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Sarah Middleton " Rien ne se perd, rien ne disparaît jamais mais tout se transforme... même les humains ! " [FINIE]

 ::  :: Le Baptême :: Hallelujia !
Dim 11 Fév - 11:00
Sarah Middleton
ft. Abbey Lee

Âge : Hum... Alors, sur mes papiers officiels il y a noté 26 ans mais, de vous à moi, il se trouve que je suis beaucoup, mais du genre beaucoup plus âgée que cela. Et, ironie pour ironie, nous dirons que je suis incroyablement bien conservée... Ah... Ah... Ah...
Statut sanguin : A mon réveil j'ai eu la joie de me penser tout ce qu'il y a de plus moldu.Mais, ô quelle misérable joie pour moi il semblerait que je sois la seule sorcière au monde à être de sang on ne peut plus pur mais incapable d'user de ma magie sans pourtant avoir été exorcisée ou avoir jamais été Cracmole... Une énigme, moi ? Sans blagues !
Situation conjugale : En couple pour le pire, parce que le meilleur on l'attend encore, avec Ethan Danner. Du moins est-ce ainsi qu'il se nomme aujourd'hui. Allez savoir ce qu'il en sera demain ! Enfin nous serons encore ensemble le reste je m'en contrefous !
Métier/études : Directrice du Refuge, l'orphelinat de Londres.
Entité abritée : No comment.
Pouvoir(s) : Disons que tant que l'on ne m'en découvrira pas un je me porterais très bien.
Arme(s) : Je le dis une fois et je le répéterai s'il le faut : je n'aime pas les armes !
Aptitude(s) spéciale(s) : Me fourrer dans les pires des ennuis ça compte ?
Signes distinctifs : Trop compliqué et pas physique donc vous resterez sur votre faim !  
Caractère

Il semblerait que la réputation qui me colle à la peau soit, hélas peut-être, vraie : je suis quelqu'un de sensible... voir bien trop. Mais je préfère encore être capable de m'émouvoir et de m'effrayer des horreurs qui nous cernent tous plutôt que de devenir l'un de ces êtres si froids qu'ils n'en sont plus même humains ! Oui, je pleure devant ces corps qui s'accumulent parfois dans les caniveaux avant que d'être jetés comme de vulgaires chaussettes au fond d'une immonde fosse commune. Oui, je hurle de voir tous ces êtres, innocents ou non, conduits au bûcher ou à la croix. Et oui, j'enrage de voir ces idiots de miliciens et de résistants se déchirer et s'entre tuer pour des choses qu'ils ne comprennent pas même, qu'ils n'ont jamais fait qu'hériter d'ancêtres depuis longtemps disparus. Ces choses qui les dépassent si bien... Mais ne pensez pas que ma sensibilité, si elle confine parfois à la sensiblerie, fait de moi un être lâche et soumis. J'ai mes convictions et rien, ni personne, ne pourra jamais m'y faire déroger ! Et, si je l'estime nécessaire, alors moi aussi je peux prendre les armes et même faire couler le sang. Pour protéger ceux que j'aime, un grand classique du genre humain. Pour protéger mes idéaux, le symptôme le plus répandu parmi les utopistes dans mon genre. Ceux qui espèrent encore qu'une paix est possible. Mais de ces êtres aussi assez lucides pour savoir qu'il y aura un prix à payer pour cela. Alors que ceux qui n'ont de cesse d'alimenter le feu de la guerre soient ceux qui s'acquitteront de ce prix ! Que les Grands Maîtres, consorts et les leaders de la Résistance et leurs hommes si zélés payent de leur sang et peut-être même bien de leur vie la dette de l'Humanité. Qu'ils se sacrifient donc eux si prompts à sacrifier tous les autres ! Je n'irais pas pleurer sur leurs tombes en tous cas... On finit toujours par périr par là où l'on a péché, non ? Bon, j'avoue que là je touche les tréfonds de l'hypocrisie pour qui connaît mon histoire mais il y a une galaxie entre celle que je pus être jadis et celle que je suis aujourd'hui devenue et qui est la seule qui importe. Et puis... C'est du moins peu ou prou ce que dit la Bible et, oui, je suis croyante. Envers et malgré tout. Et puisque je n'en suis pas à un paradoxe près je suis aussi la plus superstitieuse des femmes qui soit ! Un peu logique quand on regarde ma vie ! Cynique, moi ? Non, je dirais juste que mon sens de l'humour est un peu particulier. Ca ne plaît pas à certains ? Rien à faire !

La Guerre & Moi

Je vais vous résumer la situation, si complexe qui est la nôtre et Ethan et moi en une seule phrase. Quels qu'aient bien pu être nos responsabilités d'hier les compteurs ont été remis à zéro à notre réveil et depuis si nous devons combattre ce sera l'idée même de devoir jamais entrer en guerre. Ca va ou vous voulez un dessin ?


Un peu de vous

PUF : Chouchounette
Prénom : Hum... Aujourd'hui j'ai une tête à me nommer Cunégonde.
Âge : Oh un petit paquet maintenant mais dans ma tête je suis encore très loin d'avoir atteint l'âge de raison.
Un peu plus de vous : Mon credo : pourrir pour mieux l'émerveiller la vie de vos personnages et plus encore celle des personnages de mon Chouchounet. Car, comme tout le monde le sait, qui aime bien châtie bien.

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Sarah Middleton
Directrice du Refuge
Directrice du Refuge
Sarah Middleton
Emploi : Directrice du Refuge
Date d'inscription : 11/02/2018
Messages : 9

Sarah Middleton " Rien ne se perd, rien ne disparaît jamais mais tout se transforme... même les humains ! " [FINIE] Empty
Dim 11 Fév - 11:02
Ma Vie

CHAPITRE I



Dehors la clameur d'une foule qui, une fois de plus, célébrait sa monstruosité... Des hommes, des femmes et même de tous petits enfants qui applaudissaient, riaient et hurlaient leur indécente liesse de savoir une autre de ces maudites créatures mises à mort. Et, noyé dans cette marée de visages anonymes et cruel, celui d'un homme. Les traits étaient tirés, crispés dans cette expression dévastée où la tristesse se le disputait à la fureur la plus sombre. Une larme qui perlait, roulait sur sa joue pour mieux venir mourir à ces lèvres qui tremblaient. Ses poings qui se serraient à en faire craquer et blanchir ses articulations. Ce bruit lancinant d'une foule qui le cernait, fêtait ce crime que lui se jurait sans doutes de ne pas pardonner. Comment osaient-ils ainsi rire ? Comment ?! A ses côtés, sa famille. Cet aîné qui lui ressemblait déjà tant et pas seulement que dans les traits. Au fond de leurs prunelles c'étaient les mêmes flammes qui s'élevaient. Puis les jumeaux... Tout aussi graves et solennels. Tous, réunis et unis dans ce chagrin colérique qui me fait si mal au cœur. Je sens leur fureur. Je sens leur chagrin et celui-ci me fait mal... J'aimerais pouvoir leur parler. Pour leur dire quoi ? Je n'en sais rien. Mais ma gorge, il y a quelques instants seulement en feu est désormais sèche et nouée. Je parle mais les mots se noient dans ce cambouis de fumée et de cendres encore incandescentes qui ruissellent en moi. J'aimerais tendre ma main vers eux. Vers lui surtout. Mais mon corps ne m'appartient déjà plus. Et lorsque je parviens enfin, au prix d'un effort aussi surhumain que douloureux, à lever mon bras ces os décharnés que je vois se dresser devant mes yeux m'effraient.

Kiriel !

Des pas que j'entends se précipiter dans le couloir. Une porte qui claque violemment. Une respiration, précipitée que j'entends résonner à mes oreilles encore bourdonnantes. Et puis ce souffle, chaud et bienveillant, que je sens venir frôler ma nuque tandis que je sens des bras se refermer, si tendrement, autour de moi. Une main qui se perd dans mes cheveux en pagaille. Des lèvres qui viennent baiser, à de multiples reprises, mon front en sueur. Et ces mots... Ces mots qu'il prononce de sa voix la plus douce mais où je sens, une fois de plus, percer la plus grande des inquiétudes... Tout comme j'y entends résonner en sourdine ces questions que je sais pourtant qu'il ne me posera pas. Il ne les pose plus jamais maintenant. Lassé, peut-être, de me voir si parfaitement incapable d'y répondre. Non, je ne sais pas qui est ce Kiriel que je ne cesse pourtant d'appeler à en m'en briser les cordes vocales chaque fois que mes cauchemars reviennent... soit pratiquement toutes les nuits. Non, je ne comprends rien à ces scènes dont je me retrouve aussi bien être la spectatrice impuissante que l'actrice malheureuse. D'ailleurs, comme toujours aussi, les images s'estompent, m'échappent. Et, une fois de plus, j'oublie.

Calme- toi... Calme-toi... Ca va aller... Je te le promets ! Ca va aller...

Il me ramène près de lui et je m'abandonne, si volontiers, à son étreinte. Mon nez qui s'enfouit au creux de son épaule tandis que je ferme les paupières et me laisse bercer par le son de sa voix rassurante. Il ment. Nous le savons l'un et l'autre. Mais nous ferons semblant. Encore une fois. Comme toujours. Ce soir, cette nuit, c'est peut-être lui qui s'en ira se noyer dans des songes qu'il ne comprendra pas plus. Et alors ce sera mon tour de le bercer comme je le ferais d'un enfant... Comme je le faisais de mes enfants ? Un frisson qui remonte à mon échine alors que je ne parviens pas à me débarrasser de cette impression, quelque part terrifiante, de toucher du doigt cette vérité qui continue pourtant de m'échapper. Est-ce que j'ai déjà eu un enfant ? Ridicule... je suis bien trop jeune pour cela, non ? Et puis si je demande encore une fois à ma gynécologue celle-ci va vraiment finir par me trouver folle ! Elle m'a déjà examinée des dizaines et des dizaines de fois, pour ne pas dire des centaines, et son diagnostique est sans appel : je n'ai jamais porté la vie. Si elle le dit... D'un autre côté si je devais me fier à tout ce que dise les médecins alors je serais la femme la plus en forme de toute la planète ! Amnésique au possible mais dans une forme aussi éclatante qu'insolente...

Je veux aller à Londres.

Evidemment il ne me répond pas. Et, comme à chaque fois que j'aborde cet épineux sujet, il soupire longuement. Et je n'ai pas même besoin d'ouvrir les yeux pour le voir se tendre. Sous ma joue je sens ses muscles saillir. Sous cette main que j'ai posée sur son torse je sens son cœur s'emballer avec fureur. Et lorsque ses doigts viennent se nouer aux miens je les sens trembler. Lorsque j'ouvre les yeux ce n'est que pour le voir abaisser son regard pour mieux venir l'ancrer au mien. Et ce que j'y lis me fait mal. Je le sais. Il a peur. Oh, jamais il ne le dira ! Vanité toute masculine je suppose... Parce qu'il sait que nous en sommes arrivés à un point de quasi non retour. Combien de fois lui ai-je déjà fait cette requête ? Combien de fois, déjà, a-t-il refusé ? Je lui ai toujours cédé... mais aujourd'hui je ne le ferais pas. Et il le sait. Me laisser partir, je sais qu'il ne pourra jamais s'y résoudre. Mais me laisser aller au bout de ce qu'il considère comme être une grossière, et sans doute fatale, erreur ? Je doute qu'il y soit plus prêt.

Lizzie nous l'a dit : nous ne devons pas rentrer. Jamais !

Avait-il commencé, comme à chaque fois. Mais avec moins d'assurance cependant que les fois précédentes. Lassitude ou certitude que, cette fois, aucun de ses arguments ne serviraient ?

Lizzie a dit beaucoup de choses...
Pour notre bien ! Elle ne cherchait qu'à nous protéger, et tu le sais !
Mais bien sûr...
Quoi ?
Oses me dire que tu n'as jamais pensé, toi aussi, qu'elle ne faisait jamais que racheter ses péchés !

Un sifflement aigu qui s'échappait de ses lèvres désormais pincées tandis que je le regardais arpenter en long, en large et en travers le parquet de notre chambre. Ses mains qui passaient dans ses cheveux en pagaille pour mieux venir, l'instant d'après, s'ancrer à sa nuque. Un soupir, agacé celui-là. Des pas, plus nerveux. Et ce regard qu'il me refusa pour mieux l'offrir à ce paysage new-yorkais qui se dessinait derrière la fenêtre. Il savait que j'avais raison. Tout comme j'avais bien mauvaise grâce de nier cette vérité qu'il me renvoyait à la face : oui, rentrer à Londres était une erreur. Mais pouvions-nous vraiment encore en faire l'économie ? Non. Et nous le savions.

Il n'y a rien pour nous à Londres.
Parce qu'ici il y a quoi pour nous hein ?
Une chance d'aller de l'avant et de nous construire une vie ! Ca ne compte donc pas ça ?

Je sentais toute sa colère... et, derrière, je devinais toute sa frustration. Enfin son regard qui me revenait et auquel je ne me dérobais pas, m'accrochais avec la force de la femme d'ors et déjà vaincue. J'allais le perdre... Et j'en crevais d'avance. Nos deux corps qui, comme aimantés, se rapprochaient pour mieux s'épouser. Ses mains qui m'enlaçaient et que j'aurais aimé pouvoir garder à jamais sur moi. Ce baiser qu'il m'arracha, avec toute cette fureur dont il était capable et qui me rendait ivre. De lui et rien que de lui. Encore et toujours. A jamais... j'aurais aimé pouvoir le croire.

Renonce... S'il-te-plaît... Renonce et reste là, avec moi. Reste...
Je ne peux pas...

Un autre de ces baisers qui me manqueraient tant. Et, déjà, nos corps qui s'éloignaient, se séparaient. Ces pas qu'il fit et qui, au fur et à mesure qu'ils le rapprochaient de cette porte que je tremblais de le voir franchir, me piétinaient le cœur.

J'ai besoin de trouver des réponses à nos questions. J'ai besoin de savoir qui nous sommes ! Qui je suis ! Est-ce si compliqué à comprendre ?

Un silence pendant lequel je le sentis peser ces mots dont il était parfois si avare. Mais pourquoi parler quand, comme lui, le regard savait si bien, trop bien en ce moment, le faire ? Bien sûr qu'il me comprenait. Et, évidemment qu'il me souhaiterait de réussir. Mais il ne me suivrait pas. Il n'y était pas prêt... J'allais le perdre. Ces larmes qui vinrent délaver le bleu de mes yeux alors que je le voyais ouvrir la bouche mais l'arrêtais d'une main tendue et d'un mouvement de tête.

Non... Ne le dis pas... S'il-te-plaît... Ne le dis pas...
Je t'aime.
Moi aussi.

Puis il avait attrapé son blouson et sans plus même un regard, s'en était allé. Je l'avais regardé franchir ce seuil sans même chercher à le retenir. A quoi bon ? Si je l'avais imploré de rester, de m'accompagner, l'aurait-il fait ? Une part de moi aime à le penser. Mais quand bien même... Ce choix que je venais de faire était le mien et rien que le mien. Je ne pouvais, et encore moins ne voulais, le lui imposer. Le destin aussi facétieux que maudit nous avait fait nous trouver... Mais le destin, ni même l'amour ne font le poids face à la sordide réalité. Aimer c'est vouloir voir l'autre libre. Libre de faire ses choix et de les assumer. Et, de vous à moi, la Liberté est peut-être bien la plus merveilleuse des choses au monde mais elle fut, pour moi et ce jour là, la plus cruelle et douloureuse de toutes. Il m'avait dit m'aimer. C'était la première fois. Mais je devinais aisément pourquoi il l'avait fait, là et maintenant. Précisément au moment où il me quittait. Il m'aimait. Et c'est pour cela qu'il me laissait libre de partir. Je l'aimais. Et c'est aussi pour cela que je le laissais partir. C'est beau l'amour. C'est con l'amour. Ca fait mal l'amour... Tellement mal...





CHAPITRE II



Bienvenue à Londres Miss Middleton.
Merci...

Ce mot que je murmurais dans une chose qui se rapprochait du soupir tandis que je reprenais, tremblante comme une feuille, ces papiers que l'homme en armes me tendait. Son regard qui ne me quitta pas pendant les quelques secondes qui suivirent et que je mis à m'éloigner du poste de contrôle pour mieux m'en aller me perdre dans la foule des visages anonymes qui m'entouraient. Dans ma main, cet unique et bien léger sac de voyage qui était le mien et qui contenait les rares affaires que je possédais au monde. Soit si peu de choses que j'en aurais pleuré à chaudes larmes si je n'avais pas eu peur de me faire plus remarquer encore ! Et si l'envie de me filer les plus cinglantes des gifles ne l'avait pas emportée ! Là, perdue et sans plus le moindre repère, je commençais déjà à regretter ma décision. Et s'il avait raison ? Si revenir en ces terres que je pensais miennes mais où rien ni personne ne m'attendrait était une grossière erreur ? Ici je n'avais rien. A New York, au moins, nous étions ensemble... Inconsciemment ou presque mes doigts vinrent caresser ce pendentif en forme de cœur qui était l'unique vestige de cette vie passée dont je ne gardais pas le moindre souvenir mais que j'étais venue reconquérir ici. Lorsque je m'étais éveillée, il y avait bien des années de cela maintenant, dans cette sinistre pièce qui relevait plus du laboratoire que de la chambre d'hôpital ce pendentif était le seul objet que je possédais. Et il ne me quitta jamais. Comme si j'avais toujours su que le jour viendrait où ce bijou se ferait la clé de mon passé... Mais à quoi bon un passé quand, comme moi, on a eu la bêtise affligeante de se priver d'avenir ? Mon avenir c'était lui ! Mon avenir c'était ce « nous » que nous en étions, presque naturellement, venus à former et qui me manquait déjà. Il me manquait... tellement que c'en était douloureux ! Mes paupières qui s'abaissaient. Mes jambes qui se mettaient à flageoler sous moi et l'impression que j'allais m'affaler quand je sentis une main venir se poser, légère mais ferme, sur la mienne.

Tu n'aurais pas du revenir...
Moi aussi je suis contente de te revoir James.

Le regard de l'homme face à moi qui se dardait de ses plus sombres foudres tandis que, toujours aussi galant, il s'emparait de mon bagage et me pressait de le suivre vers la sortie. Agaçant cette manie que les uns et les autres ont toujours de si bien décider à ma place !

Où est-il ?
A l'évidence pas ici !

Avais-je sèchement lâché avant que de me soustraire à son étreinte et de le darder de mes yeux, eux aussi pour le coup, emplis de colère. Déjà je m'apprêtais à reprendre mon sac de fortune, tremblante mais cette fois de fureur, quand il me devança. Conservant son tribut d'une main il me ramena de l'autre à lui, me plaqua contre son torse et je ne pus que m'abandonner à ce pilier aussi inattendu qu'inespéré. Mon corps qui se souleva de vagues de sanglots et mes doigts qui se crispaient sur le tissu de sa chemise. Lui qui, fidèle à lui-même, ne dit pas un seul petit mot. De toute manière qu'aurait-il bien pu dire ? Que peut-on dire à une créature aussi perdue que moi et qui vient, en une seule phrase, de confesser aussi bien son incommensurable connerie que son indicible tristesse ? Peut-être simplement cela.

Je suis désolé.
Même si cela n'y changera rien on va dire que j'apprécie ta sollicitude...
Tu m'en veux encore ?
A ton avis ?

Un soupir alors qu'il me repoussait, me lâchait et se dirigeait vers la sortie, certain cette fois-ci, que je le suivrais. Ce que, en effet, je fis. Une voiture qui semblait nous attendre et dans laquelle nous nous installâmes. Ce silence qui régna encore un long moment entre nous deux et tandis que nous roulions, si vite, vers cette ville que je voyais se dessiner devant nous.

Ce n'est pas ma faute.
Ca ne l'est jamais hein James ?

Mordais-je encore et sans même prendre la peine de le regarder. Mon nez retroussé et écrasé contre la vitre teintée je tentais de chasser de mon esprit toutes ces choses que James et moi avions vécues et qui nous liaient de la plus irrémédiable des manières. Qui étaient sans doutes aussi la raison de son apparition à Heathrow ?

Elle ne voulait que réparer une injustice... Elle ne voulait que faire le bien.
Et toi ? Tu voulais quoi ?

Un silence qui en disait bien plus que n'importe lequel des mots qu'il aurait pu prononcer et que, de toute façon, je n'aurais pas pu croire.

Comment va-t-il ?
Encore plus mal que moi j'imagine. Mais est-ce donc si étonnant ? Comment veux-tu que nous allions !

Un coup de frein brutal qui me fit sursauter et porter mon regard, empli de flammes étranges vers celui qui venait de nous faire stopper le long de la route. Son regard qui évitait toujours le mien et ses mains qu'il conservait, si crispées, sur le cuir du volant. James ne parlerait pas. Il ne l'avait jamais fait avant alors pourquoi le ferait-il aujourd'hui ? D'ordinaire c'était celui qui me manquait que trop qui entamait une conversation toujours âpre mais aujourd'hui il n'était pas là... Alors...

Pourquoi es-tu venu ?
Elles ont besoin de toi.

Mes sourcils qui se fronçaient et mon petit nez qui se retroussait. Là, j'avoue, j'étais encore plus perdue. Il parlait de qui là ? Comme s'il avait pu lire dans mes pensées, ce qui en réalité ne m'aurait pas même étonné, il répondit 

Mes filles...
Parce que tu es père, toi ? Et on peut savoir qui est l'inconsciente limite décérébrée qui a consenti à se reproduire avec un fou des éprouvettes tel que toi ? Un menteur limite pathologique qui sait si bien entretenir les secrets, mystères et autres complots en tous genres ?
C'est bon là ? Tu as fini ?
Je pense pas, non ! La dernière fois nous n'avions pas eu le temps de te cracher à la face tout ce bien que nous pensions de toi alors permets-moi au moins ce petit plaisir !
Au moins je constate que, sur ce point là du moins, tu n'as pas changée...
Toi non plus. Tu as juste... vieilli ?
Tout le monde n'a pas la chance de s'être vu offrir la chance que vous vous êtes vus offrir !

Ces mots avaient claqué dans l'air de l'habitacle. Ma gifle en avait fait tout autant. Et ce furent ensuite nos deux souffles, précipités et rauques qui résonnèrent un instant. Sans doutes le temps que notre sang, à l'un comme à l'autre, cesse de rugir en nos veines ? Personnellement il m'en faudrait bien plus pour résister à l'envie de sauter à la gorge de cet homme qui était, tout comme Lizzie l'avait été au départ, responsable de nos malheurs. Elle, au moins, avait eu la bonté de nous laisser baigner dans la plus réconfortante des ignorances ! Elle, au moins, nous avait peut-être mis en garde, conseillé de ne jamais revenir mais, j'en suis persuadée, elle ne l'avait en effet fait que pour notre bien. Elle voulait nous donner une chance de vivre. Vraiment. De devenir ce et ceux que nous souhaiterions être. Lizzie nous avait libéré de notre histoire. James, lui, était si insidieusement venu nous la remémorer. Sans rien nous dévoiler, évidemment. En rongeant nos cœurs et nos âmes de ces énigmes auxquelles il se refusait toujours si bien à apporter ne serait-ce que l'ombre d'une solution. En ne nous en disant jamais assez que pour mieux nous pousser à nous torturer l'esprit mais en oubliant si sciemment de nous soulager ensuite. Si Lizzie avait souvent bien trop parlé lui, en revanche, ne parlait jamais assez ! Et, en ce moment plus qu'en tout autre, cela m'était insupportable ! Après tout n'était-ce pas en grande partie à cause de lui que j'avais décidé de quitter New York pour mieux revenir en Angleterre ? Si ! Et cette rupture que je ne digérais pas c'était aussi à lui que je la devais !

Tu sais quoi ? Je me fous pas mal des raisons ! Je me contrefous aussi éperdument de toi, de tes filles et même de tout ce qui peu de près, ou même de très loin, te concerner !

Déjà je détachais ma ceinture, ma main déjà sur cette portière que j'entendais bien ouvrir. Déjà, lui, m'en empêchait lorsqu'il me tendit ce dossier que je regardais un instant interdite. Sur lui mes doigts que je vis trembler plus encore. Comme s'ils avaient pu deviner que ce que j'étais sur le point de découvrir allait, une fois encore, chambouler cette vie qui n'en était pas encore vraiment une. Je voulais savoir... C'était pour cela que j'étais là, non ? Le regard que j'offris à James et auquel il ne répondit que par un geste de la main. Je voulais vraiment savoir ? Alors il me fallait lire. Bizarre mais, là maintenant tout de suite, je n'en avais plus la moindre envie ! Là je ne désirais presque qu'une seule chose : retourner à l'aéroport, prendre un billet pour le prochain vol en partance pour les USA et rentrer chez ce lieu que je nommais depuis un moment «  chez moi ». Quand ce n'était pas «  chez nous »...

Si tu veux commencer à comprendre alors tu liras. Et, ensuite, tu décideras de ce que tu souhaites, ou non, faire.
Comme si tu entendais réellement me laisser choisir seule ! Ce serait bien une première fois tiens !
Il ne te trouve jamais soûlante ?
Si, souvent. Voir même tout le temps. Mais lui a le droit de me le reprocher. Pas toi !

Ce regard, blasé et hautain qu'il me lança et qui me donna plus encore envie de le planter là... Mais ce fichu dossier qui me retint, une fois encore. James qui s'alluma une cigarette avant que de l'éteindre en maugréant quand il me vit tousser. Je n'aime pas les cigarettes. Je ne les ai jamais aimées... enfin, je crois ? Une profonde inspiration suivie du plus long des soupirs et, enfin, mes doigts qui se décidaient à défaire le lien qui retenait fermé ce satané dossier. Et une plongée en eaux plus que troubles qui commença alors pour moi. Ces informations que je découvrais, passant du livide au carmin sans oublier le plus nauséeux des vert... Cette histoire que ces maudits feuillets esquissaient sans toutefois réellement retracer. Une histoire, pas la mienne. Celle de celui que je m'apprêtais déjà à appeler quand James m'arracha mon portable.

Rends moi ça ! Tout de suite !
Certainement pas !
Il faut que je lui parle ! Il doit savoir ! Il a le droit de savoir !
Ah oui ? Et tu vas lui dire quoi ?

Le silence qui fut ma seule réponse. Bonne question pour une fois... Que pouvais-je bien lui dire ? Ces satanés feuillets trahissaient un début de vérité mais c'était tout ! Pas assez pour établir des certitudes en tous cas... Rien que des pistes... et broussailleuses encore ! Et sûrement pas du genre à pouvoir être abordées par téléphone...

Tu ne peux pas l'appeler... Tu ne peux pas lui faire ça.
Facile à dire ! Ce n'est pas toi qui le trahit ! Mais, pardon j'oubliais presque que la trahison était un art que tu maîtrisais si bien !

J'étais méchante et m'en voulais déjà pour cela. Mais je le pensais. Je les pensais, chacun de ces mots si acerbes que je venais d'envoyer valser en plein dans la figure de celui que je vis, sans doutes pour la toute première fois depuis que nous nous connaissions, tressaillir. Ainsi donc James avait une conscience ? Etonnant mais, quelque part, rassurant. Surtout si j'acceptais l'idée, pourtant toujours aussi saugrenue à mes yeux, qu'il possédait aussi un cœur. Ce dossier que j'ouvrais de nouveau et que je feuilletais avant que de m'arrêter sur ce jeu de photos. Un frisson qui me parcourut quand, instinctivement je sentis une partie de moi comme revenir à la vie. Ce visage que je caressais du bout des doigts...

Il s'appelle Raziel.
Et c'est qui ? Pourquoi ai-je l'impression aussi étrange que désagréable de le connaître ?
Parce que c'est le cas.
Arrêter de parler par énigmes tu sais faire ?
Oui mais pas aujourd'hui, pas ici, pas avec toi et sûrement pas sur ce sujet là.
Va te faire voir !
Oui, dès que tu m'auras donné ta réponse.
Ah parce que tu m'as posé une question ?

Un silence que je suis certaine qu'il entretint à dessein. Et puis, enfin, les mots.

Vas-tu m'aider, oui ou non ?
Je ne vois toujours pas en quoi tout cela me regarde... Et, par extension, je ne vois aucune raison valable pour moi de vous aider tes soit-disant filles et toi !
Parce que tu ne veux pas qu'elles subissent et endurent ce que tu as toi-même souffert ?
Dégueulasse comme argument mais, pour ce que cela a de tristement amusant, cela ne m'étonne même pas...
Alors dis-toi que c'est pour lui que tu le fais ?
Ou comment passer du dégueulasse à l'immonde...
Tu ne peux pas encore le comprendre mais vous êtes liés. Tous. Et les aider elles, c'est aussi l'aider, lui. C'est aussi vous aider vous.

Je ne répondis pas. A quoi bon ? Rien que le fait que je ne lui ai pas déjà fait bouffer son dossier de malheur parlait déjà bien assez pour moi, non ? Un dernier regard qu'il me jeta avant que de remettre le contact et de redémarrer. Les routes qui se faisaient rubans d'asphalte et que nous avalions à si vive allure. Mes doigts qui s'emparaient de mon portable et envoyaient un message. Malgré le regard aussi lourd de reproches que de sous-entendus que je sentis peser sur moi. Quoi ? Il n'était pas content l'apprenti sorcier ? Rien à foutre ! La légère vibration qui accompagnait ce message que j'ouvris précipitamment et le cœur palpitant à tout rompre en mon sein.

Il arrive quand ?
Il ne vient pas.
Il y en a au moins un de vous deux pour se montrer raisonnable en fin de comptes...
La ferme James ! Sinon je te jure que je descends de cette bagnole et que tu ne me retrouveras jamais cette fois !

Est-ce que je le pensais ? Pas vraiment, non. Mon visage qui se détournait alors que je relisais une autre fois ce message qui venait de me briser, une fois encore, le cœur. A quoi bon vivre si c'était pour, sans cesse, avoir l'impression de crever ? Il ne viendrait pas. Refusait de savoir. Il ne voulait que tourner la page pour mieux en démarrer une nouvelle. Sans moi visiblement... Et je ne sais pas si ce qui me faisait le plus mal était de l'imaginer y parvenir … ou le fait que je l'aimais assez pour souhaiter qu'il réussisse là où je savais que j'échouerais toujours lamentablement. Si seulement j'essayais ce qui, pour l'instant du moins, était très loin d'être le cas.



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Sarah Middleton
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Dim 11 Fév - 11:03

Ma Vie

CHAPITRE III



Les enfants !

Ma voix, soudainement si haute perchée et presque brisée qui s'élevait, faisant s'interrompre ces jeux, pas toujours innocents, auxquels se livraient mes petits protégés. Tous, sans exception, s'étaient comme figés quand ils m'avaient vue jaillir hors de la maison pour mieux me précipiter vers eux, le teint livide et les yeux emplis d'une peur qu'ils ne devaient pas me connaître. Dans la rue, les derniers pneus crissaient et, déjà, les premières portières claquaient derrière ces hautes silhouettes en uniformes et en armes qui s'avançaient, d'un même pas, vers notre petit portillon. Alors que les plus grands, mus par un instinct de préservation ou contaminés par cette peur que je ne parvenais pas même à dissimuler , se pressaient de faire rentrer leurs cadets une petite fille venait, elle, s'accrocher à mon jean. Petite plume aux yeux aussi clairs que ses cheveux étaient sombres et que je m'empressais de prendre à bras pour mieux la serrer tout contre ce cœur que je sentis se faire de glace quand il parut. Encadré par deux de ce que je devinais aisément être ses hommes de main plus encore que ses gardes du corps. Lui et moi ne nous connaissions pas encore et, pourtant, je le pressentais : cet homme n'était pas du genre à avoir besoin de qui que ce soit pour se protéger... Et, là, j'en tremblais je fus immédiatement persuadée qu'il n'avait besoin de personne non plus pour faire passer de vie à trépas, et sans oublier de passer par la case cruelle torture, quiconque osait se dresser contre lui...

Neil Corrigan. Il me tardait de te rencontrer enfin.
Ah oui ? Parce que nous sommes supposés être assez intimes pour passer au tutoiement d'entrée de jeu peut-être ?

Son rire qui résonna étrangement à mes oreilles tandis que je le voyais abaisser ses lunettes et mieux me dévoiler l'océan de ses yeux. La peur qui se muait en moi en une chose assez proche de ce qu'il convient de nommer panique. Et cette enfant que le dénommé Neil regardait avec tant d'insistance que j'eus le réflexe étrange de la lui dérober, de la serrer plus fort encore contre moi. Geste qui, non seulement ne lui échappa pas mais qui, de surcroît ne sembla pas lui plaire. Vraiment pas même... Le léger tressaillement de sa paupière droite, la crispation des doigts de sa main gauche alors qu'il tentait de donner le change en sortant un paquet de cigarettes et en portait déjà une à ses lèvres.

On ne fume pas devant les enfants !
Sais-tu qui je suis ?
Audace, pédanterie et suffisance portées à leur paroxysme ? La beauté d'un Diable devant laquelle se pâment, d'après les rumeurs, bien trop de greluches décérébrées ? Et une envie plus que flagrante d'en imposer à tout le monde ? Evidemment que je sais qui vous êtes !

Un rictus à ses lèvres et ce briquet dont il usa pour allumer, malgré mes paroles, sa clope. Un sifflement aigu qui m'échappa juste avant que je ne la lui arrache et ne la jette violemment au sol pour l'écraser du bout de ma chaussure. Ce sourcil qu'il haussa, amusé mais perplexe, avant que de stopper de sa main ces hommes déjà prêts à me faire payer mon impudence. Et lui qui réitérait sa demande

Qui suis-je ?
Celui dont on dit qu'il sera bientôt intronisé Grand Maître ?
Vrai... mais seulement en partie.

Ce pas qu'il fit vers moi et qui fit se pelotonner plus encore contre moi la petite Audrey. Et si j'avais eu quelqu'un contre qui me réfugier sans doutes l'aurais-je aussi fait lorsque, sans crier garde, sa main vint effleurer ma joue pour mieux s'y attarder. Puis ce fut d'un seul doigt qu'il redessina, lentement, la courbe de mon cou, celle de mon épaule. Son souffle, aussi chaud que le souffre qui vint frôler ma peau alors qu'il se penchait pour mieux glisser au creux de mon oreille

Tu m'amuses beaucoup tu le sais ? Je dirais même que, dans d'autres circonstances, tu pourrais bien me plaire...
Dommage car cela est loin d'être réciproque ! Je n'ai jamais aimé les crotales dans ton genre Neil !
Tu me tutoies donc enfin ? Je savais bien que toi et moi finirions par nous rapprocher !
Dans tes rêves...
As-tu vraiment envie de connaître mes rêves ? La jolie poupée serait-elle donc devenue vaniteuse au point de se penser de taille à les affronter ?
On ne t'a jamais dit que ceux qui parlent autant que toi ne cherchent jamais qu'à compenser avec des mots ce qui leur fait tant défaut ailleurs ? Genre dans le pantalon !

La colère que je sentis faire frémir ses doigts sur ma peau. Cette claque qu'il rêva sans doutes de me refiler mais que le regard apeuré et embué de larmes de la petite stoppa net. Et ce pas qu'il consentit même à faire, reculant et me permettant de récupérer une capacité respiratoire, si ce n'est normale, bien appréciable.

Je répète ma question ? Sais-tu qui je suis ? Et, question bonus : sais-tu pourquoi je suis ici aujourd'hui ?

Ce regard, soudainement si sérieux et froid, qu'il posa sur l'enfant entre mes bras. Et l'évidence qui me sauta subitement aux yeux. La même chevelure sombre. Les mêmes yeux couleur océan... Ces gestes qu'il effectuait sans même y penser et qui me ramenaient à ceux qu'Audrey avait parfois aussi... La ressemblance était bien trop flagrante pour que je n'en tire pas les plus effrayantes des conclusions. Et lorsque je blêmis, devenant plus livide encore qu'un cadavre fraîchement amené à la morgue...

Il semblerait que tu viennes de trouver par toi-même la réponse à la première de mes questions. Voyons voir si tu es capable de trouver la seconde maintenant.

Cette porte encore grande ouverte et par laquelle tous mes pensionnaires nous observaient et que Neil gratifia de son regard le plus péremptoire.

Fais la rentrer. Maintenant !

J'aurais pu m'opposer à ce qui relevait plus de l'ordre que de la supplique mais, quelque part, je le savais, Neil avait raison. Quoique ce démon fait homme soit venu chercher... Quoiqu'il puisse éprouver pour son enfant... Mieux valait laisser celle-ci en dehors... pour l'instant du moins. M'éclipsant sans prendre la peine de demander une permission dont je me passais fort bien, je ramenais Audrey aux plus grands et la leur confiais. Puis, je revenais vers celui qui s'imposait bien plus que je ne l'invitais. Mais je n'eus pas même le temps d'ouvrir la bouche que, déjà, il m'agrippait par le bras et m'entraînait plus loin. Derrière cette bâtisse qui serait de Refuge à tous les orphelins, sorciers comme moldus, que la guerre ne cessait d'entraîner dans son meurtrier sillage. Un grognement plus qu'un gémissement que je poussais alors qu'il me plaquait si violemment contre le mur que ma tête le heurta et qu'un mince filet de sang commençait à dégouliner sur mon visage.

Tu aurais du demeurer à New York ! Il n'y a rien pour toi ici ! Rien ! Retournes d'où tu viens Candy !
Pour un homme qui prétend si bien tout savoir tu viens de montrer à quel point tu es, en fait, aussi inconsistant qu'idiot ! Je m'appelle Sarah et j'ignore qui est cette Candy avec laquelle tu me confonds apparemment !

Avais-je craché tout en le repoussant si brusquement que, sous la surprise sans doutes, il en tituba presque. Je pensais l'avoir mouché ? Je constatais ne pas l'avoir même ébranlé... Au contraire son visage affichait désormais la plus horripilante des satisfactions et des moqueries. De nouveau il fondait sur moi, me plaquait de nouveau contre ce mur où, une fois de plus, je heurtais violemment ma caboche. Non mais il cherchait quoi à la fin ce rustre mal dégrossi ?! Sa main qui s'emparait de ma gorge pour mieux la serrer. L'impression, ô combien désagréable, d'être prisonnière de griffes acérées qui, peu à peu, me privaient de mon oxygène. Sa main libre qui se saisissait de ce briquet qu'il actionna devant mes yeux soudainement écarquillés. Les flammes. Le feu... Je hais le feu... Je suis terrifiée par le moindre étincelle ! Et, oui, je paniquais lamentablement, désormais incapable de me débattre tant j'étais tétanisée par la chaleur de cette si ridicule flamme qu'il amenait proche, si proche de ma peau maintenant couverte de sueurs glacées.

Peur du feu ? Il faut dire que lui et toi avez une histoire plus que chargée, n'est-ce pas Candy ?
Je m'appelle Sarah ! Sarah bon sang !
Si tu en es si certaine alors pourquoi t'agiter autant ?
Lâches la ! Tout de suite !

Le  cliquetis de ce cran de sécurité qui venait de sauter et mes yeux qui se posèrent, une seconde une seule, sur ce canon qui venait de se braquer sur le crâne de celui qui, à ma grande surprise il est vrai, obtempéra. Mes mains qui vinrent se poser à cette gorge rougie et endolorie que je massais machinalement tandis que mes yeux venaient, dans l'instant, trouver ces autres qui ne leur avaient que trop manqué. La détermination, toujours si froide, au fond de ses yeux alors que, sans quitter Neil du regard, il venait me rejoindre. Cette main qu'il saisit et que je lui abandonnais bien volontiers tandis que, ensemble, nous dardions de nos foudres celui qui, comble de l'agacement, ne s'en émouvait toujours pas. Pire, Neil semblait de plus en plus...hilare ? Oui, c'est ça, hilare. Est-ce mal de dire que je rêvais de voir Ethan presser sur la détente ? Oui ? Tant pis je vivrais très bien avec cette culpabilité là ! En tous cas bien mieux que je ne vivrais avec ce regard, étrange et gênant, que je vis Neil offrir à celui qui me ramenait plus encore à lui, me serrant tout contre lui comme il l'avait toujours fait. Le regard de Neil... Si perçant qu'on aurait pu jurer qu'il parvenait à voir au-delà des apparences amnésiques de nos êtres. Et si nous avions eu le moindre doute les mots qu'il adressa alors à mon compagnon eurent vite fait de les balayer... hélas ai-je envie de dire.

Impressionnant ... C'est fou comme il te ressemble... Vraiment !
La ferme  Neil ! Tu m'entends ? Tu la boucles maintenant !  
Sinon quoi ? Je te retrouverais en travers de ma route ? Pour quoi en plus ? La protéger elle ? Encore et toujours elle, n'est-ce pas ?

Le bras d'Ethan que je sentis trembler de fureur alors que les mots, pourtant si nébuleux de notre adversaire en puissance, le frappaient tout comme moi de plein fouet. Neil appuyait là où il savait étrangement que cela ferait bien mal. Il nous renvoyait, Ethan et moi, à nos plus grands et ensevelis démons. A ces terreurs nocturnes qui n'avaient que trop perturbé nos nuits depuis ce moment où Lizzie nous avait trop bien sauvés. Tous ces moments où, l'un comme l'autre, nous avions enragé de ne pas pouvoir nous souvenir. De ce qu'étaient nos vies avant ce que la scientifique nommait un peu légèrement «  accident » . Et si, contrairement à moi Ethan avait toujours feint de la croire je sais très bien que, au fond de lui, il doutait. Peut-être parce que nos cauchemars, différents dans la forme, se ressemblaient étonnamment dans le fond. Ces images de mort et d'agonie où nous nous retrouvions toujours trop bien au centre... Le feu pour moi. Une balle pour lui. Et cette chose que nous n'avions jusque là jamais nommée mais qui tournoyait si bien en nos esprits tourmentés... la Mort. Mon regard que je ne pus empêcher de se voiler tandis qu'un tremblement secouait tout mon corps.

La mémoire te reviendrait-elle jolie poupée ? Souviens-toi ... Souviens-toi enfin !
Je ne suis pas une putain de poupée bon sang !

Commençais-je déjà à m'emporter quand Ethan me calma d'une pression de ses doigts sur les miens. Pas la peine de parler... pas entre nous. Jamais entre nous. Quoique nous ayons, ou non, pu être l'un pour l'autre dans nos passés respectifs cela ne changeait rien à ce que nous étions, aujourd'hui, devenus l'un pour l'autre. Enfin, je crois...

L'amour au-delà de la Mort ? Dieu que cela est romantique !
La ferme ! Tu m'entends ? La ferme ! Et fous lui la paix !
Pourquoi ? Pourquoi tant vouloir que je me taise ?

Et cet éclair que je vis traverser le regard de Neil avant qu'il n'écarquille les yeux. Une seconde, une seule... Mais la seconde qui voulait tout dire. Malheureusement... Puis ce fut à mon tour de me figer quand il persifla, moqueur et méprisant à souhait.

A moins que... A moins que tu ne commences à te souvenir, toi... C'est ça n'est-ce pas ? La mémoire te revient et c'est pour ça que tu as rappliqué ventre à terre à Londres ! Pour la protéger d'une vérité que tu la sais incapable d'encaisser !
Non mais tu vas te décider à la fermer oui ou non ?
Allons ! Un peu de courage... hum... Mais... dis-moi... Comment dois-je t'appeler aujourd'hui ? Ethan à ce que l'on m'en a dit ?

Mon cri qui déchira l'air en même temps que fusait de la gueule de l'arme de mon compagnon cette balle que je vis foncer vers celui qui ne fit pas même un geste pour l'éviter. Comme s'il avait pu prédire que celle-ci ne ferait jamais que le frôler. Le sang qui venait éclabousser la joue de celui qui l'essuya, si calmement que cela en était presque effrayant, d'un revers de la main. Et encore ce sourire, si agaçant qu'il nous offrit quand les propos d'Ethan vinrent, encore une fois et sans doutes pour la dernière, le mettre en garde.

La prochaine ce sera en pleine tête.
Certainement mais la vraie question est : quelle tête ? La mienne... ou la tienne ?

Et le cri que je ne ravalais que de justesse alors que je voyais, à son tour, l'arme de Neil se braquer, canon impatient de dégueuler ses balles létales, dans la direction d'Ethan. Encore ce cliquetis métallique... Toujours le même... Celui de cette gâchette que l'on enclenche juste avant que les balles ne se mettent à fendre l'air et ne viennent percuter pour mieux les perforer les chairs de la cible désignée.. Devant mes yeux ce voile qui s'abaissait d'un coup.

Une ruelle... il pleuvait ce soir-là... Et, comme dans le plus mauvais des polars de gare, un réverbère à la lumière comme par hasard vacillante et qui éclairait tout juste les deux hommes qui se faisaient face. Ils crient mais je n'entends rien. A mes tympans la terreur, si réelle et prégnante, bourdonne à m'en refiler les pires des migraines. Je sens mon cœur palpiter à tout rompre... fort, si fort que j'ai bien l'impression qu'il va exploser. Je cours à en perdre haleine mais je suis si lasse... Je cours mais je sais d'ors et déjà que je n'arriverais pas à temps pour empêcher ce désastre depuis bien trop longtemps annoncé. La détonation suivie d'un chuintement suraigu et, je le jure, mon cœur qui s'arrêta d'un coup alors que je hurlais à plein poumons son prénom. Mes mains qui se tendent alors que je sens mes jambes se dérober sous moi et mes genoux heurter violemment le sol humide. Mes yeux embués d'encore plus de larmes que de pluie qui se dardent vers cette scène qui me brise l'âme plus encore que le cœur. Et puis ce corps que je regarde, interdite et impuissante, tomber. Un bruit sourd et sinistre qui me poursuivra bien des nuits ensuite. Et ce parfum qui emplit alors les airs. Ces effluves que je ne connaissais malheureusement que trop bien maintenant. Âcre, froide et sanguine... celui de la mort. Mais lui est là, devant moi maintenant. Sa baguette s'échappe de sa main au moment même où il me voit. Et lui, le guerrier implacable, met genoux à terre pour mieux se mettre à ma hauteur. Ses mains qui s'avancent doucement, si doucement, pour mieux prendre mon visage en coupe. Ses lèvres sur mon front, le bout de mon nez... et sur ces lèvres qui sont les miennes et que je lui abandonne si volontiers. Puis enfin, il me parle. Il n'est pas désolé et, pour ce que cela a de saugrenu, je lui suis gré de ne pas me mentir. Il ne l'a jamais fait. Il regrette cependant. Que je me sois entêtée et l'ai suivi. Que j'ai assisté à ce qu'il nomme Justice. Il le pense, peut-être est-ce bien cela le pire à mes yeux. Encore une fois il a pris une vie mais lui trouve cela juste. Pas moi. Pourtant je sais que je lui pardonnerais. Tout comme je lui ai toujours tout passé, tout pardonné. Parce que je l'aime... Son visage qui s'éloigne un peu, rien qu'un peu, du mien et ses traits qui sont alors baignés par la lueur diffuse de ce fichu lampadaire...

Kiriel...

Mon regard, complètement effrayé cette fois, qui se tourne vers celui qui n'en sourit que plus encore quand, à l'inverse, je vois Ethan blêmir. Déjà mon compagnon abaisse son arme et tend une main vers moi alors qu'il fait un pas dans ma direction. Mais Neil le devance, s'immisce entre nous deux.

Oui, c'est ça... Souviens-toi Candy ! Souviens-toi !

Devant mes yeux les hallucinations et le présent entrent en collision frontale, se mélangent au point de se juxtaposer. Et, dans mon esprit, je ne parviens plus à démêler l'illusion de la réalité.

Ne l'écoutes pas ! Je t'en prie Sarah! Ne le laisses pas te manipuler !
Moi ? Pardon mais, pour une fois et dans cette histoire je suis certainement le seul être présent ici à être innocent !
La ferme ! Tu m'entends ?! Tu la fermes maintenant Neil !

De nouveau le ton qui montait entre ces deux hommes que je regardais maintenant l'un et l'autre avec la même incompréhension au fond de mes prunelles. Que Neil mente cela ne m'étonnait guère... Mais Ethan... Mon cœur que je sentais se serrer à m'en faire si mal alors que, pour la toute première fois depuis son réveil, je doutais de sa sincérité.

Ethan ?
Ce n'est pas ce que tu crois je te le jure ! Ecoutes moi Sarah ! S'il-te-plaît ! Ecoutes moi...
Ah oui ? Tu jures de ne pas lui mentir ?
Oui !

Neil qui ne cessait de rire que pour mieux grimper d'un cran dans la provocation. Son arme qu'il rangeait tandis que ses doigts allaient chercher une autre de ces cigarettes qu'il s'empressa une nouvelle fois d'allumer. Celle-là je ne l'écraserai pas. Rien à foutre ! Ce nuage bleuté de nicotine qui s'élevait dans les airs tandis qu'il murmurait, goguenard et adossé au mur.

Alors vas-y Sarah... Si tu as tellement confiance en lui poses les ces questions que j'entends si bien hurler dans ton esprit quelque peu chamboulé. Demandes le lui et vois, ensuite, lequel de nous deux est le plus fiable ! Demandes le lui donc si tu oses !
Je t'ai déjà dit de lui foutre la paix !

L'instant suivant je voyais Ethan se précipiter, l'orage au fond des yeux et la rage tout court dans les poings serrés vers celui qui se remit à soupirer son rire. Le coup qui allait partir quand je l'arrêtais de ces quelques mots. Rien que ces mots.

Que sais-tu ? Ethan... que sais-tu vraiment ?
Sarah...
Bah alors ? Tu attends quoi pour lui répondre ? Elle est où ta sincérité ?

Le grognement que j'entendis mon compagnon pousser alors que je le voyais faire volte face pour mieux accuser, de son doigt pointé celui à la face de qui il crachait avec plus de mépris encore que de colère cette fois

Je ne te laisserais pas faire Neil ! L'histoire se répétera peut-être mais jamais, tu m'entends, jamais je ne te laisserai lui faire du mal !

Neil qui se redressait, jetant au sol ce mégot encore incandescent qu'il ne prit pas même la peine d'écraser. Ses épaules qui se haussaient avant que son index ne se pointe lui aussi et que ses mots ne se mettent à fuser, à répliquer. Les armes étaient tombées mais l'affrontement n'en était pas pour autant fini. Et, j'en ai toujours été persuadée, les mots tuent parfois bien plus sûrement que les balles ou les sortilèges. L'agonie est juste plus lente et plus douloureuse encore...

Hypocrite ! Rien, dans cette histoire n 'aurait jamais commencé si tu n'avais pas été celui qui a mit le feu aux poudres ! Hier tout était déjà de ta faute ! Et, aujourd'hui, quoiqu'il arrive ce sera encore et toujours la faute de ton putain de sang ! Ta faute pas la mienne ! Ne me reproches pas de vouloir achever ce que tu as, jadis, si bien commencé !

Ils ne pourraient pas être livrés avec un décodeur ces deux-là ? Non parce que au plus ils s'invectivaient au moins je comprenais moi.. Au plus je me perdais même... C'en fut d'ailleurs trop... A moins que ce ne soit parce que j'avais oublié de prendre mon traitement ? Je ne le sais pas. Mais soudainement la tête se mit à me tourner et je sentis mes jambes flancher et se dérober sous moi. Sans Ethan je me serais d'ailleurs affalée lamentablement mais, comme toujours, il avait été là pour moi. Il l'était toujours... n'est-ce pas ?

Sarah ! Sarah ça va ?

Comment cela aurait-il pu aller ? Bien sûr que non je n'allais pas bien. Et mon corps venait, violemment il est vrai, de me le rappeler. Non... pas maintenant... Pas maintenant... Pas devant lui ! Mais si je m'étais attendue à ce que Neil nous abreuve de ses moqueries et provocations en tous genres je fus vite détrompée... Ou pas vu que j'eus une infinité de fois préférer affronter Neil que ce qui se produisit alors... Alors qu'Ethan me serrait si fort contre lui je sentis le tremblement, heureusement encore à peine perceptible, qui l'agitait lui aussi. Et lorsqu'il se pencha au-dessus de moi je vis son front en sueurs lui aussi. Dans nos yeux la même appréhension. Comme si nous le sentions plus ou moins consciemment : ça recommençait... Quoi ? Comme si seulement nous le savions ! Ethan et moi ignorions la cause, préférions d'ailleurs ne pas la connaître mais nous connaissions trop bien les conséquences …

Il faut nous mettre à l'abri ! Maintenant !

Avait-il hurlé à l'adresse de celui que pourtant, à peine quelques instants plus tôt, il jurait presque de pendre par ses intestins. Mais dans la vie il y a des priorités auxquelles nul, pas même Ethan, ne peut déroger. Et quel que soit le combat qui nous opposait à Neil celui-ci devrait attendre. Déjà au-dessus de nous tous le ciel s'assombrissait, sa clarté engloutie par cette masse de sombres cumulus surgis de nulle part et gorgés de ces foudres bien trop iridescentes pour être naturelles. Déjà, nous provenaient de partout autour de nous des bruits étranges... comme... des explosions ? Peut-être...  Le feu ! Le feu semblait avoir pris aux quatre coins de la ville et retentissaient dans l'air les sirènes hurlantes de ces camions de pompiers roulant à vive allure vers ces si nombreux foyers dont Ethan, Neil et moi pouvions voir les lucioles pâlottes s'allumer ici et là. Le feu... Je hais le feu !

Vous êtes sourds ou quoi ?! Il faut rentrer ! Maintenant !

J'acquiesçais d'un las mouvement de tête quand je vis celle de mon compagnon se tourner vers celui qui, subitement, venait de perdre de sa superbe. Plus la moindre étincelle de fanfaronnade chez celui qui, au contraire, blêmissait encore plus et plus vite que moi... Et, au fond de ses prunelles, cette étincelle de pure frayeur que je ne pensais jamais voir y luire . Ethan m'avait reposée au sol mais refusait de lâcher cette main qu'il conservait si bien serrée dans la sienne. Et il s'apprêtait à courir vers cette maison où les enfants, malgré la présence de Edward et de Lana, avaient besoin de nous. Pour les rassurer et, même si j'eus du mal à déglutir rien qu'à le penser, pour que nous les protégions. De quoi et comment ? Excellentes questions mais dont j'étais certaine qu'aucun d'entre nous ne possédaient les réponses, hélas...

Neil !
Fous-moi la paix !

Répliqua, si sèchement mais sur un ton qui ne parvenait pas à masquer une inquiétude que je me surpris à trouver sincère. L'instant suivant, sans même se préoccuper un seul instant de ces hommes, les siens, qui accouraient vers lui et quémandaient des instructions, Neil sembla perdre pieds. Littéralement. Ses doigts qui tremblèrent plus que des feuilles ballottées par le vent automnal... Ce téléphone qu'il extirpa si brusquement de sa poche qu'il manqua bien de le faire tomber. Un juron, puis un autre, que soupiraient ses lèvres pâles et ce numéro qu'il composa avec la plus grande des fébrilités.

Non mais tu crois vraiment que c'est le moment?
Vas te faire foutre !
Comme tu veux ! On ne pourra pas dire que je n'ai pas essayé !

L'instant d'après, et malgré mon regard désapprobateur, Ethan m'entraînait à sa suite et vers la maison. Puisque Neil refusait d'entendre raison ou se montrait bien trop fier pour accepter l'aide, surprenante en effet, que lui proposait Ethan... alors qu'il se débrouille tout seul ? Apparemment. Mais, de toute manières, que m'importait le sort de ce si triste sir hein... Un mouvement de la tête et un soupir agacé contre moi-même plus tard et me voilà qui lâchait la main de mon compagnon. Nous étions arrivés sur le seuil de la porte. Nous étions presque à l'abri. A l'abri de ces foudres étranges que dégueulait le ciel en pétard et qui venaient embraser une ville désormais à feu et à sang. A l'abri de ces flammes qui jaillissaient, toujours plus hautes et vivaces et qui me filaient une trouille bleue... Mais si Ethan pouvait se contreficher du sort d'un humain je ne le pouvais pas. Je ne le voulais pas ! Et si, oui, je savais pertinemment que Neil était un monstre il ne nous appartenait pas de le juger. Enfin pas aujourd'hui, pas ici et sûrement pas ainsi !

J'y crois pas...

Furent les seuls mots que prononça, le visage vraiment fermé, Ethan quand il comprit mes intentions. Soupirant sa colère il n'en décida pas moins de m'aider. A moins que ce ne soit cette sorte de boule de feu venant de s'abattre sur la voiture de Neil assassinant ainsi la plupart de ses hommes qui le décida ? Ou le fait qu'au plus la tempête de feu surnaturelle gagnait en vigueur au plus lui et moi nous affaiblissions ? Sans doutes un peu de tout cela à la fois...

Maintenant ça suffit !

Le poing d'Ethan qui ne se fermait que pour mieux aller se fracasser sur la joue de Neil. Celui qui tomba, relâchant dans sa chute son téléphone qui se brisa et arracha au futur Grand Maître un grognement de pure fureur ! Et si la surprise l'avait déstabilisée la colère le fit se relever plus vite que s'il eut été pourvu de ressorts sous ses baskets ! Et, cette fois-ci, ce fut Ethan qui fut pris de court lorsque le poing de son adversaire vint faire craquer douloureusement sa mâchoire et l'envoya valdinguer au sol. Je n'ai jamais aimé les combats de chiens ? J'assistais au plus violent des combats de coqs... Youpi tiens...

Abruti ! Connard !
Putain même quand tu te bats tu sais pas la fermer hein ?! Enfoiré !
Tu comprends rien ! Je dois la joindre ! Je dois joindre Eden !

Encore quelques coups et tout autant d'insultes. Comme si les deux hommes en étaient arrivés au point de non retour. Celui où cela passait ou cassait. Celui où l'un risquait surtout de rester sur le carreau... voir même les deux vu la hargne qu'ils mettaient dans chacun de leurs coups ! Abruti ? Oui mais au pluriel car, là, même moi je devais bien admettre qu'ils se montraient aussi stupides l'un que l'autre ! Et, oui aussi, cela me mettait dans une rage folle ! Et je me serais sûrement jointe à la mêlée si quelque chose ne m'en avait pas empêchée. Cette langue de feu qui venait de jaillir du ciel et fendait l'air pour mieux se diriger vers cette petite et bien trop téméraire Audrey... Si Neil était bel et bien son père alors, pas de doutes, elle tenait de son père celle-là !

Audrey ! Non !

Déjà Neil, pris de panique, repoussait violemment Ethan et se relevait pour mieux se précipiter vers sa fille. Mais il arriverait trop tard. Pas moi...

Sarah !

Quoi ? Non je n'ai absolument pas vocation à crever en héroïne tragique et débile. Mais franchement, à ma place, vous auriez vraiment laissé une enfant encore innocente crever sous vos yeux sans rien tenter ? Moi, non ! Des cris, des hurlements... et puis le noir. Complet et si parfait qu'il en devenait presque beau et rassurant. Ce qui se passa ensuite ce furent les enfants, plus encore qu'Ethan, qui me le rapportèrent. Avec toute l'imprécision de leurs mots... Avec toute la fantaisie qui est la leur et qui ajoute toujours du merveilleux à l'horreur... Avec toute leur si sincère candeur, surtout. Et leur récit aurait été digne d'un conte d'Halloween. Celui d'une ville dévorée par les flammes mais qui aurait été sauvée par ce gigantesque oiseau qui, subitement, était apparu dans le ciel noir. Il était beau paraît-il. Vraiment très beau le phénix aux plumes violacées et aux yeux flamboyants... Il aurait chanté, pleuré aussi... Puis quelque chose s'était passé. Quoi ? Ca les enfants furent incapables de me le raconter. Et si je comptais sur Ethan pour m'en dire plus j'en fus pour mes frais. Lui non plus ne le savait pas... ou, plutôt, je pense que son esprit s'est refusé à admettre ce que ses yeux ont vu... Je doute fort que j'aurais pu faire mieux d'ailleurs... Et puis, comme le souligna si bien mon âme sœur l'important n'était-il pas que nous ayons tous survécu à cette nuit d'enfer ? Si. Bien sûr que si...Mais...Mais étais-je vraiment la seule à me demander quelles en seraient les conséquences ?

Quelque chose me disait que ce 11 septembre 2101 demeurerait à jamais gravé dans l'Histoire de l'Humanité. Je n'imaginais cependant pas à quel point je pouvais avoir raison...



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Sarah Middleton
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Dim 11 Fév - 11:05
Ma Vie

CHAPITRE IV



Pas même une lettre ni même un simple mot... Rien, il ne m'avait rien laissé avant que de, une fois de plus, partir. Et je ne cessais de me maudire pour ne pas l'avoir pressenti, vu venir ! Pourtant, lorsque je me laissais aller à cogiter au point de m'en faire si mal au crâne, les signes étaient là. Depuis des jours, peut-être même bien des semaines... Mais il faut croire que je l'aimais bien trop pour accepter de voir ce qui, pourtant, crevait les yeux. Ethan allait mal. Très mal. Et l'on pourra bien me dire ce que l'on voudra je sais que j'en étais, au moins pour une partie, responsable. Oh entre nous tout allait bien. Vraiment... Trop bien ? Peut-être.

Lorsque le monde s'était réveillé le 12 septembre, il avait changé. De façon quasi imperceptible mais pourtant tellement profonde. Et il nous fallut, à lui comme à moi, plusieurs jours pour le comprendre et réaliser ce dont nous avions été les acteurs involontaires bien plus encore que les témoins impuissants. Les journaux, télévisuels, numériques et même papiers ne parlaient pourtant que de cela... Elles étaient de retour. Les Entités. Et l'on ne comptait déjà plus les témoignages de ces gens qui affirmaient les avoir vues, tantôt à Paris, tantôt à Rome... et même à Londres. Créatures irréelles et aussi magnifiques que terrifiantes dont le chant funeste et rageur avait résonné fort et longtemps dans les cieux en colère... Le cauchemar du siècle précédant recommençait-il vraiment ? Beaucoup en étaient persuadés. Et bien qu'il n'en dise rien je sais qu'Ethan était de tous ceux là le premier.

Pas une nuit depuis ce jour funeste où je ne le vis pas prisonnier des plus agités des songes, des plus atroces des cauchemars. Pas une nuit où je ne le vis s'éveiller en sursauts, en sueur et en larmes même parfois... Et je le comprenais moi qui vivais très précisément la même chose... mais pas avec la même acuité apparemment. Ethan avait bien tenté de s'en ouvrir à moi mais, à chaque fois que nous consentions à en parler, il finissait inlassablement par se murer dans le plus pesant des silences. Agacé de ne pas savoir trouver les mots justes. Horripilé de ne pas arriver à comprendre. Terrifié et furieux, surtout, de sentir sa vie lui échapper inexorablement. Enfin sa vie... La nôtre ! Celle que, depuis notre échouage à Londres, nous caressions l'espoir de pouvoir bâtir. En faisant table rase d'un passé qui nous était inconnu et dont, pour être honnête, nous avions bien trop peur l'un et l'autre pour oser vraiment nous pencher dessus.

Alors, oui, nous avions fait semblant. Comme si seul ce pieux mensonge nous permettrait d'aller de l'avant sans trop d'encombres. Et nous le voulions tant ! Les enfants dont nous nous occupions faisaient notre joie, palliaient à ce désir latent et tabou que nous nourrissions l'un et l'autre d'être nous aussi parents. Bien sûr le sujet avait été abordé. Le soir et dans l'intimité douceâtre de notre lit. Ethan voulait, vraiment, avoir un enfant. Je le voulais tout autant. Mais le souvenir des deux fois où nous avions tenté notre chance à New York nous rattrapait toujours. Et la douleur indicible qui avait alors été nôtre nous en retenait. Et puis... Et puis il y avait cette impression, plus forte chaque jour, qu'il y avait autre chose. Que cette incapacité flagrante et navrante que nous avions à enfanter n'était pas due au hasard ni même à la malchance. Que la réponse à notre si terrible tourment se trouvait quelque part enfoui dans nos passés respectifs... voir notre passé commun ? Car, oui, c'était là que le bat blessait le plus. Ethan et moi avions beau lutter de toutes nos forces pour ne pas nous retourner vers ce passé qui nous ne nous apporterait rien de bon tout nous y ramenait encore et encore.

Les souvenirs commençaient à nous revenir. A lui plus encore qu'à moi... Ce n'étaient encore que des songes perturbants mais bien trop précis et tangibles pour ne pas être issus de nos mémoires. Des images, des sons, des impressions et émotions... Comme si la nuit nous dévoilait, chapitre après chapitre, ce que la jour et les humains s'évertuaient si bien à nous cacher. Une histoire que nous découvrîmes être la nôtre... Ethan et moi avions toujours cru, ou voulu croire, que c'étaient nos déboires communs qui nous avaient rapprochés et liés. Et si nous plaisantions souvent sur le fait que nous deux c'était écrit... Que nous deux c'était pour la vie et même les suivantes... Nous ne réalisions pas à quel point nous étions proches de la vérité !

Mais nos rêves, eux, le savaient. Et prenaient un plaisir que je qualifierais de pervers à nous le susurrer nuit après nuit. A tel point que ce fut bientôt trop pour Ethan. Il voulait savoir ! Il avait besoin de savoir... Je comprenais, évidemment. Et j'aurais été la première à vouloir l'aider si seulement il me l'avait permis. Mais c'était apparemment un voyage qu'il entendait faire seul. Par pur égoïsme ? J'ai la faiblesse de penser que c'était surtout pour me protéger de ce que ses recherches ne manqueraient pas de lui révéler. Sur lui. Sur moi. Sur nous.

Je pense que c'est pour cela qu'il avait fini par partir. Sans une lettre ni même un mot. Mais en me brisant une nouvelle fois le cœur et l'âme. C'était la deuxième fois. Je jurais que ce serait la dernière...



JOURNAL D'ETHAN I



Le 12 septembre 2101,

J'ai toujours trouvé l'idée d'écrire son journal aussi stupide que purement féminin. Macho, moi ? Pas qu'un peu je l'admets. Mais si Sarah l'accepte alors que m'importe l'opinion des autres ! Sarah... C'est pour toi que je me décide aujourd'hui à prendre la plume. Pour que, si jamais je venais à disparaître, alors tu saches. Tout ce que je ne peux pas aujourd'hui te dire. Parce j'en ignore encore tellement. Et parce que le peu que je sais te ferais si peur ou mal que je ne peux me résoudre à te le confier. Te le confesser, plutôt. On ne peut pas blesser celle que l'on aime et je t'aime. J'espère que tu le sais...

Hier soir, quand tu as enfin repris tes esprits tu semblais tellement perdue... Un peu comme moi ce jour où Lizzie me rendit ma conscience et où tu fus pourtant la première personne que je vis. Toi qui me souriait, serrant dans mes doigts dans les tiens tandis que tes yeux plus encore que les mots que déversaient si doucement tes lèvres me disaient, me juraient que tout allait bien aller. C'était un mensonge. Mais le plus pieux d'entre tous. Et je sais que, au fond de toi, tu l'espérais vraiment. Toi qui était encore plus paumée que moi mais qui, déjà ou encore, savait si bien le dissimuler. Tu étais un ange accourue au chevet d'un démon fait homme... Le savais-tu ? Une part de moi en est persuadé. Tu es tellement instinctive par moments... Tu sais si bien lire au-delà des apparences et de ces mensonges que, tous, nous énonçons pour mieux protéger nos hideuses vérités.

Pourtant même à cette époque où l'on faisait de moi un criminel, un assassin sans foi ni loi recherché aussi bien par la Résistance que par les milices tu n'avais pas fui. Mieux, tu ne m'avais pas craint... Et pendant tous ces si longs mois que durèrent ce que Lizzie nomma notre «  réhabilitation » tu étais demeurée à mes côtés. Pourquoi ? Je n'ai jamais osé te poser la question. Sans doutes parce que j'avais, déjà, peur de la réponse que tu me donnerais. Tout comme aujourd'hui que la mémoire commence à me revenir, j'ai peur de ce qui pourrait être ton jugement. Je sais que, jamais, tu ne me condamneras. Et c'est bien ce qui me fait le plus peur. Car si ce que je soupçonne est vrai... Si l'homme que j'étais avant et bien pire encore que ce que l'on en a dit alors je serais le plus grand des dangers pour toi. Et, ça, je ne le supporterais pas. Plutôt te quitter que de te blesser d'une manière ou d'une autre.

Et aussi fort cela peut-il d'ors et déjà me briser le cœur et le peu qu'il me reste d'âme je sais que ce jour finira par arriver. Hier fut le jour qui posa les fondements de notre rupture à venir. Parce que Neil, les enfants et moi avons vu toi tu ne pus le voir. Et c'est bien mieux ainsi. Mais il faut que tu saches ! Pas maintenant, je sais que tu ne le supporterais pas... Qu'il te faudra t'endurcir pour l'encaisser et survivre. Et tant que je serais prêt de toi cela te sera impossible. Ce matin, quand les journaux t'apprirent une partie de la vérité, relatant les événements qui agitèrent le monde la veille... Quand tu découvris que les Entités étaient de retour tu en fis un malaise... Faiblesse de ta part ? Oui et non. Tu n'es pas un être faible Sarah ! Et une partie de moi est persuadée que tu ne l'as jamais été. Que, quelque part et aussi fort puis-je te sembler, tu as toujours été l'élément inébranlable de notre couple. Et que tu le seras toujours. Mais, oui, ton esprit se montra faible ce matin et amena ton corps à s'effondrer. Parce que, de ça aussi je suis persuadé, ton esprit devinait ce que nous savions tous.

C'est toi Sarah... Toi qui provoqua l'apparition de cette Entité aux plumes violettes et au regard aveuglant. C'est pour vous protéger, toi et la petite Audrey, qu'elle surgit. Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Au contraire, elle ne fait que commencer. Et c'est à moi désormais d'en découvrir la suite avant que de te la livrer. Si je le peux. Et, puisque je ne veux pas te mentir, je sens déjà que je ne le pourrais pas. Pas en face en tous cas. Ou pas maintenant. Pardonne moi Sarah... C'est pour ton bien, je le jure. Et parce que je t'aime. Me croiras-tu ? Je n'ai jamais rien désiré plus fort. Mais tu seras libre de faire ton choix. Et, oui, j'ai peur de découvrir ce qu'il sera.

~***~


Le 19 octobre 2101,

Encore une nuit blanche... Encore ces heures, interminables, passées à t'observer t'agiter dans ton sommeil et l'appeler, lui. Encore lui. Toujours lui. Ce Kiriel qui n'est pas moi... ou pas celui que je suis aujourd'hui devenu. La curiosité est un bien vilain défaut à ce qu'il s'en dit. Un péché même...

Pour ce que je me contrefous de cette religion et de ce Dieu pour lesquels tant d'hommes se sont tant étripés au fil des siècles ! Je conchie cette religion que, toi, tu continues de vouloir sauver. Pourquoi ? N'as-tu donc pas assez souffert de ces hommes qui sans cesse se cachent derrière elle ? N'es-tu pas la mieux placée pour voir ce que ces fous infligent à tous ces enfants innocents que tu as dès le premier regard aimés comme s'ils étaient les tiens ? N'as-tu donc pas compris que croire en ton Dieu c'était accepter de laisser des cinglés comme Neil s'emparer du pouvoir ? Oh bien sûr que si tu sais tout cela! Mais tu es bien trop bonne pour seulement t'y arrêter. Quand je te disais que tu étais bien plus forte que je ne saurais jamais le devenir... Et, pourtant, si tu savais à quel point j'ai changé !

Mais, pour cela, il faudrait que tu saches qui je suis vraiment. Cet homme que je n'ai jamais totalement cessé d'être en fait... Cet homme que tu recherches dans tes rêves bien trop sombres et qui, à ton réveil, ne te laisse jamais qu'en pleurs et terrifiée. Kiriel... Rookwood. Par Merlin que j'ai pu haïr ce nom qui, trop souvent, franchissait la barrière de tes lèvres ! Par Merlin que j'ai pu vouloir le trucider lui qui, la nuit, te faisait tant souffrir ! Lui dont, pourtant, j'ignorais alors tout. Mais, je plaide coupable, ma curiosité finit par l'emporter. Et je commis l'erreur, fatale en l'occurrence, de traquer celui que je m'imaginais être un rival issu de ton passé oublié... Je ne possédais qu'un prénom... Je découvrais bien vite le nom et l'histoire qui va avec. Et son portrait. Le mien... J'ai d'abord cru à une maudite coïncidence. A un mauvais hasard de la génétique. J'ai même voulu me convaincre que je n'étais que l'un de ses descendants maudits... Quand l'esprit refuse la réalité il peut faire preuve d'une imagination pour le moins débordante !

Je crus devenir fou et, déjà, te regarder en face me menait aux portes du désespoir. Je savais détenir les clés de notre histoire et hésitais, pour toi, à en user. Parce que, désormais je ne pouvais plus en douter : connaître ma vérité me mènerait irrémédiablement à la tienne. Et à la nôtre. J'aurais pu renoncer. Vraiment. Je te jure que je le voulais ! Mais, pour ce que cela a d'ironique voir même de sardonique, ce fut toi qui m'en empêcha. Ce jour où je fus appelé en urgence à Ste Mangouste après que tu y ais été conduite. Une fois de plus tu venais de perdre notre enfant. Et, une fois de plus, tu avais manqué d'y laisser ta vie. J'avais failli te perdre bon sang ! Mais toi... Toi tu souriais, ravalais ces larmes que je voyais si bien faire luire ton regard... Toi tu me souriais et, comme toujours, tu me promettais que tout irait bien. Que la prochaine fois serait la bonne. Il n'y aura pas de prochaine fois. Il ne faut pas qu'il y en ait... Parce ce que rien ne peut naître de ce qui est mort.

Oui, toi et moi sommes morts. Et quelque soit la manière dont nous sommes revenus d'entre les morts cela n'a rien de miraculeux mais relève de la pire des malédictions : celle de notre famille. Celle que toi et moi avons, il y a plus d'un siècle maintenant, commencé à fonder. Celle qui, aujourd'hui, se poursuit au travers de nos descendants. Nous voulions devenir parents ? Nous le sommes déjà. Nous avons eu trois enfants. Un fils premier né, Roméo. Et deux jumeaux : Raziel et Gaïa. Et, aujourd'hui notre petit fils, portant le prénom de Roméo lui aussi, est à son tour devenu père. D'un fils prénommé Alessandro. Et dont la mère n'est autre que la sœur adoptive de Neil : Eden. Je pense que tu aimerais beaucoup cette fille... Elle te ressemble beaucoup par certains côtés.

On nous a menti Sarah. Depuis notre réveil, assurément. Mais depuis bien plus avant encore. Ton histoire, la mienne, la nôtre ne se sont jamais bâties que sur d'odieux mensonges et d'insidieuses manipulations. Voilà ce que l'on a si bien caché toutes ces années. Voilà pourquoi Lizzie d'abord, James ensuite, on tend poussé à nous faire quitter l'Europe. Parce que rester c'eut été l'assurance que nous finirions par découvrir la vérité. Et la question qui se pose maintenant à moi est celle-ci : que suis-je sensé en faire ? Comment te la dire sans risquer de te voir basculer comme je bascule déjà ?

Je suis peut-être né et ait péri en portant le nom de Kiriel Rookwood mais l'homme qui revint à la vie n'est plus cet homme là ! Avec Kiriel je partage la rage et la fougue. Et, dans une certaine mesure, le besoin éperdu de liberté et d'une certaine forme de justice. Mais Kiriel était sorcier. L'un de ceux qui avaient trop bien embrassé la cause ségrégationniste des Mangemorts. Un raciste... Je ne suis pas cet homme là ! Je refuse de le devenir moi qui, de surcroît, me retrouve aujourd'hui privé de la moindre once de magie. Je suppose que pour ceux qui ont connu Kiriel le fait ne manquerait pas d'ironie... Pour l'homme que je suis aujourd'hui en revanche... Cela ne fait que susciter questions et dilemmes.

Je sais qui je suis... Tout comme je sais qui tu es. Neil avait raison. Tu ne te nommes pas Sarah mais Candy. Du moins était-ce ainsi que tu t'appelais dans ta vie précédente. Mais de ce que j'en sais celle-ci ne vaut pas la peine d'être remémorée. Crois moi Sarah... Tu n'as rien à gagner à aller à la recherche de ton passé comme je l'ai fait du mien. Peu importe ce que tu as été et plus encore ce que tu as enduré ! Ce qui compte c'est ce que tu as la possibilité de vivre aujourd'hui... Tu as une nouvelle chance et je veux te la laisser.

Quoique cela m'en coûte. Et ton Dieu sait ce que cela m'a coûté de partir ce matin avant même que tu ne te réveilles. En partant j'ai renoncé à ma chance, j'en suis parfaitement conscient. Mais j'ai préservé la tienne. Et en faisant cela j'ai fait ce que Kiriel avait, lui, été incapable de faire : quitter sa femme pour mieux la protéger, la préserver de tous les ennuis qu'il ne manqua pas de lui valoir. Alors disons que c'est ainsi que je choisis de saisir ma chance : en réparant les erreurs de ma vie précédente.

Sarah... Jamais je ne redeviendrai ce Kiriel que je fus autrefois. Et, pour moi, tu demeureras à jamais ma petite Sarah... Celle qui me manque déjà cruellement et tant... Pardonne moi...

~***~


Le 1er novembre 2101,

Le manque me ronge presque plus encore que ma culpabilité de t'avoir quittée, abandonnée... Tu me manques Sarah ! A chaque minute, chaque instant... Et tu n'imagines pas le nombre de fois où j'ai souhaité tout envoyer balader pour mieux revenir vers toi ! Un peu comme cet après-midi où mes pas m'ont conduit jusqu'au Refuge. J'étais là quand tu es sortie pour profiter de ces quelques trop rares rayons de soleil qu'offre Londres. J'étais là quand eux et toi vous êtes mis à jouer à toutes ces choses que, deux rues plus loin, tant d'autres enfants ont d'ors et déjà oubliés, eux. Les uns se préparant déjà à prêter allégeance à cette machine destructrice qu'est le Nouvel Ordre. Les autres marchant sur les traces de leurs parents sorciers et ne rêvant déjà plus que de rejoindre cette Résistance qui le tuera sans doutes. Les enfants ont perdu leur innocence... On la leur a volée. Mais pas à ceux dont tu prends si bien soin et qui voient en toi leur mère. Eux, sont encore préservés de la folie furieuse de la guerre. Il m'a suffit de les entendre rire, de les voir sourire et simplement profiter de ces petits riens que tu inventes pour eux pour m'en convaincre. Tout orphelins qu'ils soient ces enfants là ont de la chance de t'avoir.

Et c'est pour cela que je suis parti sans même venir te voir. As-tu senti ma présence proche, si proche de toi ? J'en suis sûr et certain. J'ai vu ton corps si frêle se figer un moment et ton regard balayer l'horizon qui s'offrait alors à toi. J'étais si près de toi Sarah... Juste dans ton dos. Comme un vestige de ton passé que tu ferais bien mieux d'oublier. D'enterrer comme, un jour, nos enfants le firent de celui de Kiriel. Je ne veux que t'offrir la vie que tant d'autres t'ont déjà volé une fois !  Kiriel aussi en son temps et par sa volonté égoïste de vouloir te garder auprès de lui... mais là-dessus je ne l'en blâmerais certainement pas. Et si j'étais sûr de ne pas réitérer les erreurs de mon ancien moi alors je courrais vers toi ! Un jour peut-être ? M'attendrais-tu vraiment ? Candy l'aurait fait sans la moindre hésitation pour son Kiriel. Sarah le fera-t-elle pour Ethan ? Je veux le croire.

Mais pour que ce jour arrive alors il me faut aller au bout de ce que j'ai commencé Sarah. Je dois découvrir ce que j'ignore encore. Je connais mon passé, je connais le tien et même celui qui fut un temps nôtre. Mais je dois comprendre comment les Elus que nous fûmes et qui rendirent l'impossible possible... Ces êtres pétris de volontés pas aussi mauvaises qu'on le prétend et qui ont, involontairement tu dois le comprendre et l'accepter, conduit à la guerre... Je dois comprendre comment Kiriel et Candy ont pu revenir de cet endroit dont on ne revient pourtant jamais. Je veux, et dois, comprendre comment et plus encore pourquoi. Parce que tant que je ne le saurais pas alors je ne pourrais rien pour nous. Si un jour notre secret, notre nature venaient à être connus du peuple alors … Inutile de terminer ma phrase je pense, non ? Et je refuse que cela nous arrive. Pas plus à toi qu'à moi ! Je ne suis pas un héro prêt à me sacrifier aussi bêtement qu'inutilement pour celle qu'il aime ! Et si Kiriel avait embrassé la guerre Ethan la refuse. Je ne veux plus combattre. Juste vivre !

J'aimerais tant que nos descendants le comprennent eux aussi. Non pas qui nous sommes, non. Ca il vaudrait même mieux qu'ils l'ignorent même si je ne doute pas une seule seconde que cela est impossible. Quelqu'un parlera. Et, volontairement ou pas, finira par nous trahir. Quelqu'un que nous avons croisé dans notre nouvelle vie. Quelqu'un qui saura reconnaître dans nos traits ceux de ces amants maudits que furent Kiriel et Candy. Et alors même notre descendance saura... Notre descendance... Je n'arrive toujours pas à me faire à l'idée que, à Rome, notre petit fils se retrouve par un incompréhensible imbroglio plus vieux que moi aujourd'hui ! Et que, lui aussi, se retrouve prisonnier du plus sulfureux des amours. Même si j'avoue qu'il doit beaucoup me ressembler pour montrer autant d'entêtement à aimer celle qui est non seulement la sœur de Neil mais aussi celle que l'on prétend être la fille des Entités... A croire que la malédiction amoureuse est une tare familiale que chacun de nos enfants ont eu à cœur de transmettre aux leurs... Pauvre de nous ! Pauvres descendants aussi et surtout...

Demain je partirai. Quitterai Londres. Pour mieux rejoindre Rome où nous deux enfants encore en vie résident. Raziel et Gaïa... Je ne sais pas si j'aurais le courage d'aller les trouver. Ni même ce que je pourrais bien leur dire si jamais je me décidais à les rencontrer. Mais, hormis l'envie viscérale de les voir, je sais que c'est aussi là-bas que je trouverais des réponses à mes questions. Et, je l'espère, une solution à nos problèmes.

Tu me manques Sarah...

~***~


Le 8 novembre 2101,

Si je n'ai pas obtenu toutes les réponses que je souhaitais... Si j'ai même encore plus de questions que le jour où je suis parti pour Rome... J'en suis arrivé à un point où je sais que je ne peux plus me leurrer. Jamais tu ne seras en sécurité Sarah. J'aurais tant aimé que cela puisse être le cas, je te le jure ! Mais ce raisonnement était idiot de ma part et je me suis laissé aveuglé par mes désirs bien trop candides. Kiriel avait en réalité raison. Lui avait compris : que sa femme et lui étaient allés déjà bien trop loin pour pouvoir jamais seulement espérer revenir en arrière. Et notre résurrection miraculeusement maudite n'a, en rien, changé la donne. J'ignore ce que recherchaient vraiment ceux qui nous ont ramenés à la vie mais je sais ce que, moi, je désire aujourd'hui.

Réparer les fautes du passé ? Comme si j'avais encore la naïveté de croire cela seulement possible ! Trop de crimes ont été commis. Trop de sang fut versé. Par moi comme par les autres. Et rien ni personne ne pourra jamais les effacer. Quand je m'appelais encore Kiriel j'ai pris des décisions que le Ethan que je suis devenu regrette amèrement. Commis des fautes que je ne pourrais jamais réparer. Mais il y a une chose que je peux, tenter au moins, de faire : empêcher que l'histoire ne se répète en une sanguinaire boucle. Tout faire pour que nos descendants n'aient pas à payer le poids de nos erreurs à nous. Candy et Kiriel ne sont revenus que pour cela. Ca semble fou ? Peut-être bien le suis-je devenu. Mais rien ni personne ne m'en fera démordre : nous sommes revenus pour ça. Pour finir ce que le temps, la guerre et la mort nous ont empêché de terminer.

Ensuite, je te le promets, Ethan et Sarah pourront réellement vivre. M'accordera-tu alors encore ta confiance  ? Accepteras-tu, une fois encore, de me suivre lorsque je te le demanderai ? Je n'ai jamais prié. Du moins jusqu'à maintenant. Que ton Dieu, s'il existe, m'accorde la force de venir me confronter à ce que je devine déjà être ton chagrin plus encore que ta colère. Que ton Dieu, s'il est réellement juste, nous aide à aller au bout de cette folie qui n'en a que trop duré. Que ton Dieu, enfin, nous offre cette chance qu'il nous a si longtemps renié. Alors, et alors seulement, je croirais en lui. Pour l'instant je crois en nous. Et plus encore en toi Sarah...




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Sarah Middleton
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Dim 11 Fév - 11:08
Ma Vie

CHAPITRE VI



Sarah !

Vous connaissez la petite voix qui nous murmure toujours toutes ces choses si avisées que notre orgueil, pour ne pas dire notre bêtise, nous pousse si souvent à ignorer ? Oui ? Et bien la mienne s'était mise à hurler à en faire exploser ma boîte crânienne à l'instant même où elle avait entendu cette voix bien trop familière... et toujours source de tant de questions. Voir même de frustration et, je ne chercherais pas même à le nier, de pure et ô combien franche colère ! Ma petite voix me l'avait bien dit donc... De fermes mes oreilles, de presser le pas et de ne surtout pas me retourner. Mais, bien sûr, je ne l'ai pas écoutée. Me suis retournée et ai laissé James venir à moi. Quelques instants plus tard, et après une négociation qui relevait d'ailleurs de la confrontation je grommelais... mais n'en consentais pas moins à monter à bord de sa voiture. Là aussi j'aurais du m'abstenir ! Mais James me connaît trop bien, sait pertinemment sur quelle corde jouer s'il veut s'assurer non seulement mon attention mais surtout ma coopération. Celle qui porte son prénom évidemment ! Si ce n'avait pas été pour Ethan jamais je n'aurais accepté... Et je n'en serais pas là maintenant !

Attention !

Rappelez-moi ce que je fais là, moi ? Pas vraiment le temps, nous sommes bien d'accord. Mon compagnon de poisse plus encore que d'infortune n'avait pas même fini sa phrase que je me jetais sur le sol terreux de ces fichues catacombes de malheur. Juste à temps pour entendre fuser, à quelques millimètres au-dessus de mes cheveux en pagaille, ces balles qui auraient sans doutes bien aimé se loger dans ma petite tête ! Dommage ! Pas cette fois !

Relèves-toi !

Avait-il hurlé tout en m'agrippant par le poignet et en m'obligeant, avec toute la brusquerie habituelle de l'ancien milicien en lui, à me remettre sur mes pieds. Et à reprendre la folle course qui était la nôtre. Je pense qu'il serait judicieux, si jamais je réchappe à ce mortel jeu de cache-cache, que je me remette au sport parce que, là, si je ne vomis pas poumons et boyaux j'aurais de la chance ! Mes jambes qui ne me portaient que par allez savoir quel miracle. Mon cœur qui palpitait si fort que je pouvais en entendre l'écho bourdonner à mes oreilles. Et ce souffle que je crachais alors que je tentais, de mon mieux, de suivre celui que je jurais d'étriper une fois qu'il nous aurait sortis du merdier dans lequel il nous avait si bien plongés ! Et jusqu'au cou en plus...

A droite !

Et je mets mon clignotant ou pas la peine ? Une autre balle qui fendit l'air mais qui ne fit, heureusement, que frôler ma joue... mais qui eut au moins l'avantage de me faire oublier ma furieuse envie de bougonner pour mieux accélérer encore une fois. A droite il avait dit ? Que sa volonté soit faite alors ! Le souffle qui commençait à me manquer quand, allez savoir comment, je parvins à rejoindre celui aux côtés de qui je m'arrêtais, haletante et pliée en deux les paumes moites de mes mains posées sur mon jean. Oui, j'avais besoin de respirer là... Une seconde une seule et ensuite, promis, je me remets à courir ! Ajoutez moi des grandes oreilles et je me prendrais presque pour une lapine en fuite tiens...

Merde !

Il venait de dire quoi là James ? Me redressant d'un coup comme une diablesse essoufflée et ébouriffée jaillissant de sa boîte je le regardais. Mais une seule seconde... Il faut dire que le mur devant nous avait de quoi attirer mon attention... et provoquer une colère que je ne tentais plus même d'endiguer !

A droite hein ?! Tu me la copieras celle là !

Des pas précipités qui résonnaient, proches bien trop proches de nous. Et mon regard qui se dardait de foudres alors que, le nez retroussé, les sourcils froncés et les poings serrés à m'en faire mal je me tournais vers lui et sifflais

Et on fait quoi maintenant le petit génie ?

Son calme olympien qui acheva de me taper sur les nerfs. Puis mes yeux qui s'écarquillèrent tellement que je crus bien un moment qu'ils allaient s'éjecter de leurs orbites quand je le vis, avec une insupportable lenteur, sortir de derrières son dos, de ses poches et même des étuis à ses chevilles des armes dont il fit, les uns après les autres, sauter les sécurités. Quatre armes ? Il se prenait pour Shiva ? Pire, en fait... Son regard bleu acier qui ne me quitta pas alors qu'il me tendait, avec cette placidité que je maudissais et jurais de lui faire ravaler, deux des pistolets.

On se défend !
Hey ho ! T'aurais pas oublié que, et de une je suis pacifiste et et deux je ne sais pas tirer ?

Ce regard, presque amusé qu'il me lança avant que de resserrer mes doigts sur les crosses si froides de ces deux Beretta qu'il me fit dresser. Non sans m'épargner de ses si judicieux conseils.

Tu vises et tu tires. Et, pour ton bien, tu n'oublies pas la force de recul !

Trop aimable... Mais, au juste, c'est quoi la force de recul ? Ce n'est pas parce qu'Ethan savait à la perfection se servir d'une arme qu'il m'en a enseigné les rudiments hein ! Rien ! Que chi, wallou, nacash ! Bon, d'accord, je  n'étais pas non plus la désireuse d'apprendre... à l'époque ! Parce que, là et maintenant, je dois bien dire que j'aurais tout donné pour savoir m'en servir de ces fichus bidules à la con ! Un peu comme ces hommes et ces femmes qui nous débusquaient déjà, formant devant nous ce qui me semblait être la plus infranchissable des lignes. Le cliquetis métallique de leurs armes qui tinta sourdement à mes tympans. La vue des canons qui se braquaient, en un seul mouvement, sur James et moi. Déjà prêts à dégueuler leurs balles ? Pour ce que cela a d'amusant j'en doutais. Sincèrement. Nous étions à leur portée et, pourtant, ils ne tiraient pas. Ces fous de Dieu auraient-ils finalement été touchés par la grâce divine ? Et le Père Noël existe ? C'est fou les idées stupides que l'on peut avoir quand l'on se croit sur le point de crever...

Prête ?
Ca change quelque chose si je te dis que non ?

La réponse que j'obtins ? Cette première rafale de balles que j'entendis sans même les voir tant elles étaient rapides les garces ! Et, boum ! Me revoilà forcée d'aller embrasser le sol cradingue de ce maudit cul de sac... Cette fois, j'en avais assez ! Autour de moi les balles fusaient de part et d'autre. Mais, curieusement, seules celles de James semblaient atteindre leur cible... Et là, pardonnez la didascalie mais... c'est pas logique ! Ils étaient six. Des guerriers accomplis. Et ils rataient deux cibles piégées si bien à portée qu'ils auraient presque pu nous tirer à bout portant ? Même en n'y connaissant strictement rien aux techniques de guerre il semble évident que ces fous de la gâchette nous épargnaient ! Et, bien que la question me taraudait, je préférais ne pas en connaître la réponse ! De toute façon, là maintenant et tout de suite, tout ce que je voulais c'était survivre !

Un homme qui se tenait en retrait et qui abaissant légèrement son arme, laissant visiblement le soin à ses petits copains de nous maintenir en joue sans plus nous canarder, remua lentement les lèvres. Sans doutes s'adressait-il à cette personne planquée bien loin et bien au chaud et qui chapeautait cette opération au milieu de laquelle je me retrouvais plongée presque malgré moi. James qui lui aussi semblait s'être calmé et avait relâché les gâchettes de ses armes. Mais la façon dont chacun de ses muscles saillaient sous ses vêtements témoignaient de sa vigilance. A la moindre alerte il ferait de nouveau feu. A la moindre opportunité, et là c'est moi qui l'espérait, il nous tirerait de là ! Et il avait plutôt intérêt à ce que cela se produise sinon, que Dieu me pardonne, c'est moi qui l'achèverait !

L'avantage de travailler avec des enfants souffrant parfois de handicaps lourds comme la surdité ? J'avais appris aussi bien le langage des signes qu'à lire sur les lèvres. Et, pour une fois, cela me fut bien utile. Mes yeux qui délaissaient la face de petit goret du milicien bavard pour mieux glisser et me concentrer sur ses lèvres trop fines et bien rapides. J'avoue : je ne compris pas tout, manquais bien des mots mais je retins les principaux. Et là, comme dans un cartoon, je devins plus livide que Casper avant que de sentir mes joues gonfler plus que celles d'un hamster en train de bouffer. Et je parie que la teinte ne devait pas être loin du rouge le plus profond ! Il avait dit quoi là le milicien de mes deux que j'ai même pas ?!

On critique bien trop souvent l'impulsivité... On devrait plutôt en souligner  les bienfaits moi je vous le dis ! Je n'avais pas réfléchi plus d'un quart de nanoseconde avant que de laisser mes bras se dresser, mus par ma colère, et se pointer vers ces formes qui, pour moi, avaient cessé d'être humaines. Et avant même que je n'ai eu le temps de reprendre mon souffle, déjà claquaient à mes oreilles les sifflements de ces balles que je venais de cracher. Mon hypocrisie du moment ? J'y reviendrais plus tard... quand je serais calmée et rassurée et si tant est que j'y parvienne ! Là, pour l'instant c'est ma fureur qui me dictait ma conduite et je m'y abandonnais bien volontiers. Mais, je l'admets, je ne sais pas si j'appréciais pour autant le sourire satisfait qui vint étirer les lèvres de mon complice du moment juste avant qu'il ne joigne son feu au mien. Pas plus que je ne sais si je dois me réjouir d'avoir réussi, pour un premier essai, à toucher bien plus de cibles que je n'aurais cru... et encore moins voulu. Et je dois bien dire que lorsque le corps de ma victime toucha le sol... Lorsque je réalisais ce que je venais de faire, prendre une vie... Je sentis la nausée remonter à mes lèvres. Peut-être même bien aurais-je vomi si, percevant une occasion qui ne se représenterait sûrement pas, James me tira de ma torpeur pour mieux agripper mon bras et me tirer en avant.

Heureusement pour nous deux il m'épargna la moindre de ces paroles que je n'aurais pas pu tolérer. Et, une fois encore, notre course reprit. Mais, cette fois, quelque chose en moi avait changé et je ne le réalisais que lorsque je sentis mes doigts, tremblants, toujours si fermement ancrés à ces pistolets que je ne quitterais pas avant d'être sûre et certaine d'être à l'abri. Des bâtiments devant lesquels je passais sans plus même en discerner les formes ni les couleurs. Des ruelles et des rues bondées dans lesquelles je crus un instant bien me noyer. Et puis, enfin et sans que je comprenne comment nous y étions parvenus : la voiture. Celle dans laquelle, ô quelle surprise, nous nous précipitâmes et qui, nos ceintures pas même bouclées, démarrait en trombes. Et ces secondes qui s'étirèrent en minutes avant que je ne parvienne à suffisamment me calmer pour, enfin, consentir à relâcher mon emprise sur ces armes qui tombèrent dans un bruit sourd sur le sol de l'habitacle. Et que le fureur en moi ne laisse la place à autre chose. Quoi ? Je n'en sais rien... Un mélange étrange où la peur à rebours, la honte et le dégoût de ce que j'avais fait se mêlaient à m'en filer le tournis.

Je m'attendais presque à ce que James, jamais en manque de mauvaises idées, n'en viennent à m'asséner l'une de ces leçons prétendues me remonter le moral mais, heureusement, il n'en fut rien. Juste cette main qui ne lâcha le levier de vitesse que pour mieux venir se poser, presque paternelle, sur ma cuisse là où reposait déjà la mienne. Celle qui tremblait beaucoup trop et dont il se saisit avec une douceur que je ne lui soupçonnais pas même. Alors que je le voyais prendre la direction du Refuge je relâchais sa main et m'enfonçant plus encore dans mon siège baquet je le regardais un moment en silence avant que de murmurer. A voix si basse qu'il dut sans doutes tendre l'oreille pour me comprendre.

Non. Je vais à l'aéroport.
Et on peut savoir où tu vas ?
Rome.

Sa main qui s'éloigna de moi pour mieux venir se crisper sur le cuir du volant. Ses yeux qui se firent plus perçants et se détournèrent de moi pour mieux tenter de trouver dans la voie devant nous une source d'apaisement. Contrairement à ce quoi je m'attendais il ne me demanda pas les raisons de ma décision. Peut-être bien parce que, comme je le soupçonnais, il le savait déjà. James possédant cette étonnante, mais encore plus insupportable, capacité à toujours tout savoir sur tout et sur tout le monde... Surtout lorsque cela nous concernait Ethan et moi ! Ethan... Mon regard qui se voilait soudainement et mon nez qui venait se coller à cette vitre derrière laquelle je regardais, bien songeuse, les paysages urbains défiler devant moi. C'est idiot, je sais, mais je ne pouvais m'empêcher d'y laisser s'esquisser les traits de son visage. Et si mon cœur saignait à son souvenir trop douloureux mon esprit, lui, se perdait dans ces mille et une questions auxquelles j'espérais, bientôt, pouvoir apporter des réponses.

Et pour le Refuge ?
Nic se débrouillera très bien tout seul.

Ce silence qui m'agaça prodigieusement et mon regard qui venait chercher de celui à qui je demandais, au bord de l'énervement

Quoi encore ?!
Tu n'as pas peur que, après ce qu'il vient de se passer, les milices ne fassent une descente là-bas ?
Que c'est aimable à toi de t'en soucier ! Ca, mon vieux, tu aurais peut-être du y penser avant que de nous mettre encore une fois dans la merde, tu ne penses pas?

Un soupir d'agacement qui, cette fois, lui échappa à lui.

Tu sais parfaitement ce que je veux dire, non ?

Un haussement d'épaules que j'eus avant que de me détourner de nouveau. Evidemment que je voyais plus que bien où il voulait en venir mais...

Si je devais m'inquiéter à chaque fois que tu m'entraînes dans tes conneries j'en serais déjà morte !
J'ignorais que tu t'étais mise à l'humour noir. C'est nouveau ça ?
Oui, faut croire ! Tu sais c'est un peu comme le fait de tenir une arme et de tuer un être humain... Apparemment j'apprends super vite !

Une fois de plus James soupira, l'une de ses mains quittant le volant pour mieux venir passer à sa nuque. Je l'agaçais ? Tant mieux ! Peut-être que la prochaine fois il y réfléchirait à deux fois avant que de venir me chercher !

Astrid n'est pas le genre à laisser passer le meurtre de plusieurs de ses hommes.
Pas meurtres ! Jamais meurtres ! Juste de la légitime défense, c'est pas la même !
Joue sur les mots autant que tu veux cela ne change rien à la réalité. Elle va chercher les coupables et quand elle les aura trouvés...
Neil lui fera, comme toujours, fermer sa trop grande gueule...

Un coup de frein si violent que je ne manquais que de peu d'aller m'encastrer dans le pare-brise et James qui me dardait de toute l'incompréhension dont il était capable. Apparemment il mourrait d'envie de me dire sa façon de penser quand je le devançais

Ce type est un monstre doublé du pire des connards qui soit et je n'aurais jamais la bêtise de lui faire confiance. Mais s'il nous couvre malgré son envie de nous étriper pourquoi me priverais-je de sa protection si, en plus, elle se double du plaisir infini de le faire bisquer ?
Ne commets pas l'erreur de sous estimer l'amitié qui le lie à Astrid. Beaucoup l'ont faite et peu sont encore en vie ou libres pour pouvoir reconnaître qu'ils ont eu tort.
Si leur amitié est si solide alors comment expliques-tu que Neil n'ait jamais jugé bon de parler d'Audrey à sa si grande amie ?

Pas de réponse là ? Je m'y serais attendue. Encore quelques kilomètres que nous parcourûmes en silence et, enfin, l'aéroport devant lequel James me déposa. Alors que je sortais de la voiture il me retint d'une main à mon poignet.

Tu es sûre ?
Que c'est la pire des idées ? Evidemment que je le suis !

Son rire qui se joignait doucement au mien.

Inutile de tenter de te faire renoncer, n'est-ce pas ?
Tu as du temps et de l'énergie à perdre ?

Son visage de nouveau si terriblement sérieux.

Fais attention à toi

Je ne lui répondis que par un clin d'oeil et juste avant que de le laisser pour mieux rejoindre le terminal des départs. Et tenter de me dégoter une place dans le prochain vol en partance pour Rome, bien sûr. Alors que j'hésitais entre le comptoir de deux compagnies mon téléphone qui se mit à vibrer. Un juron qui m'échappait alors que je tardais à le trouver. Puis mes yeux qui s'illuminèrent quand je pris connaissance du message qui venait de m'arriver.


Comptoir 26. Un billet t'y attend. Et, moi, je t'attendrai à l'aéroport.
Ethan.


L'homme de ma vie ou l'art et la manière de reprendre contact... Par Dieu, Merlin ou que sais-je encore que je l'aime  !




Le JOURNAL D'ETHAN II



Le 25 novembre 2101,

Encore un putain de cauchemar... Toujours le même... ou pas. Car, au plus les nuis s'écoulent, au plus mes songes deviennent plus précis. Mais tellement plus terribles aussi. Comme si le fait d'en avoir tant découvert sur notre passé avait fait sauter les digues, non pas de ma mémoire cette fois, mais de ma conscience quant aux faits sur le point de se produire. Tu me trouves fou ? Non ? Moi, si. Et de plus en plus. Je me noie Sarah. Dans ce monde où je pensais avoir une place mais auquel, en réalité, je n'appartiens pas le moins du monde. Je condamnais cette guerre au milieu de laquelle toi et moi nous étions éveillés ? Je me découvre en être l'un, si ce n'est des principaux responsables, du moins l'un des initiateurs plus ou moins volontaires. Je méprisais la magie ? Je sais maintenant qu'elle coule encore dans mes veines quand bien même je suis toujours si parfaitement incapable d'en user ! J'adhérais sincèrement à ton envie de rapprochement des peuples ? Celui que je fus jadis s'insurgeait contre cette idée, ne prônait rien de moins que la suprématie de cette race sorcière à laquelle il était si conscient et fier d'appartenir... Je maudissais les Entités ? Kiriel et Candy ont donné naissance à la plus incroyable et puissante de toutes ! Quant à ces Elus dont je me méfiais tant... comment réagir désormais que j'ai la certitude que chacun de nos descendants en est un ?!

Comment suis-je sensé continuer à avancer quand je ne sais plus même qui je suis ?! Comment exister quand mon présent renie trop bien mon passé ? Cela est-il seulement possible, d'ailleurs... Et alors que je t'écris ces quelques mots que je ne suis plus même sûr de vouloir jamais te montrer je ne peux m'empêcher de sourire. Parce que je sais déjà ce que tu ferais, dirais de tout cela. Je t'imagine déjà m'écouter, avec la patience infinie qui est la tienne, te compter mes doutes et mes angoisses. Je vois déjà tes si grands yeux bleu venir s'ancrer aux miens tandis que, avec une tendresse pudique, tu laisserais tes doigts venir se joindre aux miens. Puis, tu retrousserais ton petit nez, lèverais les yeux au ciel et après un silence où je ne sais jamais si tu rêves ou cherches tes mots, tu prendrais enfin la parole. Comme toujours ta voix serait douce et rassurante. Comme toujours tu saurais trouver les mots qui sauraient, mieux que tout autres, me faire reprendre cette confiance en moi qui me fait tant défaut aujourd'hui. Tu me parlerais de ce monde dont je vois si souvent le rêve se dessiner au fond de tes yeux. Tu me parlerais de cette paix qui arrivera et pour laquelle tu veux, à ta façon pacifiste, te battre. Puis, dans un sourire timide et le rose aux joues tu parlerais de cette famille que nous avons toujours voulu fonder mais sans réel succès jusque là. Je me rembrunirais, détournerais mon regard mais tu ne me laisserais pas faire et m'obligerai à plonger dans tes rêves d'absolu plus encore que dans l'océan de tes yeux. Et je sais que j'y croirais. A tout cela. A tous ces si envies aussi belles qu'utopistes. Parce que je crois en toi Sarah.

Mais tu n'es pas là. Et je tremble du moment où tu le seras. Parce que je sais que, une fois réunis, je ne pourrais te mentir, te cacher toutes ces découvertes qui te meurtriront bien plus qu'elles ne m'ont ébranlé, moi. Mais comment te cacher ce que tu finirais bien par découvrir ? Notre secret n'en est déjà plus vraiment un. Et, là, je plaide coupable. C'est parce que je suis partie à la recherche de réponses à nos questions que je nous ai, visiblement une fois de plus, mis en danger. Des gens savent déjà, bien d'autres soupçonnent. Et, parmi eux, nos propres descendants. Notre … fils... Raziel m'attendait dans ma chambre d'hôtel hier soir. J'ignore comment il m'a trouvé mais ce que je sais c'est que le choc fut bien plus terrible pour lui que pour moi ! Et s'il nous fallut, à l'un comme à l'autre, plusieurs minutes avant de réaliser et d'encaisser ce fut moi qui, ensuite, manquait de tomber raide quand il me montra le portrait de son propre enfant Roméo... Je savais d'après les dires de certains de mes indics qu'il tenait visiblement de moi mais … à ce point là ! Et les mots de Neil me revinrent en mémoire... Et je hais devoir dire cela mais cet enfoiré avait raison : si l'on nous mettait, Roméo et moi côte à côte je pense que peu de gens parviendraient à seulement faire la différence. Toi, peut-être... Même si, pour me montrer comme toujours honnête envers toi, j'en doute presque. Deux copies... Vraiment ! Et cela est encore plus dérangeant que troublant, crois-moi.

Tout autant que le fut cette entrevue que je ne peux, et je l'avoue ne veux, pas voir comme des retrouvailles. A l'inverse de celui qui retrouvait un père quand, moi, je découvrais un étranger. Les mots sont durs et crûs mais ils reflètent à la perfection ce que je ressens et que je ne peux confier qu'à toi. Quoiqu'il nous soit arrivé cela a comme remis les compteurs a zéro et, même si j'essayais vraiment, je suis déjà quasiment certain que jamais je ne parviendrais à voir en cet homme plus âgé que moi - un comble ironique et cynique que je ne parviens toujours pas à comprendre - notre enfant... Est-ce que j'en suis désolé ? Pour lui, peut-être bien un peu en effet. Mais si Raziel oubliait son choc émotionnel alors verrait-il que l'homme qu'il mit en terre et celui que je suis aujourd'hui devenu sont à l'opposé l'un de l'autre. Et quand bien même je consentirais à   « revenir » dans leurs existences à tous je doute qu'ils apprécieraient vraiment ce que je suis. Lui semble penser le contraire. A tenté de me convaincre que, selon ses propres mots, notre résurrection «  était une chance ». Ah oui ? Et une chance de quoi au juste ? De reprendre les rênes d'une famille qui m'est si parfaitement étrangère et qui, d'ailleurs, se débrouille très bien sans nous ? D'achever ce que Kiriel avaient initié ? Comme si j'avais seulement la moindre foutue idée de ce que c'est ! J'ai été Kiriel. Je ne le suis plus ! Et de ce que je sais de Candy tu ne l'es plus totalement non plus. Comme le dit l'adage   «  On ne peut pas être et avoir été. »

Raziel veut te voir. M'a demandé de plaider sa cause auprès de toi. Je n'ai pas pu me décider à le lui promettre. La seule chose à laquelle j'ai consenti à m'engager, et crois-moi cela m'a pesé ce fut de te parler. De te livrer cette vérité que, pourtant, j'aurais tant aimé pouvoir t'épargner. Mais, sur ce point là au moins, Raziel a raison : tu as le droit de savoir. Ensuite nos opinions divergent. Lui semble penser que ta place est auprès des tiens. Vrai. Sauf que je ne suis pas du tout certain que les Rookwood le soient. Pour moi, ce n'est pas le cas j'ose te le dire. Raziel assure que toi et moi ne serons en sécurité qu'auprès d'eux. Quelle confiance en celui qu'il nomme bien trop vite « Papa » ! Je n'ai jamais eu besoin de personne pour veiller sur moi ! Et je ne laisserais jamais personne remettre en doute ma capacité à te protéger ! Et si je n'avais pas éprouvé de la pitié pour lui alors je lui aurais sûrement foutu mon poing en plein face ! Mais Raziel ne m'a pas écouté, a refusé de m'entendre... Et quand il est parti c'était avec la promesse d'avertir le reste de la « famille ». La sienne. Pas la nôtre ! Je ne peux pas l'empêcher, n'ai aucun moyen de le retenir ni, il est vrai, la moindre envie de gaspiller mon énergie à cela. Parce que je sais d'ors et déjà qu'il le fera. L'a, à l'heure où je t'écris, peut-être même déjà fait. Et comme je n'ai aucune envie de les voir défiler les uns après les autres à ma porte je vais devoir me trouver un nouveau refuge.

Celui où je compte bien te faire venir Sarah. Parce que, maintenant que la machine est lancée, alors plus rien ne pourra l'arrêter. Et que mon seul but est de te mettre à l'abri. Je sais ce que le Refuge et les enfants représentent pour toi. Et je sais déjà que tu ne te laisseras pas convaincre  si aisément d'y renoncer ne serait-ce que pour un temps. Mais je te promets que nous y retournerons. Après. Quand nous aurons réglé quelques affaires ici à Rome. Aussi incroyable que cela semble, à moi en premier, Kiriel semblait avoir prévu son « retour ».  Et à peine avais-je mis un pied à Rome que j'étais convoqué à la Banque Centrale locale où l'on m'expliqua que, pour débloquer le compte à nos deux noms il me fallait ta présence et ta signature. Comment, par tous les saints, celui que je fus a-t-il ainsi pu anticiper tant de choses ! Notre retour parmi les vivants. Nos nouveaux noms ?! Je n'en ai pas la moindre fichue petite idée ! Et ce n'est là qu'un mystère de plus à résoudre sur notre liste qui en compte déjà tellement. Mais, oui, j'ai pris la décision de te demander de me rejoindre. Quoique...Non, je ne peux pas m'exprimer ainsi. Je sais que tu me rejoindras. Que tu en as déjà pris la décision. Je l'ai rêvé. Cette nuit. Et, pour une fois, je suis impatient de voir ce rêve là se réaliser !



CHAPITRE VIII



Encore un paraphe ici, ici et là s'il-vous-plaît... Puis il vous suffira d'apposer votre signature ici, juste à côté de celle de Monsieur et nous en aurons terminé.

Moi qui m'exécutais, bien plus silencieuse que réellement docile. La plume dorée à l'or fin de mon stylo qui égratigna pour mieux le déchirer le vélin bien trop précieux de ce document que, correctement paraphé, signé et même lu, je repoussais d'une main agitée de colère vers celui dont je rêvais de plus en plus d'arracher les yeux... Non mais il n'en avait pas fini de me darder de ses gros globes ternes et insipides celui-là ! Aurais-je donc une verrue qui me serait poussée sur le bout du nez et me ferait horriblement loucher ? Non, bien sûr que non... Et bien que je ne m'expliquais toujours pas l'attitude presque grossière de ce directeur de Banque - et oui, rien que cela... Apparemment Ethan et moi étions bien plus importants que je n'aurais songé... - ni ceci ni cette façon pour le moins horripilante que mon compagnon avait de maintenir son regard abaissé, et évidemment bien loin du mien, je pressentais que cela ne valait rien de bon. Dans le style que, malgré la joie des ces retrouvailles nimbées de mystère, je n'en étais pas très loin de regretter être venue.

Désire-vous que je vous conduise à votre coffre maintenant ?
S'il-vous-plaît...

Déjà les deux hommes se relevaient, se dirigeaient vers la porte de ce bureau et vers ce couloir qui les conduiraient vers ce que j'imaginais être la salle des coffres. Quand, enfin serais-je tentée de dire, Ethan se retourna et, dans un sourire trop gêné pour que je l'apprécie, me tendit une main que, oui, j'hésitais à saisir. Il comptait m'expliquer ou je pouvais compter là-dessus, boire toute l'eau du Gange et me mettre au crochet et tricot à six aiguilles avant que cela n'arrive ? Oh oui il dut sentir tout mon agacement, toute ma colère aussi ! Oh que oui il dut l'avoir mauvaise quand je me levais, le rejoignais mais pour la toute première fois je repoussais sa main et me contentais de hausser les épaules sans pour autant le quitter des yeux. Non, cette fois il ne s'en tirerait pas par l'un de ces si charmeurs sourires ou regards dont Ethan savait trop bien user quand il entendait m'attendrir ! Cette fois il ne pourrait pas s'épargner l'effort d'une explication. Sinon, que Dieu m'en soit témoin, une fois ces bêtises finies je sautais dans le premier taxi que je trouvais et je le plantais là ! Et tant pis si, par la suite, je n'aurais de cesse de me morfondre et de me détester pour l'avoir quitté... L'amour n'autorise pas tout. Et, plus encore, l'amour suppose suffisamment de respect pour ne pas mentir à l'autre. Assez de confiance pour tout dire. Non ?

Tu comptes me faire la gueule encore longtemps ?
Ca dépend... Tu comptes me cacher la vérité encore longtemps?

Nos propos qui fusaient, bas mais apparemment pas assez pour que notre directeur zélé ne nous entende et ne détourne le regard en toussant son embarras. Ethan qui roulait des yeux, passait une main à sa nuque et soupirait à son tour. Puis, ramenant son regard à moi, il s'empara d'autorité de ma main et de mes lèvres qu'il baisa avec un empressement que, malgré toute la passion dont je le savais capable, je ne lui connaissais pas jusque là... Et qui, je ne peux le nier, commençait à me faire fondre. Nos fronts qui se touchaient. Nos lèvres qui ne se séparèrent que pour mieux se frôler encore. Et ces mots que je pris comme un serment

Ecoutes... On en finit avec ces formalités ensuite nous rentrons chez nous et là je te promets que je te dirai tout.
On en finit avec ce cirque. Ensuite tu m'expliques. Et après, peut-être que j'accepterais de t'accompagner dans ce lieu que tu nommes si vite chez nous.
Tête de mule !
Oses dire que ce n'est pas aussi pour cela que tu m'aimes ?

Enfin un sourire à nos lèvres et nos doigts qui se joignaient volontairement. Et ce banquier qui nous ouvrait la voie, faisant si bien mine de n'avoir rien vu ni entendu. J'appréciais sa discrétion... et si j'avais su ce qui suivrait, ce qui nous attendait Ethan et moi j'aurais d'autant plus savouré ce moment empreint d'autant de retenue, de pudeur que de respect que nous offrait cet homme que j'avais été un peu prompte à juger. Lui au moins savait se tenir... Et quand je manquais bien de défaillir en pénétrant dans cette gigantesque chambre forte qui nous servirait apparemment de coffre désormais je lui fus gré de me retenir. Ethan étant, comme moi, bien trop abasourdi pour seulement pouvoir bouger. Non parce que... Je ne sais pas pour vous mais moi, quand on me parle de coffre je pense au mieux à une sorte de long tiroir encastré dans un mur et que l'on ouvre au moyen de deux clés et, au pire à une grosse boîte en acier trempé et sur laquelle les cambrioleurs s'échinent à coups de chalumeau ou de gadgets électroniques ! Mais certainement pas à ce qui ne peut être décrit qu'ainsi : une pièce dans laquelle je pourrais aisément faire tenir la moitié si ce n'est même les trois-quarts de mes pensionnaires du Refuge ! En hauteur, largeur et même en diagonale tiens... Alors, oui, mon amoureux et moi avions de quoi nous sentir pour le moins déboussolé devant tout ce que recelait cet endroit et qui, je ne m'y ferais jamais, était désormais à nous. Super... Et au niveau des impôts ça se passait comment ? Pourrie la blague, d'accord mais on fait ce qu'on peut et là, en l'occurrence je ne pouvais plus grand chose !

D'ailleurs, même une fois que le Mr Visconti nous ait raccompagnés jusqu'au trottoir devant son établissement, Ethan et moi semblions encore perdus. Voir totalement à l'ouest. Après notre réveil et quand Lizzie nous avait fait exfiltrer jusqu'à New York, ni lui ni moi n'avions manqué d'argent. Nous ne manquions de rien, vivions même plutôt bien même si les fins de mois nous comptions un peu plus... Et cela nous suffisait amplement. Suffisamment en tous cas pour ne pas nous demander d'où provenaient ces fonds qui nous avaient permis de nous installer et de vivre le temps pour chacun de nous de trouver un travail. Mais jamais nous n'avions imaginé que nous pourrions, un jour qui visiblement se trouvait être aujourd'hui, que nous finirions plus riches encore que Crésus ou Rockfeller réunis ! D'ailleurs nous ne le souhaitions même pas... Mais maintenant que c'était fait... nous, qu'étions-nous supposés faire ? Nous réjouir ? Loupé ! Ethan ne semblait pas plus que moi être à l'aise avec ce qui venait de nous tomber sur la tête. Et ce fut sans un mot mais nos mains toujours si bien jointes que nous déambulions un moment dans ces rues de Rome qui, étrangement, ne me semblaient pas si étrangères que cela. Je n'y étais jamais venue et pourtant j'avais presque l'impression de reconnaître chaque devanture de magasin, de deviner ce qui nous attendait au détour d'une rue ou d'une place. Et quand, enfin, nous nous attablèrent à l'une des tables en terrasse de ce café je me surpris à passer notre commande en un italien parfait. Classe... même quand, deux heures plus tôt, j'aurais juré ne pas connaître un seul mot de cette langue ! Tout comme j'aurais juré qu'Ethan ne la parlait pas non plus... mais ses questions au serveur suffirent à me prouver le contraire. Cela m'amusa, une seconde. Cela m'agaça et, même me fit peur, toutes les autres...

Tu m'expliques maintenant ?

Avais-je murmuré plus encore qu'exigé quand le serveur était reparti une fois nos verres servis. Cocktail vert et sans un gramme d'alcool pour moi et... triple whisky sec pour lui ? Vu son aversion pour l'alcool la situation devait être encore plus grave que je ne l'aurais imaginée... Voir désespérée si j'en jugeais par l'expression de son visage alors qu'il extirpait enfin de la poche intérieure de son pardessus un carnet qu'il ne posa sur notre table que pour mieux le repousser jusqu'à moi. Mon regard qui en effleura un moment la couverture sombre avant qu'il ne se relève pour s'ancrer à celui qui ne me dit rien. Pas un mot. Mais il n'en avait pas besoin. Pas plus aujourd'hui qu'hier. Alors je saisis le carnet et, d'une main tremblante, l'ouvris. Et le lus. Non sans blêmir à chacune de ces lignes que je savais écrites avec le cœur et qui ne faisait que serrer le mien. Quand je me figeais pour au moins la troisième fois je sentis la main d'Ethan venir doucement se poser sur la mienne en une rassurante caresse. Et je ne songeais pas même à la lui retirer. Pas cette fois. Plus jamais, d'ailleurs...

Je suis désolé...
Ne le sois pas.

Avais-je répondu après avoir achevé ma lecture et refermé ce journal intime que je ne voulais pas plus jamais relire que jeter au feu. Evidemment que j'étais chamboulée, ébranlée... et pas loin de m'effondrer pour de bon ! Evidemment que je trouvais cela si insensé que cinglé ! Et, bien sûr que j'avais envie de vomir ! Mais...

Avant tout, et on y reviendra pas ensuite si tu le veux bien... Pour moi tu es Ethan. Tu l'étais hier, tu l'es aujourd'hui et tu le seras encore demain.

Ses lèvres qui commençaient déjà à s'entrouvrir quand je lui demandais, d'un regard, d'attendre. Que je lui dise, avant de ne plus même en avoir la force ni encore moins le courage, ce que j'avais sur le cœur.

Et j'aimerais vraiment que, comme tu le laisses penser dans tes écrits, tu continues de voir en moi ta Sarah.... Enfin... Pour aussi dingue que cela soit et si tu le veux bien...

Ses doigts qui se nouaient aux miens et son sourire qui amena son jumeau à mes lèvres. Evidemment qu'il consentait à accéder à ma requête. Je crois même que celle-ci le soulageait. Comme si, en réalité, c'était bien plus de ma réaction sur ce point là que sur tous les autres qu'Ethan avait du avoir peur quand, seul, il avait manqué se noyer dans toutes ces investigations que, je le savais aussi maintenant, il regrettait tant d'avoir jamais entamées. Et je sais que c'est cela qui me fit le plus mal. J'avais lu ces mots qu'il m'avait dédiés et qu'il venait d'avoir le courage de me soumettre... Et je sais à quel point, toutes ces bien trop longues semaines il avait du se sentir seul et perdu devant chacune de ces révélations qui n'avaient eu de cesse de lui tomber sur la tête sans que je sois là pour en partager le poids écrasant. Et, oui oui un million de fois oui je nous en voulais pour ça ! A lui pour avoir voulu me protéger en s'oubliant lui. A moi pour l'avoir laissé partir et affronter cela seul. A nous deux pour avoir oublié que nous ne faisions qu'un...

Tu veux toujours que je te raccompagne à l'aéroport ?
C'est une vraie question, ça ?
Non. Mais ça fait du bien de le demander.
Alors fais-toi plaisir en entendant la réponse : non !

Lui qui se penchait par dessus la table pour mieux boire son souffle à mes lèvres. Ces lèvres contre lesquelles il murmura

Je t'aime Sarah.
Alors épouses-moi ?
Mets-moi au défi encore une fois et je te traîne devant monsieur le maire dans la seconde !
Et devant l'autel ?
S'il faut ça pour que tu me dises oui alors je le ferai.

Et je savais qu'il le pensait. Et qu'il le ferait. Au moment même où je cesserais de faire mon abrutie finie et cesserais de repousser ce moment dont je ne rêvais que trop moi aussi. Evidemment que je voulais l'épouser ! Evidemment que je voulais devenir la femme d'Ethan... Je ne désirais même que cela. Ca... et lui donner l'un de ces enfants que ces êtres que nous avions jadis été avaient, eux, déjà eus. Pas juste ! Mon sourire qui se fana et mon visage qui s'assombrit alors que je pensais à tous ces bébés que nous avions désirés, attendus et que j'avais perdus... Ethan ne m'en avait jamais voulu, toujours soutenue  mais je sais qu'il en avait souffert lui qui rêvait tant de devenir père, de nous voir enfin devenir parents. Nous étions en vie, étions tombés amoureux alors n'était-ce pas dans la logique des choses que de vouloir avoir un enfant ?! Ses doigts qui serrèrent un peu plus fort les miens. Evidemment il me connaissait assez bien pour deviner les si sombres pensées qui agitaient en ce moment même mon esprit. Et il aurait d'ailleurs sûrement su trouver les mots pour me rassurer si... Si l'horreur ne nous était pas tombée dessus. Et les ennuis aussi. Comme si les deux n'allaient, à l'évidence, pas de paire de toute manière ! Des flashs qui se mirent à crépiter devant nous tandis qu'en jaillissaient les propriétaires armés de micros et de dictaphones. C'était bien une caméra que je venais de voir là, derrière ? Et si j'étais bien trop sonnée, et il faut bien le dire terrifiée, pour seulement entendre les questions qui fusaient vers nous en flots continus je ne l'étais pourtant pas assez pour voir surgir dans notre ligne d'horizon décidément bien noire des véhicules portant l'emblème du Nouvel Ordre. Ca sentait le brûlé ? Non , là ça frôlait la carbonisation ! Un sifflement suraigu et nos deux visages qui se tournaient, d'un même mouvement, vers ce visage si fin qui nous apparaissait à l'intérieur de cette voiture qui venait d'apparaître elle aussi et stationnait, moteur rugissant, devant nous.

Je vous dépose quelque part?
Non !

Avait répondu plus que sèchement celui que je vis se lever, bousculant si volontairement cette table qu'il acheva de faire tomber entre les reporters et nous. A moins que ce ne soit entre les miliciens et nous ? Au fond, aucune importance ! Par contre, et là j'aurais bien aimé que quelqu'un m'explique, pourquoi repousser aussi vite l'aide pour le moins opportune de cette fille ? Mes joues qui se gonflaient plus que celles d'un hamster et mes yeux plus que ceux d'un poisson hors de l'eau alors que je n'en laissais pas moins Ethan se saisir de ma main avec l'une des siennes tandis que l'autre allait déjà s'emparer de cette arme maintenant si bien ancrée à sa paume... Magnifique... Et, ces relents pas franchement agréables de déjà-vu alors que je me retrouvais à courir derrière Ethan. A ce rythme là je finirais athlète moi ! Ah ah ah... Derrière nous ces portières qui claquaient, juste avant les semelles ferrées des miliciens me firent commettre l'erreur de laisser mon regard passer par dessus mon épaule et regarder... Je sais, je n'aurais pas du et, promis, un jour je me sèvrerais de cette vraiment stupide et si vilaine habitude... Mais pas aujourd'hui ! Parce que si ce que je vis, l'espace de quelques secondes, m'arrangeait presque cela ne soulevait que plus de questions encore. Ces gratte-papiers surgis de toutes parts et visiblement bien trop au courant de ce qu'Ethan et moi sommes venaient de se faire museler et rafler par une milice visiblement déterminée à nous protéger. Et, comment dire... Je déteste cette idée ! Surtout que, il fallait être profondément débile, sourd et aveugle pour l'ignorer, nous nous trouvions sur les terres de Neil. De à à en déduire qu'il était celui qui venait de nous sauver la mise il n'y avait qu'un si petit pas que je le faisais mentalement bien vite. Avant que de replonger dans les affres des questions insidieuses du genre : pourquoi ?

Il faut qu'on parvienne à rejoindre la maison.
Je vais éviter de demander où et pourquoi pour en venir à la seule question qui importe ? Comment ?!!! 
Cette fois vous allez peut-être accepter mon aide ?

Vous avez déjà entendu un homme, plus encore le votre, grogner plus férocement encore qu'un fauve ou un ours brun pas du tout mignon ? Non ? Moi cela venait de m'arriver... Ethan en colère ? Je connaissais. Ethan furieux ? Aussi. Là, allez comprendre pourquoi, le seul mot qui me vint à l'esprit fut «  Apocalyptique » ... Et, le pire je crois que ce mot est encore loin d'être assez fort pour décrire l'état dans lequel se trouvait celui que je vis mettre en joue, doigt déjà bien appuyé sur la gâchette, celle qui venait de surgir devant nous. Vu l'endroit où nous l'avions plantée et celui où nous la retrouvions... Vue la distance qu'il lui avait fallu parcourir pour cela... Et si je prends en compte les obstacles qu'elle dut surmonter pour cela... Une seule conclusion possible. Celle qui tenait en ces deux petits mots : sorcière et transplanage. Quant à la question qui venait de jaillir dans ma petite tête désormais en vrac ce fut Ethan qui l'énonça. Ou, plutôt, l'aboya.

Comment tu as fait ? Comment tu as fait pour nous retrouver ?

L'impatience qui était la mienne de découvrir la réponse fut assouvie. Mais certes pas de la manière à laquelle je m'attendais. Et encore moins de la façon que j'aurais pu souhaiter ! Ah ça non !

C'est  pas elle. C'est moi.

Rien que la voix avait suffi à me faire reculer de plusieurs pas et m'accrocher avec la force du désespoir à ces doigts que je sentis aussi fermement décidés à ne pas me lâcher que subitement moites. Cette voix... Pas toute à fait la même ni toute à fait une autre... Pardonnes moi Verlaine cet emprunt ô combien déplacé mais ô combien approprié... Mon cœur qui échappait à tout contrôle et plus encore au mien quand, s'extirpant lentement des ténèbres où il était jusque là demeuré, je le vis paraître. Est-ce que j'avais réellement glapi là ? Je pense, oui. Mais c'était encore mieux que de faire un infarctus ! Même si, franchement, je suis quasi certaine de ne pas en être passée si loin que cela... Et ma cervelle qui se prenait pour une fichue centrifugeuse dans laquelle toutes ces informations que je venais tout juste de recevoir se mélangeaient vite, tellement vite. Trop vite ! Et de manière bien trop cohérente aussi. Si j'avais pu, jusque là, cru que je pourrais encore un peu continuer à me leurrer et à penser que tout ce qu'Ethan avait découvert n'était que duperie et mensonge destiné à nous manipuler pour une raison ou une autre... Si je pensais avoir encore un peu de temps avant que de devoir affronter ma réalité de... « revenante » l'apparition de cet homme venait de mettre un terme définitif à toutes mes si pieuses et si candides aspirations ! Mon regard qui allait de l'un à l'autre de ces deux hommes qui se faisaient face comme le plus parfait des reflets l'un de l'autre... Et ma voix que je jure d'avoir entendu se briser quand je murmurais

Roméo...

Tout était donc vrai... Une question, une ultime : mais... et nous ? Kiriel et Candy avaient donc bien existé et nous avions été eux. Mais aujourd'hui que nous avions défié et vaincu la mort... Ethan et Sarah sont-ils aussi vrais ?






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Sarah Middleton
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