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Mina O'Connor " La vie ça craint ! " [FINIE]

 ::  :: Le Baptême :: Hallelujia !
Sam 10 Fév - 11:01
Mina O'Connor
ft. Freya Mavor

Âge : j'ai arrêté de compter après mon 300ème anniversaire
Statut sanguin : Je n'en sais rien mais vu que je peux user d'une baguette je dirais au minimum sorcier et surtout super maudit !
Situation conjugale : Je fus mariée... brièvement... enfin brièvement... Plus longtemps que la plupart des couples mortels. Bref, divorcée de Jacob O'Connor dont je porte encore le nom mais qui maintenant se nomme Jack Sarkander.
Métier/études : Médecin urgentiste par nécessité et légiste par plaisir
Entité abritée : Aucune et vu mon caractère même si une se pointait, rien qu'en me voyant elle ferait demi-tour illico presto !
Pouvoir(s) : en quoi ça vous regarde ? Aucun.
Arme(s) : Je déteste les armes mais cela ne veut pas dire que je ne sache pas m'en servir ou n'en possède aucune. D'un autre côté Jack vous dirait sans doutes que je suis une arme, genre bombe H, à moi toute seule.
Aptitude(s) spéciale(s) : survivre est ma spécialité
Signes distinctifs : rien que je n'ai envie de partager avec vous.
Caractère

Insolente ~ Capricieuse ~ Fière ~ Moqueuse ~ Taquine ~ Arrogante mais cela ne cache jamais que cette fragilité que je protège très très bien ~ Susceptible ~ Fonceuse ~ Trop franche... il paraît que j'en suis souvent blessante ~ Torturée par mon histoire bien trop longue ~ Ca peut paraître idiot à dire mais je suis plus mûre qu'il y a un siècle ~ Cynique ~ Erudite ~ Taquine ~ Sentimentale ~Farouchement opposée à la guerre ~ Dévouée à mon métier mais il ne faut pas le crier trop fort ça nuirait à ma réputation de poison violent ~ Légèrement ingérable... bon, d'accord, réellement et totalement ingérable !

La Guerre & Moi

La guerre ? Mais quelle guerre ? La guerre des Roses ? La Révolution Française ? La première ou la seconde guerre mondiale ? Aucunes de celles-ci ? Je vois... Je vais être très claire : la guerre j'en suis blasée. J'en ai tellement vu... Ses horreurs, ses atrocités, ses injustices commises par les pires des mégalomanes... Je les connais toutes ! Et, devinez quoi ? J'ai survécu à tout. Alors vous pensez réellement que ce minable petit conflit entre des Entités sorties d'allez savoir où des fous qui se réclament soldats de Dieu va m'impressionner ? Rien à foutre ! Quelle que soit l'issue de cette guerre je me retrouverais encore seule sur ses ruines et je patienterais de l'accalmie avant la prochaine tempête... Seule, en effet... En fait la guerre, pour moi, n'existe pas et n'importe pas. J'ai le cœur brisé alors vos conneries je m'en passe merci et circulez y'a rien à voir et rien à ajouter !


Un peu de vous

PUF : LA folle ou la sadique ?
Prénom : J'ai oublié
Âge : Les admins le connaissent ça suffit non ?
Un peu plus de vous : J'ai envie d'une crêpe !

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Mina O'Connor
Médecin Urgentiste Immortelle
Médecin Urgentiste Immortelle
Mina O'Connor
Emploi : Médecin urgentiste ( et parfois légiste malgré moi ! )
Date d'inscription : 10/02/2018
Messages : 9

Mina O'Connor  " La vie ça craint ! " [FINIE] Empty
Sam 10 Fév - 11:03
Ma Vie

CHAPITRE I



Hôpital Ste Mangouste,
Il y a tout juste quelques mois,

Puis-je voir vos papiers s'il-vous-plaît?

Ce regard qu'il jeta, long et morne, sur ce sauf-conduit froissé et passablement déjà jauni que je lui tendais, l'impatience luisant au fond de mes prunelles. Et ces questions que j'aurais presque pu lire en son esprit si seulement je m'en étais donné la peine. Je ne le ferais pas. A quoi bon ? Chaque fois c'était la même chose de toute manière... Les lieux, les époques et les visages changeaient mais les expressions et les émotions, elles, demeuraient éternellement les mêmes. Hier à Berlin... Il y a dix ans au Caire... Il y a cinquante ans... où était-ce déjà ?

Soyez la bienvenue Dr O'Connor. Pardonnez ma méfiance mais...
 «  Vus votre expérience et votre si jeune âge... »

Un sourire presque sincère que je lui adressais alors que je le voyais s'empourprer de gêne et se dandiner encore plus mal que l'un de ces foutus canards au bord de leur mare. Il n'ajouta rien et je l'imitais. Ca non plus cela n'aurait servi à rien. Nous ne nous connaissions pas. Pour lui je n'étais qu'un visage de plus dans une journée qui en compterait des dizaines d'autres. Pour moi il n'était jamais que l'un de ces innombrables aléas que comporte toujours si bien mon existence. Prenant le temps de le saluer d'un vague mais bien poli geste de la tête je récupérais mes papiers et me dirigeais le pas traînant vers ce bureau où je me savais attendue. Des silhouettes que je croisais et que je ne daignais pas même regarder. Des ombres, rien que des ombres... Jusqu'à cet homme que je vis sur le pas d'une porte et qui, dès que j'entrais dans son champs de vision sembla sortir de sa léthargie pour mieux se fendre d'un sourire hypocrite et d'un regard où luisait le plus vif des intérêts. Entre ses mains flétries par le temps et les épreuves, un dossier que je devinais sans peine être le mien. Le meilleur de tous ceux qu'il avait pu recevoir, je n'en doutais pas même un seul instant ! Parmi les rares postulants combien pouvaient se targuer, sans mentir, de posséder mon expérience ? Et combien, parmi eux, pouvaient se vanter d'en avoir autant vécu et appris en si peu de temps ? Mais, en réalité, les dés étaient pipés. Car, combien parmi tous ces médecins, pouvait se prévaloir d'être immortels ? J'étais la seule. Je suis toujours la seule. Enfin pas vraiment... Plus réellement... Son visage qui, l'espace de quelques secondes, s'esquissa en mon esprit. Et la sensation, toujours si douloureuse, de mon cœur qui se serrait à en saigner... Jacob...

C'est un plaisir de vous rencontrer enfin Dr O'Connor !
Mais tout le plaisir et l'honneur sont pour moi Professeur. Vos travaux sur la nécessité de revoir notre façon de penser les soins palliatifs est l'un de mes livres de chevet.
Vous me flattez mais bien moins que vous ne me surprenez jeune damoiselle. Rares sont les personnes à seulement se soucier de ce parent pauvre de la médecine. Et encore moins parmi les jeunes gens de votre âge. Vous ne deviez avoir que quelques mois quand cet article fut publié !
A mon tour de me sentir flattée Professeur. Mais ne vous fiez pas à mon air par trop juvénile. Mon âge pourrait vous surprendre.
Et quel âge avez-vous donc chère consoeur ?
Pas moins de huit-cents ans...
J'aime votre humour ! Cette qualité se fait si rare de nos jours ! Surtout chez les êtres qui, comme nous, passent leurs journées à être confrontés à tant d'horreurs.

Il rit de bon cœur. Je me contentais de sourire de cette façon qu'il dut croire paisible et timide alors qu'il ne s'agissait que de lassitude. Je lui avait dit la vérité. Ses travaux étaient remarquables et auraient mérité bien plus d'attention de la part d'une communauté scientifique sans doutes trop obnubilée à égaler Dieu pour comprendre la beauté de ces recherches. Et je m'étais aussi montrée sincère quand je lui parlais de mon âge. Etrange quand lorsque la vérité s'écoule de votre bouche si peu de gens sont enclins à la croire. Mais comment aurait-il pu réagir autrement ? Ce que je suis dépasse, et  de si loin, ce que son esprit pourtant si génial peut appréhender. Ce que je suis échappe à toute logique, moldue ou sorcière. Ce que je suis continue, aujourd'hui encore, à m'échapper à moi alors attendre d'autrui qu'ils comprennent ou acceptent...

Seul Jacob m'avait, un temps, donné cette impression si réconfortante. Jacob... Que revenait-il encore faire dans mon esprit celui-là ? Je pensais pourtant que, après notre dernière et ultime dispute, nous en avions fini lui et moi. Pieux mensonges ! Il a décidé pour nous ! Il a décidé pour moi ! Je n'ai jamais fait que lui rendre cette liberté qu'il n'avait pourtant jamais perdue avec moi. Je n'ai jamais fait qu'accepter sa décision. Encore une fois. L'histoire n'est-elle donc qu'un éternel et foutu recommencement ? En règle générale, oui. Mais je sens qu'avec mon dépressif chronique adoré cette fois les choses changent. Il ne reviendra pas... Ou juste pour chercher ce que je ne lui donnerais jamais ! Ou au jour de ma mort. Ce qui, hélas pour nous deux, n'arrivera jamais. Et pourtant j'ai essayé ! La dernière fois étant la veille au soir. En vain, naturellement. J'étais condamnée à vivre. Et, désormais, j'étais condamnée à retomber dans une solitude que j'avais permis à Jacob de briser. Cette saloperie de solitude dont je redécouvre depuis notre rupture la saveur si âcre et amère. Il y a des siècles j'aimais la solitude, la recherchais avec entêtement. Aujourd'hui elle me pèse et je rêve de la voir me quitter. Peut-être est-ce lui qui me manque en fait.

La voix, joviale, de l'homme en face de moi qui me berçait et que je n'écoutais que de la plus distraite des oreilles. Il était gentil et m'était pour le moins sympathique. J'aimais cette emphase avec laquelle il dépeignait, pauvre fou utopiste qu'il était, notre mission sacrée. Le monde était en guerre et l'humanité, elle, avait plus que jamais besoin de nous. Je le comprenais, n'est-ce pas ? Encore bien mieux qu'il ne pouvait l'imaginer d'ailleurs... La guerre... Ses horreurs... Je n'en étais pas à ma première. Et aussi atroce que soit celle qui secouait actuellement le monde, je savais déjà qu'elle ne serait sûrement pas la dernière. Du moins pour moi. L'homme était âgé et il s'en lamentait avec pudeur. Il savait son temps compté désormais et regrettait de devoir bientôt quitter ce monde en ayant si peu fait pour lui. C'est peut-être idiot, surtout de ma part, mais ses mots me touchèrent. Et j'eus envie de lui être agréable. De faire de ses derniers instants de vie un moment aussi agréable et empli d'espoir que possible. Je voulais que, lorsque le moment serait venu pour lui de partir, il s'endorme à jamais le cœur apaisé, persuadé que quelqu'un poursuivrait son œuvre. Je me proposais, implicitement, de devenir cette héritière spirituelle providentielle qu'il cherchait visiblement en vain depuis trop longtemps. Et peu importe que je mente. Peu importe que les espoirs du vieux docteur soient vains et que, jamais, aucun médecin aussi doué ou immortel soit-il ne pourrait sauver les Hommes. Si lui le croyait, alors j'aurais au moins fait une bonne action. Et peut-être bien... Oui, peut-être bien trouverais-je dans cette énième aventure matière à ne pas sombrer totalement moi aussi...

L'entretien fut relativement court. A moins que, perdue dans mes pensées, le temps ne m'ait filé entre les doigts ? Tout ce que je savais c'est que, lorsque je quittais Ste Mangouste, c'était avec la promesse faite d'y revenir dès le lendemain matin. Je venais d'être embauchée.



CHAPITRE II



Soho,
Quelques jours après mon emménagement,

Je te jure que je ne t'ai pas volé ! Je te le jure sur la vie de ma mère !
T'as pas de mère salope !

Les mots, hurlés bien plus que seulement criés, résonnaient dans la rue sombre quand, éreintée après une double garde, je rentrais chez moi. Les bras chargés de ces provisions qui débordaient de mes si fragiles sacs en papier et qui menaçaient, d'un moment à l'autre, de se renverser sur le bitume noyé par la pluie tombant, comme toujours, si drue. Le ton monta encore, me faisant sursauter et faisant choir de mon sac cette bouteille de sauce pimentée que je me baissais en grommelant pour ramasser. Mes cheveux retombaient, gorgés d'eau, en folle cascades ondulées devant ces yeux qui étaient les miens et qui virèrent à l'orage dès que je découvris la scène qui s'offrait à moi.

Je ne suis pas du genre à me mêler des affaires de qui que ce soit. Sans doutes parce que le temps et l'expérience m'auront au moins appris cette chose que la Bible elle-même aurait pu m'enseigner si seulement je l'avais jamais ouverte : ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu'il te fasse. Sage et avisé précepte que je m'efforçais depuis des siècles d'appliquer. Alors peu m'importaient bien les sordides histoires de mes si peu ordinaires voisins. Peu m'importaient de voir ces filles, toujours à moitié nues et bien trop maquillées, entrer avec un homme et ressortir avec d'autres. Et s'il y a bien une chose à laquelle, à peine installée, je ne prêtais plus le moins du monde attention c'étaient ces disputes qui ne manquaient jamais d'éclater entre les filles et leurs si aimables et gentlemen souteneurs ! Ils ne s'intéressaient pas à moi, je fermais les yeux sur tout ce que je voyais et les secrets des uns et des autres étaient bien gardés ! Mais ce soir, allez savoir pourquoi, je dérogeais à tous mes principes.

En fait... Je sais ce qui me poussa à intervenir. Si cette pute, que je devais découvrir plus tard se prénommer Lala, se faisait frapper par son mac... honnêtement c'est que, d'une manière ou d'une autre, elle avait bien du le chercher. Sans doutes la lui avait-elle fait à l'envers, avait-elle tenté de mettre à gauche un peu de ce que l'homme estimait lui revenir de droit... Franchement, je n'en avais rien à foutre. Pas mes affaires ! Mais... Mais que cet homme la frappe, au point visiblement de vouloir la tuer, devant un si tout petit enfant ! Cela étonnerait sans doutes bien des rares gens à me connaître un peu mais, oui, j'adore les enfants. Vraiment. Parce que dans ce monde pourri où tout n'est jamais que mensonges et manipulations eux incarnent une pureté absolue et qu'il convient de préserver. Coûte que coûte. Et lorsque je vis la terreur se refléter dans les prunelles si claires du gamin... Quand je vis son petit corps trop maigre se mettre à trembler de partout... J'avoue que je sentis la colère la plus pure monter en moi. Et, une fraction de seconde plus tard, je sentais s'éveiller en moi un monstre que je pensais endormi à jamais. La faim... Elle revenait me hanter, me torturer. Un siècle que je ne l'avais plus éprouvée ! Cent, visiblement trop courtes années, pendant lesquelles j'avais appris à me nourrir autrement. Mais Jacob était parti, m'avait abandonnée... Et avec lui il semblerait que tous ces verrous que je m'étais échinée à poser sur mes instincts les plus primaires avaient sauté. Paf ! Un éclair qui jaillissait de cette baguette qui, en une fraction de seconde, venait de s'ancrer à ma paume. Le regard, éberlué, que la prostituée m'offrit après qu'elle ait vu son mac voler dans les airs et venir s'écraser lourdement au pied de ma porte. Et ce trousseau de clés que je lui jetais pour toute réponse.

Prends le mioche et allez m'attendre chez moi. Et, quoiqu'il arrive, empêche le de regarder par la fenêtre.

Des questions, j'en vis des tonnes défiler dans les iris de celle qui, heureusement pour nous tous, se garda bien de les énoncer à voix haute. La femme m'obéit sans broncher, traînant derrière elle son fils et refermant la porte de mon loft derrière eux. Un soupir de soulagement qui s'échappa alors de mes lèvres crispées et juste avant que je ne reporte ma plus grande attention sur le corps encore à moitié inconscient de ma proie du soir. En d'autres circonstances je pense que j'aurais pu résisté à mes pulsions et l'épargner. Mais j'étais en colère et triste. Epuisée, aussi, par toutes ces heures passées à l'hôpital à tenter d'aider et de soigner ceux qui, le plus souvent, ne pouvaient plus même l'être. Quelques heures auparavant un enfant, un peu comme celui qui s'était réfugié chez moi, était mort. Dans mes bras. Et il m'avait fallu annoncer son décès à sa mère. Des échecs de la sorte, perdre un patient même aussi jeune... c'était le lot commun de tout médecin urgentiste ou non. Mais, aussi monstrueuse puis-je être de nature, c'est une chose à laquelle je n'ai jamais pu ni su me faire. Jacob me comprenait, lui. Et il n'avait pas son pareil pour trouver les mots, plus encore les caresses, qui me permettaient d'apaiser mes plaies et mon âme. Mais Jacob n'était plus là maintenant. Dommage. Pour lui. Pour moi. Et plus encore pour cet homme vers qui j'avançais d'un pas lent mais décidé.

Merci.
Y'a pas de quoi...

Avais-je grommelé lorsque, après un moment qui me parut seconde mais qui à mes invités dut paraître éternité, je rentrais pour les rejoindre. L'enfant jouait un peu plus loin dans la pièce, oubliant visiblement déjà ce qui, quelques instants auparavant, lui faisait pourtant si peur. J'esquissais l'aube d'un sourire quand, chancelante, je ne manquais que de peu de m'écrouler. Ne devant mon équilibre qu'à celle qui se précipita pour mieux me rattraper et me conduire, contre mon gré, me mena jusqu'à la salle de bains. Encore trop faible pour me défendre comme je l'aurais souhaité et la repousser je me laissais faire, poupée de chiffons entre ses mains aussi douces qu'expertes. Ces vêtements qu'elle m'ôta, sans mot dire et ce bain brûlant qu'elle fit couler pour mieux, ensuite, m'inviter à m'y glisser. Je crois que ce ne fut que lorsqu'elle commença à me laver que je réalisais que j'étais couverte de sang. Pas le mien. Celui de ma proie. Alors que je la regardais, m'étonnant silencieusement de son absence totale de panique ou de questions, la femme me sourit.

Ici on ne pose pas de questions.

Son sourire qui appela presque le mien et ces mots, encore les siens, qui résonnaient dans l'air alors qu'elle achevait de m'aider à me débarbouiller.

Mais cela ne veut pas dire que je n'accepte pas les explications si l'on m'en donne.
Et si je ne veux pas ?

L'enfant qui déboulait, tel un adorable petit boulet de canon dans la salle d'eau et demandait la permission de prendre un bonbon dans le gros bocal posé sur la table du salon. Moi qui éclatais de rire devant l'incongruité et l'ironie de la situation et lui concédais cela, l'invitant même à tout manger s'il le pouvait seulement. L'enfant qui, sans même sembler se préoccuper ni s'offusquer de ma nudité courait à moi pour mieux me sauter au cou et me couvrir de bisous. La grimace que je fis et qui fit rire sa mère. Cette femme qui eut la sagesse et la prudence d'attendre qu'il soit parti pour enfin me poser la question qui lui brûlait les lèvres. Sûrement même depuis que j'étais revenue.

Et pour le corps ?
Ils n'en retrouveront aucun quand bien même ils chercheraient. Ce qui, vu le quartier, serait étonnant.
Tu apprends vite toi on dirait...
Et toi tu sembles en avoir suffisamment appris pour ne jamais demander ce que tu ne veux pas savoir.
C'est encore le meilleur moyen de survivre tu ne penses pas ?
J'aurais du mal à te contredire... Vraiment du mal...

Cette main qu'elle me tendit alors que j'achevais de revêtir une tenue sèche et propre.

Je m'appelle Lala.
Et moi Mina.

Je l'ignorais alors mais, cette nuit là, je rencontrais celle qui deviendrait mon amie. La première que j'ai réellement jamais eue. Et la meilleure que je pourrais jamais avoir. Lala devint, plus rapidement que je ne l'aurais pensé d'ailleurs, ma confidente. Tout comme je devins la sienne. En moins de temps qu'il ne m'en faut pour vous le conter elle et moi connaissions absolument tout l'une de l'autre. Et quand je dis tout je veux vraiment dire « TOUT ». Mon immortalité, mon errance forcenée pendant des siècles jusqu'à ce que je rencontre Jacob. Notre histoire aussi rocambolesque que singulièrement romantique et qui venait, si abruptement, de prendre fin. La sensation qui, depuis, était mienne de ne plus trop savoir ni où j'en étais ni où je désirais aller. Oui, cette femme parvint à tout me faire dire. Et, pour une fois, je savais pouvoir avoir confiance. Parce que notre amitié avait été scellée dans le sang et les chairs de celui dont je la délivrais pour mieux m'en nourrir ? Non, même pas. Mais simplement parce qu'il n'y a rien que deux amies ne puissent se dire. Et, oui, Lala et moi sommes amies. Les meilleures du monde ! Et je n'imaginais même pas à quel point, les mois qui suivraient, cette amitié allait se révéler précieuse pour moi. Non, je ne réalisais pas...



CHAPITRE III



Ste Mangouste,
Juste après une attaque de la Résistance londonienne,

Quatre jours... Cela faisait quatre putains de journées et tout autant de nuits que je n'avais pas pu rentrer chez moi, enchaînant les gardes pour mieux palier à l'absence de mes nouveaux, et si fainéants ou couards, collègues et pour faire face à une recrudescence inouïe des patients se présentant à l'entrée des urgences... et en bien trop piteux état pour que je puisse les renvoyer sèchement chez eux avec une ordonnance et après m'être défoulée en leur plantant une grosse piqûre dans le cul ! Quelles qu'en soient les foutues raisons la Résistance locale semblait, ces derniers jours, s'en donner à cœur joie et il ne se passait pas une heure sans que, à la télévision ou à la radio, les médias ne fassent état de leur dernier coup d'éclat. Amusant à regarder de l'extérieur, peut-être, mais pour qui, comme moi, en constatait les conséquences désastreuses cela devenait vite un enfer !

Je haïssais les Résistants ! Tout comme je haïssais leur Némésis de miliciens ! Et si j'en avais eu la possibilité Dieu sait que j'aurais débarrassé le monde de ces deux factions aussi stupides l'une que l'autre et qui ne faisaient jamais que prendre en tenaille et en otage une population qui, elle, n'aspirait qu'à vivre paisiblement. J'étais là, moi, quand la guerre avait éclaté un siècle plus tôt ! J'étais là quand les premières émeutes eurent lieu et que tant d'hommes, de femmes et même d'enfants tombèrent sans la moindre des raisons. J'étais là... et je n'avais rien pu faire. Non pas pour empêcher cela, personne ne l'aurait pu. Mais pour sauver au moins une personne. Rien qu'une... J'aurais voulu pouvoir en sauver une ! C'est à cette époque là que je me jurais de terminer mes études de médecine ainsi lorsque cela recommencerait, et je savais que la guerre reviendrait parce qu'elle revient toujours, je serais prête. Et, cette fois, je sauverais non pas une mais le plus possible de personnes. Je me l'étais juré !

Mais je ne m'imaginais pas alors où ma décision me mènerait. Jusqu'à ce jour très précis je ne le savais pas. Des guerres, des blessés et des morts j'en avais déjà vu plus que mon compte et je pensais être définitivement blasée de tout cela. Mais ce que je vis ce jour là dans les urgences où j'officiais... Rien ne m'y avait préparée. A moins que ce ne soit moi qui, pendant des décennies, me soit leurrée et aveuglée de ma propre naïveté ? Possible.

Mina ! Prépares-toi ! Il nous envoie encore tout un lot de blessés et il paraît que ceux là sont vraiment en mauvais état !
Ah parce que ce n'était pas déjà le cas des précédents ?
Mina...
Trouves quelqu'un d'autre Coop' ! J'ai encore pas moins de six patients dans un état d'urgence relative à aller voir et...

Le bruit, si significatif, des portes battantes qui s'ouvraient brusquement et ces brancardiers qui se précipitaient déjà leurs funestes colis allongés sur des brancards maculés de sang... et pour certains de ce qui ressemblait fort à des lambeaux de chairs. Dans ces moments là, même lorsque l'épuisement s'envole. Ou, du moins, ne compte plus. Dans ces moments là le corps s'oublie et seule la raison opère, dirige et dicte le moindre des gestes. Une minute plus tôt je menaçais de m'effondrer de sommeil et, là, me voilà qui me précipitais vers les blessés pour mieux évaluer leur état et établir une liste des priorités. Cynique ? Oui, mais aussi nécessaire qu'inévitable. Certains ne survivraient pas à leurs blessures, ne passeraient probablement pas même la nuit. Alors, aussi cruel cela puisse-t-il sembler, ceux là ne seraient pas soignés. La sinistre loi des mathématiques : trop de patients, pas assez de soignants. Ca non plus, et malheureusement, ne change jamais.

Une perforation de la rate ?
Il nous reste un bloc de libre ?
Non.
Alors ou tu l'opères ici et maintenant ou tu le laisses crever et tu passes au prochain en espérant pouvoir faire mieux !

C'était cruel et violent. J'en avais terriblement conscience. Mais j'étais bien trop rompue désormais à ce genre d'exercice pour ne pas en connaître la seule règle : pour sauver deux vies il faut parfois accepter d'en sacrifier une. L'interne en chirurgie qui nous avait été envoyé en renforts me regardait, atterré et décontenancé. Je n'avais pas le temps de m'apitoyer sur son cas de conscience et je me détournais déjà, prête à courir vers un autre brancard quand je sentis une main agripper mon poignet.

Aidez-moi... Aidez... moi...

Sempiternelle supplique, bien trop souvent entendue pour qu'elle m'émeuve encore et pourtant... Pourtant je fis ce que je ne fais jamais : je le regardais droit dans les yeux. Son visage était tuméfié et ensanglanté. Son uniforme de milicien déchiqueté comme si une bête sauvage l'avait attaqué. Et, dessous... le carnage. Des chairs si brûlées que presque calcinées … des organes que je pouvais presque voir palpiter en dessous et nageant dans une mer rougeâtre. Ce type agonisait ou presque... Ce qui, déjà, relevait du miracle ! Je connaissais ce genre de blessures et n'ignorais pas que seul le plus impardonnable des sortilèges avait pu les causer. Survivre à un Avada Kedavra sans même être sorcier ? Ou ce type était née sous la meilleure des étoiles ou son adversaire était un bien piètre combattant. L'un dans l'autre, je m'en contrefichais éperdument ! Si cela n'avait tenu qu'à moi ce milicien de merde et le sorcier de merde qu'il avait combattu auraient du crever ensemble pendant leur affrontement. Cela aurait équilibré les choses... et m 'aurait épargné un patient en plus ! De toutes manières on ne survit jamais longtemps à de telles blessures. Ce type était condamné quoique je fasse.  Et je n'avais pas de temps à perdre. D'autres pouvaient être sauvés. Pas lui.

Je vais vous administrer quelque chose contre la douleur. Ne vous inquiétez pas. Tout ira bien...

Je mentais, évidemment. Mais un mourant a-t-il réellement besoin d'entendre sa sinistre réalité ? Je suis persuadée que non.Cet homme, ce gosse dont je n'oublierai jamais le regard terrifié et implorant... Lui ne voulait pas mourir mais la Faucheuse ne tarderait pas à venir le chercher. Moi... j'avais appelé si souvent la mort de mes vœux sans que, jamais, elle ne daigne m'écouter... Si la guerre et la vie étaient injustes la mort l'était plus encore. Le milicien me regarda, les yeux emplis de reconnaissance. Lorsqu'il retint, une dernière seconde, ma main je la lui abandonnais. Et je lus dans ses prunelles qu'il n'était déjà plus vraiment là. Il mourrait mais, au moins, il n'aurait plus mal et n'était pas seul. J'avais échoué à le sauver mais, au moins, je pouvais lui offrir ma compagnie. Même si cela était peu. Si peu ! De nouveau la colère née de la frustration qui me submergeait, grouillait sous ma peau et ruisselait dans chacune de mes veines pour mieux revenir tambouriner à mes tempes. Entre mes doigts maintenant tremblants la main de décédé. Sa température commençait doucement à chuter, bientôt il serait glacial. Je la reposais doucement sur lui, abaissais d'un geste presque tendre ses paupières et m'emparais du dossier reposant à ses côtés. Heure du décès...

Vous l'avez laissé mourir !
Pardon ?!!

Je n'eus pas même le temps de me sortir de mes pensées que, déjà, ce connard en uniforme et pas assez agonisant à mon goût se précipitait sur moi. Avec une force que je ne lui aurais pas soupçonnée vu son état lamentable, l'homme m'arracha au cadavre de son subordonné pour me plaquer violemment contre le mur. Ma tête qui cognait violemment et un gémissement qui s'échappait de mes lèvres. De fureur et certes pas de douleur. Il se prenait pour qui lui ? Et depuis quand un pseudo mâle osait-il se permettre de poser ses mains sur moi sans y avoir seulement été incité ? ! Oeil pour œil et dent pour dent, n'est-ce pas ce que préconise l'ancien testament ? L'instant suivant c'était ce bouffon mal dégrossi ou fini à la pisse qui se tordait de douleur après que mon genou soit venu saluer si brusquement ses noisettes. Ca faisait mal ? Tant mieux !

Pétasse...
Et tu n'as encore rien vu le milicien …

Un sourire qui affleurait à mes lèvres alors que mon regard ne quittait pas celui de l'homme face à moi. En fait je crois que, même si je ne le reconnaîtrais jamais, j'aimais assez son arrogance consumée et cette violence que je pouvais sentir en lui et qui répondait si bien à la mienne. Ma main libre qui s'emparait de la première seringue qu'elle réussit à attraper sur le chariot se trouvant à nos côtés. De mémoire il y avait le choix. Soit de quoi offrir à ce sale con le plus merveilleux des voyages au pays des hallucinations, le rendre juste vaseux... et peut-être même bien le tuer si j'avais de la chance et lui non. Le geste qu'il n'attendait pas et l'aiguille qui s'enfonçait dans ses chairs tandis que je me délectais de cette surprise furibonde que je voyais venir traverser son regard. Le souffle qui venait subitement à lui manquer et son corps qui se pliait en deux. Il avait encore plus mal ? Voilà qui mettrait un peu de joie dans ma journée si morose tiens ! Je me penchais vers lui et murmurais au creux de son oreille

Si ce gosse est mort c'est ta faute ! Pas la mienne !
Tu ne sais pas de quoi tu parles sale petite conne ! Tu n'as aucune idée de ce que la guerre demande ou implique !

Un rire glacé qui m'échappait alors que je soutenais son regard et lui crachais à la figure

J'en sais plus sur la guerre que tu n'en sauras jamais pauvre abruti ! Tu crois que parce que tu portes un uniforme et une arme tu connais la guerre ? Tu crois que perdre un de tes hommes suffit à t'en montrer les pires des horreurs ? Tu ne connais rien à la guerre ! Rien !!!  

Déjà je le repoussais. Si violemment qu'il en tituba au point de se retrouver le cul par terre et la mine plus furibarde que déconfite. Son regard qui ne me quittait pas alors qu'il éructait froidement

Et c'est une gosse en blouse blanche qui va m'apprendre ce que c'est peut-être?
Non parce qu'elle a mieux à faire qu'à perdre son temps en palabres inutiles, elle ! Tu sacrifies des vies à ta connerie de cause hypocrite et pseudo religieuse ? Moi, je tente d'en sauver !

Un silence pendant lequel je pus presque sentir son envie de me rabattre définitivement mon caquet et sa voix qui se faisait sifflante tandis que, pour la première fois depuis le début de notre rixe orale, il me délaissait du regard pour mieux venir regarder le corps sans vie de son subordonné. Et je crois que c'est là que je vis la première émotion sincère chez ce parangon d'hypocrisie. Il était réellement triste. Peut-être même bien se sentait-il plus responsable et coupable que ses mots ne le laissaient supposer. Peut-être que...

Parce que ça t'arrive de sauver une vie ? Je pensais qu'on t'avait engagée juste pour achever les pauvres patients qui avaient le malheur de tomber entre tes mains...
Retires ça espèce d'enculé !

Là, il avait dépassé les bornes ! Là, il était allé bien trop loin pour que je ne lui inflige pas une petite leçon de mon cru ! Et, pour ce que cela a de glorieux, je dois confesser que je sautais à la gorge de mon patient. Avec la plus folle des envies de lui arracher, et pas forcément dans cet ordre : les yeux, la langue, et peut-être même bien ses oreilles tiens... J'aime pas ses oreilles ! J'aime rien de cet abruti pas fini ! Et j'entendais bien le lui faire comprendre... si l'on m'avait seulement laissée faire. Et si ce vilain petit caneton ne s'était pas subitement effondré tout contre moi. Comme mue par un fichu réflexe sans doutes acquis à la faculté de Merwyn, je cherchais son pouls. Il ralentissait. Sa température chutait. J'allais le perdre. N'était-ce pas précisément ce que je souhaitais quelques instants plus tôt ? Si. Voir ce connard crever me remplirait d'une joie infinie. Mais j'avais déjà perdu bien trop de patients ces derniers jours pour supporter d'en perdre un autre. Même s'il s'agissait du plus pourri de tous et même si, au moment même où j'attrapais cette seringue d'adrénaline que je comptais planter dans son cœur, je savais que je faisais une erreur. Ce type méritait de crever. Cet exorciste que je le découvrirais bientôt être méritait plus que tout autre de crever !

Mais je sauvais Christopher. Et c'est là une erreur que je n'ai pas fini de payer je crois... Vu qu'il semblerait que lui et moi soyons amenés à nous revoir. Souvent. Bien trop souvent. Et je ne sais pas ce qui m'effraye le plus : que j'ai, à chacune de nos rencontres, la plus féroce des envies de le buter... ou que, à chaque fois aussi, je nous sente devenir plus proches...



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Mina O'Connor
Médecin Urgentiste Immortelle
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Mina O'Connor
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Sam 10 Fév - 11:04
Ma Vie

CHAPITRE IV



Mon appartement,
Par une journée visiblement maudite,


Hé bien dis-moi... Ca n'a pas l'air d'aller fort ma chérie...
Non ? T'as deviné toute seule ou t'es devenue extra lucide pendant ta dernière passe ?  
Tu n'as pas besoin de te montrer méchante avec moi...

Déjà elle s'en allait. Et je le savais, si je la laissais franchir le seuil de ma porte, elle non plus ne reviendrait pas. Elle aussi m'abandonnerait. Et je me retrouverais encore seule.

Lala ! S'il-te-plaît.... Pars pas... S'il-te-plaît... S'il-te-plaît...

Elle avait semblé hésiter. Et je ne pouvais que la comprendre. Combien de fois, déjà, lui avais-je fait ce coup pendable de la rembarrer et de la réduire à ce métier qu'elle n'avait jamais choisi que faute de réel autre choix ? Combien de fois avais-je déjà laissé ma méchanceté acerbe la pourfendre, elle, quand c'était à un tout autre personnage que j'en voulais sans parvenir à encore me l'avouer ? Je devais bien me rendre à l'évidence : je méritais le départ de Lala. Comme...

Ca s'est mal passé entre vous, hein...
Je vois pas...
Mina... J'ai vu ton ex sortir de ton loft toute à l'heure... Et je t'ai surtout vue, toi... Sur le palier, les poings serrés et les yeux plein de ces larmes que je ne te pensais pas même capable de verser. Même pour lui...
Il ne comprend pas... Il refuse de seulement comprendre !

Elle s'était rapprochée et, alors que je me sentais proche d'exploser en ces sanglots que je honnissais plus encore que celui qui ne me les inspirait que trop ces derniers temps, mon amie oublia sa rancœur pourtant justifiée et me prit dans ses bras. Comme une sœur l'aurait fait. Comme une mère l'aurait fait...Elle était là, à mes côté. Pendant des heures elle m'écouta m'épancher sur son épaule et sur tous ces petits malheurs égoïstes qui, pourtant, n'étaient que vétilles en comparaison du marasme de son existence. J'avais un toit, minable mais je l'avais choisi. J'avais un métier, de chien mais qui me plaisait et me permettait de vraiment bien gagner ma vie. Et, aussi merdique puis-je trouver ma vie j'avais l'éternité pour la faire prendre un meilleur tournant. Pas elle. Lala était malade. Elle le savait. Et quand elle m'avait demandé de l'examiner pour lui dire la vérité... Je l'avais fait. Elle était condamnée. Et aucune médecine, moldue ni même sorcière, ne pourrait la sauver. Pourtant, elle, ne se plaignait jamais. Elle, continuait de se battre. Et, à cause d'elle, j'éprouvais pour la toute première fois de la honte. L'avait-elle senti ? Peut-être bien.

Si ce type que tu sembles avoir dans la peau et toi êtes réellement faits l'un pour l'autre alors vous finirez par vous retrouver.
Pas cette fois... Jacob ne me pardonnera pas de l'avoir ainsi trahi.
Trahi ? En quoi faisant ? En lui permettant de vivre éternellement ? En refusant de le laisser se défiler devant ce choix qu'il fut le seul à faire ?

Je me relevais, soupirant comme la si pathétique âme en peine que j'étais. Ridicule, voilà comment je me sentais. Voilà comment j'étais ! Pourtant, elle, ne me laissa pas lui échapper, me poursuivant de ces mots qu'elle prononçait de sa voix apaisante et qui ne résonnaient que trop en mon esprit.

L'as-tu poussé, d'une manière ou d'une autre à fabriquer ce... bidule...?
Non. Mais j'étais heureuse qu'il le fasse.
Pourquoi ?
Je... Je ne sais pas ...

Encore une fois je tentais de me dérober, fuyais ses mots comme je fuyais son corps en allant me réfugier sur mon lit où, pathétique à souhaits, je me pelotonnais comme une petite fille que je n'étais plus depuis très longtemps pourtant. Mais elle, comme habitée par une force que je ne lui connaissais pas, insistait, ne me laissait pas le moindre répit.

Tu mens ! Pourquoi l'as-tu fait Mina ? Pourquoi?!
Parce que je ne voulais pas le perdre un jour ! T'es contente maintenant ?!
Presque... Tu dis que tu ne voulais pas le perdre mais... En l'empêchant de se laisser submerger par ses remords... En lui volant son machin... Tu savais que tu le perdrais. Peut-être même pour toujours, non ?

Je crois que si elle m'avait enfoncé une lame en plein cœur ou même en plein dans ma cervelle en fusion mon amie ne m'aurait pas fait aussi mal qu'en me forçant, ainsi, à lui confesser ce que je tremblais de m'avouer à moi-même.

Tu l'as éloigné de toi.
Non ! Il  est celui qui a décidé de partir ! Moi... moi... je...
Toi, quoi Mina ?
Je...

Son regard qui m'encourageait à enfin dire à voix haute ce que je ne lui avais que trop souvent laissé deviner entre deux propos.

Je l'aimais trop pour accepter de le voir se détruire pour des scrupules ridicules et injustifiés ! Je l'aimais assez pour préférer le savoir loin de moi et en vie plutôt que près de moi à un instant et mort le suivant ! Je l'aime... au point de préférer le voir me pourfendre et me piétiner le cœur à chacune de nos rencontres désormais plutôt que de le laisser se suicider !  
Là,  je suis contente.
Génial... Ca en fait au moins une sur deux alors...

Levant les yeux au plafond pour mieux les faire rouler dans leurs orbites - et par Merlin que je détestais quand les gens faisaient cela ! - elle avait commencé à me tourner le dos. Comme à chaque fois où mon pessimisme teinté de fatalisme l'exaspérait et qu'elle se retenait, parfois jusqu'à se mordre la langue jusqu'au sang, pour ne pas m'infliger ces bordées d'injures et ces claques que je n'aurais pourtant pas volées ! Puis, et cela ne m'énerva qu'un peu plus encore, Lala rit.

Quoi encore ? Je peux savoir pour quelles raisons tu te payes ma tronche cette fois ?
Tu sais ce qu'il te faudrait ma chérie ?

Vous n'avez jamais remarqué à quel point le Destin, quand il s'y met, peut se montrer aussi pervers que tristement ironique ? Non ? Moi, si ! Et ce jour là plus encore.

Toc... Toc...Toc...

Je n'avais jamais aimé ce grand bazar des trois coups au théâtre. Peut-être parce que je n'ai jamais aimé le théâtre. Cette passion que les gens ont pour cette connerie où des personnages tous juste crédibles prétendent raconter, à coups de paraboles grossières et de ficelles éculées, la quintessence de la vie... Stupide ! Et puis tous ces rebondissements auxquels personne doué de raison ne pourrait jamais croire ! Pathétique ! Idiot ! Con !

Pardonnez-moi Madame mais Mina est-elle là ?

Venais-je de faire un cauchemar éveillé ou un infarctus ?

Madame ? Mais dis moi c'est qu'en plus d'être mignon il est poli le gamin ! Et il a un prénom ?
Christopher... Mais pour Mina je pense qu'elle me remettra mieux si vous lui dites que l'enculé de milicien fini à la pisse souhaiterait la voir...

Le rire de mon amie qui s'élevait dans l'air tandis que mes lèvres, elles, se plissaient en une moue boudeuse... enfin j'aurais aimé qu'elle soit boudeuse mais je doutais qu'elle le soit tant que cela.

Et en plus il a de l'humour ! Je ne comprends pas pourquoi mon amie parle sans cesse de te découper en rondelles avec son scalpel préféré...
Au moins je constate que je l'ai marquée au point qu'elle parle de moi ?
Et pas qu'un peu le minet... pas qu'un peu...
Ca va là ? Je vous dérange pas trop ? Vous voulez que je vous apporte un thé et des scones peut-être ?  
Ravi de constater que tu as toujours la langue aussi bien pendue.

Son sourire... Son magnifique sourire qui ne me fit fulminer que plus encore. Et cette claque que je lui balançais avant que de lui claquer la porte au nez violemment. Pour mieux lui hurler tout de suite après

Fous le camps le pisseux ! Dégages avant que je décide de souiller ma lame préférée avec ton sang de bouseux !
Ca serait dommage tu perdrais un dîner ! Ca mange bien les docs, non ?
Pas avec les rois des cons !
Roi ? Hey ! J'ai été promu ? Cool !

Le regard, bien trop malicieux que ne cessait de me jeter mon amie alors que j'ouvrais en grand la porte et fusillait de mon regard celui qui, narquois comme à son habitude, s'était adossé au mur de mon loft. Et n'entendait pas partir avant d'avoir obtenu ce qu'il désirait. Petit con !

Neuf heures ?
Même pas en rêve !
Trop tardif peut-être ? Que dirais-tu de huit-heures alors ?
Non mais t'écoutes quand je te causes ?
Ca dépend de ce que tu dis je pense... Alors ? Neuf ou huit ?

Un grommellement qui m'échappait alors que je rentrais chez moi en claquant, une nouvelle fois la porte. Et ajoutais, le nez plissé de colère mais un presque sourire accroché à mes lèvres

Vingt-heures trente et si tu t'avises d'avoir une seule seconde de retard tu pourras aller te faire foutre !  

Il ne m'avait pas répondu mais cet air qu'il sifflota en repartant était bien assez éloquent... Et que dire de ce regard entendu que me jeta ma meilleure amie... Lui aussi était éloquent. Trop ! Je venais vraiment d'accepter de dîner avec un exorciste ? Apparemment... Quand je disais que j'aurais mieux fait de le crever ce type ! Et je ne savais pas encore à quel point, sur tous les hommes possibles et susceptibles de me faire oublier, ne serait-ce qu'un temps, mon chagrin je venais de tomber sur le pire de tous. Vraiment le pire de tous...



CHAPITRE V



L'O2 Arena,

La foule, amassée dans les gradins, était en liesse. Sa clameur impatiente s'élevait dans un air déjà tellement chargé de cette haine qui, bientôt, se déchaînerait dans l'arène. Les applaudissements, les pieds qui martelaient avec frénésie le ciment des gradins, les cris enthousiastes... Tout laissait présager la plus grande des fêtes ! Ne manquaient plus que les grands manitous de cette sinistre farce : les Grands Maîtres et leur si obséquieuse cour... Astrid Granger fut la première à arriver, entourée de son infernal pendant masculin à sa droite, Christopher, et de son meilleur ami à sa gauche, Christopher... Si parfait trio... D'une jeunesse insolente, d'une beauté et d'un charme qui en faisaient se pâmer plus d'un et plus d'une et une si parfaite réussite que c'en était écœurant ! Ou devrais-je dire surprenant ? Pas même cachée, juste noyée dans la foule de visages anonymes qui les cernait, je les observais... Et au plus je les regardais, au moins j'avais envie de les rejoindre.

Entre mes mains cette invitation qu'une escouade entière de miliciens, rien que cela, était venue me remettre en mains propres. En plein milieu de ma garde, évidemment, sinon cela n'aurait pas été amusant... Le regard interloqué et parfois même méprisant de mes collègues, de Cooper en premier lieu... Les questions qui n'avaient pas manqué de suivre... Et la colère dirigée contre moi-même quand je me surpris à me sentir gênée de ne pas pouvoir leur répondre. Ou, plutôt, quand je découvris ne pas vouloir leur répondre. Et comme si tout cela ne suffisait déjà pas il avait fallu qu'il se pointe pour venir me chercher à la fin de ma journée. Avec des fleurs... Vous savez ce que j'en ai fait de ses si belles hibiscus ? Je les ai jeté à la poubelle devant son pif de sale petit con... et je suis allée les rechercher dès qu'il eut tourné les talons. Autant dire que Lala et Cooper se sont bien payés ma tête après ça... Quant à cette invitation tapageuse qu'il m'avait priée d'accepter... il semblerait que je ne l'ai pas brûlée comme j'entendais le faire en premier lieu. Sinon je ne me serais pas retrouvée là, passant pour une folle qui s'insultait toute seule...

Faire demi-tour et rentrer chez moi ? J'y pensais sérieusement... mais me retrouvais comme engluée  à ce sol que je fixais maintenant avec des yeux de poisson frit. Rester ? Je ne le voulais pas. Enfin pas vraiment. Mais les deux miliciens qui vinrent vers moi en décidèrent à ma place. Intrigués par mon comportement certes suspect ils me parlaient, me posaient toutes ces questions que je n'entendais pas même. Ou comme noyées dans une immonde et assourdissante cacophonie qui me refilait les pires des migraines. Leurs voix qui se faisaient plus dures, leurs gestes plus brusques. Et ce papier, désormais froissé, que je leur tendis comme dans un cauchemar éveillé. Leurs prunelles que je vis parcourir, encore et encore, ce sauf conduit tout ce qu'il y avait d'officiel et ces sourcils qu'ils haussèrent en soupirant mais en m'ouvrant néanmoins la voie. Et poussant même la galanterie jusqu'à me conduire à cette tribune officielle où j'étais apparemment attendue. Mais dans laquelle je ne parvins pas à pénétrer immédiatement. Mais qu'est-ce que je faisais là moi bordel ? Apparemment je jouais la petite souris invitée malgré elle à partager les secrets de ces humains qui se prenaient bien trop pour des dieux... Enfin, pour des êtres prétendus pieux leurs préoccupations semblaient, elles, tristement impies...

Est-ce qu'une fois dans sa vie Neil pourrait avoir l'obligeance de se montrer ponctuel ?
Le jour de son mariage, certainement. Mais d'ici là tu peux toujours courir ma chérie... Et puis Neil ne serait pas Neil s'il ne ménageait pas ses entrées. Tu sais à quel point, plus que tout autre, il aime se faire désirer, non ?
Ouais... Je sais aussi à quel point sa poupée de princesse peut le mener par le bout de la queue... Putain mais quand comprendra-t-il qu'Eden ne lui cédera jamais ?
Tu sais que parfois, même moi, je suis choqué par ton langage ?
Ce qu'il faut pas entendre... La plupart des insultes ou grossièretés que je connais c'est à Neil et toi que je les dois sale hypocrite !
Je t'aime quand tu boudes, ça aussi tu le sais ?
Pitié... Attendez au moins que tout ce cirque soit fini et que vous soyez dans votre voiture à défaut de pouvoir attendre d'être dans votre chambre !

Les deux amants infernaux et tout puissants qui, toujours si bien enlacés, qui tournaient de concert leurs regards emplis de malice vers celui qui semblait de méchante humeur. Voir même grognon de ce que j'avais pu entendre dans sa voix... Je ne pouvais pas les voir mais je me le représentais assez bien, vautré dans son si confortable siège, ses cheveux tombant en pagaille devant son visage aux traits aussi tirés que blasés. Et, si je fermais les yeux, je pouvais presque jurer voir l'impatience luire au fond de ses iris si claires, faire frémir le bout de ses doigts assassins...

Mais, dis-moi monsieur l'exorciste subitement bien prude... Elle est où ta mystérieuse invitée ?
Quelle fille ? Tu as invité l'une de tes maîtresses Chris ? Sans blagues ! Le tombeur de ces dames se serait-il trouvé une raison d'être fidèle?
Ca, on le saura une fois que notre ami aura conclu car, à ce que j'en sais, pour l'instant c'est tout sauf débridé avec la fille mystère...
La ferme As' tu veux bien...
Oh vas-y le poussin ! Avoues que de ta part c'est plutôt ironique comme situation, non ? T'as jamais daigné nous présenter la moindre de tes conquêtes et, là, tu invites la seule fille que t'ai pas encore sautée ?
Fais gaffe mon pote où bientôt tu finiras pendu et père de famille !
Hé ! C'est pas comme si c'était si terrible que ça comme sort ! A moins que tu ais des remontrances à faire sur le sujet mon amour ?

Visiblement ça s'amusait bien là-dedans... et à mes dépends plus encore qu'aux dépends de celui qui ne daigna pas leur répondre. Ou alors d'un magnifique doigt levé que, je l'admets, j'aurais bien aimé voir. Et c'est là que je compris ce qui, non pas m'attirait vraiment, mais m'intriguait chez ce bonhomme. Son impertinence. Celle qui me rappelait bien trop la mienne. Celle que Jacob n'avait jamais eue... ou d'une autre manière. Une grimace à mes lèvres alors que je réalisais mon erreur. Si je me complaisais bien trop à jouer avec le feu dévastateur de Christopher ce n'était pas parce qu'il était insolent... mais parce qu'il était le plus parfait opposé de l'homme que je tentais, désespérément et si parfaitement en vain, d'oublier. Chris et Jacob... Jacob et Chris... Deux personnalités radicalement opposées... Deux mondes incompatibles... Deux hommes... Et ma pauvre et bien maudite pomme paumée autant que tiraillée entre les deux. Jacob et moi avions vécu plus d'une vie ensemble. Et quoique je décide de faire ou non, j'étais assez lucide pour ne pas me leurrer : Jacob demeurerait le seul. Lors de notre première rencontre j'avais naïvement, et une once de vanité il faut bien le dire,  pensé que j'avais sauvé la vie de Jacob... faux. Et il m'aura fallu plus d'un siècle pour comprendre que c'est lui qui avait sauvé la mienne. En me donnant une raison de vivre et d'espérer. Jacob m'apportait la lumière. Christopher...

Tiens... Tiens... Tiens... Aurions-nous une invitée?

Cette voix qui me fit me figer avant que, péniblement, je ne me retourne pour découvrir à qui elle appartenait. Neil Corrigan. Pas très difficile de mettre un nom sur le physique de cet Apollon dont même mes plus sorcières collègues ne parlaient jamais qu'avec les plus insupportables de trémolos dans la voix ! Bon, d'accord, ce type était d'une beauté qu'Adonis lui-même n'aurait pu que jalouser ! Et je ne sais pas si les auras existent ni même si elles peuvent se sentir, se ressentir, mais je jure que, à ce moment là, j'ai pu sentir la sienne me nimber... au point presque de me faire suffoquer ! Et, je le jure aussi, j'ai senti la magie en lui... Neil Corrigan est un putain de sorcier ! L'un de ces êtres qu'il n'a pourtant de cesse de traquer pour mieux les torturer, les briser et les faire se soumettre ou, le cas échéant, les briser. Je devinais qui il était. Il sembla lire en moi comme en un livre ouvert. Deux menteurs, deux bluffeurs professionnels qui s'affrontaient si poliment du regard. Et je n'aurais pas eu le dessus si la poupée à ses côtés ne l'avait pas comme arrêté d'une main à son bras et de ces mots, sincères et si bienveillants, qu'elle m'offrit dans un sourire. Peut-on se sentir attirée par une femme quand on est, comme moi, hétéro ? Je n'en sais rien mais putain cette fille là je l'aurais bien mise dans mon lit ! Et je me promis que si je survivais à cette journée merdique je courrais chez le premier psychiatre que je trouverais parce que là, franchement, si je n'étais pas totalement cinglée je n'en étais pas loin !

Je m'appelle Eden. Vous devez être Mina, n'est-ce pas ?

Ce moment où la grande gueule que je suis se retrouva complètement dépourvue pour ne pas dire dépassée devant une gosse encore plus troublante que l'Apollon à ses côtés. Et, pour paraphraser l'un des personnages de ce bon vieux Jean Baptiste Poquelin... Mais qu'est-ce que j'étais venue faire dans cette galère ?!

Mina, donc... Je m'appelle Neil.
Je sais...Enfin je veux dire... Il serait difficile d'ignorer votre nom, non ?

Le sourire, amusé, que le Grand Maître romain m'adressa et qui me glaça les sangs tandis que je le regardais, aussi impassible qu'une vache devant un train, passer son bras plus possessif que protecteur autour des épaules de celle qui me fit plus que jamais l'effet d'être une poupée de chiffons bien peu à sa place...

Est-ce Astrid ou Nathaniel qui vous ont conviée ?
Non... C'est...
J'ai invité Mina.

Honnêtement, je ne vais pas mentir, je n'ai jamais été plus heureuse de voir Christopher arriver qu'à ce moment très précis ! Alors qu'il venait, passait sa main autour de ma taille et s'autorisait à déposer un baiser un peu trop appuyé à la commissure de mes lèvres,  je ne pouvais détacher mon regard de Neil. Et de sa … compagne ? La main de  Christopher à ma joue, les regards intrigués et inquisiteurs de tous les autres que je sentis se braquer sur moi... Ce sourire, le seul, que m'offrit une nouvelle fois Eden.

Je commençais à croire que tu m'avais encoreposé un lapin...
Non... Je...

Je ne me sens que rarement, vraiment très rarement, gênée mais, là... Si je l'avais pu, si je n'avais pas eu peur de finir au centre de l'arène et dévoiler mon immortalité à tous en demeurant celle que nul ne pourrait jamais tuer... Alors, oui, j'aurais volontiers transplané sans demander mon reste ! Mais je ne le pouvais pas. A croire qu'une partie de moi désirait bien plus vivre que je ne l'aurais soupçonné. Un sourire. Voilà ce que j'offris à Christopher quand, m'enlevant à la vue de tous ces rapaces policés, il me mena à ce siège où, encore tremblante, je pris place. Des propos que nous finîmes, tous, par échanger. Des banalités affligeantes sur cette actualité que les uns et les autres manipulaient à loisir. D'autres, toutes aussi navrantes, sur ce spectacle qui n'allait pas tarder à commencer et qui promettait d'être grandiose... Autant de choses que je me gardais bien de commenter. Un peu comme cette poupée diaphane qui, pas plus que moi, ne semblait goûter au sarcasme ambiant. Alors c'était ça la vie des grands de ce monde ? Très peu pour moi...Et le spectacle qui suivit n'arrangea rien. La cruauté de ces hommes et de ces femmes dans l'arène... rien que des enfants qui jouaient aux soldats impitoyables ! Rien que des gosses qui en mettaient d'autres à mort... Je sentais mes tripes remonter à mes lèvres, n'allais pas tarder à régurgiter tous mes repas des trois derniers siècles... quand Eden me devança. Les yeux embués de larmes, le teint plus pâle que la mort la petite princesse s'enfuit en courant. Son sulfureux prétendant sur ses talons. Et, déjà, la meilleure amie de Chris retombait dans sa mauvaise humeur habituelle.

Faut vraiment qu'elle nous gâche tout celle-là... Putain mais Neil peut pas se trouver une nana avec un peu plus de tripes ? Mina ça te tente pas ? Tu m'as l'air d'en avoir dans ton string toi au moins !
Parfois tu fais vraiment chier As' ! Tu peux pas lui foutre la paix, non ?
Quoi ? On peut plus plaisanter maintenant ? Fais gaffe Chris ! Tomber amoureux ça te rendrait limite chiant !
Hein ? Quoi ? Elle a dit quoi là ?

Stop ! Minute ! Pardon ? Elle venait de dire quoi la folle dingue ? Mon visage qui s'empourprait au point d'en être rubicond et mon corps qui, tel un ressort déglingué, se dressait d'un coup un seul. Mes yeux, plus ronds que des soucoupes, qui fixaient ceux, soudainement bien fuyants de Christopher. Hé ho ! Il allait se réveiller le sale petit con oui ou merde ? Il attendait quoi pour lui river son clou à la pimbêche qui se marrait pire qu'une hyène frappée d'hystérie maintenant ?

On dirait que tu as éventé le plus tendre des secrets ma chérie... Tu gênes notre ami et sa... dulcinée ?
Pfff... Désolée mais bon c'est pas tous les jours que mon ami le tombeur en pince vraiment pour une fille ! J'ai bien le droit de m'en amuser un peu !
As' ! Fermes la !
Je crois que je devrais y aller... Je... C'est pas pour moi... Tout ça... C'est pas moi ! J'aurais pas du venir... Je...
Mina ! Attends ! Mina !

Mais je m'étais déjà enfuie. Ou, du moins, j'avais tenté de le faire. Mais j'étais trop troublée... à moins que je n'ai, inconsciemment je le promets, souhaité qu'il me rattrape ? Toujours est-il qu'il le fit. Et avant que je ne comprenne, nous nous embrassions. Franchement je ne me souviens même plus de ce qui se passa vraiment ensuite. Au moment même où nous lèvres se touchèrent pour si bien s'épouser, je ne me souviens de rien d'autre. La foule, les combats à morts... et même ces paons décérébrés qui devaient encore s'esclaffer... Plus rien n'existait. Plus rien d'autre que lui et moi. Et... Jacob. Ce bien trop aimé et tentant fantôme de l'amour qui vint s'inviter, s'immiscer entre Christopher et moi. A moins que ce ne soit ma raison qui ne me rappelait à l'ordre ? Je n'en sais toujours rien et je m'en contrefous éperdument.

Je suis désolé Mina. Sincèrement désolé. Je ne voulais pas que cela se passe ainsi... Tu me crois n'est-ce pas ?
Oui, je te crois...

Pour ce que cela importait de toute manière... Ses mains dans mes cheveux, ses mains sur moi... Son souffle qui se mêlait au mien.

Restes avec moi Mina... Restes...

Je voulais. Je ne voulais pas. Je ne pouvais pas !

Restes... Toi et moi nous nous ressemblons.
Non... Je sauve des vies, tu en prends.

Et je le pensais.

J'ai vu ton regard quand tu as vu les combattants entrer dans l'arène.

Sa main qui venait agripper ma nuque avec une fermeté qui n'avait d'égale que sa douceur.

J'ai vu ton dégoût...mais...

De nouveau ses lèvres qui s'emparaient des miennes à une seconde pour mieux les libérer à la suivante.

Mais j'ai aussi vu l'étincelle dans tes yeux. La même que la mienne quand je combats. La flamme de la guerre.
Non... Tu te trompes Chris... Je... Je ne suis pas comme ça ! Je ne veux plus être ainsi.


La surprise dans ses yeux et dans sa voix.

Plus ?
Laisses moi partir Christopher... Laisses moi m'en aller. S'il-te-plaît ! S'il-te-plaît...

Ses mains qui m'obéissaient, me relâchaient.

Qui es-tu Mina ? Qui es-tu vraiment ?
Crois-moi : tu ne voudrais pas le savoir.

Sa main qui me rattrapait une dernière fois. Nos doigts qui se nouaient bien plus que je ne l'aurais voulu. Et ces mots qu'il prononça et qui me hanteraient encore bien longtemps après. Qui me hantent aujourd'hui encore d'ailleurs...

Tu te trompes. Qui que tu sois, moi, je t'accepterais. Quoi que tu sois ou ais été, moi, je l'accepterais.
Alors tu ferais la plus grande des erreurs !
Le choix m'appartient.
Non ! Je ne te permettrais jamais de faire ça tu m'entends, jamais !

Mes deux mains qui le repoussaient si violemment alors que je reculais, commençais déjà à me noyer dans la foule.

Pourquoi ? Pourquoi Mina ?!
Parce que j'ai déjà vécu ça ! Parce que je sais que ça ne finit jamais bien !

Et ces ultimes mots qu'il me lança alors que je lui tournais déjà le dos.

Qui est-il ? Qui est celui qui te hante ? Qui est ce fantôme que je dois combattre ? Donnes moi son nom Mina ! Dis moi qui c'est !
Qu'est-ce que ça changerait pour toi de le savoir ?
On peut tout affronter sauf un souvenir. On peut tout vaincre sauf une ombre Mina.
Et qu'est-ce qui te fait croire que j'ai seulement envie de te voir combattre et vaincre ce souvenir ?

Un silence qui me glaça les sang. Et la réponse qui finit par tomber, bien trop cinglante de lucidité.

Toi. Si ne serait-ce qu'une infime partie de toi ne le voulait pas alors jamais tu n'aurais accepté de dîner avec moi l'autre soir. Jamais tu ne serais venue aujourd'hui. Jamais tu ne m'aurais laissé t'embrasser comme je l'ai fait. Et, surtout, si je n'avais pas la moindre chance alors jamais tu ne chercherais à fuir !

Ce qu'il pouvait me faire chier !

Fous moi la paix tu m'entends ? Fous moi la paix !

Je n'avais jamais fui de toute ma vie. Mais, avec Christopher, je ne cessais de le faire. Parce qu'il avait raison et que je le détestais pour cela presque autant que je ne me méprisais. Parce que, peu importait même qu'il dise vrai. J'aimais encore bien trop celui que je refusais de voir ne devenir, justement, que monsouvenir. Et quand bien même, j'en avais maintenant suffisamment appris sur Christopher pour savoir que, oui, sur tous les hommes au monde, il était le seul qui me soit réellement interdit. LE seul que Jacob ne me pardonnerait véritablement jamais d'avoir laissé m'approcher. Parce qu'il était son descendant, à Edward Baker. J'avais presque secrètement espéré que ce nom qu'ils avaient en commun n'était qu'une stupide coïncidence. Mais le destin est tordu. Et Christopher est bien le dernier héritier en date de celui qui, un siècle plus tôt, avait remplacé mon Jacob auprès de Jane. Jane Hardwick... Combien de fois avais-je craint le fantôme de cette fille qui serait, sans doutes à jamais, le premier et seul véritable amour de Jacob... Et si je n'ai jamais douté des sentiments de mon mari pour moi j'ai toujours été consciente que son ombre planait au-dessus de nous. Et si les souvenirs peuvent se venger et se marrer alors Jane devait hurler de rire aujourd'hui et alors que l'histoire prenait le plus amer des relents de déjà-vu.

Vous jouez aux échecs ? Moi, oui. Et je me flattais d'être plutôt bonne à ce jeu. Mais, là, allez savoir pourquoi, je me sentais proche du mat.



CHAPITRE VI



Le centre de Londres,
Juin 2101,

Je crois que le petit reprendrait bien une glace et, pour ma part, je ne serais pas contre un autre de ces cocktails aussi colorés que délicieux.
Je vous accompagne !
Moi... ou Riley ?
Il paraît que pour séduire une mère il faut se mettre son enfant dans la poche, non ? Alors pour moi ce sera une pêche melba et un Long Island s'il-vous-plaît.

Mon regard qui allait de l'un à l'autre de ces amis, les seuls que je possédais, et qui m'avaient involontairement transformée en chandelier humain contraint d'assister à ce rapprochement que je n'aurais jamais cru possible le jour où je les avais présentés l'un à l'autre. Lala et Cooper ? Sérieusement ? Une prostituée et un chef des urgences roucoulaient devant mes yeux sans doutes aussi écarquillés que trop scrutateurs... et sous ceux du bambin à la tignasse toujours si bien en pagaille qui, lui, semblait adouber cette idylle naissante et qui avait le mérite, je ne pouvais le nier, de si bien faire sourire sa maman. Lala était jolie quand elle souriait. Et, quand Cooper était là, elle semblait différente. Comme apaisée, presque sereine. Et confiante en cet avenir qui, pourtant, lui échappait un peu plus à chaque seconde qui passait. Sa maladie gagnait du terrain mais, elle, n'en semblait que plus vivante encore. Comme si l'idée de devoir mourir plus tôt que les autres, plus tôt que prévu lui donnait la force de savourer chacune de ces même secondes qui glissaient sur moi sans même que je m'en préoccupe plus. Je survivrais éternellement mon amie, elle, vivrait peu mais vivrait vraiment elle. Et si Cooper pouvait lui apporter un tant soit peu de lumière et de bonheur durant ce laps de temps qu'il lui restait à savourer alors je ne pouvais que m'en féliciter. Et tâcher de ne pas trop jalouser cette complicité que je voyais s'esquisser devant moi. Cette tendresse dans des regards et des gestes encore à peine osés mais qui, à un moment, finirait bien par faire d'eux des amants. La vie est moins triste et désespérante quand on l'affronte à deux...

Mina ? Mina, tu es encore avec nous ?
Hum ?

Je m'extirpais une fois encore de mes pensées si profondes pour sentir peser sur moi quatre paires d'yeux. Dont celui de cette serveuse qui m'indiquait par le tapotement insupportable de son crayon sur son petit carnet qu'elle aimerait bien que je me décide : je désirais quelque chose, oui ou non ? Comme si cette greluche moche et trop maigre pouvait seulement m'apporter ce que je désirais vraiment ! C'était sur la carte le fait de remonter le passé et de retrouver ce que l'on avait perdu ? Non ? Alors je me contenterais de ce triple whisky sec que je lui commandais sous le regard empli de désapprobation de Lala et le soupir un tantinet exaspéré de mon supérieur direct et ami.

Quoi ? L'abus d'alcool est dangereux pour la santé ? C'est pas comme si je devais me sentir concernée hein !
Et c'est reparti pour un tour ! Voilà notre Mina qui bougonne ! Ca nous aurait presque manqué.
Il s'est passé quelque chose pendant ta garde pour que tu tires une telle tronche et n'ait pas daigné desserrer les dents depuis plus d'une heure?
Laisses-moi réfléchir... Tu veux dire autre chose que les merdes habituelles ? Des patients qui arrivent par flots incessants... Des cadavres en sursis que je ne peux que soulager et accompagner jusqu'à leur dernier souffle... Des blessés que je rafistole avec des moyens datant du Moyen Âge et que je suis ensuite forcée de livrer à ses enfoirés de miliciens... A part ça ? Nan rien de spécial !

J'avoue : je ne me montrais pas vraiment la plus aimable qui soit sur ce coup là. Mais s'il existait des êtres capables de me comprendre, et de me pardonner, c'étaient bien ces deux-là. Eux qui, chacun à leur façon, étaient eux aussi sans cesse confrontés au pire. D'ailleurs le regard toujours si bienveillant que m'offrit alors Lala et la main que Cooper passa fraternellement autour de mes épaules suffisaient à me le confirmer. Tous les trois connaissions trop bien la fange et la démence du monde pour nous offusquer à la première saute d'humeur de l'un d'entre nous. Et, visiblement, cela ne leur faisait pas perdre leur sens de la taquinerie. Et, une fois n'est pas coutume, ce fut lui qui ouvrit les hostilités.

Bizarre... Je pensais que l'Ordre et toi aviez trouvé comme un … consensus... dernièrement.
L'Ordre ou un certain exorciste aux yeux clairs ?
Très drôle ! Vraiment, très drôle...
Vous en êtes où d'ailleurs, Christopher et toi ?
Nulle part. Et, au risque de décevoir vos espoirs dégoulinants du plus écoeurant des romantismes, ça n'est pas prêt de changer...

Les yeux de mon amie qui roulaient dans leurs orbites tandis que nos commandes arrivaient. Le petit sauvageon adorable qui se jetait sur sa glace. Et moi qui m'empressais de vider mon verre avant d'en commander un autre. Le même. En fait, non... Qu'elle ramène donc carrément la bouteille. Au train où allait la conversation j'allais en avoir besoin.

Les gens ne sont pas tous blancs ou tous noirs, tu le sais ça non ma chérie ?
Et là je suis supposée comprendre que, même si Chris est un enculé qui passe sa vie à traquer, rafler et torturer des gens tandis que moi je me démène comme une damnée pour sauver ne serait-ce qu'une seule putain de vie, ce type est quelqu'un de bien ?
Je crois que c'est un peu l'idée en effet.
Pitié ! Tu ne vas quand même pas t'y mettre toi aussi !
Et pourquoi pas ? Ce type obéit peut-être à l'Ordre mais, de ce que j'en sais, il n'a pas l'air d'être aussi mauvais que tu le décris.
Je dirais même qu'avec toi il se montre des plus charmants.
Et puis... Avoues qu'il te connaît assez bien pour savoir comment te prendre.
En attendant de la prendre tout court ?
Ah... Ah... Ah... Je suis morte de rire là ! Et vous me ferez signe quand vous aurez fini de vous payer ma gueule les saletés de comploteurs ! C'est pas parce que vous avez les hormones qui vous démangent que je suis comme vous...
Ouch ! Je suis vexée là!
T'as l'air tiens...

Le rire de Lala qui s'élevait dans les airs alors que je feignais de bouder et la menaçait de cette bien inoffensive cuillère à glace. De la part de n'importe qui d'autre que ces deux là jamais je n'aurais toléré que l'on vienne ainsi me pousser dans ces retranchements sentimentaux qui ne regardaient que moi. Mais ils étaient mes amis. Et cela leur conférait certains droits dont, évidemment, ils adoraient abuser.

Et puis, désolée de te le dire ma puce mais... Chris au moins est là, lui. Et il ne demande qu'à l'être plus souvent.

Le regard que me glissa, à la dérobée, Cooper et qui me fit soupirer avant même que les mots ne franchissent la barrière de ses lèvres.

Elle marque un point là. J'en ai marre de te voir te languir et te lamenter après ce type qui, à chaque fois que tu parviens à le voir, te retourne encore un peu plus. Soyons lucides Mina... Ton exorciste est là et ton ex, lui, il est où hein ?
Apparemment pas loin... Juste sur le trottoir d'en face...

Mes mains qui se crispèrent à m'en faire mal tandis que les regards de mes amis se joignaient au mien pour mieux se poser sur la silhouette qui, en effet, venait d'apparaître au coin de la rue. Jacob ! Enfin... Jake Sarkander comme il se faisait désormais appeler. Je sais que je n'aurais pas du... Je sais que c'était sûrement stupide... Mais... mais au moment précis où il était apparu dans mon champs de vision je sentis mon cœur se mettre à bondir dans ma poitrine soudainement si brûlante. Et, déjà, je me sentais me mouvoir, m'apprêter à me lever pour mieux courir vers lui. Pathétique, je sais. Mais s'il est des pulsions auxquelles j'avais, au fil des siècles, appris à résister les élans de mon cœur n'étaient pas de celles-ci ! J'étais déjà debout, mes lèvres entrouvertes pour mieux interpeller celui avec qui, une fois encore, je voulais tenter de parler. Sachant pertinemment que les chances que cela ne se terminent pas, une fois de plus, par une dispute étaient si minces que nulles. Je devais essayer au moins. Je devais tenter de lui expliquer, de lui faire comprendre les raisons de ce geste qu'il ne cessait de me reprocher, de me faire payer encore et encore. Lui dire, peut-être aussi, à quel point il me manquait. Que ce manque que je pensais ne jamais pouvoir éprouver, il l'incarnait désormais. Et que la douleur faisait vibrer chacune des fibres de mon être. Que... je l'aimais encore ? Peut-être. Probablement. Sûrement ?

Mina... Non...
C'est pas une bonne idée...
Apparemment non...

Surtout si l'on prenait en comptes cette espèce de pétasse - comprenez par là une beauté bien trop éblouissante pour que je n'en complexe pas dans la seconde - qui venait elle aussi de surgir de ce putain de coin de rue et qui, le plus béat et dégueulasse des sourires accroché à ses lèvres pulpeuses, venait se jeter au cou de mon Jacob. Et je ne sais pas ce qui me dévasta le plus : son sourire à elle... ou son sourire à lui...

Ce n'est peut-être qu'une amie... Commences pas à te faire des films Mina...
Et pourquoi pas ? Le plus vite elle réalisera qu'elle n'a rien à gagner à faire la grue  raide dingue d'un mec qui visiblement en a plus rien à foutre  le plus vite elle pourra passer à autre chose, non ?
Genre autre chose qui s'appellerait Christopher ?
Et pourquoi pas?Je l'aime bien moi l'exorciste.
Ah oui ? Et, puis-je savoir à quel point tu l'aimes bien ce mec ?
T'inquiè... Mina ! Mina bon sang !
Et merde...

Oui, merde ! Merde à eux, merde à Christopher aussi, merde au monde... et un gigantesque merde à celui vers qui je me précipitais, les yeux emplis de foudres et les poings serrés mais comme hantés par l'envie d'aller s'écraser à en saigner sur les gueules enfarinées de ces deux personnes devant que je surgissais comme une diablesse ébouriffée et en mode pétard allumé. Mes lèvres tremblantes qui s'arrondirent en s'ouvrant n'attendant que de laisser se déverser les flots d'injures que je sentais titiller le bout de ma langue. Ce doigt accusateur que je pointais d'abord sur elle, cette connasse qui me regardait avec des yeux de veau, avant que de le ramener sur lui.

Lui que je regardais, peut-être pour la toute première fois de notre histoire, avec une colère sincère et une étincelle de dégoût parfait. Qu'il me quitte ? Soit, ça je commençais presque à m'y faire. D'ailleurs quand il ne le faisait pas c'était moi qui le faisait. Qu'il me quitte vraiment, pour de bon et à jamais ? J'avais beau avoir l'impression que j'en crevais je savais que j'y survivrais quand même. Mais qu'il me remplace déjà ? Pardon ! Putain lui et moi avions vécu plus d'un siècle ensemble ! Merde quoi... Peu importent les pauses, les ruptures ou toutes ces conneries. Ce que lui et moi avions partagé était imparfait mais tellement plus parfait que ce qu'aucun couple ne pourrait jamais partager ! Ce que nous avions vécu, jamais il ne pourrait le revivre avec qui que ce soit ! Pas plus que je ne le pourrais, d'ailleurs... J'avais toujours eu confiance en Jacob. Ce jour là je me sentis aussi idiote que trahie. Et tant pis si je me trompais. Tant pis si cette sale grognasse n'était pas sa maîtresse mais qu'une simple amie ou relation d'affaires. Rien à foutre ! Rien que pour ce bien trop beau sourire que Jacob affichait en ce moment là et pour, ou pire grâce à elle me blessait. Depuis quand ne m'avait-il pas souri ? La réponse, je ne la connaissais que trop bien : depuis que j'avais refusé de lui rendre son fichu Horcruxe de malheur ! Celui que, aujourd'hui encore, je n'entendais pas lui rendre. Et je le lui dis clairement, d'ailleurs.

Jamais tu m'entends ! Jamais je ne te le rendrais !
De... de quoi elle parle ? C'est … qui... celle-là Jake ?

Un grognement qui m'échappait alors que je dardais mes foudres sur celle que je scannais de la tête trop grosse et sûrement trop vide, jusqu'à ces pieds qu'elle avait bien trop grands. De véritables péniches !

Celle-là c'est sa femme pauvre conne ! Son ex-femme mais sa femme quand même !

Puis, avant que la morue dessalée ait eu le temps de prononcer la moindre syllabe je lui balançais un bon petit crochet dans ses quenottes et, presque soulagée, je détournais les talons et venais rejoindre mes amis à notre table. Hélant la serveuse, atterrée suite à ma petite crise de nerfs, je sifflotais, presque gaiment

Nous voudrions un magnum de votre meilleur champagne s'il-vous-plaît.
Alors toi...
T'abuses pas un tout petit peu là ?
Quoi ? T'aimes pas le champagne toi ?
Je ne te parlais pas de cela...
Ah ? Et tu parlais de quoi alors ? Je ne vois pas !
Allez, lâchons la un peu d'accord. Après tout une bonne tarte n'a jamais tué personne !
Voilà qui est bien dit ! Bon alors Coop' : tu bois avec nous ou tu fais ton moraliste à deux balles ?
Seul contre deux ? Je n'ai aucune chance ! Alors va pour le champagne. Mais pas trop pour moi ce soir je suis de garde.
Je croyais que c'était à moi ?
C'était, en effet.

Mes yeux qui l'interrogeaient et lui qui me répondit en poussant vers moi mon smartphone.

M'en veux pas ma chérie mais il n'a pas arrêté de sonner alors je me suis permise de répondre.
Tu as bien fait...

Avais-je murmuré en achevant de prendre connaissance du message qui faisait suite à la conversation que mon amie et mon appelant avaient eue. Mes prunelles qui se mirent à étinceler alors que, pour la première fois de la journée, je souris franchement. Et ne vidais d'une traite ma flûte que pour mieux ramasser avec fébrilité mes affaires.

Et on peut savoir qui c'est ce type là ?
Sûrement pas ce que vous imaginez...
Tu nous expliques ?
Non ?
Mina?
Quoi, encore ?

Le regard qu'ils me jetèrent et qui me fit me figer un moment. Et ce soupir qui m'échappait alors que je passais nerveusement ma main dans mes boucles emmêlées et soupirais en m'éloignant déjà.

Ce type c'est peut-être celui qui m'aidera à trouver la solution à tous mes problèmes ! A plus les ratons !

Puis je disparus sans même plus accorder d'importance à ces questions qu'ils ne manquèrent, évidemment pas, de me jeter. Oui, cet homme vers qui je courais désormais à perdre haleine pouvait m'aider. Il fallait qu'il le puisse ! A faire quoi ? Comme si j'allais vous le dire ! Disons simplement que si j'avais raison alors cet homme m'offrirait la possibilité unique d'empêcher à jamais Jacob de retrouver, et plus encore de détruire, son putain d'Horcruxe. Comment ? Ca, c'est mon secret à moi. Et ne comptez pas sur moi pour vous en dire plus pour l'instant ! Après tout mon histoire éternelle ne fait, en ces terres, que commencer.



THE END


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Mina O'Connor
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Sam 10 Fév - 11:06


Alors... Dites moi tout... Il est caché où mon ex mari devant l'éternité hein ? Mina O'Connor  " La vie ça craint ! " [FINIE] 126297626 && Mina O'Connor  " La vie ça craint ! " [FINIE] 1759416326
Contente d'être arrivée ici en tous cas Mina O'Connor  " La vie ça craint ! " [FINIE] 1834094237

Et, oui, je sais ... Je file écrire xD

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Sam 10 Fév - 13:47
Eh bien, ce n'est pas que je sois particulièrement chaud pour te valider mais si j'ai envie de ne plus être immortel, il faudra bien que je valide cette formidable fiche ! Mina O'Connor  " La vie ça craint ! " [FINIE] 3058436794
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Jack Sarkander
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