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Neil Corrigan " Le Bien et le Mal ne vont jamais l'un sans l'autre " [FINIE]

 ::  :: Le Baptême :: Hallelujia !
Ven 9 Fév - 10:30
Neil Corrigan
ft. Sean O'Pry

Âge : 33 ans
Statut sanguin : Mêlé
Situation conjugale : Célibataire mais certainement plus pour très longtemps... Juste le temps de mettre un terme à la plus ridicule des adoptions.
Métier/études : Grand Maître de Rome
Entité abritée : aucune
Pouvoir(s) : aucun
Arme(s) : un peu de tout mais je ne me sépare jamais de mes petits et si mignons ballons remplis d'acide.
Aptitude(s) spéciale(s) : stratège hors pair et combattant aussi sadique que redoutablement efficace.
Signes distinctifs : Un tatouage qui occupe une grande partie de son dos.
Caractère

Psychopathe et/ou sociopathe tout dépend des avis ~ Obsessionnel ~ Pervers ~ Sadique ~Charmeur ~Charismatique ~ Séducteur ~ Stratège ~ Intelligent ~ Sournois ~Implacable ~ Cruel ~ Moqueur ~ Condescendant ~ Vaniteux ~ Insolent ~

La Guerre & Moi

Tout le monde pense qu'il ne s'est jamais lancé en guerre que parce que tel était le destin qu'avait, pour lui, esquissé ce père avide de revanche qui était le sien. Que ce fut pour cela que, au début, il se lança dans une guerre qu'il eut vite fait de porter au rang d'art. Et tout le monde pense, aussi, que c'est son amour inconditionnel et fou pour Eden qui le poussa à, plus ouvertement et plus férocement encore, redoubler d'ardeur dans son envie de devenir Grand Maître. Neil parvient encore à faire croire à tout le monde que c'est sa haine de la magie et des sorciers qui le motive... mais ses raisons sont toutes autres. Oui, Neil est un enfant de la guerre et il en est fier ! Mais la guerre qu'il entend mener, et remporter, n'est pas celle dont il se contrefout, en fait éperdument. Celle dans laquelle il s'apprête à, enfin, se jeter est bien plus spéciale encore. Plus meurtrière aussi. Sous elle bien des gens périront. Sous elle le monde basculera dans l'horreur pour mieux renaître. Autrement, différemment. Et c'est ce nouveau monde en devenir sur lequel Neil entend vraiment régner. Et, pour y parvenir, Neil sacrifiera absolument tout et tout le monde ! Enfin, sauf elle évidemment. Eden sera sa Reine dans ces enfers sur Terre. Qu'elle le veuille ou non !


Un peu de vous

PUF : Chouchounette, Titine ou CC.
Prénom : Un prénom chelou/i>
Âge : Ca intéresse qui, sincèrement ? Majeure c'est tout ce qui compte !
Un peu plus de vous : Je suis cinglée, ça vous va ? :P

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Neil Corrigan
Grand Maître de Rome
Grand Maître de Rome
Neil Corrigan
Emploi : Grand Maître
Date d'inscription : 04/02/2018
Messages : 8

Neil Corrigan " Le Bien et le Mal ne vont jamais l'un sans l'autre " [FINIE] Empty
Ven 9 Fév - 10:30
Ma Vie



CHAPITRE I




Nous ne sommes que les fruits d'une histoire que d'autres ont commencé à écrire bien avant notre naissance. Nous ne sommes que les héritiers de leurs fautes et péchés. Condamnés avant même que d'avoir poussé notre premier cri à porter le poids de ce qu'ils n'ont pas eu le temps ni le courage de terminer. Le destin ? Une malédiction dont nous sommes tous les jouets involontaires.


C'était il y a bien longtemps... A une époque où le monde n'en était encore qu'aux prémisses de cette guerre qui aujourd'hui le déchire trop bien. A une époque où l'espoir existait encore. Celui de vivre autrement. De trouver une autre voie que celle de ces armes qui font trop bien couler le sang et ôtent trop de vies.  A une époque où tout était encore possible...

Du moins était ce que pensait, si fort, cet adolescent qui grandissait paisiblement auprès de ses deux parents. David admirait sincèrement ce père et cette mère qui, malgré leurs natures si opposées, parvenaient à former le plus solide des couples. Gaïa et Rhys s'aimaient et, lui, était cet enfant qu'ils avaient tant craint de perdre durant les événements tragiques du 11 septembre 2001. Cette histoire, celle de leur famille, David ne se lassait jamais de les entendre la lui conter. Comment ils s'étaient retrouvés prisonniers de ce qui bouleversa à jamais la face du monde. Comment ils avaient bien manqué, une fois de plus une fois de trop, se perdre. Pour, au final, si bien se trouver. Ces mots, si pudiques, que ses parents murmuraient en se regardant dans les yeux et en nouant leurs doigts. Ces mots qui ne contaient jamais qu'une partie de toutes ces indicibles épreuves qu'il leur avait fallu surmonter, ce jour là et ceux qui suivirent, pour avoir enfin le droit de s'aimer. Et de, parce qu'ils étaient ainsi faits, continuer le combat. De cette manière qui avait toujours été la leur : en écrivant. En usant de leurs plus belles et acides plumes pour dénoncer ces torts et ces crimes qui n'épargnaient ni un côté ni l'autre. Parce qu'ils étaient des journalistes, les meilleurs ! Parce qu'ils étaient épris de justice et de vérité ! Parce qu'ils étaient ainsi, tout simplement... Rhys, avait même fini par décrocher ce Pulitzer dont il avait tant rêvé. Et, ce jour là, Gaïa et son fils étaient à ses côtés. Le couronnement de toute une carrière. L'aboutissement de toute une vie. Le début de la fin d'une vie aussi.

Car derrière la si lisse et parfaite façade des apparences, stagnaient ces eaux croupies de souvenirs que les deux amoureux avaient si bien tenté d'enterrer. Gaïa avait fini par choisir. Elle qui était née Gaunt mais avait fini par rejoindre Moldu avait choisi. Lui. Et, ce faisant, en avait rejeté tant d'autres. Tous ces êtres qui, durant son enfance et son adolescence, avaient été son tout. Ces sorciers qu'elle avait, si tendrement, aimés mais qui ne firent jamais le poids face à celui qu'elle avait, d'ailleurs, fini par épouser et dont, jusqu'à la fin, elle fut si fière de porter le nom. Si certains semblèrent comprendre et accepter sa décision d'autres, en revanche, ne l'acceptèrent jamais. Et de ce refus obstiné et quelque peu déplacé, naquit une guerre qui survivrait à chacun de ses protagonistes. Une guerre dont David fut le premier témoin mais certes pas la première victime. Jamais il n'oublierait ! A jamais resterait gravée dans sa mémoire cette soirée où ces  hommes vinrent frapper à leur porte. Il se souviendrait, toute sa vie, de cette délicieuse odeur de tarte aux pommes qui flottait dans la cuisine. C'était la préférée de son père. Sa mère était en train de mettre la table et l'appelait déjà pour l'aider quand la sonnette de la porte d'entrée avait retentit. David se souvenait qu'il dévalait les dernières marches de l'escalier quand ils les avaient vus. Ces hommes aux mines si graves qui parlaient, si bas, à celle que l'adolescent vit blêmir et trembler au point presque de s'effondrer. Et, lui, avait su. Au moment même où, laissant son regard passer par dessus son épaule tremblante, Gaïa l'avait regardé, David avait su. Son père était mort. Pire, ce fut à ce moment précis que son innocence et sa précaire neutralité périt elle aussi.

Les instants, les heures et même les jours qui suivirent sont de ceux que David tenta, de toutes ses forces, d'oublier mais qui, toute sa vie, revinrent le hanter. Sans doutes parce que ce furent ceux qui déterminèrent bien des choses. Des jours entiers à voir sa mère, jadis si forte, se muer en une ombre pâle et inconsistante qui errait entre les murs de sa propre maison. Elle le cherchait, dans le moindre des objets, des sons, se réveillait chaque nuit en hurlant à pleins poumons son prénom et en versant ces larmes que Davis eut bien vite fait de détester. Chaque fois, il se précipitait dans la chambre désormais bien froide de ses  parents et s'efforçait, de son mieux, de consoler celle qui ne pouvait pourtant pas l'être. Ne voulait même certainement pas l'être. Comme si renoncer à son chagrin était renoncer à lui. Lui qui lui manquait tant qu'elle en crevait déjà. Ses amis étaient tous venus. Lui présenter ces condoléances auxquelles elle n'avait jamais fait que répondre poliment et du bout de ses lèvres trop pâles. Et tenter de l'aider à se ressaisir, mais en vain. Hermione Granger,  Elizabeth Waldorf et même Candy et Kiriel Rookwood, tous étaient venus. Et ce fut lorsque les deux vinrent que commença à se nouer ce qui, un siècle plus tard, atteindrait peut-être pas sa conclusion mais du moins son apogée.

David était là. Il ne se rendait plus à l'Académie, trouvant tous les prétextes possibles pour demeurer auprès de cette mère qu'il aimait tant et qui avait, si désespérément, besoin de lui.  Ce jour là il bavardait avec Roxanne Granger dans la cuisine pendant que leurs mères, elles, s'entretenaient dans le salon. L'ambiance était pesante, presque étouffante, mais David s'apaisait presque aux côtés de celle qui, déjà à l'époque, était sa plus proche amie. Les voix de leurs génitrices, si basses, leur parvenaient en un écho sourd et étrange qui, toujours, venait ternir leurs conversation futiles d'adolescents tentant si bien de faire comme si tout allait pour le mieux. Et puis, encore, ces larmes et ces sanglots que Gaïa ne put retenir et qui firent soupirer l'adolescent. Encore la sonnerie de la porte d'entrée. David ne la supportait plus celle-là ! Il allait se précipiter pour ouvrir quand Hermione l'avait devancé. La surprise dans la voix de l'héroïne de guerre alors qu'elle découvrait l'identité des nouveaux arrivants. Les pas de Gaïa et sa voix qui se joignait à ce qui fut bientôt une parfaite cacophonie. Les adultes se disputaient... et pas qu'un peu ! Intrigués, et malgré le conseil pourtant avisé de Roxanne, David s'était précipité. Juste à temps pour entendre sa mère hurler à la face de l'homme ces quelques mots qu'il n'oublia jamais

C'est toi ! C'est toi qui l'a tué Kiriel !
Gaïa, je t'en prie...
Ne te mêles pas de cela Candy ! Ton mari est un putain d'assassin et toi... Comment peux-tu encore le protéger ? Après tout ce qu'il a fait ? Après ce qu'il vient de me faire?!
Je pense que vous devriez partir.
De quoi tu te mêles Granger?
De ce qui me regarde Rookwood !
Je vous en prie ! On pourrait pas agir en adultes civilisés pour une fois?

La toute petite et si frêle femme blonde avait tenté d'apaiser ce qui menaçait d'exploser. De tous les gens présents elle semblait, curieusement, la plus triste. Comme si elle avait déjà su ce qu'il finirait par advenir. Candy ne cherchait que, comme toujours, la paix. Mais, une fois de plus, elle en fut bien mal remerciée. Eperdue de douleur, Gaïa l'avait dardée de son plus sombre regard avant que de lui asséner une si magistrale gifle que la petite poupée en avait chancelé et, sans son époux pour la retenir, en serait sans doutes tombée. Kiriel Rookwood n'avait rien dit mais le regard, si sombre, qu'il avait porté à Gaïa voulait tout dire. Ce que David, lui, retint, ce furent la douceur que l'homme avait eus pour celle que l'adolescent regardait fixement. Cet homme était-il vraiment l'assassin de son père ? Sa mère en semblait persuadée, elle. Et à ce qu'il s'en dit plus tard dans le salon il semblerait qu'elle ait eu toutes les raisons de le croire. Assis sur les plus basses marches de l'escalier de l'entrée, Roxanne et David écoutaient cette conversation dont on les avait pourtant éloignés. Et, à chaque phrase, presque à chaque mot, les poings de l'adolescent se serraient un peu plus encore. Au point de lui faire mal. Au point d'en faire blanchir ses articulations. Au point de lui faire siffler entre ses lèvres pincées ces mots qu'il pensait si fort

Il paiera ! Rookwood paiera!
Et je peux savoir ce que tu comptes faire ? Je te rappelle que, à notre âge, on ne nous écoute que rarement.
Tu t'plantes Roxie ! J'connais des gens qui m'écouteront, eux!
Ah oui ? Et qui je te prie?
Les miliciens!
Et que comptes-tu donc leur dire ? Tu les as entendues, non ? Bien qu'il soit plus que probable que ce Kiriel Rookwood soit bien l'assassin de ton père il n'existe aucune preuve suffisante pour le faire arrêter.
Et toi  t'as pas entendu ? Elles ont aussi dit que sa femme était l'une des Elues, non?
David...
Ce type m'a pris mon père ! Oeil pour œil et dent pour dent, non?
Tu m'écouteras si je te dis que tu vas faire une grossière et monstrueuse erreur?
Non.

Roxanne n'avait rien ajouté, cela n'aurait servi à rien. Le lendemain David mettait ses menaces à exécution et allait dénoncer Candy Rookwood aux autorités. Il aurait pu dénoncer son époux mais, non, cela aurait été bien trop simple ! Il voulait que Rookwood paie ! Il voulait qu'il endure les mêmes affres que sa mère endurait chaque jour depuis que Rhys lui avait été si violemment ravi ! Kiriel Rookwood avait privé sa mère de son mari ? David venait de condamner sa femme. Quelques jours plus tard Candy était mise aux arrêts chez elle. Pas de Ruche pour elle ni même de procès ou d'exécution en place publique. Ce fut dans son propre jardin de Godric's Hollow que les miliciens, si bien zélés, la crucifièrent et l'immolèrent. Et sous les yeux de ces enfants que les miliciens ne trouvèrent pas.  David avait voulu venger son père. Il venait de commencer une guerre qui n'était pas prête de finir !



CHAPITRE II


Trop lent !
David ! Je t'en prie ! Laisse le respirer!
Ne te mêles pas de cela Jeny ! puis, agrippant par le col de son t-shirt l'enfant resté au sol il le remit sur ses pieds avant que de le darder de son plus sombre regard et de le pousser violemment en arrière en lui sifflant froidement Recommences!

Le sang s'écoulait de la lèvre fendue de Neil mais, pourtant, l'enfant ne pleurait pas. Cela faisait bien longtemps qu'il avait compris que se laisser aller à montrer sa douleur ou sa faiblesse à son père ne lui vaudrait jamais que plus de problèmes encore. Alors, sous les yeux noyés de larmes de sa mère, il avait essuyé d'un revers de la main ce sang visiblement indigne et, sans quitter son père des yeux, avait de nouveau serré ses poings et, une fois de plus, s'était précipité vers lui. Le premier coup qui manqua, une fois encore, sa cible et partit frapper le vide. Ce moment, infime, où Neil avait bien trop abaissé sa garde et dont son père n'hésita pas une seule seconde à profiter pour mieux lui enfoncer, si violemment, son coude dans la colonne vertébrale. L'enfant qui en grimaça de douleur, serrant un peu plus ses mâchoires pour mieux retenir, étouffer, ce gémissement qu'il sentait remonter à ses lèvres. Ne pas chanceler ! Ne pas flancher ! Pour ne pas décevoir ? Un peu. Pour ne pas perdre la face, une fois encore, bien plus sûrement en effet. Alors Neil avait encaissé sans broncher, cherchant ce souffle qui lui manquait pour, aussitôt, rendre coup pour coup. Une bagarre au corps à corps qui s'engagea entre ce père et ce fils que Jennifer regardait en pleurant plus encore. Intervenir, elle le tentait à chaque fois. Et, toujours, elle se faisait rabrouer et écarter par ces deux êtres qui se ressemblaient bien trop pour ne pas s'opposer. Son mari et son fils se battaient au point d'en faire couleur leur sang et, elle, ne pouvait strictement rien faire pour les arrêter !

Et, ça, c'est mieux?

Avait demandé le regard luisant de haine celui qui venait de décocher le plus violent des uppercut à son père et qui, le souffle court et précipité, se dressait au-dessus de lui, l'air aussi fier que satisfait. Un léger sourire qui s'esquissait aux lèvres de David avant que, d'un mouvement de jambes trop rapide pour être stoppé, il renversa la situation en faisant, une fois encore, choir son fils au sol. Un coup de pied qu'il lui asséna dans l'estomac et sous lequel l'enfant se tordit de douleur et l'homme qui dégainait son arme pour mieux la pointer sur le crâne de son fils.

Mieux. Mais tu parles trop ! Crois-tu vraiment que, sur le champs de batailles, tes adversaires prendront le temps de discuter, eux ? Non ! Eux ne sont pas bouffis d'arrogance ! Tu n'es qu'un minable paon Neil !
Je ne suis pas un paon ! Je suis ton fils ! Et je suis le meilleur!
Alors prouves le avec des actes et non des mots vains et creux !
De toute manière tu ne seras jamais satisfait ! Quoique je fasse ce ne sera jamais assez bien pour toi !
Parce que tu crois m'avoir jamais donné la moindre satisfaction ? Crois-tu vraiment que tes notes, excellentes, à l'Académie suffisent à me rendre fier?

L'enfant, blessé dans sa déjà bien grande vanité, qui soupirait son rire plus encore que son agacement et qui se relevait pour mieux confronter cet homme à qui il cracha presque ces mots au visage et sans le quitter une seule seconde des yeux.

En tous cas, moi, je me planque pas derrière des tubes à essai et des éprouvettes en attendant que quelqu'un d'autre assouvisse une vengeance que je ne suis pas foutu d'obtenir tout seul !

La fureur qui naquit au fond des prunelles azurées de celui dont le bout des doigts frémissaient sous l'envie, répressible cependant, de lui en coller une bonne en travers de son si trompeur visage d'ange. Jennifer, elle aussi, sentit son cœur louper plus d'un battement alors que, comme toujours spectatrice impuissante, elle voyait les hommes de sa vie se déchirer. Et, atteindre, ce jour là, ce qui ressemblait fort à un point de non retour. Cette fois, elle devait intervenir avant qu'ils n'en viennent à se dire des choses sur lesquelles ils ne pourraient jamais revenir ! Avant qu'ils n'en viennent à se porter ces coups que, la femme ne cessait de le craindre, un jour seraient peut-être fatals... Ces pleurs provenant de l'étage et qui firent se figer les deux combattants. Aussitôt la femme vit son enfant desserrer ses poings et déjà, se précipiter vers l'escalier. Comme toujours dès qu'il s'agissait de sa soeur. David qui le retint pourtant d'une poigne ferme à son poignet et le darda avec mépris tandis qu'il lui susurrait avec fiel

Peut-être devrais-je entraîner Eden quand elle sera en âge plutôt que toi ? Elle serait sans doutes moins médiocre!
Ne mêle pas Eden à ça ! Jamais !
Ou sinon?
Sinon, je te le jure, je te tue !
Encore des mots Neil... rien que des mots. Quand comprendras-tu la leçon ?
Le jour où ce sera fait ce sera celui où j'irais cracher sur ta tombe !
Neil !
Et toi, ne t'en mêles pas ! T'es encore plus pathétique que lui !

Une énième gifle mais que l'adolescent ne sentit pas même. Le bon côté d'en avoir bien trop reçues déjà. Son rire qui s'élevait et qui n'en contrastait que plus encore avec son regard plus sombre que jamais.

Présentes tes excuses à ta mère ! Maintenant !
Plutôt crever !
Ne me provoques pas Neil !
Sinon quoi ? Tu me tueras ? Et tu te priverais du meilleur atout que tu auras jamais pour venger grand-père?
Je vous en supplie ! Arrêtez ! Je vous en supplie !
Prétentieux !
Non, simplement réaliste. Tu as peut-être été un soldat, mais ça c'était avant ! Avant que ton ambition ne se limite à jouer avec tes béchers et tes éprouvettes ! Tu as vieilli, papa ! Et aujourd'hui, sans moi, ni grand-mère ni toi n'avez la moindre chance de mener votre vengeance à bien ! Et c'est parce que tu le sais que tu me hais autant ! Parce que, et ce ne sont pas de mots mais des faits, je suis déjà meilleur que ce que tu n'as jamais été!
Neil... arrêtes...
Non ! Il faut qu'il l'entende maman ! Il faut qu'il sache !
Vas-y. Dis moi donc!
Tu n'es plus rien et moi je ne suis même pas encore ! Tu es le passé et moi l'avenir !

David qui, pour une fois, surprit réellement son fils alors qu'il lui offrait ce regard empreint de fierté qu'il n'avait pour ainsi dire jamais eu pour lui. Et ce baiser, vraiment paternel, qu'il déposa sur le front de celui qui sentit presque son sang se glacer devant cette marque d'affection si peu ordinaire de la part de ce père qui, depuis toujours, ne l'épargnait jamais. Mais ce-jour là en comprit enfin la raison : la dureté de son père n'était pas due, comme il l'avait si bien cru, à un manque d'amour. Loin de là même. Tout ce que David voulait c'était le préparer. Lui donner ces armes dont, demain, Neil n'aurait d'autre choix que d'user s'il voulait, non seulement mener à bien leur vengeance familiale, mais aussi et surtout survivre. Et protéger cette enfant vers laquelle, l'homme le renvoyait maintenant.

Va voir ta sœur.

L'adolescent ne se le fit pas dire deux fois et, après avoir offert à ses parents l'un de ces sourires dont il se montrait le plus souvent avare, il courut se précipiter auprès de celle qu'il nommait déjà sa princesse et couvait déjà de son plus tendre, et ô combien possessif, regard. Jennifer laissa faire, regardant cette scène comme toutes les autres, en parfaite spectatrice. Ce ne fut que lorsque son fils ait disparu de son champs de vision et que ses pas eurent résonné dans l'escalier qu'elle se laissa aller à soupirer pour mieux venir à celui qui murmurait en se passant la main à sa nuque raidie sous l'effort des derniers instants.

Il sera bientôt prêt.
Mais à quel prix ? A quel prix David ! Faut-il vraiment que notre enfant nous déteste pour mieux servir les si funestes intérêts de ta mère et toi?
Tu ne peux pas comprendre...
Non, tu as raison : je ne peux pas et je ne veux surtout pas comprendre !
Les Rookwood ont assassiné mon père!
Et tu as envoyé la femme de Kiriel à la mort ! Quand est-ce que cela finira ? Quand ?!
Quand il ne restera plus un seul de ces chiens debout ! Alors, et alors seulement, nous pourrons vivre normalement.
Et s'ils venaient à en faire de même ? Si, en courant après votre foutue vengeance, ta mère et toi ne faisiez jamais qu'aggraver les choses ? As-tu jamais pensé que vous condamniez nos enfants, à tous ?
Le sang appelle le sang Jeny... Et nous ne sommes pas ceux qui avons commencé cette guerre ! Kiriel Rookwood est le seul responsable de tout ce qui s'est déjà passé, de ce qui se passe aujourd'hui et de ce qui se passera demain!
Si jamais mon fils se lance, vraiment, dans cette guerre stérile et meurtrière, alors tu seras aussi coupable que lui !
Et ce jour là, quoique tu en penses, je serais le père le plus heureux et le plus fier du monde.
Comment peut-on être fier de voir son fils, la chair de sa chair, devenir un assassin?
Pas un assassin Jeny ! Un justicier... C'est différent.

Dans le si vaste vestibule du manoir familial, assis sur les dernières marches de l'escalier de marbre, l'adolescent écoutait ses parents. Entre ses bras cette si minuscule enfant qu'il regarda en souriant. Et à qui il murmurait comme en un bien inviolable serment.

Un jour je, te le promets ma princesse, je serais vraiment prêt. A venger les nôtres... Et peut-être aussi d'eux pour qui on est que des pions ! Des pions...

Le regard de l'adolescent qui se voilait alors que, entre ses bras, la petite semblait sagement l'écouter et, même, lui sourire. Eden ne souriait jamais... sauf à lui. Déjà le lien qui les unissait se renforçait au-delà des attentes de leurs parents... au-delà du raisonnable aussi. Neil qui sourit et se baissa pour embrasser, tendrement, le front de celle à qui il murmurait en une autre promesse.

Mais, je te le promets, jamais je ne laisserais qui que ce soit t'utiliser toi ! Jamais ! un silence et comme une légère hésitation avant qu'il ne murmure encore Rien que toi et moi Eden... Rien que toi et moi ! Et le reste du monde on s'en fout!

Et Neil le pensait. Vraiment. Viscéralement. Au point que, bientôt, cela en deviendrait aussi obsessionnel que maladif.



CHAPITRE III



La porte n'avait pas même fini de voler en éclats que, déjà, les premiers éclairs commençaient à fuser de l'intérieur. Les cris des enfants alors que sifflaient dans l'air les réponses chemisées de ceux qui venaient de faire leur apparition, armes au poings et la plus glaciale des déterminations ancrée à leurs prunelles. Aucune chance... ces sorciers n'en avaient pas eu la moindre. Avant même qu'ils n'aient pu ouvrir la bouche ou esquisser le moindre geste ils étaient déjà condamnés. Une pluie de balles qui s'étaient abattues sur eux, toutes plus létales les unes  que les autres. Les femmes furent les premières à tomber. Puis vinrent ces enfants, certains en très bas âge, qui furent tués sans même la moindre hésitation par ces monstres humains qui n'en gardèrent qu'un vivant. Celui dont, le plus mauvais des rictus accroché à ses lèvres, Neil se saisit violemment pour mieux le ramener à lui. Aussitôt l'unique homme encore debout leva les mains dans sa direction, suppliant et implorant. Pitié pour sa fille... Il parlerait ! Il dirait tout mais, par pitié, qu'ils épargnent l'enfant. Nathaniel qui braquait le canon encore chaud de son arme sur le crâne de la petite tandis que la voix de Neil s'élevait dans l'air vicié de la pièce

Qui ?
Qui ? Quoi ?

Les pleurs de l'enfant qui redoublaient tandis qu'elle sentait l'arme lui brûler la tempe et voyait le doigt du tireur enfoncer dangereusement la gâchette. Ce regard qu'elle lança à son père tandis que Neil reprenait, plus impassible que jamais.

Qui a tué Gaïa Corrigan ? Dernière chance...
Je vous en prie ! Je vous en supplie ! J'ai toujours fidèlement servi l'Ordre ! Je vous ai toujours bien renseigné, non ?
On perd notre temps ! Finissons en et allons rejoindre les autres : j'ai soif!

Déjà l'exorciste reportait son regard sur celle qui s'apprêtait à abattre sans même sourciller quand Neil l'en retint d'une main à son poignet. Pas encore. Lui aussi voulait en finir mais pas avant d'avoir obtenu la confirmation de ce qu'il soupçonnait déjà. Laissant la petite aux bons soins de son complice et ami de toujours il vint à l'homme tremblant et, le fixant droit dans les yeux, son arme baissée en un signe de non agression presque rassurant, il soupira.

Pourquoi crois-tu donc que vous soyez encore en vie ta môme et toi ? Je ne suis pas un ingrat ! alors que l'homme devant lui écarquillait les yeux et que son meilleur ami étouffait le plus moqueur des rires le jeune homme avait offert son plus hypocrite et beau sourire alors qu'il prononçait tout bas Je vais donc te laisser une dernière chance de sauver votre misérable petite peau : dis moi simplement qui a tué Gaïa et je te promets que vous vivrez.

L'homme sembla hésiter une seconde avant que d'ancrer son regard sur son enfant. Il ne croyait pas Neil. Tout le monde le savait : cet homme n'avait aucune pitié ! Pas la plus petite once de compassion non plus ! Et, qu'il parle ou non, l'homme savait sa dernière heure venue. Mais peut-être épargnerait-il sa fille ? Il trahirait les siens... mais ce ne serait pas la première fois ! Et puis que ne ferait pas un père pour protéger son enfant ? Alors, la gorge nouée et la tête désormais baissée il murmure lentement

Rookwood... C'est Roméo Rookwood qui a tué cette femme.
Tu en es sûr? avait répliqué, d'un claquement de langue à son palais et les yeux désormais emplis de foudres celui qui agrippait l'homme par le col et plongeait dans son regard terrifié Est-ce encore l'une de tes fameuses rumeurs ou une certitude?
Non, non, non j'vous le jure ! Tout le monde sait que Roméo Rookwood est le responsable. Il en veut à votre famille et à juré de se venger de chacun d'entre vous ! Il...
Bon... on en a fini cette fois ? Tu as eu ce que tu voulais?

Neil qui relâchait l'homme sans même toucher à un seul de ses cheveux et faisait un signe de la tête à son ami. Aussitôt Nathaniel relâcha celle qui se précipita vers  ce père qui la serra fort contre lui.  Les retrouvailles furent aussi touchantes qu'éphémères. Alors qu'ils arrivaient sur le seuil de la maison, les deux complices se retournèrent de concert et, d'un geste assuré, logèrent leurs balles dans les deux boîtes crâniennes qui explosèrent de concert laissant la cervelle s'écouler funestement sur les deux cadavres enlacés. Sans même s'attarder sur leur carnage, prenant tout juste le temps de craquer cette allumette dont ils se servirent pour allumer une cigarette avant que de la balancer derrière eux, ils sortirent. Et, pendant que la maison commençait à s'embraser, emportant dans les flammes les traces de leur énième crime de la soirée,  Nathaniel laissa son ami prendre le volant. Pendant quelques minutes ils roulèrent en silence avant que le passager ne se décide à demander

Tu comptes faire quoi?
Allez m'en jeter une bonne avec vous, sans doutes sauter Charlize et rejoindre ma princesse. Je lui ai promis de l'emmener dîner ce soir.
Charmant programme mais je te parlais de ces chiens de Rookwood.

La tension qui transparut sur les traits de celui dont les yeux se plissèrent alors qu'il enchaînait les rapports sèchement et projetait leur bolide sur les routes sinueuses de la capitale anglaise. Ce qu'il comptait faire ? Etait-il vraiment nécessaire qu'il réponde ? Il les ferait payer ! Tous et les uns après les autres ! Puisque ces sorciers avaient décidé de déterrer, une fois de plus, la hache de guerre entre leurs deux familles, alors ils allaient être servis ! Mais, cette fois, ils n'auraient pas à affronter ce mollasson de David... Son père avait peut-être, du temps de sa splendeur désormais fanée, un adversaire digne de ce nom mais aujourd'hui il n'était plus qu'une ombre qui se perdait dans sa douleur et dans ces élucubrations sur les Entités qui n'en finissaient pas d'exaspérer l'exorciste. Oui, son père était fini ! Un peu comme toutes ces vieilles badernes de l'Ordre qui n'en finissaient plus de ronronner sur leurs lauriers flétris ! La mécanique si parfaite et destructrice de leur ordre s'était grippée, rouillée sous l'incapacité de ses dirigeants à la nourrir convenablement. Une voiture que les deux amis frôlèrent et qui les klaxonna avec fureur, les mâchoires de Neil qui se contractaient plus encore tandis qu'il soupirait rageusement

Eden s'entête à vouloir rejoindre cette satanée école de danse à Rome. Et je lui ai promis de l'accompagner pour voir ce que c'était. Elle espère me convaincre de la laisser partir là-bas....
Ta sœur te mène par le bout du nez mon pote!
En attendant que ce soit par autre chose?

Les deux amis qui rirent de concert avant que Neil n'ajoute.

En tous cas ce voyage sera la parfaite occasion pour commencer à prendre de sérieux renseignements sur ces fils de pute.
Et tu comptes t'y prendre comment ? Les Rookwood sont bien implantés et il se murmure que le club de Roméo est devenue l'endroit le plus prisé du moment. Il paraîtrait même que certains de nos hommes là-bas aiment à s'y rendre.
Et après Rome s'étonne d'être sans cesse soumis à des attaques ? Donnes un verre et une pute à n'importe quel troufion et tu verras sa langue se délier !
Il est temps que les choses changent!
Pas encore Nath... Pas encore...

Les mots qui bouillonnaient dans la bouche de celui qui, pourtant, les ravala. Neil avait raison. Ils n'étaient pas encore prêts et Nathaniel le savait. Leurs hommes progressaient bien, avaient presque noyauté chacun des quartiers généraux de l'Ordre mais ils n'étaient pas encore tout à fait assez nombreux pour s'assurer la victoire parfaite, et totale, sur ceux qu'ils entendaient renverser. Alors qu'ils arrivaient à proximité du bar où leurs amis les attendaient le blond soupira et finit par poser la question qui lui brûlait la langue

Est-ce que tu es sûr que laisser Eden partir soit une bonne idée ? Elle est encore très jeune... une hésitation alors qu'il voyait le regard de son ami se durcir et le darder froidement Je sais ce qu'elle représente pour toi mais …
Je sais ! Et le moment venu elle sera prête à nous seconder.
Ne le prends pas mal mais ta sœur n'est pas la plus enthousiaste quand on en vient à parler de notre cause...

Cette fois Neil qui perdait patience et, à peine étaient-ils tous deux sortis du véhicule qu'il attrapait son meilleur ami et le plaquait violemment contre la voiture.

Eden n'est ma sœur que parce que mon abruti de père en a décidé ainsi mais, ça non plus, ça ne durera pas éternellement!
Vas-y ! Calmes toi bordel!

Avait grommelé celui qui se dégageait d'un geste brusque et massait sa gorge presque douloureuse. Son regard, aussi glacial que celui de son ami était empli de flammes, il haussa les épaules et ajouta dans un rire soupiré

Respires mon pote ! Je disais juste que, jusque là, ta petite chérie n'a pas l'air d'avoir la moindre envie de s'engager dans notre guerre. un regard jeté en coin à Neil alors qu'il ajoutait, les paumes levées et en riant franchement cette fois Quant à votre si particulière relation... J'espère au moins que je serais ton témoin quand tu lui passeras la bague au doigt à ta petite princesse!

Comme si tu pouvais en douter ! Evidemment que tu seras mon témoin crétin! puis alors qu'ils se calmaient, s'apprêtaient à rejoindre le reste des troupes sans doutes déjà bien avinées, il se figea un moment et le plus radieux des sourires se dessina sur ses lèvres alors qu'il voyait son adolescente de sœur apparaître sur le perron du bar, aux côtés de celle que Nathaniel couvait de son plus tendre regard. Eden nous rejoindra parce qu'elle m'aime. Je suis tout pour elle ! Non?

L'instant d'après, et comme pour mieux lui donner raison, la jeune adolescente se précipitait vers lui et lui sautait au cou. Lui qui la serrait fort contre lui, s'enivrant au parfum de ses cheveux et de cette peau pour laquelle il nourrissait déjà les moins chastes des envies. Elle dodelinait de la tête, voulant savoir ce qu'ils avaient fait pour arriver aussi tard. Et lui qui, comme toujours, mentait. De la paperasse en retard. Le nez d'Eden qui se fronçait alors qu'elle glissait au sol, gardant ses doigts noués à ceux de son aîné. Son regard qui déviait, sans un mot, sur ce sang qui maculait le poignet de Neil. Lui qui soupirait, mentait encore, inventant l'une de ces excuses que la jeune fille avait toujours si aisément gobées. Elle qui sembla hésiter puis, l'entraînant vers le bar, énonçait déjà la liste de tous les plats, surtout les desserts, qu'elle comptait bien s'enfourner. Mademoiselle avait faim ! Et lui, qui riait avec une sincérité et une tendresse tout ce qu'il y avait de plus réelles. Ses mains qui s'emparaient de la taille si fine de sa ballerine préférée et leurs corps qui se rapprochaient au-delà de ce que leur filiation aurait du permettre. Leurs regards qui se fondaient et leurs doigts qui se nouaient plus fortement encore.

Je t'aime Eden...
Moi aussi ! Mais, là, j'ai faim ! On y va?

Dit-elle en esquissant ce qui ressemblait, chez elle, à un sourire, et en tentant de le tirer vers l'intérieur. Mais il la retint encore un peu, la ramenant d'un mouvement vif à lui. Leurs corps qui s'épousaient de nouveau et les sourcils de l'adolescente qui se fronçaient alors qu'elle sentait la main de son frère se perdre dans la soie de ses cheveux pour mieux s'égarer ensuite sur sa joue.

Je t'aime Eden. Vraiment. Tu comprends?
Je crois.
Et toi ? Tu m'aimes, n'est-ce pas?
Neil ! J'ai faim...
Réponds moi ! S'il-te-plaît ma princesse...

Un soupir et un grognement qui échappaient à celle qui roulait des yeux et cherchait ses mots. Puis, se hissant sur la pointe des pieds, elle déposa un chaste baiser sur la joue de celui à l'oreille de qui elle murmura doucement

Franchement j'y comprends rien à ces sentiments ! Et l'amour encore moins... Mais de tous les êtres au monde t'es le seul à qui je tiens vraiment. Alors je suppose que ça veut dire que, oui, je t'aime. il avait souri et même ri... du moins jusqu'à ce que, véritable estomac sur pattes, elle ne s'empresse d'ajouter, Tu m'as promis un dîner grand-frère ! On peut y aller maintenant?

Le visage du jeune homme qui se renfrognait et relâchait la main de celle qui se précipitait à l'intérieur. Il ne supportait pas qu'elle ne voit en lui que ce frère que, en fin de comptes, Neil n'avait que trop bien été. Et même s'il la savait sincère quand elle affirmait, elle la petite handicapée des sentiments, l'aimer cela ne lui suffisait pas ! Cela ne lui suffisait plus... Il était un homme et bientôt, très bientôt même, Eden serait une femme à part entière. Sa femme ? Evidemment ! Elle lui appartenait ! Depuis le tout premier jour... et jusqu'au dernier ! De toute manière, ne l'avait-elle pas dit elle-même ? Il était le seul dans sa vie, qui importait réellement !



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Neil Corrigan
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Ven 9 Fév - 10:36
Ma Vie

CHAPITRE IV



Ils avaient préféré, pour une fois, prendre une ligne régulière pour rejoindre cette capitale italienne  où ils avaient quelques menues affaires à régler. Rien d'officiel, évidemment. A l 'aéroport, ces hommes déjà ralliés à leur cause les attendaient, leur évitant d'avoir à passer par ce poste officiel de douane qui aurait aussitôt alerté le quartier général de leur présence sur ces terres où, pour être précis, ils n'avaient pas la moindre raison de se trouver. Des propos échangés sur un ton neutre. Tout se passait comme prévu et, chaque jour, de nouvelles recrues déçues par la mollesse du pouvoir en place venaient grossir leurs rangs. Le Grand Maître, bien trop vieux et bien trop affaibli par une santé précaire, ne se doutait de rien et poursuivait sa si honteuse politique laxiste. Celle qui permettait à des lieux comme le 7 de demeurer ouverts. Le nom de ce club qui fit grincer des dents celui qui, pourtant, n'en laissa rien paraître et se contenta de féliciter leurs hommes pour leur dévouement et leur efficacité. Des mots creux et qu'ils ne pensaient pas le moins du monde mais qui semblèrent plaire à ceux qui s'en retournèrent à leurs occupations, le sourire aux lèvres. Des pantins idiots ! De parfaits pions sur l'échiquier de ceux qui rejoignaient maintenant ces véhicules loués sous des faux noms.

Je dois passer à Mamertine. Il paraît qu'ils ont un prisonnier qui serait parfait pour moi.
Le pauvre ! A sa place je crois que je préférerais encore finir crucifié et brûlé plutôt que de terminer sur ta table de dissection ma chérie !
Toi, je te conseille de pas trop la ramener si tu ne veux pas, justement, finir sous mon scalpel !
Tu sais que je t'aime quand tu sors tes griffes ?

La jeune femme avait soupiré en roulant des yeux avant que de se retourner vers celui qui, pour la énième fois depuis leur départ de Londres, pianotait sur son téléphone. Un regard qu'échangèrent les deux amants avant que Nathaniel ne se décide à rompre ce silence qui commençait à devenir pesant.

Je dois passer voir certains de nos indics. Ils prétendent avoir des informations intéressantes sur les Rookwood. Tu m'accompagnes ?
Non. J'ai quelque chose à régler avant.
Laisses moi deviner : ta sœur ?
Ca te défrise ?
Non, ça m'agace de te voir jouer le clebs qui rampe et remue trop bien sa jolie queue dès qu'elle fait encore un putain de caprice. C'est tout. Ca te dérange peut-être ?
Vous n'allez pas remettre cela tous les deux ! Merde à la fin !
Conseilles à ta femme de la boucler si elle veut pas que je lui couse ses si pincées lèvres !
Mais qu'est-ce que j'ai dit moi encore ? Ah oui, j'y suis ! La vérité ! Mais y'a que la vérité qui blesse hein Neil?
Vous me faites royalement chier ! Quand vous en aurez fini avec vos conneries faites moi signe ! Je serais sûrement à l'Exedra.
Hein ?!

Mais l'interrogation de la rouquine demeura lettre morte, son compagnon s'éloignant déjà, la mine plus sombre que d'ordinaire, les mains engoncées dans ses poches et la mine fermée. L'instant suivant il démarrait en trombes, les plantant tous les deux là. Elle qui haussait un sourcil, fronçait son nez et sortait nerveusement une cigarette que le briquet de Neil vint allumer. Le paquet qu'elle lui tendait tandis qu'elle tirait nerveusement quelques lattes.Puis, enfin, cette question qui lui brûlait le bout de la langue et franchissait la barrière de ses lèvres

Il a bien dit l'Exedra là, hein ? J'ai pas rêvé ?
Non, t'as pas rêvé.
Bien sûr... sur tous les palaces que compte Rome il faut qu'il choisisse celui qui appartient à la famille de Tosca ! Comme par hasard !
Jalouse ?
Si on te demande tu diras que tu sais pas !
Tu te fais des films pour que dalle ma puce : Nathaniel a tourné la page.
N'empêche que je respirerais bien mieux quand j'aurais enfoncé la tronche de cette pétasse sur un joli pic !
Et si tu veux je t'aiderais même à le tailler !

Les deux amis, réconciliés encore plus vite qu'ils ne s'étaient fâchés, éclatèrent de rire en même temps avant qu'Astrid ne propose.

Mamertine peut attendre. Je t'accompagne.
T'es pas obligée.
Je sais. Mais j'en ai envie.
Merci petite sœur !

Avait dit en riant et en déposant un baiser sur sa joue celui à qui Astrid adressait son plus faussement outré regard avant que de lui balancer un coup de coude dans les côtes en ajoutant dans un clin d'oeil

Un jour il faudra que tu songes à chercher sur Google le sens du mot « soeur » parce que visiblement t'as pas tout compris !

De nouveau ils avaient ri, oubliant complètement leurs préoccupations et engueulades des minutes précédentes. Mais, si le trajet jusqu'à l'école de danse de la petite Eden fut des plus agréables Astrid pouvait lire dans les yeux de son compagnon cette inquiétude et cette colère qu'il n'avait jamais que pour elle. Elle qui le rendait complètement fou sans même qu'elle en ait seulement conscience … et c'était bien la seule ! Eden aurait pu demander la lune, le soleil, les étoiles où même les enfers à son aîné que celui-ci se serait plié en quatre pour lui complaire ! Elle aurait pu obtenir de lui ce que nulle autre femme n'obtiendrait jamais. Elle pouvait tout avoir mais ne faisait jamais que le rejeter. Encore et encore. Plus cruel encore : elle l'aimait... mais d'une façon aussi chaste que fraternelle qui ne faisait que renforcer encore un peu plus l'envie et le désir malsains que lui portait Neil. A un moment Astrid s'était même demandé si Eden n'en jouait pas. Mais, non. Etait-elle totalement décérébrée alors ? Bien des femmes se seraient pâmées, damnées même pour un seul regard de celui qui ne voyait qu'elle et mademoiselle, elle, ne rêvait que de danser ! L'idiote ! A moins que...Le coup de frein, brutal, que donna son ami alors qu'ils arrivaient à proximité de leur destination fit sursauter celle qui allait s'énerver quand l'expression du visage de son ami l'en retint de justesse. Suivant son regard elle ne put lâcher qu'un seul mot

Putain...

Son regard qui venait maintenant se poser sur celui dont les mains agrippaient si fermement le volant qu'elle crut bien un instant que celui-ci allait finir par s'en briser. Neil venait de découvrir la raison pour laquelle, ces derniers temps, sa sœur lui écrivait et lui téléphonait bien moins. La danse avait bon dos d'un coup ! La raison mesurait plutôt dans le bon mètre quatre-vingt-dix, possédait une chevelure brune en pagaille et des yeux d'un vert si profond qu'ils en paraissaient noirs. Et, à ce qu'Astrid pouvait en juger de là où ils se trouvaient, des mains bien baladeuses et des lèvres en mode ventouse... Cette main qu'elle vit Neil écarter du volant pour mieux se porter à son arme. Le moteur encore vrombissant il faisait sauter le cran de sûreté, déjà prêt à aller en découdre avec … pas même son rival... mais l'homme qui avait visiblement réussi là où, lui, ne cessait d'échouer.  L'homme qui avait séduit la plus si glaciale que cela petite ballerine... Et, comme si cela ne suffisait pas à alimenter la fureur de l'exorciste, cet homme avait un nom. Celui qu'Astrid s'entendit prononcer dans un souffle chaud et alors que, d'une main, elle empêchait son ami de faire la plus grosse erreur de sa vie.

Roméo Rookwood...ah bah putain ! Celle là je ne m'y attendais pas!
Moi, si. Mais il fallait que je le vois de mes propres yeux ! Et maintenant que j'ai vu je...
Tu ne vas rien faire du tout !

Avait-elle dit tout en le retenant maintenant de ses deux mains et en le contraignant à la regarder bien en face. Lui qui, bien mollement cependant, se débattait et grognait plus que n'articulait

Lâches moi As' !
Pas question !
Je vais buter ce fils de fiottes ! Je vais loger une balle en plein sa sale tronche à ce sorcier de mes deux!
Je te promets que tu auras tout le loisir de faire payer à cette crevure mais pas ici et certainement pas maintenant ! Trop de témoins et, surtout, pas devant elle !
Elle l'a laissé l'embrasser, la toucher ! Elle...
Elle lui a même sûrement donné bien plus...
C'est vraiment comme ça que t'espères me calmer ?

Elle qui soupirait en le relâchant et en le fixant droit dans les yeux, sa main toujours sur le canon de l'arme que Neil agrippait si fermement.

Réfléchis ! Si je te laissais faire, et crois moi j'en ai presque autant envie que toi, tu  élimineras peut-être bien Roméo mais Eden, elle, ne te pardonnera jamais ! Et puis le Neil que je connais saurais que combattre un souvenir fauché en plein vol est bien plus dur que d'affronter un sorcier bien vivant et à la réputation suffisamment sulfureuse pour que tu en tires parti !
Développes...
Laisses donc ta princesse rêver encore un peu ! Et, en coulisses, arrangeons nous pour faire de son si doux songe un putain de cauchemar. Ensuite, je te le promets, nous mettrons un terme définitif à la guerre entre vos deux  familles.

Le jeune homme qui sembla hésiter un instant, son sang pulsant à ses tempes tandis qu'il la regardait se perdre encore et encore dans les bras de son ennemi. Puis, au plus grand soulagement de celle qui se trouvait à ses côtés et qui en exhala le plus long des soupirs, il relâcha son arme. La rangeant, il passa le rapport et démarra, s'éloignant aussi vite que possible de cet endroit que, déjà, il rêvait de voir réduit en cendres. Prenant la direction de la prison Mamertine reconvertie en Ruche il sourit. Puis, dit

Contacte Shelley. Qu'elle rassemble nos hommes présents à Rome. Ce soir nous sortons.
Tu as songé à ce qu'en dira Ghisolfini ?
Ce vieux con ne mérite plus son titre de Grand Maître et il est temps qu'un autre prenne sa place.
Nathaniel va être ravi. Lui qui piaffe de devenir le Roi de Rome.
Désolé pour lui alors car le plan vient de changer. Je veux l'Italie !
Inutile de te demander pourquoi j'imagine ?

Le rire sardonique de la jeune femme qui s'élevait dans l'habitacle et auquel il répondit par le sien et par un regard complice. Puis, alors qu'elle s'affairait à envoyer ses textos il murmura.

Et contactes Julian Moriarty aussi.
Le danseur qui louche et bave sur Eden ?
Pas un danger. C'est qu'un morveux pas fini qui s'est déjà fait jeté par ma princesse.

Et alors qu'il feignait d'ignorer les éclats de rire de celle qui lui épargna néanmoins de souligner que cela leur faisait un point en commun il ajouta

Et puis il devrait te plaire le môme.
Pas mon style et, au cas où tu l'aurais oublié, j'ai ce qu'il me faut, merci.
Moriarty... Ca ne te dit rien ?
Non ?! Les Moriarty ? Les Elus ?  Les cannibales?
Tout juste.
Fallait commencer par là ! Je sens que Julian et moi allons devenir les meilleurs amis du monde!

Le reste du chemin qu'ils parcoururent en silence, chacun visiblement absorbé par ses propres pensées, ses propres projets. Puis, alors qu'ils s'arrêtaient devant la Ruche, la jeune femme descendit. S'étonnant de ne pas voir Neil couper le moteur elle haussa un sourcil et demanda, soudainement sérieuse

Tu ne m'accompagnes pas ?
Non. Je dois aller saluer quelqu'un. Mais je vous rejoindrais à l'Exedra plus tard.
Et je peux savoir qui tu dois aller voir ?
Ta si grande amie Tosca peut-être ?
Neil... T'es sur que c'est une bonne idée que d'aller te jeter dans la gueule du loup ? Tu te doutes que Roméo ne sera sûrement pas loin non plus ?
Sans blagues?
C'est ce que tu cherches...
Je veux que Roméo  me voit et sache.
Que tu veux lui faire bouffer ses couilles ?
Que je serais celui qui réduira sa pathétique existence à néant.
J'aime l'idée ! Et tant que tu y es passes donc le bonjour à Tosca de ma part tu veux?
Je n'y manquerais pas !

Puis il avait démarré, direction le quartier du Trastevere. Le quartier de Roméo. Neil sourit et soupira même un léger rire. Il était temps pour eux de se rencontrer, non ?



CHAPITRE V



Les flashs continuaient de crépiter... Les objectifs et autres focales étaient encore braqués sur eux... Et, de toutes parts, les questions continuaient de fuser des bouches, si carnassières et malsaines, de ces journalistes venus en masse assister à la première apparition publique des deux survivants du terrible incendie qui avait, quelques semaines plus tôt, ravagé le théâtre de Rome. Lui, se tenait droit devant cette foule avide de réponses et offrait à tous la vision de ce visage qui, heureusement, n'avait pas conservé le moindre stigmate de ce qui fut pourtant un calvaire. Des jours, et tout autant de nuit, à hurler en silence pour ne pas pleurer de douleur. Des semaines entières à ne pas même supporter ce reflet monstrueux que lui renvoyaient les rares miroirs à ne pas périr sous sa fureur. Plus d'un mois à vivre avec la honte, et l'ire la plus totale, de s'être ainsi laissé atteindre par celui que Neil jurait, plus que jamais, de détruire.

Neil ! Neil ! l'interpella soudainement une petite frimousse aussi ronde que blonde et qui, papillonnant des cils, posa la question que tous avaient en tête Peut-on savoir où en est l'enquête ? Certaines rumeurs prétendent que vous connaîtriez le nom des coupables, pouvez-vous nous le confirmer ?
Est-il exact qu'il s'agisse de sorciers ?
L'enquête avance lentement mais sûrement et si vous comprendrez que je ne puis vous en dévoiler tous les détails je peux néanmoins vous confirmer que, oui, des sorciers sont bien à l'origine de cet odieux massacre !

Une seconde de silence pendant laquelle seuls les flashs des appareils photos se firent entendre puis cette question qui jaillit des lèvres de cet homme vers lequel Neil braqua immédiatement son plus furibond regard.

Mr Corrigan pouvez-vous aussi confirmer que cette tuerie n'est en rien une affaire d'état ni même une affaire politique mais bien une affaire d'ordre privée et intime comme le murmurent bien des sources ?
Peut-être serait-il grand temps pour vous de changer de sources Mr Renzi !
Pardon, Neil, mais vous ne pouvez pas nier que le fait que votre sœur ait été la cible principale de cette attaque ait quelque chose... disons d'en effet personnel ?
Eden ? Avez-vous un commentaire à faire ?

Le regard de Renzi qui s'illuminait tandis que celui de Neil, au contraire, s'assombrissait plus que jamais quand il vit soudainement tous les regards se braquer sur celle qui, depuis le début de cette conférence de presse, se tenait aussi immobile que muette. Eden était blême, les traits tirés et, sous ces vêtements trop grands pour elle, s'esquissait ce petit ventre rond que tous n'avaient pas manqué de remarquer.

On dit que le père de votre enfant serait un sorcier : est-ce vrai ?
Vous n'avez donc aucune limite ? Ne pensez-vous pas que ma sœur a suffisamment souffert ?!

Eructait froidement celui dont les mâchoires et les poings se crispaient douloureusement et qui dardait de ses plus violentes foudres celui qui n'en poursuivait pas moins.

Est-ce vrai Eden ? Portez-vous l'enfant d'un ennemi de l'Ordre ?
Je...

Avait commencé à dire, d'une toute petite voix, celle vers qui tous braquaient désormais leurs regards et leurs perches, suspendus à ses lèvres. Neil qui, à ses côtés, sentait venir cette déclaration qu'il ne pourrait pas empêcher. Rigide et peinant désormais à dissimuler sa fureur il passa une main possessive autour des épaules de celle qui, prise sous le feu des questions et des projecteurs ressemblait plus que jamais à un animal aussi blessé que traqué. Son corps si frêle, son air blafard et cette tristesse insondable au fond des prunelles... Eden faisait la plus parfaite des victimes... ou des coupables ? Les lèvres de la jeune fille qui tremblèrent un moment avant que, accrochant un regard dans la foule, elle ne relève finalement la tête et, dans un geste qui n'échappa à personne, repoussa l'étreinte de son frère.

Mr Renzi, c'est bien cela ? demanda-t-elle à celui qui ne lui répondit que d'un sourire narquois et vers lequel elle braquait désormais son regard azuré pour mieux lui répondre. Vos sources ont raison. Le père de mon enfant est bien l'un de ces sorciers que vous semblez tous, si bien désireux de me voir condamner pour cette tragédie.
Vous confirmez donc les dires de votre frère ?

Les sourcils de la future mère qui se soulevaient alors que son regard se troublait. Elle ne comprenait visiblement pas le sens de la question. Renzi l'aurait parié ! Il allait mettre les points sur les « i » quand il fut devancé par la décidément bien opiniâtre petite blonde à ses côtés

Avez-vous été violée Eden ?
Quoi …?!

La surprise de la jeune femme fut telle que nul ne songea même à en douter. Ce regard qu'elle glissait, interdit et inquisiteur, vers celui qui le soutint un instant avant que de secouer la tête quand il entendit sa sœur, tremblante, murmurait tout bas mais pas assez cependant pour ne pas être entendue

Non... Bien sûr que non ! Je... Non ! Cette grossesse n'était peut-être pas prévue mais j'aime le père de mon enfant ! J'aime...
Qui Eden ? Qui est le père de votre enfant?
Donnez-nous son nom ! Eden, quel est le nom de ce sorcier ?
S'il-vous-plaît Eden ! Répondez-nous !
La conférence de presse est terminée. Ma sœur est encore bien trop éprouvée et perdue pour répondre à vos questions ! Je vous demanderais donc de bien vouloir laisser notre famille en paix pour le moment. Désormais nous ne répondrons plus à aucune question. Merci de votre compréhension.

Puis, s'empressant d'éloigner celle qui venait si bien de le trahir, une fois encore, il rejoignit la quiétude et le silence relatifs mais ô combien rassurants du hall de palais laissant le soin à Julian de gérer des médias plus déchaînés que jamais. L'ancien danseur était le plus parfait des pions pour tenter de palier à la faiblesse aussi flagrante que navrante de celle que Neil ne regarda pas même tant grouillait sous sa peau les plus furieuses des envies de s'en prendre à elle. Elle l'avait trahi ! Manqué de peu de révéler son infamante liaison avec Roméo ! Ce geste qu'elle ne fit pas même envers lui et celui que, lui, fit pour mieux la repousser loin de lui. Qu'elle s'éloigne ! Qu'elle parte loin de son regard... et de ses poings avant qu'il ne puisse plus se maîtriser ! Il allait d'ailleurs la planter là quand elle prononça ces mots qu'elle aurait mieux fait de ravaler

Pourquoi ? Pourquoi Neil ?

Lui qui faisait volte face, la regardant un instant avec fureur avant que de franchir d'un pas rapide le peu de distance qui les séparait. Ses mains qui se refermaient, brusquement et si fortement qu'elle en gémit de douleur, sur les bras de celle qu'il fit reculer jusqu'à la plaquer contre ce mur où il la maintint. Sa poigne qui se faisait plus forte encore alors qu'il ancrait son regard au sien et soufflait dans une rage aussi pure qu'ardente

Pourquoi ? Tu oses encore me demander pourquoi ?!
Jamais Roméo ne m'aurait violée ! Jamais il n'aurait...
Je n'y crois pas... Ton connard d'amant et sa pétasse de copine ont tué tes amis, ont brisé tes jambes et m'ont défiguré mais tu les défends encore ?
Tu n'as aucune preuve de ce que tu avances...
Et il te faut quoi encore ? On a des témoignages ! Des gens dignes de foi, eux, qui ont donné des descriptions précises des coupables. Tu le sais, tu as eu accès à toutes les pièces du dossier ! Ne me dis pas que ces monstres qu'ils décrivent ne ressemblent pas, trait pour trait, à tes si grands amis ?
Alors si ces gens disent la vérité pourquoi ne pas les avoir fait arrêter ? Pourquoi ?

Neil qui la relâchait, laissant exploser sa fureur en envoyant son poing se fracasser contre ce mur contre lequel ses os se brisèrent et son sang se mit à couler sans même qu'il ne semble s'en apercevoir. Son front qui venait s'appuyer sur la paroi maintenant maculée de son propre sang et sa tête qui se secouait alors qu'il soupirait dans un rire désabusé

Elle veut savoir pourquoi... Elle veut savoir... !!! puis, glissant son regard vers celle qui reculait, comme apeurée par cet homme qu'elle découvrait peut-être pour la toute première fois Parce que les arrêter eut été t'accuser toi aussi idiote ! Aurais-tu oublié que l'Ordre condamne ces unions entre les nôtres et les sorciers non exorcisés ? puis, devant ce silence, pas même coupable ou repentant qu'elle s'entêtait à lui opposer, il s'était redressé, se précipitant vers celle qui tenta de lui échapper mais qu'il saisit par la taille et ramena à lui. Leurs corps bien trop proches et leurs souffles qui se mêlaient alors qu'il effleurait de ses lèvres celles de la jeune femme à chacun des mots qu'il prononça alors Ce que j'ai fait, mensonges compris, c'est uniquement pour te protéger toi ! Toi, encore et toujours toi Eden ! le souffle de l'exorciste qui venait se perdre en une caresse sur la nuque de celle qu'il sentait se raidir tout contre lui mais qu'il ne relâcha pas pour autant. Je te l'ai dit, redit et répété mais tu refuses de m'entendre... Je t'aime Eden. Et, pour toi, je suis prêt à tout.

Leurs regards qui, pendant une poignée de secondes, ne firent plus qu'un et, une fois de plus, Eden rompait la contact, détournant le regard et repoussant de ses deux paumes celui dont elle s'éloignait en reculant. Lui, qui agrippait son poignet pour mieux la retenir, lui répéter

Je t'aime bon sang ! Pourquoi ne veux-tu pas le comprendre ?
C'est pas ça l'amour Neil... Quand on aime on ne fait pas mal ! Quand on aime on ne ment pas!
Laisse moi rire ! Tu crois vraiment que ton prince charmant de merde ne t'a jamais menti, lui ?
Je sais que Roméo m'aime. C'est tout ce qui importe !

Cette gifle, magistrale et si brusque qu'il asséna à celle qui se serait sûrement écroulée si Julian n'avait pas surgi à temps pour la réceptionner. Le regard noir que le danseur jeta à celui qui ne s'en émut pas le moins du monde et lui rendit un regard plus sombre encore. Son doigts qui se pointait sur celle qui tremblait toujours. Mais de fureur cette fois.

Conduis la a Shelley ! Maintenant !
Pour quoi faire? Tu ne vas quand même pas...
Tu oses contester un ordre ?
Non mais...
Alors t'attends quoi ?!

Le regard empli du plus sourd des orages Julian finit, à contre cœur, par s'exécuter. Eden, elle, ne chercha pas même à se défendre ni à se débattre. A quoi cela aurait-il servi de toute manière ? Son frère avait raison. Au moins sur un point. Elle s'était montrée naïve. Beaucoup trop... Et la chute n'en était que plus brutale encore pour celle qui réalisait, avec effroi et désespoir, être prisonnière.

Elle a la tête dure...
C'est pas le moment Charlie !
Tout doux Neil ! Je ne suis pas ta princesse et, moi, je ne me laisse pas aussi aisément déstabiliser ! Qui plus est c'est pour t'apporter mon aide que je suis venue.
Ah oui ?
J'étais présente pendant la conférence. Désastreux, je te le concède mais heureusement pour toi Julian a su rattraper le coup.
Alors je ne vois pas en quoi tu pourrais m'être utile.
Vraiment ?

Un soupir las qui échappait au jeune homme alors qu'il la regardait.

Si jamais tu te plantes, je te démembre !
Aucun danger alors...
Je vais prévenir Shelley que je te laisse carte blanche. Mais à une condition : je veux qu'Astrid soit là pour superviser la moindre de tes actions.
La confiance règne dis moi...
Je n'ai confiance en personne et en toi encore moins.
Je n'en attendais pas moins de toi. puis, alors qu'elle le voyait s'éloigner Tu ne veux pas assister à la séance ?
Non ! Et j'ai besoin de me défouler !
Une petite rafle en perspective ?
Pas encore mais bientôt, oui.

Puis, sur ces mots pour le moins teintés de mystère il partit. Assister au supplice de sa princesse ? Neil en était incapable ! Rafler des sorciers pour mieux laisser sa haine et sa fureur se déverser sur eux ? Pas suffisant ! Non, Neil ambitionnait bien plus qu'un soulagement aussi immédiat qu'éphémère ! La victoire, il l'entendait totale ! Et pour cela il fallait trouver le parfait angle d'attaque. Celui qui ébranlerait au point, l'exorciste l'espérait, de faire chanceler Roméo. La faiblesse qui, hormis Eden, saurait le toucher plus que toute autre. Et cette faiblesse Neil la connaissait. Elle se prénommait Raziel.



CHAPITRE VI



Dans le SUV qui le menait à la Ruche de Mamertine il écoutait, d'une oreille pourtant guère attentive, toutes ces nouvelles dont les médias faisaient leurs choux gras. Ces échos de ces attaques retentissantes qui soulevaient les trois capitales mais auxquelles les troupes de l'Ordre étaient plus que préparées à faire face. A Londres, Paris et surtout Rome, les réseaux de résistance semblaient redoubler d'ardeur et de hargne pour battre en brèche ce système qui, lui, tenait bon. Les deux camps s'opposaient en des combats aussi âpres que meurtriers. Et lorsque les sorciers, portés aux nues par leurs médias pirates et underground, emportaient quelques maigres victoires, les miliciens  répliquaient en multipliant les rafles. Plus nombreuses, plus arbitraires et plus injustes que jamais ! Désormais, et en ces temps agités, peu importaient bien que les suspects soient innocents ou non. Désormais la partie se faisait plus serrée et la victoire de cette manche s'arracherait au point... soit au nombre de cadavres que les uns ou les autres auront laissés dans leur rubicond sillage. Un rire froid et sarcastique qui secouait que celle que Neil regarda avec un rictus satisfait aux lèvres : oui, il savait. Cette manche serait la leur. Cette manche était déjà la leur ! Car l'ultime point, c'était eux qui le marqueraient ! Grâce à cet atout qu'ils possédaient, détenaient même, et qui n'était sans doutes pas étranger à la colère de ceux dont Astrid parlait maintenant en de bien peu flatteurs termes.

Mon cher, tu es désespérément navrant... et un tantinet ultra chiant là !  

Et alors que le sourcil du jeune homme en question se haussait comme pour mieux demander ce que ses lèvres se refusaient à énoncer la rouquine avait soupiré avant que de se pencher vers lui et de plonger dans son regard

Ne devrais-tu pas être le premier à te réjouir de cette si, éclatante, victoire ? Ne devrais-tu pas vouloir célébrer, comme il se doit, cette victoire dont tout le mérite t'incombe ?

Puis, devant le haussement d'épaules blasé de celui qui ne semblait visiblement pas d'humeur à fêter quoique ce soit elle s'était renfoncée dans son siège et, feignant d'envoyer quelques mails avait soupiré

Serait-ce trop m'avancer que de dire que ta si tendre dulcinée et toi vous êtes encore chamaillés ?

L'hésitation qui vint, une seconde, illuminer le regard de celui qui, devant l'insistance muette de sa plus fidèle amie, soupirait et extirpait de la poche intérieure de son blouson cette lettre froissée qu'il lui tendit. Le regard de Neil qui, une fois n'était pas coutume, se voilait d'une tristesse qu'il ne daignait que rarement montrer.  La scientifique qui dépliait de ses longs doigts manucurés le document et, lentement, en prenait connaissance. Une missive aussi longue que tendre où Eden, si elle taisait l'horreur pourtant réelle de sa condition, criait sur le papier son amour et son espoir de, bientôt, voir sa famille réunie. Ces mots avec lesquels elle dépeignait, trop bien à l'évidence, ces sentiments qu'elle lui portait. Encore et toujours. Encore et plus que jamais même... Ces mots qui, surtout, dénonçaient bien trop cette correspondance, et pire ces entrevues, que les deux amants maudits s'évertuaient à maintenir malgré l'acharnement de Neil à les séparer. Astrid qui ne dit rien, s'abstint sagement de tout commentaire, sans doutes bien trop consciente que son ami ne les entendrait pas plus qu'il ne les supporterait. Neil était un roc. Un être certes fait de chairs et de sang mais que rien ni personne n'avait jamais pu atteindre. Sauf Eden, évidemment. Et Astrid, s'il n'avait s'agit de son meilleur ami, en aurait sûrement pointé l'ironie tristement romantique et tragique.Mais il s'agissait de Neil. Et hormis la réelle tendresse qu'elle lui portait, Astrid réagissait en soldat peu désireuse de voir son chef s'écrouler. Surtout pas en ce moment où le pouvoir était à portée de leurs mains. Alors, avec cette grâce et cette délicatesse trompeuses qui étaient siennes, elle se saisit à son tour d'un document, tout ce qu'il y avait de plus officiel, qu'elle tendit à celui qui hésitait à s'en saisir. Des mots qu'elle prononça pour l'encourager.

C'est désormais on ne peut plus officiel : Eden et toi n'êtes plus liés par aucune relation filiale.

Le regard du jeune homme qui s'anima d'une toute nouvelle flamme alors que, avec empressement cette fois, il se saisissait de ce document qu'il avait si longtemps espéré recevoir. Ce papier qui détruisait à jamais ce lien qu'il ne pouvait plus souffrir ! Ce papier qui, aussi et surtout, lui ouvrait une voie royale pour enfin mener à bien le seul projet qui lui ait jamais réellement importé. Ces yeux qui glissaient, encore et encore, sur ce papier estampillé du plus officiel des sceaux. Ainsi c'en était fini de cette infernale comédie ! Ainsi il était désormais libre de vivre, et de montrer à tous et à un homme en particulier, ce qu'il éprouvait pour celle qu'il n'aurait plus jamais à nommer sa sœur !  Un détail, cependant, qui retint son attention et lui fit légèrement écarquiller les yeux avant que les relever vers celle qui se fendit de ces mots pour tout commentaire.

Je sais. J'en suis tombée sur le cul quand je l'ai découvert.
Qui, hormis nous, est au courant?
Personne.
Pas même ton époux?

Le rire espiègle de la rouquine qui emplissait l'habitacle alors qu'elle secouait ses longues mèches lorsqu'elle secoua la tête et murmura, bien plus sérieuse que d'ordinaire.

Non. J'aime Nathaniel. Mais, depuis l'incident avec Nina, disons qu'il est encore un peu remonté contre toi.

Un roulement d'yeux de l'exorciste face à elle qui amena une grimace sur son visage à elle tandis qu'elle plissait les yeux et demandait

De toi à moi Neil : c'est sérieux cette histoire ?
Il n'y a que Eden qui compte. Tu es quand même la mieux placée pour le savoir, non?
Justement ! Je te connais sans doutes mieux que personne d'où ma question, et oublies tes pirouettes verbales et tes sourires à la con qui ne servent à rien avec moi et réponds moi : c'est sérieux avec Nina ?

L'homme qui hésita un moment, son regard perdu au-delà de l'horizon que lui dévoilait la vitre de leur véhicule. Sa main qui passait dans ses cheveux avant que ses doigts ne viennent, machinalement, effleurer ces deux alliances qu'il ne quittait jamais et dont, Astrid le savait, il espérait bientôt en passer une au doigt de celle qui, depuis toujours, régnait sur son cœur. Et la réponse qui tombait, drue et froide.

Non. Ca ne l'est pas.
Parfait !

Le reste de ce chemin qu'ils effectuèrent en bavardant, presque gaiement et normalement. Mais, dès que l'imposante silhouette de Mamertine fut en vue, leurs mines redevinrent sérieuses et graves. Et, dans leurs prunelles les plus furibondes et perverses des flammes qui naissaient. Déjà on se précipitait pour venir ouvrir leurs portières et leurs silhouettes, sombres, qui s'extirpaient du véhicule sous ce soleil étrangement ardent pour cette journée d'automne. D'un même pas, cadencé et pressé, dans le plus parfait des silences aussi, les deux complices se dirigèrent vers ce bâtiment au seuil duquel Nathaniel les attendait déjà. Les deux hommes qui se regardèrent, oubliant bien vite leur léger différent. Ce qui faisait leur force ? Cette capacité à ne jamais laisser rien ni personne les diviser. Neil, Astrid et Nathaniel étaient certainement les pires des monstres que la Terre ait connus depuis longtemps. Ils étaient dévorés par la plus sombre des ambitions et leurs égos n'avaient d'égal que leurs folies respectives et cumulées. Mais, si les disputes aussi virulentes que parfois bien violentes, émaillaient souvent leur quotidien, leur union demeurait inébranlable. Ils ne faisaient qu'un. Pour le meilleur... et pour ce pire que, encore une fois ensemble, ils se  réjouissaient d'avance d'infliger à leur invité de marque.

Des résultats?
Parce que tu en attendais vraiment ? Ce type n'est peut-être plus dans sa prime jeunesse mais il en a encore dans le ventre ! Il s'accroche et n'a pas desserré les dents depuis que nous l'avons cueilli.
Tant mieux... Cela me donnera l'occasion de me dérouiller un peu. Cela fait longtemps que je n'ai plus eu le loisir de mener un interrogatoire moi-même.
Et les raflés de la semaine dernière?
Des merdeux finis à la pisse et qui n'ont pas tenus plus de deux secondes ! Non, je parle d'un interrogatoire avec quelqu'un qui saura apprécier notre art !
Je pense que tu devrais apprécier alors. Jusque là nous nous en sommes tenus aux méthodes habituelles mais, hormis des insultes, nous n'avons rien pu tirer de lui.
Mais qu'est-ce qu'on en a à foutre qu'il parle ?
Qui t'a dit que je voulais qu'il parle?
Alors quoi?
Je veux l'entendre chanter. Hurler sa douleur pour qu'elle raisonne jusqu'aux oreilles de son enfoiré de fils !
Halleluja et Amen !

Le rire des trois amis qui résonnait alors qu'ils parvenaient enfin devant la porte de cette cellule, si privée, dans laquelle ils avaient installé leur si prestigieux pensionnaire. Alors qu'ils se débarrassaient de leurs manteaux et caressaient du regard la table où reposaient tous leurs si cruels instruments de torture Astrid qui dodelinait de la tête et s'exclamait, joyeuse.

Et si, ensuite, on allait fêter ça quelque part?
Pourquoi pas... On pourrait aller dîner au Doppio?
Pourquoi pas l'Alibi?

Une tappe amicale que la scientifique assénait à son ami en roulant des yeux et en faisant si bien mine de grommeler, ses poins sur les hanches :

T'as vraiment envie que ta soirée de fiançailles encore non officielles se finisse dans un bain de sang ? Quelle vision étrange du romantisme !
Parce que tu t'y connais, toi, en la matière peut-être?
Hey ! Je te permets pas espèce de crétin mal dégrossi ! C'était super romantique la nôtre,non ? La Tour Eiffel, le feu d'artifices, les fleurs...
La bague qui m'a coûté une blinde et n'oublies pas tous ces sorciers que tu as exigés en cadeaux et que tu as passé la nuit à disséquer ! T'as raison : follement romantique !
Oh ça va ! Tu t'es pas plaint à ce que j'en sais hein ! Et puis on parle pas de moi mais de Eden ! Elle, c'est une poupée de porcelaine ! Une romantique à la noix alors autant lui donner ce qu'elle veut, non ?
Là, pour une fois, je vais te donner raison As' !
Ah ! Tu vois chéri ! Lui, au moins, il m'écoute !
Juste pour que tu la fermes oui !

Puis, évitant de justesse le coup de celle qu'il adorait agacer, Nathaniel se retourna vers son ami qui avait déjà la main sur la poignée.

Alors ? Une idée pour l'endroit où tu vas faire ta demande ?
Sois pas con ! Il va pas lui demander sa main ! Il va juste lui dire que, surprise, bientôt elle sera mariée ! On va quand même pas lui demander son avis !
Vive la démocratie dictatoriale à la sauce de l'Ordre alors !

De nouveau les trois amis qui riaient de concert avant que Neil ne concède finalement, devant les regards lourdement insistants de ses deux meilleurs amis.

Vu le délai un peu court je me disais que la maison serait peut-être le plus simple, non?
Tu déconnes là, non ? On ne se marie qu'une fois dans une vie bordel ! Neil ! T'as attendu ce moment toute ta vie ! Faut que ça en jette ! Le Palais Corsini est mimi mais non, non et non !
Elle a raison mon pote ! Déjà que la promise risque fort de tirer la tronche autant que le décor aide à l'amadouer un peu. Que dirais-tu du palais des Doges à Venise ?
Chéri tu es un génie ! Ce lieu est magnifique ! Neil ? T'es d'accord ?
Et vous pouvez me dire comment on fait pour tout préparer en moins de cinq heures ?
Homme de peu de foi !
Fais nous confiance : on va vous concocter une cérémonie de fiançailles que vous n'oublierez jamais. Intime, rien que les très proches, et sublime ! Ca va tout exploser et, demain, les médias ne parleront que de cela !
Et ils seront verts de ne pas avoir pu y assister !
A une exception près : je veux que Sally Tates soit présente.

Un silence, patiné d'incompréhension, qui retombait sur les trois amis avant que Nathaniel ne se décide à le briser.

Hein ? Je sais qu'elle est douée mais t'as pas peur que cette fouine mette son nez là où il ne faudrait pas ?
Mieux vaut que l'événement soit couvert par une journaliste toute dévouée à notre cause et aux dents longues plutôt que par n'importe quel merdeux !
Il a pas tort. Imagine ce que cette merde de Renzi pourrait écrire...
D'accord. Je m'occupe de la faire prévenir et je vais de ce pas organiser la sécurité.
Assignes y Adrien.
T'es sûr ? J'ai pas confiance en ce si bien, oserais-je dire trop bien, exorcisé repenti !
Dis surtout que tu ne supportes pas de l'imaginer en train de culbuter ta vieille mère !
Non mais ça n'a rien à voir ! D'accord, je l'admets, l'idée que ma mère et son vagin sûrement fripé et desséché se fasse ramoner par Adrien me dégoûte mais, même sans ça, je lui ferais jamais confiance !
Elle a pas tout à fait tort. Adrien vient tout juste d'être déclaré repenti. T'as pas peur qu'il ne tourne casaque subitement ?
Quelle meilleure épreuve supplémentaire que de le voir  assister aux fiançailles de la petite chérie de son chien de cousin avec le pire ennemi de ce dernier ?

Un silence  complice et les trois amis qui souriaient, enfin d'accord et satisfaits. Cette soirée promettait déjà d'être aussi délectable que mémorable et ce furent sur ces pensées qu'ils se séparèrent. Nathaniel et Astrid pressés de préparer ce qui serait la première avancée de leur meilleur ami vers cet autel de mariage qu'il n'avait que trop longtemps espéré. Et, pour célébrer cela, ils lui  abandonnaient bien volontiers le plaisir de s'occuper, seul, de cet homme vers qui Neil s'avançait maintenant. Le sorcier était en bien piteux était et aux multiples blessures qui s'étalaient sur son corps brisé, il était évident que Nathaniel avait du, comme toujours, s'en donner à cœur joie ! Ce genou que Neil mit à terre avant que, de sa main encore gantée, soulever le menton de celui dont il trouva le regard pour mieux s'y ancrer. Nul mot ne sortit de la bouche de celui vers qui l'exorciste se penchait maintenant et à qui il susurrait au creux de l'oreille.

Bientôt, ton si cher fils Roméo n'aura plus rien Raziel ! Ce soir, je me fiancerais à la mère de son enfant. Bientôt, quand tout sera prêt, je ferais d'Eden ma femme et, en cadeau de mariage, c'est ta tête que je lui offrirais ! Et, enfin, pour que tout soit parfait, c'est la tête de ton fils que j'irais chercher.


Un frisson qu'il sentit parcourir le corps de son prisonnier et qui le fit sourire plus encore. Neil se releva, se détournant un instant pour mieux s'en aller se saisir de l'un de ces instruments de torture qu'Astrid et Neil lui avaient, si généreusement, laissés. Un couteau à la longue et si  rouillée lame qu'il fait danser et virevolter entre ses mains un court instant avant que de s'en revenir à sa proie. Celle à laquelle il murmurait, la folie luisant au fond de ses prunelles.

De toi à moi... Je peux bien te le dire maintenant que tes jours sont comptés... Ja me contrefichais éperdument de cette guerre ridicule qui opposaient nos deux familles. Je n'y ai jamais adhéré que pour mieux complaire à mon père et servir mon ambition.

Un geste aussi rapide que précis et la lame qui déchirait la chair de l'abdomen et venait, si douloureusement, s'ancrer à son port de chairs chaudes et, maintenant, un peu plus sanguinolentes encore. Le poignet, agile, du jeune homme qui se tournait, poussant la lame à s'enfoncer plus profondément encore , effleurant ces organes vitaux que Neil prenait grand soin de ne pas toucher. Le tuer ? Il en rêvait ! Mais pas maintenant.

Retiens tes cris Raziel... Tu ne m'en donneras que plus envie encore de te détruire. Lentement et consciencieusement. Tu vas payer. Pas parce que tu es un Rookwood mais parce que tu es son père. Et que, si Roméo avait vu juste en pensant que l'atteindre elle c'était m'atteindre moi, je vais lui rendre la monnaie de sa pièce ! Et, toi, tu seras le moment venu, le faire-part de mariage que je lui enverrais !

Peut-être Raziel aurait-il préféré mourir plutôt que de devoir endurer, les heures et les jours qui suivirent, la folie de son geôlier. Peut-être bien en effet. Mais Neil oubliait un peu vite que c'était un Rookwood. Et que l'on ne remportait une guerre que lorsque  le dernier ennemi gisait, mort, au sol.  Peut-être, finalement, fut-ce lui qui commit une erreur en épargnant ainsi Raziel. Quelques semaines plus tard ce serait Eden, elle-même, qui effrayée et furieuse, libérerait le père de son amant. Elle qui, encore une fois, assénerait à Neil un cuisant revers. On ne meurt jamais que de deux choses : le coup fatal d'un ennemi... et celui porté par l'être que l'on aime trop pour parvenir à s'en méfier vraiment. Et l'arrogance de Neil l'aveuglait tant qu'il ne comprenait pas encore que cet être là il serait le seul à l'avoir si inconsciemment forgé. Eden n'était peut-être pas née pour la guerre mais, lui, en aurait fait une guerrière. Il voulait lui apprendre l'amour, il lui apprenait la haine. Il voulait en faire, officiellement et grâce aux liens du mariage une Corrigan ? Trop tard. Eden avait choisi et, bien que cela ne soit pas encore officiel, elle était une Rookwood. Corps, cœur... et âme !



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Neil Corrigan
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Ven 9 Fév - 10:38
Ma Vie

CHAPITRE VII



Il était en déplacement à Londres quand l'appel était arrivé. Bien trop occupé à régler une âpre négociation il l'avait rejeté, se disant qu'il rappellerait plus tard. Il s'était dit que cela pouvait bien attendre... Son poing qui, une fois de plus, se serrait à en faire craquer ses articulations. Ce même poing qu'il envoyait, avec fureur, se fracasser contre le hublot de ce jet qu'il n'avait jamais trouvé aussi lent qu'aujourd'hui. Face à lui Adrien ne disait rien. Il ne disait jamais rien et, en un sens, c'était aussi pour cela que Neil l'appréciait. Contrairement au reste des paons serviles et hypocrites qui l'entouraient lui, au moins, lui épargnait ces discussions futiles et creuses dont l'exorciste avait tellement horreur. Une nouvelle fois, sans doutes la centième depuis qu'ils avaient décollé, il tenta de joindre l'hôpital et, enfin, d'obtenir des nouvelles. Et, une fois encore, il s'emporta, allant jusqu'à abreuver de ses insultes et de ses menaces la pauvre employée qui lui répondit. Ce téléphone qu'il balança au loin dans un, énième, juron et sa main qui passait à sa nuque endolorie tant il était tendu. Le regard, noir, qu'il jeta à cette pauvre hôtesse qui, blême, se précipita pour leur amener, à son compagnon et lui, deux verres de whisky pur mal. Neil qui, en omettant évidemment de la remercier, qui se saisissait du sien pour mieux le vider d'un trait avant que de le serrer, si fort, entre ses doigts qu'il en explosa en une myriades d'étoiles tranchantes dont il ne sembla pas même se préoccuper. Le sang coulait de sa main entaillée mais il s'en foutait. Par le hublot, s'esquissait, enfin, la silhouette de cet aéroport où ils atterrirent quelques minutes plus tard.

Votre véhicule vous attend Monsieur. Devons nous...
DEGAGEZ ! avait-il hurlé à l'intention de celui qui pâlissait et reculait, la tête basse et l'air penaud. Puis, jetant à Adrien un regard presque teinté de cette peur que nul ne lui connaissait, il murmura Tu m'accompagnes ? puis, se ressaisissant, le regard froid et le ton sec, il ajouta C'est un ordre !

L'instant d'après les deux hommes se retrouvaient côte à côte dans ce bijou de mécanique et de puissance que Neil poussait au-delà de ses limites, le projetant furieusement sur ces rubans d'asphaltes qui semblaient s'étendre à perdre de vue devant lui. Un rapport, puis un autre. Son pied qui semblait ne plus connaître que la pédale d'accélération et ces symphonies de klaxons qui résonnaient dès qu'ils croisaient l'un de ces véhicules que l'exorciste ne manquait, à chaque fois, que de peu d'envoyer dans le décor... eux avec, sans le moindre doute d'ailleurs. Ce téléphone, maudit, qui se mit à sonner et le fit presque sursauter. L'appel qu'il prit sans pour autant ralentir. Et ces nouvelles, enfin, qui lui étaient données et qui, loin de le faire soupirer de soulagement, le mirent dans une rage plus folle encore. Ce silence qu'il s'efforça de conserver pour ne pas hurler. Ces mots qu'il consentit pourtant à articuler d'une voix sourde et où perçait trop bien la colère. Des têtes allaient tomber ! Des êtres allaient devoir payer pour cela ! Et si jamais... Ses paupières qui s'abaissaient un instant et ses mains qui se crispaient sur le cuir du volant alors qu'un satané feu rouge les contraignait à l'arrêt.

Désormais je veux et j'exige que ce soit toi qui veille sur elle quand je ne serais pas là. Tu m'entends Adrien ? Toi et personne d'autre ! Tous des incapables ! un éclair qui traversait son regard alors que, le feu pas encore totalement passé au vert, il démarrait de nouveau en trombes et ajoutait à mi-voix et sur un ton qui ne laissait aucune doute sur sa détermination Je vais tous les crever ! Tous... Les uns après les autres... Ils vont tous crever ! puis, alors qu'ils arrivaient enfin à destination dans un crissement infernal il sauta hors du véhicule et, prenant le temps de se retourner vers Adrien, lui jeta Occupes-toi de ces connards qui n'ont pas même été foutus de veiller correctement sur elle ! Trouves les et mets les aux arrêts ! Nous nous occuperons d'eux plus tard ! Ensuite tu me rejoindras.

Alors que le repenti acquiesçait d'un signe de tête et s'apprêtait déjà à tourner les talons Neil le retint encore un instant de ces mots

Et demandes à Roxanne de nous rejoindre au plus vite ! Je veux qu'elle soit présente. Elle est médecin et malgré ce qu'elle peut m'inspirer en tant que femme j'ai confiance en ses capacités de scientifique. Le cas d'Eden est bien trop particulier pour que je laisse n'importe quel abruti le gérer ! Et rien à carrer de ce qu'Astrid pourra dire : elle n'avait qu'à être là !

Puis, sans plus rien ajouter, il s'était précipité dans l'immense bâtisse. Ses pas qui claquèrent sur le sol carrelé alors que, comme un fou, il se perdait dans le labyrinthe des interminables couloirs. Ces gardes et ces soignants qui jalonnèrent son chemin et qui tentèrent de l'arrêter, de le ramener à une raison qu'il avait perdue, eux aussi il se jurait de les châtier. Et puis, enfin, la silhouette de Shelley qui lui apparaissait. A l'expression peinte sur le visage de son bras  droit le cœur du jeune homme cessa, purement et simplement, de battre pendant une poignée de secondes. Celles que la femme mit, pour une fois bien moins impassible que d'ordinaire, à venir à lui. Ces mots qu'elle ne prononça pas même et ce regard, fuyant, qu'elle lui offrit. C'en était trop pour lui ! Sans la moindre douceur il avait saisit les avant bras de la femme et, l'écartant de son chemin, il était entrée dans cette chambre où elle reposait. Inconsciente et reliée à ces machines dont le ronronnement lancinant le rendirent encore plus fou. Le cœur hurlant et saignant dans sa poitrine il s'était précipité à son chevet, prenant sa main dans la sienne. Elle était froide... tellement froide ! Alors qu'il la portait à ses lèvres pour mieux la couvrir de baisers, son autre main allait caresser ce visage couvert d'estafilades et de coupures. Alors, et alors seulement, Neil daigna desserrer les mâchoires pour demander, exiger d'une voix qui ne transigeait pas

Expliques ! Maintenant !
Je n'en sais que ce que l'on m'en a rapporté à mon arrivée...
Je ne t'ai pas demandé de te justifier ! Je veux savoir ce qui s'est passé et qui sont les enfoirés qui ont osé s'en prendre à elle !
Une attaque. Eden déjeunait avec le Grand Maître, sa fille et quelques notables quand une bombe a explosé.

Les mâchoires du jeune homme qui se contractaient un peu plus encore alors que, après avoir baisé les lèvres de l'endormie, il se relevait et venait darder, de toute sa stature, son lieutenant.

Nos hommes ? Ils faisaient quoi ? Ils se gavaient de croissants au caviar ou quoi bordel ?
Tu connais Daubigney, non ? Même sa fille a beau le supplier de se montrer plus prudent le monsieur n'en fait qu'à sa tête ! Garde rapprochée minimale et lieu non sécurisé, ça te va ?
Non ! Ca ne me convient pas ! Et ce vieille baderne commence sérieusement à me gonfler ! Eden aurait pu crever à cause de la bêtise aveugle d'un pauvre connard dépassé ? Et Nathaniel et Astrid, ils étaient où ces deux là encore ?

Avait-il littéralement hurlé alors qu'il envoyait valser tout ce qui se trouvait dans la pièce faisant presque sursauter celle qui, bien que le connaissant, ne l'avait jamais vu dans un état pareil. Haussant les sourcils et allant s'adosser au mur de la chambre elle avait soutenu le regard de Neil et répondu

A Rome, là où tu les as envoyés.
J'avais oublié... Et merde... Merde ! Merde ! Merde !

S'était-il de nouveau emporté alors qu'il arpentait nerveusement la pièce, ses mains passant encore et encore dans ses cheveux désormais hirsutes et  en ramenant, toutes les cinq secondes, son regard à celle qui semblait ne pas vouloir se réveiller. Celle vers qui il revint, la peur au fond des yeux.

Qu'on dit les médecins ?
Qu'elle a eu une chance de pendue. Elle aurait du y passer elle aussi.
Beaucoup de pertes ?
La totalité de nos hommes présents ou presque. Les deux derniers en vie ne devraient pas passer la nuit.
Dis moi que Daubigney aussi est mort !
Désolée mais il s'en est sorti. Enfin...Les médecins disent que son cas est grave et que, quand bien même il survivrait il ne sera certainement plus apte à diriger.

Le regard du jeune homme qui fut traversé par une étincelle de pur contentement alors qu'il murmurait doucement

Parfait alors...
Tu m'expliques ou je devine ?
Toutes nos troupes et nos hommes sont fin prêts. A Londres, Rome et même ici ils n'attendent plus qu'un ordre de notre part pour passer à l'action.
Tu veux te servir de cette attaque pour lancer l'offensive ?
Il n'y en aura pas même besoin. Daubigney ne se réveillera simplement pas quant aux deux autres ils seront victimes d'attaques similaires et, alors, nous aurons la voie libre.
Encore mieux en effet. Tu prévois cela pour quand ?

L'homme qui se tint un instant silencieux, son regard désormais ancré au corps inconscient de celle qui, jadis, il nommait sa sœur. Celle que bientôt , il se le jurait aujourd'hui plus que jamais, il nommerait sa femme.

Pas avant qu'elle n'ait repris conscience.
Neil...

Le regard de l'homme qui passa par dessus son épaule pour mieux venir s'ancrer à celui de celle qui, si elle n'avait pas été l'une des rares personnes à lui être proche, aurait sûrement péri pour ces vérités qu'elle lui jeta à la figure sans même en trembler.

Eden a survécu mais nul ne peut garantir qu'elle se réveillera ! Les médecins la voient déjà comme une miraculée ! Et je ne te parle même pas de ces témoins de l'attaque, ces badauds qui affirment tous les plus étranges des choses.
Ils racontent quoi?
Que ce sont les Entités qui sont venues éteindre l'incendie...

Là, le corps entier de l'exorciste qui se tendait alors que ses doigts se nouaient un peu plus fort à ceux de celle qu'il regardait, aussi interdit qu'inquiet. Jusqu'à il y avait encore bien peu jamais il ne se serait laissé aller à prêter foi à ces racontars dispensés par des crétins idiots et tout juste désireux de faire parler d'eux. Mais...

Neil ? Que s'est-il passé cette nuit là ? Que s'est-il passé la nuit où les Entités sont revenues?
Rien...
Mens à la presse... Mens à qui tu veux et même à toi-même si cela peut te rassurer mais si tu attends de moi que je te protège, que je la protège elle, alors je dois savoir ! Que s'est-il vraiment passé?
Je ne sais pas.

Le regard de la blonde qui s'écarquillait presque alors que, refusant de quitter le chevet de sa fiancée, il soupirait en secouant la tête et en consentant à répondre à son amie.

Tout ce que je sais, avec certitude, c'est que sans le nouveau jouet de Roxanne, sans Adrien ce soir là j'aurais perdu Eden. Le reste m'importe peu.
Je vois... Tu sais, tout comme moi, que nos experts ont réussi à déterminer que l'épicentre du phénomène se trouvait précisément là où, elle aussi, se trouvait, n'est-ce pas ?
Et alors?
Alors ce n'est pas la première fois que, depuis, des gens pourraient juré avoir vu une Entité ou une chose s'en approchant étrangement, rôder près de ta princesse. Certains commencent même à murmurer dans ton dos que ta si précieuse Eden pourrait bien être une Elue.

Le regard des deux amis et partenaires qui se trouvaient pour ne plus se lâcher alors que leur conversation se poursuivait.

Et, ça, c'est un problème. Le peuple craint les Entités et rêve de voir leurs hôtes crucifiés ! Si jamais ils venaient à te soupçonner d'en protéger une...
Ils n'ont aucune preuve!
Ils n'en ont pas besoin. Et tu le sais ! Le doute est la plus redoutable des armes... Il s'immisce et se répand et, avant que tu n'aies seulement eu le temps de réagir, il est souvent déjà trop tard... De plus... Les preuves ils pourraient bien en trouver.

Le regard du jeune homme qui s'assombrissait alors qu'il demandait, la gorge aussi nouée que sèche

Expliques...

Ce dossier que Shelley lui tendit et dont il prit connaissance, feuilletant d'une main fébrile, ces feuillets et analyses médicales faites lors de l'arrivée d'Eden aux urgences. Une fois sa lecture finie il referma le dossier, se leva pour aller le jeter dans la poubelle et, craquant une allumette, y mit le feu. Regardant sa princesse endormie il murmura

Elle est transportable à ton avis ?
Si elle était le commun des mortels je te dirais non mais puisqu'elle ne l'est, à l'évidence, pas...

L'instant d'après il se précipitait vers le lit et, méticuleusement, débranchait la jeune femme des machines qui l'aidaient pourtant à respirer. Son corps si fin qui s'arquait et convulsait avant que de se calmer quand il le prit entre ses bras. La serrant tout contre lui, il regarda Shelley qui affichait un rictus étrange.

Cet hôpital n'est décidément plus à la hauteur de sa réputation, tu ne trouves pas ? Arranges-toi pour faire transférer, discrètement, Daubigney et nos hommes encore en vie à l'Hôtel Dieu. Et ensuite... son regard qui glissait vers cette poubelle où finissait de flamber les documents attestant trop bien de la nature si particulière d'Eden. Un sourire complice qu'il adressait à celle qui lui rendit le même et ces mots qu'il jeta avant que de sortir de la chambre Ensuite je pense inutile de te dire quoi faire, n'est-ce pas ?
C'est fou ce que la rencontre d'une allumette et de produits inflammables peut causer comme dommages ! Les gens devraient se montrer plus prudents !

Les deux amis qui riaient, presque de bon cœur et Neil qui sortait pour mieux tomber sur le couple, étrange mais apparemment solide, que formaient Roxanne et Adrien. Ne pouvant s'empêcher de toiser avec une once de mépris la mère de son amie il se retint cependant de dire tout le mal qu'il pensait d'elle, parvenant même à se montrer aimable et presque sincère quand il lui adressa la parole

Je ne vais pas te mentir Roxanne : si j'avais eu le choix je me serais adressé à quelqu'un d'autre que toi. Mais je ne l'ai pas. Ta fille est en mission à Rome et il est hors de question que je la fasse rappeler. Je n'ai donc que toi d'assez compétente sous la main.

Son regard qui glissait, soudainement bien tendre, vers celle qui tremblait entre ses bras et semblait au plus mal. Lui qui se penchait pour baiser ses lèvres et lui promettre, avec une sincérité presque touchante tant elle était rare, que tout irait bien désormais. Qu'il prendrait soin d'elle et que bientôt, très bientôt, elle irait mieux. Non, elle irait bien ! Alors que la jeune femme semblait s'apaiser et plonger encore un peu plus profondément dans un sommeil qui faisait horreur à l'exorciste celui-ci releva son regard limpide vers la scientifique

Adrien a confiance en toi. un regard qu'il laissa, une seconde une seule glisser vers l'infiltré Et j'ai confiance en lui. puis, en revenant à la maîtresse de celui-ci il ajouta Sauves Eden ! Soignes la et rends la moi et alors, et sur ce point tu peux me croire, même Astrid ne pourra jamais rien contre toi. Rends moi ma femme et alors tu trouveras en moi le plus solide des alliés.

Puis alors qu'il se tournait vers Adrien il lui adressa ce qui ressemblait fort à un sourire avant que son regard ne s'emplisse de foudres quand, tout contre lui, il sentit sa princesse se remettre à trembler. Sa voix qui claqua dans l'air quand il exigea

Tes anciens petits camarades résistants ont merdé ! Et quels que soient les responsables je veux que tes hommes et toi débusquiez ces rats puants et me les rameniez ! Je ne veux pas leurs têtes je les veux entiers et vivants tu m'entends ? son regard qui se durcissait un peu plus encore alors qu'il crachait avec la plus froide des fureurs Je les pensais plus malins que cela ! Mais puisqu'ils me cherchent ils vont me trouver ! Ramènes moi les coupables ! Et, surtout, ne les touches pas ! Je veux être celui qui leur arracherait les viscères pour mieux les leur faire bouffer ! Et quand ils ne seront plus que des tas de chairs putrides alors nous exposerons leurs restes en place publique ! puis, alors qu'il s'éloignait déjà, il s'arrêta une seconde et se retourna avant que de jeter, l'oeil malicieux et de nouveau redevenu l'homme implacable que tant de gens craignaient Et toutes mes félicitations Adrien ! Tu viens d'être promu ! Juste le temps de faire établir les papiers et, dès ce soir, tu prends la tête du second escadron de la mort parisien. Tu verras avec Angélique pour qu'elle te briefe. Et, dès demain mati, je vous veux tes hommes et toi prêts. Nous partons en chasse !

Puis il était parti, plus rien ne comptant désormais que celle pour qui Neil était véritablement prêt à tout. Même à commettre ces erreurs de jugement que son cœur paniqué ne sut pas voir. Ces erreurs qui, demain peut-être, le perdraient. Mais là et maintenant, Neil aurait tout donné, absolument tout, pour sauver et venger celle qu'il tenait si fort contre lui. Et si l'homme était le plus roué des menteurs et le plus perfide des manipulateurs il savait aussi se montrer homme de parole. Le soir même Adrien recevait sa nouvelle affectation. Et, dès le lendemain tous deux partaient traquer ces sorciers que Neil n'épargna pas. Ces sorciers résistants qui essuyèrent ses pires foudres et dont les restes  finirent, comme l'homme l'avait promis, exposés aux yeux du monde. Quant à Roxanne, sa fille en hurlerait pendant bien des jours et des semaines, mais elle aussi entra dans les bonnes grâces de celui qui, pourtant, s'en montrait toujours si économe. Roxanne avait réussi, lui avait rendu Eden et, désormais, Neil était son obligé. Alliance précaire et hypocrite, certainement, mais pas moins réelle pour autant. Une autre erreur de jugement ? Peut-être... ou peut-être pas. Car, au fond, qui pouvait jurer de savoir avec certitude ce que poursuivait réellement le jeune homme ? Le pouvoir ? Oui mais encore ?



CHAPITRE VIII



Non mais tu m'as bien regardée ?

Avait-elle commencé à grogner alors que Roméo lui tendait ce ridicule costume qu'il entendait apparemment la voir revêtir. Les doigts de la jeune femme qui se faisaient pincettes alors qu'ils se saisissaient de ce tissu couvert d'écailles et ses yeux, écarquillés, qui venaient chercher ceux de celui qui, assis sur le canapé face à elle, les bras croisés et le plus amusé des sourires aux lèvres haussait les épaules.

C'était ça ou celui de danseuse du ventre... t'aurais préféré ? Pas facile de planquer des armes dans des voiles !

Un coussin qu'elle lui balança en pleine tête et lui qui s'en esclaffait alors qu'elle se laissait tomber à ses côtés, son ridicule costume toujours entre les doigts. Ce verre que Roméo lui tendait et qu'elle prit dans un soupir pour mieux le vider d'une traite avant que de se laissant couler dans le canapé, renversant sa tête en arrière pour mieux ancrer son regard au plafond elle murmura, grommelant plus que parlant

Dis moi juste que je ne vais pas, une fois de plus, risquer mes fesses pour la plus conne des raisons ! Dis moi juste que l'on ne va pas là-bas que parce qu'elle a mal pris, mais alors du genre super mal pris, le fait que tout le monde pense que tu couches avec Mila !

Le silence et le regard presque fuyant de son ami qui la fit grimacer et soupirer bien plus encore et ces mots qu'elle jeta tout en se relevant et en se dirigeant vers la salle de bains, les plus impolis des doigts levés bien haut

Je vous adore mais putain ce que vous pouvez me faire chier quand vous vous y mettez ! et alors qu'elle laissait la porte violemment claquer derrière elle Tosca hurla à pleins poumons Et si tu veux qu'elle arrête de péter tous ses câbles dis lui que tu l'aimes crétin ! Abruti ! Idiot !

S'il avait réagi, elle n'en avait rien vu ni rien entendu mais, quand, quelques minutes plus tard, elle était finalement ressortie, son costume enfilé, c'était le soldat  et plus seulement l'amie qui lui avait donné le bras pour que, ensemble, ils transplanent jusqu'à proximité de cette salle où se tenait cette réception dont tous s'accordaient à dire qu'elle serait la plus grande que l'Ordre ait jamais donnée. Et pour cause ! N'était-ce pas durant celle-ci que Neil devait officialiser non seulement sa prise de pouvoir mais aussi ce mariage qu'il entendait célébrer, en grandes pompes évidemment, dès que la situation le lui permettrait ? Et c'était d'ailleurs le principal sujet de conversation de tous ces convives qui, à l'abri derrière leurs loups de velours, y allaient chacun de leurs commentaires. Ici deux femmes se lamentaient de n'avoir pu placer leurs filles dans les bras et le lit de celui dont, non seulement elles vantaient l'insolente beauté mais dont, et cela ne fit sûrement qu'exaspérer un peu plus encore son compagnon, elles chantaient les louanges. Neil pouvait bien être le pire des monstres, commettre en toute impunité les pires des crimes et aller jusqu'à vouloir épouser sa propre sœur le peuple lui pardonnait, encore et toujours, la moindre de ses  frasques. Là, un couple se réjouissait d'ailleurs de le voir reprendre en mains un Ordre qui, ces dernières années, s'était montré bien trop laxiste. Certes, Ghisolfini était un homme bien mais il était dépassé ! Et si sa mort était un drame c'était aussi une chance pour eux ! Au moins, avec Neil en Grand Maître, la ville serait bien gérée ! Et les sorciers pouvaient trembler ! Tous ceux qui ne plieraient pas finiraient brûlés ! Leurs rires qui résonnaient et le tintement de leurs flûtes qui s'entrechoquaient à l'idée de ces mises à mort cruelles auxquelles ils s'impatientaient pourtant déjà d'assister. L'envie furieuse de leur faire, à tous, ravaler leur morve et leur haine ! L'envie de leur faire payer tous ces mots dont ils usaient pour les décrire Roméo et elle...

Et puis son regard qui suivit celui que son ami portait déjà vers celle qui rayonnait de sa plus belle tristesse, noyée au milieu de la foule. Eden était splendide dans son costume d'Aphrodite sortie des eaux. Et sur elles glissaient bien des regards. De ces regards que, Tosca le savait, la si jeune femme détestait. Il y avait même quelque chose de véritablement tragique à la voir, elle qui ne rêvait que d'anonymat et de paix, ainsi perdue  au milieu d'un faste et d'une débauche de plaisirs qui lui ressemblait si peu. Le sang de la résistante qui se mit à battre furieusement à ses temps quand elle vit Neil approcher de celle qu'il présentait ce soir à tous comme étant sa promise. Cette main qu'il voulut passer à sa taille et qu'elle repoussa. Ce regard, sombre, qu'il lui offrit alors que s'écoulaient de ses lèvres ces mots que les deux sorciers ne purent entendre mais qui firent blêmir celle qu'ils virent se mettre à trembler. De nouveau les mains de l'exorciste qui s'approchaient, s'appropriaient ce corps qu'il ramenait au sien, enlaçait et entraînait dans une danse bien lascive. Lui qui rayonnait, fier comme un paon.  Elle qui se faisait poupée de chiffons entre ses bras, s'efforçant de masquer son dégoût et son envie, malgré tout bien évidente, d'être ailleurs. Puis, comme elle tentait de lui échapper, Neil qui s'impatientait, cédait une fois de plus à son habituelle colère et l'entraînait sans plus la moindre douceur loin des regards un peu trop inquisiteurs.

Ce n'est pas une bonne idée ! Ce n'est vraiment pas une bonne idée !

Autant s'adresser à un mur ! Déjà Roméo fendait la foule et se précipitait à son tour vers cet endroit où les deux fiancés avaient disparu quelques secondes plus tôt. Mais la foule était dense ce soir là et la traverser sans prendre le risque de se faire repérer relevait du plus difficile des exercices. Et alors qu'ils y parvenaient enfin, Neil réapparaissait déjà. Suffisamment débraillé pour que Tosca n'en grimace. La main qu'elle tenta de poser sur le bras de celui qui, une fois de plus, ne l'écouta pas et se libérait pour mieux se faufiler dans ce couloir dont Eden n'était pas revenue, elle. Super ! Et maintenant elle faisait quoi, elle ? Elle comptait les moutons en se goinfrant de petits fours ? Elle allait proposer une valse à un milicien ? En fait elle n'eut pas à se poser la question bien longtemps. Des pas derrière elle qui la firent frissonner et ce souffle, glacial, qui vint déposer au creux de son oreille ces quelques mots

Je me demandais si vous oseriez venir...
Je te dirais bien que je suis ravie de te revoir Neil mais, tu m'excuseras, j'ai pas envie de mentir ce soir.

S'était contentée de répliquer celle qui se retournait, étrangement calme, pour mieux faire face à celui qui affichait le plus grand des sourires et portait l'audace à son paroxysme lorsqu'il lui tendit cette flûte qu'elle accepta quand même. Faire le moindre esclandre eut été les condamner, Roméo et elle, et Neil ne le savait que trop bien. En jouait même avec une délectation qu'elle pouvait lire au fond de ses prunelles limpides. Alors qu'il faisait trinquer leurs flûtes, se comportant avec elle comme il le faisait à une époque révolue où ils étaient les meilleurs des amis, il badina

Plutôt réussie comme soirée, tu ne trouves pas ?
Pompeuse, en fait. A votre image donc...

Le rire de l'exorciste qui résonna dans l'air avant que, s'adossant à une colonne de marbre juste derrière lui, il ne prit le temps de déguster une lampée de ce breuvage divin avant que de lui demander, sérieux

Ca ne te manque pas?
Quoi?
Tout ça justement. Le confort, l'opulence et ce pouvoir qui était à portée de tes mains ! Tu aurais pu tout avoir Tosca... Si tu l'avais voulu alors, ce soir, c'est toi et non Astrid qui serait couronnée en notre compagnie.
Merci je passe mon tour.

Le regard du nouveau Grand Maître qui se faisait plus perçant et plus insistant alors qu'il posait cette question que la femme face à lui redoutait de le voir poser.

Et nous ? Nous ne te manquons jamais?

Le trouble qui envahissait un peu trop bien le regard de celle qui eut voulu que le temps s'accélère et que son meilleur ami et elle se retrouvent, saufs, ailleurs. N'importe où mais loin de celui qui ne savait que trop bien manipuler les êtres et les cœurs pour qu'elle n'en ait pas la plus grande des peurs. Neil se jouait de ces souvenirs, si heureux, qu'elle n'avait jamais oubliés en effet. De ces moments, si parfaits, où Nathaniel et lui étaient son tout, son univers. Et lui qui enfonçait un peu plus le couteau dans une plaie bien plus à vif que la résistante ne l'aurait pensée.

Je pense que tu lui manques encore souvent.
Pas moi ! Il ne me manque pas... jamais !
Tu sais que lorsque tu mens tu as le nez qui se retrousse ? Tu étais déjà ainsi enfant. Tu te souviens ? Nath et moi n'arrêtions pas de te charrier là-dessus.

Bien sûr qu'elle se souvenait. Encore plus maintenant que chacun des mots de Neil ravivait en elle toutes ces images de cette vie que, ensemble, ils avaient partagée, vécue et même rêvée. Ce paquet de cigarette dont l'exorciste se saisit avant que de le lui présenter. Cette clope dont elle se saisit et qu'il alluma d'un geste. C'était ridicule, certainement, mais ce simple geste aussi lui rappelait bien des moments. Toutes ces heures passées dans leur antre, ce lieu où ils allaient si souvent se réfugier pour fuir ce monde qui les oppressait et dont, déjà, ils rêvaient de bouleverser les codes, renverser les têtes si peu pensantes qui le dirigeaient. Toutes ces nuits passées à refaire le monde de leurs confidences soupirées dans des nuages de nicotine, de leurs rêves confessés dans des vapeurs d'alcool. Une vie... leur vie.

Reviens Tosca. Reviens nous...

Son regard, toujours si troublant qu'il n'en était que plus dérangeant encore, qui venait chercher pour mieux le trouver celui de celle qui sentait la fureur monter en elle. Contre lui, lui qui osait si bien lui faire cette proposition que, jamais, elle ne consentirait même à seulement envisager. Et contre elle aussi... Pour, un instant un seul, s'être laissée aller à une nostalgie bien trop dangereuse pour qu'elle puisse seulement se la permettre. Et, dans cette joute encore plus potentiellement mortelle que s'ils s'étaient confrontés sur un champs de batailles, Neil montrait encore sa perfide supériorité lorsqu'il lâcha, sur un ton moqueur et en détournant sciemment le regard de son interlocutrice

Ou serait-ce un fade résistant parisien et une môme aux cheveux blonds qui te retiendraient de suivre cette voie pour laquelle tu es pourtant née ?
Je ne vois pas de quoi tu parles !

Tentait encore de se débattre, de nier celle dont la peur luisant au fond de ses iris sombres venait trop bien démentir l'assurance froide de ses propos. Neil qui ramenait son regard à elle, souriant alors que, sans la moindre précipitation, il levait cette main dont il effleura en une caresse sa joue. Puis, se penchant de nouveau vers elle il lui murmura, sur un ton qui n'était badin que pour mieux mettre en exergue la menace sous jacente

Ce n'est pas toi qui jurait que, jamais, tu ne deviendrais mère ? C'eut été dommage tant ta petite Camille est ravissante ! Un vrai petit ange...
Touches à ma fille, approches toi seulement d'elle ou de son père et alors, je te le jure, je t'arracherais ce que tu as de plus précieux !

La femme fulminait, peinant à ne pas cracher au visage de celui qui s'en amusait, s'en délectait. L'exorciste se repaissait de cette colère qu'il savait si bien faire naître chez celle qu'il agrippa par le poignet pour mieux la ramener à lui. Son souffle qui effleurait son visage alors qu'il soupirait en riant

Voilà une promesse que je me plairais presque de te voir tenir ma belle... s'il n'y avait un léger problème... M'arracher ce que j'ai de plus précieux ? Mais cela reviendrait à arracher à ce chien puant de Roméo ce qui lui est, à lui aussi, le plus précieux !
Enfoiré !

Grognait celle qui voyait se refermer sur elle un piège qu'elle n'avait pas su voir venir. Ou, au contraire, qu'elle avait toujours su devoir un jour, affronter. Neil n'en était pas arrivé là où il était par hasard... Il anticipait toujours tout, avec une maestria qui n'avait jamais autant écoeurée qu'aujourd'hui celle dont les yeux se plissèrent quand elle réalisa que cela faisait un moment qu'elle s'était laissée distraire, détourner de ce sujet qui aurait du accaparer toute son attention et que son vieil ami se chargeait, à sa manière toujours si sibylline, de lui rappeler. Roméo et Eden ! Le regard de la jeune femme qui se braquait, inquiet, vers cet endroit sombre dont ils n'avaient toujours pas émergés. Elle qui tentait de s'y précipiter quand Neil la retint d'une main ferme, bien ferme même cette fois, à son poignet.

Laisse les donc tranquilles ! un silence et ce regard, mauvais, qu'il eut alors que, lui aussi, se tournait, une nouvelle flûte à la main, vers le couloir. Que Roméo profite, une dernière fois, de ma fiancée... De telles occasions ne se représenteront pas de si tôt !
Sais-tu quelle est ta plus grossière erreur Neil ? Celle que, depuis l'enfance, tu ne cesses de réitérer ? Tu persistes à croire que ta si précieuse petite sœur pliera, finira par te céder, te choisir, toi... Mais tu te plantes ! Eden n'est pas idiote ! Et si elle t'a déjà rejeté ce n'est pas sans raison ! Continues de te leurrer et de fanfaronner pour mieux te consoler mais nous savons tous les deux que, cette guerre là, tu l'as d'ors et déjà perdue ! Et, oui, c'est Roméo qui l'emporte ! Tout comme, un jour, c'est lui et personne d'autre qui te fera tomber de ton si fragile piédestal !

Ce fut ce moment précis que les deux amoureux maudits choisirent pour réapparaître. Abrités dans cette pénombre bienveillante, ils se murmuraient ces mots dont leurs regard si bien rivés et leurs doigts si fortement noués trahissaient la tendresse. Cette caresse à la joue de la jeune femme que Roméo offrit avant que de se pencher pour mieux baiser ses lèvres. Et elle qui y répondait avec une fougue et une passion que seul l'amour pouvait faire naître. Tosca qui, malgré la dangerosité de la situation, en souriait presque. Elle les aimait bien les tourtereaux... et puis, leur bonheur c'était aussi, et en ce moment surtout, le malheur de celui vers qui elle se retourna, déjà prête à l'abreuver de toute sa morve la plus cinglante quand l'attitude de Neil la fit se figer. Si la colère pulsait sous sa peau, ce calme olympien qui était le sien inquiéta celle qui allait prendre la parole quand il l'en empêcha lorsqu'il lui tendit cette clé USB qu'il venait d'extirper de sa poche.

Il paraît que Roméo a eu une période cinéaste. Donnes lui donc ce film de ma part. Je parie qu'il saura en apprécier la sulfureuse saveur.
Qu'est-ce que tu as fait Neil ? Y a quoi là-dessus?

Murmurait précipitamment celle qui voyait son meilleur ami revenir vers elle et Neil, le visage désormais fermé, apparemment prêt lui aussi à en découdre. Tosca savait qu'il leur fallait partir, ne pas pousser au-delà cette chance insolente que Neil, dans sa perverse mansuétude, leur avait trop bien accordée. Mais alors que le futur Grand Maître détournait déjà les talons, prêt à rejoindre sa fiancée, Tosca fut celle qui, cette fois, le retint.

Qu'as-tu fait ?!
Rien de plus que ce que ton si cher ami le sorcier n'a déjà fait. En mieux évidemment ! A moins que ce ne soit en pire ? A lui de me dire quand tu lui aurais montré mon petit cadeau... si jamais tu décides de lui montrer, bien sûr.

La jeune femme qui blêmissait et le laissait partir. Une poignée de secondes pendant lesquelles elle darda de son plus circonspect regard cet objet qu'elle tenait encore entre ses mains... et qu'elle s'empressa de glisser dans son déguisement et aussi loin que possible des yeux de celui vers qui elle se retournait, l'air aussi perdue que furieuse et dont elle agrippait le poignet.

On s'arrache ! Maintenant Roméo !

Puis ils étaient, en effet et au final, partis. Aussi librement qu'ils étaient arrivés. Mais sans échanger le moindre de ces mots que la sorcière se  savait incapable de prononcer. Ce soir là, et les jours qui suivirent, Tosca trouva tous les prétextes imaginables pour ne jamais se retrouver seule avec celui qui, elle le savait, finirait par venir lui demander, si ce n'était des comptes au moins des explications. Celles que, après avoir visionné l'enregistrement, elle n'était vraiment pas pressée de lui donner. Ce film... Cette horreur lui avait fait rendre ses tripes ! Cette immondice était revenue la hanter chacune des fois où elle avait tenté de fermer les yeux pour mieux en chasser les images qui, sans cesse et pourtant, tournoyaient en son esprit. Ces images qu'elles ne se parvenaient pas à se résoudre à lui montrer. A lui qui venait de, comme toujours entre eux, transplaner dans son appartement et qui la regardait fixement. Au fond des prunelles de Roméo ces questions qu'il ne lui poserait sûrement pas. Il avait confiance en elle. A elle de lui prouver qu'il avait raison et que cette confiance était réciproque. Et Tosca qui, intérieurement, maudit si fortement Neil. Il avait réussi. Il avait réussi ! Si jamais elle se taisait alors elle protégeait son ami mais ébranlait la confiance qui les unissait depuis si longtemps. Si elle parlait alors …

Je sais, faut qu'on parle. Mais je te préviens, tu ne vas pas aimer.

Non, Neil ne l'emporterait pas ! Car, dans sa suffisante vanité, l'homme oubliait une chose. Que Roméo était bien plus solide et malin que tous semblaient encore trop le penser ! Que si l'homme amoureux en lui était une faille c'était aussi sa plus grande force ! Et que, Tosca en était persuadée aujourd'hui plus encore que le premier jour où ils s'étaient rencontrés, Roméo était celui qui, demain, ferait s'effondrer l'Ordre. Et Neil en premier. Alors, oui, que ce dernier savoure sa minable petite victoire ! Qu'il savoure les fruits de son immonde perversité. Demain, Roméo le lui ferait payer au centuple, Tosca, en était certaine !



CHAPITRE IX


Si les colères de Neil étaient de celles que nul n'aimait essuyer, il était une chose bien pire encore : ce mutisme glacial qui était le sien depuis la débâcle de Paris. Lorsque Roméo et Tosca, à eux seuls, avaient réussi à mettre en déroute pas moins de trois bataillons de miliciens armés jusqu'aux dents et soit-disant les mieux entraînés que comptait le pays ! Deux sorciers isolés... et, pour résultat, une telle et si cuisante défaite que nombreux étaient ceux à se demander comment l'Ordre pourrait jamais s'en relever ! Là, dans cette gigantesque salle de réunion ressemblant de plus en plus à un poulailler immonde, les esprits s'échauffaient, les langues se déliaient et les tensions montaient au point de menacer de, bientôt, exploser. Même Nathaniel, d'ordinaire le dernier à s'emporter en public, y allait de sa verve et de sa fureur, menaçant de mort tous ceux qui osaient remettre sa gestion des choses en question ! A ses côtés Astrid semblait, elle, bien pâle et curieusement muette. Son regard teinté d'autant de fureur que de peur volait de son époux à ce meilleur ami dont elle pressentait déjà la réaction. Ces hommes, morts en place de grève, Neil s'en contrefichait éperdument ! Et il ne serait pas compliqué de mettre sur le dos de ces incompétents le fiasco du jour. Les blessés parmi les fidèles sauraient, eux aussi, être expliqués et même justifiés. Et, là, ce seraient les sorciers qui en porteraient le poids. Mais il y avait une chose, une seule, que Neil ne pardonnerait à aucune des personnes présentes sur cette estrade aujourd'hui, sans doutes pas même lui... Une chose qui le rendait ivre de cette fureur que la rouquine voyait trop bien luire au fond de ses prunelles orageuses... La perte d'Eden.

Nous vous faisions confiance Neil ! Nous pensions que vous nommer, vous et vos amis, à la tête de l'Ordre serait insuffler à nos troupes et à nos fidèles ce relent d'espoir et  de foi qui leur faisait tant défaut ! Nous croyions en vos capacités à mener, et plus encore à gagner, cette guerre !

Cette main que le haut dignitaire romain venait de faire claquer sur le bureau, juste sous le nez de celui qui s'abstint pour le moment de la moindre réaction. Neil demeurait comme figé dans cette impassibilité qui ne laissait pourtant présager, pour qui le connaissait, la pire des tempêtes. Oser ainsi mettre en défaut, et qui plus est en public, un être aussi vaniteux que dangereux était l'assurance de se condamner à mort soi-même... Mais, à la surprise générale, l'homme eut encore le temps de se pencher, d'approcher son visage au plus proche à qui il osait enfin cracher ces vérités qui, s'il les pensait, il n'avait jamais trouvé le courage d'énoncer.

Mais vous n'êtes qu'un être dont la vacuité n'a d'égale que la vanité ! Et nous avons, tous, commis une erreur en vous accordant cette confiance que, à l'évidence, vous ne méritez pas ! Vous êtes fini Neil ! Et vous pouvez compter sur moi pour en avertir le Haut Concile et les convaincre de vous révoquer vous et vos chiens galeux de compères !

La chaise de Nathaniel qui se renversait alors qu'il en bondissait, son arme déjà ancrée à sa paume et pointée sur celui qui, s'il en trembla, n'en sourit pas moins. Le Grand Maître parisien n'était-il pas la parfaite illustration de ses accusations ? Un homme violent et irréfléchi qui ne serait jamais capable de gouverner l'Ordre ! Un incompétent bien trop sanguin pour qu'on lui accorde sa confiance ! L'affrontement qui allait tourner au carnage lorsque, sans brusquerie mais le regard plus froid que jamais, Neil se leva, s'interposant entre les deux hommes prêts à s'égorger. Ses lèvres qui s'étiraient en un bien sibyllin sourire alors que les mots commençaient à s'écouler.

Mais je vous en prie ! Faites donc ! Allez trouver votre précieux Haut Concile et rapportez donc vos allégations aussi stupides que mensongères. Mais ne vous étonnez pas si l'accueil qui vous est réservé se trouve être pour le moins glacial.

Sans même qu'il n'ait eu le moindre geste à faire plus de la moitié des hommes et des femmes présentes se levaient à leur tour et montraient clairement à qui allait leur allégeance quand ils dégainèrent et mirent en joue celui auquel Neil faisait face.

Vous et tous vos si vieux et pathétiques petits amis avez réellement pensé que je ne vous verrais pas venir ? Que je ne saurais rien de vos mesquines manigances et de vos stupides intrigues ?

La porte qui s'ouvrait, en un timing parfait, pour mieux laisser apparaître les silhouettes bien amochées et menottées de cette femme et de ces enfants que l'adversaire de Neil regarda les yeux écarquillés et en commençant à trembler. Les miliciens qui, sur un geste de Neil, jetaient leurs paquets humains à ses pieds et lui qui, d'un coup sec du talon, brisait la nuque de l'épouse. Sans même en ciller. Dutti, désormais plus pâle que la mort et plus muet que la tombe à laquelle il venait de promettre toute sa famille, l'homme pleurait comme un enfant que Neil toisait de son plus orageux regard. Encore ces mots dont il daigna se fendre alors qu'il se saisissait de la petite fille guère plus âgée de quatorze ans. La lame de qui se mit à luire dans sa main alors qu'il se penchait pour mieux murmurer à l'oreille de l'enfant

Regardes bien ton père petite... Regarde cet homme à cause de qui tu as subi tant d'horreurs ! Regarde le ! C'est sa faute si tu as été violée ! Sa faute si ta mère vient de mourir ! Et ce sera encore sa faute si ton frère crèvera bientôt lui aussi !

L'enfant qui pleurait et Neil qui la relâchait, défaisait ses liens et, à la surprise générale, lui tendait sa propre arme, son propre revolver. L'enfant qui s'en saisit, tremblante avant que de l'écouter lui susurrer de sa voix la plus torve et la plus mielleuse

Je te laisse le choix petite. Tu peux décider de pardonner à ce père qui n'en est pas même un... De pardonner à ce minable qui, alors que vos vies à ton frère et toi sont en jeu ne sait que pleurer et supplier ! Est-ce ainsi qu'un père est supposé agir ?   une pause qu'il marqua à dessein avant que d'ajouter dans un sourire bien grand et des étoiles foudroyantes au fond des yeux Ou tu peux, librement, décider de nous rejoindre et de vous offrir, à ton frère et toi, la possibilité de vivre. alors qu'il la voyait hésiter, tous les regards braqués sur elle, il avait soupiré en se rasseyant et en allumant cette cigarette que lui tendait Shelley Tuer n'est réellement difficile que la première fois. Tu verras, on s'y fait si vite que l'on finit même par y prendre du plaisir.

Le temps qui sembla soudainement comme se  figer et puis cette détonation qui résonna, claqua dans l'air au moment où l'enfant choisit... et pressa la détente. Son petit corps, affaibli et malingre, qui basculait en arrière et s'affalait au sol au moment précis où celui de son père en faisait de même. A la différence près que celui de l'homme baignait désormais dans une mare de sang et qu'il ne se relèverait jamais. Pas comme cette petite au regard déjà plus dur qui, refusant la main que lui tendait Shelley, se releva. Pas encore un seul regard pour celui qui venait de faire d'elle une autre de ses fidèles, un autre de ses pions mais celui qu'elle accorda, froid et déterminé, à ce frère qu'elle mit alors en joue et sur lequel elle tira à nouveau. Une jolie balle logée dans cette boîte crânienne qui explosa et dont le contenu vint maculer son si beau visage. Alors, et alors seulement, elle regarda celui à qui elle devait la vie et à qui elle murmura d'une voix atone

Il ne méritait pas de vivre lui non plus. C'était un faible, comme mon père ! Il aurait fini par nous trahir !

Les murmures, bien plus ébahis que choqués, qui parcoururent l'assemblée alors que celui qui venait de faire la plus parfaite démonstration de sa puissance, et de sa perverse folie, raccompagnait cette pupille qu'il confiait aux bons soins de Nina. Elle lui trouverait la meilleure des familles et, dès le lendemain, les meilleurs des instructeurs. Cette enfant qui venait d'échapper à la mort serait, demain, l'un des plus loyaux et dangereux bras armés de l'Ordre. Et nul, dans la pièce n'aurait songé à en douter !Alors qu'il revenait, Neil vint prendre la place d'honneur à la table et jeta froidement ces quelques mots

Dutti avait au moins raison sur un point : la foi des foules vacille ! La faute à toutes ces vieilles badernes qui ne nous ont que trop longtemps gouvernés et laissés nous assoupir sous des lauriers depuis longtemps fanés. encore l'une de ces pauses ménagées à dessein et ces mots qu'il crachait Mais ce que vous considérez encore comme une défaite est en fait le début de notre victoire. En enlevant ma fiancée, en tuant nos hommes et, plus encore, en faisant de tous ces innocents des dommages collatéraux la Résistance nous a rendu service ! Désormais, aux yeux du peuple, ils sont ces fous, ces ennemis à abattre !

Un regard qu'il jeta à Astrid qui prit la suite. Des documents qu'elle distribua avec facétie avant que de venir se tenir à la droite de Neil.

Les dénonciations, plus même anonymes, ne cessent de nous arriver.
Tout comme les nouvelles demandes d'enrôlement. Nos bureaux de recrutement débordent de ces jeunes, parfois même de ces enfants, prêts à nous rejoindre et à donner leurs vies pour nous.
Et, pour ceux qui auraient encore quelques doutes à dissiper, sachez que certains de nos meilleurs éléments sont, depuis des mois, infiltrés dans chacun des réseaux sorciers. Ils noyautent leurs rangs, récoltent des informations et s'efforcent de retourner nombre de leurs petits camarades.
Cette attaque de Paris, si elle nous a en effet surpris, ne le fut pas dans le sens où vous semblez tous l'avoir bien trop pensé.

Neil qui reprenait la main, plus serein que jamais.

Cette attaque était, non seulement prévisible, mais attendue. Ce qui l'était moins fut ceux qui la lancèrent. Il semblerait que nos ennemis aient quelques difficultés à coordonner leurs actions. La dissension guetterait-elle nos chers petits amis ? A nous de leur montrer notre supériorité en leur opposant notre plus parfaite cohésion !

Puis, alors qu'il se levait, il ouvrit les bras.

Mais nous ne forçons personne. Que ceux qui ne se sentent pas en parfait accord avec notre ligne directrice sortent. Nous ne les retiendrons pas.

Quelques regards qui, à la dérobée, vinrent effleurer le cadavre sanguinolent encore aux pieds de celui qu'ils finirent par regarder. Et de leur silence, adouber une seconde et ultime fois. Désormais Neil détenait tous les pouvoirs. Non, Neil détenait le pouvoir ! Alors que Roméo et les siens profitent bien de leur si infime et risible petite victoire. L'histoire ne faisait que commencer.

Nos hommes sont prêts à partir en chasse. Nous te ramènerons Eden Neil, je te le promets.
J'apprécie, vraiment... mais rappelles les. Nous n'en aurons pas besoin.
Serait-ce trop te demander que d'éclairer ma lanterne.
Pourquoi nous épuiser et encore risquer de sacrifier des hommes alors que, bientôt, Eden me sera rendue sans même que j'ai à lever le petit doigt ?
Tu n'espères quand même pas qu'elle revienne toute seule ?!
Ai-je l'air aussi stupide que candide ? Non, Eden préférerait mourir que de revenir. Mais elle me sera rendue.

L'éclair qui traversait le regard des deux amis alors que Nathaniel comprenait enfin et murmurait dans un rire étouffé

Oh ! Je vois... Tu crois qu'elle est prête ? Je veux dire prête au point de te ramener Eden ?
J'en suis persuadé. Pas toi ?

Les  deux amis qui éclataient de rire laissant la salle se vider autour d'eux. Alors qu'Adrien passait à leur hauteur Neil l'arrêta d'un regard, et de ces quelques mots.

Adrien ! Viens donc avec moi... Il y a quelqu'un que je veux te présenter.

Puis, sous le regard plus qu'amusé de son meilleur ami, il disparut, Adrien à ses côtés. Ces banalités que les deux hommes échangèrent jusqu'à ce qu'ils arrivent devant ces appartements que Neil ouvrit. Un gigantesque salon dont ils étaient séparés par une glace sans tain. Derrière celle-ci Gaëlle se trouvait, jouant avec un enfant à la chevelure sombre et aux yeux clairs. Une petite fille.

Lorsque nous l'avons raflée, elle était enceinte. Et, apparemment, elle fut la première surprise de le découvrir.

Un dossier qu'il tendit à Adrien. Des analyses de sang, des tests génétiques et la conclusion qui s'écoulait des lèvres de l'exorciste alors qu'il tapait dans le dos de son nouveau lieutenant et avant que de prendre congé :

Elle l'a appelée Faustine. puis, laissant Adrien seul il avait murmuré d'une voix chaude et presque doucereuse J'ai racheté ta femme à Nathaniel. Et bien que tu comprendras que je ne puisse l'affranchir saches que, désormais, elle et  ta fille seront sous ma protection.puis affichant son air le plus faussement amical il ajouta Et comme ton intérêt  est désormais ailleurs je suis sur que tu ne m'en voudras pas de faire usage des charmes de Gaëlle, n'est-ce pas ?  

Et Adrien aurait du se sentir rassuré ? Vraiment  pas ! Car, quoique Neil ait en tête, cela ne pouvait jamais être que le pire ! Puis Neil s'était retiré, parfaitement indifférent à ce qui se dirait désormais entre les époux, pour quelques instants, réunis. Lui, avait bien mieux à faire d'ailleurs. La journée avait peut-être été riche en émotions mais elle avait été aussi plus que fructueuse. Après le coup d'éclat, prévu, de Dutti, plus personne n'oserait venir lui contester le pouvoir. Et, désormais, nombre de ses pions se trouvaient précisément là où il l'avait pensé, voulu et planifié. Jusqu'à celle qu'il se tardait pourtant qu'on lui ramène. Jusqu'à Adrien qui, en ce moment même, devait tenter de se remettre de cette nouvelle qu'il devait être à des années lumières de s'attendre. Jusqu'à cet homme que Neil vit surgir devant lui, la mine grave et l'oeil empli d'orages.

Cela faisait longtemps Neil... Tu as bien grandi dis moi... Et, à ce que je viens d'en entendre, il semblerait que tu sois devenu encore pire que ton père !
Tiens... Tu m'excuseras de ne pas feindre la surprise ? Je dirais même que je suis déçu : je pensais  que tu te montrerais plus réactif que cela.
Des affaires à régler en ville.
Comment vont tes amis ? Les Rookwood ?
Mieux que tu ne le souhaiterais je pense.
Et comment va-t-elle ?
Bien mieux depuis qu'elle est loin de toi.

Neil qui soupirait son rire avant que de poursuivre son chemin. Alors qu'il arrivait à la hauteur de l'inconnu ce dernier l'arrêta d'une main plus que ferme à son bras

Tu n'as aucune idée de ce que tes amis et toi êtes sur le point de déclencher !
Bien au contraire ! Je n'ai jamais vécu que pour ce moment là !
Tout cela, toute cette guerre n'est jamais que l'excuse dont tu te sers pour mener à bien le projet insensé que ton père avait initié, n'est-ce pas ?
Tu te poses vraiment la question ? Mais, à ce que j'en sais, c'est bien toi qui en fut, cette fois encore, à l'origine, non ? C'est toi qui a fait de nous ce que nous sommes  !

L'homme qui n'en montra rien mais son regard qui s'emplissait de foudres irisées alors qu'il relâchait Neil.

Ne fais pas ça Neil ! Renonce avant qu'il ne soit trop tard... pour tout le monde ! Trop tard pour elle ! Tu vas la détruire ! C'est vraiment ça que tu veux Neil ?
Expelliarmus !

Le visiteur que Neil envoyait voler contre un mur et Neil qui ne suspendait ses pas que pour mieux les laisser le ramener jusqu'à celui qu'il toisa de son plus sombre regard.

Mon père et toi avez fait de nous tous des putains d'armes ! Ne t'étonnes donc pas de les voir aujourd'hui se retourner contre leur créateur ! puis, alors qu'il détournait les talons il murmura sans même se retourner cette fois et en rangeant cette baguette que nul ne le savait posséder Il est de toute manière trop tard et rien que ta présence en ces lieux le confirme. Il est trop tard ! Les Entités sont, enfin, de retour. un pas pour s'éloigner un peu plus encore et le regard aussi sombre que la nuit de Neil qui passait par dessus son épaule alors qu'il lâchait Réjouis toi  ! Tu as réussi !

Puis il avait laissé l'homme seul. Aucune importance... Ils se reverraient.  Car les deux hommes le savaient : la guerre, la vraie et la seule qui importait car elle scellerait le sort de l'Humanité, était sur le point de commencer. Et Neil, lui, entendait bien la gagner ! N'en avait-il pas désormais tous les moyens ? Lui en semblait persuadé.  Mais tout cela est une autre histoire. Celle qu'il reste encore à écrire !



THE END

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Neil Corrigan
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Ven 9 Fév - 10:40

Si un jour j'ai le courage et le temps je changerais les couleurs de mes dialogues pour qu'ils correspondent mieux aux nouvelles couleurs... Et si j'ai la flemme... Cela restera ainsi lol!

Sinon ça fait du bien de débarquer dans ces terres ô combien hostiles Neil Corrigan " Le Bien et le Mal ne vont jamais l'un sans l'autre " [FINIE] 2688704670

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