle qui n'aurait sans doutes jamais du être créée... mais qui se trouvait, là, tout contre lui. Il pouvait sentir la chaleur de son tout petit corps, presque entendre les battements toujours si calmes de son cœur. Elle existait. Non, elle vivait ! Et un sourire qui venait, doucement, étirer les lèvres de l'homme.

On dirait que désormais cela va se jouer entre nous deux Devon.

A défaut d'avoir une véritable histoire, l'enfant avait au moins un prénom maintenant. C'était toujours ça de gagné... Le reste...



CHAPITRE II


Son sourire s'était éteint. Au même moment que son paquet tombait, laissant les bonbons préférés de Devon se répandre au sol. Et cette sensation, sourde et si lourde, qui venait frapper son cœur au moment où ils les vit. Ils les avaient retrouvés... ils investissaient déjà l'hôtel ! La panique qui le gagnait, l'empêchait presque de réfléchir, le figeait sur place. Il aurait du se précipiter, dégainer son arme et les abattre. Les uns après les autres. Oui, il aurait du... mais le peu de raison qui lui restait encore le retint. Combien de chances un homme seul, aussi entraîné soit-il, pouvait-il bien avoir contre un escadron entier de miliciens armés jusqu'aux dents ? Aucune. Alors James fit la seule chose qu'il pouvait encore faire : attendre. Planqué sous cette porte cochère, abrité par cet angle mort qui le dissimulait à la vue de leurs poursuivants, il attendit. Tremblant et sans cesser de jurer entre ses mâchoires si crispées qu'elles lui en faisaient atrocement mal. A ses tympans résonnaient le bruit de ces bottes qu'il imaginait déjà parcourir les couloirs, grimper et dévaler les escaliers de leur refuge de misère. Une porte qui claquait. Puis une autre. Des fenêtres qui battaient au troisième étage et une voix suraiguë qui résonnait à son tour. Leur voisine de pallier. Ils approchaient du but et James, lui, sentait son cœur sur le point de s'arrêter ! Un silence qui se faisait écrasant, presque terrifiant. Ces ordres qu'il les entendit hurler derrière cette porte, la leur James l'aurait parié, que les miliciens finirent par faire exploser. Le bruit de leurs bottes, encore elles, qui martelaient le plancher de leur petite chambre. Des meubles renversés, des cris... et le soulagement quand il vit l'un des hommes se pencher par la fenêtre. Des mots que le milicien maugréait et qui amenèrent à James le plus amusé, et encore plus soulagé, des sourires. Ils avaient fait chou blanc ! L'enfant n'était pas là... Devon s'était enfuie. La tête de James qui se secouait tandis que, telle l'ombre qu'il savait si bien être, il disparaissait à son tour, se précipitant dans le labyrinthe des ruelles romaines. Devon avait réussi à se sauver à temps ! Mais... pour aller où ? C'était la première fois qu'il l'emmenait à Rome. Et aussi … spéciale soit-elle elle n'en demeurait pas moins une petite fille de dix ans perdue dans une ville dont elle ignorait tout ! Il devait la retrouver ! Avant que... James ferma un instant les yeux. Non, ne surtout pas penser au pire. Devon était maline et pour le moins débrouillarde. Et il lui avait appris à se montrer aussi prudente que rusée. Elle se souviendrait. Qu'en cas de problèmes, si jamais ils venaient à être séparés alors elle devrait aller l'attendre chez les seuls amis que James ait jamais eus en Italie : les Rookwood. Se souvenait-elle seulement de leur adresse ? Pas le temps de douter. Plus le temps ! Il devait faire vite... et prier pour que Devon soit aussi douée qu'il le pensait ! Si jamais l'Ordre parvenait à mettre la main sur elle alors....

Il était parti à gauche. Mais aurait du prendre à droite. Car là, à seulement quelques pâtés de maisons, Devon errait. Lorsqu'elle s'était réveillée, les yeux encore tout embués de sommeil et les cheveux en bataille, elle avait trouvé la chambre vide. Et ce mot laissé, pour elle, sur la petite table. Il était parti faire quelques courses. Et, comme toujours, il lui interdisait de sortit. C'était pour son bien et elle le savait. Mais ce n'était pas drôle ! A chaque fois c'était la même chose ! Dès qu'ils voyageaient, arrivaient dans une nouvelle ville ils se trouvaient l'un de ces hôtels miteux que la petite avait en horreur. C'était moche ! Et les gens qui y vivaient avaient tous des têtes étranges... et même que certains sentaient vraiment très mauvais ! Et puis les chambres se ressemblaient toutes... Deux petits lits avec des draps plus gris que blancs. Une table usée par le temps. Un placard dans lequel ils jetaient ces valises qu'ils ne prenaient même plus la peine de défaire. A quoi bon ? Car chacun de leur voyage se terminait toujours de la même façon, eux aussi : les hommes armés arrivaient et, eux, fuyaient. Souvent en laissant derrière eux toutes ces affaires que James lui rachetait à leur prochaine étape. Et il se demandait encore pourquoi elle se refusait à quitter sa vieille peluche toute crasseuse et pourquoi elle dormait toujours avec ses vêtements préférés ? Parce que, comme ça au moins, eux elle ne les abandonneraient jamais ! Ca faisait toujours rire James, ça, d'ailleurs. Il ne comprenait pas pourquoi Devon était incapable de s'attacher aux gens et tenait, si fort que cela en semblait viscéral, à ces fichus objets. Il ne comprenait pas, vraiment ? Pourtant c'était simple. C'était parce que c'était lui qui les lui avait offerts. Et que les garder eux, dans l'esprit de la petite fille, c'était un peu comme le garder lui. Lui à qui elle ne savait peut-être pas le dire mais à qui elle tenait si fort. Devon savait qu'il n'était pas vraiment son père mais... Si elle l'avait pu alors il le serait devenu.

Son regard, comme toujours habité des plus iridescents feux, qui errait sur ces bâtisses qui l'entouraient et qu'elle ne reconnaissait pas. Ils n'étaient jamais venus ici... ou alors elle avait oublié. Son petit nez qui se retroussait alors que ses sourcils se fronçaient comme à chaque fois où elle réfléchissait si fort qu'elle finissait toujours par en avoir la migraine. James avait dit que, si jamais elle se perdait, alors elle devait faire encore plus attention. Ne jamais laisser qui que ce soit la remarquer. Ne jamais s'approcher des rues trop fréquentées car celles-ci étaient toujours celles où les miliciens se pressaient. Faire des détours, même si cela lui faisait mal aux pieds, et vérifier qu'elle n'était pas suivie. Puis, se débrouiller pour retourner à l'hôtel. A leur maison du moment. Devon l'avait fait. Elle l'avait retrouvé l'hôtel ! Mais les miliciens étaient déjà là et elle avait donc fait ce qu'on lui avait appris : elle avait fui. Et, non, elle n'aimait pas cela ! Parce que fuir c'était lâche ! Et qu'eux ils n'étaient pas des lâches... Mais puisque James lui avait fait promettre de toujours lui obéir... Parce qu'elle le croyait quand il lui disait ne vouloir que son bien... Aujourd'hui aussi Devon avait fui. Et, depuis, elle tentait de trouver cette adresse gravée en sa mémoire. C'était la maison des amis de James. Matteo et Raziel Rookwood. Pas des frères, non... Deux papas... Parce qu'on pouvait avoir deux papas et pas de maman ? Bah évidemment qu'on pouvait ! Elle elle avait bien plein de mamans, non ? Devon se souvenait d'avoir remué son nez, réfléchi encore très fort et fini par acquiescer. Oui, c'était possible. Si elle avait sept mamans, un autre enfant pouvait bien avoir deux papas ! Et ils habitaient où déjà les deux papas ? Ah oui ! Elle se souvenait... sauf que cela ne l'aidait pas vraiment plus. La petite serra un peu plus fort son lapin contre elle et regarda tout autour d'elle. L'envie de demander son chemin. Pas très raisonnable. Mais elle n'allait quand même pas tourner en rond pendant des heures et des heures ! Quand elle était partie elle n'avait pas même eu le temps d'enfiler ses baskets et elle commençait sérieusement à avoir mal aux pieds à errer en chaussettes ! Et puis à quoi ça servait d'avoir appris, en moins d'un jour, à parler l'italien mieux qu'un romain si c'était pour ne parler à personne hein ? Des fois James avait vraiment de drôles d'idées !

Hey !

L'enfant qui soupirait, laissant son regard passer par dessus son épaule et venir s'ancrer à celui de la femme qui venait de l'interpeller. C'était forcément elle vu que la ruelle était déserte. Le regard de la petite qui glissait sur la silhouette en uniforme pour s'arrêter sur cette arme que la milicienne braquait maintenant vers elle. Elle, ce n'était pas une amie ! Déjà la servante de l'Ordre qui se rapprochait, plissant les yeux pour s'assurer qu'elle avait bien trouvé sa proie. Et puis ce cri que la femme poussa et qui fit grimacer celle qui ne bougea pourtant pas d'un pouce.

J'ai trouvé la gamine !

James serait sûrement fâché... Mais n'avait-il pas dit que, en cas d'extrême urgence, elle avait le droit ? Bien sur qu'il l'avait dit ! Et si ça c'était pas un cas d'urgence alors Devon voulait bien être privée de bonbons jusqu'à la fin de ces jours ! Déjà les partenaires de la milicienne accouraient, guidés par sa voix. Aigrelette et moche la voix... tout comme cette femme que l'enfant dardait de ses yeux étranges et désormais dénués de la moindre iris. Oh oui ! James allait être vraiment très fâché... Tant pis ! Devon n'avait pas le choix et elle le savait. Déjà une bise comme surgit de nulle part commençait à se lever, nimbant cette enfant qui affichait maintenant un bien étrange sourire. Et sous les pieds des miliciens, le sol se mit soudainement à trembler, gronder même. Déstabilisé et surpris, l'un d'entre eux trébuchait. Au dessus de leurs têtes, à tous, le ciel s'assombrissait soudainement, plongeant ce quartier de la ville comme dans la plus profonde des nuits.

Putain mais c'est quoi ça encore?

Au bout de la ruelle, à quelques mètres seulement de là, un jeune homme venait d'apparaître. Et, visiblement, il n'était pas de très bonne humeur. L'une de ses mains passait dans sa chevelure blonde déjà bien ébouriffée pendant que l'autre s'acharnait sur ce téléphone apparemment en panne de réseau. Une flopée de jurons qui s'écoula de ses lèvres avant qu'il ne soupire et ne semble, enfin, remarquer la nuit environnante. Un instant d'hésitation et sa tête qui se secouait violemment. Il avait bu à ce point qu'il en avait oublié le temps ? Quand même pas ! Un grognement qu'il lui échappait cette fois tandis qu'il rangeait son portable. Il ferait mieux de se presser où ses parents allaient encore piquer leur crise. Ce soir ils étaient encore supposés se rendre, en famille, à l'une de ces soirées aussi mondaines qu'ennuyeuses que Luca détestait tant. Une soirée donnée par le Grand Maître lui-même, évidemment. Une soirée où le gratin de l'Ordre se gargariserait de méchancetés balancées sur les sorciers et dont ses parents riraient comme les crétins pleutres qu'ils étaient si souvent. Comment pouvaient-ils, si facilement et si souvent, oublier qu'ils étaient sorciers eux aussi ? L'argent, sans doutes. Pour en gagner certains étaient prêts à tout. Et ses parents en premier apparemment... Son regard qui glissait sur le cadran de sa montre quand une secousse digne d'un tremblement de terre le projeta au sol. Sa tête qui heurtait violemment le bitume et un juron, encore un, qui franchissait la barrière de ses lèvres crispées. C'était quoi ça encore ? Non mais elle en avait pas fini de le faire chier cette journée ? Une chemise Armani toute neuve bordel ! Bonne à jeter vu l'accroc à la manche ! Luca pestait encore quand, sans qu'il sache vraiment pourquoi, son regard fut attiré dans les tréfonds de la ruelle.

Mais... C'est quoi encore, ça?!

A croire que c'était sa phrase du jour ! Alors qu'il se relevait, sans plus pester, il ne parvenait pas à détourner son regard de la scène qui s'offrait à lui. Là, une gosse, se trouvait aux prises avec une toute une escouade de miliciens. Scène pour le moins, et malheureusement, habituelle. Scène qui, la plupart du temps, ne lui faisait ni chaud ni froid d'ailleurs. Mais... Le regard qui lui jeta cette enfant qui serrait, si fort, son lapin en peluche dans ses bras trop maigres... Il aurait cru y lire de la peur, il n'y trouva que de la colère. Et quand l'un des hommes s'avança et fit un geste pour l'attraper, là où tous les enfants et la plupart des adultes sûrement, se seraient mis à trembler et à supplier l'enfant, elle, le devança. Et, dans un geste qui aurait sans doutes fait hurler de rire Luca si les circonstances avaient été différentes, la petite tornade brune lui planta les dents dans la main trop aventureuse avant que de lui balancer le plus violent des coups de genoux dans les plus intimes des parties. Ouh ! Cela devait faire mal ! Mais si la gamine avait, et brillamment, réussi à se défaire de l'un de ses adversaires il en restait encore cinq debout et visiblement fermement décidés à lui faire regretter son geste. Déjà Luca sentait son sourire se faner tandis que ses talons se détournaient. Pas ses affaires... Jamais ses affaires ! Et puis il était attendu, déjà en retard même. Il devait repasser chez lui se changer pour cette sinistre soirée qui l'attendait. Il n'avait vraiment pas une seconde à perdre pour une gosse cradingue et hirsute qui se baladait encore avec une peluche ! Pas ses oignons, non... Rien à foutre même....

J'suis vraiment le roi des cons!

Pesta-t-il contre lui-même alors qu'il soupirait son agacement et se retournait, baguette déjà ancrée à la paume de sa main. Un premier éclair qui fusait, envoyant voler à des mètres derrière un milicien. Voilà, maintenant il avait attiré sur lui l'attention des autres... malin tiens ! Le canon des armes qui se braquaient, toutes, sur lui et les balles qui commençaient à en fuser, fendant l'air. Son corps qui se jetait à terre, achevant de ruiner cette chemise qui se teintait de ce sang qui s'écoulait de la plaie, superficielle, à son bras. La douleur qui l'assaillait et lui faisait serrer les dents tandis que sa baguette répliquait. Avec plus de fureur et de détermination cette fois. Deux autres hommes qui valsaient et lui qui, essoufflé, se précipitait vers celle qu'il saisit à bras le corps et à qui il murmura

Toi, tu m'emmerdes déjà ! Et t'avises pas de bouger j'ai pas envie de finir désartibulé compris?

Elle ne lui avait rien répondu mais, alors qu'il les faisait transplaner, Luca aurait pu parier qu'il l'avait vue sourire. Lui sourire. Et, mais cela il ne le comprendrait que bien plus tard, Devon ne souriait jamais. Sauf aux gens qu'elle appréciait à défaut de savoir dire qu'elle les aimait. Et, jusqu'à cet instant précis, il n'y avait guère eu que James. Désormais il y aurait aussi Luca. Peut-être qu'en fait, elle avait bien fait de se perdre ? Peut-être bien en effet.



CHAPITRE III



On se voit ce soir ?

Les yeux de la jeune femme étincelaient de leurs plus ardents feux tandis que ses lèvres s'étiraient en une moue aguicheuse et que ses mains, aux ongles aussi longs que carmin, allaient se perdre dans la chevelure blonde de celui qui lui faisait face. Ses mains à lui qui enserraient la taille, presque fine, de celle qui en ronronnait. Et leurs lèvres qui se trouvèrent pour mieux échanger ce baiser qui fit hausser un sourcil et retrousser son nez à celle qui, de l'autre côté de la rue, n'en finissait pas de pester intérieurement. Dégueulasse ! Vraiment... Et ce rire que la dinde laissait s'élever dans les airs, sa gorge renversée et offerte alors que Luca la relâchait ! On ne lui avait jamais dit qu'elle riait comme une hyène à celle-là ?

Pourquoi pas ?

Avait-il commencé à susurrer langoureusement et en s'amusant de ce frisson qu'il fit naître à la peau de sa dernière conquête quand il l'effleura d'une bien légère caresse.

Nous pourrions aller dîner au Doppio et puis au 7?

Visiblement mademoiselle avait des goûts de luxe... Un soupir qu'il réprima tandis qu'il s'éloignait, piochant dans sa poche cette cigarette qu'il porta à ses lèvres avant que de l'allumer d'un geste sec.  Elle continuait à palabrer, s'imaginait déjà qu'il la présenterait à ses si influents parents... Mais bien sûr... A se demander avec qui elle voulait sortir : lui ou ce nom et cette fortune qui allaient avec ! Déjà elle le fatiguait et Luca se demandait comment il pourrait bien s'en débarrasser quand, de l'autre côté de la rue, une scène fit bouillir son sang. Un autre couple se tenait, adossé au mur. Et, tout comme lui quelques instants plus tôt, le garçon semblait aimer à balader ses mains un peu partout. C'était bien sous son chandail qu'il venait d'en passer une là ? ! Et il faisait quoi là maintenant ? Il embrassait son cou ? Et elle le laissait faire en plus ! Sa cigarette à peine consumée vola au sol et sans même prendre le temps de l'écraser il allait se précipiter quand la greluche qu'il avait déjà oubliée tenta de le retenir d'une main à la manche de son cuir.

Tu passes me prendre à vingt heures ?
J'crois pas non.

Avait-il maugréé en se libérant de cette entrave qui ne faisait qu'ajouter à son agacement et, alors qu'elle le regardait avec des yeux emplis d'incompréhension il l'avait repoussée sans la moindre douceur et jeté alors qu'il ne la regardait déjà plus.

En fait tu sais quoi ? Tu ne vaux même pas le prix du préservatif pour te sauter alors t'es mignonne et tu me lâches ! Trouves-toi donc un autre pigeon à aller plumer !

Puis, sans plus attendre, il s'était précipité de l'autre côté de la rue. Son regard désormais empli de foudres dardé sur celui qui n'en finissait pas de se montrer entreprenant, son bassin maintenant bien trop proche de celui de sa conquête. Non ! Pas sa conquête ! Jamais sa conquête ! L'avertissement qui ne vint même pas mais ce poing qui, lui, vint aussi vite que brutalement, percuter la joue de celui qui, dans un grognement de douleur plus encore que de surprise, s'écroulait au sol. Le gosse pas même fini, ou alors à la pisse, qui se redressait lentement et se massait la joue tout en regardant, hébété et sonné, celui qui pointait un doigt sur lui et persiflait d'une voix pour le moins péremptoire.

Toi, t'as cinq secondes pour dégager sinon j'te jure que je t'achève !
Et te mêler de tes affaires Luca ça ne te dirait pas ?

Sifflait entre ses dents celle qui demeurée adossée au mur, les bras croisés sur sa poitrine et son sourcil haussé. Un regard qu'il ne daigna braquer sur elle que pour mieux la fusiller tandis qu'il sifflait à son tour, la voix sèche et autoritaire

Tu la fermes Devon ! Toi et moi on réglera ça ensuite !
Faudrait songer à te calmer le vieux ! Ma copine et moi on faisait rien de mal !
Ta quoi ?

C'étaient là des mots que l'adolescent n'aurait jamais du prononcer. Avant même qu'il ait eu le temps d'ajouter quoique ce soit Luca lui était déjà tombé dessus et le rouait de coups. Il allait ravaler ses mots ce sale petit con ! Devon ne serait jamais sa copine ! D'ailleurs, si cela n'en avait tenu qu'au blond, elle ne serait jamais la copine d'aucun ! Les coups qui ne cessaient de pleuvoir et, autour d'eux, les badauds qui s'attroupaient. S'ils continuaient ainsi, non seulement le petit con finirait en bouillie mais, surtout, les miliciens allaient finir par se pointer. Un soupir et l'adolescente qui se décollait du mur et s'éloignait un instant. Lorsqu'elle revint ce fut pour d'une main posée à l'épaule du chevalier servant et un brin trop protecteur, faire cesser ce combat inutile... mais pas déplaisant pour autant. Alors que, le souffle précipité et les joues rougies par la colère plus encore que par l'effort, Luca relevait son regard toujours aussi orageux vers elle Devon avait roulé des yeux et, lui tendant son casque

On s'arrache.
J'croyais t'avoir dit de la fermer ?!

Les mots avaient claqué dans l'air, durs et cinglants. Leurs regards qui ne se trouvaient que pour mieux se défier. Un geste brusque pour mieux s'emparer de son casque et cette main dont il usa pour mieux entraîner à sa suite celle qui, pour une fois, se montra aussi docile que silencieuse. Tant mieux ! Il n'avait pas la moindre envie de l'entendre ! Cette moto sur laquelle, quelques secondes plus tard, ils disparaissaient dans un vacarme infernal et un nuage de poussière. Ces artères romaines sur lesquelles ils serpentèrent à si vive allure. Ces bâtisses qu'ils dépassaient et qui n'étaient plus qu'aplats étranges de couleurs estompées. Ces feux que Luca semblait ne même plus vouloir voir tandis que, sa main sur la poignée des gaz, il n'en finissait pas de fulminer. Devant ses yeux défilaient encore les images de ce sale blanc bec et de ces mains qu'il avait osé poser sur elle. Il l'avait touchée ! La moto qui ne manqua que de peu de se cabrer et, enfin, la chaleur du corps de Devon blottie tout contre lui. Ses petites mains si fines qui serraient sa taille à lui et, même s'il ne s'en maudit que plus encore, un sourire à ses lèvres. La moto, soudainement aussi apaisé que son pilote, qui ralentissait alors qu'ils quittaient enfin le centre ville et arrivaient devant l'immeuble, si luxueux, où Luca résidait. Pas un mot. Ils n'échangèrent pas la moindre parole, ni même le moindre regard, alors qu'ils descendaient et se dirigeaient vers l'entrée. Le portier qui, visiblement habitué à les voir, réprima un sourire moqueur quand il vit leurs têtes aussi renfrognées l'une que l'autre. Ce hall qu'ils traversèrent d'un pas pressé. Le concierge qu'ils saluèrent d'un mot jeté du bout des lèvres et, enfin, l'ascenseur. Exigu et aussi froid que ces regards qu'ils se jetaient à la dérobée. La porte qui s'ouvrait, laissant apparaître la silhouette de cet homme qui n'allait pas tarder à regretter de ne pas avoir pris les escaliers. La première claque, ce fut lui qui la lui donna, laissant une trace rouge à sa joue.

Ca c'est pour t'être conduite comme une traînée avec ce morveux !
Et ça c'est pour t'être comporté comme un queutard mort de faim !

Avait-elle rétorqué sans même ciller alors qu'elle répliquait, lui balançant à son tour la plus magistrale des gifles. Le tout sous les yeux de l'homme qui en blêmissait et retint sa respiration jusqu'à ce que, trois étages plus hauts, les cinglés en colère ne quittent la cabine. Main dans la main. Luca qui ne daigna la laisser lui échapper qu'une fois le seuil de son loft franchi et la porte soigneusement refermée à triple tours derrière eux. Ce casque et ces clés qu'il balança, encore un peu tendu, sur cette desserte où, la seconde suivante, son blouson venait les rejoindre. Sans un mot prononcer il avait rejoint le salon aux imposantes baies vitrées. Et tandis qu'il allait leur servir un verre, alcool pour lui et jus de fruit pour elle, il la regarda à la dérobée. Devon avait aussi laissé tomber son blouson et, sans même se préoccuper de lui était partie coller son nez à ces parois de verre qui lui montrait toute l'immensité et la beauté de Rome. Ses paumes qui venaient s'y appliquer alors que, Luca l'aurait parié, elle plissait les yeux. Cela faisait cinq ans mais elle continuait de le chercher... Cet homme dont elle ne prononçait pourtant jamais le prénom mais qui n'en finissait pas de lui manquer, il en était certain. Les verres dans sa main et ses épaules qui s'affaissaient légèrement tandis qu'il grimaçait et retenait de justesse un soupir. Lorsqu'il s'était enfui de la Ruche il avait vraiment tout fait pour emmener avec lui ce James qui s'était fait rafler en même temps que lui et que Luca rencontra pendant leur détention. Cet homme, pour le moins énigmatique, qui semblait bien connaître celle vers qui il se dirigeait maintenant. Apaisé il lui tendit son verre et la rejoignit dans sa contemplation muette... du moins jusque là !

Elle était moche et vulgaire.
Tu trouves qu'il était mieux le tien?

Ces mots qu'ils échangeaient, bien plus pour ne pas aborder les sujets sérieux que pour en finir avec une altercation déjà oubliée. Ce n'était pas la première fois que Devon s'emportait de le voir ainsi se traîner les pires des greluches et que, en réponse, lui ne parvenait pas à se retenir de refaire le portrait de tous ceux qui osaient seulement l'approcher d'un peu trop près. Quand il était sorti de la Ruche, s'en était enfui en louant presque cette fortune familiale qui lui avait permis d'échapper à  bien des ennuis ensuite... Luca l'avait cherchée. Cette fille si étrange dont le regard l'avait hanté pendant tous ces si longs jours passés à être questionné, torturé aussi... Et il avait fini par la retrouver. Et, depuis, il l'avait prise sous son aile, pour une fois aussi altruiste que protectrice. Parce qu'il en avait fait la promesse à James ? C'était ce dont, au début, il avait tenté de se convaincre. Mais Luca n'était pas homme à tenir une promesse quelle qu'elle soit ! Et encore moins celle faite à un parfait inconnu qui, il le craignait, devait sûrement être mort maintenant. Non, cette gosse avait ce petit truc qui, sans qu'il comprenne comment ni pourquoi, lui avait donné la plus irrépressible des envies de veiller sur elle.

Tes parents sont venus au pensionnat ce matin.

Le sourcil du jeune homme qui se haussait alors que ses doigts se serraient, se crispaient même, sur le cristal de ce verre qu'il vida d'un trait. Alors qu'elle continuait d'admirer la ville, il l'avait abandonnée, sentant le besoin de se resservir.

Ils te voulaient quoi ?
A ton avis ? La même chose que les fois précédentes... Que je dégage de ton paysage et que je cesse de faire, je cite, dilapider ton argent.
Qu'ils se mêlent donc de leurs affaires !

Le ton qui était monté sans même qu'il s'en aperçoive et le verre entre ses mains qui se brisait, retombant en une pluie d'éclats sur le parquet. Devon qui surgissait à ses côtés, faisant d'un sort informulé disparaître le tout. Et cet autre verre dont elle se saisissait pour mieux le lui servir quand elle murmura

Ils ne m'aiment pas.

Et elle avait raison. Depuis le jour où les parents De Santis avaient appris la relation, pour le moins étrange, qui liait leur héritier à cette gosse des rues, ils n'avaient eu de cesse de vouloir y mettre fin. Avec plus d'acharnement encore quand ils avaient compris que c'était elle qui, involontairement, avait envoyé leur si précieux fils à la Ruche. Et avec fureur quand ils avaient réalisé que cette enfant tout juste pubère était celle que les milices n'avaient pas fini de rechercher. Promettant même une confortable somme à qui les y aiderait. Devon semblait avoir aux yeux des parents du jeune homme tous les défauts du monde mais elle avait de la valeur marchande... pour aussi abjecte que cela soit ! Ce qui ne rassurait en rien celui qui avait clos, tout juste quelques secondes, ses yeux et tenté de chasser le si mauvais pressentiment qu'il sentait s'éveiller en lui. Ses parents, méprisables et pleutres, n'en étaient pas moins obstinés. Et si, jusque là, il avait toujours réussi à leur tenir tête, Luca sentait que sa chance touchait à sa fin. Ce verre qu'il ne saisit que pour mieux le reposer sur le bar. L'une de ses mains qui venait s'emparer de la taille de l'adolescente et l'autre qui venait lui soulever le menton. Devon le laissa faire, consentant même à ancrer son regard au sien quand il l'y invita silencieusement. Un baiser, chaste mais pas pour autant fraternel, qu'il déposa à son front. Un autre sur le bout de son nez. Et cet autre, plus appuyé, cette-fois, à cet endroit où se terminait la joue et commençaient les lèvres.

Rien à foutre de ce qu'ils disent ou pensent ! Rien à cirer de ce que peut bien penser le monde d'ailleurs ! J'suis le roi des égoïstes, non ?

Un sourire, sincère et enjôleur dans son innocence, qu'elle lui offrait et qui fit bondir son cœur à lui. Le temps qui sembla comme se suspendre alors qu'il la regardait. Elle qui n'était vraiment pas comme les autres. Sorcière ? Cela semblait évident. Et pourtant Luca devinait que la réalité devait être toute autre. Plus terrifiante encore peut-être bien... et alors ? Il venait de le lui dire et il le pensait. Il s'en fichait. De tout et de tout le monde ! Jusqu'à cette décence et cette morale que l'homme de vingt-deux ans entendait bien envoyer promener alors qu'il la rapprochait un peu plus encore de lui et se penchait, effleurant son nez du sien, découvrant du bout de ses lèvres impatientes celles de Devon.

Et tant mieux si personne ne t'aime. Parce que moi je...

La porte qui explosait et qui suspendit leurs gestes à l'un et à l'autre. Déjà, et un geste commun, ils dégainaient leurs baguettes, prêts à affronter ces miliciens qui venaient de surgir devant eux, les mettant en joue. Ces ordres qu'ils hurlèrent et que les deux jeunes gens refusèrent seulement d'entendre. Ce premier sortilège que Luca jetait mais qui fut dévié au moment où la balle vint heurter son épaule. Elle qui criait, se précipitait vers lui mais qui ne l'atteignit jamais, agrippée par cet autre homme en armes qui la ceinturait à lui en couper le souffle tandis qu'elle se débattait, furie entre ses bras. Luca qui s'était écroulé au sol et à qui le chef d'escouade s'adressait maintenant. Le canon de son arme toujours braqué sur la tête de celui qui crispait les poings plus sous la colère que la douleur. Non, cette-fois, il ne retournerait pas à la Ruche. Cette-fois il demeurerait libre. Et, comme le jetait avec mépris celui qui le menaçait toujours, il pouvait remercier la loyauté de ses parents ! Un déchet tel que lui mériterait de crever la gueule ouverte ici et maintenant ! Mais puisque ses parents avaient eu l'intelligence de dénoncer à l'Ordre celle que Luca vit traînée loin de lui, alors le jeune homme serait libre. Blessé, certes, mais c'était là la moindre des malchances, non ? Dans le couloir Devon hurlait, se débattait de plus belle entre les bras de ses geôliers. Jusqu'à ce que cet homme ne s'approche et n'enfonce dans ses chairs cette si longue aiguille. L'impression subite, et violente, d'être prisonnière du plus fou des manèges. Devant ses yeux qui se mirent à papillonner les choses et les êtres qui ondulaient, devenaient flous. Et puis... plus rien. Rien que ce noir, ce vide béant et oppressant dans lequel Devon venait de s'effondrer. Quand elle en sortirait, elle se découvrirait prisonnière. De la Ruche romaine. Pire encore, de cet enfer qui, pour elle, ne faisait jamais que commencer.



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Devon
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Ma Vie

CHAPITRE IV



Le bruit de cette fermeture éclair qu'elle remontait d'un geste avant que se pencher pour saisir cette arme que, pour la énième mais dernière fois, elle vérifiait. De ces gestes aussi précis que rapide qui témoignaient non seulement de son habitude mais aussi de son impressionnante dextérité. Le chargeur qu'elle finissait à peine d'enclencher quand son regard de jade fut attiré par ces deux hommes qui discutaient à l'entrée des vestiaires et ne cherchaient pas même à cacher ces regards insistants qu'ils posaient sur elle. Ainsi Neil était venu, en personne, admirer les progrès de cette recrue malgré elle dont il n'avait jamais rien eu à faire jusqu'à ce qu'il ne la voit. Avant ce moment là elle n'était qu'un prénom, tout juste un numéro de dossier noyé parmi un océan d'autres. Une histoire aussi sordide que banale qui faisait de Devon une gosse paumée qui avait eu la malchance de tomber entre les griffes acérées d'un Ordre qui, depuis, s'était appliqué à si bien la broyer. Des semaines qui s'étaient étirées en mois et pendant lesquels sont corps avait été soumis aux pires des tortures et des humiliations. Des mois d'enfer pendant lesquels, avec une méticulosité sadique, ses geôliers s'étaient amusés à briser son esprit pour mieux le remodeler ensuite. Et, petit à petit, la gamine rebelle qui s'était rendue, laissée assassiner pour mieux renaître sous les traits de cette esclave qui, ce jour là, jouerait sa liberté. Son maître, instructeur à l'Académie de Londres le lui avait dit, promis même : si elle réussissait aujourd'hui alors elle recouvrerait un semblant de liberté. Et, lui, y gagnerait cette promotion qu'il se désespérait de jamais voir l'Ordre lui accorder. Fini les heures perdues à inculquer à ces cadets débiles ces rudiments militaires que si peu seraient jamais capables de retenir ! Fini les odeurs pestilentielles de sueur et de peur ! Si, elle, réussissait alors il rejoindrait le quartier général et coulerait les plus paisibles des jours derrière un bureau. Tâche certes honorifique mais qui serait payée un pont d'or et qui, en ce bas monde, n'aimait pas l'argent ? Devon mais cela faisait bien longtemps maintenant que celle devenue femme avait compris que mieux valait taire ses pensées et ne jamais donner à autrui que ce qu'ils attendaient d'elle. Et c'est bien ce qu'elle comptait offrir à celui qui venait à elle, l'air goguenard et une étrange lueur au fond de ses yeux.

Prête?
Si je ne l'étais pas tu ne serais pas là, j'me trompe ?
Grande gueule hein ? Voyons voir ce que tu vaux sur le terrain!
Non. Voyons voir ce que, toi, tu vaux vraiment !

Avait-elle répliqué sans jamais le quitter du regard et tandis qu'elle rattrapait d'une main cette seconde arme que Neil venait de lui jeter. Il voulait tester ses réflexes ? Il n'allait pas être déçu alors ! Mais s'il s'attendait à la voir appréhender cette épreuve qu'il entendait lui imposer, alors celui dont on jurait déjà qu'il serait bientôt nommé Grand Maître, en serait pour ses frais ! Devon n'avait jamais été des plus expansives ou expressives mais son long séjour au sein de la Ruche l'avait rendue encore plus impassible que celui qui, visiblement, s'amusait de la voir ainsi lui tenir tête. Au moins elle n'avait pas perdu de son piquant pendant son conditionnement ! Cela eut été dommage... et étonnant. Alors qu'il la regardait achever de se préparer pour cette mission qu'ils effectueraient en tête à tête, Neil ne put s'empêcher de remarquer, une fois de plus, à quel point elle lui rappelait Eden. Si la ressemblance physique pouvait lui sembler parfois si ténue qu'inexistante, il y avait chez cette esclave la même fougue, la même fureur si bien muselée. De celle que Devon se retenait bien de laisser éclater mais qui, sans cesse, irradiait au fond de ses prunelles émeraudes. Une mèche de ses longs cheveux noirs qui venaient tomber devant son visage fermé et ce geste qu'elle eut pour la remettre derrière son oreille. Le même qu'Eden... Troublant, vraiment. Un peu comme tous ces infimes détails qui avaient amenés Neil à se pencher, avec le plus grand des intérêts, sur le dossier de Devon. De son histoire il était parvenu à remonter le fil, si emmêlé. Et ce qu'il en avait découvert ne cessait, depuis, de le laisser perplexe. Il savait son père David complètement fou mais l'avait-il réellement été à ce point ? Une flamme iridescente et aux couleurs changeantes qui traversait le regard de Devon et lui qui n'en plissait que plus encore les yeux. D'après son dernier maître en date la jeune femme était l'une des plus douées recrues qu'il lui ait été données de former. Sans doutes à cause de cette magie qui, malgré pas moins de six exorcismes, continuait si bien de couler et de rugir dans ses veines. Une énigme et une frustration pour ceux qui, évidemment s'étaient empressés de faire remonter l'information à celui qui, aujourd'hui et ici, se languissait presque de la voir en user. Etait-elle encore plus douée que sa princesse ? Possible vu l'acharnement, pour le moins agaçant, que mettait Eden à refuser de voir ce qu'elle était vraiment !

C'est qui cette Eden à laquelle tu ne cesses de penser ?
On ne t'a jamais dit qu'il est très impoli, pour ne pas dire aussi bien risqué, de lire dans les esprits?
Je croyais que tu voulais vérifier l'étendue de mes pouvoirs ?
En effet. Mais ne te leurres pas trop non plus Devon : rien de ce que tu pourrais bien dire, faire ou même être  ne pourra jamais m'impressionner.
Parce que ta princesse d'amour est meilleure peut-être ?
Evidemment ! Eden est l'originale et, toi, tu n'es au mieux qu'une vulgaire et bien pâle copie !

La main de la jeune esclave qui se faisait impudente et s'élevait pour mieux tenter de venir gifler celui qui n'eut pas le moindre mal à esquiver. La main de Neil qui se faisait d'acier alors qu'il tordait, si violemment, le poignet de celle qui en serra les mâchoires pour ne pas en hurler tandis que, d'un coup à l'arrière du genou de la bien rebelle recrue, il la faisait plier et poser genou à terre. L'os qui craquait alors qu'il accentuait sa pression en une bien douloureuse clé. Puis, se penchant vers celle dont il pouvait presque sentir le sang pulser à ses tempes, il cracha au creux de son oreille

Et n'espères pas, une seule seconde, que cette ressemblance troublante entre vous te vaudra le moindre privilège de ma part ! Tu veux ta liberté Devon ? Alors il va falloir la gagner !
T'as pas peur de ce que je pourrais en faire, de ma liberté, justement ?
Pauvre idiote... Si tu passes cette épreuve alors tu réaliseras vite que je ne crains personne et certainement pas mes ennemis. Tu veux me faire la peau ? Prends un ticket la liste des prétendants est longue ma belle !
La patience est la mère de toutes les vertus, tu le sais pas toi l'homme si pieux ?
Et depuis quand une pute d'esclave telle que toi qui ne doit sa chance qu'à sa faculté à bien vider les couilles de ses maîtres connaît-elle le sens du mot vertu ? Encore un domaine dans lequel ma princesse te sera toujours supérieure !

Avait-il persiflé avant que de la relâcher et de la toiser de toute sa si haute stature. Oh oui, Devon fulminait ! Il le lisait dans l'orage de ses yeux de jade. Il sentait la fureur gronder sous la peau de celle qui, si elle ne répondit pas, ne devait pas moins en penser. Neil était parvenu à obtenir d'elle très précisément ce qu'il voulait. Il la voulait furibonde et implacable. Il la voulait hargneuse et rageuse. Et, maintenant, elle l'était. Il était temps de voir ce que cette gosse prétentieuse et arrogante avait réellement dans le ventre ! Sans un mot il l'avait précédée, menée jusqu'à cette voiture dans laquelle ils prirent place pour mieux se rendre, non pas en centre ville, mais jusqu'à cet aéroport privé où le jet les attendait déjà. Le visage de la jeune femme qui ne laissa rien filtrer pendant qu'ils embarquaient, en silence, dans cet avion qui ne tarda pas à décoller. Un vol qui n'en sembla que plus long encore tant les deux passagers semblaient comme murés dans ce silence qui ni l'un ni l'autre ne semblaient pressés de briser. Elle qui trompait son ennui, et sûrement aussi une pointe de nervosité, en démontant et remontant, ses armes. Jusqu'à ce moment où, entre deux nuages, la silhouette encore lointaine de leur destination ne lui sauta aux yeux. Rome ? Ils allaient à Rome ? Ses gestes qui s'étaient comme suspendus alors que son regard, plus brillant que jamais, ne vint trouver celui de l'homme qui lui sourit. Et qui ne se gêna pas pour souligner de son éclat de rire ce tremblement qui fut celui de Devon quand elle comprit ce qui l'attendait. Elle avait naïvement cru qu'il lui suffirait de tuer, ou même de torturer, un prisonnier quelconque... Elle avait eu la sottise de s'imaginer que cela suffirait à celui que, en effet, elle réalisa bien mal connaître. La réputation de l'homme n'était plus à faire... mais la réalité était bien pire et plus sordide encore ! Et alors qu'ils touchaient le tarmac le cœur de la jeune femme qui se serrait douloureusement en son sein tandis qu'elle ne pouvait empêcher son esprit de voguer vers celui qu'elle n'avait jamais oublié. Celui dont, surtout, elle priait pour qu'il ne soit pas sa proie !

Tu conduis. Nous allons à la Ruche. Tu te souviens où elle se trouve ou veux-tu que je te guide ?

Avait-il lancé, goguenard, en même temps qu'il lui balançait ces clés dont elle s'emparait d'une main. Quelques instants plus tard ils roulaient à vive allure en direction de ce lieu que, et Neil ne pouvait que le savoir, elle n'avait jamais pu oublier. Cette prison souterraine de Mamertine où, pendant des mois, Devon aurait presque préféré crever plutôt que de devoir, jour après jour, endurer bien pire que la mort. Nul ne pouvait oublier... jamais... Et quand ils furent parvenus à destination, alors qu'elle sortait et voyait se dessiner devant elle l'entrée de cette bouche des enfers,  c'est avec bien des efforts que la jeune femme parvint à réprimer ce frisson de pure peur qu'elle sentait remonter à son échine. Neil, en gentleman pervers et moqueur, qui s'inclinait pour mieux lui ouvrir la voie, relevant vers elle son regard sibyllin lorsqu'il l'entendit lui demander dans un murmure peu assuré

Je croyais que tu voulais m'emmener en mission pour mieux me tester ?
Et c'est toujours ce que j'entends faire.
Tu peux me dire où est l'intérêt de me confronter à un prisonnier si affaibli que même un nourrisson aurait plus de répondant ?
Tout dépend du prisonnier tu ne penses pas?

Ces mots qui résonnaient, de manière presque macabre, aux oreilles de Devon alors que, se replongeant dans son mutisme, elle avançait enfin. Ce malaise qu'elle eut du mal à réprimer alors qu'elle franchissait le seuil de son ancien enfer. La nausée qu'elle sentait remonter à ses lèvres alors que, devançant Neil, elle dévalait ces marches qui les menaient, si inexorablement, au cœur des geôles. Cette odeur métallique et âpre qu'elle sentit remonter des entrailles de cet enfer. Ces cris d'agonie qu'elle aurait voulu ne pas entendre tant ils la ramenaient à ceux qu'elle se souvenait d'avoir, elle aussi, poussés. Et enfin ce couloir de la mort où s'étendaient, à perte de vue et de chaque côtés, ces portes derrière lesquelles tant de gens attendaient que la mort ne vienne, enfin, les libérer de leurs supplices. Une carte magnétique que Neil lui tendait tout en lui désignant, du regard, cette porte à quelques pas seulement de l'endroit où ils se trouvaient. Pas de mots ; ils étaient inutiles, non ? Qui que puisse retenir ces murs, la jeune femme savait qu'elle se devait de l'abattre. Et maintenant qu'elle commençait à mieux cerner la personnalité hideuse de son examinateur du jour Devon savait qu'il ne pouvait s'agir que de deux personnes. Et aussi fort puisse-t-elle se haïr pour s'en être ainsi sentie soulagée lorsque, tremblante, elle avait fini par ouvrir la porte, ce n'était pas Luca. Elle ne l'aurait pas supporté... Mais pas sûr qu'elle supporte mieux la vision de cet homme vers qui elle aurait aimé pouvoir se précipiter mais qu'elle ne put qu'observer, figée dans sa douleur.

Ton... père... est coriace ! Voilà des années que nous tentons de le briser, parfois même de le tuer, mais James continue de s'accrocher. le souffle bien trop chaud et sulfureux de l'exorciste qui venait caresser la nuque de celle à qui il mettait une arme entre les mains et à qui il murmurait si tendrement à son oreille Peut-être attendait-il que tu viennes le délivrer ? Alors vas-y Devon... C'est le moment ma belle... Surprends moi et délivres le et tu auras réussi. Hésites et...

La fin de la phrase de l'homme qui se perdait dans ce cliquetis que l'esclave ne put que reconnaître. Et s'il lui avait fallu la moindre confirmation le poids du canon d'une arme à l'arrière de son crâne aurait suffit. Un soupir, d'exaspération, qui lui échappait tandis qu'elle se retournait, abaissant d'une main agacée la menace et défiait de son regard empli de foudres comme de son plus impoli doigt celui qui, loin de s'en offusquer et semblant même apprécier son audace, en rit et se recula. Qu'elle ravale sa morve maintenant et fasse ses preuves ! Devon qui s'avança, la crosse de l'arme ancrée à sa paume moite. Et son regard qui se troubla, s'embua presque alors qu'il venait se poser sur celui qu'elle eut du mal à reconnaître tant il était amaigri et tuméfié. James... Combien de fois avait-elle prié pour pouvoir le retrouver ! Combien de fois avait-elle souhaité ce moment où, enfin, ils seraient face à face ? Mais, dans ces rêves les circonstances étaient bien différentes ! Et, jamais, elle ne s'était imaginée devoir être celle qui donnerait la mort, aussi libératrice pourrait-elle, à celui à qui elle se savait si bien devoir la vie. L'impression de se trouver à la croisée des chemins. Devant elle un paradis étrange qu'elle s'apprêtait à tuer et, dans son dos, le plus charmeur et perfide des enfers qui se régalait d'avance de la voir agir. Si elle échouait, renonçait, alors Neil la tuerait. Devon le savait. Et si elle tirait alors ce serait encore Neil qui l'emporterait. Parce qu'il aurait fait d'elle son nouveau jouet... Dans un cas comme dans l'autre elle serait damnée... Ou même pire si cela était seulement possible !

Ce sera rapide et sans douleur, je te le promets.

S'était-elle entendu murmurer d'une voix éraillée par les larmes et alors qu'elle posait genou à terre devant celui qu'elle regardait avec toute la tendresse dont elle était capable. Sa main qui lâcha, un moment, son arme pour mieux venir prendre en coupe ce visage tant aimé et qu'elle couvrit de ces baisers dont elle s'était montrée bien trop avare par le passé. Et alors qu'elle lisait dans les yeux de James cet assentiment qu'elle ne voulait pas voir elle avait versé une larme. La première qu'elle ait jamais versé de sa vie. La dernière, Devon se le jurait. Ces mots que l'homme lui murmura de son filet de voix et elle qui n'en sanglota que plus encore tout en hochant de la tête. Oui, elle comprenait. Oui, elle obéirait. Et...surtout...

Merci... Je t'aime … Papa.

Souvent, il avait voulu qu'elle le voit ainsi. Le nomme ainsi plutôt que par son prénom. Mais, avant aujourd'hui, jamais Devon n'en avait été capable. Lui qui refusait d'abaisser le regard alors qu'elle se relevait, l'arme à la main. Le cran de sûreté qu'elle fit sauter sans plus trembler. Et son bras qui se tendait, sûr de lui. Son cœur qui cessa de battre, elle aurait pu le jurer, alors qu'elle appuyait sur la détente. La détonation qui claquait, plus terrible encore qu'elle ne l'aurait imaginée. Et ses paupières qui allaient se clore pour ne pas affronter l'horreur de son crime quand elle sentit son bras, et son tir, être déviés par cette main qui s'était posée sur son bras. La balle qui ne fit que frôler James pour s'en aller ensuite se ficher dans le mur derrière lui. Et la voix de Neil qui revenait hanter le tympan de celle qui réalisa alors l'horreur de cette pseudo liberté qu'elle venait de gagner.

A partir de maintenant tu es libre Devon... Libre de me servir aussi aveuglément et pleinement que je le souhaiterais. Désobéis, tentes seulement de t'enfuir, et alors je laisserais Astrid  découper ton si cher papa en minuscules petites lamelles qu'elle pourra, ensuite, s'amuser à faire rissoler ! Déçois moi et je te jure que je ferais de la vie de ton père un enfer sans cesse renouvelé ! A moins que je ne me lasse et préfère m'intéresser à un blondinet de ta connaissance ?

Puis, alors qu'il ôtait l'arme encore fumante des mains de sa prisonnière, il prenait sa taille et l'obligeait à lui faire face. Un baiser qu'il lui arrachait et auquel elle ne se soustrait même pas et ces derniers mots qu'il lui jeta avant que de se retirer

Fais tes valises ! Ce soir nous partons à Paris je veux te présenter ton nouveau meilleur ami. Nathaniel.

Puis, la dévisageant avec concupiscence il avait ajouté dans un sourire torve

Et demandes à Astrid de te filer une carte de crédit pour t'acheter des fringues décentes et de la lingerie. J'aime pas avoir une maîtresse qui ressemble à une vulgaire chatte de gouttière ! Tu voulais savoir si tu dépassais Eden en un domaine ? Ce soir je te dirais ce qu'il en est !

Charmant programme en perspective ! Devon pensait gagner sa liberté ? Elle venait, réellement cette fois, de tomber en esclavage ! Et y a-t-il pire maître au monde que Neil ? Non.



CHAPITRE V

Un éclair qui fendait l'air. Une vitre qui explosait et retombait en une pluie d'éclats tranchants. Ces balles qui fusaient en réponse, sifflant dans l'air avant que de manquer, de très peu, leur cible. Cette fraction de seconde pendant laquelle les deux femmes se firent face, la détermination luisant au fond de leurs prunelles. Puis, de nouveau, cette course poursuite effrénée qui reprenait. Le visage de la romaine qui se couvrait de sueurs froides tandis qu'elle se précipitait, se perdait au milieu de ce dédale d'interminables couloirs. Ses jambes, épuisées et mises à mal par les coups reçus autant que les chutes, ne la portaient plus que difficilement et Tosca ne put réprimer une grimace quand elle sentit une douleur aussi vive que soudaine la saisir. Sa main qui, comme par réflexe, venait se porter à ce pantalon qu'elle découvrit déchiré et d'où s'écoulait du sang. Son sang... Qui que soit sa poursuivante celle-ci était douée... La balle encore logée dans les chairs de la sorcière en témoignait. Des pas derrière elle. Ils se rapprochaient. Une grande inspiration et, encore une fois, la course qui reprenait. Un croisement devant elle et, toujours, ce choix de dupes : à droite ou à gauche ? Ces satanés couloirs se ressemblaient tous ! Froids, austères, et semblant obstinément déterminés à ne jamais mener qui que ce soit à la sortie ! Son cœur qui pulsait à tout rompre en son sein quand le bruit d'une gâchette que l'on pressait l'aida à se décider : ce serait à gauche ! Des sortilèges qu'elle lança avec autant de célérité que de précision pour protéger sa fuite  et, pour ne pas changer, la fuite en avant. Le bruit de sa respiration, haletante, qui résonnait à ses tympans quand, un cri de pur rage s'échappa de ses lèvres

Merde ! Putain de merde !

Derrière elle la cavalcade de ces miliciens dont elle n'était pas parvenue à se débarrasser. Devant elle... un mur. Des éclairs furibonds qui jaillissaient de sa baguette sans parvenir à ne serait-ce lui infliger qu'une ridicule et bien maigre égratignure. Un rire nerveux qui la soupirait alors qu'elle les entendait s'immobiliser dans son dos. Si elle avait toujours su que l'Ordre aurait sa peau elle n'aurait jamais pensé que ce serait un fichu mur qui finirait par avoir raison d'elle ! Quelle putain d'ironie macabre... Sa baguette toujours ancrée à sa paume, bien décidée à lutter jusqu'au bout, la jeune femme s'était retournée pour mieux dévisager, enfin, ceux qui la tenaient enfin à leur merci. Deux hommes et cette femme, encore une enfant, qui la fit tressaillir. Ses sourcils qui se plissaient tandis que ses lèvres s'entrouvraient sous la surprise. Non, ce n'était pas Eden mais, pourtant, elle lui ressemblait.  Ce petit quelque chose dans les traits qui se ressemblaient sans pour autant se confondre... Ce petit rien dans l'attitude et la posture... Cet éclat, surtout, dans le regard ! Ce ne fut que la détermination avec laquelle l'inconnue braqua ses armes sur elle qui fit revenir, pour le moins brusquement, la résistante à sa triste réalité. Dans son esprit les idées et les probabilités tourbillonnaient, se percutaient violemment. Ils étaient trois, armés jusqu'aux dents, et sans la moindre envie de l'épargner apparemment. Elle, était seule et simplement armée de sa baguette. Les maths ne jouaient pas en sa faveur... et puisque Dieu était, de notoriété publique, du côté de l'Ordre... Pourtant ses doigts se crispèrent sur le bout de bois. S'il fallait vraiment qu'elle meure ici et maintenant alors que cela soit ! Mais jamais Tosca ne se rendrait sans combattre ! Jusqu'au bout...

Une explosion dans son dos, si violente que le souffle les propulsa tous au sol dans un nuage de gravats et de poussière. Et ces pas qui retentissaient, se précipitaient vers elle. Une main, puissante, qui la saisissait et l'aidait à se relever. Le regard de Roméo alors qu'il passait un bras autour de sa taille et la maintenait tout contre lui. Est-ce qu'elle allait bien ? Un soupir et une grimace malicieuse de la part de son lieutenant, pourtant en piteux état. Maintenant tout irait bien. Sa main, ensanglantée et tremblante, qui s'emparait de ce dossier qu'ils avaient pris le risque de venir récupérer dans l'antre même de leurs ennemis. Elle l'avait trouvé ! Un tremblement qui la saisit, se répandit à tout son corps. Une ombre de panique qui sembla presque s'emparer du leader de la résistance tandis qu'il sentait sa meilleure amie perdre conscience entre ses bras. Ils devaient partir ! Maintenant ! Ils devaient l'évacuer ! Facile à dire. Bien moins à faire ! Comme eut vite fait de le lui rappeler cette balle qui venait de fuser et de ne le manquer que de bien peu. Son regard qui se braquait vers celle qui se redressait, lui faisait maintenant face et qui, chez lui aussi, fit naître le plus dérangeant des troubles. Son regard qui s'écarquillait, un instant, un seul avant que, en guerrier accompli, il ne dresse lui aussi sa baguette de sa main encore libre. Les deux sbires accompagnant l'inconnue s'étaient relevés eux aussi et Roméo fut sans doutes soulagé de voir ses deux autres lieutenants le rejoindre, armes au poings. Les forces s'équilibraient. Le combat pouvait enfin commencer... ou pas.

Non !

La voix de Luca qui s'élevait alors que, contre toutes attentes, il empêchait d'une poigne ferme à son poignet, Mila de tirer sur celle qu'il ne quittait pas du regard. Et qui, à la surprise de Roméo, sembla se troubler elle aussi. La surprise qui venait animer un regard jusqu'à lors si froid qu'il en paraissait glacial. Cette main qui trembla avant que de s'abaisser. Et ce pas qu'elle fit pour reculer. Mila, peu décidée à s'en laisser compter, rompit cette bien étrange trêve levant de nouveau son bras et tirant sans hésiter la moindre seconde. De nouveau le cri de Luca alors que, semblant perdre la raison, il se jetait dans la trajectoire de la balle et entraînait dans sa chute celle qui en lâcha ses armes. Leurs deux corps qui roulaient au sol tandis que, au dessus de leurs têtes, balles et éclairs virevoltaient en un macabre ballet. Les pas de ces autres miliciens qui arrivaient en renfort. La voix de Roméo qui ordonnait qu'ils en finissent. Ils avaient ce qu'ils étaient venus chercher rien ne servait de s'attarder. Et puis ce grognement qui échappa au romain quand, handicapé par le poids de Tosca, il manqua de réflexe et fut légèrement blessé à l'épaule par l'un des hommes présents. Devon qui regarda un instant celui qui la maintenait toujours serrée tout contre lui. Sa main, toujours aussi tremblante, qui vint se poser sur cet endroit où elle sentit le cœur du jeune homme palpiter avec la même fureur que le sien. Instant comme hors du temps et des réalités où les deux jeunes gens ne se quittèrent pas des yeux. Et puis ceux du jeune homme qui s'écarquillaient alors que la douleur le frappait si violemment. Cette main qu'il porta à son flanc alors qu'elle le repoussait, murmurant ses yeux comme embués de larmes qu'il la pensait incapable de jamais plus verser.

Pardonne moi...

Déjà elle se redressait, s'éloignait et lui échappait. Lui qui tendait sa main libre vers elle tandis que, de l'autre, il compressait sa plaie. Une balle qu'il vit fuser et venir percuter l'épaule de celle qui en grimaça, en gémit en chancelant mais ne s'effondra pas pour autant. Et le regard, noir, que le blond lança à Mila quand il comprit que c'était elle la responsable. Autour d'eux les miliciens étaient désormais plus nombreux encore et s'ils ne se tiraient pas immédiatement alors ils ne partiraient plus du tout ! Luca le savait mais se sentait tiraillé... Partir ? Et la laisser alors qu'il venait enfin de la retrouver elle qu'il n'avait eu de cesse de rechercher ? Partir et, une fois de plus, l'abandonner aux mains de l'Ordre ? Pas question ! Il ne le pouvait simplement pas. Ce fut la voix, autoritaire et péremptoire de Roméo qui le ramena à la réalité. Ils faisaient le ménage, dégageaient la voie et se tiraient ! C'était un ordre ! Le jeune homme qui se relevait tant bien que mal, sa baguette à la main et désormais prêt à obéir. Il n'avait plus le choix. Ils étaient quatre et, d'entre eux, il n'y avait guère que Mila qui soit encore indemne ! Enfin jusque là... Une salve de balles qui fusait et Mila qui s'écroulait, blessée elle aussi. Et bien plus sérieusement que lui ! Autour d'eux les canons se braquaient déjà, triomphant. S'ils parvenaient à en réchapper cette-fois ils auraient de la chance ! Ou la plus inattendue des aides ?

Sans qu'aucun ne comprenne la petite protégée de Luca s'était redressée et, sans la moindre arme en mains, s'était interposée entre ses propres hommes et eux. Le vent qui se mit à se lever, surgissant de nulle part et de partout à la fois, venant se nimber pour mieux s'enrouler autour du corps de celle dont les cheveux volaient autour de ce visage où la colère la plus pure irradiait. Ses yeux qui se muèrent en un océan dénué de toute iris. Puis, alors que ses poings se serraient à en faire craquer ses articulations, les corps des miliciens qui semblèrent être pris dans le pire des tourbillons intangibles. Leurs os qui se brisèrent, les uns après les autres, et dans une terrifiante mélopée. Les traits de leurs visages qui se déformaient sous la douleur. Leurs yeux qui s'écarquillaient, menaçaient de sortir de leurs orbites quand ils comprenaient qu'ils allaient mourir, trahis par l'une des leurs. Puis, dans un fracas étourdissant et si rapidement que nul n'eut vraiment le temps de réaliser, ils s'affalaient sur le sol, morts et tellement désarticulés que le spectacle de leurs cadavres en aurait donné la nausée à n'importe qui. Son regard, toujours aussi sombre, qui se tournait maintenant vers ce couloir devant eux et les murs qui s'écroulaient. Les privant de toute retraite, peut-être. Empêchant que quiconque d'autre n'arrive, plus sûrement encore. Son regard, de nouveau mer de jade, qui venait maintenant se porter vers celui qui se tenait devant elle et qui lui tendait cette main qu'elle saisit. Leurs doigts qui, un instant, se nouèrent avant que Devon ne reporte son regard vers Roméo. C'était à lui, et à lui seul, qu'elle voulait s'adresser.

Si Tosca était encore consciente alors elle pourrait te le confirmer : si vous repartez par là où vous êtes arrivés alors vous crèverez. Neil et ses hommes vous attendent à la sortie.

Une hésitation et puis un soupir qui lui échappait après que son regard ait, à la dérobée, glissé vers celui qui agrippait plus que jamais sa main

Mais si tu sais me faire confiance alors je vous aiderais et vous ferais sortir d'ici.
Tu vas pas la croire Roméo ! C'est l'une des leurs !
Moi, je lui fais confiance ! Elle vient de nous sauver la vie, non?
Et avant elle t'a planté un couteau dans le bide pauvre con aveugle !
La ferme Mila !

Devon et Roméo qui se taisaient, se regardant fixement. Et dans l'esprit du romain ces mots, ces flots d'images qui déferlèrent, lui révélant en une poignée de secondes toute la vie de celle qui réclamait sa confiance. Son enfance faite d'errances en compagnie de James. Sa rencontre avec Luca et l'étrange relation qui se noua entre eux. Son enfer passé dans les geôles de la Ruche et son conditionnement. Cette emprise que Neil avait sur elle et à cause de laquelle Devon endurait son esclavage et ce rôle de milicienne qu'elle abhorrait plus que tout pourtant. Et cette phrase qu'elle ne murmura pas même mais qui résonna pourtant dans l'esprit du chef de la résistance romaine. Devon n'avait que peu d'intérêts pour eux. Mais elle tenait à Luca. Plus qu'elle ne le comprenait oui n'était encore prête à l'admettre mais elle tenait à lui. Et avait la franchise de dire que c'était pour lui, et sûrement lui seul, qu'elle voulait tant les aider. Et peut-être aussi pour Eden... Le sourcil de Roméo qui se haussait alors qu'il la regardait plus intensément encore. Cette question qu'il n'eut pas même à énoncer et à laquelle elle lui répondit, toujours par télépathie. Pourquoi ? Parce qu'il comptait pour Eden. Il comptait pour sa sœur... La surprise, la plus totale, qui traversait les iris de celui qui, aussi méfiant soit-il en général, sut qu'elle disait la vérité. Cette main qu'il leva pour dissuader la tempête rousse à ses côtés de toute initiative malheureuse. Et ce regard, entendu, qu'il offrit dans un hochement de tête à Devon. Cette-fois il lui ferait confiance. Elle n'en demandait pas plus.

Accrochez-vous ! Ca va risque d'être bien plus violent qu'un transplanage classique...

Un épais nuage de paillettes mordorées qui les nimba soudainement puis cette impression, en effet atroce, d'être aspirés par un cyclone. Leurs corps qui semblaient brûler, se disloquer, dans l'oeil de ce cataclysme irréel où réalités et visions étranges se mêlaient à s'en superposer. Ces créatures, ces Entités qui venaient s'inviter à la danse, virevoltant au milieu d'eux et les accompagnant de leurs chants étranges et irréels. Leurs cœurs qui bondirent dans leurs poitrines avant que de, de manière abrupte, cesser tout bonnement de battre. Une nanoseconde, une seule. Et puis, de nouveau, les pulsations, apaisées et sereines, qui les ramenaient à une vie qu'ils n'avaient jamais réellement quittée. Leurs corps endoloris qui se retrouvaient écrasés contre un sol qu'ils durent tous être heureux de retrouver. Des voix autour d'eux, amicales et venant déjà leur porter secours. Et leurs paupières, un instant papillonnantes, qui se soulevèrent pour mieux laisser leurs regards se porter sur ce décor si familier. Le 7. Elle les avait ramenés chez eux... Le souffle, si froid, de Devon qui venait caresser la nuque de Roméo alors qu'elle se penchait pour murmurer à son oreille

Préviens les autres réseaux. Ce soir Neil et ses amis comptent lancer une triple offensive. Et si tu me promets d'empêcher Luca d'aller s'y jeter tête baissée, alors je te donnerai les lieux et même les détails de cette opération.

Puis comme il la regardait avec une once de cette suspicion qui ne fit que l'agacer comme en témoignait son soupir exaspéré elle avait ajouté

Pourquoi crois-tu que je l'ai blessé ? Tosca n'est pas la seule à pouvoir prédire l'avenir !

Comme il esquissait ce qui ressemblait presque à un sourire elle en fit de même, ressemblant plus que jamais, et l'espace d'une seconde, à Eden. Tenant parole, Devon avait tendu à Roméo ces papiers sur lesquels étaient, en effet, détaillées, les opérations prévues pour le soir même. Alors qu'il la remerciait d'un signe de tête, le regard de Devon se troubla et son corps se recula instinctivement quand elle aperçut, par dessus l'épaule de Roméo, la silhouette du blondinet se précipiter vers elle. Refusant d'avoir cette conversation qu'elle savait pourtant inéluctable, la jeune femme se redressa et sans même un seul regard pour celui qui dut s'en offusquer, elle disparut. La dernière chose qu'elle entendit avant de s'en retourner à son enfer, fut ce cri que Luca poussa et qui devait la hanter longtemps encore. Il lui en voudrait, sûrement. Tant mieux... Après tout, peu importe ce que Devon s'était laissée à faire aujourd'hui, cela ne devait pas se reproduire ! Oui, elle leur avait à tous sauvé la vie ! Oui, elle avait tué ses propres hommes ! Et, oui, elle allait avoir du mal à convaincre Neil de son innocence. Mais toutes ces heures d'interrogatoires qui l'attendaient, ces coups que son dément de maître n'hésiteraient pas à lui donner pour mieux tenter de lui arracher une vérité qu'elle ne cracherait jamais... Tout cela valait la peine ! La Résistance romaine leur avait échappé, emportant avec eux ce précieux dossier dans lequel figuraient les noms de nombre de leurs informateurs, et laissant dans leur sillage les cadavres de plus d'un milicien. Et, le soir même, ces trois attaques qui auraient du être les plus retentissants des succès ne furent qu'une douloureuse succession d'échecs. Roméo l'avait écoutée... Alors oui, cela en valait la peine ! Les ecchymoses et les plaies finiraient par guérir. Les miliciens, pour une fois innocents, qui payèrent pour ses crimes à elle méritaient d'être sacrifiés et Devon ne les pleureraient sûrement pas. Et même cette nuit qu'elle se força à passer dans les bras de Neil pour mieux achever d'apaiser son ire et d'enterrer sa méfiance valaient la peine ! Parce que, aujourd'hui, Devon venait de faire le premier pas vers une liberté à laquelle elle n'avait jamais renoncé malgré les apparences. Un premier pas vers lui aussi ? Possible mais, curieusement, cela lui faisait peur. Terriblement peur même. Il est parfois bien plus aisé de faire la guerre que d'aimer.



CHAPITRE VI



Leurs motos qui filaient, à si vite allure, sur ce long ruban d'asphalte où ils se poursuivaient depuis un moment déjà. Dans leur sillage la cacophonie de klaxons hurlants, de ces véhicules qu'ils avaient croisés et manqués, que de peu, de percuter ou d'envoyer dans le décor ! Un peu comme ce camion dont le chauffeur dut frôler l'infarctus quand il la vit arriver devant lui, à plein gaz, pour ne dévier de sa route qu'au dernier moment venu. Sa corne qui résonnait encore quand, sous son casque intégral, Devon esquissait le plus amusé, et bien tendre, des sourires. Dans son rétroviseur la silhouette de ce pur bijou de mécanique qui semblait, enfin, sur le point de la rattraper. Luca était, de très loin, le meilleur des pilotes qui lui ait été donnés de rencontrer et la jeune femme n'avait pas espéré une seule seconde parvenir à le semer. N'en avait, d'ailleurs, pas eu la moindre des envies ! Ce à quoi, en revanche, elle ne s'attendait pas fut à ce qu'il ne la dépasse presque, venant sur son flanc droit pour mieux, l'instant suivant, les envoyer tous les deux valdinguer dans le décor. Leurs motos qui s'écrasaient sur cette gouttière de sécurité qu'elles eurent vite fait de défoncer, et leurs corps qui roulaient sur ce sol de terre et d'herbes. Sa tête qui heurtait violemment, et à plusieurs reprises, le sol tandis qu'elle en serait les mâchoires pour ne pas en hurler. De colère, pas de douleur ! Ses mains gantées qui, une fois son corps aplati comme une crêpe au sol, s'empressaient d'envoyer valser son casque. Son corps, fourbu mais entier qui se relevait pour mieux se précipiter vers celui qui, debout, semblait l'attendre. Cette gifle qu'elle lui asséna avec une violence telle que la tête de Luca en fit un bon quart de tour.

Non mais t'es malade ou quoi ? On aurait pu se tuer ! Crétin ! Sale con ! Abruti ! Es...
Tu vas la fermer, oui ?!

La claque retour qui venait la percuter, toute aussi violente, mais qui eut au moins l'avantage de la faire taire. Lui qui balançait ce casque qui ne lui servirait plus à rien et ses mains qui s'emparaient de la taille de celle qu'il ramenait à lui, ignorant toutes ses protestations. Et puis, sans même laisser à cette tornade sur pattes, le temps de reprendre son souffle il avait agrippé sa nuque et l'avait embrassée. De cette façon qu'il n'avait jamais eue auparavant. Avec cette impatience, cette urgence, qui n'avaient cessé de faire rugir son sang dans ses veines depuis qu'il l'avait retrouvée. Les mains de Devon qui s'agrippaient à son cuir, tentaient, si mollement, de le repousser. Avant que, enfin, elle ne se rende. Ne s'abandonne à ce baiser auquel elle répondit avec une passion qu'elle ne se soupçonnait pas. Se maudissait même de seulement se découvrir. C'était de l'inconscience ! De la  pure folie ! C'était signer leur perte, à l'un comme à l'autre. Et, pourtant, là et maintenant, c'était tout ce qu'elle désirait. De nouveau leurs corps qui s'effondraient, roulaient à en perdre la tête, sur ce tapis d'herbes hautes qui les éloignaient de la route et des regards indiscrets. La fureur dans leurs gestes quand, empressés, ils se défaisaient de leurs blousons, de leurs chaussures et s'attaquaient à ces vêtements qu'ils rêvaient l'un et l'autre de voir voler. Comme si ce moment, aussi attendu que refusé, leur était devenu essentiel. Leurs lèvres qui ne se quittaient que lorsqu'un vêtement inopportun venait les séparer avant que de valser. Que lorsque le souffle venait à leur manquer et que résonnaient alors dans l'air leurs respirations erratiques. Et puis ce regard qu'ils échangèrent, presque timidement, alors qu'il se retrouvait torse nu et elle plus seulement couverte que par ces sous-vêtements sur lesquels Luca laissa, tendrement, glisser son regard. La tendresse avec laquelle il l'allongea à même leur couche de verdure. Ces mots qu'il ne sut pas prononcer et remplaça par ces caresses, si légères, qu'il lui offrit et qui firent naître le plus doux des frissons à la peau de Devon. Ce baiser, encore un, qu'il lui offrit alors que sa main venait redessiner de la pulpe de ses doigts la courbe si frêle de ses épaules, glissait sur son bras si fin et se perdait dans la dentelle du soutien-gorge. Un léger tressaillement qui le fit suspendre son geste avant qu'elle ne l'encourage d'un bien trop léger baiser à poursuivre. Devon qui passait ses mains dans son dos et défaisait, nerveusement, l'agrafe de ce morceau de tissu que le romain faisait maintenant glisser, découvrant l'aube de ce sein qu'il effleura de sa paume. Le frisson sous sa main, ce cœur qui se mit à palpiter plus vite encore et... cette larme qu'il la vit verser et lui brisa le sien, de cœur. Devon qui, se redressait, se reculait plutôt que de le repousser, et se recroquevillait sur elle-même. Comme une enfant blessée qu'il crevait de découvrir aussi brisée.

J'peux pas... J'suis désolée mais j'peux pas ! Je ne peux pas !

S'emportait-elle déjà, bien plus contre elle-même que contre celui qui la regarda se relever, ses mains croisées cachant toujours sa poitrine haletante. Le bruit de ces sanglots qui firent se serrer le cœur du résistant. Il détestait la voir pleurer. Et en ces circonstances plus encore ! Pas parce qu'elle se refusait à lui, il saurait attendre. Mais parce que ces larmes, ce trouble, dénonçaient et hurlaient toutes ces horreurs qu'elle avait subi et que Luca avait, déjà, maintes fois imaginées. Il eut été aussi naïf que stupide de sa part d'espérer que, après tout ce temps passé entre leurs mains, Devon ait pu échapper à ce pire qui le fit serrer les poings à s'en faire mal et naître en son cœur la pire des fureurs. Passant une main à sa nuque, soupirant pour mieux tenter de reprendre ses esprits autant que le contrôle de ce corps encore empli de bien des désirs, il avait du attendre quelques bien longues secondes avant que de pouvoir se relever et offrir à celle qui le regardait, le plus rassurant des regards.  Sans précipitation ni brusquerie il s'était approché et, dans des gestes lents et précautionneux, il l'avait couverte de son t-shirt. Puis, alors qu'elle avait abaissé le regard, les joues rougies par une honte qu'il ne supportait pas de voir chez elle, il avait clos un instant les yeux pour mieux la ramener à lui. Un chaste baiser qu'il déposa sur ses cheveux alors qu'il murmurait tout contre la soie de ces derniers

Calmes toi... Ca va aller je te le promets... Ca va aller Devon.

Puis alors qu'il la sentait tressaillir et sangloter encore plus fort tout contre lui il avait, d'un doigt à son menton, amené la jeune femme à plonger dans l'océan de son regard et promis

Nous avons tout notre temps d'accord ?
Demandes le moi...

Les sourcils du blond qui se fronçaient alors qu'il la regardait, la voyait se remettre à trembler. Une caresse qu'il lui offrit du revers de sa main à sa joue et ces mots qui franchissaient la barrière de ses lèvres

Te demander quoi ?
Ce qu'ils m'ont fait. Ce qu'il m'a fait.

Lui qui l'aurait relâché, détournant déjà le visage en soupirant quand elle le retint. Non ! Il ne voulait pas savoir ? Elle ne voulait pas le dire. Mais ils en avaient besoin, l'un et l'autre. Le ramenant doucement à elle Devon avait répété

Demandes le moi.

Lui qui sentit sa gorge se nouer alors qu'il accédait, de mauvaise grâce,  à sa si douloureuse mais néanmoins nécessaire requête.

Que t'a-t-il fait ?

Et la confession, insupportable, qui avait commencé à s'écouler des lèvres de celle qui n'avait pas même tenté de se dérober à ce regard qu'il refusait de détourner. Devon était peut-être la plus douée pour masquer ces émotions que nombre de gens la pensaient simplement incapable de ressentir mais lui savait, depuis le tout premier jour, que c'était l'inverse. Que celle qui se confiait maintenant à lui sans fard ni fausse pudeur,  était une boule d'émotions qui avait simplement compris, bien tôt, que ces sentiments étaient un luxe qu'elle ne pouvait pas se permettre. Aujourd'hui encore moins qu'hier... Ces larmes, de rage et de douleur, qu'il la vit retenir alors qu'elle racontait, en lui épargnant heureusement les plus sordides des détails, son calvaire depuis ce jour où les miliciens étaient venus lui arracher. Ce silence qu'elle lui imposa en baissant les yeux quand, enfin, vint le moment d'évoquer celui que Luca se jura alors de tuer : Neil évidemment. Y avait-il seulement besoin de mettre des mots ce qu'il avait compris dès le moment où elle avait fui sous ses caresses ? Etait-il vraiment nécessaire de la laisser raviver une douleur encore si présente dans ses prunelles émeraudes ? Neil l'avait violée... Et à la jalousie du résistant venait se mêler la pire des ires. Un soupir qu'il ne put réprimer quand il sentit son sang se mettre à bouillir dans ses veines. Ces poings qu'il ne serra que pour mieux venir les fracasser contre cet arbre près de là où ils se trouvaient. Et ce hurlement qu'il poussa et qui ne cessa que lorsqu'il la sentit venir à lui, se blottir dans son dos et enserrer de ses bras trop maigres sa taille.

Je le lui ferais payer. Je te le promets.
Je sais.

S'était-elle contenté de répondre alors qu'il se retournait pour mieux la reprendre dans ses bras et la serrer à l'en étouffer. Alors qu'elle se blottissait tout contre lui il l'avait sentie s'apaiser, se détendre même. Et même s'adonner à cette ironie qu'il aimait tant chez elle lorsque, redressant le bout de son petit nez elle lui avait susurré sur son ton le plus faussement outré

Et si tu t'avises encore une seule fois de me prendre pour une bécasse incapable de se faire vengeance toute seule je t'arrache les noisettes !

Luca qui riait aux éclats alors que, ses mains passant des les cheveux de celle qui avait grandi bien trop vite, il lui répondait dans ces baisers qu'il lui chapardait entre chaque mot ou presque

Et si, toi, tu t'avises de ne pas me revenir, encore et encore je te jure que...

Mais ses mots qui se suspendirent tout comme les muscles de son corps qu'il sentit douloureusement se bander quand, entre ses bras, il la sentit glisser.

Devon ? Devon !

La jeune femme perdait conscience, murmurant entre ses lèvres presque bleues, toutes ces choses incompréhensibles qui ne firent qu'ajouter à la frayeur de celui qui, sans plus réfléchir, la souleva et, avec d'infinies précautions, transplana.

Aide la !
Oh putain ! Il s'est passé quoi?

Grommelait déjà celle qui venait de tomber à la renverse de son haut tabouret quand, dans un craquement, elle les avait vu apparaître devant lui. Se redressant pour mieux se précipiter vers elle, sa main passant déjà sur le front brûlant et en sueurs de Devon, elle avait marmonné quelques mots incompréhensibles dans sa barbe avant que de gueuler à Mila qui passait justement par là et affichait son air le plus renfrogné d'aller chercher Roméo. Puis, elle se précipita vers ce bureau où Luca installa sa protégée sur un canapé défoncé qui se devrait, pourtant, de faire l'affaire. Devon qui continuait de gémir, de prononcer entre deux délires, ces phrases que Roméo arriva juste à temps pour entendre. Ces mots où le prénom de son cousin parisien et celui de sa compagne se succédaient. Une soirée à Londres. Des choses qui avaient une fois de plus mal tournées et elles qui avaient du intervenir pour mieux protéger Eden. Un hurlement strident qui échappait à la jeune femme tandis que son corps s’arque-boutait au point d'en faire craquer ses os. Sa respiration que de haletante se fit sifflante tandis que sa tête se secouait furieusement. Roxanne... Une fiole et une aiguille qu'elle décrivait maintenant. La douleur d'Eden qui se répercutait chez elle alors que la femme de Roméo sombrait elle aussi. Comme si le lien aussi intangible qu'incompréhensible qui unissait celles qui ne s'étaient encore jamais vues était bien plus fort que nul n'aurait pu le soupçonner !

Qu'est-ce qui lui arrive ?! Bon sang mais fais quelque chose Tosca !
Est-ce que vous pourriez tous vous mettre dans la citrouille, une bonne fois pour toutes, que je suis voyante ! Je ne fais pas de miracles moi !
Mais on va quand même pas laisser là sans rien faire bordel !
Putain Luca calmes toi !
Poussez-vous. Tous les deux !

Avait ordonné celui vers qui les deux amis et lieutenants se retournaient d'un même mouvement. Le regard de Roméo qui étincelait de ses feux les plus particuliers alors qu'il rejoignait le lit de fortune de Devon. Alors qu'il s'asseyait à ses côtés un chant étrange qui s'élevait dans les airs avant qu'il n'apparaisse. Ce phénix aux plumes violacées et aux yeux si étincelants qu'ils en devenaient aveuglants. Rejoignant le côté de celui qui était son maître tout autant que son hôte, Asmaël ne se tut que lorsque le romain prenait, dans la sienne, la main de la jeune femme. Une lueur diffuse qui s'écoulait, torrent de vie et d'énergie entre ceux qui, l'espace d'un instant, semblaient en si parfaite communion. Roméo et son Entité accomplissant ce que, à bien des kilomètres de là, Adrien et Esdräel avaient, quelques instants plus tôt, fait pour Eden. Et, dans un même élan, le corps des deux jeunes femmes qui s'effondraient pour, l'instant suivant, mieux se cabrer. Luca qui crut devenir fou, ruait entre les bras de celle qui dut avoir recours à la magie pour mieux le contraindre à se tenir tranquille.

Tosca n'avait pas la moindre idée de ce qu'il pouvait bien se passer mais elle savait que l'interrompre eut été parfaitement impossible... ou, plus sûrement encore, des plus dangereux. Quoique Roméo fasse il était guidé par ces choses dont le pouvoir s'esquissait sous leurs yeux ébahis.Moment irréel et d'une violence insoutenable pendant lesquels chacun des protagonistes retint son souffle, peinant seulement à croire ce qu'ils ne pouvaient pourtant nier. Un tourbillon pailleté de couleurs … Les images, confuses et pourtant si nettes en même temps, de ces Entités qui se révélaient, les unes après les autres, à eux. Le chant de leur fureur plus encore que de leur peur. Le refus de voir leur enfant périr... La nécessité, aussi, de sauver celle qui n'aurait jamais du être mais qui était. Et qui, de surcroît était trop bien liée à leur héritière. Elles ne faisaient qu'une ; Véritablement qu'une ! Et c'est sans doutes ce que tous, réalisèrent aussi quand leurs regards se cherchèrent pour mieux se trouver. Comment, pourquoi et quelles pourraient bien être les conséquences de ce fait indéniable étaient des questions qui devraient trouver des réponses. Mais pas maintenant.

Pour l'instant plus rien ne comptait pour Luca que celle qui semblait enfin s'être calmée et dont la respiration avait retrouvé un rythme normal ou presque. Sa main qu'il serrait dans la sienne alors qu'il lui murmurait toutes ces choses qui ne regardaient en rien ceux qui s'éclipsaient. Tosca qui soutint un moment celui que cet épisode étrange avait visiblement ébranlé et quelque peu vidé de ses forces. Son regard qui s'ancrait à celui de Roméo visiblement aussi perdu qu'elle. Si ce n'était même plus. Et puis ces mots qu'elle murmura du bout des lèvres.

Toi tu files te reposer ! Et moi je file à Londres voir ce qu'il en est. alors qu'il acquiesçait elle s'était éloignée, jetant un dernier regard par dessus son épaule pour mieux lancer dans une grimace Ensuite j'irais voir mon père. S'il y a quelqu'un qui peut nous renseigner ce doit être lui. Me demande pas pourquoi ! Je t'expliquerais à mon retour !

Puis, sans lui laisser le temps d'ajouter quelque soit, Tosca avait transplané. Mais elle ne revint pas. Une semaine plus tard Roméo et elle se précipitaient à Paris pour sauver ce père que la romaine n'avait pas eu le temps de questionner avant qu'il ne meurt, brûlé sous ses yeux. Une semaine plus tard Roméo et elle intervenaient et ruinaient une mission parisienne... Ils avaient récupéré Eden ? Luca perdait de nouveau Devon lors de cette attaque éclair lancée en représailles sur Rome. Les deux sœurs auraient pu se rencontrer. Cela ne se fit pas. Peut-être, en fait, cela était-il mieux ainsi ? Qui qu'elles soient... Quoiqu'elles soient... Tout cela était un mystère qui ne serait résolu que le jour où, enfin et justement, elles pourraient se confronter l'une à l'autre. Pour le meilleur ou pour le pire ?

Ca, c'est une toute autre histoire.  Celle qu'il reste encore à écrire.




THE END

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Devon
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Mar 6 Fév - 6:38

Fiche finie ! Devon  " Je ne sais pas ce que ces cinglés ont voulu faire de moi mais ils risquent de s'en mordre les doigts ! " 1109525457
Bon, d'accord, je n'ai jamais fait que la rapatrier depuis notre ancienne maison où mon Chouchounet l'avait d'ors et déjà validée mais si tu veux y jeter un oeil et me la valider aussi mon Nounourson je t'en serai gré Devon  " Je ne sais pas ce que ces cinglés ont voulu faire de moi mais ils risquent de s'en mordre les doigts ! " 3763080467

Et du coup je file j'ai une autre fiche à réellement finir cette fois xD Devon  " Je ne sais pas ce que ces cinglés ont voulu faire de moi mais ils risquent de s'en mordre les doigts ! " 3027376353
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