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Serena McAllister " L'esclavage laisse bien plus libre que ces putains d'Entités moi j'vous le dis ! " [FINIE]

 ::  :: Le Baptême :: Hallelujia !
Dim 11 Fév - 10:03
Serena McAllister
ft. Kaiä Gerber

Âge : 17 ans
Statut sanguin : Pur
Situation conjugale : Célibataire  mais peut-être bien que non en fait... Demandez à mon cafard !
Métier/études : Je suis l'esclave d'Adam Bettancourt mais celui-ci m'encourage à suivre des études. Et, pour lui faire plaisir, je viens de commencer un cursus de commerce international. Mais, non, cela ne me passionne pas le moins du monde !
Entité abritée : Jusque là Asmaan... enfin disons que je l'ai eue, ai tenté de m'en débarrasser, en ai encore un éclat et entend le refiler à quelqu'un d'autre... Oui, c'est compliqué !
Pouvoir(s) : Adam ayant payé grassement l'Ordre pour que je ne sois pas exorcisée je suis aujourd'hui encore en pleine possession de mes pouvoirs. Mais comme je n'ai aucune intention de m'en servir voilà voilà... Et, non, je ne veux surtout pas savoir quel cadeau Asmaan a bien pu me faire quand elle a décidé de me posséder... .
Arme(s) : aucune et je ne les aime pas du tout !
Aptitude(s) spéciale(s) : Je dois confesser être un peu, voir beaucoup, cleptomane. J'adore m'approprier tout ce qui a le malheur de passer à portée de mes yeux et plus encore de mes mains si agiles... Désolée ! Ou pas en fait...
Caractère

Désenchantée ~ Parfois si lucide que j'en deviens amère à ce qu'en disent certains ~ Un tantinet égoïste mais n'est-ce pas là de l'instinct de survie ? ~  Je me dirais espiègle et taquine on me dira plutôt pimbêche ascendant garce... ~ Hédoniste et épicurienne ~ Bien plus timide et prude qu'il n'y paraît... à croire que ma si grande gueule n'est qu'une carapace maladroite ~ Sentimentale sous mes dehors hautains et distants ~ Fidèle et loyale ~ Bornée, ça je ne peux le nier ! ~ Maladroite... pire que Gaston Lagaffe à ce que dit Adam... mais... c'est qui ce Gaston ?!  ~ Mondaine mais uniquement parce que l'on est jamais plus seule qu'entourée d'une foule de gens et, moi, la solitude, j'adore cela ! ~ J'ai une légère tendance à irriter les gens … pas de ma faute s'ils sont susceptibles ? Non ! ~ Horriblement superstitieuse c'est atroce !

La Guerre & Moi

Lorsque les gens me croisent ils ne voient souvent que l'esclave en moi... La pauvre gamine tombée entre les mains de ces prédateurs de miliciens et qui n'a pour avenir que le plus sombre des horizons... Quelle charmante vision, non ? Quelle vision partiale, étriquée et stupide surtout ! Car ma condition, je l'ai choisie. Hé oui... Aussi surprenant que cela puisse sembler j'ai refusé cette liberté après laquelle tant de crétins semblent aujourd'hui si bien courir. Être libre ? Super... mais libre de quoi au juste ? De vivre la peur au ventre parce que le sang sorcier qui coule trop bien en mes veines fera toujours de moi une cible de choix ? Libre de fuir encore et encore un danger qui finirait tôt ou tard par me rattraper et me broyer ? Désolée mais cela n'est pas pour moi ! S'il y a bien une chose que mon esclavage m'ait apprise c'est que la vie est bien trop éphémère et précaire pour la gâcher ! Moi, je veux vivre et pas seulement survivre ! Moi, je veux vivre pleinement un présent réel plutôt que de rêver d'un hypothétique avenir ! Et c'est très précisément ce que je fais figurez-vous. Adam est un bon maître. Vraiment. Et le premier qui me parle de syndrome de Stockholm je lui fais avaler sa langue, compris ? Tous ceux qui possèdent des esclaves ne sont pas forcément des monstres de cruauté et de perversité. Loin de là même ! Il en est des bons qui, comme Adam, aiment chastement et protègent leurs esclaves. Des êtres bien plus empreints d'humanité que ne le seront jamais ces miliciens ou ces résistants qui prétendent si bien défendre les plus nobles des valeurs mais qui, au nom d'une Liberté bafouée, commettent pourtant les pires des ignominies. Le monde n'est pas fait de noir et de blanc ! La nuance est partout, infime et subtile, mais elle est la seule qui fait la différence. Celle qui, en ces temps de guerre, peut faire d'un maître un héro méconnu et d'un guerrier un monstre hypocrite. Celle qui, aussi, fait d'une esclave telle que moi un être plus libre que vous ne le serez jamais ! Est-ce que j'aime pour autant la guerre ? Bien sûr que non ! Personne ne peut l'aimer je pense...quoique, quand je vois l'acharnement qu'ont les uns et les autres à l'entretenir je me pose parfois la question ! Moi, je ne l'aime pas. Mais, même si je suis encore soit-disant bien jeune, je suis assez lucide pour savoir que je n'ai d'autre choix que d'en tirer mon parti si je ne veux pas la subir. En fait, les choses ne se résument-elles pas si simplement à cela ? Perdre son temps et sa vie à rêvasser de meilleurs lendemains qui n'arriveront peut-être jamais ou profiter autant et tant qu'on le peut ? Je sais... Je suis désenchantée, amère et peu optimiste. Mais, toute à l'heure, ce soir, demain ou dans une semaine... Je pourrais, toute sorcière que je sois, marcher dans la rue sans jamais être inquiétée. Je pourrais prendre le temps d'admirer les premières lueurs de l'aube ou le coucher de soleil. Je pourrais rire et m'étourdir de plaisirs simples. Oui, l'esclave que je suis vivra toujours. Pouvez-vous en dire autant ? Je ne pense pas. Mon secret ? Je ne commets pas votre erreur grossière, moi ! La guerre je ne la fais pas. Je ne la combats pas plus. Je l'ignore.


Un peu de vous

PUF : Patapouf ?
Prénom : Un prénom de fille que j'aime pas d'ailleurs...
Âge : En août j'aurais une patate de plus c'est tout ce que vous avez besoin de savoir.
Un peu plus de vous : Finissons donc l'année en beauté en tâchant de finir cette fiche ? :P

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Serena McAllister
Chieuse à temps plein
Hôtesse d'Asmaan
Chieuse à temps plein  Hôtesse d'Asmaan
Serena McAllister
Emploi : Bulleuse à temps partiel && chieuse à temps plein ?
Date d'inscription : 11/02/2018
Messages : 5

Serena McAllister " L'esclavage laisse bien plus libre que ces putains d'Entités moi j'vous le dis ! " [FINIE] Empty
Dim 11 Fév - 10:06
Ma Vie

CHAPITRE I


Greenwich Village, NYC
Serena a tout juste cinq ans,



Dernier avertissement ! Stop !

Ces mots qui avaient déchiré l'air, faisant se figer plus d'une de ces silhouettes qui, col de manteaux relevés, visage à moitié dissimulés derrière leurs si épaisses écharpes, s'aventuraient encore le long de ces avenues jadis si passantes. A une époque où la guerre n'existait pas. A un temps où les immenses façades des gratte-ciel miroitaient, s'animaient de tous ces gigantesques encarts publicitaires où des naïades si peu vêtues que pas vantaient les mérites du dernier produit ou vêtement à la mode. A une époque où, si simplement, les gens gâchaient ce temps et cette vie dont ils se pensaient si naïvement les maîtres. Mais par une journée d'automne qui promettait d'être douce, le monde avait basculé. Dans la démence encore plus que l'horreur. La magie, les sorciers, les Entités... tant de secrets qui avaient violemment volé en éclats. Autant de vérités crues que l'Humanité, pas vraiment prête à affronter ni encore moins à assumer, avait avec force rejetées. Le bruit sec et glacial de cette arme automatique qui crachait ses mortelles balles... et puis ce bruit, si sourd qu'à peine audible, d'un corps qui tombait dans son linceul de neige grisâtre. Dans l'indifférence la plus totale... Cela faisait déjà bien longtemps que les gens ne s'indignaient plus même des ces horreurs dont la guerre avait fait un triste quotidien. Bien longtemps que plus personne ne s'émouvait seulement de voir un humain tomber sous les balles des miliciens... ou sous les sortilèges impardonnables de ces sorciers bien décidés à ne plus demeurer esclaves de ces crimes et de ces péchés dont ils se prétendaient innocents. Deux camps qui se livraient la plus aliénée des guerres, se contrefichant apparemment éperdument des dommages collatéraux et des cadavres qu'ils pouvaient draguer dans leurs sillages toujours plus rubiconds ! La mort était devenue la chose la plus ironiquement commune qui soit et, aujourd'hui, l'on s'étonnait bien plus de voir la vie s'épanouir que de la voir se flétrir...

Ne t'approches pas petite...

Cette voix qui s'adressait à elle et lui fit relever le bout de son tout petit nez. La même voix qui, quelques secondes à peine plus tôt, était dure et péremptoire mais qui, devant l'enfant qu'elle était, se patinait d'une douceur confinant à la mièvrerie. Un sourire que l'homme lui offrit et auquel elle ne sut répondre, ses grands yeux noisettes écarquillés cherchant à glisser de nouveau sur ce corps, désormais plus froid que le bout de ses doigts, reposant à ses pieds. C'était la première fois que Serena voyait la mort en face. Ses doigts qui se resserraient, de manière quasi instinctive, sur ce petit chaton famélique qu'elle tenait tout contre elle. Son nez qui se retroussait et remuait comme celui d'un petit lapereau. Sa bouche qui s'ouvrit sans, pourtant qu'aucun son n'en sorte. Elle aurait peut-être du avoir peur ? Crier, hurler, trembler ou pleurer ? Peut-être bien en effet. Mais l'enfant en était incapable. Comme si ce qu'elle voyait, ce corps dont elle ne parvenait pas à détourner son regard, ce sang qu'elle voyait s'écouler pour mieux ruisseler... comment peut-on réagir devant pareil spectacle d'horreur ? Cet homme était mort. Mais...

Ce n'est pas un endroit pour une enfant... Tu es toute seule ?

De nouveau cette voix, perdue quelque part entre le ton cajoleur et celui bien plus inquisiteur. Ce regard qu'elle finit par ramener au milicien alors que celui-ci, sans brusquerie, avançait sa main pour mieux venir effleurer sa joue froide d'une caresse. Et ce regard, perçant, qui la fixait, tentait de trouver au fond des iris de la petite cette réponse qu'elle semblait incapable de donner.

Tu t'es perdue ? Où sont donc tes parents ?

Cette tête qu'elle secoua alors, faisant voler autour de son visage de poupée ses boucles blondes. Ses yeux qui virevoltèrent un moment, cherchant dans la foule des badauds cette silhouette féminine qu'elle finit par désigner du doigt. Celle qui accourait, les joues blêmes, pour mieux la saisir à bras le corps et la serrer tout contre ce cœur qui, à cet instant précis, palpitait beaucoup trop fort. Ces mots que la femme lui murmura mais que Serena n'écoutait pas même, toujours prisonnière de cette fascination morbide et dérangeante pour une mort qu'elle découvrait. Etait-ce cela le parfum de la mort ? Cette odeur âcre et presque métallique qu'elle sentait flotter, les nimber tous et qui faisait remonter à ses lèvres le plus mauvais des arrières goûts... De nouveau la voix de l'homme armé qui s'élevait, sermonnant celle qui bafouait, se répandait en ces excuses que l'enfant ne voulait pas l'entendre prononcer. Non, elle n'était pas inconsciente... Non, elle n'était pas une mauvaise mère... Et non, elle n'avait rien fait de mal... c'était Serena qui, attirée par son chaton lui avait échappé ! Elle aurait voulu le leur dire mais les adultes ne la regardaient pas, ne l'écouteraient d'ailleurs sûrement pas. Personne n'écoutait les enfants... On leur parlait, tout le temps et beaucoup trop... On leur donnait plein d'ordres sans même réellement leur en expliquer la raison ou le sens... Mais, au fond, on se fichait pas mal de ce qu'ils avaient à dire ! Ils n'étaient que des enfants...

Merci infiniment monsieur... Je vous promets d'être plus attentive la prochaine fois...

Encore la voix, autoritaire cette fois, qui répondait, donnait des ordres à celle qui, les yeux baissés et le teint subitement rouge, hochait de la tête. Sa maman obéissait ? Ce serait bien la première fois ! Et, non, Serena n'aimait pas ça... Pas plus qu'elle n'aima la manière qu'eut l'homme de lui sourire lorsque, dans un geste bien trop familier qu'elle n'évita pourtant pas, il caressa encore une fois sa joue. Il la trouvait jolie ? Merci. Il était persuadé qu'elle devait être la plus adorable des petites filles ? Mauvaise pioche là par contre ! Et si les circonstance avaient été différentes, si l'enfant n'avait pas senti peser sur elle le regard si lourd de sa mère, alors elle se serait fait une joie de lui prouver à quel point il pouvait se tromper celui-là ! Mais, déjà, le milicien s'éloignait, courant rejoindre ses compagnons d'armes... sans doutes pour aller chasser et assassiner un autre sorcier ? C'est du moins ce que la petite entendit sa mère grommeler à voix basse et dès qu'il se fut assez éloigné pour que la femme soit certaine de ne pas être entendue ! Le sourcil de la petite qui se haussait et ses lèvres qui s'entrouvraient, visiblement bien décidées à, cette fois, livrer le fond de sa pensée quand le regard, plus noir que jamais de sa mère l'en retint de justesse. Un doigt, bien trop sérieux et sévère, qui se pointait vers elle et appuyait sur son nez gelé et les mots qui claquaient.

Vous, mademoiselle, vous allez avoir une longue discussion avec votre père !
Pourquoi ? J'ai rien fait !
Ah non ? Combien de fois ton père et moi t'avons dit, répété et même hurlé de ne jamais t'approcher de ces chiens de miliciens ?
C'est lui qui est venu me voir d'abord...

Le soupir que poussa sa mère et ces yeux qu'elle laissa rouler avant que de la déposer au sol, juste devant l'entrée de leur immeuble. Alors que Serena se précipitait déjà pour en gravir les marches du perron, la femme l'avait retenue d'une main ferme à la sienne. La petite qui consentait à lui faire face, ancrant son regard à celui de celle qui murmurait d'une voix bien plus douce et où perçait comme de l'inquiétude.

Tu sais bien que si papa et moi nous montrons parfois aussi durs c'est parce que nous t'aimons très fort et que nous ne voulons pas que...
Qu'il m'arrive quoique ce soit. C'est pour ça que je dois jamais dire à personne ce que nous sommes.

Avait achevé d'une voix lancinante et comme si elle récitait une leçon déjà bien trop de fois rabattue celle qui grimaçait. Oui, elle savait tout cela. Difficile de faire autrement quand pas une seule journée ne se passait sans qu'on le lui rappelle ! Grommelant, son précieux butin du jour miaulant et ronronnant entre ses mains, la petite grimpait en courant les marches et s'apprêtait à ouvrir la porte quand son père la devança, sa si haute silhouette se dessinant devant elle brusquement. La petite qui rougissait, baissant la tête, confessant déjà ces bêtises que, plus tard, elle nierait, justifierait avec toute l'arrogance de ses cinq tous petits printemps. Ce regard entendu que ses parents échangèrent sans pour autant prononcer le moindre mot et ce soupir, si éloquent, qui s'échappa des lèvres de ce père qui posait genoux devant elle et, d'une main tendre, caressait la petite boule de poils ramenée par son enfant.

Alors comme cela on en fait encore qu'à sa tête ?
Même pas vrai... J'voulais juste sauver ce petit chat...

Les cils de la toute petite poupée qui papillonnèrent attirant aux lèvres de l'homme le plus amusé, et conquis, des sourires. Ce n'était qu'une enfant et, pourtant, elle savait déjà mener son monde par le bout de son minuscule petit nez... ça promettait ! Ses oeillades mutines, ses moues boudeuses et cette façon qu'elle avait de, toujours au plus parfait des moments, vous regarder pour mieux vous faire ravaler ces sermons que vous entendiez si fortement lui asséner... Peter savait qu'il aurait du la gronder pour son inconscience qui les mettait tous en danger. Pour cette façon qu'elle avait, toujours et bien trop, de ne pas obéir et de n'en faire qu'à sa tête. Pour cela et pour toutes ces autres bêtises que l'homme oublia bien vite dès qu'elle lui sauta au cou, enfouissant son petit nez dans la chaleur de son cou et lorsqu'elle murmura de sa voix si douce qu'on aurait presque pu la croire innocente, de garder son chaton. Elle quémandait, insistait, sifflait doucement quand sa mère tentait de s'opposer... pour mieux ronronner quand, comme toujours, son père finit par lui céder. Ces baisers reconnaissants dont elle le couvrit avant que de, son nouveau compagnon de jeu dans ses bras, elle ne se précipite dans le hall de l'immeuble. Ces pas et ces mots qui résonnèrent un instant et tandis qu'elle grimpait les escaliers menant à leur appartement. Puis ce sifflement, de colère froide que poussa celle vers qui allait maintenant Peter. Ces bras qu'il passa autour de la taille de celle qui ne semblait pas d'humeur câline, le repoussait mollement alors qu'elle murmurait

Est-ce qu'une fois, une seule, tu pourrais faire preuve d'autorité envers ta fille ?
Allons Joey... Ce n'est qu'une enfant !
Bah voyons ! Tu diras la même chose le jour où elle mènera les miliciens jusqu'à nous ? Tu les trouveras toujours aussi mignonnes ses bêtises quand on finira tous dans une Ruche ?

L'homme qui soupirait,  la libérait et se détournait un instant. Son regard qui vola un moment vers ce palier duquel il entendait leur fille ouvrir la porte de leur appartement. Sa femme avait raison en un sens... et sa fille aussi, dans un autre. Dans ce monde où tout était si éphémère et précaire, Serena voulait vivre. Non. Serena vivait. Comme une enfant de son âge. Comme eux n'avaient jamais eu la chance de vivre d'ailleurs... Eux qui, depuis toujours, avaient été plongés dans ce conflit dont Peter s'était toujours juré de tenir sa propre enfant  aussi éloignée que possible. Joey aussi le voulait, à une époque. Quand la petite était née n'était-ce pas ce qu'ils s'étaient promis, juré ? Qu'ils feraient tout leur possible pour que jamais leur enfant n'ait à pâtir de ce sang, si doublement maudit, qu'ils lui avaient transmis en lui donnant le jour ? Que, jamais, ils ne la laisseraient payer pour les prétendus crimes de ses arrières grands-parents ?

Pourquoi lui reprocher aujourd'hui d'être ce que tu lui souhaitais, hier, de devenir ?
Parce que je pense que nous avions tort. Que nos rêves, si pieux, n'étaient que de dangereux songes... Des utopies... et tu le sais aussi bien que moi. Jamais Serena ne pourra échapper à ce qu'elle est vraiment... Et ne pas lui en faire prendre conscience dès maintenant c'est la condamner à en payer, demain, le prix.

Le silence, gêné et chargé de tant de sous-entendus qui s'installait, s'immisçait entre eux. Cette main, nerveuse, que l'homme passa à sa nuque avant que le plus résigné des soupirs ne lui échappe. Sa tête qui se secouait comme pour mieux tenter, une ultime fois, de nier cette vérité que son épouse se chargea pourtant de lui rappeler.

Ca commence déjà... Elle n'a pas encore six ans et, déjà, la magie s'éveille en elle...
Ne dis pas n'importe quoi... Elle est si jeune... trop jeune !
Peu importe son âge tu sais que je dis la vérité... Cesses de te leurrer Peter ! Notre fille nous ressemble bien trop et...

Les mots de l'homme qui claquaient dans l'air gelé de la ville qui ne dort jamais alors qu'il l'interrompait.

Vas au bout de ta pensée Joey ! Dis le ! Allez … un peu de cran ! Dis le ce que tu penses bien trop fort pour que j'en ai pas une putain et carabinée de migraine ! Dis le !
Elle leur ressemble ! Elle leur ressemble bien plus que nous ne leur avons jamais ressemblé !

Un geste de pure colère qu'esquissait celui qui détestait se retrouver ainsi confronter à ce moment qu'il avait pourtant toujours su devoir arriver. Et ces mots qu'il murmura du bout des lèvres alors qu'il sentait sa femme venir le rejoindre, le prendre dans ses bras.

Alors que sommes-nous supposés faire ?? Que pouvons-nous faire Joey ?
Tu le sais aussi bien que moi...
Je... Je ne peux pas … Je ne veux pas !

Avait presque hurlé celui qui tenta de se dérober mais qu'elle retint de l'un de ses baisers. Elle non plus ne voulait pas, sentait son cœur se briser à cette idée. Mais, tout comme son époux, Joey savait qu'elle n'avait plus le choix. Ils devaient faire exorciser leur fille. Pour son propre bien.



CHAPITRE II



Le Palais de Westminster à Londres,
Serena a huit ans,


L'agitation battait son plein tandis que se pressaient ces cohortes d'êtres... tous ces gens si impatients d'assister à ce qui promettait pourtant d'être la plus écœurante des cérémonies. La grande salle de bal avait, pour l'occasion, était redécorée. De lourdes tentures de velours sombre s'étiraient dans tous les sens, faisant furieusement ressembler l'endroit à une hideuse toile d'araignée où d'autres, comme elle, étaient malheureusement trop bien venus s'engluer. Ballet étrange où des bataillons d'hommes en armes virevoltaient au milieu de ces autres, ces pingouins et ces dindes, qui s'affairaient plus que des abeilles dopées aux amphétamines. La foule, ou plutôt les clients étaient déjà presque tous arrivés et il fallait à tout ce petit monde se presser s'ils voulaient être prêts à temps ! Des mains qui s'affairaient autour d'elle... sur elle. Certaines s'occupaient de ses cheveux blonds, s'efforçaient d'en discipliner les ondulations rebelles. D'autres s'affairaient à reprendre la taille, bien trop grande, de cette somptueuse mais ridicule robe qu'on l'avait si bien contrainte à enfiler pour l'occasion. Il fallait qu'elle soit jolie ! Pour attirer le meilleur des maîtres... Rien que cette idée la rendait ivre d'une colère que la tempête miniature peinait de plus en plus à contenir. Toute à l'heure elle serait vendue. Comme une vulgaire poupée, une saloperie de marchandise que des acheteurs potentiels se permettaient déjà de venir reluquer, examiner et même palper comme ils l'eurent fait d'une jument ou, pire, d'une chienne !

Lorsque l'un d'eux osa lui demander d'ouvrir la bouche pour qu'elle lui montre sa dentition, car l'homme n'entendait pas dépenser des fortunes en dentiste pour elle, l'enfant refusa d'obtempérer. Jusqu'à ce qu'elle y soit contrainte par la force. On voulait qu'elle se conduise comme une bête ? Soit ! Serena ouvrit alors la bouche, laissant entrevoir ses dents à l'alignement parfait et à la blancheur immaculée. Mais quand, le doigt de l'abruti fut assez proche, ses mâchoires se refermèrent d'un coup sur le bout de chair... et refusèrent de le lâcher. Même une fois que les gardiens présents se soient précipités pour la faire renoncer. Mais rien, ni les menaces, ni les insultes ni même ces coups qui lui furent donnés ne parvinrent à la faire plier. Serena se fichait pas mal d'être punie ! En fait, pour ce qu'elle en savait, la petite se fichait même pas mal de mourir. Ne l'était-elle pas déjà ? Elle qui avait vu son père conditionné et sa mère vendue comme fille de joie à un gros porc humain … Elle à qui l'on promettait maintenant un avenir guère plus enviable...

Je me chargerai de t'apprendre à obéir moi sale petite conne !

Avait pesté, entre deux grommellements de douleur, celui qu'elle venait de mordre. Déjà il agrippait l'enfant par le col, prêt à la gifler quand l'un des miliciens l'en empêcha : on n'abîmait pas la marchandise ! Du moins pas tant que l'on ne l'avait pas acquise car après... Et ces hommes prétendaient servir Dieu ? Elle était où leur compassion chrétienne ? Des Ponce Pilate voilà ce qu'ils étaient ces cons ! Déjà Serena s'apprêtait à ruer encore dans des brancards qu'elle avait depuis bien longtemps usés lorsqu'une petite voix s'éleva derrière leur petit groupe.

Elle ... C'est elle que je veux...

Les regards qui se tournaient, de concert, vers cette enfant à peine plus âgée que Serena et qui désignait de son regard froid et comme absent celle qu'elle voulait vraisemblablement se voir offrir. Le client potentiel qui s'apprêtait déjà à s'insurger et à protéger son investissement quand son teint blêmit alors qu'il reconnaissait, non pas la poupée aux cheveux sombres, mais celui qui l'accompagnait. Sans même qu'il s'en rende compte l'homme avait reculé d'un pas, manqué presque de chanceler. Des mots précipités et confus qui s'échappaient de sa bouche alors qu'il levait les mains devant lui comme pour mieux prier son interlocuteur de l'excuser. Les sourcils de Serena qui se haussèrent devant cette réaction plus que surprenante. Le crétin qu'elle avait mordu et qui pissait encore le sang d'ailleurs devait bien avoir le double de l'homme face à lui et, pourtant, il tremblait comme une feuille ! Et, à en juger par les propos mielleux que tous les autres lui adressaient, qui que soit ce bonhomme aux allures presque angéliques, il devait être influent  pour susciter non seulement la peur mais aussi une furieuse envie chez autrui de lui cirer les pompes... Amusant, en fait... Tout cela se jouait certes à ses dépends mais, pourtant, l'enfant ne put s'empêcher de rire devant ce spectacle, en effet bien comique. Et alors que son rire cristallin s'élevait dans les airs, la tête de la gamine aux yeux d'azur s'inclina sur le côté tandis que ses sourcils se haussaient et que, au fond de ses iris, se mit à flamboyer une chose proche de l'étonnement.

Quoi ? T'as un problème ?
En fait, oui.

Cette sincérité qui désarma complètement la future esclave qui demeura la bouche grande ouverte face à celle qui, la tête toujours plus inclinée que si elle avait eu un torticolis, la regardait fixement et demandait, d'une voix si calme qu'elle en devenait presque flippante.

Pourquoi tu ris ?
Parce que je trouve ça drôle bien sûr !
Et qu'y a-t-il de drôle ? C'est drôle d'être vendue ?
Tu te  fous de moi ?!
Non... Je te promets que non. Je voudrais juste comprendre.

Serena qui, cette fois, écarquillait les yeux encore plus grands que ceux d'un poisson maintenu trop longtemps hors de son bocal. Elle était sérieuse la poupée là ? Ou alors elle était attardée ? Le regard de la gamine blonde qui glissait en direction de celui qui avait si bien su clouer le bec de l'autre chien galeux. Ses cheveux à lui aussi étaient sombres et, tout comme la timbrée miniature, ses yeux étaient du bleu le plus pur. Mais contrairement à elle, lui semblait savoir sourire ! Et même rire vu qu'il s'amusait et se moquait ouvertement, et à gorge déployée, de cette scène qu'il observait pourtant avec la plus grande des attentions. Lui aussi ça l'amusait de voir une gosse être vendue ? Apparemment, non. Serena ne comprit évidemment rien à ce qui se tramait mais elle pressentait, devinait que ce qui l'amusait surtout, le beau gosse que toutes dévoraient des yeux en rougissant jusqu'aux pointes de leurs oreilles, c'était l'attitude pourtant bien étrange de celle qui, comble du ridicule, semblait toujours attendre sa réponse.

Qu'est-ce que tu veux comprendre alors ?
Je te l'ai dit : pourquoi tu ris?
Bah j'sais pas moi... Pourquoi tu ris toi ?

La tête de l'enfant brune qui se redressait alors qu'elle fronçait les sourcils et le nez et que ses doigts venaient plus fortement serrer ceux de celui qui, cessant de rire, observait sans la moindre intention de l'interrompre, la joute entre les deux petites.

Je ne ris jamais.
Bah tu sais quoi ? Ca m'étonne même pas... T'as l'air aussi drôle que l'un de ces idiots de miliciens tiens... Même à la Ruche on doit rire plus souvent que toi ...
Les gens ils ne rient pas à la Ruche... Je le sais Neil m'y a emmenée l'autre jour.
Sans blagues !

C'était qui ce Neil d'abord ? Question stupide... le beau gosse bien sûr ! Serena aurait bien dit qu'il était son frère vu l'air de ressemblance mais il y avait quelque chose dans le regard du bonhomme, dans celui qu'il avait pour la petite poupée, qui ressemblait plus à celui que le père de Serena avait pour sa mère. Ce qui, oui, était super dérangeant ! Parce que, même à huit ans, on sait que les adultes qui regardent comme ça les petites filles sont des pervers !

Alors tu vas me dire pourquoi tu ris?
Et j'y gagne quoi, moi, si je te réponds ?
Tu voudrais quoi ?
T'étais sérieuse toute à l'heure ? Tu comptes vraiment m'acheter ?
Tu veux que je t'achète ?
Parce que mon avis compte peut-être ?
Pour moi, oui. Sinon je ne te le demanderais pas.

Le regard des deux enfants qui venaient trouver celui de Neil. Le jeune homme qui, à son tour, fronçait les sourcils, laissant son regard se fixer sur celle que sa cadette entendait ramener à la maison. Un regard légèrement en biais et, presque aussitôt, le dossier de la prisonnière qui lui était remis et qu'il feuilleta rapidement. Une seconde qu'il prit pour l'observer plus intensément encore. Apparemment elle l'intriguait. Bon ou mauvais signe ?

Ma Princesse... Tu es sûre que c'est elle que tu veux ? Il y a plein d'autres esclaves de ton âge tu sais ? Certaines sans doutes bien moins insolentes que celle-ci et...

La petite poupée, ou princesse apparemment, qui fit mine de lâcher la main de celui qui la retint. Et si son visage, comme figé dans le marbre le plus doux, ne trahit pas la moindre émotion les intonations de sa voix en revanche, elles, se révélaient des plus éloquentes.

C'est elle que je veux !
Pourquoi ?

La petite sylphide de porcelaine qui sembla hésiter, se dandinait sur place comme pour mieux tenter de faire remonter à ses lèvres avares ces mots qu'elle finit par énoncer d'une voix sèche mais où perçait une autorité qui lui valut le plus bienveillant des regards de la part de Neil.

Parce qu'elle sait rire, elle.
Ce n'est pas la seule...
Parce qu'elle parle beaucoup. Et parce que, aussi, elle sait mordre !

Là ce fut de nouveau le rire du jeune homme qui résonna dans les airs avant qu'il ne soulève sa princesse du sol et ne la serre dans ses bras, tout contre lui. La poupée brune qui se laissait volontiers faire, se blottissant même tout contre lui mais tournant vers Serena son regard perçant quand, cette fois, ce fut Neil qui demanda à la petite blonde.

Veux-tu venir vivre avec ma Princesse ?
Elle sait, ta princesse, que je suis pas un jouet ?
Tu préfères être achetée par un gros porc qui n'attendra même pas que tu ais l'âge pour faire de toi sa chose ?

Là, il marquait un point...

Et qui me dit que toi tu feras pas pareil hein ?
Tu n'es pas mon genre?

Apparemment il préférait les brunes aux yeux bleus...

Et si jamais je dis oui je devrais faire quoi alors ?

Cette fois ce fut la poupée qui répondit.

M'apprendre à rire.
T'es encore plus bizarre que moi tu le sais ?
Ma marraine elle dit que c'est bien d'être jugée bizarre car différente et que si ça plaît pas aux autres c'est leur problème pas le mien. Et que si j'aime pas être vue comme différente j'ai qu'à montrer aux autres que ce qu'ils veulent voir et rester quand même moi.
Et elle a dit ça quand cette si chère Roxanne ?
L'autre jour quand Papa m'a emmenée la voir à son laboratoire et qu'elle m'a fait tout plein de tests.

Neil n'avait rien répondu mais à l'expression de son visage soudainement crispé Serena comprit que tout cela ne lui plaisait pas franchement. Voir même pas du tout si elle en croyait les foudres qui traversèrent, une seconde une seule, l'océan de ses yeux. Pourtant, comme s'il avait voulu préserver celle qui sautait à bas de ses bras il se tut.

Alors ? Tu veux venir avec nous ?
A une condition.
Laquelle ?
Ce matin ils m'ont pris mon chat, Patapouf. Si tu me promets de me le rendre et de me le laisser alors je veux bien.

Elle ou une autre de toute manière... Au moins, elle, avait à peu près son âge ! Et puis, même si elle était super bizarre, Serena l'aimait presque bien. Enfin... disons qu'elle était la première personne de l'Ordre qu'elle n'ait pas la plus furieuse des envies de découper en morceaux ! La princesse qui regardait son aîné qui regarda l'une des miliciennes assignées à la garde des esclaves et cette tête qu'il hocha. La poupée qui ne sourit pas, se contentant de laisser ses yeux exprimer pour elle ces émotions qu'elle semblait avoir du mal à éprouver.

Il rit aussi ton chat ?
Tu le fais exprès ? Ca rit pas les animaux !
Pourquoi ?
Parce que c'est un truc humain le rire !
Tu m'apprendras ?
A quoi ? Rire ?

Une seconde de silence puis

Oui si ça rend les gens humains alors je veux rire.
Mais t'es quoi toi à la fin ?
Parfois je me demande aussi...
Bah dis moi... T'es vraiment super bizarre toi !

Mais, comme elle voyait presque le regard de sa nouvelle maîtresse se troubler l'enfant poursuivit dans un grimace et une ébauche de sourire sincère.

Fais pas cette tête là ! J'ai pas dit que j'aimais pas.
Alors ça veut dire que tu m'aimes bien ?
Bah non ! Mais ça veut dire que, au moins, je te déteste pas. C'est déjà bien, non ?

L'enfant qui ne répondit pas, se retournant vers celui qui cédait, opinant du chef lentement avant que de s'éloigner de quelques pas et de sortir de sa poche des impressionnantes et bien épaisses liasses de billets. Serena venait d'être vendue... ou achetée selon le point de vue. Alors que Neil finissait de conclure la transaction et attendait son acte de propriété la blonde se tourna vers sa si jeune maîtresse et demanda

T'as un prénom au moins ?
Je m'appelle Eden.
Moi c'est Serena.
Je suis supposée dire «  Enchantée », non ?
Bah non ! La politesse c'est pas pour les esclaves …
Pourquoi ?
C'est ta question préférée ça, non ?
Tu ne réponds pas...

Serena qui soupirait, dodelinait un instant de la tête avant que de soupirer, déjà exaspérée par cette handicapée des émotions.

Ton frère te l'a pas dit que les esclaves sont pas tes amis ...
J'ai pas d'amis... C'est aussi pour ça que Neil voulait que j'achète une esclave aujourd'hui. Moi je voulais pas.
Pourquoi tu voulais pas ?
Parce que c'est pas bien l'esclavage. Les hommes devraient êtres libres tu penses pas ?
T'es sûre d'appartenir à l'Ordre toi ?

Le silence entre les deux enfants et puis Eden qui conclut alors que son frère revenait, le petit Patapouf entre ses mains.

En tous cas pour moi tu ne seras pas mon esclave. Pas une amie non plus si tu veux pas. Mais peut-être qu'ensemble on pourra au moins avoir l'impression d'être un peu libres ?
Parce que les princesses comme toi c'est pas libre ?

Le regard de la poupée qui glissait vers celui qui serait bientôt à leur hauteur et ces mots qu'elle murmura sur le ton du secret. Leur premier.

Non, je pense que je ne le suis pas. Mais un jour je le serai. Et toi aussi.
Mouais... Toi, possible. Moi, j'en doute tu vois.
Faut jamais renoncer à espérer.
Et qui c'est qui dit ça ?
Elles
Qui ?
Les voix dans ma tête.
Ah ouais... quand même ...

Eden qui fronçait son petit nez et, sentant la moquerie dans la voix de son esclave ajoutait, sifflant presque.

C'est pas bien de te moquer ! Surtout que je le sais, moi, que toi aussi tu l'entends la voix.

Là ce fut Serena qui se mit à siffler. Comment elle pouvait savoir cela, elle, d'abord ?

Pourquoi crois-tu que c'est toi que je veux et pas une autre ?

La réponse qui tombait d'elle-même la seconde suivante.

Parce que, tout comme moi, toi aussi t'es bizarre ! Et que je le sais !

D'accord, cette poupée l'intriguait. Lui faisait aussi super peur mais l'intriguait quand même beaucoup. Voir même énormément. Et, quelque part, Serena avait envie de la croire. Peut-être un jour serait-elle libre ?



CHAPITRE III



Le Chemin de Traverse,
Serena a presque dix ans,


Le maître de ballet leva les yeux au plafond avant que de rabaisser ses yeux, pour le moins écarquillés sur cette si... peu gracile ? … nouvelle élève qui venait de lui être imposée sans qu'il ait le moindre mot à dire. Pour tous ceux qui avaient la malencontreuse idée ou fortune d'évoluer dans la si sombre galaxie d'Eden Corrigan les souhaits de la demoiselle avaient vite fait de devenir les plus impérieux des ordres ! Et comme la demoiselle d'ordinaire si solitaire semblait s'être attachée à cette minuscule puce blonde l'homme avait bien été contraint d'accueillir celle-ci à ses cours ! Dieu comment un être aussi frêle pouvait-il se montrer à ce point aussi maladroit et lourd ? Même un éléphant aurait su faire preuve de plus de légèreté que celle dont les entrechats ressemblaient à des coups de cisailles furibonds et dont chaque saut ne faisait jamais que rappeler à chacun les tristes lois de l'attraction. Serena n'était pas douée pour la danse, c'était un fait largement avéré. Et si cela ne suffisait pas, l'esclave à la langue toujours bien trop pendue ne se gênait nullement pour clamer haut et fort son dégoût absolu de cet art qu'elle jugeait débile et fait pour les greluches ou les garçons émasculés. Un véritable modèle d'éducation et d'élégance cette gamine... sans oublier cette politesse la plus élémentaire dont le doigt si bien levé qu'elle lui adressait en ce moment même  n'était qu'une preuve supplémentaire attestant du fait qu'elle en soit si totalement exempte ! Comment, par tous les Diables et les Démons, une enfant aussi douce et réservée qu'Eden pouvait-elle la supporter !

Bon maintenant que le calvaire est enfin fini on peut partir ?
Serena...
Quoi Serena ? Si ça t'amuse de suer comme une porcinette affublée du plus ridicule des justaucorps et avec des chaussures faites pour les masos dans ton genre moi ça me soule !
Tu préférerais m'attendre enfermée à quadruple tour dans nos appartements peut-être ?
Non mais, à choisir, je dirais pas non à un petit séjour dans la maison de tes parents. Eux, au moins, ils me laissent sortir sans presque aucune surveillance !

Le visage de la ballerine qui se rembrunissait et son regard qui se paraît de ses plus sombres éclats avant qu'il ne se détourne. Eden n'aimait pas évoquer ces êtres qui l'avaient élevée mais avec lesquels, apparemment, la rupture était aussi consommée qu'irréversible. La fois où, pliant à une cérémonie officielle, Serena leur avait été présentée la tension était si palpable entre les membres de cette bien étrange famille que même elle s'en était sentie mal à son aise. Entre le père et le fils qui se ressemblaient tant qu'ils ne pouvaient s'empêcher, tels deux paons ascendants coqs, de se confronter avec une virulence rare et la mère et la fille qui ne faisaient plus même le moindre effort pour cacher la haine qu'elles se portaient... Un frisson qui parcourait la si frêle échine de celle que ces souvenirs faisaient grimacer. Quand Eden avait tenu à faire d'elle son esclave, ou plutôt une sorte d'animal de compagnie sur deux pattes, Serena avait pensé que cette poupée était l'être le plus bizarre au monde. Mais, maintenant elle savait : c'était la famille entière qui était barrée ! Et le plus dérangeant de tout était sans doutes cette relation si fusionnelle qu'ambiguë qui unissait le frère et sa si jeune sœur! Si les regards malsains étaient punissables par la loi alors cela ferait sans doutes plus d'une bonne paire d'années que le beau gosse de Neil croupirait derrière les barreaux d'une Ruche! Quant à sa sœur la petite blonde n'arrivait toujours pas à décider si celle-ci était  idiote ou si paumée dans son existence trop dorée qu'elle en devenait aveugle ! Pourtant, Serena le savait pour être devenue un peu malgré elle, la confidente et presque l'amie de la poupée, Eden était une fille bien. A mille lieues des abrutis de l'Ordre ! Enfin, quand elle parvenait à s'affranchir, un tant soit peu, de l'influence si totale et néfaste de son connard d'aîné ! Ce qui, visiblement, ne serait pas pour maintenant...

Allô?

Pas même de demander qui pouvait bien l'appeler... Neil, évidemment ! A chaque fois c'était le même rituel malsain, elles parvenaient sous un prétexte ou un autre à s'éloigner du quartier général et de son étouffante atmosphère, parvenaient parfois même à réellement se croire libres et, lui, finissait toujours par appeler, les ramener à leur si sinistre réalité. Elles étaient prisonnières... l'une comme l'autre. Et, contrairement à ce que les apparences pouvaient laisser penser, la blonde était persuadée que, d'elles d'eux, sa maîtresse était la plus entravée ! Il n'y avait qu'à voir le visage, blême, qu'Eden affichait dès que son aîné la sonnait... Il n'y avait qu'à entendre ces mots qu'elle ne cessait, d'une voix soumise, de lui murmurer pour mieux le rassurer. Parlons en d'ailleurs de ces mots ! Comment une enfant, une presque adolescente comme Eden, pouvait-elle si bien se laisser tenir en laisse quand, au contraire, elle aurait du rentrer en phase de rébellion absolue ? Comment pouvait-elle ainsi renoncer aux plaisirs innocents et futiles des gens de son âge pour embrasser les desseins, pas supers nets d'ailleurs, de son frangin ? Neil n'était qu'un crotale qui se délectait de, à un moment qui finirait par arriver si Eden ne se réveillait et ne se secouait pas bien vite, dévorer la si tentante petite souris qu'était sa sœur... Putain de pervers ! Et, en plus, ce type était respecté, admiré et promis au plus haut des postes ? Serena se jura que, si jamais Neil arrivait à ses fins et devenait Grand Maître elle s'empresserait de fuir. Aussi loin que possible. Même l'Enfer semblait moins dangereux à l'enfant qu'elle était qu'une nation où ce type déglingué du ciboulot régnerait en maître quasi divin !

Une attaque vient d'éclater et Neil doit mener ses hommes au combat.
Oh ! Ton Prince ne pourra donc pas venir nous chercher ? Quel dommage tiens !
Ne te moques pas... Ca, ça, n'est pas drôle... Pas drôle du tout même...

Le visage de porcelaine de la brune qui blêmissait et ses mains que Serena vit se mettre à trembler. Eden n'éprouvait vraiment pas grand chose mais, dès qu'il s'agissait de Neil, là tout était différent... Pour ce que cela avait de normal ou de rassurant ! Mais, aussi peste puisse-t-elle être la petite blonde n'en était pas pour autant dénuée d'empathie ou de gentillesse et voir son amie aussi inquiète lui faisait presque mal au cœur. Alors qu'elle lui prenait la main, Serena avait grimacé, soupiré et puis, au final, murmuré de sa voix la plus rassurante possible

T'inquiètes pas... Tu connais ton frère, non ? C'est pas encore demain qu'un sorcier pourra te le prendre !

Dommage. Cela aurait peut-être pu libérer un monde qui comptait déjà bien trop de cons et de monstres pour, en plus, se taper le pire de tous !

Tu ne comprends pas. Ce n'est pas pour Neil que je m'inquiète.
Tu m'excuses mais, là, j'suis pas sûre ni de te suivre ni surtout de te croire !
Oui, j'ai peur pour mon frère. Mais pas que...

Le sourcil de l'esclave qui se soulevait alors qu'elle demandait, sa curiosité piquée à vif.

Ne me dis pas que tu t'inquiètes pour vos ennemis ? Tu vas quand même pas te foutre les tripes à l'envers pour les si vilains sorciers que ton si héroïque frère combat !

L'ironie étant désormais devenue bien familière à la petite princesse de l'Ordre celle-ci n'eut aucun mal à détecter celle qui se cachait à peine derrière les propos de son amie. Dodelinant un moment de la tête, soupirant ce qui ressemblait fort à une pointe d'agacement, Eden avait alors répliqué, d'une voix plus lasse qu'autre chose.

D'abord ce ne sont pas nos ennemis mais ceux de l'Ordre et certainement pas les miens. Ensuite si j'aime bien ton côté grande gueule là c'est pas le moment Serena ! Enfin, et puisque visiblement tu veux le savoir et que te connaissant tu ne me lâcheras pas avant que je ne t'ai répondu, oui je m'inquiète aussi pour les sorciers.

Un sifflement que poussait la blonde alors que, ayant fini de se changer, elles se dirigeaient vers cette sortie où un véhicule, blindé à n'en pas douter, devait les attendre.

T'as jamais l'impression que ta place est pas dans l'Ordre mais ailleurs ?
Et où elle serait, selon toi, ma place ? L'Ordre c'est ma famille, mon repère... C'est tout ce que j'ai...

Une étincelle de malice qui venait animer le regard de celle dont les lèvres s'étiraient en un sibyllin sourire.

Faux. C'est pas tout ce que tu as. Et encore moins tout ce que tu es.
Ah oui ? Et j'ai quoi d'autre ? Toi et Patapouf ? Oui mais ça n'empêche pas que, toi et moi, nous appartenons à l'Ordre.

Un soupir et un geste d'agacement profond chez celle qui poursuivait, répliquant presque froidement à la ballerine.

Faux ! Faux ! Et encore faux ! Je n'appartiens à personne, moi. Et toi non plus...
D'habitude c'est pas toi qui joue la lucide et moi la candide ?

Une grimace dont la blonde se fendait avant que d'agripper plus fermement la main de son amie. Elles venaient d'arriver sur le seuil de l'académie de danse et patientaient après ce véhicule sans doutes retenu par les embouteillages suscités par l'attaque. Neil n'était pas là ? Leurs gardes chiourmes non plus ? Parfait ! Il était temps d'aller s'amuser un peu alors. Et de permettre à Eden de voir qu'elle avait bien d'autres options que celles que son pervers de frangin ne cessaient de lui montrer comme uniques !

Fermes la et suis moi ! Je vais te prouver que j'ai raison et, comme souvent, toi tort.

Alors que, déjà, Serena la tirait loin de là où elles auraient du demeurer sagement,  Eden se figea. Soudainement plus inquiète qu'intriguée.

Quoique tu ais en tête c'est pas une bonne idée ! Neil sera furieux et...

La blonde qui grommelait et, tapant du pied, se retournait pour regarder le défi au fond de ses prunelles, la bien trop obéissante petite ballerine.

Neil n'en saura jamais rien ! Et puis, si tu veux le savoir, on s'en fout de Neil ! Enfin moi je m'en contrefous de ton frangin ! Et, toi, tu ferais bien de t'en foutre un peu plus ! Neil par ci... Neil par là... Neil veut... Neil veut pas... Et puis quoi encore ?! Pour une fois dans ta vie, Eden, oublies Neil ! Et décides toute seule !

Les mots, si durs, qui avaient frappés de plein fouet celle qui en sembla presque déstabilisée. Cette main que lui tendait Serena et qu'elle finit par saisir. C'était une erreur, Eden le pressentait. Non, pire, le savait. Elle ne se l'expliquait pas encore mais, oui, la brune savait que tout cela finirait mal. Que sa seule amie d'alors et elle paieraient cher ces quelques heures de liberté qu'elles décidaient de s'offrir. Elle aurait du refuser... protéger Serena. Mais elle ne le fit pas. Suivit dans sa folie, guère puérile, celle qui l'entraînait déjà dans le dédale de ces rues londoniennes qui eut bien vite fait de les engloutir, de les noyer dans un étrange mais bien confortable anonymat. Pour la première fois de leurs vies, Serena et Eden n'étaient plus ni esclave ni pupille de l'Ordre. Elles n'étaient que des presque adolescentes qui cheminaient au milieu d'une foule qui les ignorait, se contrefichait pas mal qu'elles courent, crient, rient et agissent comme des folles que l'illusion d'une éphémère liberté enivrait plus que l'alcool n'enivrait les adultes. Et, alors qu'elles franchissaient, pas plus hautes que trois pommes à elles deux, le seuil du Chaudron Baveur nul ne leur demanda leurs papiers ni ne les retint. Chaque jour des cohortes d'enfants venaient, comme elles, ici. Certains se gavaient des sucreries vendues par le magasin de souvenirs, d'autres préféraient errer dans ce lieu jadis sorcier et aujourd'hui musée à la gloire d'un Ordre décidément bien timbré et vaniteux.

Qu'est-ce qu'on fait là ? Je pensais que tu voulais...
Te montrer un monde auquel toi et moi appartenons bien plus qu'à l'Ordre, oui.
Mais...
Eden ! Avant tu parlais moins qu'une tombe remplie de carpes mais, là, tu parles plus qu'une colonie de pies ! Alors fermes la et suis moi !

Contrairement à ce à quoi la blonde s'était attendue, son amie avait obtempéré et, sans plus le moindre mot prononcer, l'avait suivie. Dans cette cour que la petite audacieuse semblait bien connaître. Sans doutes bien trop, d'ailleurs, pour une gamine supposée être esclave et ne jamais sortir de l'enclave de sa geôle que bien encadrée et surveillée ! Eden avait froncé les sourcils, commençant à comprendre que, d'une manière ou d'une autre, son amie s'arrangeait pour faire le mur. Un exploit ! Mais un exploit qui lui coûterait très très cher le jour où cela finirait par se savoir ! Etre esclave, réduite à une simple marchandise n'était pas agréable, pas même humain, mais auprès d'Eden et de Neil la petite bénéficiait de bien des avantages que les autres personnes dans sa condition n'espéraient pas même ! Alors, grand Dieu, prendre le risque de tout perdre ? Qu'y avait-il donc qui vaille à ce point la peine ? La réponse décontenança franchement celle qui se stoppait devant ce vulgaire mur de pierres que son amie regardait avec des étoiles plein les yeux. Un... mur ? Cette fois c'était certain : Serena était devenue folle ! Ou pas... Des mots qu'Eden l'entendit prononcer avant que, à l'aide d'une baguette sortie d'on ne savait où, elle frappait légèrement quelques unes des briques. Et la surprise qui, en effet, fut à la hauteur … et en fit reculer et s'affaler sur ses fesses la ballerine aux yeux si exorbités qu'ils menaçaient de tomber au sol. Le doigt d'Eden qui se dressait. Sa bouche qui s'ouvrait si grand qu'une nuée de mouches aurait pu s'y précipiter... et le rire de Selena qui résonna alors que, aidant sa complice médusée à se relever, elle murmurait, amusée et pas peu fière

Bienvenue dans le Chemin de Traverse ! Bienvenue dans ton vrai monde !

Il est parfois des réalités auxquelles il vaut mieux ne pas se confronter. Et, Serena l'apprendrait le soir-même, des audaces à ne pas avoir. Les conséquences en découlant pouvant se révéler des plus fâcheuses.



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Serena McAllister
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Dim 11 Fév - 10:09
Ma Vie

CHAPITRE IV



L'Hôtel Dieu, Paris
Serena a seize ans,

Si les pneus de la Mercedes avaient crissé sur le bitume et les portes claquer derrière lui à son arrivée, l'homme qui se présentait maintenant à l'accueil de l'hôpital semblait le plus serein qui soit. Encadré par ces gades du corps aux mines aussi fermées qu'austères, ses lunettes de soleil posées sur son nez malgré qu'on soit en plein hiver, seuls ses doigts qui martelaient le bois quelconque du comptoir dénotaient de sa nervosité et de son impatience. L'infirmière qui revenait, enfin, vers lui et, de quelques mots, lui donnaient des nouvelles de celle qui, en arrivant aux urgences sans le moindre papier, avait déclaré être sa fille. L'adolescente était en bien piteux état. Pitoyable même. Réflexion qui eut pour effet de faire se figer et se raidir un instant l'homme qui, dans un soupir d'agacement patiné de colère, pinçait les lèvres et poursuivait la lecture de ce dossier. Malgré les babillages incessants de celle qui lui faisait face, ne pouvant visiblement s'empêcher de le dévisager lui qu'elle avait si bien reconnu. Mais qui, dans Paris, ne connaissait pas Adam Bettancourt ? Ce sorcier modèle qui n'avait pas attendu que la conversion et la rédemption soient à la mode pour mieux délaisser sa vraie nature et embrasser la si juste cause de l'Ordre ! Et si beaucoup s'insurgeaient, s'indignaient et s'offusquaient de le voir asseoir sa fortune et sa réputation en gérant le plus sulfureux des bordels l'homme n'en demeurait pas moins un exemple... du moins aux yeux de celle qui ne put s'empêcher de rougir quand, sa lecture achevée, il releva sur elle son regard enfin visible. Ce sourire qu'il lui offrit enrobé de quelques mots aussi bien tournés qu'hypocrites pour la remercier de l'avoir prévenu lui en omettant d'en faire de même auprès des autorités, le numéro de cette chambre qu'il se fit communiquer et le voilà qui disparaissait déjà. Sans doutes au plus grand dam de cette potiche si aisée à leurrer.

Je veux savoir ce qu'il s'est réellement passé !
Vous ne lui faites pas confiance pour vous le dire ?
S'il y a une chose que j'ai appris sur Serena c'est à ne jamais totalement croire ce qui peut bien sortir de sa si jolie petite bouche.

L'homme qui souriait à Adam avant que de prendre congés, abandonnant son patron devant cette porte qu'il s'impatientait de trouver mais qu'il ne poussa pas pour autant. Que s'était-il passé ? Vraiment passé ? Sa petite furie était une habituée de ces ennuis qu'elle semblait prendre presque plaisir à provoquer plus encore qu'à attirer mais, cette fois... Un frisson qui remontait à son échine alors qu'il repensait à sa peur, sa frayeur même, quand l'appel était tombé sur son fixe, au club. C'était l'une des filles qui l'avait pris. Rien qu'à l'air si blême que même un cadavre eut semblé en meilleur forme, Adam avait su que cela concernait Serena. Et que cela était grave. Très grave. Mais s'il avait tenté de se raisonner, de se persuader que sa petite cleptomane avait encore une fois du céder à ses penchants de petite frappe et délester le mauvais pigeon jamais Adam ne s'était imaginé cela ! En comparaison même la savoir au poste ou en route pour la Ruche lui aurait presque paru moins grave ! Là, et quoiqu'il ait bien pu se passer, Serena avait failli mourir ! Il aurait pu la perdre... La perdre... Ses paupières qui s'abaissaient un instant alors que ses lèvres, bien que toujours aussi crispées, s'étiraient en un presque sourire. Incroyable comment cette gosse, passablement ingérable et insupportable, était parvenue à avoir raison de la moindre de ses défenses et à faire de lui le plus dévoué, et chaste, des protecteurs. Un père, même. Et le fait que ce soit ainsi qu'elle l'ait qualifié auprès des soignants ne pouvait que lui plaire ! Surtout de la part de celle qui, lorsqu'ils étaient seuls, ne cessait de lui jeter à la figure tout le mal qu'elle pouvait bien penser du souteneur qu'il était ! Ne dit-on pas qu'il faut bien que jeunesse se passe ? Adam se demandait si, dans le cas de la minuscule petite blonde, la jeunesse passerait jamais !

T'as déconné Serena... Tu te rends compte que ces types auraient pu te tuer ?
Oh mais quel scoop ! J'avais pas remarqué dis moi ! Heureusement que t'es là pour éclairer ma lanterne le cafard !
En tous cas ils auraient pu en profiter pour te nettoyer la langue et te la raccourcir ! Cela aurait peut-être évité que tu en fasses encore le plus charmant des usages !
Si t'es pas content t'as qu'à te tirer ! J't'ai jamais demandé de venir moi !

Un soupir de la part de cette voix masculine qui fit hausser un sourcil à celui qui se félicitait de n'avoir pas cédé à son envie, pourtant pressante, de la voir. S'il l'avait fait alors il lui aurait été impossible d'assister, bien abrité derrière la porte, à cette entrevue certes amusante... mais qui faisait déjà bouillonner son sang dans ses veines. Qu'est-ce qu'il faisait là, lui, d'abord ? A croire que ce gosse avait décidé de les lui briser menues ! Adam n'avait pas le moindre doute sur l'identité de celui qui osait ainsi bousculer celle qui, comble de l'agacement, le laissait bien plus faire que ses mots ne le laissaient supposer ! Même lui, s'il avait osé ainsi la provoquer, Adam savait qu'il se serait au minimum pris une bonne et riche bordée d'injures et, au pire et au plus probable, le premier objet qui serait tombé aux mains de celle qui se serait fait un devoir et un plaisir immense de le lui balancer en pleine face si possible ! Mais, non... Quand il s'agissait de Vincent la gosse pouvait bien prétendre ce qu'elle voulait elle n'était plus la même. Avec lui, pire auprès de ce blondinet bien trop âgé pour elle, Serena semblait apaisée. Enfin à sa manière si singulière de l'être bien sûr ! Et, pire, elle semblait même heureuse... Plus qu'avec lui ? Cette question qui devrait attendre, les bruits dans la chambre le ramenant soudainement et brusquement à la réalité. Apparemment le gamin semblait avoir pris la mouche et s'apprêtait à prendre congé ? Mais quelle merveilleuse idée que celle-ci tiens ! Ce n'était certes pas Adam qui le retiendrait ! Mais, apparemment, Serena, oui...

Tu t'en vas vraiment là ?
Evidemment que je me casse ! Au cas où tu l'aurais toujours pas capté espèce de cornichon je ne suis pas ton clébard, moi ! Et me faire insulter à longueur de temps, surtout aujourd'hui où j'ai cru crever de trouille en te pensant entre la vie et la mort, ça va pas le faire ! Alors, ouais, je me tire ! Ciao !
Attends ! Tu... tu t'es vraiment inquiété pour moi ?
Non cornichon ! Je me suis inquiété pour Patapouf et la dépression qu'il nous aurait fait si tu étais morte... Evidemment que je me suis inquiété pour toi !

Ce geste, qu'Adam préféra largement ne pas avoir vu et n'entendait pas même imaginer, que sa petite protégée dut faire et qui eut trop bien fait de retenir le sale petit con et le calme qui gagnait de nouveau cette chambre où les voix, bien que ténues commençaient à dévoiler ces vérités que, plus tard, l'un et l'autre ne manqueraient certainement pas de cacher. A lui en premier d'ailleurs ! Et, ça, ça le rendait dingue ! Comment, après tout ce qu'il n'avait de cesse de faire pour elle, Serena pouvait-elle encore se montrer aussi méfiante ? Oui, décidément, cette gosse aurait raison non seulement de sa patience mais aussi de sa peau si elle continuait ainsi ! La peste ! L'adorable peste...

Et si tu me disais avant que ton si cher... papa... ne se pointe, ce qu'il t'es vraiment arrivé ?
T'en a pas marre de t'en prendre à Adam ?
Maintenant que tu me le demandes...non ! C'est plutôt toi qui devrait en avoir assez de ce vieux pervers !
C'est pas un pervers !
Non, bien sûr que non voyons... Tenir un bordel, pousser des femmes à se prostituer c'est la plus saine des occupations c'est bien connu !
C'est pas pervers c'est juste du business... C'est pas pareil... Et puis Adam c'est pas mon mac c'est mon ...

Un silence qui tomba subitement et qui retint les deux hommes en haleine. Peu probable, cependant, que les deux aient désiré entendre la même chose. Et, Adam ne fut pas peu fier et satisfait de, pour ce coup là, l'emporter !

Adam c'est mon père.  
...
Quoi ?! T'as un commentaire à faire peut-être ?
Ouais ! Mais comme j'ai pas envie qu'on recommence à s'engueuler et qu'en plus tu sais très bien ce que j'en pense de ce mec je vais fermer ma gueule pour une fois...
Ca me fera des vacances !
T'arrêtes jamais toi hein ? Même tout juste ressuscitée des morts faut que tu recommences à me les briser ! Tu fais chier Serena ! Vraiment chier !

Alors que, visiblement, Vincent semblait être parvenu à bout de sa patience, elle l'avait retenue. De ces mots qui firent blêmir et bouillonner le sang de celui encore confiné dans le couloir.

J'ai dit à Neil que je bosserai plus pour lui...
Hein ?! Serena t'es malade ou quoi ?
Je peux plus faire ça. Je veux plus...

Un silence, bien court, et de nouveau la conversation qui reprenait.

T'as pensé à tes parents ? A ce qu'il pourrait leur faire en représailles?
A ton avis le canard ? Evidemment que j'y ai pensé ! Ca fait  quatre ans que je ne pense qu'à ça ! Mais...  
Mais ?
Tu le sais ça fait bien longtemps que mon père et moi sommes devenus de parfaits étrangers l'un pour l'autre et quoique j'ai pu espérer je sais maintenant que cela ne changera jamais. Il est devenu un membre à part entière de l'Ordre et, à ses yeux, je suis presque une ennemie maintenant...
Et ta mère ?
Elle est morte. Il y a une semaine. Son dernier Maître l'a battue à mort...
Pourquoi tu m'as rien dit bon sang ! Serena...
On était fâchés tu ne te souviens pas ?  
On est toujours fâchés. Mais ça veut pas dire que je ne puisse pas, que je ne veuille pas, être là pour toi.
Je tâcherais de m'en souvenir pour la prochaine fois alors...
T'as intérêt le cornichon ! Sinon je te fous la plus belle des fessées déculottées que tu te sois jamais prises !
Rêves pas le cafard c'est pas encore demain que tu les verras mes fesses !
On prend rendez-vous pour après-demain alors ?

Leurs rires qui s'élevaient de concert tandis que, à tout juste quelques mètres d'eux, Adam devait faire de gigantesques efforts sur lui-même pour ne pas défoncer cette porte et faire ravaler son extrait de naissance à ce petit merdeux ! Et c'est ce gosse pas fini aux hormones en ébullition qui osait le traiter de pervers ? Faux cul ! Et, en parlant de cul, le patron du Moulin Rouge se jura que, lui vivant, jamais ce sale con ne verrait celui de sa fille ! Plutôt crever ! Ou, non, plutôt le crever lui !

Pas la peine de demander comment Neil l'a pris, n'est-ce pas ?
Non, pas la peine.  

Un énième soupir que poussa le blond avant qu'il n'ajoute la voix percluse d'inquiétude

Et tu comptes faire quoi maintenant ?
Rien ?
Comment ça, rien ?! Tu crois vraiment qu'il va en rester là ?
Tu me prends pour une idiote ou quoi ? Bien sûr que je sais qu'il n'en restera pas là ! Mais tant qu'il pensera avoir une chance de me faire changer d'avis alors il retiendra ses hommes. Neil sait... enfin, non, il pense que je peux l'aider à obtenir ce qu'il veut.  
Mouais... Lui est super crédule et vaniteux et, toi mon cornichon, tu es... cinglée !
Comme si c'était nouveau ça tiens ! Et puis, avoues que si je ne l'étais pas tu m'aimerais moins.
Te fais pas d'illusions non plus. Y a que tes fesses que je rêve de voir un jour être miennes !

Un silence et des froissements significatifs d'un bien trop grand rapprochement qui donnèrent à Adam les plus furieuses envie de hurler et de commettre un meurtre et ces dernières paroles. Les ultimes qu'il leur laissa le temps de prononcer avant que de venir les interrompre en les rejoignant.

Plus sérieusement tu vas vraiment rien faire ?
Dis moi mon cafard adoré... Prendre l'air un jour ou deux et te tirer loin de Londres ça te dirait ?
Qu'est-ce que t'as encore imaginé comme idée tordue toi...
J'ai envie de passer un weekend à Rome. C'est romantique Rome, non ?
Oui mais mon cul c'est du poulet ou quoi ? Qu'est-ce que tu veux aller foutre à Rome toi?!
Adam voulait m'y emmener de toute manière. Il a des affaires à régler là-bas...  
Et la vérité qui se cache derrière c'est ?
Je veux voir quelqu'un.  
Ta copine Eden ?
Non. Son mec.
Roméo Rookwood ? T'es pas cinglée t'es bonne à enfermer toi !
Peut-être mais, en attendant, t'as pas répondu à ma question le cafard.
Laquelle ?
Tu m'accompagnes … oui ou merde ?
Oui et merde !

Folie ? Ils étaient aussi fous l'un que l'autre, oui ! Voilà ce que pensait Adam alors que, non sans avoir eu la politesse de s'annoncer en frappant, il les rejoignait enfin. Ces gosses étaient timbrés, désespérants même ! Ces gosses crèveraient vite et risquaient fort de l'entraîner avec eux ! En fait, le plus fou de tous c'était sans nuls doutes lui... Parce que, au moment même où il posa les yeux sur elle, Adam sut qu'il les laisserait faire. Tenter de les en empêcher ? Pure perte de temps et d'énergie ! Quand ces deux là avaient une idée en tête même l'idée de finir cramés sur le bûcher ne pouvait les arrêter... Alors autant limiter les problèmes et la casse et les accompagner. Et, évidemment, les surveiller de près ! Mais, Adam se le jura, dès que ce morpion baveux se serait enfin décidé à partir Serena et lui auraient une petite discussion. Il était grands temps d'ailleurs ! A Serena de décider, une bonne fois pour toutes, si elle lui faisait ou non confiance. Elle voulait qu'il la considère comme une adulte qu'elle était pourtant si loin d'être ? Alors qu'elle lui en donne au moins une raison ! Rien qu'une ! Et, non, ce ne serait pas gagné car, là et aux vues de son humeur plus que massacrante, Adam n'entendait pas se laisser convaincre aussi aisément que d'habitude ! Ah oui ? Qui vivra verra, n'est-ce pas ?



CHAPITRE V


Le 11 septembre 2101,
Paris,

Je ne sais pas...
Comment ça tu ne sais pas ?!
Non ! Je ne sais pas !

Le silence qui retombait entre eux alors qu'elle détournait la tête, reportant son regard par delà la vitre teintée de cette voiture qu'Adam projetait à toute vitesse sur ces rubans d'asphalte londoniens.  Ses mains qui, comme rarement, nerveuses, enchaînaient les rapports de leurs gestes secs tandis que son pied semblait englué à cette pauvre pédale qui se serait sans doutes bien passée d'une attention aussi pesante... Le trafic anglais, particulièrement dans la capitale n'était, et de très loin, pas le fluide qui soit et circuler à une heure aussi avancée de la nuit était l'assurance d'y perdre son temps, son énergie et plus encore, dans le cas de l'homme, le peu de nerfs qu'il lui restait encore ! Ils n'avaient quitté le club que depuis quelques minutes à peine mais, pour celle si blême à ses côtés, cela dut lui paraître une éternité. Serena ne disait rien. Ne gueulait ni même ne l'insultait... Et, au fond de ses prunelles noisettes, c'était de la terreur la plus pure qui luisait. Plus encore que quand, tout juste un quart d'heure plus tôt, elle avait débarqué au Moulin Rouge. Comme une furie. Ce qui n'aurait étonné personne, et lui moins encore, s'il n'avait vu ces larmes qui noyaient son regard, en perlaient pour mieux inonder ses joues pâles et venir mourir sur ses lèvres tremblantes. Puis, alors qu'elle l'avait vu courir vers elle la jeune fille s'était comme figée pour mieux, dès qu'il fut assez proche pour cela, se jeter dans ses bras en sanglotant. Craignant au départ qu'elle ne se soit encore fourrée dans les pires des guêpiers, son dernier passage à l'Hôtel Dieu ne lui ayant visiblement pas servi de leçon, il l'avait éloignée, contrainte à le regarder en face. Mais aucun coup ni aucune ecchymose ne marquait  son visage. Rien que cette frayeur qui sembla trouver le plus sinistre des échos en celui qui, malgré ses efforts, n'avait rien pu tirer d'elle. La pie à la langue serpentine s'était muée en une carpe tremblante et qui ne parvint, entre deux tremblements et autant de sanglots, à bredouiller des mots confus. Pas assez cependant pour qu'Adam ne comprenne pas l'essentiel. Il s'agissait de Vincent. Et, franchement, le propriétaire du Moulin Rouge s'en serait presque félicité, et même pleinement réjoui, si les mots suivants, les derniers que prononça sa fille ne l'avaient muselé. Et, surtout, fait craindre le pire.

Dis moi que tu n'y es pour rien...

Un regard plus étonné encore que furieux qui se darda sur lui avant même que la question n'ait fini de franchir la barrière de ses lèvres. Et tous ces mots que Serena ne prononça pas mais dont ses prunelles, si sombres, se firent les plus éloquents des miroirs. Adam aurait presque préféré la voir s'emporter comme elle le faisait si bien d'ordinaire, l'entendre l'enguirlander et l'insulter... Oui, tout aurait été préférable et plus rassurant que ce silence mortuaire qu'elle lui imposa une fois encore alors que, une fois de plus aussi, elle se détournait. Ses genoux qu'elle ramena à elle et entre lesquels elle enfouit son petit visage. Des tremblements qu'il la vit avoir et qui lui firent serrer les mâchoires un peu plus fort, un peu plus douloureusement encore. Bon sang ! Mais que s'était-il donc passé pour que sa fille se retrouve dans un pareil état ? Et qu'est-ce que c'étaient que ces histoires de...

C'est quoi, ça, encore?!!!
Ca c'est qui va finir par vraiment le tuer si tu ne te décides pas à te dépêcher !
Hein ?!

Un soupir et un haussement d'épaules agacé mais tout aussi blasé chez celle qui évitait soigneusement de ne pas voir, de ne surtout pas regarder, ce que Adam, lui,  dardait fixement. Ce ciel ce matin presque bleu et qui, depuis quelques heures, n'en finissaient pas de s'assombrir. De cette toile ténébreuse où commencer à flamboyer les plus iridescents des éclairs... violacés ? Depuis quand la foudre était-elle parme ? Le regard de l'exorcisé homme d'affaires qui glissait, à la dérobée, vers celle qui se statufiait un peu plus à chaque instant qui passait, sombrant dans une léthargie et un mutisme plus inquiétants encore que les mots qu'elle venait de consentir à lui cracher à la figure ! Que Vincent meurt ? La belle affaire ! Mais que ce soit ces tourbillons sombres aux étincelles changeantes qui en soient la cause, en revanche...

Putain de merde !

Son pied qui enfonçait la pédale de frein encore plus fort qu'il n'avait assassinée sa sœur les instants précédents et, Adam eut presque pu le jurer, son cœur qui cessa un instant de battre quand elle apparut devant ses yeux à la limite de l'énucléation. Cette chose aussi translucide que terriblement tangible qui virevoltait au-dessus de cet immeuble devant lequel ils venaient de s'arrêter brusquement. Cet immeuble vers lequel, maintenant, Serena se précipitait sans même probablement entendre ces mots qu'il lui hurla... à moins qu'il ne les lui ait juste murmurés ? En ce moment précis Adam n'était plus sûr de rien. Vraiment de rien ! Sauf qu'il devait la rattraper et, quoiqu'il puisse bien se tramer ici, lui porter secours. Avant qu'elle n'aille encore faire les pires des conneries !

Serena ! Attends moi ! Serena ! Bon sang !

Mais elle ne l'écoutait pas, courait, grimpait quatre à quatre les marches de ces escaliers miteux qui les conduisirent l'un et l'autre jusqu'à ce dernier étage où flottait dans l'air cette odeur de souffre qui agressa immédiatement Adam. Cette porte grande ouverte que Serena rejoignit en psalmodiant à voix basse ces choses qui, là aussi l'homme d'affaires aurait pu le jurer, ressemblaient fort à des prières. Sa fille, prier ? Alors les choses devaient êtres vraiment très graves ! Et l'homme n'imaginait pas encore à quel point... Mais il commença à la réaliser dès que, lui aussi, eut franchi le seuil de cette chambre de bonne où Vincent venait parfois se terrer. Et où, en ce moment précis, il reposait à même le sol. Affalé plus qu'allongé sur le ventre, le tissu de son t-shirt était en lambeaux et, à la peau de son dos une peau qui semblait dotée de sa propre vie, se mouvait et se couvrait de ces cloques, presque des bulles, qui surgissaient, s'agitaient pour mieux disparaître l'instant suivant. Et, au fil de ces secondes qui semblaient s'égrainer curieusement à la plus folle des vitesses, des lignes rouges sang apparaissaient à la peau de celui vers qui Serena s'était précipitée pour mieux tomber à genoux à ses côtés. La main de la toute jeune femme qui, tremblante, venait se perdre dans la chevelure blonde de son ami, effleurer d'une caresse timide et retenue la peau si froide de sa joue. Ces mots qu'elle lui murmura à voix si ténue que même Adam ne put les entendre. Et puis, enfin, ses grands yeux baignés de larmes cristallines qui se relevaient vers celui qu'elle implorait maintenant.

Aide le... Je t'en supplie... Aide le … Papa... Le laisse pas mourir s'il-te-plaît.
Il ne mourra pas.

Puis alors qu'elle le regardait, interdite et sans doutes un peu dubitative, Adam avait soupiré et répété, à son corps défendant mais avec la sincérité de ce cœur que la peste avait si bien su toucher.

Je te promets qu'il va s'en sortir.

Et, le pire, c'est que, à cet instant précis il le désirait vraiment ! Ce type était un con fini et Adam espérait bien le voir s'éloigner pour toujours de sa fille mais... pas comme ça ! Pas en lui brisant la tuant elle aussi ! Si jamais cet abruti pas fini crevait ainsi alors Serena ne s'en remettrait jamais, Adam en était persuadé. Alors peu importait bien comment mais ce sale gosse allait vivre ! Mais, alors qu'il rejoignait son enfant adoptive auprès de celui qui semblait plus que jamais délirer, tenant des propos aussi intelligibles qu'incompréhensibles, Adam dut bien se rendre à l'évidence : il n'avait pas la moindre putain d'idée de ce qu'il se passait ici ! Et encore moins de la manière dont il pourrait bien tenir sa promesse envers celle qui ne lui pardonnerait jamais d'échouer... Si seulement il comprenait de quoi il retournait. Le cri de sa fille alors que des éclairs, plus lumineux encore que les autres, plus bruyants encore firent voler en éclats les vitres de la fenêtre battante. Ce vent qui s'engouffrait mais ne rendit, en rien, l'atmosphère plus fraîche... bien au contraire ! Ce vent soudainement plus brûlant que s'il arrivait du Sahel et qui, comme s'il eut été doté d'une volonté propre, se dirigea immédiatement vers ce corps à moitié inconscient. Adam qui, dans un réflexe vraiment paternel, agrippait sa fille pour mieux l'écarter de la trajectoire de cette tempête tout sauf naturelle !

Non ! Lâches moi ! Non ! Vincent ! Vincent !

Elle hurlait, se débattait, tendait ses mains vers celui qu'elle voulait tant rejoindre. Celui qu'Adam avait peut-être juré de sauver mais pas si cela devait lui coûter la vie, à elle ! Des mots qu'il ne prononça pas, bien trop conscient qu'elle ne les écouterait pas, ne les entendrait même. Ses bras qu'il maintenait fermement autour du corps si frêle de la furie paniquée. Et leurs deux regards qui se posèrent, de concert, sur celle qui leur apparaissait maintenant. Et qui les laissa, l'un et l'autre, aussi figés que muets. Somptueuse et majestueuse apparition dont les contours encore indistincts empêchaient encore d'en discerner la forme réelle. Cette chose qui venait maintenant à Vincent lui murmurait, de son chant suraigu et strident, ces choses qu'il semblait comprendre. Auxquelles, comble de l'incongru, il répondait de sa voix faible. Oui, il savait. Oui, il comprenait. Et puis...

Vincent !!!
Serena !!!

Trop tard. Elle lui avait échappé. S'était précipitée en courant vers celui vers qui Adam la vit se jeter. Les mains des deux jeunes gens qui se rejoignaient pour mieux se nouer. Et puis ce hurlement qu'Adam se souviendrait sans doutes encore longtemps avoir poussé tandis que, comme cloué sur place par une volonté étrangère à la sienne, il avait assisté impuissant à cette scène horrifique où la chose fondit sur les deux jeunes gens. Lui qui ne put que tendre sa main dans un geste désespéré alors qu'il les voyait disparaître dans un nuage épais de brumes et de paillettes. Le sol qui se mit à gronder. Les éléments qui se déchaînèrent comme si elles annonçaient l'Apocalypse. Et puis... le silence. Presque mortel qui retomba dans la pièce. Le calme après la tempête ? Ou une simple accalmie avant la prochaine des tempêtes ? Adam qui eut du mal à déglutir quand, de concert, ils semblèrent reprendre leurs esprits. Et que, dans leurs yeux, toute prunelle avait disparu.

Serena ? Ca... ça va ?
Ne t'inquiètes pas Papa... Je vais bien. Nous irons bien maintenant. Nous irons tous les trois très bien.

Tous les trois ? Voilà bien une question dont Adam n'était vraiment pas pressé d'obtenir la réponse ni la moindre explication ! Mais qui, il s'en doutait, finirait malheureusement par arriver. Et sans doutes bien plus tôt qu'il ne l'aurait souhaité !



CHAPITRE VI



Noël 2101,
Le Moulin Rouge, Paris


L'époque des fêtes de fin d'année était, déjà  ou enfin, revenu. Et, avec elle, une brise de légèreté et de frivolité semblait s'être emparée d'une population fermement décidée à, ne serait-ce que l'espace d'une toute petite semaine, à oublier ses ennuis. Sans compter, bien évidemment, cette guerre qui si elle se faisait plus sournoise et perfide que jamais depuis le retour des Entités, n'en continuait pas moins de faire bien des ravages. Chaque jour les médias officiels continuaient d'égrainer, d'une voix si monocorde qu'elle n'en paraissait que plus blasée, la liste de ces êtres dont la vie s'était si brusquement interrompue la veille. Les combats, désormais presque de rue, qui opposaient les deux camps naissaient d'un rien et se finissaient toujours de la même manière : le sang et la mort. Paris, si elle était encore le cœur d'une agitation touristique certaine, n'en était pas moins sur le point d'agoniser. Lentement mais si sûrement. Et si les gens sortaient encore pour faire la fête ce n'était plus guère qu'une illusion aux relents amers de mensonges qu'ils se racontaient, encore et encore, pour mieux oublier que, demain peut-être, eux aussi seraient parmi ces cadavres que l'on jetait dans ces fosses communes, ces charniers, creusés pour palier au problème de ces cimetières qui dégueulaient d'avoir été trop gavés. Alors oui ! La fête étaient souveraine dans ce monde proche du Chaos et ses artisans, comme Adam, comptaient désormais parmi les êtres les plus appréciés, respectés et admirés... et peu importait bien que, derrière le rideau aveuglant des sourires et paillettes, la réalité hideuse sommeille.

Du club les rires lui parvenaient, si forts qu'ils parvenaient même à couvrir la musique pourtant bien forte en ce soir de réveillon. Les gens festoyaient, s'enivraient de ce champagne millésimé qui coulait à flots et pour lequel les clients étaient, plus que jamais, prêts à débourser des sommes indécentes.  La recette de la soirée serait bonne. Entre ce que ses clients dépensaient pour se nourrir et s'abreuver et ce qu'ils offraient aux petits lutins en tenues très affriolantes qui les câlineraient avec une gratitude intéressée... Oui, Adam savait que, demain, il irait se coucher encore un peu plus riche que maintenant. Mais, étrangement, si cette nouvelle lui aurait, il y a trois mois plus tôt, fait naître le plus beau des sourires ce soir il n'en fut rien. La meilleure preuve n'en était-elle pas le fait que, ce soir, il n'entendait pas même venir se mêler à la foule bien trop joyeuse pour lui ? Jamais l'homme n'avait négligé ces relations, toujours si hypocrites, qu'il s'était toujours obligé à entretenir avec ceux qui, non seulement n'avaient de cesse de l'enrichir mais qui, surtout et de par leurs positions souvent stratégiques, lui apportaient gracieusement aide et protection. Protection... Le mot tournoyait en son esprit alors que, le plus silencieusement et lentement du monde, il se rapprochait de cette gigantesque chambre où il savait pouvoir la trouver. Pas compliqué c'était à peine si Serena daignait en sortir maintenant ! Depuis... Les paupières de l'homme qui s'abaissaient tandis qu'il pouvait sentir s'enfoncer ses ongles dans la chair de ses paumes. Comme si les événements du 11 septembre dernier n'avaient pas suffi ! Comme si toutes ces histoires d'Entités et d'Elus ne suffisaient pas ! Les souvenirs qui affluaient en son esprit sans la moindre chance, il ne le savait que trop, qu'il puisse les en déloger. Jamais. Ce à quoi il avait, ce soir là, si involontairement assisté, Adam ne pourrait jamais l'oublier. Et jamais il ne s'en était autant voulu de cette satanée promesse que sa fille lui avait arrachée ! S'il n'avait pas promis... S'il n'avait pas eu si peur de la perdre à jamais... S'il s'était laissé aller à ses penchants et avait achevé ce déchet de Thorne ! Ils n'en seraient pas tous là aujourd'hui ! Ce petit con était un Elu ? Tant mieux ! Il n'en crèverait que plus vite encore ! Mais...

Je peux entrer ?
Il me semble que tu es chez toi, non ?
Je pensais que nous étions chez nous ?

Avait-il répliqué avec une douceur qui, pourtant, ne dissimulait que fort mal la colère qui grondait sous sa peau. Adam haïssait le fait de la voir aussi abattue, résignée ! Il ne supportait plus, ne voulait plus même tolérer de la voir ainsi sombrer sans plus tenter de se battre. La gamine qui l'avait amadoué au point de le conquérir était une battante ! Un tourbillon de vie et d'énergie ! Celle qui, ce soir là, se tenait devant lui n'était qu'une ombre amorphe, mal peignée et encore en pyjama et qui se morfondait avec une ironie sinistre sur son sort. Pourtant, c'était Serena elle-même qui avait voulu ça, non ? Oh certes pas de voir l'une de ces satanées Entités s'immiscer dans ses chairs, ça non. Mais la suite en revanche... Alors qu'elle se replongeait dans ses rêveries, son petit corps prostré sur son lit et son regard perdu dans les abysses de ses pensées, l'homme s'était approché. Elle avait besoin de lui. Ne l'avouerait jamais pourtant, préférerait sans doutes même se laisser mourir plutôt que de baisser, une fois une seule, sa bien trop grande barrière défensive. Sans mot encore prononcer il s'était assis à ses côtés et, d'autorité, avait passé le plus paternel des bras à ses épaules pour mieux la ramener à lui. Poupée de chiffons qui se laissa bien trop aisément faire là où, d'ordinaire, elle se serait insurgée et refusée à ces étreintes qu'elle jugeait d'habitude si puériles.

Tu veux en parler ?
J'ai le choix ?
Ai-je jamais réussi à t'obliger à quoique ce soit ?

Son petit minois qui se relevait et ses si grands yeux qui venaient chercher pour mieux s'y ancrer. Etait-ce bien le début d'un sourire qui se peignait sur ses lèvres encore trop blêmes ? Un soupir qui échappait à l'homme tandis qu'il tentait, une fois encore, de se rassurer aux palpitations de ce petit cœur qu'il sentait, encore vivace, tout contre le sien. Ses lèvres qui se pincèrent, l'hésitation qui les fit trembler un moment et, finalement, Serena qui le devançait, semblant lire en lui comme en le plus ouvert des livres.

Non... Elle n'est pas totalement partie...
Et merde ! Merde !

S'était soudainement emporté celui qui se relevait d'un bond, arpentant de son pas sec et nerveux le plancher. Ses mains ancrées à sa nuque douloureuse, il oscillait, passait du soupir le plus las à son jumeau le plus exaspéré. Son regard qui venait, l'espace d'une seconde, chercher celui de celle dont, l'instant suivant, il se détournait. La colère qui bouillonnait dans ses veines. Celle née de cette frustration d'avoir laissé Serena traverser tout cela et, au final, pour n'aboutir à rien ?! Si ce n'était peut-être même au pire ? Non ! Non, non, non et non ! Cela ne pouvait pas se passer ainsi ! Cela ne devait pas se passer ainsi ! Adam n'était pas homme à s'en laisser compter par quoi ni qui que ce soit ! Il ne renoncerait pas ! Il...

Elise dit qu'elle est prête à m'aider...
Ah ça non ! Jamais !
Mais...
Jamais plus tu ne t'approches d'elle tu m'entends bien Serena ? Jamais ! Est-ce que c'est clair ?!
Mais pourquoi ?! Elise est bien exorciste, non ? Elle ne te semble pas être la mieux placée pour m'aider ?
Elise aider quelqu'un d'autre que sa si folle personne ? Je te pensais moins naïve. Mon ex femme ne fait jamais rien d'altruiste... ou jamais gratuitement !

Adam le pressentait : faire appel à son ancienne épouse ne pourrait jamais qu'ajouter à leurs déjà bien assez nombreux et plus qu'épineux problèmes ! Cette femme il ne la connaissait que trop bien pour ne pas en connaître le parfum aussi envoûtant que mortellement vénéneux. Elise ne lui avait jamais pardonné. Ne lui pardonnerait sans doutes jamais ! Et s'il se savait de taille à affronter la fureur de la trop belle blonde Adam refusait d'y exposer celle qui n'en avait déjà que trop vu et vécu. Serena ne parlait si peu que jamais de cette histoire qui les avait menés, tous, à se à rencontrer. Se trouver peut-être même, et bien que l'idée l'en révulse toujours, pour ce qui était de sa fille et de celui qui venait, sans manière, de transplaner dans cette chambre où il semblait bien trop à son aise. Un sifflement que le propriétaire du Moulin Rouge ne réprima que de justesse tandis qu'il consentait à se fendre d'un geste de la tête poli pour toute salutation. L'arrogant Elu qui le lui rendait mais sans cette provocation pourtant toujours si présente chez lui. Vincent aussi avait changé... pour le meilleur ? Comme si cela était seulement possible avec un tel petit con !

Joyeux Noël mon cornichon.

Avait-il dit alors que, sans plus même se préoccuper de celui avec qui les relations étaient plus que jamais tendues, il se penchait vers celle qu'il embrassa tendrement. La colère qui ne fit qu'augmenter chez celui qui devait désormais se faire violence pour ne pas sauter à la gorge de ce connard. Il allait le tuer ! L'étrangler, l'égorger et le regarder avec joie se vider de tout son sang de maudit ! Oh oui ! Que cela serait bon ! Mais... Si toutes ces rumeurs, ces histoires à dormir debout qu'il entendait depuis son enfance sur les Elus étaient vraies... Si ceux qui partageaient une Entité étaient liés à mort alors régler son compte à cet insolent ne serait-il pas aussi condamner Serena ? Merde, merde et triple merde ! Voilà bien ce qu'il convenait d'appeler le plus inextricable et contrariant des problèmes !

Papa !
Quoi ? Je n'ai même plus le droit de penser ?
Pas quand tu penses ça, non...
Encore des envies de meurtres me concernant Mr Bettancourt ?

Déjà Vincent qui se relevait, venant défier de sa si fine silhouette et de son regard si sombre que dénué de toute iris celui qui serra les poings, se répétant encore et encore de ne pas céder à sa plus primale des envies de lui en coller un bon dans sa gueule d'ange déchu ! Mais si les coups ne partirent pas les mots, eux, fusèrent.

Je m'en voudrais d'abîmer la seule chose de réellement potable chez toi...
Allons ! Je suis certain qu'en vous donnant un peu de mal vous pouvez mieux faire !
Ne me provoques pas trop. Je doute que tu apprécierais de me voir réellement perdre le contrôle !
Bouh... J'ai presque peur là...

Adam qui fulminait, rêvait de plus en plus de faire ravaler son insupportable sourire à celui à qui il lança, mauvais et volontairement blessant en abattant cette carte que Vincent l'ignorait détenir

Mais, dis moi... Comment se portent donc ton demi-frère Donovan et cet oncle que tu as si longtemps pris pour ton père ?
Enfoiré !

Cette fois c'était le si jeune homme qui perdait et patience et contrôle et qui, déjà, se saisissait du col de chemise de celui qui avait été trop loin. Et si Serena ne s'était pas interposée alors sans doutes les deux hommes en seraient-ils venus aux mains. Mais, une main sur chacun de leur torse de coqs en colère, elle avait soupiré et, non sans les avoir gratifié l'un et l'autre de son plus orageux regard la peste avait presque hurlé

Non mais vous n'en avez pas marre !
Hey ! Il m'a cherché !
Pauvre petit bébé ! Ca se prend pour un homme et ça chouine dès que l'on aborde un sujet un peu sensible ? Grandis Vincent !
La ferme ! Tous les deux !

Puis, alors qu'elle allait les abreuver de ses moins châtiés compliments la jeune femme recula, tremblante et comme prise de l'un de ces malaises qui faisaient toujours si peur aux deux hommes de sa vie. Aussitôt calmés, alliés par obligation, se fut ensemble qu'ils se précipitèrent pour soutenir celle qui vacillait dangereusement. Ces mots qu'ils ne prononcèrent pas mais que leurs yeux reflétaient très bien et ce soupir, le même, qu'ils poussèrent toujours ensemble quand ils l'eurent remis au lit. Ces secondes qui s'étirèrent en minutes et pendant lesquelles nul ne parla. Puis Adam qui se décida à briser ce silence aussi hypocrite qu'oppressant.

Je persiste à dire que c'est une erreur mais... J'appellerai Elise.
Pour faire quoi ?
Je veux réessayer...
Hein ?! Non mais t'es sérieuse ?
J'ai bien peur qu'elle le soit en effet...
Et vous vous ne faites rien pour l'en empêcher ?
Hey ! Je vous signale que je suis là ! Et que, accessoirement, c'est de ma vie dont on parle hein !  
Justement le cornichon ! On parle de ta vie et pas de ta mort ! Ce qui finira par arriver si tu t'entêtes à vouloir de nouveau te faire exorciser !

Les tensions si palpables qu'elles en devenaient presque visibles au fond des iris des uns et des autres. La colère qui grondait sous les épidermes, la frustration et la peur qui rugissaient dans les veines. Et puis, contre toutes attentes, ces mots qu'Adam prononça d'une voix étrangement calme

Vincent a raison...

Dieu et le Diable que ces mots lui coûtaient !

Hein ?  
Halleluja !

Adam qui tempérait néanmoins.

Je suis d'accord : notre première tentative, si elle ne fut pas un total échec, n'a cependant pas permis de résoudre le... problème... de Serena. Et, oui, je pense tout comme ton... ami...
Ami ? C'est vraiment ce que vous pensez que je suis pour elle ? Ou c'est ce que vous préférez imaginer pour ne pas en faire une attaque ?
Vincent ...

Le regard plus noir que le jais que lui jetait celui qui se félicitait de n'avoir pas eu de fils. Car pour peu que celui-ci, en grandissant, ressemble ne serait-ce qu'un peu à cet infernal blond alors Adam savait qu'il aurait fini par commettre le pire et le plus sanglant des infanticides ! Et sans même l'once d'un regret en plus ! Et bien que l'envie de lui faire ravaler sa morve fut grande, Adam se retint. Il fallait bien que quelqu'un agisse en adultes dans toute cette histoire ! Et vu qu'il ne pouvait compter sur personne d'autre que lui-même pour incarner ce rôle ingrat...

Je disais donc... Notre première tentative a bien failli te coûter la vie ma chérie. Et je refuse de prendre de nouveau le risque de te perdre !

Comme il la voyait sur le point d'ouvrir la bouche et de répliquer, sûrement même de s'insurger il la regarda fixement et d'une voix impérieuse

Et, non, ceci n'est pas négociable ! Je ne reviendrais pas là-dessus Serena alors fais-toi une raison. Maintenant !
Soit... Mais, alors, je suis supposée faire quoi moi ?

La réponse se fut Vincent qui la leur apporta. Aussi déplaisante soit-elle.

Accepter.
Pardon ? Tu veux qu'elle accepte quoi, toi ?!

Et si Adam se refusait à comprendre, la petite blonde voyait très bien où voulait en venir celui à qui, depuis le 11 septembre dernier et cette expérience qu'ils avaient vécue, ensemble, elle se sentait étrangement liée. Inextricablement liée, surtout...

Asmaan... Il veut que je la reprenne en moi et l'accepte totalement cette fois.
Non ! Pas question !
Vous avez une meilleure idée peut-être ?
Tu es irresponsable ! Toi mieux que personne devrait savoir quelle est, immanquablement, la destinée des Elus ! Tes ancêtres en étaient !
Les choses sont différentes aujourd'hui !  
Oui, aujourd'hui l'Ordre est plus puissant que jamais ! Et je ne sais pas ce qu'il manque à vos crânes de piafs pour comprendre que, jamais, ces fous de Dieu ne renonceront à traquer les hôtes des Entités ! Et vous pensez qu'ils feront quoi quand ils les auront tous débusqués, et raflés ?  Leur offrir un bon café et des macarons ?
Hier nos ancêtres ignoraient ce qui les attendaient, nous nous savons ! Et nous pourrons nous défendre.
Dit celui qui refuse d'entendre parler de la guerre et passe son temps à fuir jusqu'à l'ombre de sa propre histoire ! Tu veux que je te fasse confiance et te confie ma fille alors que tu n'es pas même fichu de te protéger toi-même ?

Le blond qui serrait dents et mâchoire alors qu'il pointait de son doigt tremblant de colère celui à qui il aurait bien asséné quelques vérités cinglantes si Serena ne l'en avait, une fois de plus, empêché en prenant la parole.

Je refuse d'entrer en guerre.
Et tu crois que c'est en acceptant d'abriter l'une de ces choses que tu y arriveras peut-être ?
Asmaan la protégera ! Elle nous protégera tous les deux !
Et pourquoi je devrais faire confiance à une putain d'Entité ? Qui te dit qu'elle et ses sœurs n'ont pas l'intention de réduire notre monde en cendres ? Qui te dit que, de tous, elles ne sont pas les plus dangereuses ?
Parce qu'elle n'a aucun intérêt à me mentir ! Si je meurs elle meurt aussi donc, évidemment qu'elle protégera toujours son... ses  hôtes !
Et c'est supposé me rassurer là ? Tu crois franchement que savoir la vie de Serena irrémédiablement liée à la tienne à quoi que ce soit de rassurant peut-être ?
C'est sûr que de la savoir liée à un proxénète collabo comme vous l'est vachement plus !

Le soupir que la principale intéressée poussa mais que nul ne sembla entendre. Contrairement à ces mots qu'elle laissa claquer dans l'air et qui les firent se figer dans l'instant.

Asmaan ne se laisserait plus exorciser de toute manière... Quoique soient les Entités elles ne sont pas suicidaires. Mais, si elles ne renonceront jamais à leurs hôtes...
Rôle que, je précise, je n'ai pas plus envie que toi de tenir...
Peut-être qu'Asmaan consentirait à nous quitter pour d'autres hôtes ?

Un silence qui s'abattit sur eux comme pour mieux leur laisser le temps et de déglutir et de réfléchir. Et puis la question qui, cette fois, franchit la barrière des lèvres d'Adam

Si ce truc a choisi Vincent ce n'a rien d'innocent. Elle a retrouvé l'héritier de son ancien hôte, non ?
Exact.
Je la vois mal consentir à se laisser chasser pour aller posséder le premier individu que nous aurions la si bonne idée de lui apporter en sacrifice !
Sauf si cet être n'est pas n'importe qui ?
Et tu penses à qui ?
Tu n'as pas une petite idée ?

Le soupir, trop bien éloquent, du blond et le regard inquiet et inquisiteur d'Adam quand il posa l'ultime question.

Et qui serait cet être providentiel ? S'il existe alors je vais le chercher tout de suite !
Serena parle de l'enfant des Entités.
Légende !
Non, c'est vrai. Je le sais. Et tous les Elus le savent aussi bien que moi je parie. Je le sens dans mes chairs, jusque dans mes tripes même ! Cet être existe.

Le regard d'Adam qui glissait jusqu'à celui qui acquiesça d'un geste de la tête : elle disait vrai. Vincent lui aussi le sentait : cette légende n'en était pas une. Mais une sinistre et sulfureuse réalité. Quant à savoir qui était le petit chanceux ou la petite chanceuse qui serait bientôt traqué par les deux camps... Ca, aucun des êtres présents dans la pièce n'en avait la moindre idée. Mais, au moins, maintenant, ils avaient un but précis. Fou, insensé, sûrement voué à l'échec ou à la mort, mais un plan quand même. Et c'était mieux que rien !





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Serena McAllister
Chieuse à temps plein
Hôtesse d'Asmaan
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