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Eden Corrigan " On ne choisit peut-être pas de naître mais l'on est toujours maître de ce que l'on devient ! "

 ::  :: Le Baptême :: Hallelujia !
Mar 6 Fév - 7:16
Eden Corrigan
ft. Taylor Marie Hill

Âge : 20 ans
Statut sanguin : inconnu  
Statut Conjugal : célibataire... enfin ça c'est que prétend la loi.
Métier/études : Inquisitrice de Rome
Entité abritée : aucune à ce qu'elle en sait...
Pouvoir(s) : aucun ... du moins à sa connaissance
Arme(s) :tout un arsenal mais elle les déteste toutes !
Signes distinctifs : rien qu'elle ne veuille partager avec vous !
Caractère

Etrange ~ Secrète ~  Etrangère à un monde que j'ai toujours tant de mal à comprendre et qui, au fond, me fait peur  ~  Peu sentimentale sauf lorsqu'il s'agit des trois hommes de ma vie : Roméo, Alessandro et Neil bien évidemment  ~ Croyante... enfin je tente de l'être ~  Fière & extrêmement susceptible ~  Solitaire ~  Téméraire ~  Artiste car c'est le meilleur moyen que j'ai trouvé pour exprimer ce que je suis incapable d'avouer par des mots ~ Timide mais on prend cela pour de la froideur ~ Curieuse et avide de comprendre toutes ces émotions que je me désespère de ne pas saisir, de ne pas savoir éprouver aussi spontanément que les autres ~  Et, à ce jour, passablement paumée dans une existence qui ne me ressemble pas... même si, en fait, j'en viens à seulement me demander qui je suis vraiment !

La Guerre & Moi



La guerre... Pendant toute son enfance, Eden n'a rien vu ni rien su de cette guerre dont on la protégeait si bien. Elle a grandi dans la plus parfaite et paisible des bulles. Et celle-ci aurait pu continuer dans les plus illusoires des cieux si ses choix, ou son destin, ne l'avaient pas menée jusque dans cette ville italienne où la demoiselle fit bien plus que trouver l'amour. En rencontrant Roméo imaginait-elle seulement où cela la conduirait ? Pas une seule seconde, non. Elle pensait ne s'ériger que contre les conventions sociales qui faisait de son idylle le plus interdit des fruits. Mais Eden réalise aujourd'hui que c'est contre tout un système qu'elle doit se dresser. Si elle veut pouvoir vivre. Vraiment libre et non plus cachée derrière ses oripeaux de luxe et de puissance que Neil ne cesse de lui offrir. Eden voulait éviter la guerre ? Elle se retrouve plongée au coeur de la pire de toutes.  Et puisqu'elle en fut l'une des causes principales elle sait qu'elle ne peut plus osciller entre les deux camps. Il lui faut choisir ! Entre son frère et le père de son enfant ? Oui. Mais plus sûrement encore entre la cause sorcière défendue par Roméo et celle moldue pour laquelle Neil se bat. Et bien qu'elle ne le soupçonne pas encore de son choix pourrait bien dépendre l'issue même du conflit...



Un peu de vous

PUF : Titine est sans doutes celui que vous entendrez le plus souvent en ces terres. Et il se trouve aussi que je suis la Chouchounette de mon Chouchounet Eden Corrigan " On ne choisit peut-être pas de naître  mais l'on est toujours maître de  ce que l'on devient ! "  4128813453
Prénom : AHSAT
Âge : Suffisamment pour être majeure et voir germer dans mon esprit les plus folles des idées Eden Corrigan " On ne choisit peut-être pas de naître  mais l'on est toujours maître de  ce que l'on devient ! "  1443399959
Un peu plus de vous : Un jour,alors que je n'étais qu'un tout petit bébé et que ma mère me berçait encore bien trop près du mur mon berceau a pris feu et les pompiers sont venus l'éteindre à coup de pelles... ça vous étonne que je sois folle ? Ange

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Eden Corrigan
Nouvel Ordre
Nouvel Ordre
Eden Corrigan
Emploi : Grande Inquisitrice
Date d'inscription : 06/02/2018
Messages : 22

Eden Corrigan " On ne choisit peut-être pas de naître  mais l'on est toujours maître de  ce que l'on devient ! "  Empty
Mar 6 Fév - 7:17

Ma Vie

CHAPITRE I



Elle n'avait pas bougé ni encore moins prononcé le moindre mot lorsque la porte d'entrée s'était ouverte, laissant apparaître la haute silhouette de son époux. Seuls ses sourcils s'étaient relevés quand elle avait vu ce tout petit paquet, ces langes, qu'il tenait serré tout contre lui et vers qui Neil se précipitait déjà en bombardant de questions celui qui ne répondit pas. L'homme avait les traits tirés et cet air grave que son épouse ne lui connaissait que trop bien. Et quand leur fils manqua tomber à la renverse en découvrant la nature, si vivante et remuante, du paquet Jenifer, elle, demeura parfaitement impassible. Elle s'était cependant levée, et toujours sans le moindre mot prononcer, était allée à la cuisine. Pour mieux en revenir quelques minutes plus tard, un biberon de lait entre ses mains. Se refusant à le donner à cette enfant qu'elle regardait avec autant de méfiance que de peur, elle le tendit à son mari puis, sans même prêter la moindre attention aux récriminations de l'intéressé, elle avait rudement envoyé Neil dans sa chambre. Son père et elle devaient parler et, lui, devait se reposer pour cet examen qu'il devait passer dès demain. Il avait bien sûr tenté d'esquiver mais le regard, si sombre, de sa mère l'en avait finalement dissuadé et, grommelant, il s'était décidé à obtempérer. Non sans lâcher cette question qui avait fait se raidir sa mère et sourire son père. Elle allait rester avec eux hein ? Le bébé... elle allait rester ? Bonne question en effet ! Celle que se posait, sans réellement se la poser, Jenifer. Et au sourire béat et si satisfait que son mari adressa à Neil, la réponse était malheureusement évidente. La femme attendit d'être certaine que leur fils était couché avant que de venir s'asseoir face à David et de lâcher

J'imagine que tu es satisfait maintenant ? Tu y es parvenu et tu l'as trouvée... puis jetant un regard sur l'enfant elle avait soupiré Et que sommes-nous supposé en faire maintenant ? mais elle ne le laissa pas même le temps de lui répondre que, déjà, elle poursuivait plus amère et acerbe que jamais As-tu seulement songé à Neil ? As-tu seulement songé à ce que cela pourrait impliquer pour notre enfant ? Pour ton fils David ! Ton fils !

Le ton montait et, pourtant, l'intéressé demeurait, lui, parfaitement impassible. Sa femme, celle qu'il aimait pourtant sincèrement, pouvait bien s'énerver tout son soul cela ne changerait désormais plus rien. Car, oui, David  y était enfin parvenu... ou presque. Il touchait enfin du doigt la plus merveilleuse et éclatante vengeance possible. Celle dont il n'avait cessé de rêver depuis que, par une morne soirée d'automne, ces hommes étaient venus chez lui. Il n'oublierait jamais ce moment où il avait vu le visage si doux de sa mère se déformer sous la stupeur et la douleur. Gaïa n'avait pas même hurlé, s'était juste effondrée... faible, tellement faible ! Celle dont son père parlait toujours avec amour et admiration venait de s'effondrer, de montrer sa si fragile nature. Ces mots dont elle avait fait jadis son métier de journaliste et dont elle fut ce jour là parfaitement incapable d'user ! Cette sorcière qu'il n'était jamais parvenu à totalement détester, qu'il avait même aimée, et qui n'avait pas été foutue de lui dire ce que, de toute manière, il avait déjà si bien compris. Son père ne rentrerait pas ce soir. Son père ne rentrerait plus jamais. Il était mort... assassiné. Plus tard l'enquête conclurait qu'il avait probablement été éliminé par l'une des si nombreuses personnes sur lesquelles il enquêtait... Mensonge ! Odieux mensonge ! Son père avait été assassiné par ces saletés de sorciers !  

Je t'interdis de seulement sous entendre que je puisse oublier notre fils Jenny ! Je te l'interdis ! avait-il commencé à s'emporter lui aussi avant que de se calmer quand l'enfant entre ses bras s'était agitée, avait commencé à pleurer. Alors qu'il la berçait, tentait de son mieux de l'apaiser, il avait jeté le plus sombre des regards à son épouse Tout ce que j'ai jamais fait de ma vie c'est pour lui et uniquement pour lui ! Toutes ces années passées à ravaler ma fierté et mon orgueil pour mieux complaire à ces illuminés d'exorcistes ce fut pour lui ! Pour lui offrir le plus radieux des avenirs !

Et faire de lui le si parfait instrument de ta vengeance reconnais le ! Tu dis vivre pour notre enfant ?   puis, alors qu'elle reposait son regard sur l'enfant de nouveau endormie elle avait presque persiflé entre ses mâchoires contractées  Si c'était vrai, si tu nous aimais vraiment Neil et moi  alors jamais tu n'aurais amené cette enfant sous notre toit David... Jamais ! puis sa voix qui se brisait alors qu'elle murmurait à voix si basse qu'elle en était difficilement audible la question qui hantait son esprit Comment... Comment peux-tu être si certain que ton plan fonctionnera ? Comment peux-tu seulement imaginer que tu parviendras à mettre en échec ce que même Dieu n'a pu, par le passé, empêcher ?

La réponse qui fusa, plus que sibylline et quasi prophétique, des lèvres de l'homme.

Parce que je ne crois plus en Dieu depuis longtemps mais que je crois en mon fils !



CHAPITRE II



Le gâteau reposait sagement sur la table du salon et les flammes des bougies dansaient joyeusement, s'impatientant juste que l'invitée d'honneur ne daigne venir les souffler. Autour de lui s'agitait toute une ribambelle de ces enfants qui, pour l'occasion, avaient revêtu leurs plus belles tenues et apporté ces innombrables cadeaux qu'Eden  n'avait pas même daigné regarder plus de quelques secondes. Poliment, et avec tous ces mots et ces sourires qu'on lui avait patiemment inculqués, elle avait remercié chacun. Sur leurs joues elle avait déposé les plus hypocrites des bises, distribué ces sourires qui lui étaient pourtant si peu naturels puis, profitant de les voir tous se précipiter vers les jeux mis à leur disposition, elle s'était éclipsée. Pour mieux venir se poster sur ce petit banc reposant près de la fenêtre du salon et sur lequel elle avait grimpé pour mieux venir coller son nez à la fenêtre. Dehors il faisait si beau ! Le soleil luisait haut dans le ciel dépourvu de tout nuage. Les oiseaux chantaient mais elle ne les entendait même pas, s'en fichait même éperdument ! Comme elle se fichait d'ailleurs, et comme toujours, de tout.  

Elle fêtait ses dix ans et aurait du être la plus heureuse des petites filles. Elle vivait dans une magnifique demeure, entourée de tous ces gens qui la servaient, anticipaient le moindre de ces caprices qu'elle n'avait pas même. Elle allait dans la meilleure des écoles et, à la prochaine rentrée, elle rejoindrait Poudlard. Cet ancien pensionnat sorcier que le Nouvel Ordre et le Grand Maître de Londres avait révolutionné en faisant le pensionnat prestigieux des enfants de ses serviteurs. Ici seuls ceux dont les parents oeuvraient pour le Nouvel Ordre avaient le droit de se rendre. L'élite de l'élite et Eden y avait été admise avec un an d'avance ! Pour l'occasion, et pour célébrer comme il le fallait son anniversaire, tout ce que Londres comptait d'enfants privilégiés avait été convié. Un manège, des clowns, des poneys et autres attractions avaient été prévues mais rien de tout cela ne semblait atteindre celle que ses petits camarades de classe ne dépeignaient jamais que comme étrange et froide. Voir glaciale.  

Et c'était vrai. L'enfant n'avait jamais ri, jamais démontré la moindre effusion de joie ou de tristesse. Comme si elle était imperméable à toutes ces émotions qui faisaient pourtant d'un être un humain. Sa mère n'en disait rien mais l'intéressée pouvait sentir l'agacement grouiller sous la peau de celle avec qui les relations étaient depuis toujours tendues. Son père, lui, s'en amusait toujours. Encore une chose qu'elle ne comprenait pas d'ailleurs : l'humour ! En fait il n'y avait que Neil auprès de qui elle se sentait bien et comprise. Ce grand frère parti suivre la si dure formation de disciple exorciste et qui manquait à la fête. Neil était retenue à l'académie, ne pourrait pas s'en échapper. Il n'avait pas le droit ! Il lui avait promis d'être là ! Il le lui avait juré même .... Sans lui Eden se sentait toujours si bizarre ! Comme... perdue... incomplète... Oui, c'était cela : incomplète ! Elle avait besoin de Neil ! Surtout en ce moment où tous ces gens autour d'elle éveillaient en elle des choses étranges... des sentiments confus mais violents qu'elle ne comprenait pas et ne l'agaçaient que plus encore !  

Joyeux anniversaire petite sœur …

Le nez collé contre la vitre et perdue dans ses si sombres pensées la petite ne l'avait pas entendu arriver et elle manqua bien de tomber à la renverse sous l'effet de la surprise. Le rire de Neil qui résonnait à ses oreilles alors qu'il la rattrapait, la prenait dans ses bras pour mieux la serrer fort contre lui. Alors qu'elle se pendait à son cou, enfouissait son nez au creux de son épaule de jeune homme il l'avait serrée encore un peu plus fort, humant le parfum vanillé de ses cheveux et la couvrant de tendres baisers. Elle aussi elle lui avait manqué ! Terriblement même...  

Tu ne pensais quand même pas que j'aurais pu manquer ton dixième anniversaire ma princesse chérie ?

Elle avait secoué la tête avant que de la relever pour mieux ancrer son regard à celui à qui elle murmurait, le nez froncé comme à chaque fois qu'elle était contrariée  

Maman prétendait ce matin encore que tu ne viendrais pas. Que je devais cesser mes enfantillages et comprendre que tu avais des choses bien plus importantes à faire que de t'occuper de moi...  

Le regard du jeune homme qui, une seconde une seule, se para de foudres colériques avant que son regard ne redevienne océan de tendresse pour celle qu'il laissait prendre ses aises sur ses genoux et maintenait toujours , de façon si possessive,  entre ses bras. L'une de ses mains qui consentait à la relâcher juste le temps de venir remettre en place un mèche de ses longs cheveux bruns. Une minute qui semblait s'étirer en longueur et où le frère et la sœur ne se quittèrent pas des yeux. Comme s'ils savouraient le bonheur de leurs retrouvailles. Un soupir qui lui échappait comme pour mieux chasser la colère qu'il éprouvait à l'encontre de cette mère qui avait si bien osé attrister sa sœur. Cette enfant dont il baisait encore une fois le front et cajolait, berçait presque et à qui il murmurait comme un secret au creux de son oreille  

Rien n'est plus important que toi... son doigt qui venait se poser sous le menton de la petite et qui contraignait tendrement celle-ci à le regarder quand il lui dit, sur le ton de la promesse Rien ne sera jamais plus important que toi Eden ! Rien ni personne ! puis, alors qu'il la voyait esquisser cette grimace qui se voulait sourire il avait doucement ri et ajouté C'est toi et moi contre le monde entier petite princesse... Rien que nous deux. Aujourd'hui et pour toujours, d'accord ?

Neil avait dix-huitans, était déjà un homme et pesait ces mots pourtant si lourds de sens... et de conséquences. Elle, n'avait que dix ans. Ne réalisait sans doutes pas la portée de ce simple mot qu'elle prononça en se suspendant de nouveau à son cou et en glapissant, visiblement heureuse  

Promis !   puis, alors qu'elle se réchauffait et s'apaisait à la chaleur du corps de son frère elle avait levé les yeux vers lui et murmuré, avec une sincérité et une tendresse qu'elle n'avait jamais que pour lui Toi, moi et on se fout du reste du monde !

Neil avait fermé les yeux un instant et souri, satisfait et heureux lui aussi. Mais cependant bien moins que ce père qui observait, depuis le seuil du salon, la scène. Tout se passait exactement comme il l'avait prévu... En fait, non, c'était encore bien mieux que ce qu'il aurait jamais osé espérer !  Ces deux là s'adoraient... s'aimaient. Excellent ! Vraiment excellent ! Le futur se présentait sous les meilleures des augures pour celui qui sentait sa vengeance prendre doucement forme. Bientôt... Très bientôt...  




CHAPITRE III



La nuit était venue et, comme le reste des élèves, elle avait rejoint son dortoir. Celui où, quelques années plus tôt elle avait été assignée. Souvent, et pour mieux se moquer d'elle, ses camarades disaient que ce lieu avait été fait pour elle... Qu'une fille aussi glaciale et étrange qu'elle ne pouvait que finir à Serpentard. Après tout, même du temps heureusement révolu où les sorciers évoluaient librement, ce dortoir était déjà celui où se retrouvaient les monstres alors … Un monstre... C'était donc ainsi qu'on la voyait ? Eden ne comprenait pas toute cette antipathie, ces jalousies qu'elle suscitait sans rien faire pour le mériter. Les gens l'évitaient la plupart du temps et les rares à aimer graviter autour de sa personne ne le faisaient jamais que par intérêt. Ses parents étaient hauts placés et il se murmurait que, un jour ou l'autre, ce serait son grand frère Neil qui deviendrait Grand Maître... Eden était donc un parti des plus intéressants pour qui ambitionnait de s'élever dans la société... Si cela les amusait, tous, de perdre leur temps et leur énergie pour de telles mesquineries et futilités alors grand bien leur fasse ! Mais s'il espéraient vraiment la voir s'effondrer en larmes ou blêmir et prendre la fuite devant leurs attaques stupides ils en seraient pour leurs frais ! Car, non, rien de tout ce qu'ils disaient ne l'atteignait. Eden ne ressentait ni n'éprouvait toujours rien et, en l'occurrence, elle en était fort aise !

Elle était allée rejoindre ce grand lit où elle s'était allongée, laissant ses paupières se fermer non sans sentir une boule se nouer en son ventre. Elle n'aimait pas la nuit. Elle détestait ce moment où, malgré tous ses efforts, elle sentait le sommeil la gagner, l'emporter. Eden détestait dormir parce que, elle le savait, elle allait encore rêver. Cauchemarder... Chaque fois c'était la même chose. Ces mêmes images et ces même sons qui l'assaillaient. Des heures, pour elle une vie entière, à se retrouver en train d'errer dans ces terres de désolation où les ténèbres semblaient reines. Elle avait si froid alors qu'elle pouvait entendre ses dents s'entrechoquer violemment et elle avait beau tenter se réchauffer de son mieux rien n'y faisait. Le givre s'insinuait par chacun des pores de sa peau, se répandait dans tout son être, glaçant son sang aussi sûrement que son cœur. Et puis elles apparaissaient. Ces créatures étranges et translucides qui virevoltaient autour d'elle et qui l'agaçaient. Eden n'avait pas peur, non. Elle ignorait même ce sentiment. Mais elle sentait quelque chose planer dans les airs qui se réchauffaient alors si vite et si bien qu'elle se retrouvait dès lors en nage. Des mots qui résonnaient dans son esprit à l'en rendre folle. Des mots qu'elle ne comprenait pas, ne voulait pas comprendre mais qu'elle savait lui être destinés.  

Bientôt... L'heure approche... L'heure approche !

Elle s'était encore réveillée en hurlant et en sueurs. Ses camarades de dortoir, habitués à ses terreurs nocturnes, n'avaient fait que grommeler, persuadés qu'elle finirait, comme toujours, par se rendormir et, enfin, leur foutre la paix. Mais pas cette nuit là. Cette fois Eden s'était levée, avait quitté son dortoir et s'en était allée. Le lendemain, alors qu'elle manquait le petit déjeuner, nul ne s'était inquiété. Après tout ce n'était pas la première fois que la miss pimbêche les snobait et leur préférait la solitude du parc ! A son premier cours, cependant, son professeur de catéchisme s'inquiéta et prévint la direction. Des fouilles furent lancées. Chaque recoin du château fut soigneusement et minutieusement examiné mais Eden ne fut pas retrouvée. Le parc, la forêt suivirent mais sans plus de résultats. La nuit venait de tomber et le lac avait été dragué  quand  la direction se résolut à avertir les autorités et la famille de la disparue. Neil, averti lui aussi, lâcha tout dans l'instant pour venir, en compagnie de toute une escouade de ses amis exorcistes en herbe , pour se joindre aux recherches. Il était en proie à la plus vive des fureurs contre ces incapables qui avaient osé perdre sa princesse ! Il jura d'avoir leurs têtes, à tous ! Et il jura aussi que, plus jamais, il ne laisserait Eden revenir dans ce pensionnat de malheur !

Un mois... Trente très longues journées et tout autant de nuits pendant lesquels l'adolescente demeura introuvable ! La ville entière fut fouillée, littéralement retournée. Neil était, de tous, le plus déterminé et le plus acharné. Prenant tout juste le temps de se reposer ou se nourrir il ne vivait plus que pour retrouver sa sœur, sa princesse. Quand il fut évident que la petite 'était pas dans le monde civilisé et moldu alors  ses amis et lui prirent sur eux de poursuivre les recherches dans les demeures sorcières. Les rumeurs prétendirent qu'ils raflaient des sorciers à l'aveuglette, les tabassant plus que les interrogeant. Certains jurent même les avoir vus assassiner les malheureux quand ils ceux-ci se révélaient incapables de les aider. D'ailleurs des corps n'avaient-ils pas été retrouvés, atrocement mutilés dans chacun des endroits où Neil et ses amis avaient été vus si peu de temps auparavant ? Mais le jeune Corrigan était, en effet, le chouchou du pouvoir et ni lui ni ses complices ne furent jamais inquiétés de rien. Après tout, tant qu'ils ne s'en prenaient qu'aux sorciers ! C'était du travail en moins pour les autorités, non ?

Et puis elle avait été retrouvée... Neil ne l'avait pas quittée une seule seconde depuis l'instant où, le cœur palpitant à tout rompre, il avait vu les secouristes l'amener aux secours de St Paul. Elle était à peine consciente, plus blafarde que la mort elle-même et balbutiait les plus incompréhensibles des mots... Elle délirait ? Sûrement ! Ou pas... et c'était bien ce doute qui, en compagnie de toutes ces questions auxquelles il ne pouvait ni se soustraire ni apporter l'ombre d'une réponse, qui rendait le jeune exorciste complètement fou. Alors qu'il l'entendait s'agiter dans son si profond sommeil il avait reporté son regard sur elle, noué ses doigts si fortement aux siens avant que de les porter à ses lèvres pour mieux les baiser. Eden... Que lui était-il arrivé pendant tout ce temps ? Et comment, bon sang, avait-on pu la retrouver complètement désorientée et pieds nus aux alentours du cimetière de Godric's Hollow ? Même pour un adulte entraîné cela relevait tout bonnement de l'impossible ! Sans compter que jamais Eden n'avait ne serait-ce qu'entendu parler de ce lieu pendant bien si longtemps largement prisé des sorciers... Etaient-ce eux, encore ces rats puants, qui avaient osé s'en prendre à elle ? Mais pourquoi Eden ? Elle n'était qu'une adolescente de treize ans ! Evidemment l'idée qu'on ait pu se servir d'elle pour l'atteindre lui l'avait effleuré mais... aussi brillant et vaniteux soit-il Neil doutait être la cause des tourments de celle qu'il nommait encore sa sœur. Cela n'aurait eu aucun sens ! Si le plus brillant des avenirs l'attendait celui-ci n'était pas encore venu et il ne possédait que trop peu de pouvoir et d'influence pour qu'on veuille faire pression sur lui. Leurs parents, bien qu'ils soient à de hauts postes, n'étaient pas non plus des pièces clés d'un échiquier politique bien complexe... Alors pourquoi elle ?  

Je te jure que je ne mens pas Neil... avait-elle soupiré plus encore que murmuré ramenant aussitôt à elle le regard de celui qui ne souriait pour une fois pas, mais serrait plus fortement encore ses doigts entre les siens. Comme s'il voulait l'inviter, l'encourager à prononcer ces mots qu'il redoutait pourtant tellement d'entendre. Et elle le lui redit sans ciller , rougir ou détourner le regard C'était lui Neil...    

Qui ? s'entendit-il demander d'une voix pâle et les flammes de la fureur commençant à luire au fond de ses yeux si clairs.  

Papa...  

Alors il paiera. s'était contenté de commenter celui qui ramenait à lui le corps si fin d'Eden et le serrait tout contre lui. Alors qu'il la voyait fermer les yeux, rassurée et apaisée, il murmura comme le renouvellement de ce serment fait des années plus tôt Toi et moi Eden... Rien que nous deux et on se fiche du reste du monde... Rien que nous...

Et que crèvent tous ceux tous ceux qui, comme leur père  apparemment, s'aviseraient de s'en prendre à elle !  Que le monde entier crève Neil s'en contrefichait pas mal ! Tant qu'elle était là, avec lui... toujours.




CHAPITRE IV



Lentement le silence s'était fait et les lumières s'étaient, si doucement, éteintes. Une fille dont il se contrefichait éperdument pendue à son bras, lui n'avait d'yeux que pour celle qui apparaissait enfin. Elle n'était qu'une parmi tant d'autres mais, pour lui, elle était la seule. Celle qu'il regardait déployer ses ailes, virevolter sur cette scène où il la regardait, subjugué, prendre son envol. La grâce d'un ange et la beauté insolente d'une diablesse... Eden dansait et, lui, n'en finissait plus de l'admirer. Se félicitant de, finalement et après de bien âpres et orageuses discussions, lui avoir cédé. Quand, juste après les funérailles de ce père auxquelles lui s'était même refusé à assister, elle était venue le trouver pour mieux lui exposer son projet insensé, l'homme se souvenait d'avoir haussé un sourcil avant que d'exploser de rire. Aller étudier à Rome ? Et pourquoi pas Shangaï ! La danse qui plus était ? Quand Eden avait commencé ses cours elle n'était pas plus haute qu'une pomme et même lui s'était réjoui de la voir trouver enfin une activité qui semblait parvenir à l'arracher à son immuable impassibilité... mais ce n'était qu'un loisir et certainement pas un métier ! Et que faisait-elle de tous leurs projets ? De tous ces rêves qu'ils avaient caressés et s'étaient toujours promis de mener à bien, ensemble. Toujours ensemble ! Non ? Apparemment, non. Car aussi fort le jeune homme entendait-il garder à jamais Eden près de lui il ne pouvait nier ce que ses yeux n'avaient de cesse de lui montrer. Elle était faite pour la danse ! Non... elle était la danse !  

La semaine suivante un avion quittait Londres destination l'Italie et sa si belle capitale. Et, à son bord, ce tandem décidément bien inséparable. Eden avait gagné. Elle irait rejoindre ce Teatro dell'Opera di Roma où elle avait été acceptée. Et elle danserait, réaliserait le seul rêve que Neil l'ait jamais entendue énoncer. Et quand bien même sa sœur peinait toujours autant à laisser éclater une joie dont il commençait à la croire incapable, il lisait au fond de ses prunelles émeraudes et entendait dans ses silences toute sa satisfaction, son excitation même. Et lorsqu'elle vint si tendrement poser la tête sur son épaule pour mieux lui promettre de lui revenir aussi souvent qu'elle le pourrait, lui détourna le regard, le portant par delà le hublot. Pour la première fois de sa vie Neil pressentait que sa sœur lui mentait. Oh certes pas volontairement, non... jamais elle ne pourrait le trahir. Pas elle, jamais ! Mais ce frisson qui remontait à son échine alors que se dessinait devant sous eux la silhouette de la ville antique ne lui inspira que les pires des augures. Et alors qu'il regardait celle assoupie tout contre lui il sut. Qu'elle pouvait bien lui jurer tout ce qu'elle voulait Eden ne lui reviendrait pas cette fois. Qu'à cela ne tienne ! Si jamais ses craintes se concrétisaient alors c'est lui qui viendrait à elle !  

Pendant une semaine qui ne leur parut, à l'un comme à l'autre, que bien trop courte, le frère et la sœur parcoururent Rome, en savourèrent les mille et un délices. Si la jeune fille de désormais seize printemps semblait sortir de sa coquille, apprécier à défaut de savoir réellement s'enthousiasmer tout ce qu'elle découvrait comme une enfant. Et ce ne fut rien en comparaison de la réaction qui fut la sienne quand, presque religieusement, elle foula pour la toute première fois le sol de la si prestigieuse institution de danse. Eden ne savait plus où poser ses yeux, dévorant le moindre détail de ce bâtiment où les murs et les sols, absolument tout se faisaient les témoins d'une si longue et étourdissante histoire. Non, il n'avait jamais réussi à égaler la renommée de sa rivale, l'illustre Scala de Milan, mais c'était bel et bien ici que Puccini avait composé la sublime Tosca ! Ici que, elle l'espérait de toutes ses forces, elle pourrait interpréter Gisèle dans le ballet du même nom. Celui que Neil regrettait presque de l'avoir emmenée voir à Paris suscitant chez elle cette vocation forcenée qu'il aurait, ce jour là plus que tout autre, souhaité ne jamais voir naître. Mais il aimait Eden … trop à l'évidence. Et quand bien même tout en lui lui hurlait de la prendre sur son dos et de la ramener en sécurité chez eux il ne le fit pas. Abandonnant celle qu'il ne considérait désormais plus que très rarement comme sa sœur mais bien plus comme sa si parfaite égale, à son destin. Son destin... Non, Neil n'aimait pas cette idée. Et, alors qu'il s'envolait pour s'en retourner à Londres où les événements s'emballaient, encore ce mauvais pressentiment qui s'éveillait en lui. Et qui, il le pressentait aussi, le ramènerait bientôt en Italie.

Eden, elle, s'était sentie comme incomplète lorsqu'elle avait regardé, depuis le petit balcon de son nouvel appartement, la silhouette de l'avion de son frère disparaître lentement à l'horizon. Neil lui manquait. Terriblement. Viscéralement même. Et pendant les semaines et même les mois qui suivirent la jeune fille eut plus d'une fois l'envie furieuse de renoncer à son rêve et de s'empresser de retourner auprès de celui auquel elle écrivait chaque jour. De longs mails dans lesquels elle lui contait ses journées harassantes, lui confiant ses peurs d'échouer et ses ambitions presque démesurées. Eden lui parlait aussi, comme il le lui demandait si souvent, de ces êtres dont elle s'était peu à peu rapprochée mais qu'elle peinait à réellement nommer ses amis. L'amitié, l'amour... des concepts des plus abstraits pour celle qui semblait ne vivre que pour sa passion. Son unique passion... Maigre consolation pour l'exorciste qui, demeuré à Londres et à qui tout semblait réussir, s'agaçait autant que se réjouissait de l'ascension de sa princesse. Eden travaillait dur, très dur et ses efforts commençaient à payer puisqu'elle avait déjà obtenu des petits rôles dans les dernières productions du ballet. Bien sur, les relations du jeune homme avaient aussi joué mais tous s'accordaient à le dire : sa sœur était douée et elle irait loin ! Toujours trop loin de lui cependant...  Encore plus loin que Neil ne pouvait d'ailleurs l'imaginer.

Un soir comme un autre... ou pas d'ailleurs. Elle devait répéter, revoir encore et encore ce mouvement qui lui donnait du fil à retordre et qu'elle devait présenter, dans quelques jours. Mais ses amis ne l'avaient pas laissée faire, l'entraînant avec eux dans les méandres de cette vieille ville que l'on disait mal famée car fréquentée par des sorciers hors d'atteintes des tentacules répressives du pouvoir. La jeune femme n'avait rien dit, préféré garder pour elle tout le mal que ces assertions lui inspiraient à elle dont le frère, cette fois c'était certain, serait un jour nommé Grand Maître à la place du Grand Maître. Non, Eden n'aimait pas que l'on critiqua ce Nouvel Ordre qui, à Rome, semblait faire preuve d'une bien étrange complaisance envers ces sorciers qui évoluaient bien plus librement qu'à Londres... Et qui se pressaient eux aussi devant ce club, le 7, où ses amis entendaient la faire pénétrer. Les sourcils de la jeune danseuse qui s'étaient soulevés alors qu'elle regardait l'endroit en question.  

A Londres elle était trop jeune pour fréquenter ce genre d'établissements... A Rome... elle était encore trop jeune mais qui s'en souciait ? Certainement pas ces garçons et ces filles qui la tiraient de toutes leurs forces et l'entraînaient vers le cœur de cette antre dantesque. Lieu où la demoiselle crut manquer tomber à la renverse quand elle en découvrit ces... plaisirs ?... proposés et qui la firent blêmir puis rougir. La musique résonnait à fond dans ce lieu où les corps, plus encore que les esprits semblaient s'échauffer. Sans doutes l'alcool, qui coulait à flots plus rugissants encore que pendant les réceptions du Nouvel Ordre, jouait aussi son rôle … Un alcool dont on lui tendait déjà un verre mais qu'elle repoussa nerveusement et dans un grognement boudeur. Ils n'étaient pas venus danser ? Si ? Oui mais visiblement pas que... Du moins si elle en croyait les attitudes pour le moins indécentes et ô combien sensuelles auxquelles ses amies de corps de ballet se livraient devant des mâles qui en redemandaient volontiers. Parade érotique qui ne la mettait que plus encore mal à son aise et lui refilait la chair de poule et une irrépressible envie de fuir ! Le 7 n'était définitivement pas un endroit fait pour elle ! Oui, elle fumait pire qu'une caserne entière de pompiers  et, oui, elle appréciait aussi de sentir de temps en temps la caresse brûlante de l'alcool à sa gorge. Mais, non, elle n'avait pas la moindre intention de rejoindre ses amis dans leur évidente chasse aux partenaires d'un soir ! Quitte à perdre sa virginité la demoiselle n'entendait certainement pas le faire avec le premier aviné venu ! Et puis c'était quoi toutes ces filles plus que dénudées qui dansaient sur les tables, aguichant ces hommes gras et aux regards lubriques ? Ces porcs qui riaient trop fort et laissaient volontairement traîner leurs mains sur les peaux dénudées quand ils daignaient glisser quelques billets dans la ficelle de ces sous vêtements qui finissaient toujours par choir...  

Non mais ça va pas ?! s'était-elle écriée en sursautant lorsqu'une main bien trop aventureuse était venu frôler pour mieux s'y poser son séant. Se retournant les yeux dardés de foudres elle n'avait pas réfléchi, cédé à une impulsivité qui ne lui ressemblait pas et flanqué à l'homme devant elle la plus cinglante et retentissante des claques Tu te prends pour qui l'abruti ?  

Pour le maître de ces lieux peut-être ? avait répondu en sifflant celui qui se frottait la joue avant que de lui jeter le plus goguenard des regards et le plus moqueur des sourires Et elle a un prénom la furie visiblement bien trop jeune et prude pour se trouver ici ? avait-il ajouté tout en laissant son regard glisser sur la plastique si parfaite de celle dont il agrippait maintenant le poignet pour mieux la ramener à lui et plonger dans son regard de jade. Son souffle qui vint caresser le visage d'Eden alors qu'il murmurait  Qu'est-ce qu'une gamine comme toi peut bien venir chercher ici ? Tu t'es perdue ? Ou aurais-tu été poussée par une envie de te perdre dans des plaisirs jusque là inconnus ?

Maître de ces lieux ou pas je te conseille vivement d'ôter ta main de mes fesses ou je te promets que la prochaine fois ce n'est pas une gifle que tu vas te prendre dans ta face de vaniteux !   son regard qui s'illuminait de mille feux alors qu'elle ajoutait, les lèvres pincées en une moue adorable A moins que tu n'ais envie de venir me rejoindre sur scène ? Un castrat ça fait toujours sensation !  

Mais c'est que ça mordrait ces petites bêtes dites moi ! s'était amusé celui qui ôtait ses mains un instant, et pour le plus grand soulagement de celle qui ne put s'empêcher de soupirer d'aise avant que de glapir quand il l'agrippa par la taille et lui arracha le plus canaille des baisers. Pour que tu gardes le meilleur des souvenirs de ton escapade la gamine ! puis alors qu'il la voyait fulminer et prête à l'injurier il l'avait brusquement repoussée et s'était détourné s'éloignant déjà Maintenant tu vas être mignonne et dégager de mon club ! Pas envie de 'm'attirer des ennuis pour une enfant frustrée qui se prend pour une rebelle ! Fous le camps la môme et ne reviens pas avant d'avoir l'âge !

Tu peux toujours rêver l'abruti !   avait-elle hurlé, les joues rubicondes, et faisant se retourner quelques personnes dont certains de ses amis. Alors que l'un d'entre eux venait à ses côtés et tentait de la calmer tout en l'entraînant vers la sortie Eden s'était débattue et hurlé à l'attention de celui qui ne la regardait plus même Jamais je ne remettrais les pieds ici ! Tu oses appeler cela un club ? Ce n'est qu'un vulgaire bordel ! Vulgaire et minable ! Tout à ton image !  

Une bordée d'injures qui s'écoulait encore des lèvres de la jeune femme qui se débattait comme une tigresse mais que ses amis, désireux d'éviter les problèmes et le scandale qui irait avec, parvenaient à faire sortir. Et, accoudé au bar, le regard du maître des lieux qui glissait discrètement par-dessus son épaule pour mieux venir jeter un dernier regard à la tornade brune. Un sourire à ses lèvres tandis qu'il faisait s'agiter le liquide ambré de son verre. Elle avait du cran et un sacré caractère la pucelle !  Et un corps pour le moins appétissant, ça aussi... Passant une main dans ses cheveux il allait se relever de son tabouret quand la barmaid, qui le connaissait bien, le retint d'un regard appuyé et d'un verre poussé devant lui.  

Ce serait une vraiment très mauvaise idée Roméo... La pire de toutes si tu me permets de donner mon avis.

Et depuis quand as-tu seulement besoin de ma permission pour l'ouvrir Tosca ?  

Avait-il répondit en affichant son plus charmeur et irrésistible regard. Celui qui faisait fondre toutes les femmes. Celui qui avait aussi, et il y avait si longtemps que la prescription était tombée, fait fondre  celle qui riait doucement  et se penchait pour mieux effleurer la joue de celui à qui elle murmurait au creux de l'oreille  

Pas avec moi mon coeur... Je connais ce regard et ce petit sourire que tu n'as jamais que quand tu es sur le point de partir en chasse ! Cette gamine te plaît... mais elle s'était redressée et se détournait déjà pour aller servir des clients quand elle ajouta en soupirant et en levant les yeux au plafond Mais si tu ne veux pas au mieux te casser les dents et au pire te faire casser tes si jolis reins je te réitère mon conseil Roméo : oublies la !

L'homme qui se mit à rire doucement mais dont le regard, plus perçant que jamais, ne quittait pas celle qui en avait déjà bien trop dit pour s'arrêter en si  bon chemin ! Tosca était une gentille fille, et elle fut une merveilleuse maîtresse, mais ce n'était pas le genre à se permettre de donner lui donner le moindre avis sur sa bien mouvementée vie sexuelle, ça non ! Alors que son amie et employée déroge à ses propres principes ne pouvait qu'intriguer celui qui la revoyait venir à lui et l'inviter d'un regard à mieux regarder ces hommes qui étaient eux aussi dans le club et qui surveillaient visiblement de très près la petite tigresse. Le sourcils de Roméo qui se fronçaient tandis qu'il s'attardait un instant sur la scène pour mieux en revenir ensuite à celle à qui il demandait, bien sérieux cette fois  

Crache le morceau ! C'est qui cette gosse ? Une exorciste en herbe ?

Depuis quand serais-tu incapable de sauter l'une d'entre eux ? Toi et moi savons que, si l'envie t'en prenait, tu pourrais même culbuter la femme du Grand Maître contre le mur crasseux des chiottes que cela ne te dérangerait pas même ! un silence qu'il lui imposa alors que, peu enclin à plaisanter ni encore moins jouer subitement, il agrippait  violemment le poignet de la jeune femme. Celle-ci, les mâchoires crispées sous la douleur tenta, mais en vain, de se dégager et finit par répondre dans un souffle bien court Ta môme si mignonne est une Corrigan ! La sœur de celui dont on dit déjà qu'il sera bientôt nommé Grand Maître à Londres...

Un rictus étrange et une flamme nouvelle qui naquit au fond des océans de jade de Roméo. Lâchant son ami, lui ordonnant de lui servir une flûte de champagne il sirota silencieusement cette dernière. Ainsi que la suivante. Et, en son esprit, naissait le plus tordu et pervers des plans. Une Corrigan hein ? Voilà qui ne rendait la tigresse que plus intéressante encore ! Entre leurs deux familles le conflit n'était pas nouveau et le jeune homme se souvenait encore très bien de toutes ces soirées où son père s'emportait contre ce type, ce journaliste moldu, qui avait si bien osé défier son propre père, Kiriel. Un fichu connard qui avait non seulement dévoyé l'héritière Gaunt mais qui, Raziel en était certain, avait certainement mené à sa perte celui dont Roméo portait le prénom. Cet oncle qu'il n'avait jamais connu, qui avait été si lâchement raflé, torturé et rien de moins que crucifié puis brûlé... Depuis ce jour là le jeune homme avait vu son père se noyer dans une haine infinie, rêver d'une vengeance qu'il n'eut jamais la chance de seulement effleurer. Roméo, en parfait égocentrique, avait toujours refusé de se retrouver mêlé à ces histoires qui, jusque là, ne le regardaient en rien. Mais jusque là uniquement... Le souvenir de cette gamine aux yeux si perçants qu'ils en devenaient fascinants... Le spectre encore bien vivace de ces courbes si délicates et ô combien tentatrices... Pourquoi ne pas allier plaisir et devoir familial ?  

Je t'aurais prévenu... soupira bruyamment celle qui l'avait regardé, perdu dans ses pensées et qui devinait déjà ce qu'il était sur le point de lui dire. Tu vas au-delà des pires problèmes de toute ta vie mon cœur... et, alors qu'il la regardait, goguenard et comme toujours si arrogant elle avait fini par hausser les épaules et murmurer en s'accoudant au zinc et en le regardant droit dans les yeux Mais puisque, de toute évidence, tu n'écouteras pas les conseils si avisés de ta pythie préférée dis moi donc ce que je peux faire pour toi …

Envoies mes hommes fourrer leur nez partout où ils pourront et surtout là où l'on ne voudra pas d'eux. Je veux tout savoir sur ma tigresse préférée... Absolument tout ! puis, un sourire carnassier accroché à son beau visage il leva sa énième flûte en un toast bien moqueur La chasse est désormais ouverte !

Mais il est une chose que le jeune homme semblait oublier un peu trop vite... La frontière qui sépare le monde des proies de celui des prédateurs est très fragile et très mince. Et il suffit parfois de presque rien pour basculer !  





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Eden Corrigan
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Eden Corrigan " On ne choisit peut-être pas de naître  mais l'on est toujours maître de  ce que l'on devient ! "  Empty
Mar 6 Fév - 7:17

Ma Vie


CHAPITRE V



Le soleil couchant venait danser dans la soie de ses si longs cheveux, y faisant naître les plus doux des reflets. Adossé négligemment au mur du théâtre, sa sempiternelle cigarette vissée à ses lèvres, il la regardait jaillir des ténèbres de son école pour mieux venir en courant se jeter à son cou. Ses mains qui s'empressent de la rattraper, de l'attirer à lui. Ce baiser aussi violent qu'impatient qu'il lui arrachait tandis que ses mains se montraient avides de redécouvrir pour mieux le caresser encore ce corps qu'elle avait fini par lui offrir. La douceur de ses lèvres juvéniles et encore si innocentes contre les siennes... La chaleur de ce corps qui répondait, mieux que toute autre, à la sienne... Et ce regard, si lumineux, qu'elle lui offrit alors qu'elle brisait leur baiser et lui demandait en riant où il l'emmenait ce soir. Il lui avait promis un weekend de rêve, non ? Un sourire qu'il ne put s'empêcher d'esquisser alors que, si tendrement que c'en était trop, il caressait son visage. Eden... Elle avait changé... S'était comme ouverte à cette vie que, depuis, elle ne cessait de dévorer à pleines dents. Et elle n'en était que plus dangereusement belle encore...

Viens ! Ce soir je tiendrais ma promesse et pendant trois longues journées et tout autant de nuit je te promets de fuir le monde et sa folie ! A partir de maintenant il n'y à plus que toi et moi ma tigresse ! Juste toi et moi …

Il n'avait rien dit mais il l'avait vue se troubler à derniers mots. Son corps longiligne qui s'était raidi et, l'espace d'une infime seconde, son visage qui s'était soudainement assombri pour presque blêmir. Un frisson glacé qu'il avait senti la parcourir alors qu'il prenait d'autorité sa main et l'entraînait vers ce bolide rutilant qui n'attendaient plus qu'eux. Il aurait oublié l'incident si, de nouveau, il n'avait pas vu sa maîtresse se crisper quand son téléphone avait vibré. Un regard qu'il lui lança, un sourire timide qu'elle lui offrit pour toute réponse. Avant que de reporter nerveusement son regard sur cet écran où s'écrivait le nom de celui auquel, pour la première fois de sa vie, elle ne répondit pas : Neil. Une hésitation avant que de réellement rejeter l'appel. Ce baiser que Roméo lui offrit, plus tendre que jamais et qui eut raison d'elle. Eden éteignit son téléphone et son amant, lui, n'en sourit que plus encore. Elle était à lui désormais... Et Neil ferait bien de s'y faire car cela n'était pas prêt de changer !  Oui, décidément, son plan machiavélique fonctionnait à merveilles !  Encore bien mieux qu'il ne l'avait espéré d'ailleurs... tellement mieux même...

Alors qu'ils roulaient à tombeaux ouverts vers ce paradis terrestre qu'il lui avait promis, Roméo eut du mal à se concentrer sur sa conduite. Ses gestes étaient encore plus nerveux que d'ordinaire, sa conduite plus sportive que jamais … et à le voir tenir son volant personne n'aurait pu deviner qu'il était sorcier ! Mais n'était-ce pas ce qu'il avait justement toujours voulu ? Devenir si parfaitement invisible et indétectable au milieu d'une foule de moldus ? Parvenir à faire oublier à tous sa réelle nature ? Si, bien sur que si... cela avait toujours été son but ! Et il y était parvenu !  Il avait réussi à se hisser bien haut dans cette société qui méprisait sa nature mais n'hésitait jamais à lui baiser les pieds tant son avis importait aujourd'hui. Dans son club sorciers, moldus et mêmes Grands Maîtres exocistes se croisaient sans jamais que cela ne dégénère. Dans son club à lui les complots les plus fous se tissaient faisant de lui ce complice bien trop avisé que tous prenaient soin de ménager. Jusqu'au plus haut du pouvoir on en venait à le craindre et on lui passait aussi bien ses incartades que ses excès, on lui octroyait ces privilèges que l'on refusait à tous les autres ! Roméo était né sorcier mais c'est dans le monde moldu qu'il était devenu un roi absolu. Certains prétendaient même que son pouvoir dépassait même celui du Grand Maître ! Et c'était vrai ! Rien ni personne ne pourrait jamais le menacer ! Rien, en effet. Personne...

Son regard qui délaissait la route pour mieux regarder celle qui chantonnait à ses côtés, cheveux au vent et les yeux grands ouverts sur ce monde qu'on aurait dit qu'elle découvrait pour la toute première fois.  Eden... Après leur première, et si explosive, rencontre Roméo était persuadé qu'il tenait avec elle la meilleure des occasions d'offrir à son père une vengeance trop longtemps repoussée. Et, pendant des semaines et avec une obstination proche de l'obsession, il avait poursuivie la gamine de ses assiduités. Mais là où n'importe quelle gourde lui aurait cédé en quelques heures elle lui avait tenu tête pendant des semaines ! Des mois même ! Elle l'avait bafoué de son indifférence glaciale, de sa morgue souvent blessante... Elle l'avait si bien poussé dans ses ultimes retranchements que, plus d'une fois, le jeune homme avait senti grouiller sous sa peau les plus viscérales des envies de meurtres ! Qu'elle lui résiste égratignait son égo, ne faisait jamais que renforcer sa détermination à la faire sienne. Totalement sienne ! Et, constatait-il dans un soupir presque coupable, il y était arrivé. Eden s'était finalement donnée, si totalement offerte que lui en manquait bien souvent de perdre la raison. Et s'il refusait de renoncer à son immonde stratagème il ne pouvait nier l'effet et l'emprise que cette fille commençait à avoir sur lui. Eden était différente... tellement différente !  

Un jour tu me feras... transplaner ? C'est bien comme cela que l'on dit ?   avait-elle soudainement demandé, le tirant brusquement et de la plus singulière des manières de ses pensées. Le pied du jeune homme qui enfonçait la pédale du frein et sa tête qui se tournait vers celle qu'il regardait avec des yeux ronds, parfaitement incapable pour une fois de dissimuler sa surprise. Elle avait dit quoi là ? Comme si elle avait pu lire en lui Eden avait ri doucement et se penchant pour mieux venir frôler les lèvres du jeune homme à chacun de ses mots elle avait répété  Un jour tu voudras bien me faire transplaner avec toi s'il-te-plaît ?    

Depuis quand une proche des exorcistes veut-elle expérimenter la magie ? avait-il bougonné, décontenancé.

Depuis que cette proche des exorcistes comme tu dis à découvert la magie de l'amour ? avait-elle murmuré achevant pour de bon de le mettre mal à son aise. Déjà il s'apprêtait à céder à ses plus vils instincts, à se prouver à lui-même plus encore qu'à Eden qu'elle se trompait quand l'intéressée le prit une nouvelle fois de court et se déroba à son étreinte pour mieux s'en retourner à sa contemplation du paysage. Alors que le soleil disparaissait derrière l'onde océane elle vait murmuré, son menton venant se poser sur ses bras croisés à la portière   En fait je me disais juste que puisque la magie coule en tes veines et que ce que tu m'apportes et m'apprends chaque jour est merveilleux ne je vois pas en quoi la magie serait mauvaise...  un autre de ces éclats de rire qui le faisaient fondre et chanceler et ce regard qu'elle lui jetait par-dessus son épaule tandis qu'il remettait le contact et reprenait leur route Des fois je me dis que Neil et les autres ont tort. Que nous avons tous tort même...   une hésitation et ces mots qui firent grommeler celui qui commençait à dire que ces trois jours promettaient d'être aussi longs que pénibles pour le monstre en lui Je suis désolée Roméo... De tout ce que mon peuple peut faire subir au tien. Ce n'est pas juste ! Ce n'est pas bien...    

En ce moment c'est Roméo qui ne se sentait pas être quelqu'un de bien ! Honnêtement il ne l'avait jamais été, loin de là même. Et il s'en était toujours vanté, presque glorifié ! Mais qui se trouvait soudainement bien désarmé par celle dont il ne put s'empêcher de prendre la main quand, câline, elle vint poser sa tête sur son épaule. Il détestait quand elle agissait et parlait ainsi ! Il ne la maudissait jamais plus que quand, comme maintenant, elle lui faisait miroiter un autre possible que celui auquel il peinait de plus en plus à se raccrocher ! Enfin ils arrivaient à destination et il la regarda se précipiter vers ce cabanon de pêcheur qu'il avait loué pour eux et qu'elle regardait comme s'il eut s'agit d'un palace. Quelle plaie cette fille ! Un regard qui s'attendrissait malgré lui alors qu'il la voyait s'animer, virevolter à droite puis à gauche, savourer ce si humble royaume. Elle qui avait grandi dans le confort et l'opulence, était née pour le pouvoir et la puissance n'aimait rien de plus que les plus simples des plaisirs. Quand il l'avait emmenée là où toutes ses autres conquêtes avaient succombé et s'étaient pâmées elle avait tout juste poliment souri et remercié. Mais qu'il l'emmène dans l'un de ces endroit qu'aucune de ses maîtresses n'aurait supporté plus de trois secondes et Eden semblait prendre vie, s'extasier et lui être plus reconnaissante que jamais. Aux autres il pensait offrir sa vérité et n'avait  en fait qu'offert son plus luxueux mensonge. A elle il voulait mentir et se retrouvait à offrir sa plus troublante vérité... Gênant, vraiment !

Et les mots, ceux de Tosca comme ceux de son père qui revenaient le hanter tandis qu'il courait jusqu'à celle qu'il prit dans ses bras pour mieux l'y maintenir prisonnière. Il voulait boire son souffle à ses lèvres ! Il voulait, encore une fois, se sentir enfin et si complètement vivant alors qu'il la sentirait se ployer sous ses caresses, qu'il se régalerait de chacun de ces soupirs et de ces gémissements qu'elle pousserait pour lui et rien que pour lui... Il voulait la posséder. Là, maintenant et tout de suite. Il la voulait. Aujourd'hui et demain et tous les jours qui suivraient... Et peu importait bien que son amie et son père aient au final raison... Peu lui importait qu'il soit en effet incapable de mener à son terme son si ambitieux projet ! Parce que cette femme, il … l'aimait ? Était-ce vraiment ce mot qui tournoyait en son esprit, brûlait sa langue au point qu'il crève maintenant d'envie de le lui murmurer, de le lui hurler ? Alors qu'elle reprenait son souffle, alanguie et encore si bien offerte sur ce sable si chaud il la regarda, stupéfait. La lune venait jouer sur son corps si délicat qu'il en semblait toujours de cristal... Sur ce visage qu'il avait connu incapable d'exprimer la moindre émotion mais que, au fil des mois, il avait vu s'animer. D'abord timidement , tellement timidement... Et aujourd'hui, même si Eden semblait encore terrifiée par un monde qu'elle ne comprenait pas, lorsqu'ils étaient ensemble, elle vivait. Vraiment ! Pleinement ! Il s'amusait à penser qu'il avait fait d'une gosse une femme. Il se désespérait de réaliser qu'elle avait réussi plus terrifiant encore : elle avait fait battre son cœur de pierre. Et, oui, il l'aimait.  

Eden... avait-il commencé à se dire pour se jeter à l'eau Je...

Mais il n'eut pas même le temps d'ajouter un mot que déjà tous ses sens se mettaient en alerte. Un petit rien, un simple bruissement de feuilles et ce léger changement dans l'air... Roméo s'était légèrement redressé, jetant à sa compagne ces vêtements qu'il lui fit signe d'enfiler. Elle, ne comprenait pas, voulait le questionner quand il la musela de son regard sombre et par ce geste qu'il fit et qui la fit trembler. Sa baguette ? Pourquoi Roméo sortait-il sa baguette ? La réponse fut bientôt donnée à celle qui se mit à hurler quand elle les vit apparaître. Ces hommes pas mêmes cagoulés mais qui se précipitaient, armes au poing, vers eux. Un éclair qui jaillissait de la baguette de son amant et en fauchait un la muselant et la figeant sur place. Eden voulait voir la magie ? Elle pensait sincèrement en avoir découvert le côté merveilleux ? Alors qu'elle en découvre maintenant le plus violent et le pire de tous ! Roméo lui hurlait de s'en aller, de fuir et de foutre le camps mais elle s'y refusait. N'en était peut-être pas même capable à vrai dire. C'était comme si ses jambes, d'habitudes si légères et habiles, étaient devenues de coton et se dérobaient sous elle. C'était comme si elle ne parvenait plus à même à réfléchir, ni encore moins à agir, devant ce spectacle qui la fascinait autant que la terrifiait. Et puis ce hurlement suraigu qu'elle poussa quand elle vit un homme mettre en joue celui qui ne pouvait le voir, ayant déjà fort à faire avec deux autres assaillants. Une détonation qui claquait dans l'air. Une balle qui fendait l'air et venait se ficher dans le corps de celui qui s'effondrait au sol. Raide mort.  

EDEN !

Roméo venait de hurler, se dépêchant d'envoyer au tapis ses adversaires pour mieux se retourner vers celle qu'il découvrit à genoux dans le sable, l'arme au canon encore fumant entre ses mains tremblantes. Sa tête était baissée et au tremblement de ses épaules il sut qu'elle pleurait. Se précipitant vers elle il s'était laissé tomber devant elle, lâchant sa baguette pour mieux se concentrer sur celle qui regardait, terrifiée, le corps de l'homme qu'elle venait de tuer.  

Je... Je ne voulais pas... Je voulais pas …   son regard qui remontait, timide et effrayé, vers celui de Roméo Il... il allait tirer... sur toi...    et alors qu'il la ramenait à lui, l'enlaçait tendrement il l'écouta, le cœur aussi serré que flamboyant de la plus pure des ires Je pouvais pas le laisser te tuer... J'pouvais pas... J'pouvais pas...  

Chut... Chut... avait-il murmuré, tentant de son mieux de rassurer celle qu'il sentait sur le point de s'effondrer totalement Tu n'avais pas le choix tu m'entends ? avait-il dit tout en la contraignant à lui faire face, à lire dans ses yeux ce qu'il lui redit aussi Tu as fait ce qu'il fallait ! puis, alors qu'il regardait ce carnage qui venait si bien de mettre fin à leur escapade et qu'il devrait vite faire disparaître il s'était surpris à dire à voix haute ce qu'il aurait aimé garder pour lui Et maintenant tu la trouves toujours aussi belle ma magie hein ?

 Oui  lui avait-elle répondu soudainement bien plus sûre d'elle et en le regardant droit dans les yeux Et bien qu'elle puisse tuer … elle ne s'est faite meurtrière que pour mieux te défendre...   les yeux du jeune homme qui se fermaient et ses bras qui enlaçaient plus encore la jeune femme quand il l'entendit dire Ce ne sont pas les armes ou les baguettes qui sont mauvaises... Ce sont les hommes qui les tiennent qui le sont.   un sourire encore bien léger qui venait étirer les lèvres de celle qui achevait de démolir les si hautes protections du sorcier quand elle lui confessa si tendrement Je t'aime Roméo...    

Elle l'aimait... Roméo retint, de justesse, le plus aigu et agacé des sifflements... Elle n'aurait pas pu se taire ? Elle ne pouvait la boucler sa si adorable bouche ?! Elle l'aimait... et si Roméo s'était jamais cru béni il se sentait désormais plus que maudit. Elle l'aimait... Et lui qui crevait d'envie de lui répondre dut lutter pour retenir ces mots qui lui brûlaient aussi la langue. Trois petits mots qu'il aurait voulu lui hurler mais pas maintenant. Plus maintenant... Parce que de tels événements se reproduiraient... Parce que jamais il ne renoncerait à offrir à son père cette vengeance qui, toute sa vie, l'avait torturé tant elle lui avait échappée... Oui, Roméo entendait toujours se venger des Corrigan ! Mais, non, il ne se servirait pas d'elle. Celle qu'il avait voulu manipuler et qu'il se découvrait désormais vouloir protéger. Ironique, non ? Hier c'était la haine des siens qui l'avait poussé à vouloir briser Eden. Aujourd'hui c'est parce qu'il l'aimait que, demain, il la briserait. La vie est parfois bien cruelle... ou ne récolte-t-on jamais que ce que l'on sème ?  




CHAPITRE VI



Faut que je te parle … furent les seuls mots qu'il prononça alors qu'il surgissait dans la chambre de la jeune femme au moins opportun des moments. Ces vêtements qu'il ramassa aussi promptement qu'il les jeta rageusement à leurs propriétaires puis, sans même plus leur accorder un regard et en se dirigeant vers le salon il avait crié, visiblement impatient et de fort méchante humeur Maintenant Tosca !

Celle-ci avait soupiré, remettant un peu d'ordre dans ses cheveux et haussant les épaules pour toute réponse aux questions qu'elle voyait si bien luire au fond des prunelles sombres de son amante d'un soir. Dommage, cette fille était plutôt mignonne... Enfin, ce n'était pas non plus les filles qui manquaient... une de perdue dix de retrouvée, non ?  Jetant quelques vagues explications mais pas la moindre excuse à celle qu'elle avait déjà pour ainsi dire oubliée la barmaid se leva et enfilant rapidement ses vêtements partit rejoindre celui qui l'attendait dans son salon, un whisky pur feu à la main. Déjà ? C'était quand même un peu tôt pour picoler, même pour elle ! Et comme, contrairement à ce que laissait penser l'attitude de celui qui ne s'encombrait visiblement jamais de la moindre politesse superflue, ils se trouvaient encore chez elle... Tosca se dirigea vers le petit coin qui lui servait de cuisine et leur prépara un café. Alors qu'elle l'entendait commencer à grogner elle avait levé une main pour mieux lui signifier de se taire. Surtout qu'il se taise ! D'abord un café et une clope, ensuite ils parleraient ! Et...

J'espère pour toi que tu as la meilleure des raisons de venir ainsi foutre en l'air mon rencard en déboulant aux aurores ! puis posant un mug devant son ami elle s'était laissée tombée dans le fauteuil face à lui et, après avoir avalé une gorgée encore brûlante elle avait grommelé Et la prochaine fois, t'es mignon mon cœur, mais laisses moi au moins jouir avant que de me gâcher ma journée ! la fumée de sa cigarette qui commençait à s'élever dans les airs quand elle reprenait, visiblement en verve à défaut d'être en forme Et t'as fait quoi pour te retrouver dans un tel état ? dit- elle en haussant un sourcil et en désignant du regard ces bleus qui couvraient l'homme face à elle Tu t'es battu contre un trente-trois tonnes ou quoi ?

Ferme la ! avait-il crié au point de la faire sursauter de surprise et avant que de sortir de sa poche ce papier plus que froissé et qu'il plaquait violemment sur la table basse. Et lis !  

Alors qu'elle obtempérait silencieusement il soupira, se releva et commença à arpenter la pièce de long en large, passant et repassant ses mains dans ses cheveux déjà bien en pagaille.  

Oh putain ! fut tout ce que la jeune femme put lâcher alors qu'elle achevait la lecture du document et le reposait sur la table basse. Finalement le café ne serait jamais assez fort ! Se relevant, allant leur servir deux verres bien tassés de whisky pur feu elle amena le sien à celui qu'elle regardait avec des yeux ronds et complètement sidérée Et … tu comptes faire... quoi … maintenant ?

Eden est enceinte ! Elle est enceinte Tosca ! Alors à ton avis qu'est-ce que je peux faire hein ?

Le prend pas mal mon cœur mais... commença précautionneusement à avancer celle qui se reculait, consciente de la tornade que ses propos allaient sûrement susciter T'es sûr qu'il est de toi ? le regard de son ami qui la foudroyait sur place avant que son verre ne vole vers celle qui ne l'évita que de justesse et qui leva la main en signe de non agression Oh on se calme mon tout beau ! Je ne faisais que demander moi hein !

Evidemment que c'est le mien ! Pour qui tu la prends à la fin ? Eden n'est pas une salope ! Ma femme n'est pas une putain !

Ta... quoi ? avait-elle manqué de s'étranger et en tombant littéralement à la renverse sur son canapé déjà bien défoncé. J'ai raté combien d'épisodes moi là ? Aux dernières nouvelles tu devais la larguer ta princesse tu te souviens ? Tu devais lui briser le coeur ! La rendre malheureuse comme les pierres pour qu'elle s'éloigne de toi ! C'était pas ça le plan original ?

Ca va ferme la... avait dit celui qui ne tenait toujours pas en place et qui, après avoir nettoyé les débris de son verre, alla se servir cet autre qu'il vida d'une traite avant que de poursuivre Je sais ce que j'avais dit mais comment veux-tu que je la jette maintenant que je sais qu'elle porte mon enfant ? Notre enfant bordel !

Je sens que je vais finir par m'en manger une mais... elle se leva pour mieux aller se tenir face à celui qu'elle regardait droit dans les yeux et dont elle gratifiait la joue d'une caresse Cela fait des semaines, voir des mois que je te vois tergiverser. Un coup tu me dis que tu vas enfin la larguer et, l'instant suivant et dès qu'elle apparaît paf ! Tu fonds ! une baffe qu'elle ne chercha pas même à éviter et qui lui arracha une grimace à un instant  pour mieux la rendre le suivant. Se frottant la joue elle grommela Ca va là ? Tu te sens mieux ? puis, le repoussant violemment elle retourna se servir à son tour un verre et grommelant toujours Si t'es venu c'est quand même pas pour m'entendre te brosser dans le sens du poil mon cœur alors si ce que je te dis ne te plais pas tu connais la sortie ! puis se retournant vers lui elle s'adossa au bar et soupira On fait quoi ?

Elle finit de répéter dans une demi heure... avait-il dit en affichant son plus sibyllin sourire et en se redressant Et si on allait la chercher ? puis sortant à moitié de sa poche l'écrin dont Tosca s'empara pour mieux l'ouvrir et émettre un sifflement de surprise il le reprit, les joues légèrement rougies et, presque gêné ajouta J'ai une demande à faire...

Ah bah putain de bordel ! Si on m'avait dit qu'un jour tu te pendrais tout seul... puis, alors qu'elle le voyait se retourner, les mains dans les poches de son jean et l'air déjà prêt à mordre elle ljui avait sauté au cou et claqué une bise avant que de lui dire dans un clin d'œil complice Je sais : je la ferme ! puis, alors qu'ils sortaient pour mieux transplaner jusqu'au centre de Rome elle l'avait encore fait grogner quand elle l'avait taquiné Je pourrais organiser l'enterrement de vie de jeune fille de ta chérie ? Et, tant qu'on y est... J'savais bien que tu l'aimais la gosse !

Pour que tu tentes de la sauter ? Jamais ! Et ferme la bordel !  

Avait répondu  celui qui roulait des yeux et se demandait bien dans quel merdier il était encore sur le point de se jeter.  Et ça, non, Roméo n'avait aucune idée de ce qui l'attendait ! Aucune !  


Quelques instants plus tard


Putain fais un peu gaffe Roméo ! avait glapi celle qui s'était cramponnée à son siège alors qu'elle voyait, tétanisée, une voiture leur foncer dessus en sens inverse. Un coup de volant aussi violent que les autres, l'obstacle qui disparaissait de son champs de vision. Une bouffée d'air qu'elle savourait à sa plus juste valeur avant que de glapir de nouveau en voyant cette fois un bus de touristes se profiler à l'horizon Hey ! Ce n'est pas en nous tuant au volant de cette boîte à moteur que tu pourras lui être du moindre secours !

Peine perdue, son ami ne l'écoutait plus depuis belle lurette. Depuis que, sur une intuition quelque peu tardive pour le coup, il avait rallumé ce portable qu'Eden lui avait offert et dont il oubliait si souvent l'existence que c'était à peine s'il s'en servait... Aujourd'hui, il aurait du. Le compteur de messages qui avait grimpé en flèche, faisant rire aux éclats ceux qui eurent cependant bien vite fait de se taire une fois qu'ils eurent commencé à les écouter !  La voix d'Eden, si faible qu'elle en était presque inaudible et qui le suppliait de décrocher, de lui répondre. Des hurlements derrière qui couvraient sa voix et ces mots qu'ils l'avaient finalement entendue sangloter. Elle l'appelait... encore et encore... Dans l'un d'eux elle pleurait, expliquait être parvenue à s'échapper de la scène et à rejoindre ces coulisses où elle se cachait. Le bruit d'une détonation bientôt suivie d'une seconde. Les hurlements qui gagnaient en intensité, se faisaient morbide mélopée seulement interrompue désormais par ces sanglots qui suivaient ces bruits sourds que Tosca et lui avaient eu vite fait d'identifier. Le bruit de corps qui s'affalaient, sans doutes raides morts. Atroce sensation que de revivre, à rebours, l'horreur que, bien qu'ils n'en disent rien, ils craignaient tous deux de découvrir. La voiture qui se cabrait presque alors que Roméo enclenchait un autre rapport et faisait feuler un peu plus le si puissant moteur. Mais dans une artère aussi fréquentée que la Via Nazionale même une Ferrari se retrouvait parfois aussi lente qu'un escargot !  

Pourquoi on a pas transplané par Merlin ! Pourquoi ? maugréait-il plus pour lui-même que pour celle qui lui répondit néanmoins, livide et le cœur au bord des lèvres  

Parce que dans son état et vu son manque quasi-total de pratique tu voulais éviter à Eden de transplaner au retour ... le regard noir qu'il lui jeta alors que, déboîtant, il prenait la file en face et accélérait encore Et je sais : je la ferme...

Il valait mieux ! Roméo n'étant plus le moins du monde d'humeur à la galéjade ! Dans sa poche il pouvait comme sentir cet écrin où reposait cette bague qu'il tremblait de ne pouvoir lui donner. Dans son esprit les images se bousculaient, se télescopaient douloureusement. Le sourire radieux qu'elle avait eu le matin même alors qu'elle courait vers lui, les résultats de son test cachés derrière son dos. Son enthousiasme débordant à l'idée de cet avenir radieux qui les attendait et dont elle se languissait déjà. Et puis la tristesse, l'incompréhension et la peur au fond de ses prunelles quand elle l'avait vu blêmir au point presque de se décomposer. Il n'avait pas su répondre à sa joie... Il lui avait battu froid … Mais il ne s'attendait pas à ça ! Surtout pas ce matin où, enfin, il s'était décidé à faire ce qu'il n'avait déjà que trop retardé, repoussé. Ce matin il comptait la quitter... la renvoyer à sa bien morne mais si tranquille vie. Ce matin il voulait la protéger en lui brisant le cœur et, comble de l'ironie, il y était presque parvenu. Encore ses yeux de chat malheureux qui le poursuivaient, revenaient le hanter au pire des moments ! Il l'avait laissée partir... Laissée se rendre à ses cours et à cette répétition où il avait promis de la rejoindre. La repoussant même quand elle avait voulu venir lui offrir ses lèvres. Et elle était partie. La tête baissée, le regard noyé de ces larmes qu'elle avait du refouler, bien trop fière pour pleurer devant lui. Les avait-elle laissées couler ensuite ?  

Merde , merde , merde et merde !  

S'emportait-il maintenant alors qu'il se retrouvait bloqué dans un tel embouteillage qu'il leur faudrait pas moins d'une bonne heure pour parvenir à s'en extirper cette fois. Une heure ? C'était à peine s'ils avaient encore une poignée de minutes devant eux ! Et encore si... Les hurlements qu'il l'avait entendue pousser avant que le téléphone ne lui échappe des mains et que la communication ne soit interrompue... Ses mâchoires qui se crispaient tandis qu'il ouvrait sa portière à la volée et se mettait à courir dans le traffic, tentant de rejoindre une ruelle où Tosca et lui pourraient transplaner à l'abri des regards. Mais les artères dégorgeaient de badauds et touristes et trouver un endroit tranquille leur aurait pris trop de temps. Agrippant le bras de celle qui venait de le rejoindre en courant, n'écoutant absolument rien de ces protestations qu'elle lui jetait, paniquée, il les fit transplaner. Pour mieux les faire s'écraser lamentablement, et douloureusement, sur cette scène où l'horreur les attendait déjà. Un peu sonné par la violence de l'atterrissage le jeune homme se massait la nuque douloureuse, tentait de retrouver le contrôle de son corps endolori. Mais le cri qui s'éleva et le fit sursauter, ce fut Tosca qui le poussa quand, encore affalée sur le sol ses yeux s'étaient rouverts sur ce sang qui coulait jusqu'à maculer ses mains et qui n'était que l'avant goût de tout le reste.

Putain... Mais qu'est-ce... Qu'estce qu'il s'est passé ici ? Oh mon Dieu !  

Les mots sortaient dans sa bouche sans qu'elle puisse seulement les retenir. Les yeux écarquillés au point de sembler exorbités, la jeune sorcière s'était relevée, tournoyait sur elle-même comme une toupie déglinguée, découvrant l'ampleur du carnage. Où que ses yeux se posèrent ce n'était jamais que pour mieux découvrir les corps de ces innocents fauchés en plein vol. Et, à en juger par ce qu'ils découvraient, les deux amis devinaient aisément que qui qu'aient pu être les monstres responsables de cela ils ne s'étaient pas contenté de tirer sur leurs victimes ! Tandis que Tosca, n'en pouvant plus, vidait le contenu de son estomac à ses pieds Roméo, lui, se précipitait vers le cadavre le plus proche. Celui d'une fille brune reposant face contre terre. Non ! Ca ne pouvait pas être elle … Eden était plus grande. Plus fine aussi ! Son cœur qui loupait un battement alors qu'il se décidait à retourner le corps si atrocement blessé qu'il en semblait mutilé... Il ne faisait pas que sembler d'ailleurs... il l'était. Et, comme le prouva son profond soupir de soulagement, il n'était pas celui de celle qu'il appelait maintenant à pleins poumons.

Eden ! Eden !  

Mais l'écho de sa propre voix, déformée et comme fêlée, fut la seule réponse qu'il obtint. Tosca, surmontant son dégoût profond et endiguant sa fureur s'était elle aussi mise en quête de celle que les deux amis tremblaient de trouver à chaque fois qu'ils retournaient un corps pour mieux voir ceux qui reposaient en dessous. Des corps, encore et encore... Figés dans la terreur et la plus indicible des douleurs... Des corps mutilés et, pour certains même, brûlés avec ce qui semblait bien être de l'acide. Non mais quelle bande de malades pouvait bien se balader avec des ballons d'acide sur eux ? Comme si la réponse n'était pas évidente ! Les Exorcistes évidemment ! Quant à la raison de leur venue en ces lieux, elle non plus n'était pas bien difficile à deviner...  

Roméo... avait doucement murmuré celle qui venait à lui, les yeux bien bas et, entre ses doigts ce téléphone qu'elle tendit au sorcier. Ca ne veut rien dire ! tentait-elle de calmer, encore plus que d'apaiser, celui qu'elle sentait sur le point d'exploser. Le téléphone qu'il jetait au sol avant que de le faire exploser d'un sortilège et Tosca qui continuait de parler, montrant ces dizaines de corps qu'ils venaient de passer en revue Elle a pu s'enfuir ! Eden est maligne et agile ! Si ça tombe...

TAIS TOI ! avait-il hurlé avant que de répéter, plus doucement cette fois S'il-te-plaît Tosca... Tais-toi... la jeune femme qui obtempérait se trouvant pour une fois bien désemparée devant la détresse de cet ami qu'elle sentait sur le point de se noyer C'est ma faute... Si j'avais pas réagi comme un crétin ce matin... Si j'avais su lui dire ces seuls mots qu'elle attendait de moi... Rien que trois putains de mots Tosca ! C'était tout ce qu'elle me demandait ! avait-il de nouveau crié tandis que sa baguette sévissait encore, faisait exploser tout ce qui se trouvait dans son champs de fureur plus encore que de vision.  

Te blâmer ne servira à rien et tu le sais... avait, prudemment, avancé celle qui venait à lui et posait sa main sur la baguette du jeune homme pour mieux la faire se baisser Et ce n'est certainement pas ce qui t'aidera à la retrouver ! Si son corps n'est pas ici alors c'est qu'ils l'ont emmenée. A nous de trouver où...   une hésitation qui précéda ces mots qu'elle soupira, bien trop consciente de ce qu'ils allaient déclencher Ensuite, je te le promets, nous irons la chercher.

Tu me connais assez pour savoir que je me contenterais pas de la récupérer n'est-ce pas ? avait il dit, plus sérieux que jamais et irradiant de cette haine que Tosca ne lui connaissait pas. Un regard qui lui jetait et ces mots qu'il lui offrait. Ultime opportunité pour elle se sortir de ce jeu tant qu'elle le pouvait encore Je détruirai ce système dictatorial qui aura permis que de tels monstres agissent en toute impunité ! Je détruirai leur ordre et tous les abrutis à y croire encore ! Je trouverai leurs femmes et leurs enfants et je les ferai payer eux aussi ! un haussement de sourcils chez celle qui ne le connaissait que trop pour ne pas le croire tandis qu'il achevait, en une promesse que Tosca savait d'ors et déjà qu'il tiendrait Et quand ils ne seront plus que des ombres apeurées alors je les trouverai et, les uns après les autres, je les dépècerai et les enverrai rôtir en enfer ! un sifflement qui lui échappait alors qu'il se jurait Et Neil Corrigan sera le dernier à payer !

Et pourquoi ne commencerais-tu pas par moi Roméo ? avait lancé, goguenarde, cette voix qui les fit tous deux se retourner pour mieux découvrir celui jaillissait des ténèbres pour mieux s'avancer dans la lumière. Celui qui, alors qu'il voyait les baguettes se dresser dans sa direction avait baissé la tête vers celle qui semblait inconsciente entre ses bras et dont il baisa si furtivement les lèvres Allons... Je pense pouvoir dire qu'aucun de nous ne voudrait voir le moindre malheur arriver à Eden n'est-ce pas ?

Enfoiré ! Si jamais tu as osé …

Si jamais j'ai osé quoi Roméo ? avait à son tour persiflé celui qui ne détournait pas le regard, le gardait si parfaitement ancré à celui de l'homme à qui il jetait maintenant, empli de dédain autant que de haine  Jamais je ne pourrais lui faire le moindre mal, moi ! Peux-tu en dire autant ?

Ne l'écoutes pas. Il ne cherche qu'à te provoquer ce crotale ! persiffla celle qu retrouvait soudainement toute sa contenance et refusait d'abaisser sa baguette Il est seul et désarmé ! Il ne peut rien faire contre nous !  

Vraiment ? avait ri tout en adressant au tandem sorcier le plus sardonique de ses sourires C'est vraiment, mais alors vraiment très mal me connaître ma chère !  

L'instant d'après une balle qui jaillissait des ténèbres et venait percuter en plein ventre celle qui s'effondrait à genoux, blessée. Alors que Roméo se précipitait vers son amie il vit les complices meurtriers de Neil sortir de l'ombre. Cinq en tout. Tous armés. Les forces ne jouaient pas en la faveur de celui qui, après avoir dispensé les premiers soins de guérison à Tosca l'aidait à se relever et, sa baguette toujours à la main, exigeait  

Et si tu me disais à quoi rime tout cette si grossière mise en scène hein l'exorciste ? riait autant que se pavanait celui qui, s'éloignant de sa complice, venait de lancer sa baguette aux pieds de son rival et qui s'avançait, les bras ouverts en une énième provocation Si tu avais voulu nous tuer tu en avais largement le temps et l'opportunité. Alors ? Jouons cartes sur tables toi et moi ! ses bras qui s'abaissaient le long de son corps tandis qu'il réitérait sa question Qu'attends-tu vraiment de cette confrontation ?

Avoir le plaisir de t'expliquer de vive voix les raisons pour lesquelles tu as d'ors et déjà tout perdu le sorcier ! puis ses lèvres qui se relevaient légèrement tandis qu'il bottait en touche  Tout comme, avant toi, ton père, tes oncles et jusqu'à tes grands-parents ont toujours tout raté ! Tout perdu ! Une lignée d'incapables et de perdants voilà ce que vous êtes !  un rire plus tonitruant encore et ces mots qu'il lança comme les plus acérées des piques D'ailleurs, fais moi plaisir Roméo : le jour où tu crèveras comme le chien que tu es et que l'enfer t'avalera salue donc de ma part cet oncle dont tu portes le prénom et que j'ai pris le plus grand des plaisirs à voir mourir. Lentement... si lentement qu'à la fin il pleurait comme une fille !

Espèce de … fulminait déjà celui que Tosca, blessée et tout juste consciente, savait ne plus pouvoir retenir. Roméo s'était précipité, réduisant pour ainsi dire à néant la distance entre lui et ce type qui se servait encore une fois d'Eden comme d'un bouclier. Tu te prends pour un homme mais tu te caches derrière le corps de celle que, comble de l'hypocrisie, tu prétends si fort aimer ? ces mots que le sorcier crachait maintenant à la face de celui qui tremblait de fureur, perdait lui aussi de son si légendaire sang froid Allez Neil ! Prouves donc à tes sbires que tu mérites ton titre de leader et viens m'affronter ! Rien que toi et moi l'exorciste ! Prouves que tu en as vraiment et viens m'affronter en un combat singulier si tu l'oses ! puis, riant à gorge déployée devant celui qui hésitait, refusait de se décider Roméo avait poussé l'outrecuidance jusqu'à lui tourner le dos et hausser les épaules tandis qu'il revenait vers Tosca, complètement sidérée. Elle savait son ami plutôt fou mais là, elle le découvrait suicidaire ! Non mais il se rendait compte de ce qu'il faisait et disait ? Apparemment oui puisque celui que plus rien ne semblait pouvoir arrêter en remettait une couche et balançait Et tu te demandes encore pourquoi Eden m'a choisi moi ? Parce que, liens du sang ou pas, ta sœur veut un homme un vrai ! Pas une larve puante et lâche !

D'accord... Là, on est morts... avait murmuré tout bas celle qui se surprenait à chercher une prière à réciter avant que celui qui n'avait été que trop provoqué ne se décide à réagir. Tu fais vraiment chier Roméo … Vraiment ! J'avais pas spécialement prévu de mourir aujorud'hui merci !

Mais si, en effet, la réaction de Neil ne se fit, cette fois, pas attendre, elle était très loin de celle escomptée par Roméo. Vraiment très loin ! Le cri de Tosca qui s'élevait au même moment que résonnai le bruit de ce corps que l'on jetait à terre. Et les yeux de la sorcière qui s'écarquillaient encore plus que ceux de son ami quand elle vit l'exorciste faire la plus cruelle démonstration de sa démence encore plus que de sa détermination. Ce corps qu'il venait si bien de jeter à terre était celui d'Eden... Celui qu'il brisait maintenant de ces coups de pieds qu'il assénait sans quitter une seule seconde des yeux celui qui se précipitait pour faire cesser cette torture. Eden gémissait dans son inconscience... comme si elle avait pu sentir ses os se briser sous la folie de son frère tant aimé.

Arrêtes ! Arrêtes espèce de malade ! Tu vas finir par la tuer ! hurlait à plein poumons celui que les hommes de l'exorciste avaient fini par retenir et maintenaient désormais fermement prisonnier. Roméo assistait, impuissant, à cette scène immonde. Je te jure que je te tuerai pour ça ! Enfoiré !

Jures tout ce que tu veux Roméo mais permets moi de t'enseigner une petite leçon : entre ce que l'on veut et ce que l'on peut il y a un monde ! aucun des muscles du visage de Neil ne bougea quand, d'un coup violent et précis du talon, il brisa la jambe de sa princesse avant que d'ajouter Et, si tu veux vraiment le savoir : oui, je préfèrerai encore voir Eden morte plutôt que de la laisser se souiller auprès de toi ! mais, alors que son adversaire ruait comme un beau diable entre les mains de ceux qui le retenaient comme deux autres retenaient Tosca l'exorciste de baissa et ramassa tendrement le corps en morceaux de celle qu'il embrassa une fois de plus avant que de la confier au dernier de ses hommes Mais j'aime ma princesse... et bientôt, quand elle aura oublié jusqu'à ton prénom, alors j'en ferais une reine parmi les reines. La mienne !

T'es cinglé, vraiment ! Jamais elle ne m'oubliera ! Jamais ! Et quand bien même...  Comment peux-tu seulement songer qu'elle te pardonnera ce que tu viens de lui faire ?

Décidément ta colère t'aveugle au point que tu n'entends décidément rien ! un rire soupiré tandis qu'il s'amusait de voir Roméo rugir et se débattre comme un beau diable tandis que son homme emmenait déjà Eden. Demain, quand elle se réveillera, Eden découvrira dans la presse le si atroce carnage commis par des sorciers au sein de son si cher théâtre. Elle découvrira les noms de tous ses camarades morts pour rien ou, plutôt, par sa faute. Et la graine du doute commencera à germer en elle. Elle se refusera tout d'abord à y croire mais quand des témoins viendront témoigner avoir vu un homme et une femme s'enfuir baguettes à la main des lieux... Des sorciers dont les descriptions vous ressembleront beaucoup d'ailleurs... Oh peut-être pas pour les autorités que je me fais fort de retenir mais bien assez pour elle, ça j'en suis certain ! puis un soupir de satisfaction qui lui échappait alors qu'il lisait dans le regard du sorcier que celui comprenait enfin A ton tour de me dire Roméo... Penses-tu vraiment qu'elle te pardonnera ces meurtres odieux commis par celui qui aura perdu la raison face à une paternité dont il ne voulait, à l'évidence pas ? Celui qui n'aura jamais fait que lui mentir, se servir de son innocence pour mieux tenter de venger tout le mal que notre famille aura fait à la sienne ? un sourire supplémentaire alors qu'il se détournait non sans ajouter Tu as perdu Roméo et c'est pour que tu puisses endurer ta défaite encore bien longtemps que je te laisse la vie sauve. Que ta vie ne soit plus jamais qu'un enfer infini, voilà ce que je veux ! Voilà ce que j'aurais !

Alors je t'emmène avec moi !  

Neil n'eut pas même le temps de réaliser ce qui se passait que déjà les éclairs fusaient de la baguette de celle que tous avaient eu bien vite fait d'oublier. Tosca était blessée, certes, mais pas suffisamment pour ne pas parvenir à se débarrasser de ses gardiens d'un sortilège aussi précis que rapide. Puis un autre qui volait pour mieux faire voler jusqu'à sa main la  baguette de Roméo. Deux éclairs verdâtres qui se suivaient et envoyaient ad patres ceux qui ne blesseraient plus jamais personne. Le troisième vint projeter celui bien trop arrogant pour avoir pu le voir venir. Les os de Neil qui craquaient bruyamment tandis que son corps retombait lourdement sur le sol. Sans même lui laisser le temps de reprendre ses esprits le sorcier s'était précipité sur lui. Cette baguette dont il hésita un moment à se servir mais qu'il finit par envoyer promener quand son regard vint se poser sur un objet qu'il appela à lui de plus informulé des sortilèges. Une main ferme qui vint saisir par le col celui qui était encore groggy et dont Roméo ramena le visage déjà en sang jusqu'au sien. Leurs regards, si semblables en ce moment précis, qui se trouvaient pour encore se défier alors que le sorcier crachait ces mots  

A mon tour de te donner une petite leçon : tu aurais du me tuer quand tu en as eu l'occasion Neil ! puis cet objet qu'il brandit avant que de le faire exploser tout contre le visage de celui qui hurlait maintenant. Il ne faut pas laisser traîner ses jouets Neil ! On ne sait jamais ce que celui qui les trouve pourrait finir par en faire ! puis le sorcier avait relâché son étreinte, se relevant et se reculant pour mieux admirer le spectacle de cet acide qui rongeait les chairs de l'exorciste. Se délectant de la souffrance, certainement indicible, de son ennemi désormais déclaré, Roméo avait ajouté en conclusion finale Et, tant que j'y suis... Si tu parviens à survivre à tes blessures et que tu te demandes pourquoi j'ai consenti à épargner ta misérable vie ... Peut-être aurais-tu du mieux m'écouter toi aussi car je l'ai promis : tu seras le dernier à crever ! Le dernier Neil ! un rire las mais satisfait qui échappait au sorcier tandis qu'il prophétisait presque Et cesses de fantasmer sur celle que tu as peut-être réussi à éloigner de moi aujourd'hui mais que, demain ou après demain, je retrouverai ! Eden n'appartient à personne et encore moins à toi ! Mais elle sera reine. MA reine ! puis, sans plus même un regard pour celui qui se tordait encore de douleur, il vint rejoindre Tosca pou mieux lui offrir son bras Tu es en état de transplaner ? avait-il demandé pour, quand elle lui ai répondu par un hochement de tête il lui sourit et murmura Alors on se casse !

Tu te rends compte de ce que tu viens de faire, n'est-ce pas ? C'est la hache de la guerre que tu viens de déterrer pour mieux la lui foutre en pleine poire !

N'était-ce pas ce que tu te languissais de me voir faire d'une manière ou d'une autre ? puis, s'amusant de la sidération de son amie il avait ajouté dans un sourire complice Depuis quand une pythie comme toi doute-t-elle seulement de ses propres prédictions ?

Depuis quand un être aussi borné que toi y croit-il ?

Depuis aujourd'hui !

Voilà qui était aussi franc que clair au moins ! Mais, alors qu'ils transplanaient enfin, Tosca ne put s'empêcher de se demander si elle devait lui parler de cette augure qu'elle venait d'avoir quelques instants plus tôt. Celle emplie de ces Entités bien silencieuses depuis un siècle mais qui, Tosca le savaient, reviendraient bientôt. Son regard qui s'écarquillait tandis que, pendant un si brève seconde, elle crut apercevoir, tapis dans l'ombre des coulisses celle qui ne pouvait pas être là. Eden ? Et qu'est-ce qu'elle fichait avec ce cheval blanc comme la mort et si translucide qu'il en semblait irréel ? Une hallucination ! Sûrement... ou pas.

Alors j'ai vu et voici qu'apparut un cheval blanc...

Heu... c'était pas dans les premiers versets de l'Apocalypse, ça ? Mince alors...





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Eden Corrigan
Nouvel Ordre
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Eden Corrigan
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Ma Vie


CHAPITRE VII



Le 2 janvier 2102,
Au Vatican,

Le rire du petit qui s'était élevé depuis ce jardin en contrebas et qu'elle regardait à défaut de pouvoir encore l'admirer. Son fils était là... radieux petit soleil perdu dans un océan de ténèbres où rien ni personne n'était jamais ce qu'il prétendait pourtant si bien être. Lui seul possédait cette candeur et cette insouciance que, bien souvent, elle lui enviait. Comme lui, Eden aurait aimé pouvoir s'en tenir aux apparences. Croire les gens sans, en permanence, chercher à se que leurs mots, souvent si éloquents, cherchaient en fait à taire. Alessandro n'était encore qu'un enfant mais, un jour, il grandirait. Et le voile des mensonges commencerait à se déchirer. A dévoiler le si hideux visage de ces êtres pour lesquels, hier encore, il aurait juré pouvoir mourir. Comme cet homme vers lequel son regard émeraude ne pouvait, encore et comme toujours, s'empêcher de voler. Celui pour qui, elle aussi, aurait pu tout donner ! Celui pour qu'elle aimait si fort et si passionnément que, oui, elle aurait pu donner sa vie pour épargner la sienne ! Celui pour qui elle sentait si bien les larmes lui monter aux yeux maintenant... De tristesse ou de fureur, telle était la question. Neil... Elle caressait de son regard encore si doux ses traits de nouveau si parfaits. Elle souriait, toujours, de le voir ainsi prendre le temps de s'occuper de ce neveu qui l'idolâtrait déjà lui aussi. Alessandro adorait son oncle … tout comme elle, bien des années plus tôt, avait adoré ce frère qui ne l'était guère. Elle aussi s'était pâmée et sentie fier de cet intérêt qu'il refusait à tous les autres mais lui offrait si bien, à elle et à elle seule. Elle aussi s'était délectée et repue de ces paroles dont il avait si bien su l'abreuver qu'elle s'en était enivrée... Oui, Eden avait idolâtré son frère ! D'ici quelques heures cet homme réaliserait leur rêve d'enfants, deviendrait Grand Mâitre...et elle, régnerait à ses côtés. Aux côtés d'un homme dont elle ne savait plus même dire si elle l'aimait ou si elle le haïssait plus fort que ce dont elle se serait jamais crue capable ! Mais, de l'amour à la haine il n'y a généralement qu'un tout petit pas... Celui qu'elle s'apprêtait à faire ? Peut-être....

~*** ~



2098,
Au Vatican,

Pendant des jours entiers, et tout autant de nuits, elle était demeurée à son chevet. Oubliant ses propres blessures, tant au cœur qu'à l'âme, pour ne plus penser qu'à lui. A lui qu'elle voyait s'agiter et souffrir dans son si profond sommeil. Lui qui avait bravé les flammes et sacrifié jusqu'à la beauté de son être pour mieux venir la sauver d'une mort certaine. Et, alors qu'elle laissait ses doigts tremblants venir effleurer, avec respect et crainte, ces cloques à sa peau ce fut la honte qui l'envahit. Celle qui, depuis qu'elle avait appris, refusait obstinément de la lâcher. Celle qui la poursuivait à chaque seconde qui s'écoulait, l'empêchait de dormir et presque de se nourrir. Neil aurait pu mourir ce jour là ! Et s'il devait au plus grand des miracles de s'en être sorti vivant elle, tout ce qu'elle voyait, c'était qu'il n'avait pris tous ces risques que par amour pour elle. Il était prêt à se sacrifier pour elle... Et elle, savait ne pas être digne de cet amour relevant presque de la pure dévotion ! Elle qui se fustigeait intérieurement pour n'être que cette gourde ingrate qui avait renié le lien si fort entre eux pour mieux s'en aller courir après le plus illusoire et éphémère des amours ! Ce bonheur dont son ventre encore si plat protégeait si jalousement les ultimes vestiges...

La colère qui était montée en elle alors que son regard glissait sur ce journal qui traînait sur la table et qu'elle aurait tant aimé pouvoir réduire en cendres ! Brûler ces feuillets qui ne lui rappelaient que trop bien sa si grande bêtise et, aussi, sa si vive déception. Roméo... Rien que de penser à lui déchirait son âme et continuait trop bien à faire furieusement palpiter ce cœur brisé qu'Eden aurait souhaité pouvoir s'arracher pour mieux le piétiner ! Lui qu'elle avait paré de toutes les vertus ! Lui à qui elle s'était ouverte plus encore qu'offerte ! A ce sorcier elle avait osé trouver les mots pour mieux lui confier ces doutes et ces peurs qu'elle n'avait jamais dits à personne, pas même à Neil … A cet homme elle avait offert ses tous premiers et si lumineux rêves... A Roméo, elle avait abandonné son cœur et son âme... Et si la plus sanglante des aurores n'était pas venue déchiqueter son trop doux rêve, alors Eden aurait été fière de lui donner un enfant !  Mais Roméo avait triché ! Menti ! Et, pire que tout, c'était sa faute si Neil se retrouvait maintenant entre la vie et la mort ! Sa faute à lui et à personne d'autre !  

Pourtant … pourtant elle peinait encore à y croire, se surprenait même à prier que tout cela ne soit qu'une regrettable erreur un affreux malentendu. L'homme qu'elle connaissait et aimait n'était pas ce monstre que tous n'avaient de cesse de lui décrire ! Sans doutes n'était-il pas un ange immaculé de tous péchés ou vices... Et la jeune femme savait parfaitement qu'il avait déjà fait couler le sang. Mais Neil et ses amis aussi tuaient parfois et, à eux, personne ne reprochaient rien ! Eux, on ne les traitait pas de monstres infâmes ! De nouveau ce journal vers lequel elle ne pouvait s'empêcher de, sans cesse, de revenir. Celui dans lequel s'étalaient, sur pas moins d'une double page, les portraits et les noms de tous ses amis morts ce jour là. Brûlés vifs dans ce théâtre. Leur maison à eux qui ne vivaient jamais que pour l'art... Ils ne voulaient que danser, chanter et brûler les planches ! Ils regorgeaient de vie et on la leur avait prise ! En incendiant ce lieu où ils avaient eu l'inconscience de se croire à l'abris. Et peut-être que si elle n'y avait pas fait entré Roméo un jour alors peut-être que rien ne serait arrivé... rien ! Ses amis seraient encore en vie, elle pourrait encore rêver d'interpréter Gisèle un jour, et Neil n'aurait pas été atrocement défiguré et n'aurait pas à se battre pour sa vie … Pourquoi ? Bon Dieu mais pourquoi avait-il fait ça ? Ca n'avait aucun sens ! Aucun, non...

Comment va-t-il ? demanda celle dont les mots firent sursauter Eden.  

Astrid... Désolée je ne t'avais pas entendue arriver... s'excusa presque la jeune femme qui ne pouvait s'empêcher de rougir, toujours aussi honteuse, alors qu'elle regardait la meilleure amie de son frère venir à sa hauteur et se pencher vers le blessé pour mieux déposer à son front un furtif baiser. Puis, alors qu'elle sentait peser sur elle le regard de l'exorciste, Eden avait bredouillé Les médecins demeurent réservés. D'après eux seul le temps et une volonté de fer pourront l'aider à se remettre vraiment.

Alors ses médecins sont des idiots doublés des plus parfaits des incompétents ! avait persiflé celle qui impressionnait toujours Eden bien qu'elles aient pratiquement le même âge. Dégainant son téléphone comme elle l'aurait fait de son arme, Astrid se tut. Juste le temps d'envoyer quelques messages. Puis, ce fait, elle ramena son regard toujours si froid à celle à qui elle annonçait dans un sourire presque dédaigneux Puisque je doute que Neil apprécierait me voir le ramener à Londres après qu'il s'en soit si vite tiré... avait-elle jeté, perfide et comme si elle avait voulu appuyer un peu plus là où elle savait très bien pouvoir faire mal et avant que de poursuivre, de nouveau aussi froide que le marbre dont elle semblait être faite C'est donc mon équipe de scientifiques, compétent eux, qui feront le voyage jusqu'à Rome ! Et, je le lui promets, nous le soignerons ! Son regard cette fois empli d'éclairs qui s'ancrait à celui de celle qui lui faisait face et à qui elle chuchotait sur le plus glacial des tons Même si toi et moi savons qu'il n'y a qu'une seule chose qui puisse vraiment lui redonner le goût de vivre. N'est-ce pas Eden ?

Je...   avait bredouillé celle qui se recroquevillait plus encore sur elle-même, se sentant plus coupable que jamais. La tête baissée et ses mains venant, presque instinctivement se poser sur son ventre où elle aurait presque pu jurer sentir la vie déjà s'éveiller, elle avait soufflé, timidement et comme l'eut fait une enfant qui savait être fautive Je suis là et... et je ne le quitterais pas.

Pas... ou plus ? attaquait encore celle qui venait près d'Eden et posait à son tour sa main sur ce ventre où elle savait se lover le plus abject des têtards. Tu comptes vraiment rester pour soutenir ton frère ou comptes-tu t'enfuir, encore une fois, dès que cette abomination de sorcier dont tu portes l'enfant réapparaîtra ?

Comment … Comment le sais-tu ? Je n'avais même rien dit à Neil !  

Réveilles toi ! Pourquoi crois-tu que Neil ait tout envoyé valdinguer à Londres pour mieux venir se perdre en cette ville aussi impie que maudite ? un mouvement aussi rapide que brusque avec lequel elle agrippa la nuque de celle dont elle ramenait le visage près du sien Neil savait... Neil a toujours su mais il t'a laissée libre ! Libre d'aller au bout de ta folie et de ton erreur ! Mon ami était persuadé que tu finirais par te reprendre, te ressaisir ! Que tu te souviendrais … De qui tu es, de ce que tu es et, surtout, que tu te rappellerais que, lui, t'aime ! les yeux de la rouquine qui se plissaient alors qu'elle persiflait avec la plus froide des rages Je lui ai toujours dit que tu ne le méritais pas... Que tu n'étais qu'une bâtarde trouvée sûrement au fond d'une benne à ordures ! Une erreur dont même les parents n'avaient pas voulue ! Et que jamais tu ne serais digne ni de son amour ni de tous ces si grandioses projets qu'il a toujours eu pour vous deux ! puis elle avait relâché son étreinte, se délectant des larmes qu'elle voyait monter aux bord des yeux de celle dont elle se détournait pour mieux se préoccuper de ce meilleur ami auprès duquel elle s'asseyait et dont elle serrait la main Peut-être qu'aujourd'hui il comprendra que j'avais raison !

Les mots de l'exorcistes avaient fait mouche, déstabiliser à l'en perdre, celle qui s'était, pendant un moment, sentie plus coupable que jamais ! Astrid avait raison, sur bien des points et la danseuse aux jambes brisées ne le savait que trop bien ! Oui, elle s'était montrée ingrate et injuste envers celui qui lui avait toujours tout donné ! Oui, aussi, elle s'était souillée en s'offrant à l'un de ces sorciers que Neil, Astrid et tant d'autres rendaient si vite responsables de tous leurs maux... Elle avait aimé Roméo, l'aimait encore sans doutes bien plus qu'elle n'en avait le droit... Et, puisque les témoins le certifiaient, elle était la seule à blâmer pour cette tragédie où tant de gens étaient morts. Si elle n'avait pas existé alors peut-être bien que Roméo et Tosca n'auraient jamais laissé leurs ires réduire en cendres cet endroit. Cette culpabilité, Eden la porterait probablement toute sa vie. Ce serait son fardeau et si, par le plus grand des malheurs, Neil ne devait jamais revenir à lui alors la jeune femme savait qu'elle ne pourrait pas s'en remettre. Mais la honte n'empêchait nullement la colère de flamboyer dans le sein de celle qui attaquait à son tour  

Hier bâtarde jetée aux ordures et demain assise à la droite d'un Grand Maître ? Admets au moins que l'ascension est pour le moins aussi admirable que vertigineuse non ?   le regard d'Astrid qui venait la foudroyer mais qui ne fit plus trembler ni même blêmir celle qui pousuivait sur sa lancée Mais je comprends que tu ne puisses saisir cela toi qui n'a jamais eu de frère pour t'aimer aussi fort que Neil peut m'aimer moi... Cependant, et si cela peut te consoler, je trouve cela admirable que ta mère ait trouvé le courage d'enfanter elle dont murmure que le père était non seulement sorcier mais des plus... comment dire...   fit mine d'hésiter celle qui assénait maintenant Divinement maudit ? le corps de l'exorciste qui se redressait et se relevait, visiblement déjà prêt à bondir sur celle qui n'en avait cure, relançait encore Encore heureux que tu sois née totalement dépourvue de cette magie que tu entends si bien anéantir aujourd'hui, non ? puis, après avoir effleuré de ses lèvres les commissures de celles de son aîné Eden avait défié Astrid une ultime fois Demain Neil fera de moi sa Reine à Rome et toi qui règneras sur Londres... qui règnera à tes côtés ? Qui serait prêt à donner sa vie pour toi ?

Espèce de.... avait commencé à grommeler celle qui fulminait désormais.

Bâtarde ? C'est ça le mot que tu cherches ? ses mains qui se reposaient sur son ventre et un sourire qui venait étirer ses lèvres fatiguées A moins que tu ne préfères une expression plus poétique comme... la putain du sorcier ?

Je trouverai l'identité du père de ton enfant et il payera Eden ! Pour ce qu'il a fait à tes camarades ! Pour ce qu'il a fait à Neil ! J'enverrais ce sorcier de malheur sur la croix et j'irais moi-même allumer le feu qui le consumera ! Je le tuerai Eden ! Je te jure que je le tuerai !

Si telle est la volonté de Dieu qui serais-je pour m'y opposer ?   un rire presque moqueur que soupirait celle qui se retirait non sans avoir botté une dernière fois en touche Mais si j'étais toi je commencerai dès à présent à prier... prier ton Dieu pour qu'il ne te tue pas en premier !   et alors qu'elle refermait la porte derrière elle, se retrouvait dans ce couloir où elle pouvait enfin baisser sa garde, Eden ferma les yeux et murmura tout bas, vraiment tout bas, une main sur son coeur et l'autre sur son ventre Et je prierai pour que, s'il existe seulement, Dieu protège ton père mon bébé... Parce que... je...  

Une phrase qu'elle ne put finir mais qui se devinait aisément. Eden aimait encore Roméo.En dépit de tous ces témoignages et ces preuves qui l'accablaient si bien. Trop bien peut-être même.  Envers et contre tous.  Roméo était peut-être bien un monstre... ou peut-être pas. Le doute venait de germer en l'esprit de la jeune femme. Le doute vis-à-vis du père de son enfant, certes. Mais aussi le doute envers tous les autres. Neil compris.  


~*** ~




Le 8 mars 2099,
Le Vatican,

Ne laissez personne entrer ! avait éructé celui qui venait d'arriver, comme toujours flanqué de ses molosses. Il était échevelé et à ses traits tirés on devinait aisément sa nervosité. Alors que le milicien le regardait, aussi effrayé qu'interdit, Neil n'avait attrapé par le col pour mieux le plaquer violemment contre le mur et grommeler entre ses mâchoires crispées au possible Si jamais je venais à apprendre que quelqu'un s'est approché de ma sœur et son enfant sans que j'en ai donné la permission c'est toi que je tiendrais pour responsable ! Et, crois-moi le troufion, tu n'as aucune envie de voir ce que je peux devenir quand je suis vraiment en colère !

Puis, non sans avoir glissé quelques mots à l'oreille de ses hommes il pénétra dans la chambre de la nouvelle maman, une femme sur ses talons. Pendant que celle-ci s'occupait d'aller visiter, ou plutôt s'assurer de la sûreté des lieux, l'exorciste s'en allait se pencher au dessus de ce tout petit berceau où son nouveau né de neveu reposait. Ses yeux qui se plissaient alors qu'il observait, sans la moindre envie de le toucher ni encore moins de le prendre dans ses bras, cette abomination si paisiblement endormie. Brun, comme sa mère... ou comme son rat puant de père ? La colère qui recommençait à gronder sous la peau de celui qui porta, presque machinalement, une main à son visage. Les soins, pour le moins miraculeux avec tout ce que cela avait d'ironique, prodigués par l'équipe d'Astrid étaient parvenus à lui rendre apparence humaine. Et, hormis les rares personnes à être au courant, nul ne pouvait désormais deviner l'insigne affront que Neil n'en revenait toujours pas d'avoir subi. Pendant des semaines, des mois, il avait enduré pire que la mort ! Des mois passés enfermés dans cette chambre stérile où il avait du s'en remettre à d'autres. Leur abandonner non seulement son corps en charpie mais surtout son avenir tout entier... Et, ça, il ne le digérait pas, ne le pardonnerait surtout jamais ! L'envie, plus furieuse que jamais, de se saisir de ce tout petit être et de faire se déverser sur lui une fureur qu'il destinait au père. Que c'était tentant ! Que cela aurait été facile aussi ! Il lui aurait suffit de poser ses mains sur cette toute petite gorge et de serrer... Le plaisir qu'il prendrait à sentir les si juvéniles os se briser sous sa poigne... La jouissance de voir la peau bleuir et se refroidir quand, si rapidement, la vie déserterait ce petit être... Oh oui ! Que cela serait bon !  

Son regard qui dévia vers celle qui s'agitait doucement dans son sommeil et qui, immédiatement, lui fit renoncer à ses si macabres intentions. Eden... Malgré toute la déception et la fureur qu'elle lui avait infligée et inspirée par sa trahison, il savait l'aimer encore. Peut-être même plus encore. Comme si sa si pathétique tentative de rébellion avait au moins eu le mérite de faire apparaître une facette de sa personnalité que le jeune homme ne pouvait nier apprécier. Il avait adoré l'enfant aux attitudes tantôt autiste tantôt si proches de la plus pure des sociopathies. Il se découvrait aimer au-delà de toute raison la femme aussi forte que fragile qu'Eden était devenue. Il aimait cette flamme de colère qu'il surprenait parfois au fond de ses iris et dont il se demandait toujours si elle lui était destinée à lui ou à cet autre homme dont elle ne parlait plus mais qu'il ne savait que trop présent encore. Dans sa tête, en son cœur et sûrement aussi sous cette peau si douce qu'il effleurait maintenant en une caresse dénuée de toute fraternité. Pensait-elle encore à son sorcier lorsque la nuit tombait et qu'elle se retrouvait seule dans son lit ? Rêvait-elle encore de ses bras et de ses caresses ?  

Tout me semble parfaitement en ordre ici. avait dit, sèchement, celle qui revenait dans la chambre et, sans même perdre du temps à regarder la jeune mère, avait désigné d'un geste du menton les fenêtres donnant sur le parc Mais cette clinique est une véritable passoire ! une pause pendant laquelle, instinctivement, elle portait la main à son arme et l'ancrait à sa paume Et tu sais que je jouerais les nounous avec plaisir mais suis mon conseil et évacues la dès que possible. Au Vatican elle et l'enfant seront en sécurité. aucun trouble tandis qu'elle ajoutait Ici je ne peux rien te garantir. Tu le sais, des attaques sont quasi quotidiennement lancées contre nous et je ne peux pas me permettre de mettre mes hommes à ta disposition. On dirait que les sorciers ne comptent pas si facilement se laisser museler cette fois... son regard qui se faisait plus perçant tandis qu'elle demandait de but en blanc Pourquoi ne t'arranges-tu pas pour te débarrasser une bonne fois pour toutes de ce type ? Je ne te comprends pas Neil ! Tu n'aurais qu'à claquer des doigts et tu sais que je me ferais un devoir, et une joie infinie, d'aller rafler Rookwood et de te le livrer, en morceaux, au pied d'une croix !

Je ne peux pas... avait-il, avec une étonnante sincérité, confessé avant que de venir offrir la plus légère des caresses à celle qui dormait encore si profondément. Elle ne comprendrait pas, n'accepterait pas... et ne me pardonnerait sûrement jamais !

Parce que tu penses sincèrement qu'elle pourra jamais te pardonner tout le … reste... ?

L'exorciste qui soutenait un instant, et silencieux, le regard lourd de questions de son lieutenant avant que de concéder dans un soupir et une dénégation de la tête sa presque perdition. Il en avait déjà bien trop fait pour qu'Eden puisse jamais lui pardonner. Si jamais elle apprenait ! Ce qui, lui vivant, n'arriverait jamais ! Alors qu'il la voyait remuer, commencer si doucement à s'éveiller il s'était prestement relevé et commençait déjà à s'éloigner quand la voix de Shelley l'arrêta  

Tu ne restes pas ?

Eden a été tellement pourrie gâtée qu'elle en a visiblement bien trop oublié la valeur de ce que je lui offre. un clin d'œil amical à sa complice de toujours avant qu'il ne sorte non sans avoir soupiré en riant Je crois qu'il est temps pour elle d'expérimenter ce qu'elle ne m'a que trop fait endurer : le manque. Viscéral et cruel et qui manque souvent de vous rendre fou. Celui qui la fera revenir en rampant jusqu'à moi...

Shelley n'avait rien dit, se contentant d'applaudir d'une gracieuse révérence le machiavélisme de celui qu'elle était fière de pouvoir nommer son ami. Puis, une fois que celui-ci eut disparu, elle était allée s'asseoir au chevet de celle qui, sans même le savoir, déclenchait les guerres plus facilement encore qu'elle ne suscitait les plus ardentes des passions. Celle qui, lors de leur première rencontre, avait d'emblée décider de la détester, de la haïr même. Un éclat de rire que la jolie blonde ne put retenir quand elle réalisait que la réaction presque épidermique ne pouvait être le fruit que d'une seule chose : la jalousie. A cette époque déjà Neil et Shelley ne se quittaient pas et la jeune fille d'alors était sans doutes la seule pour qui Neil ait jamais pu délaisser, ne serait-ce que quelques secondes, celle qui ne l'avait pas franchement bien vécu. Doux euphémisme encore quand l'on sait qu'il leur avait fallu en venir aux mains – et aux pieds- pour parvenir à régler leur différent et, au final, devenir ce qui se rapprochait fort de la plus pure et solide des amitiés. Pour autant que ces deux là sachent seulement vraiment ce que cela signifiait ou impliquait ! Mais le fait était que Shelley appréciait vraiment cette femme enfant qui venait de mettre au monde ce bébé que l'exorciste, réputée  la plus cruelle après Neil , prenait délicatement dans ses bras. Eden avait eu un fils... Un adorable bébé qui plus était ! Dommage que le père en fut cette raclure de Rookwood !  

Où est Neil ? réclamait déjà celle qui achevait de s'éveiller, les yeux encore embués de sommeil et tendant les bras pour mieux récupérer cet enfant qu'elle tenait maintenant tout contre son sein et tandis qu'elle poursuivait, la voix percluse de tristesse et de cette pointe de déception qui aurait sans doutes bien fait plaisir à l'intéressé Je pensais... Enfin j'espérais qu'il viendrait voir son neveu...

Neil est passé ma belle. avait doucement murmuré celle qui affichait son plus radieux sourire tandis qu'elle embrassait la jeune maman sur les deux joues. Pas de déclarations grandiloquentes auxquelles ni l'une ni l'autre n'auraient crues mais ce geste, bien plus sincère. Puis, alors qu'elle voyait les prunelles de son amie s'illuminer devant les mots qu'elle venait de prononcer, Shelley avait soupiré en se relevant pour mieux aller se caler contre le chambranle de la fenêtre Mais tu dormais si paisiblement qu'il n'a pas voulu te réveiller.

A peine quelques secondes et, déjà, fusaient de la bouche de la nouvelle mère, ces mots qui ne firent qu'ajouter à la furieuse envie de rire de celle qui demeurait le dos tourné pour ne rien laisser voir de sa satisfaction. Neil était un génie ! Pas même éveillée depuis deux minutes et, déjà, elle se languissait de lui !  

Il t'a dit quand il comptait repasser ? un silence presque gêné avant qu'Eden ne reprenne, d'une voix mal assurée et la tête baissée sur cet enfant qu'elle tenait si fortement entre ses bras Je pensais qu'il serait là... pour nous deux... pour le petit...

Et pour toi aussi, non ? avait dit, en se retournant et en affichant, sans même avoir à le feindre, le plus amical des airs. Avant que son amie n'ait eut le temps de répondre déjà Shelleay était assise à ses côtés et la muselait d'un doigt léger à ses lèvres Je sais que ces derniers temps les choses semblent quelque peu tendues entre vous deux... Depuis...

Depuis ce jour où il fut défiguré ? la devança celle qui ne parvenait plus à retenir ses larmes, se redressait dans son lit pour mieux reposer le petit, endormi, dans son petit lit et offrir son regard noyé à cette amie à qui elle confessait J'ai beau y avoir perdu moi aussi beaucoup je sais bien ce que tous pensent ! Que je suis fautive ! Que si Neil a failli mourir ce jour là et s'il a été si atrocement défiguré c'est ma faute ! Que je suis coupable... un sanglot qu'elle hoquetait Et je le suis Shelley... Je sais que je le suis.

Bien sur que tu l'es ma chérie ! l'avait surprise au point de faire cesser ses larmes celle qui la regardait tendrement et serrait si doucement sa main dans la sienne Rien de tout cela ne serait arrivé si Neil ne t'aimait pas et ça, même moi, je ne peux pas le nier.

Je sais cela ! Neil a toujours été un frère tellement parfait et moi je...

Non, visiblement tu ne sais pas … avait sifflé celle qui écarquillait les yeux devant la candeur si sincère de celle dont elle relâchait la main pour mieux venir ancrer son regard au sien Ce  jour là ce n'est pas le frère ni même l'exorciste qui s'est jeté dans les flammes pour courir à ta rescousse... Ce jour là c'est l'homme en lui qui a réagi, écouté son cœur...

Qu... quoi ? articulait péniblement celle qui se refusait encore à croire ce dont elle devait pourtant bien se douter... ne serait-ce qu'un tout petit peu. Sinon comment expliquer que, jusqu'au jour du drame, elle n'ait jamais parlé à Neil  que de la plus laconique des manières de cet homme avec lequel elle partageait pourtant les jours et les nuits depuis bien plus d'un an ? Mais la vérité est parfois bien trop dure à affronter … C'est n'importe quoi ! Neil est mon frère voyons ! C'est.... ridicule !

Et moi je dis que c'est toi qui est ridicule là, maintenant et tout de suite ! avait coupé court celle qui dodelinait de la tête, soupirait bruyamment comme à chaque fois qu'elle était agacée et qui poursuivait déjà Allons Eden ! Tu es une fille intelligente... brillante même ! Alors ne me dis pas que tu n'as jamais remarqué la façon que Neil à de te regarder toi et qu'il n'a pour personne d'autre ! Oses me dire, les yeux dans les yeux, que tu ne t'es, toi aussi, jamais demandé ce qu'il serait advenu de vous deux si vous n'aviez pas été élevés comme frère et sœur ? un silence pendant lequel elle laissa la jeune mère baisser le regard et s'empourprer, confirmant sans même avoir à prononcer le moindre mot ce que Shelley savait déjà Tu l'aimes...

Comme mon frère.

Foutaises ! Et ça aussi tu le sais ! Vous ne partagez qu'un nom mais dans vos veines le sang diffère !

Roméo...  

Avança alors à voix haute et bien claire celle qui relevait la tête et laissait voir ces étoiles bien trop lumineuses au fond de ses iris. Et qui ne manquèrent pas de faire se crisper celle qui demandait alors, soudainement aussi sérieuse que froide  

Le père de ton enfant ? dit-elle feignant d'ignorer une vérité qui lui était pourtant connue depuis bien longtemps. Et alors qu'elle voyait les joues de son amie rosir elle avait soupiré plus fort encore et passé sa main dans ses cheveux longs et demandé, déjà persuadée de connaître la réponse à sa question Et malgré tout cela tu continues à l'aimer ? un silence pour toute réponse et elle qui insistait, répétait Est-ce que tu l'aimes ?

Oui. Et je l'aimerais tant que l'on ne m'aura pas indéniablement prouvé sa culpabilité dans toute cette tragédie. J'aimerais Roméo aussi longtemps que l'on ne m'aura pas arraché jusqu'au dernier de mes doutes !

Donc, tu l'aimes plus que Neil... puis comme elle se refusait à seulement entendre la réponse à cette question qui lui avait échappée elle avait levé la main et reformulé Et si Roméo n'existait pas … S'il n'avait même jamais existé... Verrais-tu toujours Neil comme ton simple frère ?

Là encore un silence mais, qui, cette fois, satisfaisait bien plus celle qui sourit. Elle en avait appris bien plus qu'elle ne l'espérait et, après avoir discuté comme la véritable amie qu'elle savait aussi être, Shelley finit par prendre congé. Pour, dès le couloir rejoint, dégainer son téléphone et composer le numéro de Neil. Une conversation menée à voix plus que basse et à bâtons rompus. Et, quand elle raccrochait son visage qui se tournait, froid et impassible, en direction de ces deux hommes à qui elle demandait, chacun de ses mots faisant claquer sa langue à son palais  

Où en est la surveillance de Raziel Rookwood ? puis, comme la réponse semblait la satisfaire elle avait esquissé le plus sardonique des sourires et ordonné sur un ton qui ne tolérait ni opposition ni même la moindre question Alors tenez-vous prêts. Et, quand je vous le commanderai vous irez chercher notre invité. et, levant le doigt comme pour mieux retenir l'attention de ceux déjà suspendus à ses lèvres Et, évidemment, son nom n'apparaîtra dans aucun de nos registres. Nous nous sommes bien compris, n'est-ce pas ?

Les hommes comprenaient. Eden, elle, ne comprendrait pas tout ce qui se tramait dans son dos quand bien même elle était la pièce centrale de cette bien nébuleuse et sinistre farce. Deux rois pour une seule reine, cela en faisait toujours un de trop ! Une équation que Shelley se ferait une joie d'équilibrer. Les mathématiques avaient toujours eu sa préférence. Surtout, comme dans le cas de Roméo Rookwood, il fallait éliminer l'une des données.



~*** ~




Le 8 mars 2100
L'Opéra Bastille, Paris, France

Je me doute bien que tu ne m'écouteras pas plus qu'il y a cinq minutes mais je vais quand même te le redire : c'est une mauvaise idée Eden ! Une vraiment mauvaise, très mauvaise idée ! puis, alors qu'il la voyait suspendre sa route un instant pour mieux lui adresser son plus déterminé regard, le jeune homme avait levé les yeux au plafond en soupirant pour mieux grommeler Pourquoi faut-il que ma route ne croise jamais que celle des femmes les plus cinglées de cette fichue planète ?! un silence et un léger rire qui lui échappait tandis qu'il renonçait déjà à argumenter, haussait les épaules et murmurait sans même s'en rendre compte Et je crois que je vais devoir des excuses à Lucy... T'es encore plus folle qu'elle !

Parce que tu te trouves plus sain d'esprit peut-être ? avait tancé celle qui soupirait, à son tour agacée, et se tournant vers celui à qui elle assénait, sourire aux lèvres Infiltrer le Nouvel Ordre quand on dirige la Résistance c'est sûr que c'est vraiment moins cinglé ! puis, ancrant son regard à celui qui ouvrirait grand la bouche devant ces mots qu'elle s'apprêtait à prononcer et qui le laisserait plus que décontenancé Et niveau embrouilles sentimentales il me semble que tu es vraiment le plus mal placé pour oser me faire la leçon Adrien !  A moins que tu ne te sois enfin décidé ? Gaëlle ou Lucy ?

Non mais tu es, qui, toi à la fin ?

Crois-moi quand je te dis que c'est là une question à laquelle j'aimerais vraiment pouvoir répondre...

Le silence qui retombait entre ces deux êtres qui n'auraient sans doutes jamais du se croiser mais qui se retrouvaient, ce soir, complices d'une chose qu'ils s'apprêtaient à faire. Un bien tendre crime qui leur coûterait la vie, du moins à lui, si jamais ils venaient à être pris la main dans le sac ! Oui, Adrien en était persuadé, cette femme enfant aux côtés de laquelle il marchait à pas rapides était folle à lier ! Et il maudissait le Dieu ou le Diable qui avait bien pu la mettre ainsi sur sa trace. Cette liane comme toujours nimbée de la plus triste et mystérieuses des auras qui avait un beau matin, débarqué dans ces bureaux qu'il occupait dans le quartier général du Nouvel Ordre parisien. Son enfant dans ses bras et au fond de ses prunelles une flamme que le sorcier ne connaissait que trop bien pour la sentir flamboyer en lui si souvent. Qui que soit cette fille elle était en colère... et habitée par cette force qu'il avait immédiatement ressentie mais qui, s'il en avait été intrigué, ne le mettait pourtant pas des plus à son aise. Et ce fut pire encore quand, alors qu'ils s'étaient isolés pour mieux se parler, Eden en était venue droit au but. Elle savait. Qui il était. Et ce qu'il faisait. En fait cette fille en connaissait bien plus sur lui que nombre de gens même parmi ses plus proches lieutenants ou amis ! L'impression dérangeante qu'elle en savait même bien plus sur sa personne que lui-même n'en était encore conscient...

L'hésitation qui avait été celle du sorcier et que, une fois de plus, elle avait pressentie, devinée n'en agaçant que plus encore Adrien. Oui, il aurait pu se débarrasser d'elle … difficile à justifier ensuite vu l'endroit où ils se trouvaient et vue l'identité de la demoiselle mais pas impossible. Et Eden était certaine qu'il trouverait bien un moyen de masquer son crime. Mais, s'était-elle empressée de dire, il ne le ferait pas. Parce que dans ce panier de crabes elle était encore la meilleure des alliées qu'il pourrait jamais espérer avoir. Et elle l'aiderait, trahirait les siens en le renseignant … si, de son côté, lui consentait à l'aider. Et Adrien n'en finissait plus de se maudire de s'être aussi vite et aussi volontairement précipité dans ce piège qu'il sentait si bien se refermer sur lui en ce moment. Pour lui Eden n'était qu'une gosse pourrie gâtée qui avait trop bien fauté avec un sorcier et voulait juste pouvoir trouver un moyen détourné de s'encanailler de temps en temps... Vision ô combien trop simpliste qu'Adrien avait eut vite fait de découvrir plus complexe et tellement plus sulfureuse aussi ! Premièrement la folle n'était rien de moins que la sœur du pire des exorcistes de sa génération. Deuxièmement le sorcier qui avait eu la si merveilleuse idée de l'engrosser était un Rookwood... soit un descendant d'élus... Sublime ! Troisièmement, et histoire de poser une cerise confite dans l'arsenic, cette gamine n'était pas seulement cinglée elle était, véritablement, flippante ! Et, pour une prétendue moldue, empestait la magie à dix bornes à la ronde !  

Où est Neil ? avait encore grommelé celui qui laissait son regard errer sur ce parterre d'invités qui les protégeait peut-être des regards trop indiscrets pour l'instant mais qui, en cas de problèmes, serrait le pire des filets pour ceux qui auraient comme le plus urgent des besoins de fuir. Et ne me regardes pas comme cela tu veux ? Je n'ai aucune envie de finir rôti par ta faute !

Alors pourquoi avoir consenti à m'aider ?  

Avait rétorqué dans l'instant celle dont Adrien admirait peut-être bien l'audace mais dont il haïssait plus encore l'insolence. Décidément, il avait un don inné pour s'entourer des pires et plus ingérables spécimens d'un sexe bien moins faible que la légende le prétendait !  

Parce que j'avais le choix ? Excuses-moi mais il semble me souvenir que tu ne m'en as pas laissé le moindre ! avait-il pesté avant que de reporter son attention sur le gamin entre les bras de la jeune femme Et pourquoi tu fais ça ? Je ne te comprends pas... As-tu seulement songé que ton caprice pourrait mettre ton fils en danger ? Qu'il serait sans doutes bien mieux s'il ignorait tout de son père et se contentait de mener la si parfaite petite vie que ton frère entend lui bâtir ?

Tu prends le problème à l'envers je pense... avait-elle commencé à répliquer, s'arrêtant et ancrant son regard à celui de l'homme à qui elle demandait, aussi douce que déterminée Si tu avais un enfant... Un fils que tu n'avais encore jamais pu ne serait-ce qu'apercevoir... Un fils que l'on t'aurait arraché... N'aurais-tu pas envie de le voir, ne serait-ce que quelques minutes ?   un bref silence puis ces mots qui firent rouler des yeux à son interlocuteur Et comment peux-tu prétendre qu'Alessandro sera bien plus en sécurité au sein de cet ordre que tes amis et toi entendez, tout comme son père, si bien faire imploser ?  

Je crois que je te déteste encore plus quand tu es lucide que lorsque tu es folle...  

Avait-il soupiré, presque rieur cette-fois et en entraînant par la main celle qu'il conduisait maintenant dans les coulisses. Il leur fallait faire vite. Si leur plan fonctionnait comme ils l'avaient pensé alors, en ce moment même, Neil et ses plus proches lieutenants étaient suffisamment occupés pour ne pas se préoccuper de l'absence de celle dont ils devaient précisément préparer l'arrivée. Ce qui leur laissait tout au plus une ridicule petite heure devant eux avant qu'il ne doive rendre à son existence étrange celle dont il pouvait presque sentir la nervosité monter à chaque pas qu'elle faisait et qui la rapprochait de leur lieu de rendez-vous. Les coulisses d'un théâtre... pour jouer une pièce étrange que l'infiltré espérait juste ne pas voir tourner au carnage ! Après tout, et de ce qu'il avait fini par découvrir, ce genre de lieu n'avait jamais porté chance à ceux qui avaient eu la folie de s'aimer... Roméo... il n'aurait plus manqué qu'elle s'appelle Juliette et le cliché aurait été si parfait que même Shakespear s'en serait retourné dans sa tombe ! Mais le cynisme d'Adrien ne parvenait, pour une fois, pas à lui faire oublier la dangerosité de leur aventure. Et il regrettait, aujourd'hui plus que jamais, son idée de s'être si bien laissé exorciser ! Oh oui ! Sa baguette lui manquait vraiment beaucoup ….

Eden...

Et voilà le prince charmant qui entrait en scène... Cet homme avec qui Adrien avait eu des contacts épistolaires les dernières semaines mais qu'il découvrait pour la toute première fois. Leurs grands parents se connaissaient, avaient pour ainsi dire grandi ensemble... S'étaient épaulés pour mieux s'opposer parfois. Et, tous, avaient fini par payer le prix de ce bien empoisonné cadeau que des Entités étranges avaient décidé de leur octroyer. Impression étrange que le passé et le futur se percutaient dans ce présent qui laissait au sorcier un étrange et bien amer pressentiment. Comme si, en fin de comptes, cette rencontre que ni Rookwood ni lui n'avaient voulue entraînerait, demain, bien des choses... Et le regard du résistant qui glissait vers cette femme qui était comme figée, incapable de réagir en ce moment que pourtant elle avait si ardemment désiré. C'était elle qui avait imaginé, pensé et si soigneusement ourdi tout cela ! Elle qui avait fait des pieds et des mains pour que ce moment devienne réalité. Et, maintenant, c'était elle qui l'affrontait... dépassée et aussi perdue qu'une enfant qu'elle était sûrement encore. Cet homme qu'elle ne pouvait quitter des yeux mais dont elle refusa l'étreinte et le baiser quand il tenta de les lui offrir. Leurs regards qui se trouvaient pour mieux se fondre et qui trahissaient ce que leurs corps refusaient visiblement de s'accorder. Rookwood ne semblait guère plus à son aise d'ailleurs... Amusant, et étrange, de voir cet homme ,dont les milieux avertis louaient la détermination froide et cruelle, ne pas savoir comment se comporter devant celle qu'il avait du aimer … Non, qu'il aimait encore ça Adrien aurait pu le jurer ! L'Amour rendait-il vraiment aussi con ? Evidemment ! Et lui était le mieux placé pour le savoir...Hélas !

Quoique vous ayez à vous dire ou à faire c'est maintenant !

Avait-il lancé, énervé, et en évitant soigneusement de regarder ceux qui le mettaient vraiment mal à son aise. L'impression d'être devenu un chandelier humain qui éclairerait les retrouvailles de ceux qui se parlaient enfin. Heureusement bien trop bas pour que le sorcier, qui aurait tout donné pour être ailleurs, puisse entendre. Cette main qu'il aperçut se lever pour mieux venir caresser le visage de celle qui, cette fois, ne bougea pas, s'abandonna même à la caresse en fermant les yeux et avant que d'embrasser timidement la paume. L'enfant qu'elle avait tendu à ce père dont le visage s'illuminait maintenant. Ces gestes, délicats et emplis d'amour autant que de précautions qu'il faisaient alors qu'il se réalisait sans doutes père. Et elle qui souriait, tendrement, semblait enfin vivante. Un soupir qui échappait à celui qui ne put résister à l'envie de s'allumer une clope pendant que son regard venait, nerveusement, se poser sur le cadran de sa montre. Vite... Le temps filait et bientôt il leur faudrait partir. Un regard qu'il leur lançait à la dérobée et l'envie presque de leur dire de s'enfuir tous les trois. De quitter ces lieux et d'aller se réfugier aussi loin que possible de ce monde qui ne leur pardonnerait jamais cet amour qu'ils se portaient à l'évidence encore tellement. Au point où ils en étaient tous, lui en premier, leur fuite n'aurait pas rendu plus périlleuse une situation qui l'étai déjà tellement.  

Et peut-être bien ces tourtereaux contrariés auraient-ils décidé de fuir si, brusquement, la jeune femme ne s'était sentie mal. Provoquant la panique chez celui qui, l'enfant dans ses bras, implorait Adrien du regard. Pas la peine cependant, le sorcier infiltré se précipitant déjà pour recueillir dans ses bras le corps brûlant de fièvre de celle qui perdait déjà conscience. Et qu'il regardait d'un air inquiet et, surtout, dubitatif. Ce n'était pas la première fois qu'il la voyait ainsi chanceler, s'effondrer, comme en proie à une bien étrange maladie. Lorsqu'il avait fini par l'interroger sur ses malaises Eden avait affirmé souffrir d'une mauvaise grippe dont elle ne parvenait pas à se défaire. Mais, heureusement selon elle, Neil avait fait venir ses meilleurs médecins et ceux-ci lui avaient prescrit cette mixture qu'elle prenait depuis si sagement dès que les céphalées ou vertiges la prenaient. Cette fiole dont elle ne se séparait jamais et qu'Adrien s'empressait de chercher dans les poches de ses vêtements. Le regard de Roméo qui se faisait plus perçant alors qu'il s'en emparait d'une main et en faisait sauter le bouchon.  

Dis moi que c'est Neil qui lui fait ingurgiter ça et je crois bien que je pourrais réduire cet endroit en cendres !

Comme tu l'as déjà fait du théâtre à Rome ? C'est une manie chez toi la pyromanie ?

Ce n'était pas moi ! avait commencé à s'emporter celui qui, toujours aussi sanguin, braquait déjà sa baguette en direction de celui qui n'en trembla pas même et le laissa même poursuivre Jamais je n'aurais pu faire ça ! Jamais je n'aurais pu lui faire ça …

Mettons les choses au clair toi et moi Roméo. Je me contrefous éperdument de vos sinistres petites histoires de cœur et de fesses à toi, à elle et à son déglingué de frère ! Vous pourriez tous vous entretuer que je n'en éprouverais ni joie ni peine, c'est clair ? avait commencé à s'énerver celui qui se relevait, le corps de la jeune femme entre ses bras et en abaissant vers elle son regard tandis qu'il poursuivait Et si Eden ne m'avait pas fait chanter jamais je n'aurais consenti à l'aider ! son regard qui revenait s'ancrer à celui du sorcier face à lui et un sourire qu'il lui adressait Elle est bornée la mère de ton fils !

Ah ça oui ! avait fini par consentir celui qui se détendait finalement et s'agenouillait à son tour près du corps de cette femme qu'il regardait avec une infinie tendresse. Un baiser qu'il déposait à ses lèvres tellement tremblantes avant que de relever son regard vers celui à qui il confessait à mots couverts Bornée, chieuse à souhaits, ingérable par moments... une femme que l'on rêve souvent d'étrangler ... sa voix qui se faisait plus douce encore pour mieux rêver de la faire éternellement sienne ensuite.

Si ce n'était pas une déclaration ça ! Adrien siffla, presque admiratif de voir Rookwood ainsi parvenir à énoncer avec des mots sur ce que lui se refusait si souvent à admettre éprouver pour les deux femmes de sa vie. Et l'étrange impression que, finalement, tous les deux avaient peut-être bien plus en commun que leurs caractères et leurs choix de vie, si parfaitement opposés, pouvaient le laisser supposer. La fièvre de la jeune femme qui ne cessait de grimper et son corps qui commençait à être pris de violentes convulsions.

Le manque... avait-il dit tout en ouvrant cette fiole que les deux hommes savaient contenir la pire des drogues et des poisons mais dont Adrien entendait visiblement l'abreuver. Alors qu'il sentait peser sur lui le regard inquiet et plus que réprobateur du sorcier il avait un instant suspendu son geste J'aime pas ça plus que toi mais j'ai pas d'autre idée ni de solution ! Alors si tu en as c'est le moment de me les donner !

Je lui ferai payer pour cela aussi ! crachait en maugréant celui qui ferma les yeux au moment où il laissa Adrien administrer sa dose à celle qui toussota un instant pour le suivant s'apaiser. Comme par magie ? Non ! Ou alors la plus perverse de toutes ! Je jure que je lui ferais payer tout le mal qu'il a pu lui faire !

Vous faire... corrigea machinalement celui qui voyait la jeune femme reprendre des couleurs et commencer à s'éveiller. Et toujours ce temps qui filait, jouait encore si bien contre eux. Et la question qui lui brûlait la langue et qu'il ne put que se résoudre à poser Je me trompe si je pense que tu veux les emmener avec toi ?

Non, tu ne te trompes pas. avait consenti à répondre celui qui embrassait son fils avant que d'en faire de même avec la mère de ce dernier. Mais qui, ceci fait, reculait d'un pas. La tristesse et la fureur se le disputant au fond de ses prunelles émeraudes. Mais je ne peux pas. Pas encore. devant le sourcil que haussait Adrien il avait soupiré et reculé encore d'un pas Eden m'aime peut-être encore... avait-il dit avant que de suspendre ses mots comme s'il doutait lui-même d'un fait dont Adrien, lui, ne doutait pas le moins du monde. Mais il y a encore trop de doutes que je veux, et dois , chasser de son esprit et de son cœur. Et lorsqu'elle consentira à me revenir ce sera parce qu'elle l'aura librement choisi pas parce que je le lui aurais imposé. Je ne suis pas comme son dégénéré de frère !

Tu te rends compte que Neil ne se laissera pas faire, n'est-ce pas ? Et qu'il ne considère pas vraiment ta chérie comme sa sœur ? un grognement plus qu'éloquent pour toute réponse et Adrien qui soupirait Si tu la laisses lui revenir il continuera à la droguer et à la manipuler pour mieux la monter contre toi …

Et j'espère bien que c'est ce qui finira par le perdre. Eden est peut-être plus sensible et fragile qu'elle ne le prétend mais s'il est une chose dont je sois certain à son sujet c'est qu'elle n'est pas du genre à se laisser éternellement mener par le bout de son adorable nez ! un pas qu'il faisait dans la direction de l'intéressée mais qu'il rebroussa alors qu'il murmurait plus bas et sûrement plus pour lui-même que pour celui qui grimaça Et j'ai confiance en elle... en nous. Elle finira par comprendre où se trouve la vérité. Adrien qui allait répliquer quand Roméo l'interrompit, se détournant déjà Et je ne peux pas me permettre le luxe de passer mon temps à trembler pour elle quand je dois combattre... pour elle aussi d'ailleurs. Même si cela me tue et me fait me maudire un peu plus encore je sais qu'auprès de l'autre enfoiré elle sera plus en sécurité qu'auprès de moi.

Là, je crois que je peux te comprendre... murmurait à son tour celui qui ne pouvait s'empêcher de faire le parallèle avec sa propre vie. Chaque jour il tremblait pour Lucy. Et, chaque jour, il se maudissait et crevait de se dire que Gaëlle était plus à l'abri comme esclave qu'auprès de lui... Un sourire désabusé que s'échangeaient les deux hommes J'ai des hommes infiltrés à Rome. Je te promets qu'ils feront leur possible pour veiller sur elle.

Merci. s'était contenté de répondre en inclinant la tête celui qui allait s'enfoncer dans les ténèbres quand il se ravisa, se retourna pour mieux demander Il paraît que tu as conclu une alliance avec la résistance anglaise et Damien Mayfair ?

En effet. Tenté de nous rejoindre ? taquina, sérieusement, celui qui voyait se profiler une opportunité qu'il ne pouvait laisser s'enfuir sans tenter de la saisir Nous avons besoin de toutes les forces possibles. Et si les rumeurs sont exactes concernant tes troupes ton ralliement pourrait nous permettre de flirter avec la victoire... et de libérer celle à qui tu tiens au point de tout risquer.

Bien tenté mais je suis trop indépendant pour me rallier à qui que ce soit... pour l'instant du moins. Mais je te donne ma parole d'y réfléchir sérieusement. un geste de la main et ces paroles qui étaient très loin d'être simples promesses sans lendemain Mais d'ici là on reste en contact. Et si toi et les tiens aviez besoin d'aide tu sais où me trouver. une hésitation puis cette phrase qui fit louper plus d'un battement au coeur de celui qui plissait les yeux, interdit Tu as déjà vu la femme de Damien ?

Romy est morte...il est veuf.

C'est-ce qu'il croit en effet. Mais avec les exorcistes qui peut dire ce qui est vraiment ? puis, juste avant de transplaner il avait ajouté ces mots qui, cette-fois, firent grogner Adrien Et salues Lucy de ma part tu veux bien ?

Non mais c'était quoi ça encore ? Et pourquoi tout le monde semblait tout savoir de sa vie bien mieux que lui ? C'était agaçant à la fin ! Entre ses bras Eden reprenait enfin conscience, la tristesse au fond de ses yeux quand elle comprit qu'il était parti. Ses paupières qui se fermaient et ses bras qui s'emparaient pour mieux l'enlacer, de leur enfant.  

Il t'aime. Vraiment.  

N'avait pu se retenir de confesser celui qui se trouvait bien ridiculement romantique d'un coup. Comme si l'histoire plus que contrariée de ces deux là le touchait au final bien plus que ce qu'il aurait cru possible ou, surtout, voulu.  

Neil aussi m'aime.. avait rétorqué celle qui relevait vers l'infiltré son regard noyé d'autant de larmes que de flammes. Et l'un des deux me ment, me trahit depuis le premier jour... ses doigts qui se crispaient sur les vêtements de l'enfant tandis qu'elle poursuivait Et tant que je ne serais pas parfaitement sûre et certaine de ce que mon coeur ne cesse de me hurler alors je demeurais encore et toujours prisonnière de mes tourments.

Tu veux mon avis sur la question peut-être ?  

Non ?

Tant pis je te le donne quand même la gamine ! avait-il dit en aidant la jeune femme à se relever et à prendre la direction de cette salle où tous l'attendaient désormais. Alors qu'ils faisaient leur entrée, qu'il s'avançaient vers celui qui ne la quittait pas des yeux, la dévorait du regard et s'impatientait de la voir venir le rejoindre pour mieux se tenir à ses côtés, Adrien avait murmuré au creux de son oreille Aimer quelqu'un c'est avoir le courage de laisser l'autre libre, totalement libre, de choisir ce qui est le meilleur pour lui. Aimer c'est faire passer le bien être de l'autre avant le sien. Quitte à en crever de trouille ou de chagrin...

Elle qui blêmissait un instant et suspendait ses pas avant que de se tourner vers Adrien et de lui offrir une bien amicale bise à sa joue.  

Merci ! et alors qu'elle lâchait son bras Quand tu verras Roméo... Dis lui qu'il me manque. Vraiment. Et terriblement.

Ce sera fait gamine ! Ce sera fait...

L'instant d'après il regardait Eden courir vers celui qui n'attendait que cela et qui s'emparait d'elle avec une possessivité qui dépassait, et de loi, ce qu'un frère pouvait s'autoriser. Adrien qui grimaçait. Pour mieux sourire en enfonçant les mains dans les poches de son pantalon et en s'éloignant discrètement. Quoique ces deux amoureux aussi transis que maudits décident au final, lui savait qu'il venait peut-être bien de rencontrer celui qui, demain, serait son plus parfait allié. Et l'intuition étrange que rien de cela n'était arrivé par hasard. Que cet épisode n'était que l'un des chapitres de cette histoire commencée bien avant leur naissance à tous mais dont ils étaient sur le point de devenir les héros malgré eux. Et la certitude qu'il commençait à délirer et devait se reposer quand il vit, furtivement, la silhouette éthérée et venteuse d'un sublime cheval blanc s'esquisser aux côtés d'Eden. S'il commençait à avoir des hallucinations maintenant !  

Pourquoi ne pas croire la vérité quand t'est offerte la chance de la voir ?


Et en plus il entendait des voix ! Ou pas... Et cette hypothèse lui glaça le sang.







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Eden Corrigan
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Eden Corrigan
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Mar 6 Fév - 11:39
Welcome à la femme de ma vie ? Ange lol! Eden Corrigan " On ne choisit peut-être pas de naître  mais l'on est toujours maître de  ce que l'on devient ! "  3763080467
Ta fiche avait déjà été validée par ta marraine si je me souviens bien mais je ne peux résister à l'envie de venir m'imposer sur ta fiche. Je suis le premier à commenter et toc ! Eden Corrigan " On ne choisit peut-être pas de naître  mais l'on est toujours maître de  ce que l'on devient ! "  3102008300
Et le premier qui fait une seule réflexion sur le fait qu'en RP c'est le bellâtre italien qui domine ... Je l'emmène faire un tour dans ma Ruche et je fais de lui mon jouet Eden Corrigan " On ne choisit peut-être pas de naître  mais l'on est toujours maître de  ce que l'on devient ! "  126297626

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Neil Corrigan
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